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Surprise...surprise !

Publié le par Bernard Oheix

Le contexte : un mardi 4 janvier de reprise. Tout est normal. Je monte au bureau de la presse, pour une interview qui s'avère téléphonique. Un collègue m'accroche dans le couloir et commence à me raconter ses vacances en Egypte sur le Nil. Il tient à me servir un café, m'interroge sur mes enfants, mon chat, ma collection de timbres et le dernier épisode des Piliers de la Terre...Moi, je suis hyper poli et gentil et je l'aime bien ce collègue...mais je trouve le temps un peu long ! Au bout d'une demi heure, il prend sa veste, les filles de la presse viennent me chercher et l'on s'en retourne vers mon bureau...Je ne percute pas quand elles m'accompagnent et grimpent l'escalier en ouvrant à la volée la porte !

Surprise, surprise...Une cinquantaine de personnes m'attendent. Ils ont préparé un buffet, me servent une coupe, m'embrassent en me souhaitant un bon soixantième anniversaire. Sophie Dupont se juche sur une chaise et commence un discours (pour une fois, un discours écrit par une autre !). Puis chacune et chacun ira de son évocation sur le thème de "je me souviens".

Et moi, j'étais ému comme rarement, j'avais la certitude d'un moment d'une perfection rare ! 

C'était le 4 janvier 2011, de 11h55 à 13h42 !

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 Sophie, perchée en train de lire son discours...Elle est mon soleil de minuit, toute l'émotion dans mon regard  !

Voici donc le contenu des discours.

Très cher Bernard,

Nous sommes tous réunis ici pour te fêter et j’ai la lourde tâche de te célébrer au nom de toute l’équipe qui t’accompagne au quotidien, te vénère souvent et te supporte parfois.

Il n’est pas si loin le temps où tu usais tes culottes courtes sur les bancs des écoles de Ranchito car pur produit  boccassien tu es et le revendique même si parfois tu lui fais des infidélités avec Nissa la bella.  En 68 il y eut tes années révolutionnaire au Lycée Carnot  et les belles années 70-80  qui suivirent te marquèrent à tout jamais.  A 30 ans tu mettais fin à ta longue carrière d’étudiant pour intégrer la grande famille socioculturelle des MJC.

Je me souviens qu’à 40 ans tu devenais Directeur Adjoint de l’OMACC et allais constituer une belle équipe de D2. Après un passage éclair à La Palestre, galère dans laquelle tu entraînais ton obligée, tu devenais Directeur au Palais des Festivals et super coach d’une équipe de D1 qui reste dans les meilleures équipes  de cette catégorie, n’ayons pas peur de le dire et ne faisons pas preuve de fausse modestie, sentiment que tu ignores.

Car,  si l’on y regarde bien, ce ne sont pas moins de 2000 spectacles que tu as programmés, organisés, portés depuis 20 ans que tu es au service de la culture cannoise. Que de Festivals organisés dans des conditions parfois extrêmes mais toujours avec courage : Cannes Guitare Passion, les RCC, les Festivals de Marionnettes, du  Palm Beach  et encore aujourd’hui les  Festivals de Danse, du Suquet, de la Pyrotechnie, Jazz à Domergue, Russes, Festival International des Jeux, les saisons culturelles. Toutes ces manifestations, leurs Directeurs artistiques, publics, collaborateurs d’hier et d’aujourd’hui, tous te doivent, d’avoir parfois contre vents et marées et BBZ, défendu avec fougue et volonté ces manifestations.

Homme de cœur tu sais faire partager toutes tes passions à ton équipe et  nous nous souvenons de tes années foot, de ta période coureur de fond, de tes années cycliste et challenges en tous genres (que n’avons-nous entendu sur le tour de Corse à vélo ou Nice/Gdansk), de tes années nageur ou de tes années baignades en eau sibérienne glacée par grand temps de vodka.

 Et puis, il y a toujours ces films du FIF que tu nous  fais vivre par procuration, ces essais et livres que nous avons le privilège de lire voire de corriger (merci Marie), ces parties de cartes endiablées pendant le Festival International des Jeux, et  ce blog qui te permet  de t’exprimer librement toi qu’aucun Directeur, et dieu sait que tu en as épuisé plus d’un, n’a jamais réussi à faire taire.…

D’ailleurs, te souviens-tu du nombre de Directeurs et élus qu’il t’a fallu convaincre du bien-fondé de notre action et qui t’ont souvent pris pour un extraterrestre de la culture, un électron libre parfois  non maîtrisable  mais toujours professionnel et sachant faire rêver tous ceux qui t’approchent.

Te souviens-tu de notre premier surbooking à la Licorne avec ce concert fabuleux d’al di Méola, de tes folies qu’étaient les concerts sous la Mer, les circassiens de Tridon au Palm Beach, les Jam -sessions du Festival de Guitare,  la reconstitution de Nashville , le show laser et plus récemment les programmations d’Archive, d’Iggy Pop,  de Pete Doherty  et du Requiem de Verdi.

 

JEAN-MARC : Je me souviens...en 1993, lors d’un spectacle à Mérimée, où tu m’avais demandé de rejoindre l’équipe pour les Festivals comme le Suquet, la Danse, Musique Passion, les Marionnettes, Musique Classique, et bien d’autres mais aussi des événements comme les concerts sous l’eau Mare Sonans, des concerts au stade des Hespérides, des concerts DJ’s sur la plage, des créations théâtrales, la liste est longue mais tout cela nous a permis de nous connaître et nous rapprocher, toi d’avoir confiance, moi d’aller toujours plus loin et plus haut, preuve en est maintenant avec les bombes, non pas les Russes, mais celles qui éclatent et réjouissent tout nos spectateurs. Toutes ces années ont fait notre force et nous ont permis surtout de ne pas voir les années passer car heureux des événements créés, des résultats obtenus et soif d’en faire toujours plus. Donc sans revenir plus longtemps sur le passé, nous avons encore envie d’aller loin avec cette famille que tu as su paterner à ta manière et qui porte ses fruits. Alors à « l’an que ven » et pendant plusieurs années !

