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La charge héroïque : Hommage à un vieux pote !

Publié le par Bernard Oheix

À mon âge vénérable, j'ai plus l'opportunité de parler des enterrements que des mariages. Pourtant, entre les deux, se glissent quelques anniversaires, ces dates qui se glissent  dans le courant tumultueux de la vie des vieux et qui sont la preuve, à l'évidence, que c'est encore la meilleure façon de vieillir en évitant la mort !

Oui, il y en a encore quelques-uns qui s'accrochent aux branches, ne serait-ce que pour pouvoir connaître ce nom du futur président de la République Française qui nous obsèdent, ou pour constater l'harmonie de cette société que nous avons contribué à ériger et qui semble bien difficile à décrypter pour les ptérodactyles que nous sommes devenus.

Qu'à cela ne tienne, c'est aussi l'occasion pour moi d'exprimer par des mots ce torrent bouillonnant qui s'empare de mon cerveau enfiévré à l'idée de pouvoir faire un nouveau discours et de contribuer ainsi, à ma légende de conteur qui sait charmer son auditoire à coup de punch-line bien senties.

Voilà donc mon dernier né, en hommage à un pote qui n'est pas né de la dernière pluie, même s'il réside dans un région nantaise propice aux déversements d'un ciel couvert qui a en permanence le désir de se soulager sur les têtes chenues de mes copains !

Hommage à Bertrand Delaporte

 

Bon, on ne va pas en faire un fromage. Tu es devenu vieux et c’est déjà un exploit. Même si tu as plus tendance, désormais, à parler de ta santé que des spectacles de Musique du Monde du Festival de Nantes que tu as programmés avec brio, sans doute à cause de ton sonotone mal réglé qui t’empêche de goûter aux charmes des vocalises de Rokia Traoré et te fait confondre Céline Dion avec Michel Fugain.

Tu es un époux toujours vaillant, un père qui ne s’est pas (trop) trompé en éduquant sa progéniture et un désormais grand-père presque idéal. Mais tu as été aidé en cela par ton modèle, l’homme qui a fait de ton imperfection, l’être exquis qui se complet à l’être. Je parle bien sûr de ton pote Bernard, l’empereur du Palais des Festivals de Cannes, celui qui a su déceler en toi la richesse d’un intérieur foisonnant et la complexité d’un hétéro convaincu qui ne céda jamais à la tentation, même par une nuit d’ivresse au Womex de Séville, quand tu trébuchas sur la piste de danse pour tomber dans ses bras.

Et oui Bertrand, il y a des choses que l’on ne peut effacer même si Alzheimer nous guette.

Tu as été, en cette période où les candidats à la présidence foisonnent, le vrai, l’authentique Leader Maximo de Zone Franche, cette bande de gamins mal torchés qui avait décidé d’affronter le capitalisme sauvage et de donner un souffle nouveau à la culture. Tu étais un chef charismatique respecté (même par moi !), et si tu y as laissé quelques plumes, quel réconfort par contre de savoir que les requins de l’establishment ont tremblé au moins pendant quelques minutes devant les assauts de l’intelligence de la passion et du coeur.

Tu as été accompagné dans ton parcours tumultueux par Françoise, véritable sainte femme, qui décida au siècle dernier de partager ta vie et de t’accompagner dans le confort et la béatitude d’un Che Guevarra des riffs et des solis endiablés. Tu lui es redevable de bien des cicatrices refermées et d’avoir pu passer le cap des 60 ans, puis des 70 ans, même si je sais qu’elle a fait tout cela en attendant avec impatience un voyage, que dis-je voyage, une croisière autour du monde sur un Costa Concordia en légitime retour sur son investissement. Vérifie quand même l’âge du capitaine et avoue à ta charmante compagne, que au vu de la pingrerie de tes amis, tu as dû te rabattre sur un tour de barque sur les rives du lac Léman.

