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Retour vers Thiès

Publié le par Bernard Oheix

Elle est arrivée, l’heure de notre départ d’Angurman,  l’ile  paradisiaque où nous avons étiré le temps jusqu’à satiété. Quelques adieux émouvants avec François, notre hôte et son équipe, une photo de groupe et c’est le départ en pirogue pour se rendre à Bubaque, l’île capitale des Bijagos.

Quelques rues en terre, des masures en torchis et plus loin des résidences de luxe pour accueillir des touristes passionnés par la pêche au gros et la plongée... Nous apprécions la boisson fraiche de «chez Paul», un expatrié qui a ouvert un bar restaurant paillote où nous croisons toute une vieille génération de Français sur le retour qui ont abandonné l’idée de ce retour au Pays ! A les voir ainsi, je me surprend à repenser au «Coup de lune» de Simenon, un de ses romans réalistes, sur l’agonie des idéaux dans une Afrique qui dévore l’homme blanc et ses rêves !

Chez Paul... L'avenue principale de Bubaque

Chez Paul... L'avenue principale de Bubaque

Un jeune curé défroqué au look de routard  nous accompagne. Il rejoint notre groupe dans le canot plein gaz d’un résidence de l’île qui en 1h30 va nous transporter vers Bissau, dans une mer montante où nous cinglons, avec l’impression bizarre d’être dans un panier à salade, secoué de toute part, quelques vagues montant à l’assaut pour nous asperger d’eau !

Après un déjeuner chez l’évêque de Bissau, la route de l’enfer nous attend. Sortir de Guinée, traverser la Casamance, pénétrer en Gambie pour tenter de prendre ce bac de  Banjul de  tous les mystères, puis rentrer au Sénégal et arriver à Thiès. Nous avons prévu deux jours avec une halte à Ziguinchor pour ces environs 900 kms de route. Mais la chaleur éprouvante qui s’invite, 35° comme une chape de plomb, n’était pas prévue et étrangement, elle va bien nous servir. Sur les 12 contrôles de l’aller, nous n’en subirons que 6 au retour, avec 0 déchargement des bagages pour la fouille contre 3.... L’heure de la sieste et la chaleur poussent les pandores à agiter la main mollement sans bouger de leur siège et nous allons donc dévorer du km et de la poussière sur cette route aux tronçons rongés par les eaux et sur lesquels nous dansons de nouveau une surprenante rumba africaine !

La halte de Ziguinchor fut particulièrement appréciée. Douche fraîche, repas dans le patio de l’hôtel, Le Flamboyant, nuit paisible reposant des soubresauts encaissés pendant plus de dix heures. A l’aube, nous reprenons la route avec l’espoir d’arriver tôt pour avoir une chance de prendre le bac à Banjul sans trop de difficultés. La route est en bon état sur ce tronçon Sénégalais malgré quelques «gendarmes couchés», spécialité de ce pays. Le passage à Diouloulou nous rappelle une succulente Carpe aux oignons et une halte miraculeuse ! L’entrée en Gambie nous oblige à reprendre un visa de transit pour 60 000FCA, ramenés à 20 000CFA (le même tarif qu’à l’aller !) devant nos protestations.

Un indescriptible fouillis sur un bac hors d'âge !

Un indescriptible fouillis sur un bac hors d'âge !

 Nous entrons enfin dans Banjul et cherchons l’entrée du bac. Un policier nous contrôlant, s’installe à l’arrière et nous guide dans un invraisemblable imbroglio de gens, de véhicules divers et de «responsables»  chacun percevant une dîme sur ce que nous octroyons à notre cerbère. Au passage, nous entrevoyons des bureaux de Bolloré, le patron du port ? Miracle des miracles, nous nous retrouvons en premiere ligne devant la grille, mais sur le côté et notre guide disparait dans la foule, son argent en poche ! Il nous faudra quand même 4 heures pour passer le sas, un nouveau miracle, deux véhicules se disputant le passage, le cerbère hurlant bouge cette sacrée barrière dans le bon sens pour nous (et le mauvais pour les deux autres !). Une heure après, le bac déglingué, puant et poussif, démarre enfin et rampe vers l’autre rive dans des halètements qui jusqu’au bout, nous ferons craindre une apoplexie de ses moteurs usés jusqu’à la dernière limite.

Mais ce voyage inauguré par les miracles du curé Albert, se poursuivra sous les plus heureux hospices. La dernière portion de la Gambie sera une formalité ! Après nous avoir «rincé» à l’aller, la sortie se fait en douceur. L’entrée au Sénégal, pour un dernier long tronçon de «gendarmes couchés», d’ânes et de vaches rachitiques traversant à l’impromptu, de détritus de plastic rongeant les paysages magnifiques comme une lèpre de la civilisation industrielle (Auchan la superette de Thiès, continue d’offrir des sacs en plastic à leur nom !) ne seront qu’une longue reptation vers notre étape finale, après plus de 12h sur la route.

Il reste des images étonnantes, des sourires de bienvenue, des regards de connivence et la beauté des femmes, la joie des enfants, la sympathie réelle des Sénégalais toujours prêts à vous accueillir comme un ami qui leur veut du bien. Nous savons que tel n’est pas toujours le cas et que nos banques (la BNP), Orange, Auchan, Total, ne sont pas là par altruisme et que nos intérêts commerciaux valent bien une messe à Paris et un passage de Macron au Sénégal ! C’est notre cancer écologique que nous leur avons refilé, avec au passage quelques maux divers, histoire de leur rappeler que le néocolonialisme, c’est aussi une histoire de gros sous et de pouvoir !

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Une ile au Paradis : Angurman

Publié le par Bernard Oheix

Un canot fonce dans la baie de Bissau, contourne des bancs de sable qui affleurent au rythme de la marée, effectue une large boucle pour passer au large de Bubaque,  capitale de ce chapelet des Bijagos de plus de 80 iles, et arriver à  destination après plus d’une heure et demi d’une course effrénée sur une mer d’huile et un léger vent de large.

Nous voici sur notre domaine pour 8 jours, un ilot de 800 m de long et de large, habité en permanence par 4 personnes dont notre hôte François, un aventurier du bout du monde qui a créé cet «ecolodge» pour des touristes en mal de civilisation, désirant rompre avec l’univers concentrationnaire de nos villes et l’agitation d’un monde rejeté au large de nos préoccupations. 