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Quelques garçons en train de s'éclater, les coupes se remplissent !

NADINE : Je me souviens...  du loto GEANT du Festival International des Jeux où... je n'étais pas là !!! Et d’ailleurs, qu’aurais-je pu faire ? Il n’y avait que toi qui pouvais répondre à la demande de…Jambons ! Je me souviens… des faux Chœurs de l'Armée Rouge où cette fois-là ... tu n'étais pas là et la foule ne scandait pas Kalinka, Kalinka  mais… remboursez ! remboursez !

Mais je me souviens surtout de la magie du spectacle vivant que tu fais si bien vivre à Cannes. Merci pour l’enthousiasme et l’émerveillement que tu nous a insufflés que nous espérons continuer à perpétuer à tes côtés.

 

HERVE : Je me souviens  de ce début novembre 1997 où j'arrivais dans le service Démentiel !!!!, ce fameux spectacle  "Mare Sonans" dans lequel je pensais refaire le Grand Bleu mais au bout du compte je ressemblais à l'homme qui coule à pic !!! La fabuleuse file d'attente sur le concert d’Elton John qui s'étendait du Grand Audi jusqu'à la sortie du parking public qui aurait pu nous faire penser au premier jour de soldes dans les magasins !!!! ou encore à tenir, sous un pluie battante, les bâches du podium extérieur sur les Allées avec des balais en attendant le mot magique de Bernard qui ne viendra jamais (on annule ) !!!! Mieux encore où Bernard et moi-même étions devant les caméras du monde entier pour les remerciements du Président de la République de l'époque Jacques CHIRAC qui était présent dans le cadre du G7 à Cannes devant l'entrée des artistes !!!!!! il y en a tant d'autres !!!! Merci Bernard pour toutes ces aventures trépidantes et insolites !!!!!!

 

MARIE : Je me souviens Bernard d’être passée sous ton bureau, ce qui pouvait prêter à confusion si l’on n’avait pas connu la nature on ne peut plus « chaste » de nos rapports. Je me souviens de cette photo prise par Julien, par surprise, sur la terrasse et sous la pluie, toi en short tenant un grand parapluie rouge et blanc et ta secrétaire posant à tes côtés (drôle de duo) !!! Je me souviens de tous ces moments de pure émotion lorsque, à l’occasion d’anniversaires de tes collaboratrices et collaborateurs, tu lisais, en les vivant, après les avoir rédigés et personnalisés, des discours à leur intention. Je me souviens de tant d’événements qu’il me faudrait des heures pour les coucher sur le papier. Je me souviens surtout de l’évolution, au fil des ans, de nos rapports professionnels basés, de part et d’autre, sur la confiance, le respect et l’affection. Bien qu’ayant à plusieurs reprises, à une certaine époque, voulu changer de service aujourd’hui je suis fière d’avoir parcouru ces 19 années à tes côtés. Merci mon Directeur préféré.

FLORENCE : Je me souviens de ton arrivée à l'OMACC, j'avais 20 ans et c'est grâce à toi que j'ai signé mon CDI. Tu m'as fait confiance et j'espère que je ne t'ai pas déçu tout au long de ces 21 ans (pour le moment tu es le mec avec qui je suis restée le plus longtemps !!). Je t'ai vu vieillir !! Tu m'as vue grandir. Mes meilleurs souvenirs sont ceux de l'OMACC, tu étais fou et toute l'équipe l'était avec toi. Les vacances en Ardèche et ma valise à roulettes, quel délire ! le week-end à Turin, une tuerie ! Les soirées bien arrosées à l'hôtel Mondial pendant le Festival de Guitare, une boucherie ! J'ai des anecdotes plein la tête, mais celles-ci sont aussi les tiennes, nous nous comprenons !!! QUE DU BONHEUR. Les années Palais sont super également, mais je suis beaucoup moins folle et donc beaucoup plus sage et raisonnable. C'est grâce à toi que j'ai vibré sur les concerts de Jacques Higelin, Cali, Iggy pop et une grande émotion quand j'ai rencontré Maurice Béjart et découvert son univers chorégraphique. Toutes ces joies, ces rencontres, et ces émotions je te les dois. 1000 MERCIS et bon anniversaire.

 

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Les filles énamourées en train de me fixer....toute la tendresse du monde !

EURIELLE : Je me souviens d'une permanence de février 2009 qui devait se passer le plus simplement du monde et qui a tourné en véritable cauchemar...loto, Festival International des Jeux 2009, ou comment un Directeur a fait face à une foule en colère, ivre de parapluies et de porte-clés du groupe Barrière, devant une animatrice en larmes totalement dépassée par l'événement. Comment oublier cette soirée sans fin où nous avons fini par faire les fonds de tiroirs du bureau de l'Evénementiel, sous les huées d'un public irrité, avide de gains ! Je me souviens aussi d'un discours sur la scène du Grand Audi...on peut, je pense, le qualifier de magistral...repli au Grand Audi du concert des Sœurs Labèque...vous seul avez le don de justifier un repli par temps de pluie alors qu'il fait beau ! 

NITYA : Je me souviens

Par cœur du numéro de téléphone de Frédéric Ballester…à force de vous le donner

De cet ordinateur, machine obscure et capricieuse, mais qu’on arrive toujours à dompter.

De cette sono qui hurle 10 fois de suite la dernière merveilleuse chanson d’un artiste encore inconnu qu’IL FAUT ABSOLUMENT ECOUTER, et qu’on écoute, en boucle…

Des réunions d’équipe qui, à partir de midi, dérivent et se ponctuent de blagues, qu’il faut avouer souvent douteuses…mais qui nous mettent toujours de bonne humeur !

