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Port-Folio Eté 2011...2ème étape !

Publié le par Bernard Oheix

Une nouvelle plongée à travers l'objectif de mon ami Eriiic Derveaux, photographe officiel de Bernard Oheix, pour figer quelques instantanés de cet été 2011. Des souvenirs comme une trace subtile, un parfum de déjà vu, une poignée de semaines si lourdes et pesantes passées à une vitesse sidérante... Déjà la fin des festivités, un Festival de l'Art Russe actuellement, quelques Concerts de Septembre à venir et il en sera terminé de cet été qui est mon dernier en activité. Alors, nostalgie quand tu nous tiens !

 

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Bernard O devant chez lui, éternel Boccassien, à l'aise sur son "rocher" et dans sa rue Francis Tonner, un noir et blanc nostalgique. Sur le plateau du Monopoly de Cannes, une rue qui serait en violet (voire en orange !). On vérifiera en temps voulu !  

 

 

photo-badou-blog.jpgBadou, la voix de Youssou. Un concert au Chateau des Artistes à la Bocca où il transmet cette chaleur de l'Afrique, ces rythmes chaloupés, un parfum d'ailleurs. Son talent est immense et il s'impose avec naturel et élégance. Le public sous le charme lui réserve un accueil triomphal.

 

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Un OVNI dans le Gala Les Etoiles des Saisons Russes du XXI ème Siècle. Parmi les solistes d'exception du Mariinski, du Ballet du Kremlin, du Bolchoï et du Stanislavsky, dans des oeuvres  immémoriales, élégances et prouesses des solistes dans des pas de deux sur le Lac des cygnes, du Casse-Noisette, de Giselle et du Corsaire... 

 

 

white-queen-2blog.jpgSoudain, dans un cône de lumières qui sculptent le corps étrange d'une silhouette improbable, une danseuse venue d'ailleurs, d'un film de science-fiction ou d'un cauchemar éveillé, dans une musique de bruits et de souffles, investit le vide noir de la scène. Elle bouge peu, elle attire les regards et donne de la chair à un rêve de mouvement pur. C'est de l'art futuriste à la portée d'un geste d'élégance, une grâce d'autant plus mystérieuse qu'elle capte l'attention en niant le présent.

 

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White Quen est le produit d'une jeune compagnie de danse de Moscou. Le blackSKYwhite Theatre Company sur une chorégraphie de Marchella Soltan. La musique est de The Protagona. Si à l'occasion vous en entendez parler, tenez-moi au courant...J'aimerais assister à une représentation entière. L'extrait est tellement fort, tellement surprenant, que l'on peut s'interroger sur leur capacité à  tenir un peu plus d'une heure sur ce tempo.

Et bravo à Andris Liepa d'avoir osé sélectionner cette compagnie dans un Gala sans surprises !

 

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Et toujours ces oreilles de lapin, les chaussures de Laurent Korcia, souvenir d'une scène foulée par le talent d'un violoniste merveilleux avec les pompes d'un autre (les miennes), superbe artiste, merveilleux être humain, plein de charme et de dérision, comme si la musique classique pouvait se décrisper et laisser tomber son frac afin de vivre enfin au tempo d'un monde moderne ! Promesse d'un avenir radieux !

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Le Fantôme du Suquet !

Publié le par Bernard Oheix

Situons bièvement le contexte...Un Festival de Musique Classique perché sur les hauteurs de Cannes, en fronton de l'Eglise, 700 places en écrin sous les étoiles. Un art de vivre à l'image d'une version champagne de la Côte d'Azur. Depuis 35 ans, un Directeur Artistique compose des programmes à l'image d'une musique classique...toujours un peu plus poussièreuse au fil des années, reflet d'un âge d'or révolu des années 70/80, pour un public vieillissant inexorablement et dont chaque année, quelques sièges vides, rappellent que le temps poursuit son oeuvre en utilisant "métronomiquement" sa faux aiguisée à couper les têtes grisonnantes !  Depuis 22 éditions je produis le Festival avec l'équipe de l'Evènementiel ! 

Solistes, ensembles, cérémonial et frac du pauvre, échange de bons procédés entre organisateurs de Festivals, et par-dessus tout, salaire hérité d'une époque glorieuse... Terrain miné pour une musique classique en train d'étouffer sous le conformisme des rides. Souvenons-nous de la charge de Duchable, jetant son frac aux orties et balançant, d'hélicoptère, un piano dans un lac de la Vallée des Merveilles ! La révolte pouvait gronder !

Le temps du changement était venu et quand ma direction m'a demandé de reprendre le Festival (sans augmentation de salaire !) et de le moderniser, j'ai accepté pour deux éditions, par le challenge alléché, d'une dernière pierre à bâtir sur les remparts de ma Ville avant mon départ à la retraite ! On était à l'automne et les fleurs de la calomnie allaient s'épanouir sur les pavés de mon chemin de croix !

Que dire de la tempête dans un verre d'eau qui embrasa les médias locaux cet automne. Que d'articles en expressions libres dans Nice-Matin, un quarteron d'aficionados de l'ancien directeur artistique se leva pour jeter l'anathème à mon encontre ! Que les journalistes par l'odeur alléchée, entretinrent (à juste titre) une pression en convoquant le banni au rang du témoignage, que d'autres lancèrent aux cieux que la perte était irréparrable et que le "people", la "mode" et l'incompétence venaient de triompher de la sagesse et de la connaissance ! J'ai donc dû répondre et je vous livre mon "droit de réponse" paru dans Nice-Matin. Vous avez ici sa version originale, sa longueur ne pouvant lui permettre d'être publié en l'état, le journaliste effectua des coupes (intelligentes) afin de le formater.

   

 

BO/MAP

Objet : Réponse à Nice-Matin

Nuits Musicales du Suquet

 

 

Monsieur,

 

Pour faire suite à votre article paru dans Nice-Matin du samedi 9 Avril et à la rubrique C’est vous qui l’écrivez ! du mardi 12 Avril 2011, je vous prie de bien vouloir trouver, ci-dessous, ma réponse à Nice-Matin.

 

Vous avez tous, je l’imagine, reconnu « l’incompétent chargé des destinées du Suquet ». Je me décide donc à apporter ma pierre aux remparts du Suquet, un éclairage sur les raisons qui m’ont conduit à accepter les responsabilités de la programmation artistique sur les éditions 2011 et 2012, et sur l’analyse que je porte de la situation actuelle et du rôle d’une direction artistique.

 

Je tiens tout d’abord à rassurer votre lectrice : Gabriel Tacchino est très bien traité et les Nuits Musicales du Suquet resteront à dominante classique, fidèles à leur identité. Elles sont adaptées et dynamisées tout simplement. Car il en va des manifestations culturelles comme des êtres qui les dirigent…elles évoluent, se contractent, se libèrent, trouvent des axes nouveaux, vieillissent parfois, rebondissent souvent, sont ouvertes sur le futur mais dépendent de leur propre histoire.

Mais le temps nous rattrape toujours ! Et il y a bien longtemps désormais que la presse et la critique nationale ne s’intéressent plus à notre Festival. Son aura médiatique s’est bien terni, hélas ! De même, l’affluence générale suit une courbe descendante depuis quelques années à la mesure d’un non-renouvellement du public. Où sont les nouveaux spectateurs du classique ?