Une ile au Paradis : Angurman

Des huttes en dur avec toit de chaume seront notre havre de paix, construites en respectant les principes écologiques de l’île, grandes ouvertures qui laissent se découper des baobabs ou des fromagers avec la mer comme horizon permanent. Les lits sont confortables, durs, et la petite salle de bains avec douche à l’italienne et toilette jouxte la paillote. Il y a du spartiate dans ce confort de l’extrême et cela n’est pas pour nous déplaire. L’énergie est solaire et n’est branchée qu’à la nuit tombée Il y a 4 lieux d’habitation pour un maximum d’une dizaine de clients et nous sommes, pour l’heure, les seuls à occuper les lieux.

Après un cocktail de bienvenue à base de fruits du baobab et d’un alcool local, nous plongeons pour un premier bain et rejoignons la table a ciel ouvert adossée à un immense fromager pour un repas de poissons grillés sous nos yeux, dorades et surtout, la découverte d’un délice local, le «thiof», à la chair tendre et au gout indicible dont la tête est un régal des dieux.

Le personnel est composé de 3 hommes et d’une femme en plus de François, le patron cuisto. Silo tchak tchak, homme à tout faire et au bagout coloré, Américo le pêcheur silencieux ravitailleur de chairs tendres, Armando l’ombre qui marche et Secunda dont le sourire illumine un visage sévère.

La nuit, dans les alizés de la marée montante et le fracas des vagues, nous nous endormons avec la certitude que ce que nous cherchions au fond de nous est autour de nous et qu’il suffira de se laisser aller pour l’atteindre ! Les jours vont s’enchaîner  dans un temps qui se contracte étrangement. Les journées s’étirent à l’infini de ce rien qui nous remplit et pourtant, il passe trop vite ! Tour de l’île, avec un lieu divinatoire de paille sur l’autre versant qui sert à d’étranges cérémonies animistes secrètes. Deux huttes occupées temporairement par des pêcheurs et leurs deux enfants qui surveillent  du poisson en train de sécher au soleil.  Les longues parties de pêche de notre curé Albert, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes de le voir se révéler comme un pêcheur émérite, lui l’homme d’église, nous abreuvant de «thiofs» et de daurades. De temps en temps, un porcelet grillé, des steaks de tortues qui se sont retrouvées prisonnières des filets des pêcheurs, des salades de papayes viennent rompre le rituel des poissons grillés.

Et entre les repas, balades, lecture et écriture, parties de cartes, baignades, ramassage de coques pour les spaghettis du soir... et toujours ces marées qui découvrent le large ou viennent se fracasser sur la côte en la rongeant inexorablement ! 

Une ile au Paradis : Angurman

Car le paradis est en danger. Cette civilisation que nous avons fuit se rappelle tous les jours à nous. Dans une trentaine d’années, Angurman disparaitra sous les eaux, rongée par la montée du niveau de la mer. Certains des baobabs de la côte en sont déjà à payer ce prix, la moitié de leurs racines à découvert, s’inclinant avant de s’écrouler pour un dernier salut à l’humanité. De même, une flottille chinoise de sept bateaux de pêche avec leur trois cargos usines est en train de saccager les fonds poissonneux de Bissau. Quelques bakchichs à des potentats locaux sans aucun doute les autorisent à refaire ce qu’ils ont déjà réalisé au large du Sénégal : épuiser industriellement les fonds marins d’une baie  riche pour migrer sous d’autres cieux  leur forfait accompli et continuer leur oeuvre dévastatrice ! Nous percevons du loin de notre retraite les soubresauts d’un monde qui s’arcboute sur l’idée de consommer toujours plus et de piller la nature. Nous ne changerons rien à cela, mais  que deviendrons nos enfants, nos petits enfants, qui ont aussi le droit de vivre leur propre éternité, quand les méfaits de nos comportements obèrent l’avenir avec certitude ? D’être si loin au fond nous rapproche des autres et  nous ramène à nous ! Mais voilà que se rapproche la date du départ.

Demain nous quitterons notre petit coin d’un paradis perdu. Nous allons replonger dans la folie de Bissau, prendre cette route défoncée de Ziguinchor,  subir les contrôles incessants des administrations tatillonnes, tenter d’embarquer à Banjul sur un bac de fortune  pour rejoindre Thiès. Mais ces 8 jours dans notre paradis, nous les emporterons avec nous comme un trésor que rien ne pourra jamais effacer !

Une ile au Paradis : Angurman

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En traversant la Guinée Bissau

Publié le par Bernard Oheix

En traversant la Guinée Bissau

9h d’une matinée chaude, avec le soleil qui darde ses rayons et brûle la terre rouge. départ de Ziguinchor. Après une trentaine de km, on débouche sur la frontière avec la Guinée-Bissau, portion de terre ceinturée de quelques bâtisses en paille avec une corde tendue sur la route, qu’un garde abaisse dès que le feu vert est donné par le grand chef assis à une table à ciel ouvert. Les formalités s’étirent, au rythme lent des gardes frontières, de la garde nationale et des douaniers qui, chacun à tour de rôle, contrôlent la voiture, ses occupants et les bagages, afin de bénéficier d’un billet glissé discrètement dans la paume ouverte. Il s’agit en général de 1000 CFA (soit 1,5€), complément indispensable au salaire d’un fonctionnaire, petite somme il est vrai... mais que les contrôles incessants font monter en frais de route incompressibles.

La Guinée Bissau est en pleine confusion, pouvoir chassé et vacant, administration ravagée par une succession de crises permanentes et une corruption endémique... On ne comptera pas moins de 12 contrôles jusqu’à la capitale de Bissau, certains à quelques km les uns des autres, par des entités incompréhensibles, des jeunes en jean et tee-shirts déchirés dirigés par un gradé attablé en train de siroter un café, d’autres par des hommes en uniforme d’opérette, tout le monde jouant à une roulette russe où vous êtes le seul à payer, mais pouvant déboucher sur un dépeçage général du véhicule selon l’humeur du contrôleur. Cela se passe toutefois avec bonhomie, quelques rires et un soupçon de catalogue à la Jacques Prévert à l’occasion, comme quand ce garde national effectue un test sur les essuies-glaces sous un soleil de plomb, ou que ce douanier nous demande si «-le boulot ça va» et qu’il éclate de rire en nous disant de continuer les vacances en nous ouvrant la route sans réclamer son billet déjà prêt, ou même quand de jeunes garçons jouent aux douaniers en tendant une corde en travers de la route à hauteur d’une mangrove et nous réclament une pièce et des bonbons !