Alors voilà. Tu as basculé chez les septuagénaires et tu deviens l’heureux propriétaire d’une carte vermeil +. Ce sera, malheureusement sans la présence de ton pote Bernard de Cannes, mais cela, je sais que tu t’en contrefiches puisque tu l’as invité uniquement parce que tu voulais revoir Thérèse, sa charmante épouse. Mais même si ta femme est complice, hors de question que je vous la laisse ne serait-ce que quelques heures… j’aurais trop peur qu’elle succombe à votre hospitalité si chaleureuse, à la promesse de plateaux de fruits de mer somptueux (pour info, elle n’aime pas les huîtres), à la quiétude de l’air marin nantais.

Nous aurions aimé partager ce moment autrement que par ces mots, avec vous 2, avec ta famille, tes amis, mais les vicissitudes de cette époque bien étrange, nous imposent de rester au soleil de Cannes, coincés entre des gardes d’enfants, des cas contacts et des plongeons dans la Méditerranée qui te rendent presque jaloux.

Rassure-toi, nous n’en avons pas fini de nous poursuivre de nos assiduités, et quand tu auras suffisamment souqué dans ta barque sur le lac Léman, tu pourras toujours venir te reposer sur nos rivages paradisiaques et te refaire une santé pendant que je m’occuperai de Françoise et que Thérèse, l’infirmière en chef de ma vie, te remettra sur tes pieds.

On vous aime et on tient à vous. Alors rendez-vous pour nos 80 balais qu’on fêtera ensemble dans une cérémonie païenne orgiaque et en attendant, en ce moment précis où tu pleures de me lire, je déguste un bon pastis avec des olives niçoise à ta santé.

Longue vie à toi vieux pote.

PS : Et merci à Lucas, ton fils, qui a accepté d’être mon porte-voix en se demandant pourquoi c’est toujours lui qui se retrouve dans les galères !

Je vous épargne les photos, vu qu'il n'y a plus grande chose à montrer de notre charme légendaire, et je confirme que pour nos 80 ans, on se fera une "teuf" d'enfer avec tous les restes de nos vies de bricoles dans la période bénie de l'âge d'or de la culture et du rêve.

En attendant, on ne connait toujours pas le nom du futur président, et sincèrement, on s'en fout, tant ils sont tous nuls et nous donnent envie de hurler la nuit en regardant les étoiles.

Allez, mon vieux pote, on va se retrouver bientôt quelque part, et comme à chaque fois, j'aurai l'impression de cheminer à côté de l'amitié, sur le versant des belles choses, en bonne compagnie !

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Les loups sont lâchés !

Publié le par Bernard Oheix

En voilà une campagne présidentielle lancée vers toutes les ignominies, où la moindre des raisons semble échapper à toute parcelle d'humanité.

Que Marine fasse profil bas sans jamais lâcher sur son fond de commerce est une chose prévue. Que Zemmour se lance dans toutes les diatribes les plus nauséabondes est bien à l'image de cet histrion capable d'annoncer  toutes ces horreurs sans jamais donner l'impression de se rendre compte de la portée de ses mots et des drames humains qui se cachent derrière ses diatribes. Comment en est-on arrivé à ce degré d'abjection ?

Il y a aussi les Dupont-Aignan, Lassalle, Devilliers, Collard et autres transfuges en mal de faire parler d'eux et qui tentent de trouver des places encore mieux payées et des lambeaux d'une gloire qui sent furieusement ce fascisme rampant qui se répand comme l'odeur de la peste brune.

Avons-nous oublié les leçons de l'histoire ?

Et dans cette droite LR bien pensante, radicalisée sur la nécessité de bouter les immigrés chez eux, dans cette surenchère sur la sécurité, sur une Europe "passoire" responsable de tout, sur la "karchérisation" des esprits... mais qu'êtes vous devenus chers Républicains pour vous laisser "Ciottiser" vos programmes au point que plus rien ne s'oppose désormais à ce que les idées de l'extrême droite s'avancent triomphalement au coeur d'une Liberté, Égalité, Fraternité aux désormais accents désuets.

Heureusement il y a la gauche !

Et quelle gauche, éclatée, dispersée, s'affrontant pour des parcelles de voix, incapable de s'unir, de s'opposer, de prendre date pour l'avenir en dégageant un consensus sur des thèmes à minima. Et Taubira, débarquant au dernier moment pour ajouter à la confusion.

