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Un festival pas comme les autres !

Publié le par Bernard Oheix

Voici donc un article paru dans l'excellente revue culturelle de la Côte d'Azur, La Strada (N° 295 du 4 juin 2018). Son  directeur, Michel Sajn, mon ami, m'a demandé de faire un papier sur le Festival du Film de Cannes. Avec 40 films au compteur j'avais peut-être, selon lui, une certaine légitimité à faire un bilan. Le voici donc... à vous de juger !

 

Un Festival pas comme les autres !

 

 

Et je ne parle pas seulement du virage de la sélection, des nouveaux auteurs qui font irruption cette année et de l’absence (justifiée ?) d’un lot  d’icônes récurrentes du Festival et plus généralement des américains…

Non, je parle aussi de la capacité extraordinaire pour un cinéphile lambda comme moi de faire son propre marché en voyant 40 films en 9 jours dont les 3/4 de la compétition, presque tous les films de la Semaine de la Critique, la majeure partie d’Un certain regard et quelques sélections de la  Quinzaine où autres catégories (cinema des antipodes, acid ect…

C’est le privilège accordé par le badge cinéphile à ceux qui refusent de monter les 24 marches du tapis rouge pour aller dans les salles périphériques de la Bocca prendre leur over-dose d’images du monde, de sujets brûlants et de visions paradoxales.

 

La sexualité déclinée

 

Et en ce mois de mai 2018, nous avons été particulièrement gâtés. Année du renouveau ? Peut-être, même si le cinéma produit par les témoins d’un monde en convulsion ne peut que refléter l’état d’urgence de notre société a entamer sa grande mutation vers un monde meilleur.

Deux thèmes vont parcourir ces films en écho d’une planète du 7ème Art, parcourant tous les recoins d’une planète bien étroite quand il s’agit de celle des idées, du Mexique au Japon, de la Russie à l’Egypte… Le premier concerne une déclinaison permanente de la sexualité sous toutes ses formes, du trans-genre à l’homo, de la passion assumée à l’indicible constat de son appartenance hors les normes. Toutes ces variations tentent de faire resurgir l’humain et sa fragilité derrière son sexe, de décliner une identité nouvelle brisant les tabous. Avec réussite et élégance dans Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré où rode l’ombre du Sida ou chez Mario, le jeune footballeur épris de son coéquipier de Marcel Gisler. Il est plus tragique dans l’excellent Sauvage de Camille Vidal-Naquet (la descente en enfer d’un jeune prostitué drogué que rien ne pourra sauver, même les mains tendues) ou totalement déjanté dans le quatuor amoureux et savoureux de A genoux  les gars du réalisateur Antoine Derosières, ou une cité sert de laboratoire à l’apprentissage du sexe chez 4 adolescents. Verbe et jubilation ! Chez Ryusuke Hamaguch, Asako 1 et 2 va tomber amoureuse d’un garçon sosie de son premier grand amour Bakou… celui-ci fait un retour  dans sa nouvelle vie et va remettre en cause toutes ses certitudes… dans le formidable Shéhérazade de jean-Bernard Marlin, un couple improbable, lui jeune délinquant et apprenti proxénète, elle sa première pute, vont connaitre le grand amour jusqu’à briser tous les codes d’honneur de la délinquance en assumant le statut de « balance » pour que leur passion vive et s’épanouisse dans l’espoir d’un futur !

Mais c’est avec Girl du Belge Lukas Dhont que le Festival subira un de ses choc le plus poignant et émouvant! Une jeune fille mène de front son apprentissage de danseuse dans une académie de danse où elle martyrise son corps pour atteindre l’excellence et son chemin vers une transformation physique destinée à lui ôter les attributs masculins d’un sexe qui n’est pas le sien. Le jeune acteur Victor Polster habite ce personnage d’une grâce, d’une énergie et d’une certitude qui balaient tous les poncifs autour de cette mutation. Entouré d’un père aimant et d’une équipe médicale attentive, elle va provoquer le destin dans un acte final à couper le souffle ! Prix et interprétation pour l’acteur. Le choc du Festival !

 

L’enfance en filigrane

 

Le deuxième thème tourne autour de la situation des enfants et des adolescents, trop souvent maltraités, victimes et observateurs, dévoilant les injustices de leur environnement hostile. Parfois aimés comme dans la Palme d’Or (quelque peu sur-valorisée !) de Kore-eda, La petite famille où des enfants sont recueillis et deviennent des apprentis voleurs, où dans le formidable et injustement oublié du palmarès, Yomédine de Abu Bakr Shawky en orphelin compagnon d’un lépreux sur les chemins d’un voyage initiatique vers un passé douloureux. C’est l’enfant kidnappée qui provoque le drame de Everybody Knows de Asghari Farhadi, l’excellent film d’ouverture du festival, dont l’absence au palmarès est bien étonnante. Dans Wildlife de l’américain Paul Dano, c’est dans les yeux d’un adolescent que l’on voit le délitement d’un couple dans une société américaine désemparée et sans illusions. Les futur électeurs de Trump sont en gestation dans ce Montana des années 70… Dans Ayka, film russe de Sergey Dvortsevoy, l’enfant est abandonné à la naissance par une immigrée Kirghize au bord du gouffre, exploitée par des marchands de sommeil, des patrons véreux et pourchassée par des prêteurs sur gage qu’elle ne peut rembourser. Dans sa plongée vers l’horreur, elle va retrouver ce bébé pour se libérer de sa dette en le vendant aux truands…mais réussira-t-elle à s’en séparer ? Un prix d’interprétation féminine consacre ce film haletant et poignant où, dans un Moscou sous la neige, le sort des immigrés vient en écho de  leur situation dans tous les pays du monde ! Dans Capharnaüm de Nadine Labaki, récompensé par le jury, l’enfant intente un procès à ses parents pour l’avoir fait naître dans ce monde de souffrance et d’horreur pour les plus faibles.

 

La société française en miroir

 

Mais le festival de Cannes, en cette édition 2018, c’est aussi un formidable miroir à l’international d’une série de films Français renvoyant à la réalité si dure d’un pays qui cherche un sens à son avenir. Nos Batailles de Guillaume Senez et En Guerre de Stephane Brizé consacrent un genre bien politique du cinéma français. De la réalité à sa mise en fiction, ces deux films sur la dureté du monde de l’entreprise et la lutte pour survivre se voient comme des films haletants et des aventures humaines sans complaisance. Romain Duris et Vincent Lindon sont formidables en héros d’un peuple que la pression de l’entreprise et la logique de la rentabilité renvoie à la casse sociale des laissés pour compte ! Films avant tout.. même s’ils renvoient à un présent que nous aimerions bien voir changer !

Et notons que les évènements si proche de la Vallée de la Roya autour des migrants auront eu un écho dans deux films. La traversée de Goupil/Cohn-Bendit où le couple part sur les chemins de France à la recherche des racines de l’histoire contemporaine. Déambulation testamentaire des héros soixante-huitards, le film alerte le meilleur (la scène de l’ouvrier retournant dans son usine désaffectée, le retour aux chantiers naval de St-Nazaire) mais manque parfois de clarifications à des rencontres sans réponses (Ménard, Le repas avec les sympathisants du FN). Un des moments de grâce du film reste les interventions des habitants de La Roya confrontés au problème des migrants, l’humanité profonde qui se dégage de ceux qui vivent au contact de ces êtres perdus errants sur les routes du désespoir.