L’usure du Festival est bien là, elle se perçoit clairement pour ceux qui l’organisent et président à sa destinée.

C’est Gabriel Tacchino, l'enfant du pays, qui avait eu l’intuition de ce lieu, la vision de ce Festival. Avec Georges Dufour, l’adjoint au maire de l’époque qui joua un rôle déterminant, ils surent imposer la musique reine dans cette agora d’honneur.

 

Loin d’être seulement une charge, ce fut aussi un privilège pour Gabriel que de conduire pendant tant d’années une telle manifestation : salaires, cachets, échanges d’artistes, considération générale, réputation, autant de facteurs qui influèrent positivement sur sa carrière, juste considération en retour de son action !

Nous en avons vécu de belles heures, tous ensemble, avec des êtres de légende. Quelques noms tirés de ce livre d’or ne peuvent cacher la richesse de ces plus de 200 concerts, myriades de groupes et de solistes, chaînes de la passion : Le Mozarteum de Salzburg, Les Virtuoses de Moscou, Le Royal de Wallonie, I Musici di Montréal, L’Orchestre de Chambre d’Israël, I Solisti Veneti… accompagnés des Rostropovitch, Oistrakh, Pires, Rudy, Stern, Fazil Say, Repin, Sokolov…

 

35 années se sont écoulées entre les premiers essais d’un jeune programmateur et la machine à remonter un XXIème siècle de fureur. Il était alors venu le temps de prendre un peu de recul pour lui, de laisser à d’autres le soin d’entamer une nouvelle étape, celle d’une adaptation aux nouvelles tendances, aux contingences modernes.

 

Le public, qu’il soit dit élitiste ou populaire, les jeunes, les adultes de la génération actuelle ont des goûts, des habitudes culturelles qui ont évolué avec le temps présent. Ils ne se reconnaissent pas toujours dans un concept purement classique. C’est ainsi que la ligne directrice de la programmation des Nuits du Suquet se doit d’évoluer, afin d’être plus en phase avec ceux, nombreux, qui aiment le classique tout en étant dans la modernité.

 

L’édition 2011 fonde les bases d’un nouveau développement des Nuits du Suquet. Toujours classiques, et ouvertes sur d’autres genres. Toujours classieuses, et en phase avec la culture d’aujourd’hui.

 

Enfin, c’est à moi, Bernard Oheix, Directeur de l’Evènementiel depuis 1992, que les responsables du Palais des Festivals et des Congrès de Cannes ont confié la responsabilité d’accompagner cette mutation en douceur.

Jusqu’à preuve du contraire, les saisons « Sortir à Cannes », les  plus de 1000 artistes et groupes, pièces de théâtre et ballets, cirques et opéras, concerts gratuits et grandes stars programmés par la Direction de l’Evènementiel du Palais des Festivals et des Congrès ces dernières années ont écrit quelques belles pages de la vie culturelle cannoise.

Et cela continuera avec les Nuits du Suquet 2011…

Et même après mon retrait de la vie professionnelle, d’autres apporteront leur talent, leur finesse, leur passion pour que la culture vive à Cannes, au Suquet comme ailleurs ! Car s’il est une chose que ma vie professionnelle m’a bien appris au cours de ces longues années, c’est que même si les individus peuvent s’épuiser et disparaître, la réalité, elle, subsiste et perdure, possède une vie qui dépasse largement les intérêts de ceux qui sont en situation de responsabilités et vivent sur  les privilèges du passé.

 

Vous en souhaitant bonne réception,

 

Je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

 

Bernard OHEIX

Directeur de l’Evénementiel

 

 

Les Nuits Musicales du Suquet ont eu lieu. J'ai entrevu le fantôme de l'ancien directeur errer entre les pierres séculaires. J'ai eu du mal pour lui, comme si cette histoire commencée il y a 22 ans, ne pouvait s'achever que dans le goût amer de la déchirure.

Brigitte Engerer et l'Orchestre de Cannes furent égaux à eux-mêmes. Laurent Korcia apporta son souffle d'air frais. Monsieur Jean-Louis Trintignant dans des poèmes de Vian, Desnos et Prévert en musique fit basculer le public dans l'émotion d'une vie déchirée, une voix inimitable pour un vieil homme encore debout comme un seigneur des temps modernes. Nemanja Radulovic fut éblouissant, le meilleur du classique en boots, crinière au vent, percing et élégance ravageuse. Grand Corps Malade scella la réconciliation des deux publics, le classique et le moderne malgré un repli dû à la pluie. Les Pianotokés importèrent des rasades de rires (l'humour en classique, cela existe !). Reste Dame Felicity Lott et Isabelle Moretti qui, malgré leur talent et leur gentillesse, oeuvrèrent dans un récital conformiste dénué de souffle (ce qui est regrettable pour une chanteuse !). Alors le Suquet ne s'est pas écroulé, le vent et le froid n'atteignirent que les gorges des plus fragiles et 2012 nous dira si le pari peut réussir d'allier le classique et la modernité pour enterrer toute guerre des anciens !

 

 

En prime et comme exemple, un mail et ma réponse (je réponds systématiquement !) comme un rappel de la crise passée.

 

Monsieur,

Les programmes des Nuits du Suquet ne sont plus ce qu'ils étaient depuis plusieurs années!

Programmes musicaux d'une rare qualité, ambiance festive et amicale!

Les Nuits ont perdu leur âme

C'est bien regrettable!

Avec mes salutations

Roger M....

 

Que les Nuits aient perdu leur âme est votre opinion...et je la respecte.

Mais est-ce à dire que vous n'avez pas aimé les concerts de Laurent Korcia et Nemanja Radulovic... Ou Brigitte Engerer avec l'Orchestre de Bender, ou le récital de Felicity Lott...ou l'humour des Pianotokés...Et même l'extraordinaire présence de Jean-Louis Trintignant par cette voix portant des poèmes magiques sur un accompagnement musical divin...

Bon, je vous accorde que question ambiance, le vent, la fraîcheur et même la pluie sur le dernier jour (mais cela n'a pas dû vous gêner... ce qui est regrettable car le concert de Grand Corps Malade a fait l'unanimité de tous les publics présents !) n'étaient pas pour améliorer cette édition. On peut rajouter les termites du Suquet, les fantômes du passé et espérer finalement que le temps saura vous convaincre que les Festivals ont une vie et doivent évoluer pour s'adapter et maintenir leur lustre !

Cordialement.

 

 

 

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Les pompes de Korcia

Publié le par Bernard Oheix

 

Laurent Korcia est un des violonistes les plus talentueux de sa génération. Jeune, beau, vivant, il décape l’image du soliste classique brillant enfermé dans son monde aseptisé. Il est un peu people, beaucoup et passionnément tourné vers les autres, avec des attitudes de rocker, fort de ce toucher d’un Stradivarius dont son génie a hérité !

Je le connais depuis longtemps, le suivant au fil des programmations des Nuits Musicales du Suquet et à chaque fois, un grain de sable me prouvait à l’évidence que derrière la star inaccessible, un homme fondamentalement humain était tapi en catimini.

