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Les sortilèges du Sénégal

Publié le par Bernard Oheix

 Il est 8h du matin, Ivresse du départ. L’avion comme une promesse de liberté. Le Sénégal est au bout de la ligne et nous en foulerons la terre ce soir. Bon, au passage, il faudra attendre plus de 4 heures dans le spot de Madrid, en transit !  Et là, patatras, le syndrome de la vache à lait nous tombe dessus ! 4,35€ le café, 30€ le mini sandwich, un morceau de fromage gros comme une vache qui rit et deux demies bouteilles d’eau ! Cela ne nous a pas fait rire ! Cela fait cher le soupçon de flamenco et  les exploits de Cristiano Ronaldo ! Chers amis voyageurs, si d’aventure vous devez faire une étape en l’aéroport du Réal Madrid, entamez un jeune, commencez le ramadan, faites tout ce que vous pouvez pour sceller votre estomac à toutes les tentations, votre porte-feuille vous en sera éternellement reconnaissant !

A 23h enfin, l’avion se pose sur le tarmac du nouvel aéroport flambant neuf de Dakar. Le curé Albert, notre ami fidèle, avec son beau sourire et sa gentillesse, nous attend et nous emporte dans la nuit, par des raccourcis sur des chemins de terre qui contournent les tronçons d’autoroute manquants, soulevant d’épais nuages de poussière se dissipant dans les phares. Thiès surgit dans la nuit, une ville endormie, car pour la première fois depuis bien longtemps, il fait presque froid avec 13°.  Pour nous, une température quasi clémente au vu de la neige qui s’abat sur la France, le pôle nord pour des sénégalais habitués à plus de mansuétude climatique ! Mais bien sûr, le dérèglement est une invention des chinois comme l’a déclaré un Trump d’opérette ! Bon n’exagérons pas, il n’y avait que les sourires de bienvenue de nos amis sénégalais pour nous réchauffer en affichant une gêne. Nous, on se contentait d’ouvrir grands les yeux pour scruter la nuit, les silhouettes difformes des baobabs dégarnis, se gorger des effluves si particulières d’une terre des confins si hospitalière.

J’étais déjà venu à Thiès, 7 années auparavant, avec Thérèse qui oeuvrait dans l’humanitaire et un couple d’amis, Birgit et Jacques. Exit le Jacques resté au pays, Birgit nous accompagnant avec toute son énergie et nous voici donc de retour, les valises chargées de médicaments, de ballons de foot, de matériel scolaire et accessoirement d’informatique.

J’avais adoré ce pays, (cf. mon blog, année 2011), la gentillesse réelle de sa population accueillante, le courage naturel qu’ils démontrent pour survivre dans les difficultés quotidiennes, leurs sourires et leurs rires comme un signe de reconnaissance. Après deux jours pour prendre contact et une plongée dans le marché gigantesque à ciel ouvert (à noter l’incroyable explosion des échoppes de téléphonie !), nous nous rendons à Dakar dans un trafic invraissemblable. Aux Almadies, quartier des ambassades, l’école dans laquelle nous logeons est située en face de la nouvelle ambassade américaine, un fortin gigantesque, entouré de grilles et gardé en permanence par des soldats en uniformes. Les drames récents au Moyen-Orient ont manifestement laissé des traces ! C’est dans ce petit port des Almadies que nous nous offrirons, en un rituel soigneusement maintenu, 4 douzaines d’oursins pour 8€, servis par une petite vieille au sourire édenté, aux doigts noueux, mais avec les yeux d’une profondeur insondable ! La vie est belle malgré les rafales de vent qui nous empêcheront de nous rendre sur l’île de Gorée, ce qui n'est que partie remise !

Et il y a l'accent chantant, ce français un peu précieux mais si joyeux, les bonjour qui fusent, les rires partagés pour un rien, juste comme un signal de bienvenue dans leur pays attachant et accueillant !

Mais déjà le grand large nous attend. Demain dès l'aube, à l’heure ou bleui la savane, nous partirons pour la Casamance et la Guinée Bissau. Là, nous embarquerons pour les îles Bijagos, un chapelet sauvage où nous robinsonnerons pendant 8 jours, sans internet, sans voiture, avec nous-mêmes, le paradis sur terre, et en mangeant le poisson que je pêcherai, ce qui n'est pas gagné ! Si nous en revenons, vous le saurez par un nouvel article qui paraitra dans ce blog, vers le 25 février ! A bientôt donc.... Peut-être !

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Pascal Ainardi : un ami pour les autres !