200 kms d’une route rongée par la mousson et les débordements des mangroves nous attendent. Il faudra plus de 5 heures pour traverser cette zone longeant la côte. Dans ces passages difficiles, la voiture bascule sur les bas-côtés de terre en meilleur état que le bitume troué de ravines et de crevasses profondes. Quelques villages misérables autour d’un puit d’eau parsèment la route avec un comptoir où l’on peu acheter un peu d’huile de palme, du vin de cajou et quelques sacs de charbon de bois artisanal. De temps en temps, une ville plus importante avec son marché à ciel ouvert où se concentrent les étals de fruits et de légumes, les sandales et les cargaisons de produits usagers débarquant par containers des pays développés, tout un invraisemblable bric à brac des rebuts de l’Europe recyclés en permanence et qui trouveront une dernière vie dans un pays qui se situe dans les dix plus pauvres de la planète. Pourtant, à aucun moment nous ne nous sentirons en danger, bien au contraire. Le regard curieux des villageois, les sourires des hommes accompagnés d’un geste du bras, les cris des enfants nous accompagneront tout au long du chemin. Vers 15h30, après un dernier contrôle positionné à la sortie d’un pont à péage, nous entrons dans les faubourgs de Bissau, notre destination.

Après avoir déposé nos bagages dans la mission catholique de l’évêque de Bissau, nous filons boire une bière en centre ville. Bissau est une gigantesque avenue bordée de marchés, dans un encombrement maximum, un concert de klaxons, des dégagements de gaz et  des piétons qui circulent entre les voitures en slalomant avec leur vie. L’avenue Amilcar Cabral débouche sur la grande place et sa stèle érigée au sommet de la ville.

Le soir, au réfectoire de la mission, nous allons rencontrer un italien, Antonio, médecin obstétricien, en mission dans un village reculé à Bigènes, en train de construire une maternité et de former les «accoucheuses»  à la prophylaxie et aux gestes de premiers secours. Cet homme passionnant et généreux nous parlera longuement de son travail et des conditions effroyables des femmes et des enfants dans ce pays de l’extrême. Mortalité infantile, 25%, une femme sur 17 mourant en couches. Une véritable roulette russe à comparer avec les chiffres d’un pays européen pour comprendre le drame quotidien des femmes dans ce pays.

La nuit, un concert de bruits divers monte dans le ciel, comme si jamais le silence ne pouvait l’emporter sur la frénésie humaine. Mais le paradis nous attend. Demain, ce sera l’embarquement vers Angurman, l’île des Bijagos où nous allons découvrir la paix sur terre... du moins en principe !

En traversant la Guinée Bissau

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Cauchemar en Gambie !

Publié le par Bernard Oheix

Une photo qui devait illustrer le précédent article. Collection de masques, visages de douleur, comme un coin enfoncé dans notre mauvaise conscience ! Sortilège de l'Afrique !

Cauchemar en Gambie !

Départ à 7h pour Zigenchor, la capitale de la Casamance. Une longue route avec comme point délicat annoncé, le passage en bac vers Banjuls, en territoire Gambien. La Gambie est un pays qui n’existe pas. Il est né dans l’esprit enfiévré d’un colon découpant à la hache un territoire étroit longeant un fleuve en plein milieu du Sénégal. Longue langue de terre incluse dans l’ethnie Wolof, elle, devenue anglophone par les hasards des tractations entre puissances coloniales.

De Thiès à Kaolak, dans la brume matinale et une température fraiche (13°), le trajet fut entrecoupé par d’innombrables «gendarmes couchés», des dizaines de petits dos d’âne à briser les essieux, souvent non signalés, longue succession de freinages jusqu’à un quasi arrêt pour passer les éperons de goudron. Heureusement, les vendeurs de fruits et d’objets divers se positionnent autour des ces obstacles, profitant des ralentissements obligatoires pour interpeller les conducteurs et leur proposer une gamme invraisemblable de produits divers allant du portable aux régimes de bananes, meilleur avertissement possible pour annoncer les obstacles sur la route !

Le passage de la frontière Gambienne fut haut en couleur, avec succession de chefs et de sous-chef pour attribuer les visas de transit et fouille intégrale de la voiture et des bagages par la brigade anti-drogue fort passionnée par la montagne de médicaments que notre infirmière (Thérèse) avait prévue pour le long séjour aux «Bijagos» qui nous attend, dans ces îles désertiques qui sont notre destination.Blocage pendant une demi heure sur une boîte de Doliprane ! Les passeports tamponnés, les papiers du véhicule paraphés, nous filons vers le bac promis et nous nous insérons dans une longue file de véhicules anarchiquement stationnés pour apprendre que certains sont déjà là depuis plusieurs jours dans l’attente de la prise du bac dont une des navettes est en panne et l’autre tributaire de la marée à cause de son tirant d’eau. Le miracle aura-t-il lieu ? En Afrique, tout est possible, même l’impossible ! La soutane de notre curé Albert, notre guide, envoya un premier signal que Dieu était avec nous. Un des «responsables», et ils sont nombreux, catholique fervent, nous fit sauter la longue file pour nous retrouver en 3ème position du sas d’accès. Deux heures s’étaient écoulées mais la vision d’un portail vert s’ouvrant sur chaque ferry débarquant, (environ toutes les heure et demie), signe d’une libération imminente nous faisait espérer en ce miracle. Las ! Le capharnaüm incroyable de cette entrée, coincée entre le déversement des camions de l’usine d’arachides qui jouxte le sas, le flot des véhicules tentant de sortir du ferry, l’amoncellement de ceux qui tentent d’entrée, les taxis en maraude et les piétons et vendeurs à la sauvette, créent un invraisemblable chaos, de bruits, hurlements, odeurs par une température de 35°où tout se termine dans le rire et la bonne humeur de tous. Par deux fois, les grilles s’ouvrirent pour nous, pour se refermer mystérieusement ! Et le premier authentique miracle (il y en aura 3 !) aura lieu quand notre fervent catholique réussit à nous faire pénétrer après 6 heures d’attente en ultime véhicule sur les portes du bac se refermant. Plus de 6 heures d’attente avait été nécessaires, mais l’odeur marine et les lumières de Banjuls, la capitale de la Gambie, pointaient à l’horizon. 30 minutes de traversée pour toucher au paradis.