Des nombreux compliments de nos abonnés, parfois râleurs, mais qui s’abonnent quand même…donc c’est qu’ils sont contents !

De la magie d’une salle de spectacle qui se met debout et qui applaudit, grâce à certains spectacles non programmables, et pourtant programmés, et qui marchent…bravo chef !

 

CYNTHIA : Je ne me souviens pas avoir été volontaire pour Rouben Elbakian, et pourtant… J’étais à vos côtés ! Je ne me souviens pas, non plus, avoir été actionnaire chez Marlboro, et pourtant… J’aurais dû croire en vous ! Mais, je me souviens de Pete Doherty, de la foule et de votre regard envieux quand les petites culottes volaient sur scène ! Je me souviens aussi vous avoir entraîné dans les quartiers, pour vous faire découvrir la « nervous » folk, qui l’aurait cru ! Merci Patron.

Bernard, je mets mes souvenirs de côté pour continuer à vivre, je l’espère, de belles années au sein de l’Evénementiel.

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Les jeunes de l'équipe tentent de me consoler...elles y réussissent !

SOPHIE : Je me souviens  de tous ces concerts fabuleux que le temps n’a pas pu effacer : Arno, Rachid Taha, Cali, Goran Bregovic, Daho, Da Silva, Idir, Charlélie Couture, Higelin, Aznavour, Arthur H et bien sûr, nos regrettés Bashung et Mano Solo.  Et il y a tous ces blacks que tu nous as fait découvrir : Salif, Sally, Ismaël, Rokia, Youssou ainsi que tous ces Corses que tu as réussi, au fil du temps, à nous faire aimer : A Filetta, I Muvrini …Il y a tous ces spectacles de Théâtre, de Danse ou non identifiés qui nous ont ravis mais que je n’ai pas le temps de citer et puis  tous ces artistes que tu continues à nous faire découvrir en même temps qu’à un public de plus en plus difficile à convaincre.  

 Les temps ont changé depuis que tu exerces ce métier mais à l’heure d’internet, tu sais et nous le savons tous ici que l’Homme aura toujours besoin de se retrouver pour partager ces moments de bonheur que seul peut offrir le spectacle vivant.

Continue à nous faire rire, à nous émerveiller et  sache que grâce à toi, nous avons assez de souvenirs pour vivre encore heureux pendant 60 ans.

Merci  Bernard !!! 

 

 

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Bon anniversaire...pou pou pidou !

Publié le par Bernard Oheix

 

En ce crépuscule de l'année 2010, pour fêter l'aurore 2011... vous qui êtes sous les frimas, engoncés dans vos préjugés, glacés par la bise du nord...je vous offre mon corps, je vous donne mon âme, je vous souhaite les plus belles aventures en cette nouvelle année qui devrait vous permettre de vous accomplir et d'obtenir un petit bout de ce paradis que vous méritez ! 

 

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Vous avez noté ce chiffre 60 écrit en gras sur mon ventre (ou en gros sur mon ventre gras !)...Il est seulement la preuve que le sérieux n'est pas tributaire du nombre des années ! Ce 26 décembre, le glas de mes 60 ans a retenti et pour fêter dignement ce coup du sort, comment ne pas se plonger dans la belle bleue à la recherche de sa raison perdue. Bon, j'ai 60 ans et je vous emmerde...non mais !

 

 

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L'année sera champagne et aucune barrière ne pourra contraindre cet olibrius à rentrer dans le moule...Bien au contraire, il lui reste si peu de temps pour faire le zèbre qu'il lui est urgent de ne plus perdre une miette d'un capital temps largement entamé ! Je vais vivre encore un peu, juste pour vous contraindre à me supporter !

 

 

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Et nageant vers le large, sa longue queue immergée, nous le vîmes se fondre à l'horizon pour disparaître comme un fantôme et se noyer dans les derniers feux d'un jour de tempête...

Il paraît qu'il vous aimât et que sa mémoire est toujours présente...

Alors vive 2011 et rendez-vous au paradis des bons vivants et de ceux qui pensent debout !

 

 

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Et pour conclure...Nous sommes le 27 décembre 2010.  Paris somnole sous une chappe de froid, engoncé dans mon manteau de cuir et coiffé d'une casquette offerte par le Père Noël, je fonce au cinéma MK2 avec ma fille. C'est onéreux le cinéma, 10,50€ la place, quand soudain, Angéla demande au sbire qui est au contrôle si j'ai droit à une réduction eu égard au fait que j'ai 60 ans révolus d'un jour...

Ô désespoir, ô vieillesse ennemie, n'ai-je donc tant vécu que pour tant d'infamie...J'ai eu droit à mon premier ticket "carte vermeil" à 7,70€ soit 2,80€ d'économie pour 60 ans à courir comme un dératé derrière des chimères !

Une carte vermeil pour Harry Potter...cherchez l'erreur !

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L'Afrique...aujourd'hui !

Publié le par Bernard Oheix

Il n'y a pas si longtemps....Un rendez-vous en Afrique, la création d'Hervé Koubi à la rencontre d'une compagnie de danse Ivoirienne, choc entre deux cultures laissant le chorégraphe sous le charme de la qualité des danseurs, beauté de cette énergie qu'il tenta de canaliser avec bonheur et parfois un soupçon de peur, trop de générosité sans doute... mais avec un résultat tout à fait estimable, apprentissage de la diversité, hommage à cette culture venant d'une terre désolée où l'être humain apprend à vivre au contact du monde de la réalité...

 

C'est ce même lambeau de terre qu'un dictateur d'opérette tente de conserver contre toute logique, contre toute équité, avec le risque d'une guerre fratricide, car le noir n'est pas toujours noir, il peut aussi se subdiviser à l'infini entre racines et cultures pour tracer des frontières encore plus terribles, plus sanglantes que les murs entre des peuples !

