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Les Concerts de Septembre (3)

Publié le par Bernard Oheix

On enchaîne après la folie Peter Doherty avec une soirée plus traditionnelle. Enzo Avitabile, découvert à Marseille, déjà programmé pour une Fête de la Musique à qui j'avais promis de le faire revenir dans une salle et Goran Bregovic qui a déjà rempli le Grand Auditorium du Palais des Festivals avec son Grand Orchestre des Mariages et des Enterrements.
 

Enzo Avitabile & bottari.
Le souffle de la passion. Photo de Alain Hanel.


Energia, energia ! Un ludion souffle dans son saxe et s’agite sur scène. Derrière son orchestre (clavier, guitares, basse, batterie), 8 Bottari commencent à taper furieusement sur leurs fûts de bois, leurs bras exécutent une danse lancinante débouchant sur un halètement convulsif qui donne une résonance mystique à la musique électrique. La voix se glisse entre les grondements chauds des percussions et les nappes stridentes des instruments. C’est parti pour un show échevelé, dopé à la faconde napolitaine, entre rock transe et tarentelles traditionnelles. C’est un vrai spectacle visuel, une danse avec le cœur en balance, comme si nous entrions en phase avec le mouvement interne d’une horloge biologique survitaminée. Enzo Avitabile dévore l’espace et le temps, joue avec les spectateurs, relance à l’infini les bras en l’air un public qui le suit, accepte d’entrer dans son univers d’humeur positive. C’est un homme adorable, ancien saxe de Pino Daniele, humble et fier à la fois, transfiguré par la scène et attentif au public. Il s’impose dans ce mixte étonnant où la logique s’abandonne aux rythmes des battements d’hommes en noir qui parlent aux dieux de la percussion.

Il est heureux mon Italien de choc ! Et moi je suis aux anges sur une planète musique. Enzo c'est la perfection à la Napolitaine !

Goran Bregovic et l’orchestre des Mariages et des Enterrements.
On l’avait accueilli avec sa grande formation, chœur d’hommes, orchestre classique et voix bulgare. Ils nous reviennent dans leur dernier spectacle, à 9, et d’entrée, vont donner le tempo en pénétrant par la salle avec les cuivres dans des duos d’instruments qui rivalisent et se répondent d’une aile à l’autre. 2 heures après, épuisés, les spectateurs vivront un « kalachnikov » d’anthologie pour la clôture d’un concert qui aura transcendé les 1400 personnes. Avec Alen, son double (et non son fils comme il se dit !), à la percussion et à l’accordéon, deux voix féminines et les 5 cuivres, il introduit une vraie pulsation de fête, un air d’entraînement qui nous oblige à nous lever pour l’aube de la vie, comme si la fête slave était là pour réveiller les morts et pousser les vivants à communier dans le bonheur.
L'attitude type de Goran...assis, bras écarté, la voix dirigée vers les cieux à dialoguer avec les dieux qu'il tutoie ! Photo de Alain Hanel.


Elégant dans son ensemble immaculé, assis de travers sur une chaise, presque évanescent, il impose sa présence dans la finesse d’un jeu de sobriété en totale opposition avec la frénésie des cuivres qui percent la muraille des sons pour déchirer le monde. C’est du Bregovic à l’état pur et ses tubes nous reviennent, remontent à la surface, musiques de films, chants « trad » et compositions originales dénonçant les marchands d’armes et les voleurs de rêves, bien plus dangereux que les voleurs de poules qui hantent ses œuvres. La frénésie est totale et le public a quitté ses sièges depuis longtemps, ivre de bonheur et les bras se lèvent pour le célébrer dans un triomphe à la romaine comme le Palais en a rarement vu !


PS : Goran logé au Gray d’Albion, un 4* de luxe c’est normal, mais allez expliquer à Brégovic qu’il loge à Cannes, rue des Serbes sans qu’il se sente particulièrement honoré ! Le hasard fait parfois bien les choses !

 Dans sa loge, après le concert, détendu et heureux, Sabine C, son agent, une amie à la photo, la nuit n'est pas terminée, les "frappadingues" guettent et nous attendent pour une plongée dans le rêve !

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