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Les Concerts de Septembre (4)

Publié le par Bernard Oheix

 

Le cycle s’achève. Il nous reste deux groupes et l’événement tant attendu du retour d’Archive dans la Ville de Cannes…quelques heures de délice, le calme après la tension des jours précédents. Je suis en terrain de connaissance avec ces Suisses et mes Anglais que je connais bien, avec qui j’ai réalisé le plus beau concert de ma vie professionnelle (cf. article blog d’octobre 2007) et un dernier disque que j’ai modestement contribué à réaliser en organisant l’enregistrement des cordes, cuivres et percussions avec l’Orchestre de Cannes, dans un studio à Nice, toujours avec mon compère des coups tordus, Michel Sajn. Il est avec moi d’ailleurs, tout comme Evelyne, Gaby, la garde azuréenne prétorienne d’Archive, un groupe génial qui s’est fait un nom dans la région…aussi grâce à notre action depuis de longues années !

 

The Young Gods.

Les papes suisses d’un punk-rock, étant passés au « sampler », redécouvrent les charmes d’un esprit soul. Cela aurait pu n’être qu’une aventure sans lendemain, si ce n’est qu’ils investissent ce « soul sudiste » avec l’inventivité et la générosité musicale qui les caractérisent. En acoustique, 3 guitares et un batteur-percussionniste vont imprimer un rythme totalement moderne à ces chansons folks, les transcendant pour agrémenter la mécanique et entrer en résonance avec une lecture moderne de ce répertoire. La voix puissante, chaude et juste de Franz Treichler est sertie d’une cohorte de bruits (accordéon diatonique, corne de brume, frottements sur les cordes, tapotements sur les caisses des guitares…etc.). C’est une musique d’intelligence qui s’ancre dans le rythme effréné, casse les mélodies, fait monter la pression pour se lover en boucles, étirer les plages, jouer sur les contrastes et accentuer les effets ou gommer les césures. Cela reste une musique de cœur mais sonnant avec la tête, un projet intellectuel qui rend à la nature première du son une efficacité et une énergie primitive.

Le Young Gods habitués à un public de fans dans des salles à visage humain, verront les 1500 personnes du Grand Auditorium se lever pour un rappel de 15 minutes, une découverte pour beaucoup, une confirmation pour ceux qui les avaient déjà entendus dans ce répertoire fascinant qui marque un tournant dans la vie du groupe !

 

Archive. (Prononcer Arkaïve).

On ne va pas refaire l’histoire, je ne vais pas vous reparler d’Archive, de la qualité de ses leaders (Darius Keeler, Danny Griffiths, Pollard Berrier…), de l’excellence de leur univers musical, du choc que provoque la première fois qu’on les voit en scène…Et puis, après tout, pourquoi se gêner, oui ! Je vais vous en reparler, je vais retenter de vous convaincre que vous avez raté le concert du siècle, l’opéra-rock le plus étonnant de ces dernières années dans le Palais des Festivals.

Scène vide, teinte verte, fantômes d’instruments se découpant dans l’ombre…Une bande débite l’ouverture de leur dernier album, Controlling Crowds, note stridente répétitive, étirée à l’infini en écho jusqu’à ce que les musiciens s’installent et déclenchent le feu. Bullets avec un « Personnal responsability », (vous êtes responsables), ressassé entre les plages des claviers nous interpellant jusqu’à ce que les guitares et la batterie décochent des flèches et embrasent notre culpabilité. Des silhouettes hagardes errent sur l’écran, images de foules aux yeux vides, coupables d’être absents et de ne pas s’opposer à la mécanique de l’horreur.

C’est l’histoire d’un groupe constitué en collectif dont les têtes pensantes sont Darius Keeler et Dany Griffiths qui navigue entre la musique planante, le rap, le rock et intellectualise la place de l’être humain dans un monde désaxé. Parfois, les mélodies tentent de calmer le jeu et font régner l’harmonie mais très rapidement, la rythmique vient briser les repères et par paliers monte en crescendo jusqu’à la fusion totale. Les chanteurs sont puissants, Pollard Berrier, Rosko John et Steve Harris enchaînent, se répondent en unissant leurs voix, libèrant les paroles du corset de notes qui les emprisonne. Ils sont une colonne vertébrale qui permet à la symphonie moderne de trouver son équilibre.

Dans Collapse/Collide, Maria Q apparaît sur l’écran, filmée de face, chante en revers du groupe qui interprète en live la musique, jeu de miroir inversé, voix d’ange sur univers planant.

Les morceaux s’égrènent, défense du dernier album sur plus d’une heure, avant que quelques tubes soient repris pour un dernier set de 45 minutes qui leur permet de revisiter leur œuvre à la lumière de cette composition de l’orchestre. Un sublime « Again » bouleverse le public qui depuis longtemps s’est immergé dans leur monde caverneux, entre le déchaînement et la supplique, le rock et l’opéra, le fragile et la dureté de l’acier. Puis les musiciens quittent le groupe un par un, individuellement, laissant le vide se réinstaller sur la scène habitée de leur fantôme.

Un rappel de 4 morceaux viendra parachever la soirée après plus de trois heures de musique, violent à l’extrême, envoûtant, les claviers et la batterie grimpant sans cesse vers une crête sonore inaccessible, celle d’une musique pure, obsessionnelle, découpant l’espace et le temps en plages impossibles, déferlement de notes comme un tsunami qui emporte tout sur son passage.

Et la dernière note envolée, le public se retrouve d’un seul coup dans un monde réel plus cru, balayé du conformisme et du consensuel, comme si le message du groupe pouvait résonner longtemps dans l’obscurité de nos solitudes. C’est Archive à son zénith, porteur de rêves, une note incessante dans la paix intérieure, le ferment d’une révolte que le cœur envoie à la tête et qui ne laisse personne indifférent… La musique est belle quand elle sonne juste !
Touf, c'est un ami d'Angéla, ma fille. Fan absolu d'Archive, tous leurs disques, 5 fois en concert...Il vient spécialement de Paris pour les voir et je lui ai fait la surprise de l'emmener backstage pour rencontrer Dany et Darius. Il est sur un nuage et va se souvenir longtemps de ce concert et de sa rencontre avec ses idoles !

Quand à mes frappadingues, ils arrivent !

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Les Concerts de Septembre (3)

Publié le par Bernard Oheix

On enchaîne après la folie Peter Doherty avec une soirée plus traditionnelle. Enzo Avitabile, découvert à Marseille, déjà programmé pour une Fête de la Musique à qui j'avais promis de le faire revenir dans une salle et Goran Bregovic qui a déjà rempli le Grand Auditorium du Palais des Festivals avec son Grand Orchestre des Mariages et des Enterrements.
 

Enzo Avitabile & bottari.
Le souffle de la passion. Photo de Alain Hanel.


Energia, energia ! Un ludion souffle dans son saxe et s’agite sur scène. Derrière son orchestre (clavier, guitares, basse, batterie), 8 Bottari commencent à taper furieusement sur leurs fûts de bois, leurs bras exécutent une danse lancinante débouchant sur un halètement convulsif qui donne une résonance mystique à la musique électrique. La voix se glisse entre les grondements chauds des percussions et les nappes stridentes des instruments. C’est parti pour un show échevelé, dopé à la faconde napolitaine, entre rock transe et tarentelles traditionnelles. C’est un vrai spectacle visuel, une danse avec le cœur en balance, comme si nous entrions en phase avec le mouvement interne d’une horloge biologique survitaminée. Enzo Avitabile dévore l’espace et le temps, joue avec les spectateurs, relance à l’infini les bras en l’air un public qui le suit, accepte d’entrer dans son univers d’humeur positive. C’est un homme adorable, ancien saxe de Pino Daniele, humble et fier à la fois, transfiguré par la scène et attentif au public. Il s’impose dans ce mixte étonnant où la logique s’abandonne aux rythmes des battements d’hommes en noir qui parlent aux dieux de la percussion.