Et bien sur, en séance spéciale du Festival, Libre, le documentaire réalisé par  Michel Toesca avec Cedric Hérrou où pendant 3 ans, caméra à l’épaule, le réalisateur va suivre son ami et tous ceux qui se sont engagés au delà des clivages, pour assister et soutenir ces ombres qui marchent coincées dans cette vallée du Sud-Est par la loi des logiques d’état contre celles du coeur !

 

Voilà donc un panorama de ce qui vous attend dans les prochains mois sur vos écrans. 40 films visionnés en 9 jours sur les centaines de films présentés… c’est peu certes mais suffisant pour donner une image de la production mondiale. Et si les commerçants de Cannes tirent la gueule sur cette édition en constatant les chiffres d’affaires en baisse, les cinéphiles eux affichent le sourire satisfait d’une attente récompensée. Allez les les sélectionneurs, continuez à nous faire rêver et le monde de l’économie retrouvera les chemins de l’espoir !

Le Festival du Film de Cannes reste le plus grand évènement mondial du cinéma, n’en déplaise à quelques américains confiants  dans leurs certitudes !

 

PS : Et si vous voulez vivre un vrai moment de cinéma pur, pensez à aller voir dès qu’il sortira Artic, de Joe Penna avec au générique un Mad Mikkelsen éblouissant… et une actrice dans le coma qui ne prononcera qu’un mot de tout le film. Par contre, lui, dans ce rôle d’un Robinson Crusoé des mers de glaces s’en donne à coeur joie pour tenter de survivre. Du grand cinéma d’aventures dans des paysages fabuleux et qui repousse les limites du courage et de l’acharnement à ne pas sombrer !

 

PPS : Et je n’ai rien à vous conseiller pour Le grand bain, comédie jubilatoire de Gilles Lellouche avec un casting de folie. Ce sera le prochain grand succès de la rentrée (mérité) et vous vous régalerez comme tous ceux qui l’ont vu à Cannes. Vous rirez comme moi et comme la France entière aux déboires d’une cohortes de pieds cassés en train de vaincre leur destin de losers !

 

Allez, et bonnes toiles pour les amateurs de cinéma, là où il faut les voir, c’est à dire devant le grand écran d’un grand cinéma  !

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Festival du Film 2018 : L'apothéose !

Publié le par Bernard Oheix

 

Bon, il y a des miracles… Cette édition 2018 le confirme. De séances en séances, de films en films, bouleversants, étonnants, à rire et à pleurer, qui font réfléchir et qui détendent. Toute la panoplie des émotions y passent avec ce mystère d’un monde qui respire aux quatre coins de la planète du mouvement de l’intelligence et du coeur.

Après 39 projections en 7 jours, l’oeil se vide de tous préjugés et l’esprit se remplit d’humanité. C’est ainsi, 2018 est une très grande année pour le cinéma !

 

Deux films merveilleux en cette période de « macronisation » aiguë de la société ! Nos batailles de Guillaume Senez permet à un Romain Duris d’exploser dans le rôle d’un employé d’une multinationale de la distribution (Amazon, je t’ai reconnu !) dont la femme épuisée quitte le foyer et ses deux enfants. Tranches de vie bouleversante entre la profonde inhumanité du monde de l’entreprise et le destin brisé de deux enfants, d’une famille solidaire mais désemparée devant la dureté de l’existence. Un film âpre et prenant dont on ne sort pas indemne.

C’est encore plus violent dans le Stephane Brizé en compétition, En Guerre, où Vincent Lindon va tenter l’incroyable pari d’obtenir un second prix d’interprétation mérité pour un rôle qui se situe sur le même terrain que La Loi du Marché. Une entreprise d’Agen est promise à la fermeture et ses 1100 salariés à la casse malgré sa rentabilité et un précédent accord où le personnel avait consenti des sacrifices en signant un contrat rognant sur leurs droits et primes pour faire vivre l’entreprise. Mais la firme allemande propriétaire décide de délocaliser la production en rompant son engagement de maintenir l’activité pendant 5 ans. La lutte s’engage, violente, un combat dont personne ne sortira indemne. Et pendant ce temps les politiques pérorent et les patrons taillent à la serpe dans la vie des gens. C’est magnifique, bouleversant, haletant jusqu’à un dénouement qui vous prend à la gorge ! Sous la plage de la Croisette, les pavés volent aussi !

Plus étonnant La traversée, où l’ont suit les pérégrinations de Dany le rouge et de Romain Goupil sur les terres d’une France dévastée par la désindustrialisation, la peur de l’autre (le passage sur la vallée de la Roya et les immigrés est magnifique et les idées extrêmes d’un Ménard (un peu complaisant nos amis face à leur ancien pote !) et d’une tablée du Front National… C’est un film où la liberté de ton est réelle, où Dany s’en donne à coeur joie et cabotine à souhaits, avec des portraits de gens engagés qui donnent de l’espoir… même s’il manque parfois un peu d’analyse sur les réponses aux problèmes soulevés !

Loi des séries avec deux beaux italiens. Dogman de Matteo Garrone film en compétition où le réalisateur de Gomorra revient filmer des paumés de la vie dans un quartier populaire sous la botte d’un truand sauvage. Un homme simple, toiletteur pour chien, va régler ses comptes en affrontant le chef de gang. Euphoria de Valeria Golino est un film magnifique où un homme en train de mourir d’une tumeur est recueilli par son frère, gay et riche, cultivé et sensible. Tous les deux vont communier et se retrouver pour un dernier parcours sur les chemins de la vie. Poignant et digne et certainement pas misérabiliste même si je défie quiconque de ne pas verser une larme dans la séquence finale !

Mon tissu préféré de Gaya Jiji se situe dans une Syrie en train de se convulser sous les assauts d’un printemps libérateur. Une jeune fille est promise a un expatrié qui choisit finalement sa soeur cadette. Elle va rêver sa vie, son destin, un avenir, pendant que toutes les certitudes explosent et embrasent le quotidien. Un vrai document sur une histoire en train de se défaire !

Parmi tous ces films, un Semaine de la Critique (1er ou 2ème film) laisse afficher de belles promesses. Woman at War de Benedikt Erlingsson, un thriller écologique islandais, suit une femme tentant de s’opposer à un conglomérat industriel en provoquant des attentats sur les lignes à haute tension…

De même, deux films japonais en compétition seront proposés à quelques heures d’intervalle. Shoplifters de Kore-Eda est un peu convenu et longuet. Ce film sur une famille recomposée au grand coeur, composée de voleurs de tout âge, s’étire… même s’il se laisse voir sans déplaisir. Plus surprenant est Asako 1 et 2 de Ryûsuke Hamaguch. Une jeune fille est amoureuse de Baku qui la quitte plusieurs fois. Il va disparaître définitivement et bien des années plus tard, elle va tomber amoureuse du sosie de Baku. Jusqu’à ce qu’il revienne une nouvelle fois troubler son existence  et que toute ses certitudes s’écroulent ! Passionnant.