 

Le vendredi 20 juillet 2007, Laurent termine son concert triomphalement après avoir interprété avec Dana Ciocarlie au piano,  la sonate n°1 de Robert Schumann, du Dvorak (danse slave) et Bartok (danses roumaines), ses fonds de commerce, Ravel et Debussy et une pincée de Liszt (les cloches de Genève). Après un dîner avec l’organisation, il avait changé ses plans pour aller dormir avec sa famille à Nice. Quittant le restaurant après avoir signé la facture, je le vis sur le parking de la mairie, sa famille autour de lui, en train de contempler, désemparé, une énorme berline allemande manifestement en panne d’inspiration ! A l’heure du tout électronique, foin de manivelle pour démarrer le monstre noir rutilant restant résolument sourd à toute sollicitation d’une clef magnétique.

N’écoutant que mon altruisme, bien que doté d’une capacité d’affronter les problèmes mécaniques proche du zéro, je m’incruste devant un Korcia étrangement serein dans cette situation kafkaïenne. Je fais revenir le voiturier et le charge de raccompagner la famille à Nice (il est 2 heures du matin quand même….tête du voiturier !), le charge dans mon modeste véhicule pour le ramener à l’hôtel Cavendish, et satisfaction du devoir accompli réintégre mes pénates à 3h du matin !

Le mercredi 22 septembre 2010, au Palais des Festivals, moment de grâce avec mon pote Nilda Fernandez accompagné de l’Orchestre Régional de Cannes, Provence Alpes Côte d’Azur. (cf article dans mon blog de septembre-octobre 2010). Un des invités présents s’appelle Laurent Korcia. Il va interpréter la Méditation de Thaïs de Massenet et faire courir des frissons dans le public. C’était si beau, si parfait et si superbement décalé, morceau de classique pur dans un concert de voix divines. Puis il accompagnera Nilda dans « Mes yeux dans ton regard » et autres tubes que son « Stradivarius » tout émoustillé permet de faire briller de mille notes étincelantes.

C’est au restaurant que je le retrouve pour un dîner où l’émotion pure venue des tréfonds de l’amitié baigne les convives de cette soirée autour de Nilda.

Laurent est heureux, un peu désorienté….Il me confie son plaisir d’échanger avec ce monde de « rockers » aux codes si différents de son univers « classique » et me lance qu’il a un programme « cinéma » qu’il rêve de jouer à Cannes, dans la capitale mondiale de l’image !

A l’époque, la décision venait d’être prise de me confier la direction artistique des Nuits Musicales du Suquet ! C’était confidentiel, et je me revois encore avancer en louvoyant pour instiller l’idée que ce programme « atypique » pourrait trouver sa place dans l’édition des Nuits Musicales du Suquet en 2011…Finalement, je lui lâche que c’est moi qui reprend les rênes de l’artistique et il me donne rendez-vous à Marseille en octobre pour assister à la première du spectacle.

Petite église perchée au-dessus du Prado, ambiance 3ème âge bénévoles, avec cartons nominatifs sur chaises en paille inconfortables et serrements de mains sur visages compassés. Les quatre saisons de Vivaldi en première partie et ces perles de cinéma réorchestrées, Chaplin, Morricone, In the Mood for Love, sans oublier ses propres créations pour le 7ème Art et des auteurs classiques mis à contribution de films, Bartok, Gardel…

C’est ainsi qu’en ce samedi 23 juillet, dans une ambiance particulièrement tendue entre l’ancien directeur artistique et le nouveau se croisant comme des fantômes à l’opéra, Laurent Korcia débarque avec ses quatre belles solistes et un accordéoniste gigantesque par la taille et le talent, Vincent Peirani. Il m’embrasse et me salue avec chaleur.

Comme d’habitude, il a du retard, il a la tête ailleurs, il est dans le vent, au propre et au figuré, et s’aperçoit avec horreur qu’il a oublié ses chaussures noires de concert dans un hôtel, la veille, à Montélimar où il jouait ce même programme.

Au dernier moment, incapable de supporter plus longtemps ses « baskets » bleues tranchant avec abomination sur son élégant costume noir, je lui propose un échange de pompes en toute clandestinité. Mon 42 de pointure lui sied à ravir, il n’en est pas de même de son 41,5 qui me comprime les panards et qui, outre la faute de goût évidente d’une couleur azur sur mon costume sombre, m’empêcheront d’apprécier pleinement son merveilleux concert ! Mais qu’importe, mes escarpins à moi ont trôné sur la scène pendant tout le concert, ils ont dégusté chaque minute de grâce aux pieds de celui que ses mains d’or ont consacré une fois de plus du côté des scènes cannoises !

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Et dès la fin du spectacle, je me suis précipité vers lui pour récupérer mon bien avec le soulagement évident d’orteils enfin libérés s’épanouissant dans un confort retrouvé !

Et le public l’acclamera sans savoir que j’avais quasiment sauvé le concert, que mes simples souliers de cuir avaient œuvré à l’accomplissement d’une soirée d’exception !

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Le repas d’après feu sera à l’image du personnage et de sa joyeuse bande talentueuse et sympathique groupée autour de leur leader charismatique. Un esprit nouveau vogue sur les flots de la musique classique, des jeunes moins corsetés, des artistes dans la vie réelle, des œuvres dépoussiérées et ce « Stradivarius » dont les plaintes magiques rappellent à qui l’aurait oublié, que ce n’est pas la pompe qui fait l’habit, que ce n’est pas l’habit qui fait l’image, et que le talent seul peut émouvoir dans l’ombre du génie !

PS : En récupérant mes grolles, j’ai rêvé de récupérer aussi une partie de son talent. Je me suis installé au matin devant le piano de ma fille en espérant que mes doigts courent sur le clavier pour une symphonie de notes. Que nenni ! J’ai bien retrouvé mes brodequins mais n’ai point hérité d’une parcelle de son art ! Elles n’étaient même pas géniales ces chaussures !

PPS : Faudra penser à écrire une nouvelle sur ce thème ! Vous savez, l’histoire d’un mec qui prête ses chaussures à un artiste et qui, en les récupérant, hérite du talent de celui-ci !

Bon, la suite, je ne la connais pas… encore !

 

 

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Port-Folio été 2011 (1)

Publié le par Bernard Oheix

Quelques images en rafales... une façon de revivre, de graver le passé et de sentir les ailes du temps nous effleurer. A tout "saigneur", tout honneur, une photo volée par Anne Ecrohart, une amie fidèle des saisons et spectacles de Cannes, lors de la présentation de ma dernière saison officielle. Cela n'a pas l'air de me désoler. Surprenant ! J'ai souvent l'impression, sur les photos, de ne pas être vraiment moi, d'entrevoir mon reflet déformé en sorte. Ici, je me trouve en phase, juste à ma place, avec l'air d'être exactement comme je me perçois, en dedans comme en dehors ! je ne me trouve pas beau, je n'ai jamais pensé cela, je me trouve étrangement moi ! Cravatte négligement nouée, rire, yeux fermés, cheveux grisâtres, fond de verdure... je revendique et assume !

S'il y avait une image à retenir de Bernard Oheix, celle-ci me conviendrait assez ! 

 

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Quand la musique classique  se met à la portée de tout le monde, elle ne s'abâtardit pas, bien au contraire, elle grandit le spectateur et annoblit ses acteurs. Etienne n'a pas de frac, un peu de fric mais il a la classe dans la tête, la folie dans l'art, les rêves au bout des doigts ! Etienne Perruchon, rencontré il y a quelques années dans un jury de Feux d'Artifice à  Chantilly qui est devenu, pour moi, un être rare transmetteur de souffle et de passion !