Et même Hollande jouant sur les mots, lui le fossoyeur de la gauche qui se redonne une virginité et tente de semer les graines d'une "remontada" à coup de phrases alambiquées. Il était plus clair dans sa précédente campagne en annonçant que son ennemi était la Finance et on a vu ce que cela a donné !

Les écologistes, égaux à eux-mêmes, enfermés dans des colères de clochers, incapables de prendre de la hauteur au moment ou une terre qui souffre et se révolte montre bien l'urgence d'intervenir afin d'apporter des solutions aux dérèglements climatiques. Ils sont au sommet des préoccupations du monde en plein bouleversement mais incapables d'apporter un espoir de résolution.

Il y a la gauche de la gauche, avec des communistes inexistants et un Mélanchon confit dans son orgueil qui a réussi l'exploit de capter la jeunesse radicale, lui qui est l'archétype de cette vieille France politicienne (il a été ministre, député, sénateur, député européen, et autres...) qu'il dénonce à longueur de diatribes, car "-L'État c'est Lui !"

Heureusement, nous avons (pas encore officiellement, il est vrai !) un candidat, ni de gauche, ni de droite, qui veut changer la France, rénover les moeurs politiques et libérer le pays de ses chaînes... quoique là, il va difficilement nous le faire avaler une deuxième fois, le Macron, son coup de poker frelaté. Les premiers de cordées qui se gavent de la crise pandémique et oublient soigneusement de redistribuer leurs colossaux profits planqués dans des paradis fiscaux... mais chut, il ne faut pas effrayer les riches, ils pourraient partir, alors supprimons l'ISF, détaxons les actionnaires et tout ira pour le mieux dans le pire des mondes !

Alors oui, je suis triste, orphelin et désemparé. mais j'ai retrouvé dans mes papiers un document particulièrement passionnant. Je vous le livre.

Quelle belle leçon d'humilité. Il y a déjà eu des saltimbanques qui se sont mouillés, Coluche, par exemple ! Mais lui appelait tous les arabes, noirs, marginaux à voter et s'engager, pas à les renvoyer chez eux en charters comme la majorité des candidats actuels.... Une leçon d'humilité pour les pantins qui s'agitent en mal de gloire et pour leurs servants attentionnés prêts à tout pour un morceau du gâteau !

Quelle belle leçon d'humilité. Il y a déjà eu des saltimbanques qui se sont mouillés, Coluche, par exemple ! Mais lui appelait tous les arabes, noirs, marginaux à voter et s'engager, pas à les renvoyer chez eux en charters comme la majorité des candidats actuels.... Une leçon d'humilité pour les pantins qui s'agitent en mal de gloire et pour leurs servants attentionnés prêts à tout pour un morceau du gâteau !

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In memoriam Chiara Samugheo

Publié le par Bernard Oheix

Alfred Hitchcock, dans l'oeil de Chiara Samugheo.

Alfred Hitchcock, dans l'oeil de Chiara Samugheo.

Un jour, une dame d’un certain âge demande à me voir à l’entrée de mon bureau dans le Palais des Festivals…J’ai reçu tant de gens porteurs d’idées fumeuses et géniales à la fois, alors une de plus ou de moins ! Elle se présente, Chiara Samugheo, photographe, et me propose de réaliser une exposition à partir de ses photos sur les légendes du cinéma. Je n'avais jamais entendu parler d'elle, honte sur moi. Elle me sort un book et je le feuillette distraitement d’abord, puis de plus en plus fasciné, au fur et à mesure que je retrouve ces noms qui hantent mon imaginaire. Soudain, je tombe sur cette photo d’une Claudia Cardinale rayonnante. Claudia Cardinale ! Et quand elle voit que je ne résiste pas devant cette photo, elle m’achèvera d’une phrase définitive : « -Claudia est mon amie. C’est moi qui ai fait ses premières photos et je suis persuadée qu’elle acceptera de venir parrainer cette exposition et sera présente au vernissage ! » 

Chiara, en prononçant ces mots, venait de sceller une amitié naissante et de s’assurer deux mois d’exposition au Palais des Festivals de Cannes, en juillet et aout 1998. 

