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Red Rhino is dead

Publié le par Bernard Oheix

Au début des années 70, terminant une licence d’histoire avant de mettre en chantier ma maitrise de Cinéma à l’Université de Nice, chaque première semaine du mois de mars, comme en un rituel mystique, j’enfourchais ma Honda 125, franchissais la douane de Menton-Garavan (il y avait une vraie frontière alors) et par la route du bord de mer, venais m’échouer à San-Remo. Un industriel du Nord de l’Italie, Nino Zuchelli, homme immensément riche et très cultivé, passionné de cinéma, avait exporté le «Festival de Bergamo» dans cette cité côtière de la Ligurie célèbre pour son Festival de la Chanson. Il en était le maitre incontesté, se piquait sincèrement de culture comme un prince du XIXème siècle pouvait commander un opéra à Verdi. Avec un goût très sûr, il présentait des films en compétition, positionnés entre l’avant-garde et le film d’auteur, des panoramas thématiques sur des films qu’il était très difficile de visionner (la période soviétique des années 25/35, le cinéma chinois de la révolution culturelle...). Il n’y avait pas les moyens techniques actuels, un film, c’était un support pellicule obligatoire !Des générations de cinéphiles se sont ainsi formées à l’Ariston, l’imposante salle de cinéma où se déroulaient la compétition et dans laquelle, on pouvait fumer pendant la projection. Toute une époque !

Mon statut de critique à Jeune Cinéma m’octroyait le passeport «Invité du Festival» avec repas et chambre d’hôtel, un luxe absolu, à charge pour moi de faire paraître au moins un article dans la presse Française. Ma longévité dans ce Festival que j’adorais comme le premier rayon du printemps avant la folie du mois de mai Cannois, me permit même, sur décision du grand chef, Nino Zuchelli, qui me le proposa personnellement, d’intégrer le jury en 1973.

Ainsi donc, chaque année, une bande de cinéphiles franco-italiens se retrouvaient pour des discussions acharnées, des débats passionnants, des affrontements homériques entre le fond et la forme, l’esthétique du mouvement, la morale d’un «cut», déployant toute cette énergie fascinante d’une jeunesse en train de s’éduquer, de se former, de se préparer à plonger dans la vraie vie après avoir vécu la passion d’un mois de Mai 68 où tout était possible.

Parmi tous ces passionnés qui se retrouvaient, il y avait deux frères, à l’opposé l’un de l’autre. L’ainé avait quelques années de plus que moi, il s’appelait Sandro Signetto. C’était un vrai Italien, élégant, racé, pertinent, ayant largué le monde sûr des comptoirs de la banque pour rallier les quais aventureux d’une coopérative de cinéma, achetant des films à la marge du système pour tenter de réaliser un bénéfice en le sortant dans le circuit des salles «alternatives». Il gérait aussi une grande salle à Turin... c’était avant le massacre du cinéma par la télé Berlusconienne ! Sandro parlait d’une voix douce, inflexions chaudes, vous regardait attentivement en penchant la tête, esquissait un sourire, pouvait vous contredire comme s’il opinait à votre avis, toujours avec douceur et l’ironie dans le coeur ! Sandro Signetto était déjà un seigneur !

Red Rhino is dead

Son frère, Alberto Signetto, un peu plus jeune que moi, débarquait dans le grand monde du Cinéma, en forçant le passage et en s’ébrouant. Force de la nature, Alberto parlait fort, mangeait beaucoup, s’exprimait sans arrêt avec un débit de kalachnikov, donnait du volume pour convaincre, était capable de prendre des chemins incroyables pour assurer ses démonstrations, jamais à cours d’une citation où d’un commentaire, d’une contradiction pour le plaisir même de contredire ! Alberto était une bombe perpétuellement allumée bourrée d’inventivité...

Tous les deux allaient devenir mes frères d’adoption, ceux pour lesquels il n’y a plus de frontières, qui dorment chez vous aussi naturellement que vous mangez avec eux, qui sont là au moment où vous avez besoin d’eux, pour qui le temps s’est arrêté parce que l’on s’imagine éternels...

Sandro est devenu un cadre de cette industrie cinématographique dévastée, un des plus sûrs opérateurs des mécanismes du cinéma et des soutiens européens. Il débarquait souvent, MIP TV, MIP COM, Festival du Film, sa chambre était prête, il passait dans notre vie avec régularité...

Alberto par contre...

En 1984, j’étais Directeur de La Belle Bleue, l’agence artistique que j’avais créée pour les 600 MJC qui fonctionnaient (quelle puissance nous aurions du représenter dans le monde de cet âge d’or de la culture !). C’est avec lui que j’élaborais le projet «Rock Around Europe», à une période où l’on pensait que l’Europe avait besoin de liens culturels novateurs. Un jeune artiste sélectionné dans chaque pays fondateur de l’Europe, un Directeur Artistique que l’on avait sollicité, Brian Eno, au cours d’une épopée «piedniquelesque» à Londres, les rendez-vous chez les ambassadeurs d’Espagne et d’Italie, le Ministre de la Culture en France... Ils ont du en rire...pourtant on en a rêvé de ce groupe international donnant une âme à cette Europe tristounette de technocrates qu’ils étaient en train de nous bâtir sans entendre les désirs des jeunes, chacun s’y serait retrouvé... Utopie, certes, mais qu’elle belle utopie qu’une Europe qui avance et crée du sens, une aventure en commun, apprendre à se comprendre et pas seulement à se traverser sans frontières et a ne plus avoir de bureaux de change !