 

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Souvenir de la fin de saison avec le superbe Dogora de mon ami Etienne Perruchon, étrange ludion bourré d'énergie, compositeur et pianiste hors norme, inventeur du Dogorien, langage imaginaire que des centaines de choristes reprennent en choeur ! Le groupe du Corou de Berra et des solistes fantastiques, structurent les choeurs d'enfants et d'adultes. Le public qui remplit le Grand Auditorium lui offre un triomphe à la romaine et deux bis. Un belle aventure entre l'opéra moderne et les musiques du monde, entre l'image et le son. Etienne Perruchon est un génie, qu'on se le dise !

 

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Cannes posséde le plus grand Festival Pyrotechnique au monde. Une baie magique, un écran de 600 sur 300 mètres pour 30 minutes de création pure. Une ode à l'art de l'artifice réservée aux plus talentueux des concepteurs de la planète feux qui rêvent tous de "tirer" à Cannes et de vaincre la Vestale d'Argent... et tous les 4 ans, la Vestale d'Or qui réunit les primés des 3 précédentes compétitions.

Pour ce Festival, formidable machine économique de l'Eté cannois, il fallait un jury flamboyant pour ma dernière campagne. Mon ami Richard Gotainer est un président attentionné et particulièrement féru en feux soutenu par sa compagne Catherine Lazard, une avocate parisienne qui découvre cet univers d'étoiles et le confort suave d'un Carlton sur son pied de fête. Autour de lui, Paola Cantaluppo la directrice du Centre de Danse Rosella Higthower, Birgit Coquelin qui rêvait en secret de faire partie du jury depuis des années sans oser me le demander. Guy Sambrana, Directeur des relations de Nice-Matin, un grand enfant émerveillé du cadeau surprise de sa présence dans le jury, Gilbert Chamonal, ex-Directeur Administratif de L'AS Cannes Football et Volley-ball et Christian Serano, Agent d'artistes dont le carnet d'adresses court de Loana au Crazy Horse. Ce sont tous des amis, une façon de dire adieu à ce monde si particulier qui lorgne vers les étoiles en imaginant des univers éphémères au bruit pacifique des canonnades.

A noter la présence de Sophie Dupont qui me succèdera et de David Lisnard, le Président

du Palais des Festivals et des Congrès,un vrai supporter des feux.  

 

feu igualblog

 

Eriiic, encore, des photos comme tu les aimes, comme tu les sens. Bon le blog n'est pas le meilleur vecteur pour les exposer, mais tu as un oeil magique. Tu montres que si la photo s'est démocratisée et que tout le monde peut appuyer sur un bouton pour reproduire la réalité, faire une vraie image est un art. Tu es un artiste, Eric Derveaux et tu es mon ami !

 

 

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Festival de la Salsa. Femmes superbes évoluant sur des hauts talons, jupes fendues, maquillage et sensualité. Rythmes cubains. Tous les ingrédients d'une fête des sens que mon incapacité d'évoluer au milieu de ces tigresses me rend intolérable. C'est décidé, je vais prendre des cours avec Steve Bakoula et l'an prochain, je danserai avec les louves !

 

 

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La Turquie et la Mort.

Publié le par Bernard Oheix

 

Retour de Turquie. La tête ivre d’images si belles, d’un peuple de civilité, d’une propreté à faire noircir les trottoirs de nos rues. Comment donc une telle image, tant de décalage entre leur histoire somptueuse et notre calque à faire des envies, comme si ce modèle occidental que nous portons ne pouvait qu’écraser leurs millénaires dorés. Entre l’Asie et l’Europe, à cheval sur le Bosphore, avec toutes les interrogations d’une religion qui a tant de peine à demeurer dans la sphère privée, j’ai rencontré des Turcs avenants, polis, se levant pour offrir leur place dans des tramways bondés, des commerçants aux sourires charmeurs, capables de cesser d’importuner quand le malaise monte, souriant devant le client potentiel sans l’agressivité de certains marchés plus tendus d’Orient.

Miracle des rencontres, une amie turque de ma tante nous invite à résider dans leur appartement de Bagcilar, un quartier excentré d’Istanbul à 45 minutes du centre historique, vie partagée avec une population de labeur, des voiles se confondant aux silhouettes de jeunes filles libres, comme si un équilibre fragile était encore possible entre une religion prosélyte et la modernité d’un peuple branché sur l’avenir. L’histoire nous dira si ce n’était encore qu’une illusion de plus, à l’heure vécue d’élections qui conforte le parti islamiste d’Erdogan sans lui octroyer malgré tout les pleins pouvoirs d’une majorité absolue. Attendre et espérer que religion et démocratie puissent enfin se conjuguer harmonieusement.

Le quartier est un gigantesque marché à ciel ouvert…Il nous  faudra plusieurs jours pour nous y reconnaître, plusieurs voyages à errer dans cette mégalopole de 13 millions d’habitants, sans savoir où nous nous trouvons, avec des prononciations impossibles à expurger, des rues qui se ressemblent et grimpent à l’assaut des collines sous un soleil de plomb. La vraie vie turque, avec Iskanders, concombres et salades et autres Kebabs croustillants, grignotés sur des tables basses à même la rue, dans la nuit transfigurée !

Que dire des musées, des monuments, du grand Bazar, des citernes…Rajoutez un de mes anciens étudiants de l’Université de Nice comme guide attentif. Tolga Oghuzan en découvreur de la rive asiatique qui nous offrira un coucher de soleil sur la Mer Noire à désirer rejoindre les cieux pour s’embraser…Qui nous fera déguster des poissons grillés les pieds dans l’eau !

Je ne sais pas si la Turquie doit rentrer dans L’Europe politique…voilà un débat bien complexe à appréhender, mais c’est sans aucun doute un pays qui peut donner des leçons à bien des démocraties occidentales et où le sort d’une certaine idée des relations humaines se joue. Que ce bastion de cultures sombre dans la barbarie et l’intégrisme serait un signal terrible pour ceux qui pensent que c’est en s’ouvrant que le monde se développera et s’harmonisera ! Cela donnerait raison à tant de gens frileux qui, dans chaque camp, fourbissent les armes de la division et de l’exclusion en rêvant d’un sang impur.

 

Ce sang a coulé à mon retour. La mort en instantané. 60 années dont 40 à travailler dur dans une fileterie, à tresser des câbles pour les chantiers d’une modernité qui dévore les matières et leurs servants, dans des conditions de vie naturellement pénibles et ignobles pour mon ami Hocine T.

Deux ans pour construire la maison de ses rêves comme une retraite bien méritée. Une femme, 4 enfants. Un marocain sans Maroc, un Maghrébin d’Europe, à ne plus savoir exactement d’où l’on vient mais à espérer savoir où l’on va ! 30 ans à se connaître, s’aimer, nos familles réunies par les enfants qui grandissent ensemble et jouent sans distinction de races, couleurs et cultures.

Et le moment fatidique où l’on installe son portail d’entrée, comme pour signifier au monde entier que l’on s’est libéré de toute contingence, que l’on peut goûter la sérénité d’un azur sans nuages.

Curieuse douleur que ces pointes de feu qui le transpercent et qu’il tait par pudeur, par refus de dire le mal, parce que les mots ne peuvent exprimer la souffrance et qu’il est préférable de taire l’indicible en une tentative désespérée de nier son futur.