In memoriam Chiara Samugheo

Chiara Samugheo est, et restera,  la photographe des hommes et des femmes qui ont fait le cinéma, dans une période où l’image est rare, sacrée et où le talent de celui qui prend la photo se conjugue avec l’homme ou la femme qui est devant l’objectif ! Comme avec Alfred Hitchcock qui accepte de l’accompagner sur une terrasse où le linge sèche et qui se prêtera au jeu avec jubilation. 

Dans les années 60, les photos ont un sens, celui de capturer et de figer un moment de vie pour le restituer comme une œuvre d’art. On est loin de la surconsommation effrénée actuelle avec les téléphones portables qui nous permettent de fixer chaque moment de notre vie et brouillent la frontière entre l’art et la réalité ! Les personnalités qui s’offrent aux photographes ont la certitude d’arracher au temps une bribe d’immortalité. 

Claudia Cardinale, comme un papillon qui s'envole !

Claudia Cardinale, comme un papillon qui s'envole !

Quand je l'ai connue, elle habitait Nice, un appartement sur la promenade des anglais avec vue sur la mer. Elle était seule avec tant de souvenirs en elle pour meubler son présent. Elle était démunie devant la réalité, elle qui avait le don de figer l'éternité se trouvait bien désarçonnée devant ce temps qui filait entre ses doigts d'or.

Son grand amour venait de disparaître la laissant seule pour affronter son destin. Alors, elle donnait son amitié en partage, elle offrait sa mémoire à ceux qui acceptaient de partager des moments d'intimité toujours accompagnés des fantômes d'une vie hors du commun où elle avait croisé la route des plus grands.

C'était une mémoire vivante et ses amis, les Pierrobon, Nadine Seul, les Caramella, moi et quelques autres, lui offrions un peu de chaleur, de tendresse et le parfum de cette gloire qui avait été la sienne.

Mais les années passant, elle fut rattrapée par sa solitude. Elle fit donation de sa collection à un institut de Parme et entama son dernier parcours.

Sa famille réapparut dans sa vie. Elle fut happée dans un cycle mortifère par quelques uns de ses proches qui la mena à se retrouver vers Bari, sa région natale, coupée de tout ce qui avait été son existence. Bien décidés à récupérer les miettes d'un festin, ils l'enfermèrent dans un institut dans l'indifférence générale, isolée et dépossédée de tout, même de son téléphone et de la possibilité de maintenir un contact avec ses amis et le monde extérieur.

Gianni Torres, un jeune cinéaste, avait le projet de faire un film sur cette légende mais le mur érigé autour d'elle était trop grand. Il y a quelques semaines, il réussit à entrer en contact par téléphone et son visage triste s'illumina à l'évocation de son aventure cannoise, de cette exposition de 1998  où elle rayonnait de bonheur.

Mais la nouvelle vient de tomber. Elle s'est éteinte ce 12 janvier 2022 à 11h30. Qui pleurera sur son sort si ce n'est quelques amis qui se souviennent encore de la lumière qui se dégageait d'elle ? Qui pourra raconter ces pages d'une aventure humaine d'exception ?

Avec Chiara, la véritable star était l'être humain qui lui offrait son visage et son corps. Elle qui avait commencé à photographier les simples gens de sa région, les anonymes, ne perdit jamais le sens humain d'une photo faite pour dévoiler l'indicible qui se cache en chacun de nous. Et si les stars se prêtèrent au jeu, c'est avant tout l'essence de l'autre qu'elle cherchait à capturer.

Il reste ses photos et quelques bribes d'un passé sauvegardé pour que l'on puisse affirmer : "- Chiara était notre amie, elle était la vie et elle méritait mieux que cette fin misérable. Elle était un soleil... mais même les astres sont amenés à disparaître !"

Alors bon vent Chiara Samugheo dans ton paradis de l'image. Tu vas pouvoir te libérer de tes chaînes et retrouver ceux qui ont embelli ta vie et que tu as su si bien figer dans cette éternité devenue tienne !

Chiara avait entamé un travail sur les murs et façades de Nice. Au crépuscule de sa carrière, elle avait encore ce goût de l'expérimentation qui la poussaient à dévoiler, derrière la réalité, les images de son imagination féconde.