Il est heureux mon Italien de choc ! Et moi je suis aux anges sur une planète musique. Enzo c'est la perfection à la Napolitaine !

Goran Bregovic et l’orchestre des Mariages et des Enterrements.
On l’avait accueilli avec sa grande formation, chœur d’hommes, orchestre classique et voix bulgare. Ils nous reviennent dans leur dernier spectacle, à 9, et d’entrée, vont donner le tempo en pénétrant par la salle avec les cuivres dans des duos d’instruments qui rivalisent et se répondent d’une aile à l’autre. 2 heures après, épuisés, les spectateurs vivront un « kalachnikov » d’anthologie pour la clôture d’un concert qui aura transcendé les 1400 personnes. Avec Alen, son double (et non son fils comme il se dit !), à la percussion et à l’accordéon, deux voix féminines et les 5 cuivres, il introduit une vraie pulsation de fête, un air d’entraînement qui nous oblige à nous lever pour l’aube de la vie, comme si la fête slave était là pour réveiller les morts et pousser les vivants à communier dans le bonheur.
L'attitude type de Goran...assis, bras écarté, la voix dirigée vers les cieux à dialoguer avec les dieux qu'il tutoie ! Photo de Alain Hanel.


Elégant dans son ensemble immaculé, assis de travers sur une chaise, presque évanescent, il impose sa présence dans la finesse d’un jeu de sobriété en totale opposition avec la frénésie des cuivres qui percent la muraille des sons pour déchirer le monde. C’est du Bregovic à l’état pur et ses tubes nous reviennent, remontent à la surface, musiques de films, chants « trad » et compositions originales dénonçant les marchands d’armes et les voleurs de rêves, bien plus dangereux que les voleurs de poules qui hantent ses œuvres. La frénésie est totale et le public a quitté ses sièges depuis longtemps, ivre de bonheur et les bras se lèvent pour le célébrer dans un triomphe à la romaine comme le Palais en a rarement vu !


PS : Goran logé au Gray d’Albion, un 4* de luxe c’est normal, mais allez expliquer à Brégovic qu’il loge à Cannes, rue des Serbes sans qu’il se sente particulièrement honoré ! Le hasard fait parfois bien les choses !

 Dans sa loge, après le concert, détendu et heureux, Sabine C, son agent, une amie à la photo, la nuit n'est pas terminée, les "frappadingues" guettent et nous attendent pour une plongée dans le rêve !

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Les Concerts de Septembre (2)

Publié le par Bernard Oheix

Deuxième jour en pays de musique...Du gros, du lourd avec Peter Doherty...Cela s'annonçait complexe, cela le fut !!!  Un vrai show Rock and Roll !


Je ne dirai rien des DumDumBoys. Je n’ai pu les entendre ni les voir, largement occupé par les tensions inhérentes à la programmation d’un Peter Doherty dont la réputation sulfureuse implique une attention constante.

A manier avec précaution, tout comme cette poignée de main à son arrivée dans le Palais, délicate et fine, tendue avec un rictus de douleur. De l’aéroport à l’hôtel, dans un état de fatigue extrême, une sieste bienvenue, pas de balance pour une arrivée à l’heure dans l'enceinte du Palais.

Des danseuses en tutu blanc dans les couloirs, une porte fermée sur les musiciens en retard, la tension qui monte dans la salle bondée de jeunes en slim et mèches plaquées, la frénésie d’assister à un événement unique, Peter Doherty est bien présent, lucide et il va pénétrer sur cette scène. On m’avait tant promis l’annulation que j’en savoure avec délice ces derniers instants d’incertitude. Je repense au concert d’Archive avec l’orchestre symphonique, au show époustouflant d’Iggy Pop, et je me dis que c’est génial de travailler dans cette ville, avec la liberté de programmer même l’improbable en confiance avec David L, mon président, d’accueillir mon groupe de "frappadingues" de Séville (mais de cela je vous en reparlerai !), et de voir les musiciens de Babyshambles s’étreindre avant d’entrer sous les feux de la lumière pour déchaîner la foudre.
Pendant la fureur, au milieu d'une foule en délire, la solitude du chanteur de rock saisit par Alain Hanel !


Et la foudre fut ! Déluges de ce son « so british », rock aigre des origines quand la musique avait encore quelque chose à revendiquer, batterie, basse, guitares et la voix bien présente du leader dans son costume sombre, chapeau sur la tête, enflammant ses fans avec des morceaux nerveux, pleins de dissonances, un son brut à l’évidence dans une force tellurique qui ne peut laisser insensible. Peter Doherty n’est pas qu’une icône destroy, un article dans une galerie de portraits acides, une trace de fait divers…il est aussi et avant tout un vrai compositeur, un interprète de talent, un fauve sur la scène que rien ne peut entraver. Même les danseuses kitchissimes, les jets de soutiens-gorge et de strings, les flottements d’un set sur le cordeau ne peuvent gâcher le plaisir d’une rencontre rare. On pourra dire j’y étais, et en parler jusqu’à fin des nuits.

Après une heure de concert, Peter Doherty, fidèle à lui-même, décidera de dérégler le bon ordonnancement des choses. Il invite ses fans à le rejoindre sur le plateau, la sécurité se fait totalement déborder dans une salle impossible à contrôler, une marée humaine de 300 personnes envahit la scène dans le paroxysme d’un morceau interminable, la confusion batterie/guitare continuant jusqu’à l’apocalypse d'un magma de corps et de membres frénétiques. Ces minutes vont rejoindre le panthéon des grands moments de délire et d’absurdité d'une existence qui en a pourtant déjà vu des moments de folie ! Jusqu’à la sortie d’un Peter Doherty hâve et dépenaillé, l’oreille en sang, matériel dévasté sur la scène transformée en champ de ruines, les mômes exultant en exhibant les baguettes du batteur, les oripeaux des musiciens réfugiés en coulisses.
La scène comme un bateau ivre en train de tanguer...Peter heureux enfin comme un capitaine démoniaque lève le poing de la passion ! Merci Eric Dervaux pour cette photo historique ! 


Petit flottement jusqu’à la remise en ordre du matériel et l’annonce surréaliste du manager qui demande que l’on rende les baguettes pour reprendre le concert. Elles atterrissent à ses pieds et les Babyshambles reviennent en force pour deux morceaux haletants, au bord du gouffre, la pression à son comble devant l'invite par le leader d'une nouvelle invasion promise.

Finalement, d’un grand coup de lattes dans l’ampli, Peter va achever son concert dans l’apothéose d’un sacre d’empereur à la fureur et au dérèglement…
Peter n'en revient pas...on a aimé ! Admirez son oreille déchirée par les fans et son air goguenard, il a fait son show comme un vrai pro, à la frontière de tous les possibles, on y était... et lui aussi !


Il acceptera quelques photos et la signature du programme et sera tout étonné de nous voir, le président et le directeur, heureux comme des gosses de ce bon coup donné au conformisme et à la bienséance. Son oreille en sang, il partira pour les heures sombres d’une vie à cheval sur la mort, ayant illuminé le présent de son "aura" sombre…Et le Palais résonnera longtemps des hurlements en communion d’une foule en délire !