En février dernier, le déchirement de ne plus pouvoir contenir ces miasmes et la réalité d’un cancer qui ronge. Je devais aller le voir en pèlerinage, parce que l’on connaît la destination finale et qu’il est bon d’emporter une dernière image du passé. La semaine d’après. Trop tard pour moi. Si tôt pour lui.

Emporté par la vague. C’est son corps que j’ai salué à mon retour de Turquie. Une enveloppe vide dont on ne percevait qu’un visage drapé de blanc sur lequel un étrange sourire semblait nous narguer.

Dans la mort d’un être aimé, il y a deux sentiments opposés qui se télescopent. Le premier est l’affection d’une absence irréversible, sentiment de trahison d’un départ inopiné. Il y a aussi en revers, comme un soulagement d’avoir échappé à ce mal insidieux qui nous guette et n’attend qu’un faux pas pour faire son œuvre de destruction. C’était lui, hier, demain se sera moi, mais j’ai gagné, bien malgré moi, quelques heures, quelques années de répit, et je veux les vivre, pour lui !

Comment ne pas accepter la mort de l’autre quand sa propre fin est si voisine qu’un rien peut nous faire basculer dans ses bras tentaculaires. Je vais donc survivre… toujours, mais jusqu’à quand ?

La cérémonie musulmane se déroulera dans le carré de ce cimetière lyonnais, tout de blanc vêtus, comme un moment de grâce, entre tristesse et une forme, sinon de gaieté, du moins de sérénité assurément parsemée de rires nerveux et de sourires complices.

Nous mangerons, partageant le pain et les souvenirs, nous rirons en évoquant des anecdotes mêlées, nous jouerons au poker, persuadés qu’il n’aurait vraiment pas aimé me voir miser de l’argent contre ses fils (j’ai gagné !). Nous l’avons fait revivre quelques minutes en sachant cette relativité d’une vie en creux. Et en rentrant de Lyon, dans ces heures d’autoroute qui nous ramenaient vers sa Méditerranée, un vide s’est rempli… une absence définitive n’est plus une béance, juste un lambeau d’espoir qui s’évanouit avant que la mort ne vienne sonner en mon propre jardin !

 

 

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Editos à gogo

Publié le par Bernard Oheix

Je pourrai vous parler de la Turquie, il faudra d'ailleurs que je vous en dise quelques mots. Féerique, sublime, étrange...Et j'en passe ! 8 jours à Istambul et un peuple d'une extrême civilité, poli, bien éduqué, propre. Si loin de certaines images qui collent à la peau ! Laissez-moi un peu de temps afin de vous convaincre de la noblesse de cette capitale à cheval entre l'Europe et l'Asie et de la bouleversante beauté d'un coucher de soleil sur la mer Noire.

En attendant, quelques textes sur la saison prochaine du Palais des Festivals, ma dernière ! 2011/2012 ou la l'ultime page d'un roman autobiographique entamé il y a plus de 40 ans !

A vous de déguster, cela vous donnera peut-être, le désir de venir participer à quelques agapes de cette grande ultime fête d'une culture Oheixienne...

Bonne lecture 

 

 

Edito saison 11/12

 

Une année champagne, un parfum de sensualité véritablement « crazy » pour les fêtes de fin d’année, la grâce d’un pas de deux entre les danseurs et le public de Cannes dans un Festival marqué du sceau de Frédéric Flamand, le nouveau Directeur Artistique qui ouvre l’horizon de cette semaine de novembre  vers les rivages du Japon, de l’Australie et du Canada, l’oreille théâtrale attentive aux répliques si belles qui percent les murailles de l’indifférence dans des textes qui oscillent entre la comédie et la profondeur du sens, les sons mystérieux d’instruments se combinant à des voix pour faire résonner le monde qui nous entoure, de cette « tarentelle » italienne à rendre fou aux voix étranges « diphoniques » de la République de Touva, des textes déchirants de Hubert-Félix Thiéphaine au timbre cristallin d’un Julien Clerc accompagné de l’Orchestre dirigé par Philippe Bender, des gestes d’élégance avec le Cirque de Chine dans une nouvelle version du Casse-Noisette, de la poésie onirique avec Philippe Genty dans son univers qui parle à tous les ages, les mélopées d’El Canto General, l’œuvre mythique de Mikis Théodorakis dans un opéra moderne envoutant qui fera resurgir la poésie de Pablo Neruda…

Et des images, des musiques et de la tendresse, et du rire et des jeux, et tout ce qui compose une ode à la joie de vivre, à la rencontre, pied de nez aux certitudes, magie des interrogations, fascination des frontières ouvertes vers le diamant des émotions brutes…

C’est cela la saison « Sortir à Cannes » 2011/2012, juste une parenthèse entre la réalité et son ombre, entre le futile et l’indispensable !

 

Riccardo Caramella 

ouverture de la Saison 2011/2012. (samedi 15 octobre)

 

Il faut parfois « Tirer sur le pianiste », et ce n’est pas François Truffaut qui nous contredirait !

Le pianiste international, Riccardo Caramella a annoncé officiellement la fin de sa carrière à Cannes en 2007…C’était de l’humour, il fait nul doute ! Car depuis, il continue, en dehors des chemins pavés de bonnes intentions, à promener ce talent qu’il possède au bout de ses doigts avec un humour ravageur qu’il destine à ceux qui le suivent dans ses pérégrinations. « Pêcher de vieillesse », annonce-t-il avec son regard narquois revenu de toutes les scènes qui l’ont vu composer une ode à la musique classique…désormais il se tourne vers cette musique qu’il ne put jamais interpréter, dans son frac engoncé ! Riccardo est un ami et quand nous discutions de ses projets autour des causes humanitaires et de son désir de créer des évènements atypiques, l’évidence s’imposait à moi : il fallait bien qu’il enfourche mon dada du cinéma pour conclure en beauté un siècle de 7ème art  dans la capitale mondiale de l’image !

Fidèle à lui même, il va remonter à l’origine du cinématographe, quand les partitions étaient composées spécialement pour les films. Réinterprétant, commentant, assumant ses petites histoires de la grande, traversant des œuvres et des auteurs jusqu’à faire conjuguer ses partitions qui ont perdu leur identité pour devenir le commentaire illustré d’images célèbres.

C’est tout le pari insensé de ce pianiste que d’ouvrir des brèches dans sa passion du cinéma pour la faire partager. Enseignant à l’université de Turin la musique des films publicitaires, italien nourri de couples célèbres, Fellini et Rota, Leone et Morricone, la musique parle à son cœur et l’image n’est jamais bien loin… C’est ce qu’il nous fera découvrir dans une soirée un peu folle, un peu déjantée, loin de tous les conformismes et avec sa faconde d’italien à l’accent précieux. Une soirée à ne pas manquer car les muses du cinéma se sont déjà données rendez-vous à la Licorne en ce 15 octobre.

 

 

 

Voix passions

Clôture de la Saison 2011/2012. vendredi 27 avril.