Chiara avait entamé un travail sur les murs et façades de Nice. Au crépuscule de sa carrière, elle avait encore ce goût de l'expérimentation qui la poussaient à dévoiler, derrière la réalité, les images de son imagination féconde.

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2022 : le grand plouf !

Publié le par Bernard Oheix

J'ai eu, en ce lundi 27 décembre, par un heureux concours de circonstances, les honneurs de France-Info diffusant un sujet sur mon "cas", par le biais d'une chroniqueuse, Olivia Leray, relation de mes enfants, qui cherchait à remplir son carnet avec des personnages réalisant des rites sur le passage d'une année sur l'autre. Quand elle apprit de la bouche de mes enfants que je me baignais chaque année au 1er janvier aux Rochers Rouges de La Bocca à Cannes sur un thème précis illustré, avant de boire une coupe de champagne avec quelques compagnons d'infortune, elle me contacta pour réaliser une interview !

Je lui ai expliqué la raison de ce rituel, un voyage en Russie il y a 20 ans par un hiver glacial, le bain dans un lac gelé par -40°, l'effroi et le ravissement de cette expérience hors du commun qui allait briser ma peur de l'eau glacée et me pousser à faire perdurer cette tradition sur les rivages hospitaliers de ma Méditerranée en chaque début d'année.

Le sujet est passé 3 fois dans la journée et me valut quelques coups de fil surprenants, preuve à l'évidence que prendre une douche ne peut se faire qu'en écoutant France-Info à 8h15 ou 9h30 pour nombre de mes relations !

 

Que nenni cette 5ème vague que nous attendions avec ferveur ! Anna et François m'accompagnent dans mon bain du jour de l'an !

Que nenni cette 5ème vague que nous attendions avec ferveur ! Anna et François m'accompagnent dans mon bain du jour de l'an !

Mais je ne pouvais pas, au vu de l'enjeu de cet ITW, en rester à une banale trempette avec deux ami(e)s brandissant un panneau dans une mer étale et sans même un rayon de soleil pour égayer le tableau.

J'ai donc dû employer les grands moyens et dénicher au fond de mon cerveau tortueux l'idée qui allait transformer ce rite 2022 en évènement particulier qui marqu

erait les mémoires. J'allais oser plonger tel les héroïques héros d'Acapulco bravant les hauteurs vertigineuses des falaises, j'allais m'élancer vers la grande bleue (un peu grise avouons-le) et défier toutes les lois de l'équilibre et de mon horloge interne !

2022 : le grand plouf !

J'ai donc grimpé au sommet du rocher, au moins à 3 mètres de haut, j'ai plié les genoux, pris une grande inspiration, et sous l'oeil du photographe ami, Éric Dervaux, me suis élancé avec toute la passion de cette année 2021 absurde se terminant et de ce 2022 qui ne laisse espérer que des bribes de bonheur, coincés entre des vagues de Covid (bien présentes elles) et une élection présidentielle pathétique, véritable concours Lépine de toutes les abominations !

Oui, j'ai plongé pour me donner de l'espoir et pour transmettre à mes enfants et petits-enfants un rayon d'humour bien nécessaire en ce début d'année !

Et j'espère qu'Olivia Leray, la journaliste de France-Info, sera contente de son sujet, elle qui attendait la preuve que je n'avais pas parlé pour ne rien dire et me dois donc une rasade de potion magique dans un estaminet parisien !

Et comme toujours dans les belles histoires, cela c'est terminé par une coupe de champagne à boire sans modération (vu le froid !) et par quelques rires bienvenus pour chasser les nuages de la morosité !

Baigneurs et non-baigneurs réunis pour la coupe de l'amitié ! Et si la fraternité avait encore son mot à dire ?

Baigneurs et non-baigneurs réunis pour la coupe de l'amitié ! Et si la fraternité avait encore son mot à dire ?

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Cannes : Festival de Danse 2021 : le temps retrouvé !