Publié le par Bernard Oheix

Définition : Nom Propre d’origine italienne, rattaché à la famille des humains de Bourg en Bresse... quoique l’on puisse en douter parfois !
Quand je t’ai connu, tu étais une grande bringue dégingandée, maigre, avec des bras et des jambes immenses que tu agitais sans cesse et une barbe qui te mangeait le visage. Tu avais une crinière que tu enserrais d’un bandeau et je pouvais te croiser en train de courir dans la forêt de Seillan, toujours seul, comme un fantôme des bois en train de chercher une issue à un mal qui te rongeait. 
Tu étais un grand adepte des films d’horreur et tu commençais une collection incroyable de vidéo-cassettes (et oui, à l’époque, elles existaient et démocratisaient les filmothèques !), entouré de livres, de disques et la tête bouillonnante d’étranges passions.
Pourtant, tu avais une douleur dans le coeur et tu ne trouvais pas d’endroit où te poser, tant ton corps te semblait à l’étroit dans la jungle des autres.
Alors, il a fallut t’amadouer, te donner cette place que tu désirais sans te l’avouer, t’offrir un espace dans lequel les trésors de ton coeur pourraient s’épanouir et tendre cette passerelle vers tous les autres.
Rarement dans ma vie et dans les innombrables rencontres qui ont parsemé mes fonctions d’animation et de direction, j’ai eu l’impression, comme avec toi, de nouer un fil entre deux forces, deux logiques, deux certitudes complémentaires.
Pascal depuis ces premiers jours de la décennie des années 80, tu fais partie de ma vie et tu y resteras jusqu’au bout de nos souffles.
Je me souviens de toi, derrière la porte en bois de la salle de spectacle, jubilant intérieurement en lançant une scie électrique pour découper une silhouette humaine pendant le final de la projection de « massacre à la tronçonneuse ». Et ce cri du public  en entendant et en voyant se concrétiser le cauchemar de cette ultime poursuite sur l’écran dans cette porte qui venait de s’éclairer et de réaliser le fantasme d’une « agit-prop »  au service de la déraison. La moitié du public a basculée sur les genoux de l’autre dans un désordre indescriptible ! C’est toi qui en avait eu l’idée, maintenant, je peux te dénoncer, il y a prescription !
On était un groupe de chiens fous sans aucune limite, sinon celle du coeur et de l’amitié. Tu as trouvé ta place avec naturel tant tu avais des richesses qui ne demandaient qu’à se partager avec ceux qui t’entouraient.
Dans la commission culturelle de la MJC, tu étais toujours le premier à lancer des idées saugrenues, mais surtout, tu étais un des rares capables de trouver une solution aux rêves que nous élaborions. Avec toi, rien n’était impossible !
Expositions, Mois de l’Italie, Nuit du Polar, Nuit de l’horreur, semaine d’action culturelle (SAC 1 et 2), lancement de La Belle Bleue… tu étais de tous les coups, sans jamais revendiquer de place, juste être là, juste faire et créer, agencer et ordonner, se saisir des idées pour les concrétiser, les mettre en forme, rédiger une partition sans fausses notes.
Tu étais le bénévole dont rêve chaque directeur d’une structure associative, et c’était moi ce Directeur heureux. Et tu ne demandais rien en retour !
Alors c’est tout naturellement que de ce bénévolat à l’animation de l’atelier menuiserie, tu es devenu un permanent de la MJC de Bourg en Bresse… Et ce jour-là, le monde associatif Burgien, sans forcément s’en rendre compte, a gagné un élément de valeur, un homme dont la carrière peut se lire comme un immense défi à l’inventivité et à l’intelligence collective !
Car disons-le tout net, derrière ses bras immenses et sa silhouette d’ermite, il y avait non seulement un coeur d’or, mais aussi et surtout, un cerveau en pleine activité, un esprit juste, une intelligence brillante.
C’est ce que tu es Pascal Ainardi et c’est pour cela que nous t’aimons.

Mais dans ces années du possible, il te manquait quelque chose, ou plutôt quelqu’un… Et tu l’as trouvé cet amour qui dure depuis plus de 30 ans. Chantal t’a offert de partager vos rêves, et votre couple s’est cimenté sur la tendresse et le partage. Tu pouvais être enfin entier, toi-même et un autre, celui qui est là pour aider et tendre la main mais ne s’ignore plus.
Ancré dans la vie associative, votre couple a pu donner libre cours à tout ce qui est votre passion. Faire, accomplir, soutenir, developper… Dans un monde d’un millénaire agonisant qui se tournait furieusement vers l’individualisme, dans les mutations étranges d’une société perdant son centre de gravité commun  pour se replier vers l’intérêt égoïste, vous avez maintenu le cap d’un discours collectif, d’une aventure en groupe, acceptant de partager votre bonheur pour résister et espérer.

Nous avons maintenu nos liens à l’évidence.
Aujourd’hui, tu pars à la retraite, mais est-ce vraiment un départ ?  Chacun ici dans cette salle comme dans le coeur de tous ceux qui ont eu la chance de croiser ton chemin, sait bien que tu seras toujours là, toujours prêt, toujours actif. La vie n’a pas de limite à la passion, et tu es un vrai passionné, celui qui est dans l’ombre mais qui sait éclairer les autres, celui qui donne une chance à la chance, un espoir à l’avenir.
Alors Pascal, nous te demandons simplement de ne pas changer, de continuer à être ce que tu es, un ami fidèle, un partenaire, le souvenir d’un passé heureux capable de réveiller le présent.
On sait bien de toutes les façons, que tu continueras à être encore et toujours là pour les autres, tout simplement parce que tu es toi, un ami, un frère… Pascal Ainardi, quoi !
Oui, finalement, tu fais bien partie des humains et de cela, nous n’en doutons assurément pas !
Bon, tu vas pouvoir continuer à faire bénévolement ce que tu avais commencé bénévolement à faire : être là comme toujours…
Vive la retraite en chantant Pascal Ainardi !

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La Villa de Robert Guediguian

Publié le par Bernard Oheix

On aurait souhaité avoir aidé à construire cette villa pimpante accrochée aux pentes d’une calanque dans une baie de Marseille transfigurée. Avoir été à l’origine de tout, à la naissance de l’espoir. On aimerait pouvoir renoncer au monde et s’y réfugier avec cette bande de vieux potes née il y a plus de 30 ans derrière l’objectif d’un cinéaste en train de forger son style et de trouver son inspiration dans la vie quotidienne de personnages  ancrés dans un sud coloré et plein de vie.

Il y a la belle Ariane Ascaride qui a survécu à la mort de son enfant noyée 10 ans auparavant dans cette Méditerranée où elle a grandi et qui retrouve un clan forgé dans ce deuil. Il y a le grand frère Gérard Meylan que tout être aurait le désir d’avoir comme tuteur protecteur. Il est resté ancré dans cette calanque et ouvre toujours ce petit restaurant avec des plats typiques et «pas chers», perpétuant la tradition d’un père vieillissant dont il s’occupe et dont l’accident vasculaire va déclencher ces retrouvailles. Il y a Jean-Claude Darroussin, frustré d’une carrière littéraire avortée, dont l’ironie acerbe est une façade pour cacher sa peur et qui décide enfin de s’assumer et de rêver son destin.

Et d’autres personnages aussi à la lisière de ces retrouvailles qui vont apporter un grand souffle de l’ailleurs. Une belle jeune femme qui a accompagné Darroussin sur ses pas et va décider de le quitter pour ne pas le prendre en pitié. il y a le fils docteur qui a réussi et ouvre des labos en série. Il est là pour aider ses parents qui se décident à lâcher prise et se suicident, main dans la main, pour nier le temps qui passe et ne pas voir la mort en traitrise les séparer. Ils ne se reconnaissent pas dans cette fuite du temps qui les ronge et préfèrent s’en aller de concert. Il y a le jeune pêcheur amoureux du théâtre et de sa muse Ariane, lui déclamant du Claudel en comptant les poissons emmêlés dans ses filets. Il va lui redonner un peu de cet espoir que la mort d’un enfant lui avait dérobé en lui offrant un désir sincère et un élan d’amour régénérateur.