 

Une plongée dans l’univers des voix et des chœurs, avec A Filetta, le Corou des Berra, Nilda Fernandez, Talike, Cedric O’heix et des invités surprises…

 

« Depuis des années, je ne peux imaginer une saison sans que des chœurs soient présents, sans que des voix fassent résonner la scène. Dans ce concert final de la saison 2011/2012, j’ai décidé de convoquer aux bans de l’amitié, quelques uns de ceux qui m’ont offert au fil du temps, des pages de beauté. Tous ceux qui seront présents ce soir, sont à classer dans une belle rubrique de l’échange et du partage. Chacun aura 30 mn et pour corser l’affaire, devra inviter d’autres groupes ou chanteurs.

C’est ainsi que vont se croiser les corses d’A Filetta et les régionaux du Corou de Berra donnant un tempo polyphonique à la soirée, Talike la malgache de Tiharea apportera la puissance de sa voix et des percussions africaines, Nilda Fernandez avec sa guitare et sa voix si particulière feront monter les aigus, Cédric O’heix, mon neveu crooner avec ses chansons de mer et de voyages nous embarquera au fil de l’eau, et d’autres encore.

C’est bien d’une soirée étrange qu’il s’agit, illuminée d’éclairs et de passion, un spectacle unique dont vous pourrez dire « -j’y étais, je l’ai vu » quand les années s’écoulant, vous regarderez votre passé comme je contemple le mien. »

 

 

 

 

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Inventaire avant destockage (14)

Publié le par Bernard Oheix

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En finir avec le Festival !

Publié le par Bernard Oheix

 

Il est le temps des bilans, de faire le point sur le Festival. Tout d’abord, une grosse déception…J’avais prévu de voir 40 films et mon compteur s’est arrêté à 33 ! J’ai presque honte…

La faute à qui ? A moi tout d’abord, incapable de voir plus de 4 films dans une journée, coincé par quelques vagues moments de labeur, des rendez-vous inopinés, la maison pleine (jusqu’à 10 personnes en heures de pointe !), les parties de rami jusqu’à 2 heures du « mat », un peu de vélo et de baignades, quelques empreintes de stars à faire et mes états d’âme en plus en regardant l’image d’un DSK non rasé, menottes aux poignets et regard perdu sur ses illusions envolées et en écoutant les fariboles grotesques d’un illuminé danois auteur d’un film crépusculaire génial !

Mais comment lutter ? Le visionnement de films est aussi une aventure pleine d’imprévus, un sport extrême impliquant une condition physique à toute épreuve.

 

Une journée type d’un festivalier :

Samedi 21 mai 2011 : Réveil à 7h30 pour être au Palais à 8h30. La source des femmes de Radu Mihaileanu m’attend. Film de l’auteur attachant du « Concert », (rappelez-vous, la belle (toujours !) Mélanie Laurent...mais c’est une autre histoire !),  2h16 après, dont au moins une demi-heure de trop, on est convaincu de la nécessité d’amener l’eau courante dans ce village perché dans les montagne de l’Atlas, moins de la qualité du film hélas, même si  on ne peut qu’avoir de la tendresse pour ces femmes belles entamant une grève du sexe auprès de leurs maris afin de les obliger à mettre la main au couscous…Le résultat final nous laisse sur  notre faim !!!

A 11h30, les marches du Festival s’affichent sur l’écran au son de la musique générique. Les Bien-Aimés, le film de clôture de Christophe Honoré, nous embarque pour 2h25 d’une très belle histoire, rythmée par les chansons d’Alex Beaupin, sur les amours d’une femme courant sur 40 ans d’une vie et deux hommes aimés. La distribution est magnifique, avec Catherine Deneuve, sa vraie fille qui joue sa propre fille dans le film (oh !), Chiara Mastroianni, Ludivine Sagnier convaincante en Deneuve jeune…Bon, 2h25 quand même, il aurait pu penser à nous et enlever deux chansons + 15 mn de pellicule ! Réduit à deux heures, je prenais encore mon plaisir !

A 15h, après une restauration sur le pouce (mais pas de couscous, un pan bagna arrosé d’huile d’olive), un tunnel de 2h37 m’attend. Bir Zamanlar Anadolu’da de Nuri Bilge Ceylan s’enfonce dans les terres d’Anatolie à la recherche d’un cadavre. Le genre de Turc à vous faire un plan superbe étirant à l’infini le mini rictus naissant à la commissure des lèvres du commissaire…Disons-le, autant les deux autres films étaient trop longs, autant celui-ci paraît interminable. Bien sûr que l’image est belle, que c’est bien joué et que l’histoire est bien construite avec ses deux idées pour 1h15 chacune…Il n’empêche que le fait qu’il se retrouve affublé d’un Prix spécial du jury nous donne un aperçu de l’ambiance qui devait régner dans ce jury…

Un peu assommé malgré tout par les 7h18 des 3 films précédents, je décide d’aller à la MJC Picaud pour la clôture de la Quinzaine afin de m’achever. Au menu, Les Géants, un film belgo, franco, luxembourgeois de Bouli Lanners ! Ô divine surprise…Il ne fait qu’1h24, presque un court métrage en rapport des 3 films précédents ! A peine commencé, déjà fini ! Des ados, (encore !), livrés à eux-mêmes, confrontés à des truands, perdant pied, fumant, pétant et s’enfuyant vers l’inconnu…petit film gentillet sans grande prétention…du moins on l’espère !

 

A 21 heures, à peine sorti de la salle un peu hagard avec les yeux en boules de loto, je fonce dans les jardins de la Médiathèque pour la dernière soirée des « Inrockuptibles ». Musique live, (Saul Williams, que je programmerai dans les Concerts de Septembre, les Brigittes, Anna Calvi, Quadricolor…), ami(e)s vautré(e)s dans l’herbe douce sous une température idéale… C’est la première fois qu’un lieu alternatif fonctionne pendant le Festival. Un vrai succès dû à l’intelligence de l’équipe des « Inrocks », la souplesse des services d’ordre (comme quoi, une sécu intelligente, c’est possible !), un public adorable, branché mais pas trop, jeune mais sans exclusivité, un lieu magnifique mis en valeur avec goût…le rêve quoi avec du champagne à volonté !

 

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Bon, après cela, on ne peut s’étonner de ne point atteindre la barre des 40 films !

 

Reste le dimanche à 19h, la cérémonie de clôture avec le Palmarès attendu par la bouche de Robert de Niro avec Mélanie Laurent (Oh ! oui !) en hôtesse d’élégance et de charme. Des prix espérés, toujours controversés, qui ne laissent jamais insensibles, surtout quand on a visionné presque tous les films de la compétition, (sauf deux, le Dardenne et l’israélien). Pas de chance pour moi, ils vont se retrouver palmés !

 

La Palme d’or 2011 est une supercherie consensuelle. Un beau film raté n’est pas un vrai grand film et si Terrence Malick est un immense réalisateur, ce n’est pas ce film qui lui écrira une nouvelle page de sa légende…Récolter les fruits des Moissons du ciel à l’automne, c’est franchir une Ligne rouge…Autant ne pas envoyer le film en projection et attribuer au préalable la Palme au mérite agricole !

Le film turc est ennuyeux au possible. Lui attribuer le Grand Prix, (avec le Dardenne dont je ne parlerai pas, et pour cause !), c’est comme donner une prime au cinéma d’auteur du tiers-monde envers et contre tout en justification du choix précédent. Il y avait mieux à faire ! Le Prix de la mise en scène est une galéjade. Le donner à Drive, (et non au Japonais Ichimei : mort d’un samouraï, de Takashi Miike) c’est vraiment se foutre du cinéphile et prendre une pochade de série B pour une lanterne magique !