C’était oublier que les incidents dramatiques récents de la Casamance autour du bois précieux (plus de 20 morts) avaient crée une tension perceptible dans toute la région.. Traversée de Banjuls dans le compagnonnage traditionnel en Afrique des marchés à ciel ouvert nocturnes et d’une pollution effroyable avant de pouvoir rejoindre la frontière Gambienne où le 2ème miracle eut lieu. A 21H55, les pandores en grand uniforme  apposèrent leur tampon indispensable sur nos passeports, 5 minutes exactement avant que les barrières ne condamnent le passage jusqu’à l’aube du lendemain. Le poste de contrôle Sénégalais aux abonnés absents, nous roulâmes dans la nuit, à tombeaux ouverts pour tenter de rejoindre notre hôtel réservé à Zigenchor à 80 kms de là Mais à Diouloulou, dans la nuit, une chicane en rondins de bois en travers de la route vint doucher nos derniers espoirs. Un militaire, fusil mitrailleur en bandoulière, en travers de la route, nous signifia que la route était fermée la nuit à cause des incidents. Il n’y avait strictement rien autour de nous avec comme seul possibilité d’attendre l’aube dans notre véhicule. Impasse ! Patatras !

Et le 3ème miracle eut lieu. A Diouloulou, une communauté catholique existe dont le curé Justin avait été en séminaire avec Albert, notre guide. Coup de téléphone, voiture dans la nuit, deux curés s’embrassent et se congratulent devant le militaire qui s’écarte. Nous nous sommes retrouvés à 23h dans la maison du prêtre, avec la bonne en train de nous griller un succulent poisson aux oignons, un verre de whisky, toujours des rires et un lit confortable avec moustiquaire, bien nécessaire en ce pays de mangroves et de forêts... et une certitude que le lendemain serait un autre jour !

il n’en reste pas moins que les Sénégalais n’ont pas vraiment un grand amour pour les Gambiens et que la nuit, les chauve souris entamèrent un concert pour nous endormir d’un sommeil réparateur !

derrière ces grilles, le portique de la liberté avec le bac en horizon !

derrière ces grilles, le portique de la liberté avec le bac en horizon !

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Les sortilèges du Sénégal

Publié le par Bernard Oheix

 Il est 8h du matin, Ivresse du départ. L’avion comme une promesse de liberté. Le Sénégal est au bout de la ligne et nous en foulerons la terre ce soir. Bon, au passage, il faudra attendre plus de 4 heures dans le spot de Madrid, en transit !  Et là, patatras, le syndrome de la vache à lait nous tombe dessus ! 4,35€ le café, 30€ le mini sandwich, un morceau de fromage gros comme une vache qui rit et deux demies bouteilles d’eau ! Cela ne nous a pas fait rire ! Cela fait cher le soupçon de flamenco et  les exploits de Cristiano Ronaldo ! Chers amis voyageurs, si d’aventure vous devez faire une étape en l’aéroport du Réal Madrid, entamez un jeune, commencez le ramadan, faites tout ce que vous pouvez pour sceller votre estomac à toutes les tentations, votre porte-feuille vous en sera éternellement reconnaissant !

A 23h enfin, l’avion se pose sur le tarmac du nouvel aéroport flambant neuf de Dakar. Le curé Albert, notre ami fidèle, avec son beau sourire et sa gentillesse, nous attend et nous emporte dans la nuit, par des raccourcis sur des chemins de terre qui contournent les tronçons d’autoroute manquants, soulevant d’épais nuages de poussière se dissipant dans les phares. Thiès surgit dans la nuit, une ville endormie, car pour la première fois depuis bien longtemps, il fait presque froid avec 13°.  Pour nous, une température quasi clémente au vu de la neige qui s’abat sur la France, le pôle nord pour des sénégalais habitués à plus de mansuétude climatique ! Mais bien sûr, le dérèglement est une invention des chinois comme l’a déclaré un Trump d’opérette ! Bon n’exagérons pas, il n’y avait que les sourires de bienvenue de nos amis sénégalais pour nous réchauffer en affichant une gêne. Nous, on se contentait d’ouvrir grands les yeux pour scruter la nuit, les silhouettes difformes des baobabs dégarnis, se gorger des effluves si particulières d’une terre des confins si hospitalière.

J’étais déjà venu à Thiès, 7 années auparavant, avec Thérèse qui oeuvrait dans l’humanitaire et un couple d’amis, Birgit et Jacques. Exit le Jacques resté au pays, Birgit nous accompagnant avec toute son énergie et nous voici donc de retour, les valises chargées de médicaments, de ballons de foot, de matériel scolaire et accessoirement d’informatique.

J’avais adoré ce pays, (cf. mon blog, année 2011), la gentillesse réelle de sa population accueillante, le courage naturel qu’ils démontrent pour survivre dans les difficultés quotidiennes, leurs sourires et leurs rires comme un signe de reconnaissance. Après deux jours pour prendre contact et une plongée dans le marché gigantesque à ciel ouvert (à noter l’incroyable explosion des échoppes de téléphonie !), nous nous rendons à Dakar dans un trafic invraissemblable. Aux Almadies, quartier des ambassades, l’école dans laquelle nous logeons est située en face de la nouvelle ambassade américaine, un fortin gigantesque, entouré de grilles et gardé en permanence par des soldats en uniformes. Les drames récents au Moyen-Orient ont manifestement laissé des traces ! C’est dans ce petit port des Almadies que nous nous offrirons, en un rituel soigneusement maintenu, 4 douzaines d’oursins pour 8€, servis par une petite vieille au sourire édenté, aux doigts noueux, mais avec les yeux d’une profondeur insondable ! La vie est belle malgré les rafales de vent qui nous empêcheront de nous rendre sur l’île de Gorée, ce qui n'est que partie remise !

Et il y a l'accent chantant, ce français un peu précieux mais si joyeux, les bonjour qui fusent, les rires partagés pour un rien, juste comme un signal de bienvenue dans leur pays attachant et accueillant !

Mais déjà le grand large nous attend. Demain dès l'aube, à l’heure ou bleui la savane, nous partirons pour la Casamance et la Guinée Bissau. Là, nous embarquerons pour les îles Bijagos, un chapelet sauvage où nous robinsonnerons pendant 8 jours, sans internet, sans voiture, avec nous-mêmes, le paradis sur terre, et en mangeant le poisson que je pêcherai, ce qui n'est pas gagné ! Si nous en revenons, vous le saurez par un nouvel article qui paraitra dans ce blog, vers le 25 février ! A bientôt donc.... Peut-être !