Au bilan, 5 fauteuils détruits, une tête d'ampli fracassé trois micros et deux retours explosés...Pour ce prix, je resigne tout de suite, et que vive encore et longtemps le souffle des dieux iconoclastes dans les champs de l'uniformité ! 

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Les Concerts de Septembre (1)

Publié le par Bernard Oheix

8 groupes, 12 heures de musique, une ambiance de folie dans les salles, les concerts de cette rentrée ont été à la hauteur de nos espérances...Il faut dire que rarement j'ai eu la certitude de programmer des groupes aussi proches de ma sensibilité en phase avec l'air du temps ! Voilà donc une revue d'effectif de ces 4 jours de passion.


Jeudi 24 septembre.

Les Tornado, un groupe que j’avais eu l’occasion d’entendre sur une péniche à Paris, ouvraient le Festival avec un set tout de finesse, une élégante musique d’un rock progressif servi par des interprètes discrets mais efficaces avec un chanteur Samy Decoster dont on reparlera. Moment de gloire pour ce jeune groupe, la grande salle du Palais des Festivals, avant Bertignac, et un public qui leur offrit une belle salve d’applaudissements avec rappel à la clef ! Quelques rêves ont germé dans les nuits d’une bande de copains sympathiques en diable. Ils ont un bout de chemin à faire dans la jungle des groupes qui naissent et leur travail a payé. Bravo à Tornado.

Alain Hanel avait couvert les deux précédentes années de spectacles du Palais. Bertignac l'inspire !

Louis Bertignac trio, un rock comme on l’aime, frais et énergique, plein de fureur ludique, des sons jaillissant de la Gibson de Louis, un bassiste complice et un batteur déchaîné ont servi, aux 800 personnes présentes, une heure de nostalgie. C’était l’époque où le rock était simple comme la vie, la nuit succédant au jour, la lumière à l’ombre, les méchants d’un côté et les bons de l’autre avec des besoins élémentaires comme hurler sa joie et crier son espoir. Louis Bertignac est un porte flambeau de ce rock bon enfant, il reste égal à sa légende, cheveux blanchis, traits burinés, adorable dans la distance, simple comme un rocker sans illusion qui vit dans sa bulle de notes stridentes. Il jouera le jeu d’une conférence de presse institutionnelle en y apportant un zeste d’ironie et beaucoup de chaleur. Il se pointera à l’after sans façon, au Sun7 avec un Thomas, le patron rayonnant, pour consommer des bières et repartir en ayant illuminé la scène d’une certaine conception du rock, la révolte sans la guerre, le bruit sans la fureur. Dans une 3ème partie, les musiciens du Band of Gnawas viendront le rejoindre pour une heure de revival, Led Zep, Hendricks, les Beatles, les Stones… en mélangeant le rock et le « trad » des artistes Gnawa. Surréaliste juxtaposition d’un univers électrique avec des marocains costumés bondissant et se croisant sur scène. Musicalement, Loy Erlich de Hadouk trio, Cyril Atef de Bumcello et le chanteur Akram Sedkaoui à la voix d’ange assurent merveilleusement (sans oublier Louis Bertignac qui sait rester en retrait quand il est nécessaire de laisser s’épanouir les chants gnawas !).

Eriic, mon pote photographe, toujours a l'affut des sensations, devant le saut d'un gnawa défiant les lois de la pesanteur !

Le concert est parfois fragile. La transition entre le moderne et l’ancien un peu mécanique, le positionnement quelque peu aléatoire…mais la force de Band of Gnawa vient de la fusion réelle qui surgit de l’accumulation des passions, de l’énergie et de la volonté commune qui animent les musiciens dans cet hommage au passé du rock dans les racines de la musique traditionnelle de l’Atlas.

En loge avac Moulinot...Bertignac heureux et moi de même !

Sabine et Ourida, les tourneuses du projet, à l’origine de leur venue au palais suite à une discussion au Bab El Med de Marseille, sont béates et papillonnent, cajolent leur artistes, vibrionnent en embrassant tout le monde et vivent ce moment si particulier de la réussite, quand tout semble en harmonie…La nuit sera longue
 !

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Chutes de riens (2)

Publié le par Bernard Oheix

De retour de vacances…Farniente, baignades et randonnée en mer à la réserve de la Scandola, eau pure et poissons de couleurs, plages désertes, côtes escarpées… la Corse si belle, si fière, si charnelle. Quelques jours à Porto, une semaine à Bastia. C’est 10 jours de rêve, un peu de repos et déjà la reprise avec ces concerts de septembre qui se pointent, 4 jours de musique comme un ouragan…les Tornado et Louis Bertignac and Band of Gnawas, DumDumBoys et Babyshambles (Pete Doherty sera là, bien sûr !), Enzo Avitabile et  bottari plus Goran Bregovic, les Young Gods et pour finir les Archive dans leur dernier opus, celui qui fut coproduit par Cannes avec L’Orchestre de Bender… Plus qu’une reprise, une déflagration musicale, un festival feu d’artifices pour ouvrir la saison 2009/2010.

Alors, pour entamer ce nouveau cycle, quelques chutes de riens, épisode 2, textes qui vont rejoindre le néant et qui l’espace de quelques minutes, pourront exister gratuitement, sans espoirs d’avenir. No futur pour les chutes condamnées au grand silence, textes délétères en claquement de doigts.

Chut, les phrases qui vont mourir vous saluent !


Chutes de riens (2).

 

Mariage et sexe

Petite rubrique sur les chutes concernant le rapport au sexe. Dans le roman qui porte sur la vie d’une femme, je ne pouvais ignorer cet aspect de sa personnalité…De plus, j’ai découvert depuis de longues années que j’aimais écrire des scènes chaudes, le plaisir de la sensualité, tenter de décrire ce qui se trame entre l’émotion du cerveau et la sensation d’un physique en fusion, les gestes et les images. Petit lexique de séquences qui ont sauté en dernier relecture et se retrouvent donc orphelines de lecteurs.

 

 

Page 46

J’étais toujours vierge, je n’avais jamais perçu le moindre élancement dans mon ventre si ce n’est dans mes duos avec un public qu’une scène séparait de mes désirs. J’ignorais mon corps, ma vie me semblait si riche en émotions que les pulsions d’un physique endormi n’arrivaient pas à exprimer un manque.

 

Page 75

Il tentait de me séduire assidûment, toujours amoureux de sa métisse mais je ne pouvais accéder à son désir et repoussait ses tentatives avec le maximum d’égards. Un homme était bien la dernière préoccupation de mon existence. Je n’avais toujours connu qu’Aimé. Il m’avait initié à ce plaisir physique qui me manquait cruellement, mais en corollaire légué l’angoisse d’un compagnon. Je ne me résolvais point à ouvrir mes jambes pour accueillir un membre d’homme, j’avais si peur de l’après, quand l’homme du plaisir s’estompe pour laisser place à l’homme dominateur et sûr de lui, celui qui doit guider votre existence et devenir l’axe de votre mal.

On nous apprend à subir les hommes comme si la nature nous prédisposait à devenir leur exutoire.