Pour rester en Asie, le trop long Burning de Lee Chang-Dong loupe le coche. Une première partie interminable, une deuxième qui rate l’essence d’une histoire de Murakami… Dommage !

Cold War de Pawel Pawlikowski devrait se retrouver au palmarès. Dans les années soixante de la guerre froide, un chef d’orchestre et une chanteuse vont vivre une passion sans avenir. La fuite de l’un à Paris et la montée de la main-mise des politiques sur l’orchestre folklorique ne vont leur laisser que quelques bribes d’une vie à partager, jusqu’au dénouement final, une des plus belles séquences proposées par les films de cette édition 2018 si riche en langage cinématographique !

Reste la surprise de la dernière heure. Ayka de Sergey Dvortsevoy suit le destin d’une jeune Kirghize émigrée à Moscou. Une plongée glaçante dans une ville tentaculaire sous la neige. Marchands de sommeil, employeurs véreux, policiers corrompus, prêteurs sur gage et cet enfant dont elle accouche et qu’elle abandonne dans une fuite éperdue pour survivre. Tous les ingrédients (femme, émigrée) pour éperonner la conscience de nos conformismes se trouvent réunis pour créer la surprise au palmarès. Une femme présidente pour une laissée pour compte de la société inhumaine des hommes… Pourquoi pas la plus haute marche du palmarès 2018 ?

 

 

Resterait plein d’autres films à commenter mais aussi un palmarès qui va débouler, avec son lot de surprises traditionnelles et il est donc l’heure tant attendue des pronostics.

Avec 16 films en compétition sur les 21, je m’avance donc avec la réserve de ceux que je n’ai pu voir. On devrait retrouver dans les primés les deux films de la Russie (L’été de Serebrennikov et Ayka de Sergey Dvortsevoy) et celui de la Pologne (Cold War de Pavel Pawlikowski) auxquels on peut rajouter Everibody Knows de Asghar Fajardie et Yomeddine de Abu Baki Shawky pour la Palme d’Or.

Pour l’interprétation masculine, Vincent Lindon pour En guerre et Maurizio Braucci pour Dogman vont s’affronter à armes égales (… et pourquoi pas un double prix ?) quand à l’interprétation féminine, elle revient de droit à l’actrice qui interprète Ayka.

Mais le jury a ses raisons que la raison ne connait pas toujours ! Verdict dans quelques heures !

Et n’en déplaise aux critiques pisse-froids, ce fut un excellent Festival, rempli de surprises et qui nous a permis de voyager à travers le monde à la recherche de ce bon sens qui semble tant manquer à une humanité au bord du gouffre !

Quand à moi, j’atteindrai aujourd’hui cette barre mythique des 40 films…et je vais peut-être pouvoir me détendre au bord d’une des plus belles scènes du monde, devant un écran gigantesque, celui d’une Méditerranée nonchalante qui berce nos pieds endoloris par les heures passées dans les files d’attentes  à parler et discourir sur les films avec des inconnus en mal d’émotions fortes et de partage !

Allez, rendez-vous pour le palmarès tout à l’heure et à l’année prochaine pour de nouvelles aventures !

PS : Et si vous voulez rire au cinéma, n’hésitez pas. Le grand Bain de Gilles Lellouche, promis à un destin national, vous permettra de vous laisser aller autour d’un casting de rêve particulièrement bien utilisé, d’une histoire éternelle (les looseurs qui gagnent !) et sera la grande comédie de l’année… à juste titre !

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Festival du Film... des raisons de rêver !

Publié le par Bernard Oheix

 

22 films et le miracle perdure.  On se souviendra de cette édition comme d’un moment de grâce que les propositions des réalisateurs parent de toutes les gammes des émotions et des sentiments. Et la fête n’est pas terminée !

 

Souffle d’air frais avec une rafale de films français de qualité. A genoux les gars, de Antoine Desrosières, montre un quatuor adolescent en train d’éperonner tous les codes de l’amour. Dans une cité de banlieue, deux soeurs Rim et Yasmina à la verve haut en couleur, vont se retrouver en train d’expérimenter les jeux de l’amour sans le hasard ! Rires garantis et fraicheur des acteurs pour une comédie sans romantisme.

Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin offre un autre visage de l’amour sur les trottoirs de Marseille. Un jeune délinquant tombe amoureux de la première prostituée du réseau qu’il monte. De souteneur à soutien, il n’y aura qu’un pas qu’il franchira en endossant le rôle de « la balance » si honnie dans ce milieu de la délinquance aux codes d’honneur inscrits dans le marbre. Pour la sauver, il retournera en prison, perdra un oeil mais en trouvant la lumière. Traitre à sa bande, il va enfin accepter ce grand amour qui le sauvera !

Joueurs de Marie Monge oppose un Tahar Rahim étincelant en joueur accroc, à une jeune fille bien sage dévorée par l’ennui et la solitude. Happée par ce tourbillon de sentiments et cette griserie d’un monde de la nuit où le jeu dévore l’ennui, elle va glisser à ses côtés vers la pente fatale de la mort. Elle tentera bien de le sauver malgré lui, mais cet amour sauvage ne peut que se briser sur les illusions d’une fuite vers le néant. Marie Monge, pour ce premier film, démontre une belle maitrise, un sens inné pour raconter et filmer une histoire éternelle, celle des jeux de l’amour et du hasard, même s’il n’y a plus de hasard dans sa capacité à devenir une metteur en scène dont on attend désormais les prochaines productions !

O Grande Circo Mistico voit un revenant renaître de ses cendres. Carlos Diegues n’avait plus tourné depuis 18 ans. Ce seigneur du Cinéma Novo brésilien des années 70/80 s’était muré dans le silence. Avec ce film qui suit la vie d’un cirque sur un siècle, entre les deux passages de la comète de Haley, il crée un univers baroque et sensuel, des personnages décalés dans des situation absurdes. C’est du grand cinéma, inspiré, et on peut noter la participation exceptionnelle d’un Vincent Cassel métamorphosé.

Wildlife est une plongée dans l’Amérique profonde du Montana, près ère Trump ! A la hauteur d’un adolescent, le film montre le délitement d’un couple qui s’enfonce dans une crise de confiance, une fuite en avant où tout est prétexte en faire surgir l’incompréhension et le désarroi. Cet angle si précis donne une dimension de proximité au drame en train de se jouer et annonce les désastres à venir d’une société américaine sans illusions.

Enfin 2 bijoux pour conclure cette deuxième livraison.…

3 visages de Jafar Panahi, le banni iranien interdit de sortie du territoire. Il va poser un des visages sur son film, le sien. Mais il y a aussi dans cette histoire tous les ingrédients d’un mystère à résoudre. Un message filmé d’un portable est arrivé chez une actrice célèbre de la télé iranienne. C’est un appel au secours d’une jeune fille. Sa famille veut l’empêcher de devenir élève dans une école d’art dramatique et la marier de force. Elle décide de se pendre en se filmant. Ce message va déclencher le départ pour son village reculé dans les montagnes de l’actrice et de son réalisateur, Jafar Panai lui-même. Ils vont enquêter sur cette affaire et au passage, dévoiler toutes les contradictions d’une société iranienne engoncée entre le passé et l’absence de futur. C’est un film d’une rare puissance, une pérégrination sur les chemins de l’émancipation des femmes dans une société corsetée par les codes du machisme et de l’honneur.