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Pascal Ainardi : un ami pour les autres !

Publié le par Bernard Oheix

Définition : Nom Propre d’origine italienne, rattaché à la famille des humains de Bourg en Bresse... quoique l’on puisse en douter parfois !
Quand je t’ai connu, tu étais une grande bringue dégingandée, maigre, avec des bras et des jambes immenses que tu agitais sans cesse et une barbe qui te mangeait le visage. Tu avais une crinière que tu enserrais d’un bandeau et je pouvais te croiser en train de courir dans la forêt de Seillan, toujours seul, comme un fantôme des bois en train de chercher une issue à un mal qui te rongeait. 
Tu étais un grand adepte des films d’horreur et tu commençais une collection incroyable de vidéo-cassettes (et oui, à l’époque, elles existaient et démocratisaient les filmothèques !), entouré de livres, de disques et la tête bouillonnante d’étranges passions.
Pourtant, tu avais une douleur dans le coeur et tu ne trouvais pas d’endroit où te poser, tant ton corps te semblait à l’étroit dans la jungle des autres.
Alors, il a fallut t’amadouer, te donner cette place que tu désirais sans te l’avouer, t’offrir un espace dans lequel les trésors de ton coeur pourraient s’épanouir et tendre cette passerelle vers tous les autres.
Rarement dans ma vie et dans les innombrables rencontres qui ont parsemé mes fonctions d’animation et de direction, j’ai eu l’impression, comme avec toi, de nouer un fil entre deux forces, deux logiques, deux certitudes complémentaires.
Pascal depuis ces premiers jours de la décennie des années 80, tu fais partie de ma vie et tu y resteras jusqu’au bout de nos souffles.
Je me souviens de toi, derrière la porte en bois de la salle de spectacle, jubilant intérieurement en lançant une scie électrique pour découper une silhouette humaine pendant le final de la projection de « massacre à la tronçonneuse ». Et ce cri du public  en entendant et en voyant se concrétiser le cauchemar de cette ultime poursuite sur l’écran dans cette porte qui venait de s’éclairer et de réaliser le fantasme d’une « agit-prop »  au service de la déraison. La moitié du public a basculée sur les genoux de l’autre dans un désordre indescriptible ! C’est toi qui en avait eu l’idée, maintenant, je peux te dénoncer, il y a prescription !
On était un groupe de chiens fous sans aucune limite, sinon celle du coeur et de l’amitié. Tu as trouvé ta place avec naturel tant tu avais des richesses qui ne demandaient qu’à se partager avec ceux qui t’entouraient.
Dans la commission culturelle de la MJC, tu étais toujours le premier à lancer des idées saugrenues, mais surtout, tu étais un des rares capables de trouver une solution aux rêves que nous élaborions. Avec toi, rien n’était impossible !
Expositions, Mois de l’Italie, Nuit du Polar, Nuit de l’horreur, semaine d’action culturelle (SAC 1 et 2), lancement de La Belle Bleue… tu étais de tous les coups, sans jamais revendiquer de place, juste être là, juste faire et créer, agencer et ordonner, se saisir des idées pour les concrétiser, les mettre en forme, rédiger une partition sans fausses notes.
Tu étais le bénévole dont rêve chaque directeur d’une structure associative, et c’était moi ce Directeur heureux. Et tu ne demandais rien en retour !
Alors c’est tout naturellement que de ce bénévolat à l’animation de l’atelier menuiserie, tu es devenu un permanent de la MJC de Bourg en Bresse… Et ce jour-là, le monde associatif Burgien, sans forcément s’en rendre compte, a gagné un élément de valeur, un homme dont la carrière peut se lire comme un immense défi à l’inventivité et à l’intelligence collective !
Car disons-le tout net, derrière ses bras immenses et sa silhouette d’ermite, il y avait non seulement un coeur d’or, mais aussi et surtout, un cerveau en pleine activité, un esprit juste, une intelligence brillante.
C’est ce que tu es Pascal Ainardi et c’est pour cela que nous t’aimons.

Mais dans ces années du possible, il te manquait quelque chose, ou plutôt quelqu’un… Et tu l’as trouvé cet amour qui dure depuis plus de 30 ans. Chantal t’a offert de partager vos rêves, et votre couple s’est cimenté sur la tendresse et le partage. Tu pouvais être enfin entier, toi-même et un autre, celui qui est là pour aider et tendre la main mais ne s’ignore plus.
Ancré dans la vie associative, votre couple a pu donner libre cours à tout ce qui est votre passion. Faire, accomplir, soutenir, developper… Dans un monde d’un millénaire agonisant qui se tournait furieusement vers l’individualisme, dans les mutations étranges d’une société perdant son centre de gravité commun  pour se replier vers l’intérêt égoïste, vous avez maintenu le cap d’un discours collectif, d’une aventure en groupe, acceptant de partager votre bonheur pour résister et espérer.

Nous avons maintenu nos liens à l’évidence.
Aujourd’hui, tu pars à la retraite, mais est-ce vraiment un départ ?  Chacun ici dans cette salle comme dans le coeur de tous ceux qui ont eu la chance de croiser ton chemin, sait bien que tu seras toujours là, toujours prêt, toujours actif. La vie n’a pas de limite à la passion, et tu es un vrai passionné, celui qui est dans l’ombre mais qui sait éclairer les autres, celui qui donne une chance à la chance, un espoir à l’avenir.
Alors Pascal, nous te demandons simplement de ne pas changer, de continuer à être ce que tu es, un ami fidèle, un partenaire, le souvenir d’un passé heureux capable de réveiller le présent.
On sait bien de toutes les façons, que tu continueras à être encore et toujours là pour les autres, tout simplement parce que tu es toi, un ami, un frère… Pascal Ainardi, quoi !
Oui, finalement, tu fais bien partie des humains et de cela, nous n’en doutons assurément pas !
Bon, tu vas pouvoir continuer à faire bénévolement ce que tu avais commencé bénévolement à faire : être là comme toujours…
Vive la retraite en chantant Pascal Ainardi !

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La Villa de Robert Guediguian

Publié le par Bernard Oheix

On aurait souhaité avoir aidé à construire cette villa pimpante accrochée aux pentes d’une calanque dans une baie de Marseille transfigurée. Avoir été à l’origine de tout, à la naissance de l’espoir. On aimerait pouvoir renoncer au monde et s’y réfugier avec cette bande de vieux potes née il y a plus de 30 ans derrière l’objectif d’un cinéaste en train de forger son style et de trouver son inspiration dans la vie quotidienne de personnages  ancrés dans un sud coloré et plein de vie.