En 1986, Directeur de la Maison Pour Tous des Campelières, nous travaillâmes sur un projet de film sur les activités de la MPT. Puis pendant deux ans, sur un scénario d’une idée originale, «Itinérario Gaudi», un mixte entre un hommage à Antonioni, notre maître commun auteur entre autre de Profession Reporter, et une histoire policière liée au terrorisme international. J’écrivais, il corrigeait, reprenait tout, démontrant son incroyable capacité d’imagination, cette façon si particulière qu’il avait de voir «son» plan, comme s’il était apte à le réaliser intérieurement. Il m’apprit énormément pendant ces longs mois où je me rendais à Turin pour travailler avec lui. J’ai même du me rendre à Barcelone et faire ce fameux «itinéraire» distribué dans les agence touristiques qu’empruntait le terroriste. Je me revois chaque jour, mon carnet à la main, en train de noter les formes des monuments, toujours à 17h, c’était l’argument du film, et entrer en communion avec mon Italien bloqué sur Turin pendant que le réseau bloquait la fuite du terroriste, à cause d’un cinéphile transi qui effectuait le même trajet, aux mêmes heures et mettait en péril cette ex-filtration !

On a rêvé encore...toujours...parce qu’il était dans notre nature d’explorer, de chercher, de concevoir et d’exister à travers le mouvement des idées.

Si Alberto Signetto s’affirmait comme un authentique créatif, moi, j’avais deux pieds dans les institutions et la tête dans les nuages, cela limitait mes possibilités mais aussi mes risques. Et puis il y a eu Cannes, Directeur-Adjoint de l’OMACC, puis Directeur de l’Evénementiel au Palais des Festivals...de plus en plus de responsabilités, des salaires qui montent, une liberté qui s’ampute.

En 1992, j’ai invité Alberto Signetto au jury des Rencontres Cinématographiques. Ce fut un chant d’adieu à l’insouciance, le dernier acte d’un âge d’or en train de se refermer. Il fut royal, grandiose, un Signetto au top, séducteur, brillant (les filles de l’équipe s’en souviennent encore) qui en un clin d’oeil, disait au revoir à son innocence avec bravoure et panache.

Après cet épisode, il ne pouvait que revenir dans ma ville monter le tapis rouge, un film sous le bras... Après avoir été l’assistant de Théo Angelopoulos, Il s’attacha alors à devenir ce cinéaste qui hantait ces nuits enfiévrées, sans moi désormais ! il réalisa de nombreux documentaires au service des villes, des télévisions, des grandes causes comme des petites, cherchant toujours à relier des fils épars pour rendre le réel plus lisible. Il montait aussi des courts métrage de de fiction, réalisant des oeuvres à problématique forte, ambitieuse, flirtant avec l’onirisme, dépassant le naturel pour décrypter le monde intérieur. Il obtint la reconnaissance de ses pairs mais sans pouvoir conquérir ce public qu’il aimait, parce qu’il aimait aimer, se faire aimer et être au centre.

Aujourd’hui il est définitivement au centre. Celui qui avait un surnom qu’il s’était choisi, «Red Rhino», le Rhinocéros rouge, à 60 ans et 1 jour, comme il l’avait annoncé, a mélangé ses funérailles et son anniversaire sans avoir jamais pu répondre à ses rêves. Ses plus beaux films, il les emporte avec lui, ils sont dans son esprit si clair, si précis que quand il vous décrivait une scène, elle se mettait à exister pour vous. Pourtant, il ne m’a jamais parlé de son enterrement dans cette petite église de Mazzé, une cité près de Turin, accrochée à un piton où il a grandi, de ces centaines de personnes convergeant de l’Italie pour lui offrir un dernier hommage, de ces quelques mots qu’il m’a obligé de prononcer afin de lui avouer une dernier fois que je l’aimais, qu’il était mon frère en création, que la vie a été trop courte, que le temps est passé trop vite et qu’il ne méritait pas un «clap» de fin sans roulements de tambours.

Moi, je sais que je lui dois énormément, je sais qu’avec lui, la fusion était naturelle.

Je connais désormais la dernière de ses blagues.

Red Rhino est mort !

Red Rhino is dead

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Bonne Année 2014 !

Publié le par Bernard Oheix

Que nous souhaiter ?

La belle humeur d'une période faste, le contentement de plaisirs simples, savoir gouter le temps présent, ne pas craindre les orages, aimer l'impossible et refuser les prisons dorées...

