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Inventaire avant destockage (11)

Publié le par Bernard Oheix

Le 24 avril nous allons vivre une superbe soirée de musique à la salle de la Licorne dans le cadre de la saison "Sortir à Cannes" 2009/2010. Rencontre entre polyphonies et instruments de musique, rencontre entre les voix malgaches et les choeurs méditerranéens. Rajery et Talike pour l'Afrique, Le Corou de Berra pour notre région, deux univers qui se télescopent et créent dans l'échange, les conditions d'une meilleure connaissance, un pont entre ce continent noir qui a forgé l'identité de l'homme et cette vieille Europe si pétrie de ses certitudes.

Ce n'est pas la première fois que je programme mes amis du Corou de Berra. La première, c'était en 1995, depuis nous avons enchaîné les collaborations, Michel Bianco (le leader) est devenu un de mes amis, je les ai même entraînés dans mon avenutre des "concerts sous la mer".

A l'époque, j'avais sous mon pseudo Jean-Paul Icardi, écrit un article pour la Strada, le voici donc in extenso...

 

 

CHŒURS EN BALADE

 

 

Passer en première partie du groupe phare des Polyphonies Corses était un challenge que le Corou de Berra a su relever avec brio. Le jour de la sortie de leur troisième disque, ils ont séduit et fait vibrer une salle Debussy où 700 personnes avaient répondu à l’appel de la Direction de l’Evénementiel Culturel et de l’Amicale des Corses de Cannes dont le Président, Yvan Casanova, s’était totalement investi dans cette soirée.

 

Le Corou de Berra, chœur mixte du pays de Nice, admirablement dirigé par Michel Bianco nous a emmenés dans une promenade poétique et vocale de la grande Provence. Des chants des ligues piémontaises aux ballades « nissartes », des poèmes de Mistral à ceux des créateurs provençaux contemporains (S. Dotti), ils ont charmé le public par une simplicité extrême, un dépouillement absolu de l’art du chant allié à une sophistication des voix et des arrangements.

 

Le Corou s’avère vraiment comme le groupe phare de toute la région et les quatre-vingts disques vendus et les innombrables signatures à la sortie du concert montrent à quel point ils ont su toucher le public.

 

La deuxième partie du concert allait permettre de monter d’un cran encore dans le ravissement d’un public subjugué. Jean-Paul Poletti, fondateur de « Canta U Populu Corsu », créateur de l’école de Polyphonies de Sartène avec un chœur de sept jeunes chanteurs, vêtus de noir, soutenus par des lumières ambrées (bravo la technique du Palais), allait  atteindre des sommets que seul l’instrument vocal permet.

 

Une version des « Lamentu di Gesu » typique du « Catenaccio » de Sartène, des chants franciscains exhumés de l’histoire (O Sanctissima Anima) mais aussi des chœurs traditionnels recueillis auprès des bergers ou des travailleurs de la terre faisaient courir des frissons à l’ensemble de la salle chavirée de bonheur.

 

Commentant et introduisant chaque morceau avec beaucoup de finesse et de tact, son âme de « prof » allait se réveiller sur un « Perche Cantu » où tout le public (en canon s’il vous plaît !) fut associé.

 

Hymne à la joie de vivre, à la paix, à la rencontre sublimée par la pureté cristalline des voix (n’est-ce-pas le ténor ?), l’âme corse tourmentée, mais si belle, était le grand vainqueur d’une soirée pas comme les autres.

 

Et pour finir, parce que la Corse est avant tout une terre d’accueil, et parce que le talent c’est également de mettre en commun, Jean-Paul Poletti invitait tout le Corou de Berra à les rejoindre pour un final croisé grandiose où chacun se mit au service de l’autre pour la plus grande joie d’un public qui jaillit de ses sièges, en une « standing-ovation » dont la spontanéité évidente n’avait d’égal que les sourires qui illuminaient les visages.

 

Décidément cette quatrième édition de la soirée corse, après I MUVRINI, Petru GUELFUCCI, A FILETTA, montre la richesse de l’expression musicale corse et l’adhésion sans réserve des Cannois et du public venu de toute la région à des rencontres inédites.

 

Jean-Paul ICARDI

 

 

Bon, fallait peut-être pas exagérer ! Cela sent furieusement le plumitif en train de passer de la pommade dans le canard du coin... mais j'y croyais vraiment à l'époque ! Dans cet article écrit au siècle dernier, on pensait encore faire la révolution avec les armes de la culture et couvrir les voix de misère par les chants du coeur !  Mais quelques 15 ans après, deux tours en moins et une crise des banques en plus, il ne reste que des vestiges à contempler, ceux des ruines d'une certaine idée de l'art balayé par un monde épileptique que les bouffons ont envahi...Qu'est devenu ta culture, ô monde de miséricorde !

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