Comment imaginer le présent de ces danseurs si beaux, si heureux, qui m'offrirent dans une cérémonie chantée un collier de bonheur dans le hall, après la représentation en remerciement de mon accueil ? Sont-ils en train de fourbir des armes pour choisir leur camp ? Peuvent-ils ignorer les factions, résister aux fractions, rester des artistes authentiques dans ce confetti paradisiaque qui explose sous la pression des voleurs, des potentats, d'un néo-colonialisme entretenu par-delà les pays et les continents, par l'histoire de la conquête d'un pouvoir synonyme d'enrichissement et de prévarication ? Le choc des armes contre le chassé du danseur ! 

J'ai peur pour ma belle Isabelle, j'aimerai penser que son beau sourire ne peut s'éteindre sous les coups de boutoir de  l'inhumanité. J'espère que leurs danses tribales sauront chasser les démons et que les ultimes vestiges de la raison ramèneront les bourreaux dans le camp de la sagesse...Est-ce trop rêver ?  

 

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Merci à Jean-Pierre Oheix pour ce montage "colibri". J'étais heureux ce soir-là d'ouvrir mon coeur à ces danseurs venus d'un continent qui me fascine...J'espère que rien ne viendra dans les jours qui viennent gâter le souvenir des jours heureux et que la guerre fratricide qui s'annonce s'évanouira sous le poids de la raison et de l'amour !

Allez mes beaux danseurs, continuez dans votre art de passion, l'histoire ne vous mordra pas la nuque  et nous ne danserons pas avec les loups !

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L'été 2010, c'était...aussi !

Publié le par Bernard Oheix

J'ai parlé brièvement dans mon précédent papier de cet été 2010 particulièrement complexe et difficile à vivre. Pourtant, tout ne fut pas seulement horrible pendant ces quelques semaines torrides et il en reste quelques beaux souvenirs aussi... pour preuve les quelques photos légendées qui suivent et prouvent à l'évidence que la roche Tarpéienne est si proche du Capitole !

 

 

hadjapourleblog

La belle Hadja, fan des Espoirs de Coronthie programmés le 15 août. Ils auraient dû jouer après le feu d'artifice polonais de la firme Surex mais le tir sera reporté pour cause de rafales tourmenteuses dans l'azur. Ils ont donc assumé seuls l'animation de la nuit cannoise. Hadja est une Guinéenne, elle vient auréoler la musique vibrante et entraînante de ses frères d'un sourire enjoleur et porter un vent de charme sur la Croisette. Je resigne et vote pour la belle Hadja !

 

 

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Un été sans Corinne Touzet ne serait pas un été ! Elle est somptueuse, intelligente, fine, charnelle, dotée d'un caractère trempé dans l'acier et d'un humour dévastateur. Elle provoque en nous un étrange sentiment, entre le désir et la crainte, l'affection et l'irritation... Elle nous appartient si peu, toute le France en a hérité et elle ne peut faire un pas sans que les gens l'aggrippent et lui demandent  photos et autographes... Je dois être un peu la France car je suis devenu son fan, son servant pour une saison estivale. Présidente du jury de la pyrotechnie 2010, nous avons bu et mangé jusqu'au bout de la nuit, quand les rayons du soleil se lèvent enfin pour honorer sa beauté ! Corinne, reste toi-même, ne change pas, le monde ne peut te perdre et il y a tant de choses que je ne t'ai pas encore avouées ! 

 

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La salsa est un exercice salutaire pour descendre de son piédestal ! Elles sont belles, virevoltent sur la scène, épousent leurs partenaires et moi je suis un gros pataud, un éléphant sans grâce perdu au mileu d'un essaim de jeunes filles en fleurs...Bon, c'était pas l'heure de chalouper sur les planches pour les professionnelles de la danse, c'est le moment des enfants,  on est seulement en train de tenter d'acquérir les rudiments de la salsa sous la férule de Steve Bakoula, le prof, pour flamber à la nuit avec les beautés latines ! Avec moi, c'est pas gagné, la concurrence a toutes ses chances !

 

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Nytia et Nathalie sont en bateau, Bernard se ramasse... Mes collaboratrices ont au moins le charme et l'humour, moi, il me reste le rire et j'en ai bien besoin dans cette flash-mob improvisée où manifestement j'ai quelque peine à me concentrer...

 

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En compagnie de mon ami, Richard Stephan... c'est l'heure de la photo avec le producteur d'un gala de danse enlevé. Il reste Oleg, l'oligarque de la nuit des ballets russes pour  nous apporter un vent de folie. Sur sa chaise roulante profilée et motorisée formule 1, il dévale les pentes les plus invraissemblables, slalome autour des piliers, entouré de jeunes filles mannequins slaves qui courent derrière lui en tentant de suivre sa cadence infernale. C'est comme dans un film de Tati, absurde et génial à la fois...

 

 

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Ainsi donc, c'est vrai  que l'été fut très dur, on a fait avec ! On a recollé les morceaux au fil des jours et chaque semaine nous apportait son lot de surprises... Mais dans les grands tourments, il y a des petits moments de grâce qui se nichent, il suffit juste de les vivre pour oublier ses tracas quotidiens. Et puis, tout est relatif !

Sur la dernière photo prise par Florian à la villa Domergue pour le jazz, j'ai un peu l'air tendu... Mon doigt vengeur pointe un indésirable et manifestement je suis très en colère...J'imagine que tout est rentré dans l'ordre, les vacances se rapprochent, bientôt la Corse ! 

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Et si je faisais un 200ème article ?