Girl de Lukas Dont, un flamand est sans doute l’oeuvre la plus passionnante de ce Festival. présenté à Un Certain Regard, elle méritait de pouvoir se mesurer aux autres films en compétition.

Par le thème d’abord, celui d’une jeune fille Clara engoncée dans un corps d’homme et qui entame sa mutation médicale soutenue par son père et un corps professionnel attentionné. Par la personnalité exceptionnelle de son acteur principal, Victor Polster qui d’ores et déjà aura gagné la palme de toutes les interprétations, masculine comme féminine ! La jeune fille partage sa vie entre cette académie de danse (rarement on aura montré cet art du mouvement comme une douleur si intense de la répétition vers la perfection), et ses séances avec les psys et médecins. C’est une ode à la liberté, à la tolérance et à l’amour. Dans sa nature si troublée, elle trouve une force incroyable pour jeter à tous ceux qui pensent qu’une « manif pour tous » suffit à remettre des frontières, un pavé dans la mare de la bienséance et du poncif. Le drame final lui permettra enfin d’être cette jeune femme libre qu’elle a toujours été dans sa tête.

A voir avec urgence !

 

Et le Festival s'avance, de séance en séance. A chaque ouverture, nous espérons toujours et encore être surpris, émus, amusés… et cela tombe bien, car cette édition 71 restera dans les annales du cinéma ! Jusqu’à maintenant tout au moins ! Bon, avouons-le, il y a toutes les raisons d’espérer, au vu de l’état du monde, que le 7ème Art aura encore de belles pages à écrire pour tenter d'éclairer le monde !

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Festival du Film 2018... Un début en fanfare !

Publié le par Bernard Oheix

 

12 films et déjà une impression d’être au centre du monde du 7ème Art, qualité au rendez-vous des cinéphages,  films intéressants, voire passionnants dégustés sans retenue. Le festival semble bien parti, puisse-t-il tenir ses promesses et continuer à nous emmener vers ces chemins de traverses qui nous font voyager au coeur des hommes et à travers les paysages si divers de notre planète,  celle des sentiments d’une urgence à mieux lire ce monde.

 

De cette ouverture, nous pouvons retenir la qualité avérée du cinéma des antipodes avec deux films australiens et un superbe court métrage. That’s not me réalisé par Grégory Erdstein est l’histoire de deux soeurs jumelles dont l’une réussit à devenir une star pendant que l’autre doit assumer son rôle de doublure frustrée. La légende de Ben Hall de Matthew Holmes est tirée d’une véritable histoire et se situe plus classiquement sur le terrain d’un western Australien. Ben Hall, l’ennemi public numéro 1, détrousseur de diligences et de convois d’or, dans une dernière randonnée sauvage, va tenter de fuir et d’échapper aux forces qui le traquent.

Un court métrage The Dam (Brendon McDonnel), va introduire ce qui semble être le thème de cette 71ème édition du Festival de Film de Cannes : l’homosexualité. Deux jeunes se baignent dans la mer, 40 ans plus tard, ils se retrouvent au crépuscule de la vie et vont dans un dernier round, tenter de renouer les fils de leur histoire afin de la comprendre. 3Trois bijoux qui montrent à l’évidence combien ce cinéma des antipodes est riche et mérite d’être plus reconnu.

Sur le thème des amours lesbiens et homosexuels, nous allons enchaîner avec Sauvage (réalisation Camille Vidal-Naquet) de la semaine de la critique (1er ou 2ème film), remarquable portrait d’un enfant perdu, prostitué, drogué, malade. Sans affect, il va plonger vers son destin sans pouvoir saisir les mains qui se tendent pour le sauver. troublant. Plus classique le Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré en compétition. Un écrivain précieux dévoré par le sida rencontre un jeune et va tenter de résister à la passion d’un dernier amour. Magnifiquement interprété par Pierre Deladonchamps et un surprenant Vincent Lacoste, le film se penche sur cette époque où la maladie emportait les uns après les autres ceux qui avaient osé transgresser la norme. Académique mais élégant !

Pour cette compétition officielle, les premiers films visionnés sont porteurs d’enthousiasme cinéphilique. Todos lo saben (Everybody Knows) avec le couple charismatique (Pénélope Cruz/Javier Bardem) dans une réalisation de l’iranien Asghari Farhadi, est un bijou esthétique, sensuel, dramatique, formidablement mis en scène et interprété ! Jubilation !

L’été du banni russe Serebrennikov se penche en noir et blanc sur les années 80 et l’irruption du rock et du punk dans la société des jeunes russes. Le corset de l’histoire va exploser dans une mise en scène échevelée où l’art graphique vient compléter cette découverte de la liberté déclinée sous toutes ses formes, y compris celle d’un amour partagé entre une femme et deux rockers. Yomeddine de l’égyptien Abu Bakr Shawky est un road movie où deux exclus, un lépreux et un orphelin nubien, vont partir à la recherche de leur passé. Sublime portrait rempli d’espoir, où le drame côtoie en permanence l’humour, où la force de vie est plus importante que toutes les forces du mal. Le jeu des deux acteurs amateurs est époustouflant et les couleurs d’une Egypte de la tolérance se dessinent entre les lignes de fracture d’une société enfermée dans ses peurs.

Artic de Joé Penna est un huis clos dans l’immensité glacée du pôle. Un homme perdu dans les neiges va tenter de survivre en sauvant une inconnue en puisant dans sa force et ses limites extrêmes imposées par des conditions surhumaines. Mads Mikkelsen est éblouissant, seul acteur quasiment d’un Robinson Crusoé des glaces éternelles.

Petra de Jaime Rosales est d’un académisme troublant, en rupture avec le sujet horrible qui en est la trame. Lent glissement où une jeune femme recherche son père (un odieux sculpteur célèbre) et qui débouchera sur des secrets de famille entrainant un suicide et un meurtre. Quand le silence comme les paroles peuvent tuer !

Rafales de films, rafales d’espoir. On attend avec gourmandise les films qui suivent. Le cinéma est toujours cet art de tous les mystères, capable de nous surprendre et de nous émouvoir ! Vive le Festival du Film de Cannes !

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Que le jour commence ainsi de Guillaume Roux

Publié le par Bernard Oheix

 Guillaume Roux est certes mon ami, mais cela ne justifie rien !

Si ce n’est cette profonde amitié qui traverse le temps, cet attachement réel avec un homme qui compte à mes yeux par son ouverture, l’intelligence de ses propos, ses choix de vie, ses positions toujours mesurées, sa famille si belle... Bon vous l’avez compris, le psy Guillaume est mon pote et avec lui, les consultations sont gratuites !

Nous partageons beaucoup de choses même si le temps à tendance à nous courir après et a nous priver du plaisir d’être ensemble. Et dans nos intérêts communs, outre le cinéma,  il y a ce goût pour l’écriture, cet enchâssement de mots, ces mots qui font des phrases, ces phrases qui s’écoulent et construisent une histoire à partager !