Il y a la belle Ariane Ascaride qui a survécu à la mort de son enfant noyée 10 ans auparavant dans cette Méditerranée où elle a grandi et qui retrouve un clan forgé dans ce deuil. Il y a le grand frère Gérard Meylan que tout être aurait le désir d’avoir comme tuteur protecteur. Il est resté ancré dans cette calanque et ouvre toujours ce petit restaurant avec des plats typiques et «pas chers», perpétuant la tradition d’un père vieillissant dont il s’occupe et dont l’accident vasculaire va déclencher ces retrouvailles. Il y a Jean-Claude Darroussin, frustré d’une carrière littéraire avortée, dont l’ironie acerbe est une façade pour cacher sa peur et qui décide enfin de s’assumer et de rêver son destin.

Et d’autres personnages aussi à la lisière de ces retrouvailles qui vont apporter un grand souffle de l’ailleurs. Une belle jeune femme qui a accompagné Darroussin sur ses pas et va décider de le quitter pour ne pas le prendre en pitié. il y a le fils docteur qui a réussi et ouvre des labos en série. Il est là pour aider ses parents qui se décident à lâcher prise et se suicident, main dans la main, pour nier le temps qui passe et ne pas voir la mort en traitrise les séparer. Ils ne se reconnaissent pas dans cette fuite du temps qui les ronge et préfèrent s’en aller de concert. Il y a le jeune pêcheur amoureux du théâtre et de sa muse Ariane, lui déclamant du Claudel en comptant les poissons emmêlés dans ses filets. Il va lui redonner un peu de cet espoir que la mort d’un enfant lui avait dérobé en lui offrant un désir sincère et un élan d’amour régénérateur.

Il y a aussi des patrouilles de soldats qui passent régulièrement à la recherche de ces migrants vivants ou morts débarquant sur ces côtes déchirées, chassés par la guerre et la faim, à la recherche d'un abri et d'un peu d'espoir.

Il y a surtout, cette enfant fragile qui nourrit ses jeunes frères, cachés sous des rochers dans un abri de fortune. Elle dérobe un peu de confiture et confectionne une pâtée avec les graines des mangeoires d’animaux et l’eau rance des réservoirs. C’est eux qui vont être les détonateurs du renouveau ! Ils vont devenir les témoins privilégiés de la renaissance en cours. Le soleil qui réapparait pour rétablir l’ordre des choses. De nouveaux élans pour gommer les stries d’un passé morbide. L’espoir d’un vent  libérateur qui, dans les échos des noms renvoyés par l’arche d’un pont sur lequel passe une micheline, confond le passé et le présent pour offrir un avenir aux survivants. C’est une ode sur la mort au travail, mais aussi sur l’espoir d’un temps qui s’écoule. Et les cicatrices passées ne peuvent que soulager les blessures de la fuite du temps.

Et le père aphasique va retrouver un élan de vie, comme pour transmettre une dernière fois son patrimoine d’humanité et son amour d’éternité.

Robert Guédiguian qui trace son chemin à l’écart des chapelles n’est jamais aussi bon que quand il parle de ce qu’il est, de ceux qu’il aime. Et il y a un amour infini dans cet espoir d’une petite fille abandonnée sur les routes d’un exil qui trouve un foyer dans la chambre dévastés de celle que la mort a emportée ! Ode à la vie, à l’espoir et au renouveau, La Villa est un hymne à l’espérance et à la nature luxuriante de ce coin de paradis que les temps nouveaux tentent de dévaster mais qui résiste dans l’humanité profonde de ses habitants.

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Robinson des glaces Emmanuel Hussenet (ed Les Arènes)

Publié le par Bernard Oheix

Tout commence, comme souvent, par une rencontre impromptue. A la soirée de fête d’un ami, une blonde inconnue s’installe à notre table, un échange passionné s’engage et bientôt la fascination d’un discours entre deux mondes autour d’une île coincée entre le Canada et le Danemark. On est à Cannes, un soir d’automne et le grand large s’invite pour un voyage qui ne laissera pas indifférent !


C’est à ses côtés, en se glissant entre les icebergs, dans un froid polaire, qu’Emmanuel Hussenet nous embarque à coups de pagaies entre les glaces millénaires en train de fondre. Son objectif « d’aventurier » est de rejoindre un îlot coincé entre la mer du Labrador et l’océan Arctique. Dans le chenal de Kennedy, à deux bras de la terre canadienne d’Ellesmere et du glacier Danois de Peterman, comme un rocher du bout du monde, l’objet de convoitise d’un aventurier qui, à la force des bras, tente de le rejoindre. 
Il va falloir partir du dernier village d’Etah, bien au dessus de Thulé, confins de la civilisation, et s’en remettre à son expérience dans la solitude des glaces qui furent éternelles. Des années à accumuler un savoir faire destiné à lui permettre de survivre dans un territoire où la moindre erreur se paie d’une vie. La solitude en partage, mission à hauts risques dont au fil des pages de ce livre, Robinson des Glaces, on découvre que sa finalité n’est pas une nouvelle conquête de l’inutile mais bien une préoccupation majeure pour une humanité aveuglée par sa propre suffisance !
C’est dans le détroit de Smith et en traversant le bassin de Kane que l’auteur-aventurier nous dévoile son véritable plan. Alerter, lancer un cri d’alarme, envoyer un signal impératif aux peuples du monde. La calotte glaciaire fond à vue d’oeil, d’année en année, les couloirs encombrés de glaces s’ouvrent à la navigation et les richesses minières font de ces territoires verglacés, un nouvel Eldorado pour les affairistes du monde entier assoiffés de puissance.
Emmanuel Hussenet nous parle avec des mots si justes et forts du vrai combat qui se déroule alors. Pas celui de sa tentative pourtant héroïque d’atteindre l’île d’Hans et qui échouera d’ailleurs, mais bien celui de dévoiler les ravages irréversibles que nous infligeons à notre berceau et les conséquences funestes qui en découleront !
Il est déjà trop tard… ou presque ! La fonte des calottes glaciaires, la montée des océans, les modifications irréversibles qui sont en train d’affecter le climat, la géographie, dessinent une nouvelle histoire du futur sur une terre gangrenée par l’homme ! Une histoire de l’apocalypse en train de s’écrire sous nos yeux.
C’est avec des mots précis, des exemples, des notes particulièrement pertinentes que l’auteur aventurier nous amène à nous poser la question essentielle. Que voulons nous comme avenir pour nos enfants, et les enfants de nos enfants ? Avec cette frontière d’un chaos irréversible qui se rapproche de plus en plus au fil de nos choix inconséquents.