Publié le par Bernard Oheix

 

Entre le désir d’écriture et la volonté de communiquer, les doutes d’une période sans foi ni loi, où rien n’a d’importance que le mépris et l’arrogance de ceux qui nous gouvernent et décident des impasses dans lesquelles nous nous fourvoyons ! C’est ainsi, la culture au rabais d’un mercantile concept d’utilité, l’hautaine présomption de ceux qui sont censés œuvrer au bien public et se gavent, sur le dos de leurs concitoyens, de ce pouvoir et de ce dieu argent qui régissent tout ! Nous marchons sur la tête et les riches deviennent de plus en plus riches, le pouvoir perd ses garde-fous, la démocratie est dévoyée et le mensonge s’étire à l’infini comme si le temps était la seule vertu du pouvoir : tenir jusqu’à l’insoutenable, tenir car l’affirmation péremptoire est la seule réponse d’une malhonnêteté que l’on ne cherche même plus à travestir. Qu’importent les faits, qu’importent les rares réactions d’une presse couchée, qu’importe le fond puisque même la forme est inutile. Il suffit d’affirmer à satiété pour créer l’illusion et devenir un marchand de rêves dans une société déboussolée.

Peut-être méritons-nous ce qui advient ? Vigilance de ceux, trop rares, qui veulent comprendre, sur l’autel de l’incompréhension de ceux, si nombreux, qui ferment les yeux…Il n’est que justice au fond de se faire balayer comme un fétu dans la tourmente.

Que deviendront les affaires de ces nombreux cas de collusion entre le pouvoir et l’argent, les privilèges légués d’une famille politique autarcique, le corporatisme d’une poignée de banquiers se gavant sur notre dos, qui de la grande crise à la Grèce, de l’Irlande aux bonus faramineux persistent dans leurs agissements de chefs mafieux, la cécité de la justice et l’incapacité de nos gouvernants à dialoguer pour le bien de tous, la scandaleuse ignominie de ceux qui mentent pour perpétuer leur pouvoir…

Le temps vous trahira, rassurez-vous, un jour vous nous devrez des comptes et vous retournerez poussière…mais en attendant combien de vilénies, de malheurs dont vous êtes responsables qui se solderont par la douleur de ceux que rien ne protège !

 

Que dire de ce temps qui est passé ? Que l’été fut rude, difficile, avec une pression à la limite du soutenable. Reports multiples de feux d’artifice pour cause de vent et de houle, pluie sur le Pantiero pour une soirée électro, accident (une semaine dans le coma !) pour un jeune qui était au mauvais endroit, au mauvais moment, enchaînement sans discontinuer de soirées avec les tensions d’une société qui perd son âme, public exigeant jusqu’à l’inconvenance, artistes déboussolés, contrastes et incertitudes permanentes…Dans quel monde vivons-nous ?

Il reste des éclairs de génie, des moments de grâce trop rarement consentis, quelques heures qui échappent au temps pour magnifier l’idée d’une culture qui réunit et ne divise pas, berce l’âme de ces langueurs propices à la beauté, de ce petit quelque chose qui m’a toujours fait penser que la culture avait un rôle pivot dans la constitution d’une humanité plus belle, plus juste.

Mais où est-elle ? Dans quel univers ?

Celui d’une retraite en ordre dispersé, pour un colmatage destiné à affirmer la testostérone d’un gouvernement immobile, celui d’une lucarne obsédante qui ne laisse que parcimonieusement filtrer le jour et déroule à l’infini, l’authentique spectacle d’une téléréalité qui se met en scène en occultant les contingences d’un monde réel. Celui d’un isolement croissant où la différence devient le prétexte à exsuder sa haine, où les vies des autres n’ont plus aucune valeur…

 

Il y a tant de peur dans le monde que toutes les larmes des hommes ne peuvent combler les abysses de leurs déchirures. Les vies arrachées ne comptent pas, elles sont le tribut de nos faiblesses, elles donnent juste le ton d’une période où la vie n’est qu’un fétu de paille emporté par la tourmente d’un grand n’importe quoi !

C’est notre univers ce grand n’importe quoi, c’est ce monde même que nous avons forgé… Il faut en sortir, il est indispensable de trouver des solutions pour le bien de tous, pour le bien de chacun d’entre nous : notre salut collectif est à ce prix !

 

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Etat d'Apesanteur

Publié le par Bernard Oheix

Lassitude, mots vides de sens qui s’enchaînent, perte d’un équilibre, refus de s’installer dans un conformisme où la production de textes devient un substitut à la fuite du temps. Pourtant, depuis plus de 4 années, le plaisir de se retrouver, de lancer des phrases comme des bouteilles à la mer et de croire que l’on peut mieux comprendre le monde de tenter de l’interpréter au fil de ces pages à partager.

 

Le doute aussi s’instillant, même si, la satisfaction de figer un événement du passé, de narrer une aventure de ce métier, une rencontre parfois surprenante, l’emportaient sur les hésitations d’une « vanitude » en train d’observer la face cachée de ce monde du spectacle dans lequel je suis plongé. Quelques nouvelles que j’aime, des points de vue sur l’actualité, (rares par devoir de réserve), des écrits du passé, quelques discours prononcés pour une équipe de travail passionnée qui m’accompagne depuis tant d’années, des comptes-rendus sur les films et les spectacles visionnés, un quotidien magnifié mais au service de quelle cause !

Et pour quels effets ? Combien de ricochets à se perdre pour se fondre dans la nuit ?

 

Peut-être qu’il est temps de suspendre le fléau de cette balance, de trouver le courage de s’avouer l’inanité de cette mécanique, de « déstocker » en masse et de prendre un peu de recul.

Crainte que le nombrilisme l’emporte, photos de stars, regards complaisants, ailes des célébrités m’effleurant !

Aussi ai-je décidé de suspendre mon blog et d’attendre la fin de l’été avant de prendre une décision définitive. Vous pouvez toujours vous replonger dans l’index et (re)lire certaines de ces pages qui ont meublé mes nuits. Peut-être y dénicherez-vous un soupçon de talent, un zeste de rire, une envolée stylistique…que sais-je !