Publié le par Bernard Oheix

Il était temps ! Depuis deux ans, ces salles de spectacles pleines, ce rituel du rideau rouge qui se lève, ces discussions après les spectacles, nous manquaient cruellement. Chapeau bas devant l'équipe de l'Évènementiel dirigée par Sophie Dupond, les théâtres de la Côte d'Azur engagés dans le festival de danse et la directrice artistique, Brigitte Lefèvre pour nous avoir enfin permis de retrouver ce parfum suave d'une vie recommencée, dans la douleur d'une 5ème vague et de deux annulations, mais dans l'espoir d'ouvrir un nouveau chapitre dans la cohabitation avec un virus délétère.

Oui, il existe une vie après la Covid... même si nous devons, tous les jours en dessiner les contours nouveaux et étranges d'une cohabitation avec le cauchemar !

The show must go one !

Et quoi de plus merveilleux pour célébrer ces retrouvailles avec le passé qu'une création de La Castafiore qui nous permet d'embrasser le futur !

Et quoi de plus merveilleux pour célébrer ces retrouvailles avec le passé qu'une création de La Castafiore qui nous permet d'embrasser le futur !

Que se passe-t-il dans la tête et le coeur de ce duo forgé dans la passion constitué de Marcia Barcellos et Karl Biscuit ? Leur collaboration débouche depuis des années sur la création d'un univers si particulier, où la gestuelle se confronte aux légendes d'un imaginaire en perpétuelle évolution, où les costumes et la musique envoûtent le spectateur dans des voyages immobiles, entre le passé et le futur, entre le concret et l'utopie. 

Leurs créations sont des repères pour une rêverie qui mène vers l'abstraction, dans ce territoire qui se situe à la lisière de nos cauchemars, quand le spectateur découvre le monde enchanteur des porteurs d'un ailleurs fantasmé.

Avec Kantus, le long silence imposé par les deux années passées débouche sur l'emprise du passé dans un futur improbable où les espèces disparaissent et où les monstres renaissent. Il y a l'aboutissement logique d'un accaparement des thèmes de la dissolution (si prégnant dans notre réalité), mais aussi du rituel chamanique pour faire revivre ce monde disparu. Et c'est la voix qui porte le message de l'espoir, plus que le geste, plus que le rituel.

C'est un abécédaire de toutes leurs créations passées, comme si le présent autorisait cette plongée dans la mémoire vive du peuple spectateur.

On ne sort jamais totalement indemne d'une oeuvre du Système Castafiore. On peut se poser des questions, regretter que la danse ne soit pas assez mise en valeur dans la première partie, il n'en reste pas moins que leur inventivité et la profondeur de leurs mise en spectacle ouvrent les portes de la perception à l'infini.

Cannes : Festival de Danse 2021 : le temps retrouvé !

Mon coup de coeur du festival. Edouard Hue et la Beaver Dam Company nous plonge dans un premier duo fascinant "Shiver" puis enchaîne avec "All I need", où les danseurs évoluent en ligne, viennent chasser les zones d'absence et s'affrontent, hiératiques, dans un variation d'un jeu de Go qui ne laissent aucune place à l'arbitraire. 

Et même si le final de l'oeuvre est un peu brouillon et perd de sa rigueur, on sort enthousiasmé de cette plongée dans les corps déchirés des interprètes qui répètent à l'infini la mécanique déréglée de l'échange, de l'écoute et de la répétition d'une main tendue sans cesse refusée.

Et pour terminer, comment ne pas être subjugué par le solo de Marthe Krummenacher, Janet on the roof, chorégraphié par Pierre Pontvianne, un ancien de l'école de Rosella Hightower.  

Dans ce corps vêtu de bleu qui laisse transparaître des morceaux d'une chair dorée, où les muscles et l'effort transforment en matière vivante une danseuse possédée, il y a toute la poésie et la douleur qu'une technique transforme en fluidité sans limite vers le monde réel. C'est beau, fascinant, troublant et cela provoque un sentiment de perfection qui renvoie à une incarnation d'un geste libéré de toute contingence physique. Un très grand bonheur de solitude dans la salle remplie d'un silence sépulcral. 