Les Prix d’interprétation sont à l’image du reste…Rater Tilda Swinton est un événement même si Kirsten Dunst ne démérite pas dans Melancholia. Cela sent la compensation stratégique pour un Lars Von Trier out of order ! Quant à Dujardin, il est superbe dans son rôle de star du muet…sauf que The Artist mérite mieux que ce prix d’interprétation par trop r(s)éducteur…

 

Bon mon palmarès n’en déplaise à Robert de Niro, Jude et Uma…

 

Palme d’or : La piel que habito de Pedro Almodovar

Grand Prix du jury : Le Havre de Aki Kaurismaki et Melancholia de Lars Von Trier

Prix d’Interprétation féminine. Tilda Swinton pour We need to talk about Kevin.

Prix d’interprétation masculine : Michel Piccoli pour Habemus Papam

Prix de la mise en scène :   Ichimei de Takashi Miike

Prix du jury : The Artist de Michel Hazanavicius

Prix du scénario : Polisse de Maïwenn

 

Et tant pis pour le Gamin au vélo des frères Dardenne et pour Pater d’Alain Cavalier que je n’ai pas vus …

 

Mais il a vraiment de la gueule ce Palmarès, même c’est moi qui  l'ai élaboré ! Qu’ils me prennent dans le jury l’an prochain et ils auront des récompenses à la hauteur de cet événement planétaire et j’atteindrai enfin naturellement mon objectif de 40 films pour un Festival !

Bon, on va s’arrêter là. Il faut que j’aille reposer mes yeux !

 

 

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28 films après...

Publié le par Bernard Oheix

Une orgie de films, des kilomètres d’images qui défilent sous les yeux, des histoires qui se télescopent, s’enchevêtrent et donne une vision composite du monde extérieur. Des pleurs et des rires, du sérieux et du futile, des factures soignées et des images sales… Une histoire du monde en train de se contracter.

 

Un thème récurrent se dégage, comme si tous les scénaristes de la planète films s’étaient tenus la main pour étirer à l’infini la cause des enfants. Enfants violés, adolescents serials killers, bambins causant l’explosion des structures familiales, drogués, menteurs, bourreaux et victimes à la fois d’un monde qui se convulse en assassinant son futur !

Chaque année on perçoit des thèmes qui surgissent du néant. Cette année, nos chères têtes blondes sont à l’honneur même si ce n’est pas toujours à leur avantage !

Outre le We ned to talk about Kevin de Lynne Ramsay ou la naissance d’un sérial killer, Blame de Michael Henry (Australie), une bande de jeunes en train de tenter de tuer un prof de musique, est pas mal dans l’horreur pieds nickelés, Martha Marcy may Marlène de Sean Durkin campe la fuite hors d’une secte d’une jeune fille rattrapée par son passé, Corpo Celeste de la Suisse Italienne Alice Rohrwacher confronte une adolescente au sentiment religieux dans une Italie du sud sous la férule de l’église, et bien sûr Beautiful Kate de Rachel Ward ou un inceste débouche sur l’éclatement de la famille et le suicide. Nombre de ces films sont réalisés par des femmes, peut-être faut-il y voir un lien de cause à effet avec le traitement du thème de l’enfance ?

 

 

Dans la série des implosions en vol, The Tree of Life de Terrence Malick, le si attendu mutique réalisateur des Moissons du ciel, compose une ode incompréhensible aux relents mystiques, sous-utilise un Sean Penn torturé à souhait, donne du commentaire sourd pour souligner des images flamboyantes totalement inutiles, planètes et cosmogonie des désarrois d’un scénariste en panne ! Tout cela pour ça ! Et dire qu’il faudra attendre encore 5 ans avant qu’il ne produise un nouvel opus, un chef-d’œuvre peut-être ! Il y a pire, L’Appollonide de Bertrand Bonello dévoile des corps inutiles dans une maison close, femmes au sein généreux dans le vide d’une existence que le film reflète un peu trop fidèlement !

Tout l’inverse du Melancholia de Lars Von Trier. Une comète fonce vers la Terre…Deux sœurs vont régler leur vie à l’aune de cette collision. Justine dans un mariage avorté pour aller avec sérénité vers une mort annoncée, Claire s’accrochant à la vie pour un enfant qui ne verra pas le jour se lever et un mari bardé de certitudes qui se suicidera avant l’échéance. C’est beau, puissant, terrifiant. Cela s’ouvre par 10 mn surréalistes d’images précieuses à couper le souffle, cela s’achève dans le tourbillon statique d’un holocauste cosmique. Entre les deux, la vie implose de toute part aux sons de la 9ème symphonie de Beethoven et le réalisateur balance des vannes stupides en conférence de presse pour se faire lourder du Festival. Au delà de la « provoc », si Lars est nazi, moi je suis Lénine !

 

Dans les pépites, The Artist de Michel Hazanavicius. Un film en noir et blanc, quasiment muet avec deux acteurs éblouissants. Le parlant arrive. La star du muet campée par Jean Dujardin rate son passage et se retrouve ruiné par la crise économique. Il va sombrer sous l’œil inquiet d’un ange gardien, la sublimissime nouvelle star du parlant incarnée par Bérénice Béjo. Le final en happy end, l’amour du cinéma que dégage cette mise en scène, la qualité technique en font un film jubilatoire, réjouissant, une porte ouverte sur le souvenir et l’amour éternel. Il sera dans le palmarès, c’est certain !

Le Havre de Aki Kaurismaki est une plongée décalée dans l’univers des petites gens, ceux qui sont ignorés par la grande histoire mais inventent la vraie vie des solidarités. Immigrés, clandestins, boutiquiers, cireurs de chaussures, ils survivent entre la misère et le bonheur, rattachés par des joies simples à l’amour et l’espoir. Des acteurs superbes, une lumière exceptionnelle, une caméra statique qui laisse le cadre vivre du mouvement des acteurs, c’est un cinéma légèrement « différent » pour une histoire de générosité aux résonances universelles. Une superbe page d’espoir à la mise en scène fascinante !

Les Neiges du Kilimandjaro est un authentique bijou. La bande à Guédiguian (Ariane Ascaride, Darroussin et Meylan), tous quinquagénaires proche de la retraite, combattants sociaux et politiques, est confrontée à la misère, au désespoir de jeunes qui n’ont plus de rêves. Un braquage chez eux pour dérober la cagnotte d’un voyage en Afrique, au  Kilimandjaro va mal tourner. Leur agresseur derrière les barreaux, ils vont comprendre les raisons de leur échec et les racines du mal qui ronge la société. Un hymne à la vie et au combat pétri de générosité, d’altruisme et de respect ! A voir comme une thérapie à l’indigent La Conquête de Xavier Durringer, apologie à peine déguisée d’un Président en exercice utilisant toutes les ficelles les plus grossières pour détourner l’attention du présent !

 

Le Festival s’accélérant, une palette de films superbes viennent obscurcir ma capacité à voir le palmarès se dessiner !

La Piel che Habito de Pedro Almodovar est un grand Almodovar ! Va-t-on enfin se décider à lui remettre cette Palme pour en terminer avec sa saga de looser ? Ce serait presque dommage si cela devait tarir son imagination fertile, un univers si particulier, sa gestion des acteurs (Ah ! Banderas !), son scénario aux rebondissements incessants, cette frontière troublante qu’il dessine entre les sexes, les âges, cette photo découpée au laser avec des couleurs criardes. Vive Pedro et sa Palme d’Or.