Il y a aussi des patrouilles de soldats qui passent régulièrement à la recherche de ces migrants vivants ou morts débarquant sur ces côtes déchirées, chassés par la guerre et la faim, à la recherche d'un abri et d'un peu d'espoir.

Il y a surtout, cette enfant fragile qui nourrit ses jeunes frères, cachés sous des rochers dans un abri de fortune. Elle dérobe un peu de confiture et confectionne une pâtée avec les graines des mangeoires d’animaux et l’eau rance des réservoirs. C’est eux qui vont être les détonateurs du renouveau ! Ils vont devenir les témoins privilégiés de la renaissance en cours. Le soleil qui réapparait pour rétablir l’ordre des choses. De nouveaux élans pour gommer les stries d’un passé morbide. L’espoir d’un vent  libérateur qui, dans les échos des noms renvoyés par l’arche d’un pont sur lequel passe une micheline, confond le passé et le présent pour offrir un avenir aux survivants. C’est une ode sur la mort au travail, mais aussi sur l’espoir d’un temps qui s’écoule. Et les cicatrices passées ne peuvent que soulager les blessures de la fuite du temps.

Et le père aphasique va retrouver un élan de vie, comme pour transmettre une dernière fois son patrimoine d’humanité et son amour d’éternité.

Robert Guédiguian qui trace son chemin à l’écart des chapelles n’est jamais aussi bon que quand il parle de ce qu’il est, de ceux qu’il aime. Et il y a un amour infini dans cet espoir d’une petite fille abandonnée sur les routes d’un exil qui trouve un foyer dans la chambre dévastés de celle que la mort a emportée ! Ode à la vie, à l’espoir et au renouveau, La Villa est un hymne à l’espérance et à la nature luxuriante de ce coin de paradis que les temps nouveaux tentent de dévaster mais qui résiste dans l’humanité profonde de ses habitants.

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Robinson des glaces Emmanuel Hussenet (ed Les Arènes)

Publié le par Bernard Oheix

Tout commence, comme souvent, par une rencontre impromptue. A la soirée de fête d’un ami, une blonde inconnue s’installe à notre table, un échange passionné s’engage et bientôt la fascination d’un discours entre deux mondes autour d’une île coincée entre le Canada et le Danemark. On est à Cannes, un soir d’automne et le grand large s’invite pour un voyage qui ne laissera pas indifférent !


C’est à ses côtés, en se glissant entre les icebergs, dans un froid polaire, qu’Emmanuel Hussenet nous embarque à coups de pagaies entre les glaces millénaires en train de fondre. Son objectif « d’aventurier » est de rejoindre un îlot coincé entre la mer du Labrador et l’océan Arctique. Dans le chenal de Kennedy, à deux bras de la terre canadienne d’Ellesmere et du glacier Danois de Peterman, comme un rocher du bout du monde, l’objet de convoitise d’un aventurier qui, à la force des bras, tente de le rejoindre. 
Il va falloir partir du dernier village d’Etah, bien au dessus de Thulé, confins de la civilisation, et s’en remettre à son expérience dans la solitude des glaces qui furent éternelles. Des années à accumuler un savoir faire destiné à lui permettre de survivre dans un territoire où la moindre erreur se paie d’une vie. La solitude en partage, mission à hauts risques dont au fil des pages de ce livre, Robinson des Glaces, on découvre que sa finalité n’est pas une nouvelle conquête de l’inutile mais bien une préoccupation majeure pour une humanité aveuglée par sa propre suffisance !
C’est dans le détroit de Smith et en traversant le bassin de Kane que l’auteur-aventurier nous dévoile son véritable plan. Alerter, lancer un cri d’alarme, envoyer un signal impératif aux peuples du monde. La calotte glaciaire fond à vue d’oeil, d’année en année, les couloirs encombrés de glaces s’ouvrent à la navigation et les richesses minières font de ces territoires verglacés, un nouvel Eldorado pour les affairistes du monde entier assoiffés de puissance.
Emmanuel Hussenet nous parle avec des mots si justes et forts du vrai combat qui se déroule alors. Pas celui de sa tentative pourtant héroïque d’atteindre l’île d’Hans et qui échouera d’ailleurs, mais bien celui de dévoiler les ravages irréversibles que nous infligeons à notre berceau et les conséquences funestes qui en découleront !
Il est déjà trop tard… ou presque ! La fonte des calottes glaciaires, la montée des océans, les modifications irréversibles qui sont en train d’affecter le climat, la géographie, dessinent une nouvelle histoire du futur sur une terre gangrenée par l’homme ! Une histoire de l’apocalypse en train de s’écrire sous nos yeux.
C’est avec des mots précis, des exemples, des notes particulièrement pertinentes que l’auteur aventurier nous amène à nous poser la question essentielle. Que voulons nous comme avenir pour nos enfants, et les enfants de nos enfants ? Avec cette frontière d’un chaos irréversible qui se rapproche de plus en plus au fil de nos choix inconséquents.

Il continue à progresser à coups de pagaie vers son îlot perdu comme une métaphore d’une humanité à la recherche son horizon. Entre les ours polaires, le froid, les modifications constantes de son environnement  et le danger permanent qui le guette, il nous dévoile ce qui se dissimule derrière son aventure, un projet pour sauver une Terre exsangue. Rendre l’Île d’Hans à l’humanité entière pour en faire un repère pour le monde à venir. Entamer la guérison de la planète en stoppant la menace de la fonte des glaces. Il s’agit de faire un barrage de glace aux glaces dérivantes pour les stopper dans leur course vers les eaux libres. Tirer des élingues à partir de l’île d’Hans à travers ce chenal étroit pour créer les conditions d’un obstacle sur lequel s’entasserait les icebergs, bloquant le processus de la fonte !