Et pour finir, il y a tous les autres spectacles non vus, et une clôture au goût  acide, le dernier show d'une étoile de la danse, Carolyn Carlson, un mythe, l'émotion à l'état brut. Et même si son solo semble la pièce de trop, même si Crossroads to Synchronicity parait une pâle copie de sa carrière fulgurante, il est un au revoir à une grande dame qui aura marqué l'histoire de cet art du mouvement. Merci pour ce que vous avez réalisé et pour cette grâce éternelle qui brille dans vos yeux. 

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Dakhla : entre le désert et la mer.

Publié le par Bernard Oheix

Coup de fil de Françoise Bastide, ancienne adjointe à la culture de Cannes, une complice et amie des années où tout se dessinait, où l'âge d'or de la culture nous permettait de surfer sur nos désirs et notre passion. C'est avec elle que j'ai entamé mon parcours au Palais des Festivals et nos liens ne se sont jamais rompus, distendus parfois, son choix de vivre au Maroc mettant une distance géographique, même si nous nous étions réunis il y a une dizaine d'années à Marrakech pour des retrouvailles émouvantes en famille.

C'est de Dakhla, à l'extrême sud du Maroc que j'ai entendu son appel. "-Bernard, j'ai besoin de vous, je veux créer avec des amis une manifestation et j'ai besoin de vous pour la réaliser. Vous êtes partant ?".

Difficile de résister à Françoise et à sa passion du faire. En retour, un billet d'avion m'attendait et me voilà débarquant en ce mardi 23 novembre sur l'aéroport écrasé de soleil, dans les odeurs et la brise d'un vent nouveau. L'aventure au présent dans cette région théâtre d'affrontements passés où le Polisario, à travers l'opposition entre l'Algérie et le Maroc se disputait une immensité que les Espagnols avait colonisé pendant des siècles.

Dakhla, porte de l'Afrique, au confins d'un monde, un désert où une ville s'érige aux forceps, que les surfeurs ont découvert comme un paradis et qui attire de plus en plus de touristes conquis par la grandeur d'un site unique, péninsule en lagune et océan, débouchant sur le désert de la Mauritanie, port de pêche et coupée du centre du Maroc par 800 kms d'un sable ocre formant des dunes comme des vagues jusqu'à Agadir.

Magie des vaisseaux du désert, quand le chameau est l'opportunité de retrouver un souffle d'aventure.

Magie des vaisseaux du désert, quand le chameau est l'opportunité de retrouver un souffle d'aventure.

Les rouleaux de l'océan, comme une invitation à surfer sur les planches, et le vent pour les kites-surfeurs en récompense. De septembre à mars un rendez-vous prisé par ceux qui ont soif de donner libre-court à leur passion de la vague juste.

Les rouleaux de l'océan, comme une invitation à surfer sur les planches, et le vent pour les kites-surfeurs en récompense. De septembre à mars un rendez-vous prisé par ceux qui ont soif de donner libre-court à leur passion de la vague juste.

C'est à la force de sa volonté que Françoise a créé son paradis dans une oasis qui jouxte la ville, à quelques pas de la plage des surfeurs, dans un nomadland où tout est possible. Une ferme "écolodge", sous les déclinaisons d'un St Exupéry qui est sa référence dans l'humanisme et l'engagement, chambrettes donnant sur une cour intérieure, parc où se nichent des recoins inspirant la quiétude et la sérénité, animaux s'ébattant en liberté, ânes, chiens, chats oiseaux se retrouvant dans cet asile. Une capacité d'accueil d'une dizaine de chambres bien malheureusement vides en cette période trouble où les annulations prenaient le pas sur les confirmations.

Mais le temps joue pour elle, tant sa force et son obstination ne sont pas usurpées. Elle est un rayon de soleil dans cette région qui n'en manque pas !

Le sable du désert et la verdure d'une oasis, le temps retrouvé...

Le sable du désert et la verdure d'une oasis, le temps retrouvé...

Et prendre un thé au Sahara, sous l'aile de St Ex, quand les rumeurs sourdes d'un ailleurs lointain menaçant ne peuvent qu'écharper la certitude d'être dans un paradis. Même l'air chaud que le souffle du désert charge de senteurs ennivrantes portent l'espoir de lendemains qui chantent. 