 

Page 92

Je me félicitais chaque matin de le trouver dans mon lit, de sentir son odeur mâle, ses poils qui hérissaient ses joues et ripaient ma peau quand il m’embrassait en s’éveillant. Il était prévenant, me faisait l’amour doucement pour ne pas déranger ce nouveau petit bout d’homme en train de prendre ses aises dans mes entrailles. Il me faisait jouir en murmurant des phrases où il était question de ma beauté, de notre amour, de la douceur de mon ventre. Il me confiait qu’aucune femme n’avait compté dans sa vie et qu’il avait toujours pensé qu’il me rencontrerait un jour, que c’était inéluctable, écrit par les dieux dans le ciel de nos vies croisées. Qu’il avait attendu trop de temps avant que nos chemins convergent pour créer et donner la vie.

 

Page 105

La société se prémuni contre l’inceste. Les rites de la vie commune impliquent des règles très strictes pour lutter contre ce fléau, une mère ne peut dormir dans la même case que son garçon pubère, un père ne peut  rester seul sous le toit familial si ses filles ont déjà eu leurs règles. Mais les frontières de la sexualité se bornent à ces interdictions. Rien n’empêche les adolescents de s’aimer.

 

Page 106

Le rapport au sexe différait de la prostitution classique de type européenne. L’aspect commercial pur, l’échange d’argent contre des faveurs codifiées étant largement noyé dans un mélange d’ensorcellement et de naturel qui excitait le client devenu roi d’un soir et d’un corps.

Dans cette dernière décennie d’un millénaire en train de s’achever, une part non négligeable des hommes qui débarquaient, était attirée part le tourisme sexuel. Contre quelques billets, un bijou ou même un repas dans un restaurant, on pouvait finir sa nuit avec une belle indigène, une femme prête à tout pour satisfaire les désirs de son hôte. Le sexe exotique trouvait des débouchés dans ce tourisme de masse confrontant la richesse des possédants à une permissivité naturelle. Le laxisme général et la pauvreté endémique formaient un terreau fertile pour ce tourisme de la chair qui commençait à faire des ravages avec le développement du sida dont les échos arrivaient bien faiblement encore sur ces terres éloignées. Notre catholicisme importé au XIXème siècle s’était dilué dans un animisme primitif et n’avait pu réaliser les ravages commis dans les civilisations occidentales mais cette liberté avait un prix dans notre culture malgache dont les femmes étaient trop souvent les victimes consentantes.

 

 

La vie sociale et la scène.

 

Vu que mon héroïne est une chanteuse née à Madagascar, de nombreux passages du roman portent sur la vie dans ce pays et sur son apprentissage de la scène et du chant. Quelques chutes donc pour évoquer la naissance d’une femme et d’une star !

 

Page 13

Les demandes en mariage sont des moments importants dans les villages, c’est l’occasion de rire de la vanité des hommes. Les prétendants sont encore fragiles à l’aube de fonder un nouveau foyer, leur rappeler la dérision de leurs certitudes fait partie du jeu. L’existence des êtres humains ne doit pas se calquer sur les rites des dieux, ils doivent beaucoup d’humilité à la nature souveraine. Mon grand-père savait tout cela. Il avait organisé la cérémonie avec beaucoup de soin, car même si la famille de mon père s’était installée depuis longtemps dans la région, ils étaient et resteraient des vazahas par leur culture et la couleur de leur peau, des blancs qui ne saisissaient pas toujours les extrêmes subtilités d’une demande en mariage.

 

Page 30

Une phrase me hantait, « je ne verrai plus mon grand-père » me répétais-je. Cette idée qu’une personne pouvait disparaître, s’évanouir et ne plus exister alors qu’elle avait guidée mes pas jusqu’à ce jour m’apparaissait intolérable, incongrue, particulièrement obscène. Comment imaginer cette voix absente ? Depuis ma plus tendre enfance, elle avait résonné à mes oreilles en me transmettant tant de secrets, des histoires d’un peuple dont il restait le dernier dépositaire, l’ultime roi. Imaginer cette source tarie ? « -Tu seras notre voix », me disait-il, mais comment assumer cette prédiction s’il me laissait orpheline de sa sagesse, de ses conseils assurés, de cette empreinte qui s’était gravée en moi et m’avait éclairée tout au long de ces années où j’avais grandi sous son aile.

 

Page 45

Sur la scène des bals et des boîtes, j’étais habillée intérieurement, reflet en miroir de ce que le public espérait, la technique me dissimulant derrière les pulsations de mon âme.

J’étais unique, la puissance de la voix est incommensurable devant le tangible, devant les biens terrestres qui encombrent nos existences et nous dissimulent la nature profonde des êtres.

 

Page 69

Cette fusion physique avec une foule d’ombres me contentait largement. Nul besoin d’aimer un être de chair et d’os quand l’abstraction la plus pure vous autorise toutes les folies. Je n’en étais que plus disponible pour l’amitié, pour les sorties et travaux en commun avec mes amis de l’université. Je refusais absolument toute promiscuité avec la clientèle du « Soleil de Minuit » où je me brûlais aux projecteurs d’une célébrité naissante. Il y avait une césure absolue entre mon monde de la nuit et celui de la journée. La nuit, c’était le chant et l’ivresse des sens, le bruit et la passion. La journée, l’enseignement et la tête, l’affection et l’absence de crainte. La vie était si sereine dans les rues de cette capitale que j’apprivoisais, une sérénité à laquelle j’aspirais depuis l’échec de mon couple avec Aimé, fondée sur une vie intense mais sans peur. Il n’y avait que la carence de ma famille et de Petit Pierre pour me faire regretter d’être au centre de ce monde.

 

Page 103

Je savais que mon histoire ne pouvait se résumer à cette expression de chants traditionnels pour un public qui m’avait vu grandir. Il devait bien y avoir un ailleurs qui m’attendait dans ce monde que l’horizon dérobait.

 

Je sais la mort des mots, mais qu'en est-il de la vie d'un texte ? Je continue d'écrire en espérant qu'un jour, dans la lumière, ces phrases que j'ai inventées, ces paragraphes à qui j'ai insufflé un soupçon d'espoir, puissent s'épanouir comme des fleurs au soleil d'une renaissance.
Comment ? Là, il faudra m'expliquer les règles du jeu !

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Port-Folio de l'été 2009

Publié le par Bernard Oheix

Des instantanés pour se souvenir d'un été particulièrement chaud ! On commence par quelques souvenirs (agréables) des feux avec deux belles personnalités, Corinne Touzet et Sophie Duez. Ces photos ont été captées par Candice C, la stagiaire qui m'a accompagné tout au long de ces 6 semaines et de ces 6 feux. Année d'exception avec 3 grands tirs (Autriche, Pologne et France) + un hors compétition magique de nos amis italiens de Panzera. Les débats furent difficiles et le palmarès sujet à discussions... mais c'est la règle d'un jury et des étranges pulsions qui le traversent et figent les états d'âme ! 


Bon, faut rêver, Corinne Touzet, c'est ma copine...mais dans le jury de la pyrotechnie 2009, c'est pas tous les jours dimanche, ils sont durs les membres du jury de nos jours  !

Sophie Duez, la présidente du jury...Elle est belle la Sophie, mais quel caractère !
Deux grosses personnalités pour un seul jury, c'était beaucoup pour un humble directeur !

Mais ce n'est pas tout ! Yves Simon, Etienne Perruchon et Françoise Delaporte sont venus nous accompagner à l'occasion, personnalités diverses se greffant au jury avec des regards émerveillés pour ces soirées magiques !


Françoise D...Elle rêvait de rencontrer Corinne T, c'est chose faite !