On s’est souvent donnés des bouts de manuscrits à lire sans jamais se convaincre tant nos univers sont aux antipodes par la forme comme par le fond. Mais quand il m’a annoncé que son premier roman allait paraître, que j’ai vu son regard de fierté en me montrant la photo de sa couverture, j’en ai été sincèrement heureux pour lui, pour la reconnaissance de ses années de travail, d’isolement, de cette solitude de l’écrivain que je connais si bien et qui trouve dans cette édition un aboutissement !

Restait désormais à lire son livre dont le beau titre élégant et intriguant  Que le jour commence ainsi pouvait tout laisser supposer, le meilleur comme le plus sophistiqué ! Mais avant, il m’a convié, pour le lancement officiel de son oeuvre, à une lecture publique d’extraits suivie d’une séance de dédicaces, le vendredi 13 avril, à la médiathèque de Vence. Ses amis s’étaient réunis autour de lui et l’exercice de style complexe d’une lecture par un excellent comédien de bouts de roman, pour ne laisser que des sentiments diffus, tint ses promesses et  me donna l’envie de plonger dans son oeuvre. Ce que j’ai fait !

j’ai dévoré son roman. Son style aérien comme des vagues nonchalantes venant s’échouer sur les rives de nos perceptions, ces phrases éthérées qui touchent au coeur  de nos sentiments. Ses mots sont des notes de musique au service d’une histoire éternelle. L’ombre de cette mort qui rode autour du narrateur et touche ses proches, seule la rédemption par l’amour pourra la chasser...mais à quel prix ! C’est une superbe histoire d’amour entre Stella et  un homme sans visage, qui sauvera le monde, même s’il est indispensable pour cela de s’en libérer de toutes les chaînes et de s’affranchir de toutes ses peurs. Ce roman est en équilibre au dessus de tous les précipices, des vertiges d’une fuite vers l’Inconnue et d’un abandon de tous les codes pour tenter d’être soi-même au milieu des autres.

Sa formation de psychologue l’autorise à s’approcher au plus près des sentiments confus qui s’agitent en nous, de démêler des émotions ténues, de tracer une frontière entre le réel et l’irréel. Au sortir de ces pages envoutantes, nous aimerions être capables de discerner les «Stella» qui nous indiquent que le chemin le plus court vers le bonheur est un don qui impliquent tant de renoncements. Mais l'urgence de ce désir d’amour ne permet pas les faux semblants.

Des personnages apparaissent comme cette enfant Annabelle que nous aimerions protéger, des amis qui peuplent les fractures de son drame, des relations floues aussi qui hantent son parcours vers l’abandon.

Il faut lire Que le jour commence ainsi et célébrer cette maison d’édition Entreprendre (http//entreprendre-editions.com) qui a le courage de permettre à un jeune écrivain de sortir des sentiers rebattus et d’affirmer sa vision d’un monde ou le noir et blanc créent la couleur pourpre d’un mirage.

Guillaume Roux est mon ami certes, mais c’est aussi et surtout, un écrivain qui a trouvé son style et qui est capable de nous embarquer dans un train peuplé de fantômes, ceux d’une réalité qui jouxtent le monde dans lequel nous vivons. Et je suis fier et heureux pour lui de m’avoir convaincu !

PS : on peut commander son livre par Internet directement auprès de Entreprendre Editions

PPS : et personne ne m’a payé pour écrire ces mots, même pas Lui !

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dernieres images de mon Afrique

Publié le par Bernard Oheix

dernieres images de mon Afrique

 

Comment revenir à la réalité ? Un mois en Afrique et le retour avec l’impression d’une aventure hors du commun, sur les bas côtés des sentiers battus, un soupçon d’ivresse pour cette plongée dans l’Afrique profonde.

 

Dans notre road-trip, il y avait ce zeste d’aventure d’une traversée en voiture de Dakar à Bissau, ces moments forts qui nous plaçaient en marge d’un voyage classique. Le bac de Banjul avec ces attentes interminables et son incertitude permanente, les frontières et leurs contrôles incessants avec leur rituel du « billet » offert aux gardes pour acheter la paix d’une poursuite. L’armée sénégalaise qui ferme la Casamance la nuit à cause des troubles causés par des affrontements violents entre coupeurs de bois précieux et nous laisse en rade à Diouloulou aux mains salvatrices d’une bande de curés nous accueillant avec un Jack Daniel réparateur. Il y a aussi un repas avec l’évêque de Bissau, ex-combattant de l’indépendance, homme de coeur et d’une intelligence avisée dans un pays de ruines. Et  ce canot qui fonce dans les embruns à travers la baie de Bissau et son archipel des Bijagos de 88 îles, se glisse entre une flottille de bateaux chinois occupés à piller les fonds poissonneux pour arriver à Angurman où nous vivrons à l’heure des marées, seuls occupants d’un îlot à la végétation luxuriante, Robinson des temps modernes découvrant les charmes d’une vie sans Internet ni Wifi !

 

Jamais, dans ce périple de centaines de kms sur des routes dévastées par les rigueurs d’une nature en révolte, de saisons de pluie qui ravagent les infrastructures, nous ne sentirons la peur ou un danger réel, tout au plus une sourde angoisse dissipée par les rires des interlocuteurs et la gentillesse profonde des locaux, même dans les moments les plus difficiles.

 

Il reste avant tout, l’extraordinaire accueil des habitants. Pas une personne qui ne nous saluera d’un franc « -Ca va bien ? » agrémenté d’un sourire jovial, pas une qui ne nous lancera une oeillade complice comme pour nous remercier de partager un moment de leur vie si dure ! Et le sourire malicieux des enfants comme le signe d’un bonheur immédiat et sans calcul !

 

 

dernieres images de mon Afrique

Car ne nous y trompons pas, leur existence est partagée entre les difficultés quotidiennes pour obtenir les moyens de subsister et l’extrême désorganisation d’une vie sociale où la corruption générale ronge les espoirs d’un avenir meilleur.

L’incurie et l’absence de perspectives gangrènent le tissu social jusqu’à nous faire perdre confiance.

Imaginez cette savane si belle et majestueuse où les baobabs se dressent en griffant l’horizon de leurs branches décharnées avec des amoncellements de plastiques comme un cancer que rien ne peut entraver. Dans les champs, autour des villes, au milieu des habitations, des zones entières infectées de ces immondices imputrescibles, entretenues par le comportement des pouvoirs publics incapable de faire appliquer l’interdiction des sacs plastiques prises il y a plusieurs années. Et quand l’on voit des « Auchan » les distribuer aux caisses et enrichir sans cesse ce « léviathan » de la pollution, on a honte de laisser  ce monde agoniser sous le poids de nos turpitudes.

 

Si l’on devait terminer par quelques flashes, on peut décrire ces pays de l’Afrique Noire comme un gigantesque laboratoire des drames qui nous attendent. Des zones entières sont en train de disparaitre, mangroves dévorées par la montée des eaux inéluctable et déjà perceptible, exodes des populations vers des villes polluées sans perspectives, désorganisation absolue qui mènent à l’éclatement des valeurs de la famille, économie pillée par les néo-coloniaux venant se servir sur la bête sans renvoyer l’ascenseur.