Savoir tendre la main et ouvrir son coeur, comprendre la misère de l'autre et pouvoir la partager, se satisfaire des joies d'un instant volé au temps, exiger l'impossible et nier la haine qui nous ronge...

Ne pas pouvoir n'est pas une finalité, oser est une fatalité. J'ai dans le coeur l'envie d'un monde qui saurait le prix de la vie, en mesurerait les conséquences et pourrait tendre des passerelles entre les hommes et les femmes. De la misère en Afrique avec ces cadavres rejetés par une mer qui mesure l'exil des siens en corps roulés par les vagues, de la tristesse d'un Argentin dans un pays au bord du gouffre d'une économie gérée par la prévarication et les apprentis sorciers, de l"asiatique si petit d'une Asie si grande, des montées d'un extrémisme qui nie tout et son contraire et joue avec le feu d'une haine qui ne demande qu'a s'attiser pour emporter le monde dans la fureur déferlante d'un maelström où nous n'aurons plus que le temps du regret...

Que vous dire de plus que les voeux pieux d'un bonheur immédiat, d'une santé s'arc-boutant sur nos perpétuelles défaillances, d'un déséquilibre qui touche à l'essence même de l'être à remettre sur les pointes de nos pas, afin de saisir encore et toujours que nous sommes vivants, et que le bonheur ne tient qu'à notre volonté de l'admettre et de l'accepter.

Je vous souhaite une belle année 2014.

Après un excès certain d'images de votre serviteur pendant l'automne, j'ai décidé d'être discret et de ne pas envoyer mes voeux de baignade traditionnelle de Noel. Ce n'est pas pour cela que je n'ai pas plongé dans ma Méditerranée chérie, la preuve avec cette photo. Rendez-vous donc en 2015 !

Après un excès certain d'images de votre serviteur pendant l'automne, j'ai décidé d'être discret et de ne pas envoyer mes voeux de baignade traditionnelle de Noel. Ce n'est pas pour cela que je n'ai pas plongé dans ma Méditerranée chérie, la preuve avec cette photo. Rendez-vous donc en 2015 !

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Dernier opus sur l'Argentine...

Publié le par Bernard Oheix

Le voyage se termine donc avec Bariloche en point de mire avant de plonger vers Buenos Aires. Bariloche, petite cité pimpante, station de sports d'hiver au bord d'un lac. Ville de tourisme et destination des étudiants qui viennent fêter leur diplôme dans un séjour initiatique où l'alcool coule à flots. La ville est coincée entre les montagnes alentours et le lac et les parcs qui s'étalent au coeur d'une nature dominée par les volcans si proches et les cendres semées par les éruptions répétées. La nature luxuriante donne des couleurs à la vie.

Après avoir pris une nacelle qui grimpe au sommet du téléphérique, un paysage à couper le souffle... La nature libérée !

Après avoir pris une nacelle qui grimpe au sommet du téléphérique, un paysage à couper le souffle... La nature libérée !

1500 km en bus plus loin, c'est le retour à Buenos Aires, avec une expérience que l'on ne pouvait envisager de rater. Une soirée dans le mythique temple du football où Maradona, l'enfant terrible du peuple entama sa marche vers sa propre déification. 55 000 personnes en train de chanter et de supporter leur équipe dans une ambiance de communion festive. Pas de violence, des chants qui montent dans l'azur, une liesse populaire que pas même la défaite ne pouvait entacher ! La passion football, on sait enfin ce que cela recouvre après avoir participer à cette fête des fous dans la "Bomboniera" de Buenos Aires.

Le Delta du Tigre. un territoire immense, Venise champêtre où l'eau et la terre sont unies pour le meilleur ! Des bateaux sillonnent des centaines de canaux serpentant entre des milliers d'îlots habités...

Le Delta du Tigre. un territoire immense, Venise champêtre où l'eau et la terre sont unies pour le meilleur ! Des bateaux sillonnent des centaines de canaux serpentant entre des milliers d'îlots habités...

Et ce voyage si long mais si intense, ces 6 semaines en Amérique du Sud, ne pouvait se terminer que par une dernière soirée dans une milonga authentique. Matias, notre guide, entre ses bras langoureux, fera danser les filles et leur ouvrira les portes d'une sensualité à fleur de peau. Juste avant le retour sur nos terres, comme pour laisser une trace et donner le désir de comprendre un peu mieux ce peuple qui souffre tant, se protège en permanence de ses propres démons, ces coups d'état sanglant qui défigurent son histoire, ces guerres fratricides, cette gestion catastrophique d'une économie délabrée, tous ces nuages qui défigurent l'avenir...mais n'en laissent pas moins les Argentins fatalistes, heureux de vivre et ne regardant ni le passé, ni l'avenir, juste le présent d'un pas glissé sur un parquet brillant, dans la chaleur de bras qui épousent les mouvements tendres d'un tango intemporel !

C'est cela l'Argentine, aussi !

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Chili en ébullition !