Mais ce qui est certain, c’est que j’ai aimé ces 4 années de partage. Il m’en reste des images, des mots d’échange, des sourires quelque peu narquois aussi, l’impression d’avoir parfois atteint un subtil parfum d’honnêteté et de sincérité, trop rarement sans doute, mais c'est arrivé, je vous le jure.

 

Quelques chiffres :

Le blog a été ouvert le 29 mai 2006. Depuis sa création, il y a eu 198 articles et c'est le 199ème que vous avez sous les yeux. J'ai produit 26 nouvelles, 76 articles sur la culture, 9 essais, 31 histoires vraies et 42 textes d'information. On rajoute à cela 14 textes écrits dans le passé et repris, soit en fac-similés, soit retapés. A l'intérieur, une dizaine de discours, quelques cris de colère et quelques complaisances en regardant mon nombril !

D’après l’observatoire des statistiques, je totalise 25 146 pages vues pour 12 146 lecteurs avec une journée record le 23 juillet 2008 de 282 pages vues et d’un mois de mars 2008 qui en compte 1052.

J'ai totalisé 87 abonnés à mon blog et n'ai jamais atteint ce 100ème pour lequel j'avais prévu de me mettre à nu en direct avec la webcame...tant pis pour les absents ! J'ai expédié une cinquantaine de newsletters et reçu une centaine de commentaires.

 

Je vais donc mettre en suspension ce blog, attendre le mois de septembre et je déciderai alors de son sort définitif. Je sens déjà qu'il va me manquer mais comme le dit mon épouse en reprenant un philosophe célèbre : c'est le manque qui crée le désir, alors laissons faire la nature et le désir reviendra peut-être !

Et à bientôt pour de nouvelles aventures !

 

Si vous voulez m'écrire, vous pouvez toujours m'envoyer un mot sur mon mail : bernardoheix@hotmail.com, il sera le bienvenu !

 

Quelques photos pour la route :

 

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Nilda Fernandez, mon ami avec son chef d'orchestre, Nathalie Marin. On prépare son concert avec l'Orchestre de Cannes du 22 septembre 2010 au Palais des Festivals.

 

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Sosno, il y a quelques années, membre du jury de la pyrotechnie, une rencontre belle et rare avec un grand monsieur, un immense artiste et un jouisseur de la vie.

 

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Firmine Richard, intelligente, pétulante, une énergie et un coeur gros comme un île des caraïbes. Basile à ses côtés, animateur, organisateur du Festival Panafricain et ambassadeur de toutes les bonnes volontés

 

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La belle et troublante Sophie Duez. Une femme au caractère bien trempé...

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Inventaire avant destockage (14)

Publié le par Bernard Oheix

C'est une lettre expédiée à un ami. Un mot pour lutter contre la mort des êtres aimés. De cette bande d'adolescents attardés qui usaient leur fond de culottes sur les bancs de l'université en 1969, la grande faucheuse a initié un nettoyage par le vide. Des têtes tombent et roulent sur notre chemin, emportant à chaque fois un peu de notre innocence. B... était l'une de nos amies, une vraie avec qui nous avions partagé des rêves et des galères. Un cancer de plus !

 

 

C...,

 

Il n’est pas toujours facile d’exprimer par des mots, la réalité de la tristesse, du chagrin, l’expression d’une profonde injustice, le désarroi de la solitude que provoque le départ de l’être aimé.

 

Alors parfois les écrits sont bien inutiles. Mais comment dire à celle qui est partie, qu’elle nous manque ? comment dire à son frère et à sa mère, à toute sa famille que l’absence est partagée, que les liens qui ont existé restent intacts ?

 

Elle a fait partie de nos vies, elle est encore en nous, elle y restera.

 

Quelques sourires, de grands yeux qui interrogeaient la vie, des moments gravés qui émergent parce qu’elle a fait un grand saut définitif dans l’inconnu.

 

C’est cela notre B... Même si le temps était passé, que la distance s’était installée entre nous, elle est un morceau de notre histoire, une belle page de cette histoire où nous avons partagé des repas, des espoirs, de la colère… et surtout du rêve !

 

Alors à toi qui reste pour nous, notre C..., par delà le temps, parce que tu nous relies à notre jeunesse, à la beauté de la vie, même si l’âge accomplit son œuvre et nous rapproche tous ensemble de ces frontières mystérieuses qui voient s’évanouir tant de nos êtres chers, qui nous rapprochent aussi de nos  propres peurs…

 

Nous te disons des mots d’amitié pour celle qui ne pourra plus les recevoir. A toi, à ta maman, à son mari et à tous ceux qui l’ont connue et aimée et qui, aujourd’hui, doivent trouver la force de vivre avec son souvenir.

 

Bises de B...et T....

 

C'est étrange de se retourner et de voir ces visages en train de s'estomper. Combien de morts pour se sentir vivant ? Combien de temps faut-il durer pour entrer dans l'éternité ? Chaque disparition autour de soi est un pas vers sa propre fin, vers le désert de ses illusions perdues, vers le passé de ceux qui sont l'avenir ! C'est difficile d'expliquer aux autres sa propre angoisse de la mort, nos frontières sont si proches et le temps s'écoule trop vite !

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Inventaire avant destockage (13) : Idir

Publié le par Bernard Oheix

Un texte écrit il y a près de 10 ans sur un concert auquel j'ai assisté il y a plus de 40 ans... J'ai de la suite dans les idées ! C'était un article à destination de "la Strada" de mon ami Michel Sajn, une (la) revue culturelle branchée de la Côte d'Azur. Compte tenu que je programmais enfin Idir à Cannes pour la première fois (il reviendra à 2 reprises), je ne pouvais décemment signer de mon nom...et c'est à cette occasion que j'ai exhumé ce pseudo qui dormait depuis des lustres dans les greniers de ma mémoire ! Inutile de vous dire que j'ai adoré écrire ce clin d'oeil d'une époque ou j'étais jeune, beau, et ou je mordais dans la vie à pleines dents !

