De Rokia Traoré à Gotan Project
Voilà, la saison 2009/2010 vient de se terminer avec un somptueux Gotan Project, première du spectacle avant Paris, salle archicomble, public chaviré de bonheur, tout comme moi, heureux de cet évènement, heureux de retrouver Jules Frutos, le patron d'Alias, un homme qui aime la musique, qui comprend les artistes mais aussi les organisateurs, qui possède encore des principes et sait se rendre attachant. Alors sur ces derniers mois, quelques photos pour se souvenir du temps passé.
La belle Rokia, un de mes grands coups de coeur. Un instant magique qu'elle a illuminé de sa classe, de son humanisme, de son talent. Des frissons à la mémoire de sa grâce, de la pureté de son timbre, de l'éclair de ses yeux.
Je suis devenu son amoureux pour l'éternité.
Rajery, le chantre de Madagascar et Talike, la Princesse des épines dans une des plus formidables rencontres de cette saison. Ils ont travaillé dans le contraste et se sont réunis dans la passion, transmettre l'amour de cette île-continent, parler des différences pour mieux les comprendre, déjà entre eux, toujours avec le public. Il n'y a plus de frontières et les corps vibrent à l'unisson sous cette musique tribale qui parle aux sens !
En habit de Juliette Drouet, la passion de Victor Hugo, la passionaria Anthéa Sogno, et moi, son Roméo d'un soir, juste le plaisir des mots qu'elle a fait chanter, ceux de Hugo comme ceux de Juliette Drouet. Une extraordinaire leçon de vie, une émotion à fleur de peau, du théâtre de sens, sensations à vif, esprit ouvert sur une petite histoire sublime de la grande histoire. Quand un grand homme est aussi un petit homme qu'une femme inspirera jusqu'au génie !
Le Gotan est un véhicule hors norme parfait pour explorer les sentiers de l'Amérique du Sud, ceux si sombres des sons langoureux remixés pour devenir éternels. Voix, bandonéon, guitare, cuivre et deux imposantes machines chargées de transformer les notes en machine à se propulser dans le futur. C'est une musique d'éternité, dépassant toutes les frontières, qui reste étrangement naturelle. Le miracle de Gotan Project est de nier le temps !
Dans ce spectacle un soin extrême est apporté au visuel, avec des couleurs chaudes de lumières, des écrans translucides où sont projetés des torrents d'images, un dispositif parfois un peu figé, toujours imposant, la sobriété du mouvement dépassé par la grandiloquence de l'effet, un spectacle à voir tout autant qu'à entendre et qui finira avec les tubes du groupe, dans un tango mécanique emportant le public dans sa fièvre !
Voilà, c'était juste une madeleine sucrée, un petit goût de revenez-y, avec la nostalgie de toutes ces heures si belles car uniques, la certitude que jamais on ne remarchera sur ces travées...Bien sûr, il y aura d'autres moments à jouir, la beauté du passé chassée par l'espoir futur, mais que cette saison fut belle, entre les concerts de septembre 2009 (Bertignac, Archive, Peter Doherty, Bregovic...) et ces images volées par Eric Dervaux (except Victor Hugo) en mars et avril 2010.
Vite, à demain !