Inventaire avant destockage (13) : Idir
Un texte écrit il y a près de 10 ans sur un concert auquel j'ai assisté il y a plus de 40 ans... J'ai de la suite dans les idées ! C'était un article à destination de "la Strada" de mon ami Michel Sajn, une (la) revue culturelle branchée de la Côte d'Azur. Compte tenu que je programmais enfin Idir à Cannes pour la première fois (il reviendra à 2 reprises), je ne pouvais décemment signer de mon nom...et c'est à cette occasion que j'ai exhumé ce pseudo qui dormait depuis des lustres dans les greniers de ma mémoire ! Inutile de vous dire que j'ai adoré écrire ce clin d'oeil d'une époque ou j'étais jeune, beau, et ou je mordais dans la vie à pleines dents !
A vous de juger !
C’était à Rennes. Miterrand n’était pas encore élu, la France de Giscard vivait ses dernières heures mais ne le savait pas. L’ouest me tendait les bras, terres de découvertes et de mélanges aves ses « indiens » et ses « cow-boys », cette allure de France profonde dans des habits de modernité.
Un copain est passé me voir et m’a entraîné à un drôle de concert d’un homme à lunettes, au visage juvénile et qui portait un nom qui sonne comme un coup de théâtre : IDIR.
Dans la salle pleine à ras bord d’une foule colorée, les femmes portaient leurs enfants en bandoulière avec leurs yeux clairs comme un message d’espoir. Quelques youyous résonnaient sous les regards ébahis d’un public occidental qui venait chercher l’aventure.
L’exotisme se parait d’humanisme. Les Kabyles côtoyaient les Arabes comme si les drames du futur ne devaient jamais exister ou comme si, dans l’exil d’une culture la terre comptait plus que la religion.
Il est entré dans un flot de lumière et ses musiciens ont entamé une curieuse musique. Les instruments traditionnels perçaient les nappes légères des claviers et la fée électricité occidentalisait les mélodies. Sa voix chaude, douce s’est glissée à l’intérieur de ces notes égrenées liant d’un seul coup la langue kabyle, l’Orient fastueux des instruments traditionnels et la modernité occidentale d’une terre d’asile.
A VAVA INOUVA s’imposait comme un tube, comme un morceau de musique arraché au temps et qui ciselait des diamants dans les volutes sonores imaginées par un musicien hors du commun.
Son histoire est une légende qui parcourt les terres hautes de l’Algérie, son talent s’exprimait dans la discrétion la plus absolue.
Depuis des années il vit en France et sillonne ces terres qui ont su être hospitalières pour lui. Il permet la rencontre des publics et l’échange généreux des cultures. Il reste IDIR, un musicien génial, un interprète doux et magistral de mélodies bouleversantes, un ambassadeur de la musique du monde qui fédère le bonheur de vivre ensemble…et son concert est un des plus beaux concerts qu’il m’ait été donné de vivre. Il reste gravé en moi et chaque note me rappelle que la musique est bonheur.
Il est à cannes le 18 octobre, salle Mérimée à la Bocca, et j’ai hâte d’être au premier rang comme un « fan » qui n’aurait pas honte de dire à IDIR que ses chansons peuvent transformer le monde.
Jean-Paul ICARDI