A vous de juger ! 

 

 

C’était à Rennes. Miterrand n’était pas encore élu, la France de Giscard vivait ses dernières heures mais ne le savait pas. L’ouest me tendait les bras, terres de découvertes et de mélanges aves ses « indiens » et ses « cow-boys », cette allure de France profonde dans des habits de modernité.

 

Un copain est passé me voir et m’a entraîné à un drôle de concert d’un homme à lunettes, au visage juvénile et qui portait un nom qui sonne comme un coup de théâtre : IDIR.

 

Dans la salle pleine à ras bord d’une foule colorée, les femmes portaient leurs enfants en bandoulière avec leurs yeux clairs comme un message d’espoir. Quelques youyous résonnaient sous les regards ébahis d’un public occidental qui venait chercher l’aventure.

 

L’exotisme se parait d’humanisme. Les Kabyles côtoyaient  les Arabes comme si les drames du futur ne devaient jamais exister ou comme si, dans l’exil d’une culture la terre comptait plus que la religion.

 

Il est entré dans un flot de lumière et ses musiciens ont entamé une curieuse musique. Les instruments traditionnels perçaient les nappes légères des claviers et la fée électricité occidentalisait les mélodies. Sa voix chaude, douce s’est glissée à l’intérieur de ces notes égrenées liant d’un seul coup la langue kabyle, l’Orient fastueux des instruments traditionnels et la modernité occidentale d’une terre d’asile.

 

A VAVA INOUVA s’imposait comme un tube, comme un morceau de musique arraché au temps et qui ciselait des diamants dans les volutes sonores imaginées par un musicien hors du commun.

 

Son histoire est une légende qui parcourt les terres hautes de l’Algérie, son talent s’exprimait dans la discrétion la plus absolue.

 

Depuis des années il vit en France et sillonne ces terres qui ont su être hospitalières pour lui. Il permet la rencontre des publics et l’échange généreux des cultures. Il reste IDIR, un musicien génial, un interprète doux et magistral de mélodies bouleversantes, un ambassadeur de la musique du monde qui fédère le bonheur de vivre ensemble…et son concert est un des plus beaux concerts qu’il m’ait été donné de vivre. Il reste gravé en moi et chaque note me rappelle que la musique est bonheur.

 

Il est à cannes le 18 octobre, salle Mérimée à la Bocca, et j’ai hâte d’être au premier rang comme un « fan » qui n’aurait pas honte de dire à IDIR que ses chansons peuvent transformer le monde.

 

Jean-Paul ICARDI

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J'aime (plus) Merce Cunningham !

Publié le par Bernard Oheix

 

Surprenante journée monégasque, entre Nadal exécutant un Ferrero éberlué, Nalbadian atomisé par Djokovic sous un soleil printanier et un déjeuner offert par mes amis de la communication d’Eurosud  dans le village VIP du tournoi de tennis de Monte-Carlo. En fin d’après-midi, petite promenade dans une ville sinistrée par l’installation des structures du Grand Prix de Monaco. Amoncellement de tubes d’acier, de tribunes, de sacs de sable et de pneus utilisés pour le carrousel des chevaux mécaniques qui vrombiront dans plus de 3 semaines dans cette cité aux allures d’un Disneyland pour adultes. Monaco n’est pas une ville, n’est pas un Etat, c’est un phantasme imaginé par un créateur atteint du syndrome de Peter Pan !

 

A 19h, je retrouve mon adjointe, SD, avant de plonger dans la salle des Princes du Grimaldi Forum, ce Palais des Congrès construit en rognant sous la mer pour trouver un peu d’espace dans une ville confinée où la moindre surface carrée et plane vaut son pesant d’or.

 

Au programme, un grand héros de notre jeunesse culturelle, un nom de légende qui a marqué l’histoire de la Danse du XXème siècle. Leader de l’avant-garde américaine, innovateur de talent et de génie qui a explosé les limites de la danse et les a confrontées aux techniques modernes, aux arts visuels, à tout ce que la planète du moderne pouvait concevoir. Son compagnonnage avec John Cage a insufflé une dimension particulière à son travail de création en structurant des colonnes sonores propices à sa volonté d’exploser les codes traditionnels de la danse classique. Robert Rauschenberg signant des décors et des costumes en phase avec l’univers d’une modernité en train de reculer les limites du réalisme introduit cette déstructuration du cadre de la scène.

Enfin, tout cela c’est la théorie…

 

La soirée commença par Suite for five, une œuvre de ses débuts datée de 1956. Musique de John Cage interprétée en direct par un pianiste, costumes de Robert Rauschenberg. Du beau monde pour 5 danseurs évoluant aux sons contrapuntiques d’un piano ivre. Mouvements en saccades, gestes amorcés, ruptures permanentes des lignes de fuite, comme un alphabet de tout ce que cette danse moderne allait importer d’usant et d’artificiel. C’est vieillot à souhait, drame absolu d’imaginer que ce qui était rupture et novation en 1956 devient le triste reflet d’un ennui récurrent un demi-siècle après.

Au fond, c’est peut-être la première fois de ma vie que je ressens avec tant d’acuité ce décalage que le temps induit qui transforme le moderne en ancien, renvoie la novation à l’académisme et fait apparaître poussiéreux ce que l’on portait aux nues de la révolution créatrice. La recréation est parfois redoutable pour les sens émoussés de brûler ce que l’on a adoré…Mais c’est la dure réalité des idées que de s’épanouir avant de se faner !