Je ne sais pas si scientifiquement c’est une réponse au drame en train de se jouer. Ce que je sais par contre, c’est qu’Emmanuel Hussenet après nous avoir convaincu de la réalité du réchauffement climatique, tente d’offrir une réponse et de l’espoir à ceux qui en manquent tant. Oui, il faudra lutter pour maintenir la vie sur la Terre ! Oui, on trouvera des solutions… mais il est urgent de ne plus se voiler la face !
Le monde est malade de l’homme et l’homme se doit de mériter son monde ! Alors, à vos marques, lisez ce livre d’Emmanuel Hussenet, et même si le combat se fera sans vous, il faudra bien qu’il ait lieu et que la préoccupation majeure de sauver la Terre dépasse largement les intérêts partisans de ceux qui crachent sur le futur !

 

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Rencontres Cinématographiques de Cannes 2017 ! Un vent d'Orient !

Publié le par Bernard Oheix

Il y a bien sûr le Festival de Cannes et son Palais des Festivals grandiose pour une semaine où il devient le centre du monde, l’évènement le plus médiatique à être couvert par les journalistes et critiques des 5 continents. Il y a aussi le Festival du Film Publicitaire, et les marchés professionnels des programmes  (MIPTV et MIPCOM).
il y a de nombreuses manifestations comme le Festival Panafricain et les séances spéciales de Ciné-Croisette et de Cannes Cinéma tout au long de l’année.
L’image est chez elle à Cannes et ce n’est que justice quand l’on voit la beauté de cette baie, les monts de l’Estérel dans les couleurs flamboyantes du couchant, les iles de Lérins fermer la baie de la Croisette avec la pointe du Palm Beach qui se referme sur l’horizon.
Plus haut, la Californie des riches, le Suquet des vieux Cannois avec sa tour de garde et encore plus loin, la colline de la Croix des Gardes où les villas accrochent des taches de couleurs pimpantes.
C’est Cannes comme le tableau d'un peintre où toutes les couleurs composent une ode à la beauté du sud, un charme envoûtant dans les senteurs du maquis et des pins orgueilleux.

En novembre décembre, dans les salles de Cannes, pour la trentième fois, un festival de cinéphiles, avec du bon cinéma va réunir le public des jeunes, ceux qui peuvent « optionner » le cinéma au Bac, et ceux qui peuplent les écrans de leurs rêves passés avec leur cheveux blancs.
Des retraités cinéphiles aux lycéens, ils vont se retrouver, les uns afin de compléter leur culture du 7ème art, les autres dans des stages « Moi, Jeune Critique », des masters classes et autres débats, vont tenter de se créer un palmarès à la mesure de leur soif d’apprendre !

Les Rencontres Cinématographiques de Cannes, c’est l’Autre Festival, celui au visage humain, celui qui permet de découvrir des films d’art et essai, de voir et revoir des chefs d’oeuvre…
Une occasion de plonger dans le défilement incessant des images qui parlent d’un monde, du monde, et de vivre une nouvelle aventure en pays de cinéma sans la pression de son grand frère du mois de mai.
Et cette année, pour le 30ème anniversaire des RCC, les films furent d’un niveau exceptionnel et les moments de rencontres passionnants !
Sur un vague thème des libertés, le vrai fond des histoires proposées tournait autour du Moyen Orient et du Maghreb et plus généralement des problèmes autour de la religion et des minorités opprimées.

Et tout de suite, un authentique chef d’oeuvre, un film qui fait date dans la vision d’un conflit sans fin et des mécanismes qui amènent à l’horreur : L’Insulte de Ziad Doueiri.
Dans les rues de Beyrouth, un chantier de rénovation va opposer un chef de chantier Palestinien et un locataire chrétien Libanais. Une insulte bien banale va dégénérer en conflit embrasant les populations clivées de la ville. De tentatives de réconciliation avortées en procès devant les tribunaux, c’est tout le pays qui s’embrase et réveille les tensions latentes d’une histoire jamais dite. L’Insulte ne sera lavée que dans un final à couper au couteau, véritable coup de poing dévoilant que ce qui réunit l’offensé et l’offenseur, c’est le drame de vies brisées, là ou chacun est à la fois victime et bourreau, subissant l’horreur et la générant. Pourtant, le « -je m’excuse » final, peut-être, laisse espérer qu’un jour, la lumière jaillira du chaos. Mais combien de drames encore, d’incompréhensions et de blessures secrètes faudra-t-il subir pour que l’espoir renaisse et que les fantômes s’évanouissent ? 

Wajib de Annemarie Jacir se déroule à Nazareth. Abu Shadi, professeur, accompli le Wajib à l’occasion du mariage de sa fille, c’est à dire la distribution personnelle des invitations accompagné de son fils qui s’est exilé en Italie.
Les rencontres, les absents, la mère qui a divorcé et vit aux Etats-Unis mais doit rentrer pour le mariage de sa fille, et surtout, les retrouvailles entre le père et le fils en support de la vie quotidienne à Nazareth dessine un tableau absurde, des non-dits, des impasses de la société israélienne et de la confrontation entre des peuples différents, des religions différentes et la pression permanente de l’environnement.
C’est un film subtil, dramatique et la question principale reste de partir ou rester, vivre ou lutter, se compromettre ou garder ses idéaux mais abandonner sa terre ! Bouleversant de justesse et ne jouant jamais sur le sensationnel mais sur la précision du trait et la formule juste.

Dans le même registre, Les Bienheureux de Sofia Djama revient sur la « guerre civile » en Algérie. A l’occasion de leur 20 ans de mariage Amal et Samir (Sami Bouagila) sont confrontés à la question de partir de l’Algérie afin de s’accomplir (et d’offrir à Faim leur fils, un avenir) où d’y rester pour la transformer. Les jeunes, pendant ce temps tentent de vivre et de rêver entre les problèmes de la religion, le poids d’un état militaire et l’absence de perspectives. C’est un film qui parle de l’intérieur de la société, entre les guerres du passé (et surtout celle des années de plomb de la terreur « islamiste ») et l’absence d’un horizon porteur d’espoir. Magnifiquement réalisé pour un 1er film, il jette un pont entre des évènements que nous avons vécus sans les comprendre, entre le passé de notre colonisation et la monté de l’intégrisme sur fond de désorganisation sociale et d’absence de liberté couplées à la corruption !