Publié le par Bernard Oheix

Après l'Argentine, par les cols enneigés, nous avons basculé vers Santiago de Chili, dans une ville en grève générale, administrations fermées, ordures dans les rues, avec une vie rythmée par les campagnes électorales et notamment, le dernier meeting de Michèle Bachelet auquel nous avons assisté avec délice. Il faut dire, que ce n'est pas tous les jours que nous pouvons écouter les Inti Illimani, Angel et Isabel Parra... Le grand jeu !

Il y avait un peu de notre jeunesse dans ces drapeaux rouges flottant au vent !

une "manif" au soleil, des chanteurs et une future présidente qui danse et chaloupe sur la scène ! On y était !

une "manif" au soleil, des chanteurs et une future présidente qui danse et chaloupe sur la scène ! On y était !

Valparaiso, une ville sans dessus dessous, myriades de maisons bricolées de couleurs vives accrochées aux pentes, enchevêtrement de ruelles targuées, de rues qui grimpent vers les collines pour fondre vers la baie où des tankers attendent de décharger. La ville est étrange, issue de strates qui se confondent et s'unissent, rebelle à toute mise en forme. C'est Valparaiso, tournée vers l'océan.

La chaleur étouffante et le bruit insupportable ne gâtent en rien les charmes désuets de cette improbable cité où tout est disjoint mais où le vent apporte des mystères exotiques pour adoucir les nuits chaudes où les lumières scintillent.

L'île Chiloé, une imbrication d'eau et de terre dans une réserve naturelle ! Cité lacustre avec des églises de bois classées au Patrimoine de l'Humanité.

L'île Chiloé, une imbrication d'eau et de terre dans une réserve naturelle ! Cité lacustre avec des églises de bois classées au Patrimoine de l'Humanité.

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Retour vers Salta

Publié le par Bernard Oheix

Quelques journées dans cette région immense qui commence à Salta pour aller jusqu'en Bolivie par la Quebrada de Humahuaca au nord et franchit par l'ouest les hauts cols andins pour plonger vers le Chili.

Dans cette région frontière, l'histoire parle au présent. Rudes tribus indiennes à la culture sophistiquée, combattants redoutables qui tinrent longtemps en échec les envahisseurs Incas, puis les hordes de colons Espagnols, vagues d'immigrants, melting-pot de populations accrochées aux contreforts des Andes...

Le groupe au complet, 7 français dans le "trip", sous le soleil aveuglant de "la grande salinas" à plus de 3000 m. Des milliers d'hectare couverts d'une couche blanche de sel.

Le groupe au complet, 7 français dans le "trip", sous le soleil aveuglant de "la grande salinas" à plus de 3000 m. Des milliers d'hectare couverts d'une couche blanche de sel.

Retour vers Salta

Le frisson de l'altitude. A près de 4200 m, presque la hauteur du Mont-Blanc, l'air est tonique, frais, presque diaphane. Pour résister au mal des montagnes qui n'est pas un mythe à ces hauteurs, l'indispensable "acculico", une boule de feuilles de coca achetée sur les étals fruits et primeurs du village indien, que nous faisons macérer pendant des heures coincée entre les lèvres et la mâchoire. Une recette efficace, personne ne sera malade.

Retour vers Salta

Sur près de 100 km, brinquebalés dans une camionnette grinçante, nous allons parcourir les pistes de terre de la "puna"Argentine, un "altiplano" situé entre 3500 et 4000 m d'altitude, avant d'arriver à San Antonio de las Cobras, une petite ville minière grillée par le soleil.

Pendant ces heures passés à traverser une terre désertique, des animaux surgissent du néant, des ânes à cocardes

La fierté Indienne... Dans le petit village de Humahuaca, au sommet d'un grand escalier, près de l'agora centrale et de l'église, la statue d'un chef indien victorieux qui pardonne à ses ennemis !

La fierté Indienne... Dans le petit village de Humahuaca, au sommet d'un grand escalier, près de l'agora centrale et de l'église, la statue d'un chef indien victorieux qui pardonne à ses ennemis !

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Vous avez dit des vacances !

Publié le par Bernard Oheix

26 000 km en avion pour une trentaine d'heures d'inconfort, pliés en 4 au fond de l'airbus, ingurgitant une série de films stupides et attendant un sommeil qui ne vient jamais...

150 heures de bus à parcourir 9500 km sur les routes de l'Uruguay, de l'Argentine et du Chili, dont 5 nuits complètes à regarder le noir... mais un coucher de soleil sublime sur la pampa noyée d'eau avant d'arriver à Salta, une lumière rose  semblant sourdre de la terre pour se fondre dans le ciel azur, et une descente vertigineuse après Cafayate, juste avant d'arriver à Tucuman, le cadre magique des sommets des Andes en fond de rétine... Et ajoutons que les "super camas" ont un certain confort et que le sommeil au bout de quelques heures de tangage vous vient presque naturellement !

Une poignée d'heures de trains, dans les banlieues de Buenos Aires ou sur les chemins d'Iguazu...enfin de ce qui reste des trains dans ce continent où ils ont été gommés du paysage !

Quelques heures de bateau vers Colonia ou dans la baie de Valparaiso...