Ichimeï de Takashi Miike nous offre une première : des lunettes en 3D pour une œuvre flamboyante sur les samouraïs. On peut douter de l’utilité de cette vision en profondeur (bien au contraire, parfois cela découpe les personnages de premiers plans en silhouettes sans chair !), mais le film est envoûtant, construit en puzzle avec retour en arrière, deux « ronins », samouraïs pauvres sans maîtres, vont être confrontés à la misère et à l’amour. L’un se fera « Hara-kiri » pour sauver son enfant, l’autre le vengera dans un combat terrible…Lutte du pauvre contre le riche, de l’amour contre les conventions, du serf contre le seigneur, une belle épopée admirablement mise en scène, jouée à la perfection, alternant les moments de tension et les instants de vie d’un bonheur frugal !

This must be the place de l’Italien Sorrentino permet à Sean Penn d’entrapercevoir le prix de l’interprétation masculine…à tort ! Son personnage de rock star transgenre dépressif à la recherche du bourreau nazi de son père est quand même too much ! Dommage, il y avait de belles idées, de belles images mais ce film se veut tellement mode qu’il en devient racoleur !

N’oublions pas un objet étonnant non identifié, Trabalhar Cansa de Juliana Rojas et  Marco Dutr, deux Brésiliens qui osent dénoncer le cancer (le démon !) du travail et de la conception animale de la recherche d’un poste dans une parabole sur une supérette dans laquelle un monstre s’est niché ! Réjouissant et abominable !

Reste Polisse de Maïwenn. Une image un peu série télévisuelle ne gâche pas notre plaisir. Malgré un scénario quelque peu fourre tout (tous les cas de figures sont analysés), des acteurs incroyables de vérité avec un Joeystarr en équilibre entre les forces du bien et du mal, des femmes (Karin Viard, Marina Foïs) bouleversantes, des moments de tragédies, la force d’un groupe, les déchirements des individus, la proximité du mal qui ronge cette brigade des mineurs, font courir des frissons, du rire, des pleurs, renvoyant à l’inhumanité d’une société perplexe, désorientée et à la violence tant physique que morale. Un grand film à voir de toute urgence qui sera au Palmarès !

 

Voilà, il reste une poignée de films à visionner, quelques heures avant le palmarès et l’aventure s’achèvera dans les remugles d’une chambre d’hôtel new-yorkais offrant un scénario que nul écrivain n’osait imaginer ! La réalité de ces films est parfois bien voisine des cauchemars d’un présent asphyxiant !

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Festival du Film : C'est parti !

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des jours heureux, des moments de grâce qui rendent la beauté à la vie. 1er jour du Festival, conférence de presse de Bernardo Bertolucci et répétition de la cérémonie d'ouverture. Backstage, nous attendons l'arrivée de BB dans sa chaise roulante (un problème dorsal) pour lui faire ses empreintes.

 

Il prend le temps, affable et heureux de "faire ses empreintes" pour la postérité et je discute avec lui. Je suis très ému, et lui annonce que la dernière fois que je l'ai rencontré, c'était en 1974, au Centro Sperimentale del Cinema à Rome. Il sourit interrogatif.

Je lui explique que je travaillais sur une maîtrise d'Histoire du Cinéma portant sur un jeune réalisateur italien après avoir visionné La strategia del Ragno, un chef-d'oeuvre incontestable à mes yeux, et que ce jeune réalisateur c'était lui, Bernardo Bertolucci. J'avais 22 ans, il était le réalisateur de Prima de la Revoluzione, du Conformiste, du Dernier Tango à Paris... Et je ne l'avais jamais revu ! Depuis lors, ma maîtrise a été éditée chez Etudes Cinématographique dans un ouvrage collectif dirigé par Jean A Gili, mon maître universitaire et grand spécialiste du cinéma italien et après la direction d'une MJC à Bourg en Bresse, j'ai intégré la Direction de l'Evènementiel du Palais des Festivals de Cannes pour 25 ans d'un labeur de plaisir !

Et 35 ans après, j'obtiens enfin cette autographe que je n'avais osé lui demander à Rome en étudiant constipé impressionné par son aura.

Et le soleil a vraiment brillé, quand en partant après une quinzaine de minutes de discussion, en me regardant dans les yeux, il me dit  : "-Merci pour ce que vous avez fait pour moi !"

A moi, il a dit ces mots !

 

 

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Dans la foulée, "Mel" en train de répéter la cérémonie d'ouverture... La belle, la sublime Mélanie Laurent. Elle a tous les talents, d'abord celui de la grâce, mais aussi de l'actrice, de la réalisatrice et de la chanteuse... et que sais-je encore d'elle ! Je l'avais vu déclarer à la télévision qu'après Bourges et l'ouverture du Festival, il ne lui restait plus qu'à chanter à Cannes. Un trait d'humour qui n'était pas tombé dans l'oreille d'un directeur de l'Evènementiel pour rien !

Je l'avais contacté par le biais de mon gendre, son assistant "chef op" sur son film qui sortira à l'automne et nous étions en négociation avec son booker pour la programmer à Cannes. L'occasion était trop belle de faire connaissance.

Je lui raconte donc cette anecdote et elle fait la connexion immédiate et éclate de rire. "Ah, c'est vous... Benjamin m'a parlé de votre proposition !" Nous allons pendant quelques minutes surfer sur la bonne humeur, Mélanie Laurent, toute fière et heureuse à l'idée d'avoir ses empreintes mêlées à celles des Légendes qui parsèment le parvis du Palais des Festivals et à l'idée de son concert futur sur ces mêmes planches qu'elle habitera dans la soirée au côté de Robert de Niro.

 

 

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L'engagement est pris, elle reviendra donc à Cannes, juste quelques petits problèmes à régler avec son management, des histoires de gros sous, peut-être...mais ne gâchons pas notre plaisir avec des détails triviaux ! 

 

 

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Au fait et le cinéma dans tout cela !

Un Woody Allen, même en forme moyenne avec Midnight in Paris, reste un réalisateur hors du commun...Beaux acteurs, dialogues enlevés, mise en scène soignée, idée séduisante mais, bon, difficile de réintégrer notre époque après avoir côtoyé Dali, Degas et Picasso...Tout comme Nanni Moretti dans son Habemus Papam, qui, sur une belle idée, s'enlise et traîne en longueurs pour un film qui ne fait qu'effleurer son talent de comédie. Sleeping Beauty de Julia Leigh est sans aucun intêret, sulfureusement toc et affreusement chic !

Mon coup de coeur en ce début du Festival est We need to talk about Kevin. Dans une forme sophistiquée, un montage en puzzle, les rapports d'une mère et de son fils sont analysés avec férocité, dans un drame terrible où un enfant échappe à la logique et s'enferme dans le mal pour combler un manque affectif incompréhensible. C'est déchirant, affreux, renvoyant à toutes les angoisses de la relation parents-enfants. L'actrice Tilda Swinton est parfaite et postule d'entrée pour l'interprétation féminine. 

Allez, vite, l'écran m'attend...mais avant, je vais déjeuner avec le Crazy  Horse ! 

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