Il continue à progresser à coups de pagaie vers son îlot perdu comme une métaphore d’une humanité à la recherche son horizon. Entre les ours polaires, le froid, les modifications constantes de son environnement  et le danger permanent qui le guette, il nous dévoile ce qui se dissimule derrière son aventure, un projet pour sauver une Terre exsangue. Rendre l’Île d’Hans à l’humanité entière pour en faire un repère pour le monde à venir. Entamer la guérison de la planète en stoppant la menace de la fonte des glaces. Il s’agit de faire un barrage de glace aux glaces dérivantes pour les stopper dans leur course vers les eaux libres. Tirer des élingues à partir de l’île d’Hans à travers ce chenal étroit pour créer les conditions d’un obstacle sur lequel s’entasserait les icebergs, bloquant le processus de la fonte !

Je ne sais pas si scientifiquement c’est une réponse au drame en train de se jouer. Ce que je sais par contre, c’est qu’Emmanuel Hussenet après nous avoir convaincu de la réalité du réchauffement climatique, tente d’offrir une réponse et de l’espoir à ceux qui en manquent tant. Oui, il faudra lutter pour maintenir la vie sur la Terre ! Oui, on trouvera des solutions… mais il est urgent de ne plus se voiler la face !
Le monde est malade de l’homme et l’homme se doit de mériter son monde ! Alors, à vos marques, lisez ce livre d’Emmanuel Hussenet, et même si le combat se fera sans vous, il faudra bien qu’il ait lieu et que la préoccupation majeure de sauver la Terre dépasse largement les intérêts partisans de ceux qui crachent sur le futur !

 

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Rencontres Cinématographiques de Cannes 2017 ! Un vent d'Orient !

Publié le par Bernard Oheix

Il y a bien sûr le Festival de Cannes et son Palais des Festivals grandiose pour une semaine où il devient le centre du monde, l’évènement le plus médiatique à être couvert par les journalistes et critiques des 5 continents. Il y a aussi le Festival du Film Publicitaire, et les marchés professionnels des programmes  (MIPTV et MIPCOM).
il y a de nombreuses manifestations comme le Festival Panafricain et les séances spéciales de Ciné-Croisette et de Cannes Cinéma tout au long de l’année.
L’image est chez elle à Cannes et ce n’est que justice quand l’on voit la beauté de cette baie, les monts de l’Estérel dans les couleurs flamboyantes du couchant, les iles de Lérins fermer la baie de la Croisette avec la pointe du Palm Beach qui se referme sur l’horizon.
Plus haut, la Californie des riches, le Suquet des vieux Cannois avec sa tour de garde et encore plus loin, la colline de la Croix des Gardes où les villas accrochent des taches de couleurs pimpantes.
C’est Cannes comme le tableau d'un peintre où toutes les couleurs composent une ode à la beauté du sud, un charme envoûtant dans les senteurs du maquis et des pins orgueilleux.

En novembre décembre, dans les salles de Cannes, pour la trentième fois, un festival de cinéphiles, avec du bon cinéma va réunir le public des jeunes, ceux qui peuvent « optionner » le cinéma au Bac, et ceux qui peuplent les écrans de leurs rêves passés avec leur cheveux blancs.
Des retraités cinéphiles aux lycéens, ils vont se retrouver, les uns afin de compléter leur culture du 7ème art, les autres dans des stages « Moi, Jeune Critique », des masters classes et autres débats, vont tenter de se créer un palmarès à la mesure de leur soif d’apprendre !

Les Rencontres Cinématographiques de Cannes, c’est l’Autre Festival, celui au visage humain, celui qui permet de découvrir des films d’art et essai, de voir et revoir des chefs d’oeuvre…
Une occasion de plonger dans le défilement incessant des images qui parlent d’un monde, du monde, et de vivre une nouvelle aventure en pays de cinéma sans la pression de son grand frère du mois de mai.
Et cette année, pour le 30ème anniversaire des RCC, les films furent d’un niveau exceptionnel et les moments de rencontres passionnants !
Sur un vague thème des libertés, le vrai fond des histoires proposées tournait autour du Moyen Orient et du Maghreb et plus généralement des problèmes autour de la religion et des minorités opprimées.

Et tout de suite, un authentique chef d’oeuvre, un film qui fait date dans la vision d’un conflit sans fin et des mécanismes qui amènent à l’horreur : L’Insulte de Ziad Doueiri.
Dans les rues de Beyrouth, un chantier de rénovation va opposer un chef de chantier Palestinien et un locataire chrétien Libanais. Une insulte bien banale va dégénérer en conflit embrasant les populations clivées de la ville. De tentatives de réconciliation avortées en procès devant les tribunaux, c’est tout le pays qui s’embrase et réveille les tensions latentes d’une histoire jamais dite. L’Insulte ne sera lavée que dans un final à couper au couteau, véritable coup de poing dévoilant que ce qui réunit l’offensé et l’offenseur, c’est le drame de vies brisées, là ou chacun est à la fois victime et bourreau, subissant l’horreur et la générant. Pourtant, le « -je m’excuse » final, peut-être, laisse espérer qu’un jour, la lumière jaillira du chaos. Mais combien de drames encore, d’incompréhensions et de blessures secrètes faudra-t-il subir pour que l’espoir renaisse et que les fantômes s’évanouissent ? 

Wajib de Annemarie Jacir se déroule à Nazareth. Abu Shadi, professeur, accompli le Wajib à l’occasion du mariage de sa fille, c’est à dire la distribution personnelle des invitations accompagné de son fils qui s’est exilé en Italie.
Les rencontres, les absents, la mère qui a divorcé et vit aux Etats-Unis mais doit rentrer pour le mariage de sa fille, et surtout, les retrouvailles entre le père et le fils en support de la vie quotidienne à Nazareth dessine un tableau absurde, des non-dits, des impasses de la société israélienne et de la confrontation entre des peuples différents, des religions différentes et la pression permanente de l’environnement.
C’est un film subtil, dramatique et la question principale reste de partir ou rester, vivre ou lutter, se compromettre ou garder ses idéaux mais abandonner sa terre ! Bouleversant de justesse et ne jouant jamais sur le sensationnel mais sur la précision du trait et la formule juste.