4mn pour danser un tango !

Et une centaine d'heures à marcher, grimper, déambuler, s'arracher de la pesanteur terrestre, visiter des musées, découvrir des sites, escalader des chemins arrides, parcourir des lieux de rêve et se gorger de beauté !  

Le Caminito, un quartier "exotique" de Buenos Aires où se mélange touristes et "Portenos", un délicieux frisson !

Le Caminito, un quartier "exotique" de Buenos Aires où se mélange touristes et "Portenos", un délicieux frisson !

Des moments forts, il y en eu... beaucoup ! On peut citer les fabuleuses chutes d'Iguazu, plus d'une centaine de cataractes, sous un climat tropical, au milieu des animaux (singes, iguanes, tapirs), des nuages de papillons qui volètent... avec cette "Garganta del Diablo", un immense trou dans la nappe d'eau, où se déversent des masses vertigineuses d'une eau tumultueuse qui gronde et vous empoigne aux tréfonds de vos émotions les plus primitives.

Un site grandiose, des émotions qui vous emportent dans l'ailleurs, Iguazu à jamais !

Un site grandiose, des émotions qui vous emportent dans l'ailleurs, Iguazu à jamais !

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Dernier Tango à Buenos Aires.

Publié le par Bernard Oheix

Le taxi jaune et noir fonce dans la nuit de Buenos Aires. Il nous a accepté et nous nous y sommes entassés à 5. Le conducteur dégage une forte odeur de lotion après rasage et il a un beau visage brun en lame de couteau. Il n’est supporter, ni du Boca juniors, ni du River Plate mais joue au golf. Il monte le son d’une station de radio qui diffuse de la musique américaine et appuie sur l’accélérateur. Les grandes avenues défilent, bordées de tours lumineuses et d’enseignes gigantesques qui trouent la nuit. Dans la perspective de l’avenue, l’obélisque gigantesque de l’avenue de Mayo projette un faisceau lumineux dans le ciel où flotte un nuage gris. Sur un kakemono, s’étalent les lettres «El amor san nada», sans doute un message lancé aux «portenos» pour défier la morosité d’un temps de troubles et d’incertitudes. C’‘est peut-être la première fois que je ressens avec violence l’attirance de cette ville si étrange qu’elle ne se laisse point aborder avec facilité. Il faut sans doute mériter Buenos Aires et pour ce faire, abandonner ses certitudes !

Avouons que depuis notre retour de Bariloche et cette 5ème nuit dans un bus, dans l’impatience malgré tout de notre retour en France, la Capitale Fédérale a mis le paquet pour nous séduire !

Une chaleur intense, délicieuse, forte, ultime rafale avant de retrouver les frimas européens de l’hiver, nous y attendait. Mon amie Marie Laure, en stage longue durée de tango, nous avait trouvé des chambres au Grand Hôtel d’Espagne dans le centre, à deux pas de la Casa Rosada, prix négocié à 8€ par personne défiant toute concurrence.

Mon autre ami Argentin, l’artificier Gaston Gallo de la firme Jupiter, vainqueur de la Vestale d’Argent des Feux d’Artifices de Cannes, de Las Vegas où il se trouvait pour une convention, nous avait organisé une sortie mémorable à la «Bombonera» avec son fils Nico pour un match explosif entre le Boca Juniors et les Old Boys, titre possible en jeu !

Incroyable sensation de puissance, quand, pénétrant dans l’enceinte bondée, les chants de 50 000 personnes montent vers le ciel, ricochent dans l’arène, donne un volume sonore d’une beauté sauvage au stade qui sombre dans la nuit. Incroyable match, où le Boca, perdant 2-0, les supporters jusqu’à la fin, soutinrent malgré tout leur équipe, encourageant leurs joueurs sans faiblir par des chants mélodieux et puissants... Et au coup de sifflet final, pendant 5 minutes, tout le stade chantera à gorge déployée malgré la défaite. Comme si dans cette passion folle du football, au fond, les «socios» acceptaient l’échec et n’en voulaient pas à leurs joueurs. Comme si, devant la victoire plus que tout désirée, on en acceptait pas moins la défaite... Comme si on avait compris que le sport est un jeu de passions extrêmes, mais n’en reste pas moins qu’un jeu !

Le lendemain, départ pour le delta du Tigre. Imaginez une Venise champêtre, grande comme la moitié des Pays-Bas, des centaines de «rio» confluants pour dessiner une carte torturée où l’eau et la terre se confondent, s’entremêlent, où les frontières entre le liquide et le solide sont si ténues que parfois, on ne les discerne plus !

C’est cela le «Tigre», dans un bateau de bois au moteur ronflant, filant au niveau de l’eau chargée de terre ferrugineuse, entre les pieux des embarcadères, les jardins verts luxuriants et les maisons montées sur pilotis, de la plus luxueuse des résidences à la cabane de pêcheurs rudimentaire. C’est un univers totalement inversé, deux fleuves immenses, l’uruguay et le Parana s’unissant pour former le Rio de Plata en domptant la terre et imposer un monde aquatique, remettre l’humain dans son élément originel et adapter la vie à ce courant qui transcende la nature.