La pièce suivante MinEvent, toujours avec Cage et Rauschenberg, permet au groupe de danseurs de se livrer et rompt avec l’esprit de rupture permanente qui est la signature du chorégraphe. Il réintroduit une certaine fluidité poussant même jusqu’à permettre aux interprètes de se trouver à l’unisson, aux gestes de définir une fresque, aux rythmes d’atteindre une fusion qui exalte la qualité technique de la compagnie.

Le dernier opus date de 2007. Il reste une des dernières œuvres composées par le génie vieillissant. Dans Xover, par couples, les danseurs viennent composer leurs éternels duos saccadés, rencontres avortées, ébauches de complicité d’une technicité brillante et enlevée se brisant en permanence sur les sonorités décalées d’un trio de musiciens et d’une chanteuse développant des arabesques vocales d’où surgissent cris d’oiseaux, onomatopées, textes en langues diverses éclatés. Cela pourrait avoir du charme, cela pourrait surprendre…mais est-il encore l’heure de s’ébaudir à ces recettes qui ont été surexploitées par les cuisiniers fades d’une nouvelle danse qui n’en peut plus de vouloir surprendre sans surprises ? Où est passé la magie d’une démarche de rupture, les codes volant en éclats n’ont laissé que des ruines fumantes sur les scènes des théâtres de la danse actuelle, comme si à force de hurler des messages vidés de leur sens, on ne pouvait plus entendre les variations d’un esprit libéré !

 

C’était ainsi, une soirée de connivence pour régler ses comptes avec son passé dont il reste la certitude d’une grandeur évanouie, d’une période où tout était possible et ouvert, une technique brillante de danseurs capables de rendre esthétique les gestes les plus atypiques, une démarche permanente d’équilibriste installant des passerelles entre les arts, l’aventure du « choquer » pour remuer les consciences…mais un demi-siècle se s’est écoulé, et dans les vagues qui balaient et effacent les vestiges de la création, il y a le conformisme actuel, toutes les fuites dans une provocation dont la seule finalité est l’installation de l’individu au faîte d’une gloire médiatique au service d’« egos » surdimensionnés, il y a l’appauvrissement intellectuel d’un zapping permanent et des effets de mode où les limites se sont évanouies.

Alors c’est vrai, je n’aime plus Merce Cunningham, mais c’est aussi parce que l’époque d’aujourd’hui n’est plus aimable et transforme son travail en jeux du cirque, en page d’histoire dont la seule finalité serait de dire, « j’ai existé et j’ai créé les conditions de l’ennui…admirez donc mes ruines et passez donc comme des ombres sans vous poser les questions d’un pourquoi vide de sens… Posez-vous les questions essentielles car de toutes les manières, on n'y répondra plus ! »

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Inventaire avant destockage n° 12

Publié le par Bernard Oheix

 

 

Deux annnées se sont écoulées. La saison culturelle venait de se terminer et comme à chaque fois, une impression de vertige devant l'inéluctable, le temps qui passe, les spectacles qui s'enchaînent, la certitude de franchir des étapes importantes, ceux qui nous rapprochent des frontières, des limites, le vide qui nous aspire. Ce mot, je l'ai envoyé à toutes celles et ceux qui travaillent avec moi depuis de longues années, comme une bouteille à la mer, pour dire merci et parler de la mort !

 

 

 

FIN DE PARTIE !

 

 

Une saison vient de se terminer…une de plus d’effectuée ! une de moins à imaginer…pour vous à réaliser !

 

Cette année 2007/2008 a été généreuse en belles images, en souvenirs, en événements majeurs.

 

Souvenons-nous…les Concerts de Septembre avec Archive et l’Orchestre de Bender (le plus beau et émouvant concert que j’aie jamais produit professionnellement), ces chanteurs que nous aimons, Mano Solo, Arno, Taha et surtout Eicher, Susheela Raman et Salif Keita, Abd Al Malik, Gréco (un mythe qui nous a donné quelques émotions pures) et Daho pour clôturer en élégance…une saison musique comme on en avait jamais réalisée par sa diversité et sa qualité !

 

Le Festival de Danse… de nouveau accessible où Sylvie Guillem et Russell Maliphant nous ont permis de rompre avec les lois de la pesanteur et qui nous a réconcilié avec Maguy Marin et l’art du mouvement, Mayumana, le coup de cœur endiablé des fêtes de fin d’année, Jolivet et les Chevaliers du rire avec fiel, l’humour de Boublil et de Benureau, les grands airs de la Traviata et de Nabucco, même les chœurs de l’Armée Rouge pour nous faire aimer les slaves… le théâtre en comédie (Toc Toc, La valse des pingouins, Adultères…) !

 

Et le Festival International des Jeux, avec ses 135000 visiteurs/joueurs et sa belle soirée de remise des prix et ses nuits du OFF à étirer les heures jusqu’à l’aube.

 

Voilà donc une page de tournée, un livret à ranger dans l’armoire des souvenirs, au milieu des autres, dans le foutoir des images que nous conservons enfouies en nous et qui font que nous sommes différents. A force de tutoyer les muses, on récupère un peu de leurs rêves !

 

Je vous remercie du fond du cœur  pour tous les efforts que vous avez consentis, pour la passion que vous démontrez au jour le jour au service de ceux qui créent l’émotion… C’est grâce à vous que le public peut communier, c’est par votre souci et votre précision que nous avons la fierté de réaliser des saisons pleines qui rencontrent le succès dans une période de crises et d’incertitudes.

 

J’associe à ces remerciements, tous les stagiaires qui trouvent leur place dans notre petite entreprise et donnent leur soif d’apprendre en gage de leur investissement.

 

Il nous reste de beaux combats à mener, un été se profile, une nouvelle saison et toujours votre compétence et votre enthousiasme en fil conducteur de notre action au service du public et du Palais des Festivals.

 

Merci à tous !

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