Formidable et rafraîchissant (ce qui est un comble pour un film se déroulant dans un hammam !), A mon âge je me cache encore pour fumer de Rayhana confronte des femmes face à la domination de l’homme et de la religion dans le sanctuaire bien fragile d’un Hammam. Le drame fera pourtant irruption, encore un fois sous les traits d’un frère fanatique voulant venger l’honneur de sa famille souillée par une naissance hors mariage. Magnifiquement interprété par une pléiade de femmes toutes plus belles et pétillantes, le film est une lecture cruelle d’un monde dans lequel l’oppression religieuse et machiste impose son joug aux femmes, les prive des droits les plus élémentaires. Pourtant, dans la femme courageuse qui se bat pour exister et fume une cigarette comme un défi à l’homme, il y a l’espoir d’un souffle nouveau capable de changer le monde…

Une comédie pour achever ce tour de l’islam au cinéma. Sou Abadi propose avec Cherchez la femme, une parabole édifiante et humoristique sur le voile intégral. C’est l’homme qui se glissera sous ce voile noir qui cache afin de retrouver son amour, mis en cage par son frère de retour du Yémen avec des idées intégristes et une barbe de « barbus ». Sauf que le frère va tomber amoureux de la femme cachée sous l’homme au voile ! On rit, on sourit, on aime à la folie la déraison et l’humour du contre-pied. Une vraie et belle comédie qui lance des messages d’alerte et traite par le futile un vrai drame !

D’autres productions comme le superbe Jasper Jones de Rachel Perkins du Cinéma des Antipodes échappaient à l’étouffante problématique d’un Orient gangrené par la religion de l’intégrisme et la domination du mâle sur le bien ! Mais ce qui est étonnant et beau, c’est que tous ces films étaient réalisés par des représentants de cette culture et que quatre étaient portés par des femmes. Espoir d’une parole libérée capable de transformer le monde !
En attendant, une semaine de Rencontres Cinématographiques de Cannes, comme les promesses d’un monde qui change ! 

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Roman Polanski... L'ambiguïté et l'incertitude en miroir !

Publié le par Bernard Oheix

Ce titre, tiré d’une interview de Bernardo Bertolucci, et support de ma maitrise de cinéma soutenue en 1974 à Nice sur son oeuvre, (Bernardo Bertolucci, Etudes Cinématographique. 122/126), semble parfaitement adapté à cerner le dernier film de Roman Polanski. 

« D’après une histoire vraie » est l’adaptation à l’écran du roman éponyme de Delphine de Vigan. Et n’en déplaise à nombreux critiques qui font la fine bouche sur son ultime opus, le film fonctionne parfaitement et livre une parenthèse sur le bien et le mal particulièrement réussie. Une oeuvre très Polanskienne où la réalité et la fiction s’affrontent subtilement sans que l’une puisse prendre le pas sur l’autre.
Une écrivaine décidée à se livrer à un travail « fictionnel » en échappant à sa marque de fabrique (l’autofiction) qui a fait son succès, est en panne devant sa page blanche. Entre deux signatures de livres, elle tente d’accumuler dans des petits carnets, un matériel pour trouver l’inspiration et se lancer dans la rédaction de ce roman que tout le monde attend.
Sa rencontre avec une fan, elle même « nègre » sur des biographies d'artistes, de vedettes ou de personnalités médiatiques, va l’entrainer dans un jeu de séduction et de pouvoir où tout se dérègle. Les ingrédients qui vont gripper le quotidien sans aspérités de ses jours sont subtilement dévoilés, par petite touche, comme si rien n’avait d’importance. Pourtant, la présence de plus en plus envahissante de « l’autre » la coupe de son réseau, la rend dépendante puis victime de son bourreau.
Un séjour dans la maison de campagne vide de son compagnon en déplacement va crisper les évènements et déclencher une crise violente…
Mais la réalité est-elle aussi simple ? L’ «autre » est-il un leurre pour accoucher d’une oeuvre où un vrai personnage qui fait irruption dans sa vie pour l’empêcher de créer ?
Les deux lectures s’emboîtent parfaitement et tant l’une des hypothèses que l’autre sont plausibles au final dans une grille de lecture totalement ouverte et symétrique.
Il reste alors la superbe réflexion sur le travail de la création, sur les fantômes qui peuplent les nuits de l’écrivaine, sur le processus d’accouchement d’un livre, sur le rapport de dépendance à l’autre, sur la violence des sentiments et la perversité de la séduction. 
Tous ces thèmes que Roman Polanski a décliné avec tant de talent dans toutes les oeuvres qui parsèment une carrière où il ne s’est jamais trahi cinématographiquement parlant.

Comment ne pas être particulièrement touché par cette mise en abîme, ce glissement progressif de la normalité vers la déraison, cette peinture cruelle d’une solitude de la création qui ne peut se partager.

Peut-être que dans cet accueil mitigé, Polanski paye pour d’autres fantômes issus des nuits de feu d’un passé jamais cicatrisé et qu’un évènement a brutalement ravivé. L’explosion Harry Weinstein n’en finit pas de déclencher des vagues. En cela, son oeuvre sulfureuse renvoie bien à un présent particulièrement douloureux qu’il ne pourra jamais solder.
Mais est-ce bien une histoire vraie qu’il tente de décliner à l’infini ?

 

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Monsieur le Président ....Jupiter, descend de ton nuage !