Et de retour dans la soirée, virée avec Marie-Laure et Mathias, son Argentin de coeur et partenaire de danse, dans le Buenos Aires «by night», pour une «Milonga» authentique, dans un quartier périphérique, une salle rococo au charme désuet. Mathias, beau et ténébreux danseur gominé pour l’occasion, tout de noir vêtu, pantalon à rayures fines et chemise à parement pâle, invitera chacune des filles du groupe pour une initiation au tango dans ses bras accueillants. Maître Mathias, professeur en Tango, au français délicieusement pointu, saura démontrer toute la force, l’énergie et la sensualité de cette danse. Il ouvrira aussi les esprits à une culture de l’Argentine contrastée, entre l’espoir et le désespoir, entre le rêve et le cauchemar d’un grand pays qui ne sait comment prendre le virage de la modernité et de l’affirmation de soi mais n’en demeure pas moins d’une énergie et d’une force à couper le souffle !

Et puis ce retour dans la nuit, le taxi qui fonce avec un Buenos Aires tout droit sorti d’un film de Won Kar Waï, avec ses brumes sirupeuses et ses arêtes tranchantes d’immeubles entre l’ancien et le moderne, ses grands carrefours ouverts et le clair obscur qui découpe l’espace.

Il reste une poignées d’heures encore et l’avion du retour nous ramènera dans ses flancs avec, dans nos bagages, l’étrange certitude d’avoir côtoyé un monde de beauté, de magie, un territoire à l’histoire d’une incroyable richesse, des lieux somptueux, les traces encore récentes de drames humains insoutenables, des dictatures contemporaines féroces de militaires aux mains sanglantes aux luttes interminables entre les indiens et les colons des siècles derniers, la face pas toujours connue d’une grande histoire de l’homme dans cette terre perdue des antipodes.

L’Argentine au coeur toujours et encore !

PS : Et pour terminer le séjour, un orage s’abat sur Buenos Aires, nous trempe sur le chemin du Billard 36, un club où nous allons manger, sur les conseils de Mathias, un excellent «bife de chorizo» en écoutant un orchestre et en regardant deux danseurs évoluer...sur des airs de Tango !

Un orage violent, comme pour nous rappeler que nous devons partir, retrouver nos marques. réintégrer notre territoire. Mais on gardera un peu de cette Argentine au fond de nous, comme un trésor !

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Via Bariloche...

Publié le par Bernard Oheix

Pour arriver à San Carlos de Bariloche, franchir la frontière Chilienne, (quelques heures seulement de bus au départ de Puerto Montt), traverser un parc national recouvert de cendres volcaniques donnant un air lunaire au paysage, observer les arbres noirs déchiquetés dressant leurs branches torturées vers le ciel, contourner une myriade de lacs, côtoyer les neiges sur les sommets alentours, parcourir le versant Est du parc verdoyant troué de masses jaunes de genêts en fleurs et plonger vers le lac Nafel Huapi où San Carlos de Bariloche vous attend adossée aux montagnes qui la cernent.

Rupture totale avec l’Argentine que nous parcourons depuis des semaines. Car Bariloche est la station à la mode des Argentins. Ils y viennent de mai à septembre pour y skier et le reste de la saison pour les activités nature, les randonnées pédestres et les circuits VTT.

Une des particularités de Bariloche est qu’elle est devenue l’endroit à la mode pour les étudiants qui ont réussi leur diplôme et viennent fêter en groupe leur promotion.

Disons-le, Bariloche sent l’argent, les rues sont propres, les magasins offrent un panel des «marques» internationales, les restaurants resplendissent et dégoulinent de lumières, et la beauté est la norme de chaque coin et recoin de la ville ! Il y a un air de parenté avec toutes nos stations alpines, la Suisse et l’Autriche... Il y a même un peu de Cannes dans cette ville de la Patagonie du Nord Ouest.

Les villas alentours, superbes constructions semi enterrées dans la végétation aux volumes modernes ou chalets érigés sur des pics avec de vastes baies vitrées offrant une vue imprenable, s’étirent tout au long des rives du lac Nafel Huapi qui abrite une des plus grandes réserves de l’Amérique du Sud.

Car Bariloche est le centre d’une région fascinante, préservée de toute atteinte de la modernité, le coeur d’un territoire immense dédié à la nature. A 1500 kms de Buenos Aires, isolée par une pampa sauvage où règne le désert humain et le vide de monts vallonnés, ouvert sur la Patagonie qui plonge vers la fin des Terres Australes, adossée à la frontière naturelle des Andes, la région, découverte tardivement, peuplée par des colons aventuriers, a très rapidement intégré la notion de préservation d’un site unique et d’un patrimoine de tout le pays.

