Lettre à mes amis comédiens...
Voici donc la lettre que j'ai envoyée à l'issue de cette première série. En effet, c'est à Nice en novembre 2012 que nous reprendrons Linge Sale pour 6 représentations au Théâtre Françis Gag. J'ai perçu, de jour en jour, une blonde s'affirmer en moi et une Martiniquaise s'épanouir... Miracle du Théâtre... Henri, lui, l'homme au maillot si explicite, reste un incorrigible technicien de base, fasciné de sentir la scène sous ses pieds et heureux de participer à cette aventure artistique. Bernard par contre reste dubitatif sur son avenir de comédien...
Chers amis et néanmoins camarades.
Je tiens à vous remercier tout particulièrement pour m’avoir :
-mis des seins, bas et jupe, perruques blonde ou noire, colifichets et fond de teint
-autorisé à pisser 4 fois en 30 mn dont une dans une bouteille d’Evian pendant la première partie de la pièce
-obligé à bouffer des sandwichs et grignoter des saloperies pendant 3 semaines au grand détriment de mon tour de taille.
-de m’avoir permis de visiter la région en faisant 20h de moto entre Cannes et Nice (dont 1h sous une pluie diluvienne) afin de pouvoir vous retrouver au Théâtre Francis Gag pour les innombrables lectures, répétitions et filages me laissant épuisé et incapable d’assumer ma vie sexuelle (d’autant plus que les stigmates de khôl, fond de teint et rouge à lèvres traînant sur ma gueule n’engageaient pas ma femme à avoir des élans de tendresse particuliers !)
-de m’avoir obligé de réveiller à minuit la mère de mes enfants afin qu’elle me fasse répéter un texte édifiant du style (-me farcir les gonzesses qui passent, -et mon cul
c’est du poulet,-je vais te faire une ménagère à bigoudis…), tous textes qui portent sur les nerfs d’une femme normalement constituée réveillée par les angoisses de son mari dans le silence
sépulcral d’une nuit du mois d’avril !
-donné une image particulièrement exotique et déplorable d’un Directeur de l’Evènementiel du Palais des Festivals de Cannes…d’autant plus que cette Martiniquaise me semble peu apte à lutter contre les hordes lepenistes qui semblent envahir nos urnes en nous cassant les burnes !
Spécial remerciement :
A Régis Braun pour la finesse de son choix (!!), la qualité générale de la distribution… incluant mon humble personne. C’est un beau final pour ma carrière de programmateur que nous avons fait ensemble et je suis très fier du bout de chemin que nous avons effectué de concert. Merci Régis d’avoir osé me faire passer de l’autre côté du miroir et de m’offrir ainsi, une nouvelle belle page dans ma légende en marche vers le panthéon des hurluberlus !
Collectivement à tous les acteurs, les vrais, ceux qui avaient du texte, du jeu et un rôle autre que celui de bouffon dans cette étrange pièce, Linge Sale de Jean-Claude Grumberg. Vous êtes vraiment des acteurs de talent, merci de m’avoir supporté avec tant de gentillesse et de professionnalisme. Rassurez-vous, ma carrière s’arrêtera avec cette pièce et je ne viendrai pas vous piquer vos émoluments… Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles !
A Elisabeth, ma copine, celle avec qui je me maquilla, papota, babilla et tricota pendant que les garçons rivalisaient de machisme en
roulant des mécaniques pendant la première heure totalement futile du spectacle !
A Marc, mon joggeur préféré, même si, à chaque fois qu’il me croisait avec ma perruque et mes seins imposants (90C), un haut-le- cœur manquait le faire vomir sur ma gabardine très « Bacallienne » qui n’en demandait pas autant !
A DEUX, au cocaïnomane Christian, en espérant que sa femme revienne. Tu es un acteur remarquable et je garderai toujours ton visage entre deux machines à laver pleurant sur son papier peint qui lui manque. Tu es plein de vitalité et tu m’as offert de bons conseils et des regards d’amitié particulièrement rassurants.
A UN, Jean-Jacques, sa mèche « nazouillarde » ne peut dissimuler son ouverture. Et même s’il se sent incapable de tendresse envers moi (Euh, envers Henri !), je ne lui en veux pas (!!). Tu m’as aidé à mieux comprendre la place d’un acteur, son rapport au metteur en scène, les petits trucs qui font que sur la scène, du chaos naît la lumière. Merci à toi pour cette leçon de choses… Cela ne faisait que 30 ans que je programmais du théâtre, désormais, je sais ce qu’est un acteur !
Et puis, à toute l’équipe du Théâtre Francis Gag, magnifiquement managé par un Pierre imposant, impavide, résistant aux crises d’un metteur en scène hypocondriaque, toujours prêt à rendre service avec un Pascal heureux à ses côtés. Merci Peter de m’avoir permis de papoter avec ta femme et d’avoir reluqué sa combinaison pendant qu’elle me maquillait !
Et puis Françoise, son soin dans le choix de mes chaussures (42 fillette), mes lingettes démaquillantes, mes bas filés, la perruque toujours prête, au petit soin pour moi alors qu’elle n’en a plus rien à foutre puisque sa fille a réussi (enfin !) à me piquer mon poste !
Voilà, j’ai découvert sur le tard, l’ambiance d’une troupe, fut-elle éphémère, la réelle tension qui naît de s’exposer ensemble aux regards des autres, les connivences et petits secrets, engueulades et crises de nerfs, complicité et fous-rires, et l’extraordinaire humanité des belles personnes que vous êtes.
PS : Je sais que vous rêviez de voir mon jardin. Je vous propose donc de se retrouver tous en ma modeste demeure de futur ex-Directeur pour un repas d’amitié. Je n’imagine pas, vu vos plannings chargés, tomber du premier coup sur une date où tout le monde est disponible… Alors à vos agendas !
PPS : on fera un curry de porc et des acras, je connais une Martiniquaise qui sait y faire !
La bise à toutes et tous.
Toutes les photos des articles sur Linge Sale sont de mon ami et immense photographe, Eric Dervaux que vous pouver visiter sur son site : ericdervaux.com
A Elisabeth, ma copine femme de la troupe et à Marc, le Joggeur impérial de la
distribution !