Publié le par Bernard Oheix

Monsieur le président, je vous écris une lettre, que vous ne lirez peut-être... (air connu), mais qui me fera du bien !!!!
Si j’ai voté pour vous dès le premier tour, c’est parce que je ne voulais pas d’un voleur de droite, d’un dictateur de bas étage ou d’une hystérique de l’extrême. Restaient un PS grillé et carbonisé par un président qui aura joué à l’être pendant un mandat en nous trahissant systématiquement et quelques autres cantonnés aux rôles de figurants folkloriques. Et je pense qu’il y en a beaucoup qui ont raisonné comme moi et en sont arrivés à mettre un bulletin dans l’urne qui portait votre nom !
Vous étiez jeune à l’époque, un ton de fraicheur nouveau en politique et une envie irrésistible de balayer le passé de ces éléphants encombrants les allées d’assemblées pléthoriques vivant très grassement sur notre dos en usant de tous les privilèges d’une fonction d’élu déconnecté de toutes réalités. La purge pour les autres mais surtout pas pour nous, de gauche comme de droite, députés, sénateurs, avec nos salaires mirifiques de cumulards, nos caisses de retraite ad-hoc, nos chauffeurs et nos passe-droits, des conseillers généraux totalement inutiles, des mairies et des agglos qui s’empilent comme un mille-feuille toujours plus coûteux pour nos impôts, des commissions bien rémunérées et des pantouflages… l’immoralité d’un système où les professionnels de la politique se sont taillés un monde à la mesure de leur avidité.
En France, on peut faire rêver nos enfants en espérant qu’ils deviennent chanteurs ou footballeurs…et donc riches, mais il leur faudra du talent pour cela! Plus surement vous pouvez devenir un nanti en serrant d’innombrables mains pour devenir un homme politique ! Vous quitterez les zones incertaines de la précarité avec des revenus de 10 000 à 20 000€ qui semblent si normaux dans cet univers du pouvoir. Qui les perçoit dans la vie réelle de ceux qui travaillent au quotidien tout en étant pas un patron du CAC 40, ont fait des études ou pas et se lèvent le matin afin de nourrir leur famille et d’entretenir des rêves de lendemains qui chantent ?
Que vous soyez un joueur de poker redoutable, Monsieur le Président, nul n’en doute. Que vous ayez bénéficié d’une conjonction d’alignement des astres exceptionnelle en est une autre. Dites merci à Sarko qui a planté un couteau dans le dos de Juppé en faisant tout pour que vous soyez le Président de tous les français… tout en rêvant d’une cohabitation où son parti Républicain aurait pris le pouvoir dans une cohabitation gérée par ses poulains Baroin et Vauquiez.
Las pour eux ! Vous avez effectué un sans faute, distillant ce ni-gauche ni-droite avec art et gagnant ainsi une majorité venue de nulle part qui a balayé les restes d’un monde désormais à l’agonie. Quelle science exacte dans la manière de faire exploser les autres, gauche en déconfiture, droite en vrille, extrêmes en désarroi, écologistes aux abonnés absents, centristes intégrés mais marginalisés.
Mais si vous n’êtes ni de gauche et en même temps ni de droite, qui êtes-vous Monsieur le Président et d’où parlez-vous ?
Du côté de l’efficacité ? On l’a compris ! Du côté de la réforme à marche forcée, pourquoi pas ?
Mais alors, pourquoi annoncer à des Guyanais en déshérence que vous n’êtes pas le Père Noël Alors que vous le devenez pour les 500 familles les plus riches de France en supprimant l’ISF ! Pourquoi toucher à cet impôt dont on sait bien que votre argumentation pour défendre votre mesure est un leurre, un ruissellement impossible, en cette heure de mondialisation et de « financiarisation » de l’économie. Etait-il si urgent de mobiliser votre énergie sur ce dossier alors que tant d’autres secteurs attendent vos réformes ?
Pourquoi ne pas intervenir sur un « glyphosate » mortifère plutôt, en aidant Nicolas Hulot contre les tenants d’une agriculture intensive et obsolète aux mains de Monsanto ?
Pourquoi ne pas entamer la réforme des institutions en supprimant un certain nombre de députés et une majorité de sénateurs, l’ensemble des conseillers généraux qui ne servent à rien, et faire diminuer le poids des institutions sur les finances publiques ?
Pourquoi ne pas encadrer et moraliser les salaires des élus ?
Pourquoi ne pas limiter le nombre de mandats dans le temps et dans l’espace ?
Pourquoi ne pas organiser votre parti afin qu’il soit vraiment le reflet de votre projet de mutation et non un conglomérat d’intérêts de nouveaux partisans ?
Pourquoi ne pas s’engager sur des terrains moins confortables que les petits cadeaux faits à ses amis les plus riches ?

Par exemple, lutter pour une simplification de la vie administrative des artisans et PME, pour un développement de l’apprentissage, contre les lobbys immobiliers comme Nexity qui rackettent l’épargne sous couvert de lois immobilières prises par l’état, s’engager contre les paradis fiscaux, lutter contre l’évasion fiscale des Gaffa, les salaires indus des grands capitaines d’industrie, et plus simplement, pour que chacun puisse, le matin en se levant, dire qu’il vit dans un beau pays et que la vie est belle sous l’ère Macron.

Il aurait été si simple de supprimer les allocations logements et familiales pour les ménages les plus aisés afin de ne pas toucher aux 5€ des moins favorisés !

On est d'accord pour payer un peu de CSG en plus, mais nous voulons savoir pour quoi, pour qui ?

Vous aviez tout pour mener une nouvelle génération vers les chemins vertueux d’une démocratie dynamique et plus juste, moins engoncés dans les schémas d’un passé qui nous pèsent. Qu’en faites-vous de ce capital inestimable ?

Vous avez le pouvoir, et vous nous faites bien sentir que ce pouvoir est auguste et sans égal. Alors Monsieur le Président, encore un petit effort, car notre patience à des limites et votre crédit est en train de fondre, ce qui serait dommage pour un économiste aussi brillant que vous l’êtes. Cela nous mènerait une nouvelle fois vers les chemins du chaos !
Allez Président, encore un petit effort pour être révolutionnaire et changer la société.
Nous sommes prêts à de nombreux sacrifices, l’êtes vous aussi ?
 

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Marie-Claude Pietragalla.

Publié le par Bernard Oheix

Etre Corse, et avoir un patronyme qui commence comme la plus célèbre bière insulaire, la Pietra, être danseuse, et avoir son nom qui finit par un « galla », est quand même une forme de prédestination qui montre à l’évidence qu’avec Marie Claude Pietragalla, rien ne peut se dérouler comme prévu !