Du téléphérique de Los Cumbre, le Cerro Otto qui grimpe au dessus de la ville, on peut découvrir un lac gigantesque à l’eau turquoise serpenter entre les montagnes, du Chili au levant, parsemé d’îles comme des joyaux émeraudes, aux rives boisées couvertes d’essences exotiques et tachées de l’or des genêts. Le vent apporte l’air frais des montagnes et chasse les nuages, dégageant l’espace pour que la vue se perde bien au dessus des hommes, dans le vide qui remplit la nature sauvage de tout l’or du monde.

Le lendemain, sur le «Modeste Victoria», un cabin-cruiser de 1937 aux cuivres rutilants, nous partirons à la découverte du parc, sur las Isla della Victoria, un circuit pédestre qui nous permet de longer la Playa de Toro (où je me suis baigné, dans l’immaculé des neiges qui se reflétaient en miroir d’une eau glacée !), de voir des peintures rupestres et de marcher à l’ombre de séquoias centenaires sous une canopée flamboyante. Une deuxième île accueillant le Parque Nacional Arrayanes abrite des arbres aux troncs orangés torturés, enchevêtrement de branches, de lianes et de feuilles qui nous coupent du monde et font remonter les temps passés, quand l’homme n’était encore qu’une hypothèse au sein d’un monde en train de se convulser !

Une heure de navigation en retour, accompagné par une nuée d’oiseaux plongeant dans l’eau à la recherche de leur nourriture, le drapeau argentin flottant dans le couchant...

C’est la nuit à Bariloche. Un restaurant où les peuples du monde se côtoient à manger une «goulash» en buvant un vin riche du Chili, une glace au chocolat (la grande spécialité de Bariloche importée par un chocolatier de Turin dans les années 30) et déjà le départ pour notre ultime étape, Buenos Aires comme des retrouvailles après 5 semaines à découvrir les trésors de l’Argentine et du Chili sans jamais ressentir l’usure de la passion.

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La mort du Cheval de Fer

Publié le par Bernard Oheix

Bariloche, la Ultima Station...Le petit restaurant d'une gare où nous mangeons en compagnie de Guillem, un brésilien fou qui sillonne l'Amèrique à vélo (voir son facebook : Roda Mundo). La dernière Station ! Et c'est bien vrai. La ligne Patagonique qui relie San Carlo de Bariloche à l'Océan Atlantique est la dernière en activité,...mais elle ne fonctionne que deux jours par semaine et malheureusement, les jours ne correspondent pas. Nous ne pourrons donc l'emprunter ! Hélas, le prix à payer est de 23 h de bus ! Mais que c'est-il donc passé avec les trains en Amérique du Sud pour en arriver là ?

Dans l’imagerie populaire, le rail est associé à la notion de progrès, il apporte la civilisation, les hommes se battent et luttent pour défricher les terres et poser ce chemin de fer qui relie les hommes et supprime les distances. Dans la conquête de l’Ouest, le chantier du rail est le symbole de l’avancée d’un monde de lois et d’une organisation sociale (même si on peut en discuter) ! C’est sur ces traverses que les juges, les commerces, les écoles peuvent s’ériger.

De 1850 à 1980 avec la naissance des Trains à Grande Vitesse, pendant plus d’un siècle, le train fut assimilé au progrès, au développement, à l’essor d’une société...mais c’était sans compter sur l’idéologie néolibérale !

En Argentine, c’est en 1948, sous le règne de Peron, que les chemins de fer sont nationalisés. Or, l’économie, coincée entre les période de dictature récurrentes et les intervalles démocratiques, la gabegie des uns et la surenchère des autres, une absence de cohérence et de vision à long terme, s’engagea dans les années 80 dans un cycle d’hyper-inflation et de crises violentes, perte de réserve et surendettement. Dans les années 90, Sous la présidence de Carlos Menem, la potion néolibérale fut appliquée avec son cocktail bien connu de dérégulations, privatisations et taille à la serpe dans les services publics.

Il faut dire, que l’entreprise Argentina Ferrocarils, ses 35 000 km de rail, ses 92 000 salariés, perdait plus d'1 milliard de $ US par an !

Sur le plan des transports, le résultat 20 ans après, est évident ! Le train a disparu et les innombrables bus qui sillonnent les routes argentines, croisent sans arrêts sur les bas-côtés des vestiges de rails abandonnés à la dégradation, à la rouille et à la désolation !

Et devant le désastre de cette privatisation, la route et le bus ont pris le relais. Noria de bus immenses, des immeubles roulants, se croisant sur les routes étroites, polluant, dégradant la nature, pour un profit immédiat...pendant que l’état continue de faire des routes, de les entretenir et de les agrandir !

Il y a dans cette disparition absolue des trains en Argentine, comme un symbole de cette société de la concurrence acharnée, du libéralisme à tout crin ! Les bus, leur inconfort, leur dangerosité, leur pollution, au service de quelques sociétés privées sont les grands vainqueurs de l’anarchie et du manque de cohérence de l’économie Argentine !

Et en attendant, nous passons des nuits entières à regarder le noir profond dans le ballotement des essieux et le grincement lancinant des roues qui mordent l’asphalte !