Les photos suivantes ont été réalisées par mon ami Eriic. Il travaille dans la com et la pub, il réalise des maquettes et des documents et quand il y a des spectacles, il vient se fondre dans la foule derrière sa barbe pour saisir des moments uniques et figer le temps. C'est Eriic, un grand photographe devant l'éternel et mon ami ! Merci de m'avoir permis d'utiliser tes photos !

Nilda Fernandez, dans une clôture des Nuits Musicales du Suquet qui a fait couler beaucoup d'encre, ravissant une grande partie du public pour provoquer l'ire d'une poignée d'excités qui eurent tendance à s'en prendre à votre scripteur. J'ai survécu et Nilda est reparti pour de nouvelles aventures...un opus qui fera date et sortira cet hiver, j'en suis persuadé !
La belle et sculpturale Ebony  Bones illuminant Le Pantiero. un vrai choc, une bombe en train d'exploser sur scène sans retenue. Elle est merveilleuse mon Ebony et elle ouvre magnifiquement ce Pantiero qui vivra de belles heures !

La soirée des DJ's, 3 monstres réunis pour étirer l'espace dans les volutes répétitives de leurs sons, ouvrir une faille dans nos perceptions et jouer avec nos sens...
Rebotini, l'homme machine. Il crée en live, un univers déjanté, assemblage de bruits, de séquences originales et de répétitions en boucles, un vrai compositeur qui rappelle les expériences des années 70 d'un Pierre Henry...Mister Oizo, un animal à sang froid... Il jongle avec les sons des autres, introduit une touche personnelle dans des compositions multiples, surfe sur les crêtes des rythmes pour définir son propre univers. Une démonstration de classe !

Erol Alkan, le Maître anglais. Il fait des reprises qui inventent des morceaux à vif, des plages inconnues, des standards qui explosent sous sa maîtrise absolue. Il va porter le public à incandescence pour le dernier set de ce Pantiero 2009.

L'été se termine enfin. Il y a eu aussi le Jazz à Domergue avec une sublimissime China Moses, Le Festival de l'Art Russe, avec  danse, vodka et  beauté des femmes, une clôture enlevée pour les feux par notre ami Panzera et il ne reste plus qu'à partir en vacances, avec la satisfaction du devoir accompli, une île corse à l'horizon, se reposer, attendre en  espérant que les concerts de septembre soient complets...Au vu des programmes, cela peut s'envisager !
Allez, ciao, je me casse... A bientôt !

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Pantiero 2009

Publié le par Bernard Oheix

 

16 groupes, des dj’s en pagaille, des afters jusqu’à l’aube, le crû Pantiero allait-il résister à la déferlante des plages électroniques (12 000 spectateurs en moyenne par date !), à la création d’un Festival à Nice sur 4 jours, (2many DJ’s)…et à une offre qui s’est structurée depuis quelques années dans la région.

 

Jean-Marie Sevain, le Directeur artistique proposait deux jours à tonalité rock, une hip-hop et une clôture en électro pur et dur.

Sur les 4 jours, quelques belles pépites ont embrasé cette terrasse magique du Palais, suspendue au-dessus du vide, coincée entre le vieux port, la colline du Suquet et la baie de Cannes avec son arc de palaces flamboyants ceinturant l’horizon. 8000 personnes sont venues se plonger dans les délires sonores de ces groupes pas toujours connus en dehors de leur sphère d’initiés, avec une baisse sensible sur la journée hip-hop et le plein sur la dernière journée (3000 spectateurs).

 

Le 8 août.

Après The Chap dont il n’y a pas grand-chose à dire, Fujiya et Miyagi ont marqué par leur pop expérimentale, nimbée de claviers et d’électro, des boucles hypnotiques à la recherche d’un équilibre impossible, des nappes sonores élégantes se développant en harmonie pour imposer un groove psychédélique. Une belle prestation élégante et distancée.

ESG, l’événement annoncé de cette première soirée me laissera sur ma faim. Ces pionnières d’un punk-funk new-yorkais sont une tranche d’histoire de la musique contemporaine. Sur une trame lourde de batterie-percussions et de voix profondes, elles tentent de ressusciter le passé. Elles me paraissent datées, comme si nous assistions à une tranche d’histoire coupée du présent, un album sorti de notre mémoire pour nous souvenir du bon vieux temps (déjà !). Leur force iconoclaste originelle s’est diluée dans l’expérimentation moderne et l’appropriation de ce qui faisait leur force. Reste que les fans ont vibré.

La vraie surprise viendra d’une black déjantée, Ebony Bones. Superbe dans son accoutrement de couleurs vives, avec un groupe qui maîtrise parfaitement la scène, des costumes, des maquillages carnavalesques, un vrai show endiablé où l’énergie pure va se balader entre l’afro-beat, le punk, le funk pour emporter le public dans un délire totalement assumé. C’est une grande artiste qui vient de naître…un album, quelques concerts seulement mais déjà toute l’expérience et la finesse d’une artiste généreuse qui s’offre sans réserve au public. Un show vivifiant, tonique, esthétique où la musique roule comme des vagues d’énergie pure.

 

Le 9 août.

On attendait Naïve New Beaters…Malgré l’ordre de passage (ouvrir la soirée dans la clarté du jour !), Naïve en deux riffs de guitare s’est emparé d’un public au départ clairsemé pour ne plus le lâcher et donner un show de légende. Deux guitares et une machine multicartes vont faire saigner l’éther, remplir l’atmosphère de sons pénétrants comme des lames d’acier dans le public, montée d’adrénaline, pop-électro torturée, juste un pas devant le présent, à la limite des conventions qui implosent sous leur énergie et leur humour. Car le leader sait habilement jouer de son accent et de ses interventions pour s’attacher les présents et donner à l’obsession de ce son puissant la légèreté d’un moment de partage. Vive Naïve New Beaters, king of Pantiero.

Stuck In The Sound, pour honorable qu’ils furent, avaient la lourde tâche d’embrayer derrière ce show décapant…Il fallut attendre Kap Bambino pour retrouver le punch originel d’une musique hors-normes. Dans ce duo machine et voix, un zébulon blond monté sur des ressorts, une voix de tête à la limite de la déchirure, dans un jeu de scène paroxystique porte à incandescence le public médusé. Elle saute, bondit, s’égosille en un jeu évident de transe, soutenue par le son bas et gras d’un punk électro qui percute les sens. Faille dans le consensus ambiant, ce duo de Bordeaux est une pure révélation (pour moi !) et possède un jeu de scène d’une maturité étonnante malgré leur jeune âge !

Late of The Pier  arrivait pour conclure, précédé de la réputation d’un groupe dont on s’accorde à penser qu’il sera grand et créera l’évènement. Psitt ! Pompier, grandiloquent, avec des voix très inégales et une certaine naïveté dans l’approximation tant du jeu que de l’interprétation…Late a encore du temps (!!) pour progresser, on découvre leur jeunesse en live et si le CD est plutôt intéressant, le show laisse largement à désirer, dévoilant les faiblesses de ces gamins trop vite encensés ! Ils ont l’avenir pour eux, sauront-ils l’utiliser ? Réponse dans quelques années !

 

Le 10 août.