D’une beauté à couper le souffle, cette danseuse étoile de l’Opéra de Paris aura tout vécu de la gloire sur les scènes du monde entier. Egérie d’une certaine mode et de la publicité, elle va devenir un personnage public en échappant aux cénacles des palais parfois bien poussiéreux de la danse.
En 1998, elle devient, très jeune, la directrice du Ballet National de Marseille succédant à une légende de la danse, Roland Petit.
De son expérience Marseillaise, on retiendra le tumulte d’une gestion complexe des individus, le corset d’une administration d’une institution n’étant peut-être pas adapté à sa personnalité rebelle, à ses fulgurances créatrices. Je me souviens encore de l’aventure Sakountala que j’avais accueillie en 2001, une pièce débordant de vie où les danseurs créaient dans la verticalité, un espace de danse inversé dans une complexité technique qui nous avait donné des sueurs froides pour réussir à implanter le dispositif scénique sur le plateau du Grand Auditorium du Palais des Festivals.
Au fond, tout était déjà dans cette première expérience. La folie d’une grandeur au service d’un art de la danse, la volonté d’échapper aux codes, une forme d’hystérie créant et sublimant le mouvement. 
Le public l’a toujours suivie, la critique pas toujours ! Une bonne partie des censeurs du bon goût ne pouvant accepter le refus de toutes bienséances, l’imprévisibilité de sa démarche, lui rendant coup pour coup et lui faisant payer la grâce insolente d’un corps sculpté par des années de pratique et une tête bien faite se nourrissant de lectures et d’expériences multi-disciplinaires.
Sa rencontre avec Julien Derouault va être déterminante. Dans leur relation fusionnelle, ils trouvent la force de s’émanciper d’un système où ils s’asphyxiaient pour partir dans la véritable aventure de la création d’une compagnie privée et se donner les moyens de vivre leurs rêves communs.
Au passage, notons quand même qu’à l’heure où nombreux artistes n’aspirent qu’au confort d’une institution, eux vont s’en affranchir pour plonger dans l’inconnu. C’est tout à leur honneur que d’accepter de revenir aux sources, Molière d’un théâtre de la danse itinérant, se construisant au fil des projets et des représentations, dans la complexité d’une période loin de l’âge d’or de la culture des années 80, affrontant la violence d’une crise économique, morale et esthétique tout en continuant un combat pour offrir du rêve à un public qui en a bien besoin !

De ce point de vue, leur dernière création ambitieuse, Lorenzaccio, est un véritable bijou, une pièce de danseurs/comédiens, ou les comédiens dansent, où les danseurs jouent et où la scénographie signée de Daniel Mesguich, de Julien Derouault et de la Pietra fait merveille pour reculer les limites et dissoudre les frontières entre les arts vivants !
Sur le parvis du château de Grignan, devant un parterre de plus de 800 personnes, chaque soir pendant plus d’un mois et demi (45 représentations à guichets fermés !), ils vont livrer une véritable performance physique se terminant par une standing ovation rituelle. Julien Derouault porte sur ses épaules un Lorenzaccio déchirant, magnifique, explorant de la voix toutes les gammes d’un texte d’une richesse infinie. Entre la politique et la religion, le pouvoir à prendre et la vie à perdre !
Il est entouré d’une troupe incroyable dans sa diversité et sa qualité ou Alexandre de Médicis, interprété par le magnétique Abdel Rahym Madi joue avec le destin des autres, Simon Dusigne en Cardinal Cibo, cape rouge sur un overbooard, se glisse entre les danseurs comédiens en déclamant son texte, Louise Strozzi en jeune fille évanescente, et tous les autres (11 artistes sur la scène) vont éblouir devant un château transfiguré par les effets spéciaux des lasers et des lumières qui découpent l’espace.
La touche Mesguich, le talent de Derouault, l’esthétique de Pietragalla vont transformer en triomphe leur création.

Et si vous en avez l’occasion, allez voir cette pièce qui  partira sur les routes de France à l’automne prochain et finira bien par atterrir sur la capitale !
Merci à Marie-Claude Pietragalla, à Daniel Mesguich, à Julien Derouault… et à leur administratrice, la compétente et pétulante Aurélie Walfisz qui gère avec tant d’allant et d’énergie, l’administration de la compagnie Théâtre du corps Pietragalla-Derouault.

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Riccardo Caramella : Tirer sur le Pianiste !

Publié le par Bernard Oheix

Riccardo est mon ami. On a réalisé plusieurs opérations ensemble, et quelques moments merveilleux sont toujours dans ma mémoire et dans celle des nombreux présents. La musique, les images et son humour ont fait fureur dans les programmations des "Saisons de Cannes" que je produisais. Le voilà reparti donc pour un nouvel opus, le samedi 7 octobre 2017 à 20h en la salle de La Licorne à La Bocca qu'il affectionne particulièrement. Et ce bien naturellement pour une cause humanitaire et sans percevoir le moindre cachet.

Il m'a demandé de présenter sa soirée et de lui écrire un mot pour le programme. Je l'ai fait avec plaisir car dans ce volume 2 de musique et cinéma, il y aura tout ce que j'aime dans le spectacle vivant.

Alors, à vos calendriers, cochez ce samedi 7 comme une date où l'on ne peut que répondre présent à la fois comme spectateur et à la fois pour soutenir la cause de ces enfants malades qu'il soutient avec passion. 

Voici donc le texte que son talent et notre amitié m'ont inspiré ! 