 

Le pays est parsemé de maisons inachevées, de ruines abandonnées, et les voitures exportées de l’Europe, brinquebalantes y vivent une énième vie de misère en dégageant des nuages polluants de gaz toxiques.

 

Et pourtant ! Les habitants sont beaux et gentils. Les tenues de football sont les habits communs avec une prédilection pour les grands footballeurs espagnols et portugais même si l’on voit Neymar prendre sa place dans ce concert des stars qui font rêver les jeunes sur des champs de fortune avec des ballons ayant largement passés leur date de péremption.

Il y a ce curé miracle sénégalais qui nous accompagnait, Albert, pêcheur de thiof (un succulent poisson que nous dévorerons matin, midi et soir en grillades savoureuses !) qui enfilait sa soutane dans les moments les plus chauds et accomplissaient des miracles pour nous extirper de situations inextricables…

Il y a le temps différent, les heures éternelles, les nuits au ciel constellé, les marées comme rythme d’une vie sans attache.

Il y a le sourire et la beauté des femmes pour balayer les nuages et entretenir l’espoir !

Il y a l’Afrique éternelle et les rythmes d’une musique envoutante que Rita paradis, notre voisine à la Saumone, nous offrait en gage d'amitié.

L’Afrique où l’espoir en partage !

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Sénégal : La fin du voyage !

Publié le par Bernard Oheix

Sénégal : La fin du voyage !

Retour à Thiès pour quelques jours où nous allons renouer de vieux contacts auprès de nos amis dans les villages reculés. Il y a ce dispensaire perdu dans la brousse à qui nous apportons une valise de médicaments divers récoltés en France auprès des nôtres. C’est incroyable comme nos médicaments vieillissent mal dans nos armoires alors qu’ils sont si indispensables ici. Des boites d’antalgiques, d’antibiotiques, contre l’asthme où tout ce qui traine et se périme chez nous est cruellement vital dans ces villages isolés de la savane. Il y a ce docteur, une assistante et deux volontaires médicales en mission qui les accueillent avec tant de bonheur, avec la certitude qu’ils vont retrouver une nouvelle vie au service des plus démunis et peut-être même faire quelques miracles ! C’est à Tivaouane que nous offrirons une valise de jeux pour les enfants. Ballons de foot achetés avant de partir, quelques livres et cahiers, des brosses à dent et des lunettes pour les anciens.

Et aussi cette école maternelle avec des enfants beaux comme l’avenir, au regard espiègle, à qui nous offrons un lot de cahiers de coloriage, des crayons de couleurs et des ballons gonflables. La joie sincère des institutrices, immédiate et sans fard. Le plaisir pour nous de donner sans rien attendre, juste une photo avec des enfants comme pourrait être nos enfants, l’instant magique d’un sourire qui illumine leur visage ! Pèlerinage aussi au monastère de Keur Moussa, un des plus importants d’Afrique. Messe avec la Kora, percussions et choeurs... un coup à (presque !) retrouver une foi que je n’ai jamais eu.

Sénégal : La fin du voyage !

Il nous reste une dernière étape. La Somone, où nos amis de Cannes, Pape et Nicole nous prêtent leur maison pour une semaine dans la zone touristique du Sénégal, à deux pas de Saly. Changement de décor. La chaleur tout d’abord avec des bains dans l’océan tous les jours, des déjeuners dans des gargotes les pieds dans l’eau (extraordinaire la brochette de poissons de chez Rana à Saly !). Le tourisme étranger aussi, avec son lot de richesse pour les locaux mais aussi tous ses vices que nous connaissons bien dans une ville comme Cannes. Des vieilles blanches au bras des étalons jeunes noirs, comme pour se venger de la norme inverse, des vieux beaux en squad, une faune tout à fait étonnante que les habitants regardent avec envie et une certaine condescendance...

Sénégal : La fin du voyage !

Car il reste cette fierté naturelle du Sénégalais, sa gentillesse ( les comment ça va ,ça va bien?, sans affectation, lancés par ceux que vous croisez sur les chemins de terre), sa joie de vivre dans les moments les plus délicats, ses regards profonds qu’il vous lancent comme pour vous comprendre. Ibou, le frère de notre hôte, qui se met en quatre pour nous aider, Madou, le jeune gardien de la maison, Awa qui nous concocte des plats succulents, à base de poisson et de poulet. Chacun nous offre quelques éclairs d’une meilleure compréhension des mystères de ce continent, des charmes de l’Afrique, et nous fais mieux saisir les aspects de leur vie. Derrière eux et leur noblesse, il y a la douleur de ceux qui vont périr dans la Méditerranée en tentant une traversée de tous les dangers, exploités par des réseaux mafieux, rendus en esclavage par des tyrans locaux. Il y a les rêves avortés, les rendez-vous impossibles avec le bonheur, la misère entretenue par la corruption des élites politiques, leur incapacité à prendre à bras le corps les problèmes qui ravagent le pays. Pourtant, le soleil se lève aussi pour la population et entre ses rayons, la vie pourrait être si douce, si belle, si simplement le monde se mettait à marcher sur ses pieds et non sur la tête de ses intérêts, de ses spoliateurs (y compris Français), si les chinois et les Turcs arrêtaient de prendre cette vieille vache éthique pour une vache à lait qui les engraisse eux, au détriment de ceux qui tentent de s’en sortir au pays. Le Sénégal est un pays fascinant. Il est aussi, comme tant d’autres, le laboratoire de l’expérimentation des riches pour s’affranchir de toutes règles.   Mais le Sénégal saura s’en sortir. C’est nécessaire de l’espérer pour que l’homme continue de rêver à un monde meilleur !  

Et un grand merci à RITA, belle et somptueuse chanteuse de la lagune de la Somone qui nous a permis d'utiliser son Wifi. Merci à elle et à tous les Sénégalais qui nous ont tendu la main pour que ce voyage se déroule de la meilleure façon !

Vive l'Afrique !

 

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Retour vers Thiès

Publié le par Bernard Oheix

Elle est arrivée, l’heure de notre départ d’Angurman,  l’ile  paradisiaque où nous avons étiré le temps jusqu’à satiété. Quelques adieux émouvants avec François, notre hôte et son équipe, une photo de groupe et c’est le départ en pirogue pour se rendre à Bubaque, l’île capitale des Bijagos.

Quelques rues en terre, des masures en torchis et plus loin des résidences de luxe pour accueillir des touristes passionnés par la pêche au gros et la plongée... Nous apprécions la boisson fraiche de «chez Paul», un expatrié qui a ouvert un bar restaurant paillote où nous croisons toute une vieille génération de Français sur le retour qui ont abandonné l’idée de ce retour au Pays ! A les voir ainsi, je me surprend à repenser au «Coup de lune» de Simenon, un de ses romans réalistes, sur l’agonie des idéaux dans une Afrique qui dévore l’homme blanc et ses rêves !