(Bon, là, j’exagère un peu, vu le confort des bus en «camas ejecutivo», inclinés en 160°... mais reconnaissons que sur le plan strict de l'écologie, y a mieux que cette horde de cars qui foncent dans le vide !)

Et ce qui s'est passé en Argentine, c'est dans quasiment tous les pays de l'Amérique du Sud que cela c'est produit ! Uruguay, Argentine, Paraguay, Chili, Brésil... où l'agonie du cheval de fer !

PS : un autre exemple de cette anarchie engendrée par la libéralisation des services publics sont les postes argentines. 2 officines se disputent le marché, (Correos, DHL). Chacune développant ses réseaux dans une certaine anarchie et une totale absence de lisibilité pour les touristes. Surtout, ne postez pas une lettre chez l’un avec les timbres de l’autre... celle-ci sera jetée dans un grand trou noir dont elle n’a aucune chance d’émerger !

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La porte Australe !

Publié le par Bernard Oheix

Puerto Montt est une petite ville nichée au creux d’une baie de l’Océan Pacifique avec un chapelet d’îles en diadème pour empêcher l’horizon de se perdre. Elle est située tout près du volcan de l’Osorno, sentinelle angoissante qui contrôle sa destinée, avec son cône rectiligne tiré aux cordeaux, immaculé dans l’azur du ciel, culminant à plus de 3000 mètres d’altitude. Des montagnes aux sommets enneigés l’enserrent en tenaille, langues de glace sur crêtes dentelées, impression pesante d’être enfermé dans un cirque gigantesque où tout est trop grand, trop définitif pour l’humain.

La ville s’étale à partir de la côte, petites rues s’enfonçant vers une arête crénelée de maisons de couleurs qui domine la cité. L’architecture mélange le moderne de quelques hôtels et centres commerciaux rutilants et le vieillot des murs de planches et de tôles des maisons basses où logent les habitants de la ville.

L’odeur marine sature l’atmosphère. Des bateaux de pêche sillonnent le plan d’eau dans le silence du soir qui tombe. Il fait froid et une bise glacée vient nous rappeler que nous sommes aux portes de la Patagonie, la dernière grande ville du Chili avant le désert des Terres Australes, cette immense région découpée comme un tissu de dentelles où la terre et l’eau se confondent, se mêlent et s’oublient !

Notre destination est Chiloé, la plus grande île d’Amérique du Sud après La Terre de Feu. Entassés à 14 dans le «combi» d’une agence locale, nous tanguons à tombeaux ouverts sur la ruta 5, la Pan Américaine qui traverse tout le Chili, secoués comme des pruniers pendant que Miguel, le conducteur, s’égosille en Espagnol dans un micro, agitant ses bras comme un moulin hystérique, tout cela en écrasant l’accélérateur comme si sa vie n’avait plus d’importance !

Après la traversée du chenal sur un «bac» à fond plat pouvant transporter des cars et des camions, ronde des transbordeurs comme un ballet parfaitement réglé au milieu des phoques qui plongent et des pélicans qui volent au raz des vagues, nous continuons vers Ancud, première cité où nous allons visiter un des trésors de cette île classée au patrimoine de l’Humanité pour ses nombreuses églises de bois.

Plus de 190 lieux de cultes, églises, chapelles, réparties sur la route principale de goudron et les chemins de terre qui en partent pour arriver nulle part. Succession de fjords, baies, anses, limites ténues entre l’eau et la terre, arbres verdoyants épousant les méandres de la côte et des collines.

Les maisons typiques de Chiloé sont construites intégralement en bois, murs de «tuiles» ouvragées, décorées de motifs, dans des couleurs allant du violet au rouge, du bleu au jaune, façades percées de fenêtres où flottent des rideaux blancs, avec des toits de tôles ondulées de couleurs sombres. Reposants sur des pilotis, elles s’avancent dans l’eau, Venise australe, et couvrent les rivages d’une étrange mosaïque. Des barques sillonnent les bras d’eau, les filets plein de poissons frais qui se débattent et se tordent. en lançant des éclairs de lumière.

Tout est paisible, calme, un miroir immense dans lequel se reflètent les sommets enneigés qui nous cernent. des centaines de kilomètres carrés préservés, un parc gigantesque où la nature s’est réfugiée et laissent glisser la modernité.

Après un déjeuner constitué de quelques huitres succulentes arrosées de citron et d’«empenadas» à base de queso ou de fruits de mer à Dilicuhé chez Dona Ines, une charmante petite vieille au sourire se perdant dans ses rides, direction la capitale Castro avec son église imposante située sur la crête de la ville qui se dresse tel un phare mariant des couleurs impossibles : jaune, violet, orange et vert, mosaïque arc en ciel pour monter au ciel plus rapidement !

Et le retour, sur la route 5, de nouveau ouverte à la furie conductrice de Miguel, notre conducteur. Le soir, sur Puerto Montt, sur une digue qui s’avance sur la mer étale, sous la lune qui fait miroiter le plan d’eau et resplendir les crêtes sombres qui ferment l’horizon, nous fêterons un anniversaire... et la vie est belle !

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