Soirée intégralement consacrée au hip-hop. Bon, ce n’est pas mon genre préféré mais depuis longtemps j’ai appris à ouvrir les oreilles et à abandonner mes préjugés. Disons-le, ce n’est pas ce 10 août qui m’ouvrira les portes des sensations extrêmes ! Kid Acne, Krazy Balhead font partie de la catégorie des hip-hopeurs hurleurs. Yo! Majesty, sans sa moitié perdue dans les brumes océanes, tente de meubler l’absence de sa comparse et s’époumone sans convaincre. Son funk (grotesque reprise de James Brown), son agitation et ses provocations tournent à vide. Lady Sovereign, sans son DJ (décidément, les duos ont tendance à perdre leur moitié !) laisse 10 mn la scène vide avec un show de lumières anémiques dans la musique d’une bande enregistrée avant d’entrer pour 40 mn pauvre et désespérante de vacuité !

Désolé messieurs et dames hip-hopeurs, on reviendra en 2ème semaine pour se persuader de la dimension extatique de cette musique venue des bas-fonds !

 

Le 11 août.

The oscillation. Dans une soirée consacrée au DJ’s panzer division, la présence de ce groupe au rock alternatif, aigre et incisif, avec des montées violentes comme des bourrasques sonores pouvait étonner. Ils assurent une belle introduction, vivante et métallique, avec un côté « can » au rock psychédélique, nostalgie empreinte de modernité.

Place donc à nos trois représentants d’un monde mécanique où la robotique crée l’illusion. Rebotini qui compose l’intégralité de ses sons en direct grâce à ses machines, offre un set gras et lourd passionnant. Son œuvre s’inscrit dans une tradition de musique concrète répétitive, des sons issus de la réalité pour être transformés en musique par leur intensité, leur fréquence, leur incessant enchâssement dans des trames fluctuantes. Il assure une vraie composition originale et permet le lancement tant attendu de la star Mr Oizo. Célèbre pour sa pub qui passe en boucle, animal au sang froid qui se dissimule pour mieux séduire, il va occuper l’espace avec tout son savoir-faire, une maestria pour passer de « samples » connus en plages originales hypnotisantes, cassant les rythmes, distordant les sons et imposant un univers personnel.

 Les 3000 fans ont chaviré depuis longtemps et derrière son mur de machines, Mr  Oizo mène parfaitement le jeu, faisant alterner les fréquences obsédantes avec la délicatesse de plages aériennes qui viennent comme des ponctuations éthérées.

Reste Erol Alkan, le dieu londonien, celui qui est sans conteste la star des grandes fêtes électro. En vieux routier habitué à son public, il va jongler avec toutes les musiques contemporaines, jouant sur tous les tableaux, déclenchant l’hystérie, décortiquant sans cesse les structures de chansons connues pour les rendre plus dynamiques, recréer à partir de la réalité une nouvelle composition originale, réinventant la musique originelle pour donner corps à la matière brute. C’est un opéra moderne en direct, une façon de prouver que l’on peut piller les musiques des autres tout en étant authentique, réinjectant de l’âme dans des œuvres connues. Son final sur Sting restera dans la mémoire de bien des spectateurs éblouis.

 

Voilà terminé le Pantiero 2009, par un vrai succès dans une édition mitigée. Les « afters » balbutiants, un soir un peu faible en assistance, quelques groupes hésitants, n’enlèvent rien à la richesse de cette manifestation atypique. Sur le toit du Palais des Festivals, entre les étoiles et la mer, le Suquet et les yatchs, pendant 4 jours, la modernité put s’exprimer au sein d’un écrin de conformité ! C’est cela aussi Cannes et la sélection du Directeur artistique, Jean-Marie Sevain, a au moins le mérite de sortir des sentiers battus et d’explorer les voies nouvelles de la musique de demain... il y a des pépites dans ces chemins de traverse !

 

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Infernum Suquetam

Publié le par Bernard Oheix

 

La roche Tarpéienne n’est jamais loin du Capitole…J’en ai fait la cruelle expérience, une fois de plus, et des ors de Montréal, où la gloire m’effleura, aux pavés glissants des Nuits Musicales du Suquet, il n’y eut qu’un pas que je franchis allégrement pour me vautrer dans la fange de l’ignominie !!! Jugez-en par vous-même !

 

« -Mesdames, messieurs, aujourd’hui, je viens de prendre la décision la plus stupide de ma carrière d’organisateur… ».

Ainsi ai-je entamé mon discours sur le plateau du Grand Auditorium du Palais des Festivals, déclenchant les rires des 700 personnes installées sur les fauteuils de velours rouge, dans la quiétude de la salle, en lieu et place d’affronter des bourrasques sur les gradins du Suquet, sous les étoiles, plus près de toi, Mon Dieu !

Le repli éventuel au Palais des Festivals devant être impérativement décidé au plus tard à 16h15, sans possibilité de retour en arrière, en ce 22 juillet 2009, la lecture à 14h30 du bulletin météo me refroidit quelque peu. Des vents en moyenne à 40km/h étant annoncés, je passe 30 mn au téléphone avec le responsable de la station où nous sommes abonnés afin de tenter de voir clair dans l’imbroglio d’une soirée qui s’annonce complexe. 700 personnes ont pris leurs billets pour les sœurs Labèque. La salle est archicomble. Ce n’est pas la première fois que je les programme et chacune de leur venue est propice à une bonne décharge d’adrénaline. Disons-le clairement, elles n’aiment pas jouer en extérieur, détestent le vent et les cris des cormorans, le moindre klaxon déclenche leur irritation et quand un spectateur tousse, elles se sentent personnellement agressées. Cela n’enlève rien à leur talent et à leur gentillesse, elles sont comme cela les sœurs Labèque, méticuleuses et particulièrement scrupuleuses quant à l’exercice de leur art.

Je reprends rendez-vous téléphoniquement avec le gardien des cieux pour 16h afin de faire un ultime point qui ne changera rien. Il me certifie que le Suquet subira de travers des rafales de vent marin entre 20h et 23h et les artistes consultées par précaution me poussent au repli immédiat…

J’imagine la tête de mes supérieurs à l’annonce qu’il faut rembourser tout le monde parce que j’aurais fait le mauvais choix et déclenche in petto un repli stratégique au risque zéro malgré la maigreur du souffle d’Eole qui tente une percée vers 16h30, sans conviction… avouons-le !

Sophie D, mon adjointe débarque en rigolant… « -repli, vous avez dit repli, mais il n’y a pas de vent …pourquoi ? Encore une de tes lubies, Bernard !». Admirez au passage la solidarité de ma plus proche collaboratrice, celle qui partage ma vie (professionnelle) depuis 20 ans désormais !

Je résiste et tente de me convaincre de la justesse de ma décision, me mets à guetter, le nez en l’air, chaque branche d’arbres qui se courbe timidement… Et plus le temps passe, plus le vent décroît jusqu’à ce qu’il s’éteigne définitivement à 19h30, laissant les drapeaux en berne, mon cœur en jachère et le public particulièrement furieux de ce repli intempestif, incompréhensible.

Je vais donc passer les heures qui suivent à exhiber mon bulletin devant les faces de hordes excitées zébrées de rictus méchants afin de prouver que le vent devrait être là, jusqu’à ma montée sur scène pour une expiation publique.

Inutile de vous dire que je n’en menais pas large au moment de pénétrer sur l’immense plateau, m’accrochant au micro comme à une bouée de sauvetage…jusqu’à cette introduction qui dérida la salle et me mit les rieurs dans la poche…

Sophie, goguenarde, avait annoncé à la cantonade, que cette fois-ci, si j’arrivais à les faire sourire et à les retourner en ma faveur, j’aurais vraiment droit à une médaille ! Je la porte au revers de tous mes espoirs, comme un tribut payé au vent capricieux colportant les ondes mauvaises d’un dieu Suquétan pervers !