Chez Paul... L'avenue principale de Bubaque

Chez Paul... L'avenue principale de Bubaque

Un jeune curé défroqué au look de routard  nous accompagne. Il rejoint notre groupe dans le canot plein gaz d’un résidence de l’île qui en 1h30 va nous transporter vers Bissau, dans une mer montante où nous cinglons, avec l’impression bizarre d’être dans un panier à salade, secoué de toute part, quelques vagues montant à l’assaut pour nous asperger d’eau !

Après un déjeuner chez l’évêque de Bissau, la route de l’enfer nous attend. Sortir de Guinée, traverser la Casamance, pénétrer en Gambie pour tenter de prendre ce bac de  Banjul de  tous les mystères, puis rentrer au Sénégal et arriver à Thiès. Nous avons prévu deux jours avec une halte à Ziguinchor pour ces environs 900 kms de route. Mais la chaleur éprouvante qui s’invite, 35° comme une chape de plomb, n’était pas prévue et étrangement, elle va bien nous servir. Sur les 12 contrôles de l’aller, nous n’en subirons que 6 au retour, avec 0 déchargement des bagages pour la fouille contre 3.... L’heure de la sieste et la chaleur poussent les pandores à agiter la main mollement sans bouger de leur siège et nous allons donc dévorer du km et de la poussière sur cette route aux tronçons rongés par les eaux et sur lesquels nous dansons de nouveau une surprenante rumba africaine !

La halte de Ziguinchor fut particulièrement appréciée. Douche fraîche, repas dans le patio de l’hôtel, Le Flamboyant, nuit paisible reposant des soubresauts encaissés pendant plus de dix heures. A l’aube, nous reprenons la route avec l’espoir d’arriver tôt pour avoir une chance de prendre le bac à Banjul sans trop de difficultés. La route est en bon état sur ce tronçon Sénégalais malgré quelques «gendarmes couchés», spécialité de ce pays. Le passage à Diouloulou nous rappelle une succulente Carpe aux oignons et une halte miraculeuse ! L’entrée en Gambie nous oblige à reprendre un visa de transit pour 60 000FCA, ramenés à 20 000CFA (le même tarif qu’à l’aller !) devant nos protestations.

Un indescriptible fouillis sur un bac hors d'âge !

Un indescriptible fouillis sur un bac hors d'âge !

 Nous entrons enfin dans Banjul et cherchons l’entrée du bac. Un policier nous contrôlant, s’installe à l’arrière et nous guide dans un invraisemblable imbroglio de gens, de véhicules divers et de «responsables»  chacun percevant une dîme sur ce que nous octroyons à notre cerbère. Au passage, nous entrevoyons des bureaux de Bolloré, le patron du port ? Miracle des miracles, nous nous retrouvons en premiere ligne devant la grille, mais sur le côté et notre guide disparait dans la foule, son argent en poche ! Il nous faudra quand même 4 heures pour passer le sas, un nouveau miracle, deux véhicules se disputant le passage, le cerbère hurlant bouge cette sacrée barrière dans le bon sens pour nous (et le mauvais pour les deux autres !). Une heure après, le bac déglingué, puant et poussif, démarre enfin et rampe vers l’autre rive dans des halètements qui jusqu’au bout, nous ferons craindre une apoplexie de ses moteurs usés jusqu’à la dernière limite.

Mais ce voyage inauguré par les miracles du curé Albert, se poursuivra sous les plus heureux hospices. La dernière portion de la Gambie sera une formalité ! Après nous avoir «rincé» à l’aller, la sortie se fait en douceur. L’entrée au Sénégal, pour un dernier long tronçon de «gendarmes couchés», d’ânes et de vaches rachitiques traversant à l’impromptu, de détritus de plastic rongeant les paysages magnifiques comme une lèpre de la civilisation industrielle (Auchan la superette de Thiès, continue d’offrir des sacs en plastic à leur nom !) ne seront qu’une longue reptation vers notre étape finale, après plus de 12h sur la route.

Il reste des images étonnantes, des sourires de bienvenue, des regards de connivence et la beauté des femmes, la joie des enfants, la sympathie réelle des Sénégalais toujours prêts à vous accueillir comme un ami qui leur veut du bien. Nous savons que tel n’est pas toujours le cas et que nos banques (la BNP), Orange, Auchan, Total, ne sont pas là par altruisme et que nos intérêts commerciaux valent bien une messe à Paris et un passage de Macron au Sénégal ! C’est notre cancer écologique que nous leur avons refilé, avec au passage quelques maux divers, histoire de leur rappeler que le néocolonialisme, c’est aussi une histoire de gros sous et de pouvoir !

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Une ile au Paradis : Angurman

Publié le par Bernard Oheix

Un canot fonce dans la baie de Bissau, contourne des bancs de sable qui affleurent au rythme de la marée, effectue une large boucle pour passer au large de Bubaque,  capitale de ce chapelet des Bijagos de plus de 80 iles, et arriver à  destination après plus d’une heure et demi d’une course effrénée sur une mer d’huile et un léger vent de large.

Nous voici sur notre domaine pour 8 jours, un ilot de 800 m de long et de large, habité en permanence par 4 personnes dont notre hôte François, un aventurier du bout du monde qui a créé cet «ecolodge» pour des touristes en mal de civilisation, désirant rompre avec l’univers concentrationnaire de nos villes et l’agitation d’un monde rejeté au large de nos préoccupations. 

Une ile au Paradis : Angurman

Des huttes en dur avec toit de chaume seront notre havre de paix, construites en respectant les principes écologiques de l’île, grandes ouvertures qui laissent se découper des baobabs ou des fromagers avec la mer comme horizon permanent. Les lits sont confortables, durs, et la petite salle de bains avec douche à l’italienne et toilette jouxte la paillote. Il y a du spartiate dans ce confort de l’extrême et cela n’est pas pour nous déplaire. L’énergie est solaire et n’est branchée qu’à la nuit tombée Il y a 4 lieux d’habitation pour un maximum d’une dizaine de clients et nous sommes, pour l’heure, les seuls à occuper les lieux.

Après un cocktail de bienvenue à base de fruits du baobab et d’un alcool local, nous plongeons pour un premier bain et rejoignons la table a ciel ouvert adossée à un immense fromager pour un repas de poissons grillés sous nos yeux, dorades et surtout, la découverte d’un délice local, le «thiof», à la chair tendre et au gout indicible dont la tête est un régal des dieux.

Le personnel est composé de 3 hommes et d’une femme en plus de François, le patron cuisto. Silo tchak tchak, homme à tout faire et au bagout coloré, Américo le pêcheur silencieux ravitailleur de chairs tendres, Armando l’ombre qui marche et Secunda dont le sourire illumine un visage sévère.

La nuit, dans les alizés de la marée montante et le fracas des vagues, nous nous endormons avec la certitude que ce que nous cherchions au fond de nous est autour de nous et qu’il suffira de se laisser aller pour l’atteindre ! Les jours vont s’enchaîner  dans un temps qui se contracte étrangement. Les journées s’étirent à l’infini de ce rien qui nous remplit et pourtant, il passe trop vite ! Tour de l’île, avec un lieu divinatoire de paille sur l’autre versant qui sert à d’étranges cérémonies animistes secrètes. Deux huttes occupées temporairement par des pêcheurs et leurs deux enfants qui surveillent  du poisson en train de sécher au soleil.  Les longues parties de pêche de notre curé Albert, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes de le voir se révéler comme un pêcheur émérite, lui l’homme d’église, nous abreuvant de «thiofs» et de daurades. De temps en temps, un porcelet grillé, des steaks de tortues qui se sont retrouvées prisonnières des filets des pêcheurs, des salades de papayes viennent rompre le rituel des poissons grillés.

