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FIF (2) : 15 films après !

Publié le par Bernard Oheix

 

Dans mon précédent billet, je restais sur une opinion mitigée…Ce Festival, 63ème du nom, me semblait bien poussif en son début et si les premières images sont à l’image de ce qui doit suivre, alors cela veut dire que les nuages s’amoncèlent au-dessus de nos têtes et que les dieux du 7ème art nous ont peut-être abandonnés…

 

Pourquoi et comment oser exhumer le Lions love (Quinzaine des Réalisateurs) d’Agnès Varda, grotesque pantalonnade sur l’amour libre et les couples à 3 du floper-power ? Avec un tel film, il est certain que l’esprit soixante-huitard en prend un sacré coup et que nos enfants doivent nous trouver bien ridicule ! Cette oeuvre dormait depuis tant d’années, elle aurait pu rester dans les limbes, cela n’aurait offusqué personne et certainement pas moi !

Quand Woody Allen parodie Woody Allen, cela donne You will meet a tall dark stranger, un film (hors compétition) sur des tranches de vie tissées, un patch-work de ce qu’il nous a donné à aimer depuis de longues années mais qu’il semble avoir de la peine à régénérer. Nouvel opus donc au goût légèrement acidulé de déjà vu, déjà entendu…On attendait mieux ! Et quand Kitano parodie un film sur les yakusas de Kitano, cela donne Outrage (compétition), une énième version avec coups (et écho sonore sur chaque direct asséné), hémoglobine, morts particulièrement sophistiquées (pas mal, la tête décapitée !), histoire tortueuse à souhait où chacun trahit l’autre, où les protagonistes hurlent sans cesse, sortent les révolvers pour dézinguer à tout bout de champs, où les voitures et les costumes sont noirs et le visage de Beat Takeshi Kitano, une carte de toutes les violences d’une société gangrenée par la drogue et tous les vices. Bon, d’accord monsieur Kitano... pas besoin de hurler !

Bedevilled (Semaine de la critique) du Coréen Cheol-soo Jang est une pochade gore ou une femme décide de se venger à coups de faucille et de marteau en éventrant et décapitant toutes celles et ceux qui l’ont faite souffrir, (il y en a beaucoup !), dans son humble vie sur une île perdue à être l’esclave des autres. Réjouissant petit premier film où l’on rit sans retenue de tant d’abominations !

The Housemaid, (Compétition), autre Coréen, Im Sang-soo, film glacé sur l’oppression des riches sur les pauvres, quand l’homme au pouvoir domine aussi le corps de la femme et son destin. Film intéressant, irruption d’une lecture particulièrement «militante » du rapport homme-femme et de la notion de pouvoir et de sexe. A noter la belle facture de l’image, de la lumière, et du jeu des comédiens pour une œuvre qui mérite une vision plus riche que celle d’un festivalier zappant d’un film à l’autre sans temps mort.

Chatroom (Un Certain Regard) de Hideo Nakata est insupportable. Les adolescents ont leur espace virtuel réellement symbolisé par des pièces dans lesquelles ils donnent libre cours à leurs idées. Verbeux, artificiel…comme cet espace virtuel dont ce film n’aurait jamais dû émerger !

Mardi, après Noël (Un Certain Regard) de Radu Muntean est l’histoire d’un adultère. Ce film roumain, dans la tradition d’un néoréalisme héritée de la Palme d’Or obtenue il y a quelques années, propose quelques moments particulièrement bien sentis (la rupture vue de l’intérieur, la préparation du repas de Noël). C’est pourtant un peu lent et long, défauts, avouons-le, qui touchent la plupart des films présentés cette année !

Que dire de Belle Epine (Semaine de la Critique) de Rebecca Zlotowski ? Que c’est un 1er film sur des adolescents perdus dans l’univers de la moto, qu’il est prometteur et qu’elle passe désormais au 2ème pour nous prouver son authentique potentiel ! Où du glacé et froid Unter dir die Stadt (Un Certain Regard) de Christoph Hochhaüser, film situé dans le monde des grands banquiers, entre pouvoir et chair humaine…qu’il est incompréhensible, part dans tous les sens, et qu’il faut nous donner le mode d’emploi afin de saisir ce qu’il a voulu (ou pas) dire… Mais que de toutes les façons, son film, même compris, restera ennuyeux et vide malgré une superbe photo qui embellit Francfort de ses innombrables reflets !

Reste deux petits bijoux. Le premier Banda Bilili (Quinzaine des Réalisateurs), de Renaud Barret et Florent de la Tullaye. C’est un film reportage qui dessine une véritable fiction. Sur 5 ans, dans une ville dévastée par la pauvreté et la misère, (Kinshasa, République du Congo), une équipe de cinéastes va suivre et soutenir un orchestre d’handicapés jusqu’à leur tournée triomphale dans les grands festivals et les capitales d’Europe. Leur musique est la colonne du film et la raison même de ce film, elle contient tout leur espoir, leur dynamisme, leur optimisme dans le plus extrême des dénuements. Ce film est une leçon de vie, un baume au cœur, une façon de mieux comprendre les autres et leurs différences, l’handicap et la force de vie de ceux qui n’ont rien, si ce n’est l’espoir au fond du cœur. Le personnage de l’enfant qui joue de sa boîte à lait monocorde, que l’on voit grandir jusqu’à devenir un homme, est magnifique : pour une fois, la caméra n’arrête pas le temps, bien au contraire, elle l’accompagne et l’enrichit de sa mémoire !

Le deuxième, Another Year de Mike Leigh (compétition) est dans la veine de My name is Jo de Ken Loach. Sur 4 saisons en 4 chapitres, un couple heureux (elle est psychologue, il est géologue) voit graviter autour de lui, des amis désemparés, des victimes de la vie, des épaves, la mort, tout cela en jardinant, en recevant beaucoup, en buvant (pas mal !) et en parlant (énormément !). C’est un réalisme à l’anglaise, humour et drame entremêlés, acteurs exceptionnels, notes sur des vies si humaines et si belles. On rit, on est ému, et même si le film pêche un peu par sa longueur (ces fameuses 15 mn de trop !), il emporte l’adhésion et transmet une vraie ration de bonheur au spectateur !

 

Bon, la lumière s’éteint, c’est le Godard, Film Socialisme qui commence…On en reparlera, et puis, il reste encore 5 jours… Peut-être qu’on le gagnera notre paradis des images, notre éden filmique ! A voir !

 

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R
<br /> <br /> Bonjour Bernard,<br /> <br /> <br /> J'espère que tu as vu le film Danois à la Quinzaine, Alting bliver godt igen (tout va bien se passer) un scénario et un acteur remarquable. A voir absolument, je peux te dire<br /> qu'après dans les files d'attente on en a beaucoup parlé. Il repasse au Raimu cet après-midi à 15 H ou aux Arcades peut-être.<br /> <br /> <br /> Sinon, Benda Bili c'est vraiment super. Ils sont à 15 h à Fnac aujourd'hui (mini-concert).<br /> <br /> <br /> A bientôt.<br /> <br /> <br /> Laetitia ROUSSEAU (ex jury des feux d'artifice).<br /> <br /> <br /> <br />
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