50 ans que ces doigts effleurent, caressent et se martyrisent sur les claviers des scènes du monde. Après plus de 2000 concerts, bien sûr, Riccardo, mon ami est à la retraite, choix assumé de ne plus avoir à courir les salles de tous les pays pour choisir son destin, volonté de « sortir » d’un jeu qui l’a vu triompher de tous les pièges d’une carrière en assumant le travail acharné indispensable à la maitrise de ce piano qui fut son univers exclusif pendant des décennies.
Mais avec le temps, Riccardo Caramella fait comme le bon vin italien, il se bonifie, trouve des arômes nouveaux et se forge une identité en marge des canons du grand art classique.
Passionné de cinéma, de ces musiques qui le touchent, lui, homme de sons sensibles aux images, il s’est lancé dans la cause d’une exposition de ces partitions qui n’existent que par le nom d’un réalisateur, par une séquence mémorielle, noyées dans un film dont elles n’émergent qu’avec parcimonie.
Dans ce spectacle, elles seront à l’honneur, ces bandes sons dont on ne connait que si rarement l’auteur, qui peuvent passer du classique au jazz, s’égrener sur quelques notes incertaines ou s’envoler sur des partitions connues. Elles renvoient à des scènes que l’on retrouve alors avec ferveur, enfouies dans notre mémoire, cachées dans notre histoire. Et c’est bien l’image qui viendra alors se mettre à leur service pour les honorer et les sublimer.
Aidé de sa faconde, jonglant autant avec les mots qu’avec les notes, en support d’extraits de films qu’il a sélectionnés, Riccardo va jouer à l’homme orchestre, faire une polyphonie des sens et nous prendre par la main pour dériver dans une histoire musicale du 7ème art pleine d’anecdotes et d’émotions.
Et puis, si vous n’aimez pas, vous pourrez toujours, à l’inverse de François Truffaut, "-Tirer sur le pianiste."

Bernard Oheix

 

J'avais déjà présenté son spectacle pour Cinéma et Musique volume 1... Je serai donc là pour le volume 2... en attendant la suite !

J'avais déjà présenté son spectacle pour Cinéma et Musique volume 1... Je serai donc là pour le volume 2... en attendant la suite !

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Luc Besson et Thierry De Peretti

Publié le par Bernard Oheix

On sait que Luc Besson n’est pas toujours en odeur de sainteté auprès des critiques. Certains ont encore en mémoire l’accueil houleux au Palais des Festivals de Cannes du Grand Bleu, sifflé et hué en séance de presse alors qu’il allait devenir culte chez toute une génération. Et chacun de ses films en tant que réalisateur provoque bien souvent une moue pincée chez ceux qui sont en charge de donner le tempo de la critique cinématographique. 
Et ne parlons pas de son activité de producteur où ses films cassent la baraque du box office en étant dédaignés par tout le gotha du cinéma (Taxi, Taken)… Et si l’on rajoute derrière cela, le lobbyiste du cinéma Français, l’homme entrepreneur des studios de Seine St Denis et celui qui fraye avec certains « politiques » honnis, alors on a un tableau réaliste de ce qu’il doit endurer à la lecture de certains articles.
Pourtant, un homme qui a réalisé Leon, Nikita, Subway, Le 5ème élément et tant d’autres films ne peut pas être entièrement mauvais ! Un seul de ses films suffirait à ennoblir bien des cinématographies de gens encensés par les critiques mais que le public ignore.
Luc Besson est ainsi, un objet de polémiques, mais avant tout c’est un faiseur de rêves, un bâtisseur du cinéma, qu’on le veuille ou non !
Et Valérian est bien là pour prouver qu’il n’a rien perdu de son magnétisme, de sa capacité à faire rêver et à nous entrainer dans des mondes imaginaires avec le regard d’un enfant émerveillé.
Je suis fan, non de la BD que je ne connaissais que très peu, mais de ce film qui, à la croisée des chemins, entre la saga de la «Guerre des étoiles » et l’odyssée écologique d’ « Avatar » nous offre la possibilité de plonger là où tout est possible, même la victoire des gentils et l’amour entre les peuples.
Que Luc Besson ait misé gros en produisant ce film est une évidence tant la richesse de l’image, des effets spéciaux et la qualité de la production en impose. Il serait anormal qu’un homme qui donne tant au cinéma Français soit brisé alors même qu’il prouve que rien n’est impossible, même l ‘incroyable. Au delà de tout, si vous aimez le cinéma, alors, plongez dans le 3ème millénaire d’un futur possible, là où Valérian et Besson nous permettent de redevenir les enfants éblouis de merveilleux que chaque adulte reste quand l’image nous transporte !
Alors pourquoi tant de haine ?
Allez, il n’y a pas de mal à se faire du bien, courrez voir Valérian et prenez tout le plaisir qu’il vous offre comme un moment rare de tendresse d’un ami qui vous veut du bien !


Il y avait gros à parier qu’un corse s’attaquant à l’histoire tourmentée de la Corse allait souffrir les mille tourments d’un déchirement intérieur. Comment se confronter à la genèse du « nationalisme », à la haine du « colon Français », à l’incroyable déliquescence d’une jeunesse captivée par les idéaux d’une Corse indépendante et à la gangrène de la collusion entre les revendications nationalistes et les intérêts maffieux ?
C’est tout le talent du réalisateur après Les apaches que de produire ce film en évitant le « folklore » corse qui ne demandait qu’à surgir. Une vie violente plonge dans l'histoire de la radicalisation d’une jeunesse en prison, de la raison d’état d’un mouvement qui se divise au nom d’intérêts égoïstes, du culte du chef et des agissements troubles d’une caste politique sur un vernis de fascination pour la violence et les armes de la société Corse.
Le film progresse ainsi, authentique analyse subtile, sans forcer le trait, cheminement vers une radicalisation où la vie devient un enjeu sans importance, comme si la mécanique des éléments ne pouvait que déchaîner les forces obscures qui ne demandent qu’à s’exprimer.
Jeunesse perdue, comme actuellement celle qui se radicalise pour une cause au nom d’Allah, d’une suprématie d’une race ou autres raisons où la sauvagerie des idéaux balaye l’humanité de chacun !
Film témoignage sur une période que j’ai vécue, où les « nuits bleues » rythmaient mon sommeil, où les tensions se ressentaient dans la vie quotidienne, ou d’accueillante et hospitalière, l’île s’était transformée en bastion assiégé par les peurs et l’angoisse.
Ce sont deux Films émouvants et forts, noblesse du cinéma à la Française, capable de lire une histoire encore présente avec la précision chirurgicale d’un observateur attentif, ou de se projeter dans l’imaginaire de mondes merveilleux qui ne demandent qu’à nous faire rêver !
Allez, vive le cinéma Français et ceux qui le font, et courrez voir ces deux réalisations, vous ne le regretterez pas !

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