Et entre les repas, balades, lecture et écriture, parties de cartes, baignades, ramassage de coques pour les spaghettis du soir... et toujours ces marées qui découvrent le large ou viennent se fracasser sur la côte en la rongeant inexorablement ! 

Une ile au Paradis : Angurman

Car le paradis est en danger. Cette civilisation que nous avons fuit se rappelle tous les jours à nous. Dans une trentaine d’années, Angurman disparaitra sous les eaux, rongée par la montée du niveau de la mer. Certains des baobabs de la côte en sont déjà à payer ce prix, la moitié de leurs racines à découvert, s’inclinant avant de s’écrouler pour un dernier salut à l’humanité. De même, une flottille chinoise de sept bateaux de pêche avec leur trois cargos usines est en train de saccager les fonds poissonneux de Bissau. Quelques bakchichs à des potentats locaux sans aucun doute les autorisent à refaire ce qu’ils ont déjà réalisé au large du Sénégal : épuiser industriellement les fonds marins d’une baie  riche pour migrer sous d’autres cieux  leur forfait accompli et continuer leur oeuvre dévastatrice ! Nous percevons du loin de notre retraite les soubresauts d’un monde qui s’arcboute sur l’idée de consommer toujours plus et de piller la nature. Nous ne changerons rien à cela, mais  que deviendrons nos enfants, nos petits enfants, qui ont aussi le droit de vivre leur propre éternité, quand les méfaits de nos comportements obèrent l’avenir avec certitude ? D’être si loin au fond nous rapproche des autres et  nous ramène à nous ! Mais voilà que se rapproche la date du départ.

Demain nous quitterons notre petit coin d’un paradis perdu. Nous allons replonger dans la folie de Bissau, prendre cette route défoncée de Ziguinchor,  subir les contrôles incessants des administrations tatillonnes, tenter d’embarquer à Banjul sur un bac de fortune  pour rejoindre Thiès. Mais ces 8 jours dans notre paradis, nous les emporterons avec nous comme un trésor que rien ne pourra jamais effacer !

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En traversant la Guinée Bissau

Publié le par Bernard Oheix

En traversant la Guinée Bissau

9h d’une matinée chaude, avec le soleil qui darde ses rayons et brûle la terre rouge. départ de Ziguinchor. Après une trentaine de km, on débouche sur la frontière avec la Guinée-Bissau, portion de terre ceinturée de quelques bâtisses en paille avec une corde tendue sur la route, qu’un garde abaisse dès que le feu vert est donné par le grand chef assis à une table à ciel ouvert. Les formalités s’étirent, au rythme lent des gardes frontières, de la garde nationale et des douaniers qui, chacun à tour de rôle, contrôlent la voiture, ses occupants et les bagages, afin de bénéficier d’un billet glissé discrètement dans la paume ouverte. Il s’agit en général de 1000 CFA (soit 1,5€), complément indispensable au salaire d’un fonctionnaire, petite somme il est vrai... mais que les contrôles incessants font monter en frais de route incompressibles.

La Guinée Bissau est en pleine confusion, pouvoir chassé et vacant, administration ravagée par une succession de crises permanentes et une corruption endémique... On ne comptera pas moins de 12 contrôles jusqu’à la capitale de Bissau, certains à quelques km les uns des autres, par des entités incompréhensibles, des jeunes en jean et tee-shirts déchirés dirigés par un gradé attablé en train de siroter un café, d’autres par des hommes en uniforme d’opérette, tout le monde jouant à une roulette russe où vous êtes le seul à payer, mais pouvant déboucher sur un dépeçage général du véhicule selon l’humeur du contrôleur. Cela se passe toutefois avec bonhomie, quelques rires et un soupçon de catalogue à la Jacques Prévert à l’occasion, comme quand ce garde national effectue un test sur les essuies-glaces sous un soleil de plomb, ou que ce douanier nous demande si «-le boulot ça va» et qu’il éclate de rire en nous disant de continuer les vacances en nous ouvrant la route sans réclamer son billet déjà prêt, ou même quand de jeunes garçons jouent aux douaniers en tendant une corde en travers de la route à hauteur d’une mangrove et nous réclament une pièce et des bonbons !

200 kms d’une route rongée par la mousson et les débordements des mangroves nous attendent. Il faudra plus de 5 heures pour traverser cette zone longeant la côte. Dans ces passages difficiles, la voiture bascule sur les bas-côtés de terre en meilleur état que le bitume troué de ravines et de crevasses profondes. Quelques villages misérables autour d’un puit d’eau parsèment la route avec un comptoir où l’on peu acheter un peu d’huile de palme, du vin de cajou et quelques sacs de charbon de bois artisanal. De temps en temps, une ville plus importante avec son marché à ciel ouvert où se concentrent les étals de fruits et de légumes, les sandales et les cargaisons de produits usagers débarquant par containers des pays développés, tout un invraisemblable bric à brac des rebuts de l’Europe recyclés en permanence et qui trouveront une dernière vie dans un pays qui se situe dans les dix plus pauvres de la planète. Pourtant, à aucun moment nous ne nous sentirons en danger, bien au contraire. Le regard curieux des villageois, les sourires des hommes accompagnés d’un geste du bras, les cris des enfants nous accompagneront tout au long du chemin. Vers 15h30, après un dernier contrôle positionné à la sortie d’un pont à péage, nous entrons dans les faubourgs de Bissau, notre destination.

Après avoir déposé nos bagages dans la mission catholique de l’évêque de Bissau, nous filons boire une bière en centre ville. Bissau est une gigantesque avenue bordée de marchés, dans un encombrement maximum, un concert de klaxons, des dégagements de gaz et  des piétons qui circulent entre les voitures en slalomant avec leur vie. L’avenue Amilcar Cabral débouche sur la grande place et sa stèle érigée au sommet de la ville.

Le soir, au réfectoire de la mission, nous allons rencontrer un italien, Antonio, médecin obstétricien, en mission dans un village reculé à Bigènes, en train de construire une maternité et de former les «accoucheuses»  à la prophylaxie et aux gestes de premiers secours. Cet homme passionnant et généreux nous parlera longuement de son travail et des conditions effroyables des femmes et des enfants dans ce pays de l’extrême. Mortalité infantile, 25%, une femme sur 17 mourant en couches. Une véritable roulette russe à comparer avec les chiffres d’un pays européen pour comprendre le drame quotidien des femmes dans ce pays.

La nuit, un concert de bruits divers monte dans le ciel, comme si jamais le silence ne pouvait l’emporter sur la frénésie humaine. Mais le paradis nous attend. Demain, ce sera l’embarquement vers Angurman, l’île des Bijagos où nous allons découvrir la paix sur terre... du moins en principe !

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