 

Les soeurs Labèque, après la tourmente...

Mais ce n'en était pas fini avec cette édition du Festival !
Passons sur les rumeurs montantes, celles qui déchirent le silence précieux des pianistes avec des airs de « batucada » peu propices au mixage des genres, à notre toile esthétisante surplombant les spectateurs sauvagement lacérée dans un pur élan de vandalisme par une nuit sans fond, pour arriver à cette clôture des Nuits Musicales du Suquet avec mon ami Nilda Fernandez.

« -Mesdames et messieurs, un guitariste a besoin de doigts, un chanteur de cordes vocales et une danseuse de jambes…c’est, hélas, ce qui manque à notre Carmen ! En effet, il y a une semaine, pendant une répétition de ce spectacle que j’ai vu à Paris, à la Casa des Espana, spécialement repris pour Cannes en exclusivité, elle s’est foulée une cheville…exit donc notre Carmen. Dans l’impossibilité de trouver une danseuse, refusant une annulation pure et simple, j’ai convaincu Nilda d’adapter son spectacle en reprenant  un travail sur Garcia Lorca qu’il avait monté tout en conservant la trame musicale du précédent spectacle… Dommage pour la Carmen Cita et vive donc Fédérico Garcia Lorca… ».

 

Il est certain que le début du spectacle péchait quelque peu, malgré deux chansons sublimes de Nilda sur des poèmes de Garcia Lorca…le rapport à l’Espagne, une conférence sur la renaissance du flamenco, une distribution de jambon…chaque élément en soi était plutôt riche mais l’impréparation et l’improvisation de cette première partie de 30 minutes rendaient un flou artistique pas toujours convaincant…Par la suite, le groupe (deux guitares, deux voix masculine et féminine, un carom et deux danseurs, homme et femme) entra en scène pour une heure et quart d’un flamenco âpre et rugueux. Les musiciens géniaux, la chanteuse sublime, un danseur atypique portaient l’ensemble et réussissaient à retourner l’ambiance et à faire basculer les spectateurs malgré une poignée d’entre eux (une vingtaine) qui décidèrent de quitter la salle au bout d’une demi-heure non sans avoir au passage, apostrophé le metteur en scène avec vulgarité.

Un des semeurs de zizanie, 35 ans, pantalon blanc, chemise blanche, (ouverte sur un torse viril avec poils noirs frisés) vint vers moi de sa démarche chaloupée et m’apostropha. « -J’ai un ami avocat, je suis Corse, et maintenant, si tu ne me rembourses pas immédiatement, on réglera ça en homme » me dit-il, en me saisissant par une épaule ! « D’abord, c’est pas un spectacle, ils boivent et mangent du jambon sur scène au lieu de jouer et de danser ! »

«-Monsieur, enlevez votre main de mon épaule », répondis-je stoïque, avant que la police n’intervienne avec brio, (on ne s’en prend pas au caissier ! (sic), et que le spectateur irascible et peu mélomane conclue d’un sonore « -mais enfin, si on se fait enculer, alors on n’est pas un homme ! »

Et moi qui pensais que la musique adoucissait les mœurs et qu’une soirée au Suquet à 30€ sous les étoiles ne pouvait déboucher que sur une note d’harmonie !

Et 650 personnes debout, à la fin du spectacle, firent une ovation aux musiciens et à un Nilda attachant, légèrement désorienté et quelque peu perplexe.

Reste l’attitude inqualifiable d’une poignée d’histrions sans éducation, mais de cela, je vous reparlerai bientôt, dans un billet futur !

 

Le Suquet est terminé, il fait chaud, très chaud, et les manifestations s’enchaînent, Feux d’artifice, Pantiero, plages électroniques, Jazz à Domergue… avec leur lot de problèmes et leur somme d’angoisse. C’est la marque d’un été complexe, dédié aux caprices d’une météo fluctuante et d’une société en crise…mais le beau temps reviendra et « l’avis de tempête culturelle », accroche de notre programme d’été sur Cannes, cessera bien un jour prochain ! Enfin, on l’espère !

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Une nuit à Vence

Publié le par Bernard Oheix

 

Juan Carmona, mon vieux complice des « Nuits Flamenca », virtuose de la guitare gitane, avec Dominique Fillon, un jazzman au nom si lourd à porter (Eh oui ! C’est bien le frère !)… même si son talent n’appartient qu’à lui, sans aucune discussion. Ils étaient annoncés dans une création en première partie de Khaled, dont le dernier disque est un bijou, autant d’éléments pour me convaincre de me rendre avec Nilda Fernandez, sur la place de la ville pour passer une soirée musique de détente après son opus flamenco en clôture des « Nuits Musicales du Suquet » de Cannes.

 

 

Jaillissement de notes, torrents déferlants pour maestros en fusion, un jazz teinté de sonorités flamenca qui coule en flots ininterrompus. Une création les réunit pour des échanges riches et cristallins. Même si la virtuosité élégante des musiciens est manifeste, c’est une musique qui ne me parle pas, qui effleure mon cerveau sans atteindre le cœur. Je préfère et de loin le Carmona de la Symphonie Flamenca, le rugissement de sa guitare à une expressivité trop sophistiquée. C’est ainsi, j’aime toujours le Maître, même si sur ces chemins de traverse, il m’apparaît quelque peu figé, enfermé dans sa volonté d’aller vers les autres en s’oubliant. Carmona est un grand soliste contemporain de la guitare, il n’est que juste qu’il se confronte à diverses formes d’expression mais son talent réside au bout de ses doigts quand il parle vraiment de cette musique qui le hante et règne dans son âme de gitan perdu dans un monde de chaleur.

 

J’adore l’ultime opus de Khaled. Des compositions fortes, un musicien qui se régénère et offre une nouvelle facette de son talent. J’en frémissais de l’écouter et de voir son show. Déception. Il reste Khaled, un son trop fort et gras qui déboule des enceintes, une gestuelle un peu ridicule, un sourire qui résiste au temps. On a envie de l’aimer, de lui offrir notre écoute mais il semble si absorbé par son propre destin, qu’il n’y a pas de prises à l’émotion. Quelques tentatives de se trémousser plus loin, il nous laisse sur notre faim, sans l’énergie de ses débuts, sans la sérénité de la maturité. Un peu trop accrocheur, manquant de finesse, il réussit par la force de son timbre à me prendre par la main mais échoue à me transporter dans une contrée où tout est harmonie.

J’aime khaled malgré tout et continuerai à le suivre en espérant que l’alchimie subtile de la perfection lui offre enfin la magie d’une communion avec son public !

 

Au passage, dans cette équipe géniale des Nuits du Sud, le meilleur festival de la Côte, où professionnels et bénévoles se côtoient, Théo Saavedra, le directeur artistique et Serge Kolpa, le directeur technique nous accueillent avec le sourire de ceux qui ne trichent pas. J’ai toujours du plaisir à les retrouver, la concurrence est une belle émulation quand elle se produit dans un respect mutuel.

 

Pendant le changement de plateau, une amie qui m’avait interviewé récemment se dirige vers moi et me dit bonjour. Elle est accompagnée d’une jeune fille qui me salue. Je la regarde sans mettre de nom sur son visage.

-Bonjour, je suis Gwendoline C. Vous ne vous rappelez pas de moi ?