Dans le même registre, Les Bienheureux de Sofia Djama revient sur la « guerre civile » en Algérie. A l’occasion de leur 20 ans de mariage Amal et Samir (Sami Bouagila) sont confrontés à la question de partir de l’Algérie afin de s’accomplir (et d’offrir à Faim leur fils, un avenir) où d’y rester pour la transformer. Les jeunes, pendant ce temps tentent de vivre et de rêver entre les problèmes de la religion, le poids d’un état militaire et l’absence de perspectives. C’est un film qui parle de l’intérieur de la société, entre les guerres du passé (et surtout celle des années de plomb de la terreur « islamiste ») et l’absence d’un horizon porteur d’espoir. Magnifiquement réalisé pour un 1er film, il jette un pont entre des évènements que nous avons vécus sans les comprendre, entre le passé de notre colonisation et la monté de l’intégrisme sur fond de désorganisation sociale et d’absence de liberté couplées à la corruption !

Formidable et rafraîchissant (ce qui est un comble pour un film se déroulant dans un hammam !), A mon âge je me cache encore pour fumer de Rayhana confronte des femmes face à la domination de l’homme et de la religion dans le sanctuaire bien fragile d’un Hammam. Le drame fera pourtant irruption, encore un fois sous les traits d’un frère fanatique voulant venger l’honneur de sa famille souillée par une naissance hors mariage. Magnifiquement interprété par une pléiade de femmes toutes plus belles et pétillantes, le film est une lecture cruelle d’un monde dans lequel l’oppression religieuse et machiste impose son joug aux femmes, les prive des droits les plus élémentaires. Pourtant, dans la femme courageuse qui se bat pour exister et fume une cigarette comme un défi à l’homme, il y a l’espoir d’un souffle nouveau capable de changer le monde…

Une comédie pour achever ce tour de l’islam au cinéma. Sou Abadi propose avec Cherchez la femme, une parabole édifiante et humoristique sur le voile intégral. C’est l’homme qui se glissera sous ce voile noir qui cache afin de retrouver son amour, mis en cage par son frère de retour du Yémen avec des idées intégristes et une barbe de « barbus ». Sauf que le frère va tomber amoureux de la femme cachée sous l’homme au voile ! On rit, on sourit, on aime à la folie la déraison et l’humour du contre-pied. Une vraie et belle comédie qui lance des messages d’alerte et traite par le futile un vrai drame !

D’autres productions comme le superbe Jasper Jones de Rachel Perkins du Cinéma des Antipodes échappaient à l’étouffante problématique d’un Orient gangrené par la religion de l’intégrisme et la domination du mâle sur le bien ! Mais ce qui est étonnant et beau, c’est que tous ces films étaient réalisés par des représentants de cette culture et que quatre étaient portés par des femmes. Espoir d’une parole libérée capable de transformer le monde !
En attendant, une semaine de Rencontres Cinématographiques de Cannes, comme les promesses d’un monde qui change ! 

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Roman Polanski... L'ambiguïté et l'incertitude en miroir !

Publié le par Bernard Oheix

Ce titre, tiré d’une interview de Bernardo Bertolucci, et support de ma maitrise de cinéma soutenue en 1974 à Nice sur son oeuvre, (Bernardo Bertolucci, Etudes Cinématographique. 122/126), semble parfaitement adapté à cerner le dernier film de Roman Polanski. 

« D’après une histoire vraie » est l’adaptation à l’écran du roman éponyme de Delphine de Vigan. Et n’en déplaise à nombreux critiques qui font la fine bouche sur son ultime opus, le film fonctionne parfaitement et livre une parenthèse sur le bien et le mal particulièrement réussie. Une oeuvre très Polanskienne où la réalité et la fiction s’affrontent subtilement sans que l’une puisse prendre le pas sur l’autre.
Une écrivaine décidée à se livrer à un travail « fictionnel » en échappant à sa marque de fabrique (l’autofiction) qui a fait son succès, est en panne devant sa page blanche. Entre deux signatures de livres, elle tente d’accumuler dans des petits carnets, un matériel pour trouver l’inspiration et se lancer dans la rédaction de ce roman que tout le monde attend.
Sa rencontre avec une fan, elle même « nègre » sur des biographies d'artistes, de vedettes ou de personnalités médiatiques, va l’entrainer dans un jeu de séduction et de pouvoir où tout se dérègle. Les ingrédients qui vont gripper le quotidien sans aspérités de ses jours sont subtilement dévoilés, par petite touche, comme si rien n’avait d’importance. Pourtant, la présence de plus en plus envahissante de « l’autre » la coupe de son réseau, la rend dépendante puis victime de son bourreau.
Un séjour dans la maison de campagne vide de son compagnon en déplacement va crisper les évènements et déclencher une crise violente…
Mais la réalité est-elle aussi simple ? L’ «autre » est-il un leurre pour accoucher d’une oeuvre où un vrai personnage qui fait irruption dans sa vie pour l’empêcher de créer ?
Les deux lectures s’emboîtent parfaitement et tant l’une des hypothèses que l’autre sont plausibles au final dans une grille de lecture totalement ouverte et symétrique.
Il reste alors la superbe réflexion sur le travail de la création, sur les fantômes qui peuplent les nuits de l’écrivaine, sur le processus d’accouchement d’un livre, sur le rapport de dépendance à l’autre, sur la violence des sentiments et la perversité de la séduction. 
Tous ces thèmes que Roman Polanski a décliné avec tant de talent dans toutes les oeuvres qui parsèment une carrière où il ne s’est jamais trahi cinématographiquement parlant.

Comment ne pas être particulièrement touché par cette mise en abîme, ce glissement progressif de la normalité vers la déraison, cette peinture cruelle d’une solitude de la création qui ne peut se partager.

Peut-être que dans cet accueil mitigé, Polanski paye pour d’autres fantômes issus des nuits de feu d’un passé jamais cicatrisé et qu’un évènement a brutalement ravivé. L’explosion Harry Weinstein n’en finit pas de déclencher des vagues. En cela, son oeuvre sulfureuse renvoie bien à un présent particulièrement douloureux qu’il ne pourra jamais solder.
Mais est-ce bien une histoire vraie qu’il tente de décliner à l’infini ?

 

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