-A vrai dire, non, cela me dit quelque chose, mais…

-J’étais une de vos étudiantes à l’Université de Nice, il y a plus de 5 ans. Les cours d’économie du spectacle en licence Arts du Spectacle.

-C’est vrai ! Et que deviens-tu ?

-Je travaille aux Nuits du Sud… et c’est grâce à vous ! Vous m’avez donné le goût de l’évènementiel et vous m’aviez conseillée d’aller vers la technique pour trouver du travail…C’est ce que j’ai fait et je voulais vous dire merci. Je vous avais raté l’an dernier mais quand j’ai su que vous étiez là, je tenais à vous rencontrer, enfin !

 

Je lui ai claqué une grosse bise qui a résonné sur la place pour la gratifier de ces mots doux et pendant quelques secondes, j’ai été heureux, simplement heureux et fier. Comment imaginer que l’on puisse influer positivement sur l’avenir des autres ? Elle me rappelait à l’espoir et au plaisir que j’avais réellement eu de transmettre un peu de mon expérience dans ces murs de la Faculté. Même si l’aventure avait tourné cours, (confère mon article dans le blog, rubrique Culture du 05/03/2008), elle reste la preuve vivante que je n’ai pas effectué tout cela pour rien !

Merci Gwendoline et bon vent dans ton métier !

 

 

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Mes 5 minutes de gloire...

Publié le par Bernard Oheix

C’est Andy Warhol qui écrivait que chacun d’entre nous est condamné à avoir son quart d’heure de gloire dans son existence…Bon, dans mon cas, j’ai la nette impression que Montréal 2009 aura entamé ce capital de quelques minutes particulièrement riches ! Jugez-en par vous-même en lisant la suite…

 

Je suis le Père Noël et nous sommes en juillet…C’est ainsi que j’ai attaqué mon discours devant 25 000 personnes massées sur les gradins de La Ronde déclenchant immédiatement une cascade de rires !

Au départ il y a un voyage éclair à Montréal afin de rencontrer les responsables du Festival de Feux d’Artifice et de Juste pour Rire…deux manifestations avec lesquelles je suis particulièrement lié par des liens d’amitié. 5 jours qui s’annonçaient intenses et qui le furent bien au-delà de mes espérances !

Après une telle entame qui déclencha une première vague de rires, il fallait pouvoir assurer. J’ai donc enchaîné en expliquant qu’il y avait trois raisons à mon statut provisoire de Père Noël.

La première fut expédiée rapidement, en l’occurrence, c’est votre serviteur qui devait distribuer les cadeaux aux artificiers accostant sur le ponton flottant où j’étais juché devant la foule installée sur d’immenses tribunes en arc de cercle. La deuxième me permit de renouer avec le succès. En effet, contrairement à ce qu’affirmait la jeune chanteuse québécoise qui m’avait précédé en tant que marraine de la soirée, j’affirmais haut et fort que ce n’était pas elle qui avait importé le beau temps (les précédents feux s’étaient déroulés sous la pluie et dans les tourmentes du vent) mais bien moi, arrivant de Cannes. Le soleil, en tant que méridional, je maîtrise quand même mieux qu’une native qui ne fait que l’entrevoir pendant quelques semaines de juillet à août ! Pour la troisième raison, je m’assurai derechef un triomphe auprès de la foule.

« -Je viens faire allégeance, devant Martyne Gagnon la Directrice du Festival et toute son équipe, devant vous, chers amis québécois, j’ose l’avouer : Cannes n’est pas le premier Festival de Pyrotechnie du monde, c’est bien Montréal…et c’est dur pour un Français d’avouer un truc comme cela, c’est très dur ! »

A partir de là, j’ai déroulé en souplesse, brodant sur les feux d’artifice et la créativité des artificiers dans cet art devenant majeur, sur les liens d’amitié entre Montréal et Cannes et mon plaisir d’être ici, dans ce temple de La Ronde où se dessine les voies de l’artifice !

Effet garanti pour un discours rondement mené qui m’autorise à penser que j’ai désormais ma place réservée au soleil de l’été québécois et quelques Québécoises définitivement attachées à l’idée de nouer des liens d’amitié avec la France du sud !



Pour la petite histoire, originellement, c'est le consul d'Argentine qui devait faire le discours, mais son absence de dernière minute m'a obligé, à la demande de Martyne Gagnon, la Directrice du Festival, d'improviser mon laius...avec le résultat que vous connaissez !

Mais mon séjour avait pour but aussi de rencontrer le Directeur de Juste pour Rire, Gilbert Rozon, un homme avec qui j’avais sifflé un infâme vin dans des cornes de buffles par -30° au carnaval verglacé de Québec en matant des Miss transies dénudées dans le froid polaire, quelques siècles auparavant, scellant une amitié que ni l’éloignement ni le temps ne pourront éroder. Un homme étrange, passionnant, chef d’entreprise et visionnaire, à l’humour affleurant en permanence derrière une vision caustique de la vie, dissimulant derrière une provocation permanente, une vraie pudeur de la vie !

C’est ainsi, qu’honneur suprême, je me suis retrouvé entre les tables de Patrick Timsit ou de Florence Foresti, en train de déjeuner en solo avec maître Rozon pour un repas sympathique, humour et propos sérieux se mêlant en un rideau de fumée que nous seuls pouvions décrypter !

Pendant ces quelques jours, j’ai assisté à une version particulièrement étrange de Boeing-Boeing. Je n’avais jamais vu cette icône du théâtre parisien et outre qu’elle fonctionne parfaitement dans sa mécanique de standard « boulevardien », cette version québécoise, les accents, l’adaptation discrète aux codes locaux, lui donnent une puissance supplémentaire. Un gala (carte blanche) de François Morency réunit Anthony Kavanagh, Eboué, et une pléiade de comiques du crû dans des sketches d’une férocité sans égale !

Si l’on rajoute la zone de déambulations extérieures, en accès gratuit, interdite à la circulation, grande comme le centre ville de Cannes (entre les rues Saint-Denis, Maisonneuve et Sainte-Catherine) où des centaines d’artistes jouent en permanence pour les passants, où des animations sont proposées dès le début de l’après-midi jusqu’au soir tard, où juste pour jouer, juste pour danser, juste pour chanter se confondent en un joyeux mélange qui ne perd pas son sens premier d’amener à la fête, où défilent des jumeaux et explose un carnaval… Alors, on a la dimension de l’événement gigantesque qui se déroule sur 3 semaines à Montréal. Il n’y a pas de pendant à Juste pour Rire…et c’est quand même la deuxième fois que j’avoue cela à nos cousins de la belle province… en une semaine !

Une équipe d’organisation géniale, (beaucoup de filles efficaces et sympathiques), attentive à bien recevoir, un club VIP où se croisent, dans la bonhomie, stars et inconnus, les yeux d’une belle black comme le souvenir d’une Afrique qui élit domicile sur ces terres accueillantes (le Québec est devenu le nouvel eldorado des francophones des anciennes colonies), une mousse avec des amis à parler de transformer le monde par l’humour, des soirées qui dérivent, Nathalie G, adjointe de Rozon comme cerbère de charme pour se fondre dans la nuit quand les chemins se séparent, c’est Montréal 2009, hardi au cœur, Juste un Rêve, un feu d’artifice, Juste un moment de Grâce…

 

Et je vous certifie que les 25 000 personnes du Festival de la Pyrotechnie de Montréal m’ont applaudi à tout rompre. Je les ai eus, mes 5 minutes de gloire !

 

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