Et si vous voulez vous convaincre, allez sur son site, dartawarta.com pour rêver à votre prochaine destination.

Moi, je me suis baladé dans le désert, abrité dans un camps nomade de Sarahouis pour un thé rituel, j'ai marché le long des plages, les pieds dans l'eau, j'ai regardé les pêcheurs et observé les migrants qui tentent de franchir ces barrières pour s'échouer sur des bateaux de fortune vers un occident trompeur où ils perdent leur vie et leur âme.

J'ai rencontré et palabré pendant des heures avec des êtres au parcours de légende, entre la guerre et la paix, des hommes de bonne volonté au cuir marqué par les douleurs d'un passé sulfureux... Mais chez tous, j'ai vu l'humanité profonde de ceux qui se battent au jour le jour pour imaginer leur destin et conquérir des espaces de vie. Ils sont le sel de la terre et Dakhla est l'exemple type d'une ville extrême où tout arrive, même la possibilité du bonheur.

Dakhla : entre le désert et la mer.

Alors que dire encore ? Qu'une "turista" m'a lâchement agressé dans un excès de confiance de l'ingestion d'un jus de grenade pressée dans un verre au marché luxuriant de Dakhla, que le Maroc a fermé ses frontières devant la 5ème vague du Covid bien moins sympathique que les rouleaux des surfeurs, et que j'ai réussi à prendre le dernier avion en partance de Dakhla pour Casablanca pour atterrir in extremis dans un Paris transi de froid et d'un crachin glacé.

Mais c'est certain, je retournerai dans cette région qui m'a fasciné, je reviendrai pour accomplir ma tâche dans une manifestation dont les contours se sont dessinés au cours des heures d'échanges où nous cherchions notre graal. Et ou nous l'avons peut-être trouvé grâce à la musique, la danse et l'expression des valeurs humanistes d'un monde qui perd son centre et doit retrouver l'élan de la générosité, de la rencontre et de l'acceptation des différences. Non l'autre n'est pas un ennemi, il est aussi un partenaire, un ami et la preuve que le monde est ouvert à tous les espoirs !

Alors, rendez-vous à Dakhla en novembre 2222... peut-être !

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Le Traducteur, Mes Camarades, Les Intranquilles... et Cry Macho !

Publié le par Bernard Oheix

Voici donc un film qui débarque en pleine problématique des migrants, dans une France surchauffée par les Z, Marine et autres surenchères d'une campagne présidentielle nauséabonde, quand l'individu qui s'échoue sur nos rivages devient une monnaie d'échange pour alimenter toutes les passions les plus révoltantes de celui qui refuse de penser et de voir le monde tel qu'il est : un charnier où les individus ne sont qu'une valeur d'ajustement dans un monde ouvert à tous les vents pour les capitaux mais qui érige des frontières de barbelés dans tous les coins d'une planète qui se convulse pour enfermer les humains.

Le traducteur s'ouvre sur une séquence d'un printemps avorté, en 1980, dans une Syrie tenue d'une main de fer, et où un enfant voit disparaitre son père sous ses yeux, capturé par la police secrète de Hafez El Assad. Quelques années plus tard, Bachar va reprendre le flambeau et devenir un des dictateurs les plus sanglants du XXIème siècle. 

L'histoire va balbutier un nouvelle fois. À cause d'une erreur, Sami, l'enfant de la scène initiale, devenu un traducteur syrien, va se retrouver exilé en Australie, rencontrer l'amour mais avec la culpabilité d'avoir abandonné sa mère, son frère et ses amis dans un pays en pleine décomposition.

Et au printemps arabe de 2011, quand son frère disparaitra dans les mains des forces spéciales qui abattent tous ceux qui manifestent pacifiquement contre le régime, il va décider de revenir clandestinement dans son pays pour renouer les fils de son histoire et assumer son propre destin.

C'est magnifiquement réalisé par un couple de cinéma, Rana Kazakh et Anas Khalaf, joué à la perfection et renvoie à une histoire au présent que nous avons vécu par écrans interposés. Film indispensable pour comprendre combien le destin de certains est suspendu à la volonté des autres, combien ceux qui souffrent sous la botte des dictateurs ont besoin de la pression internationales pour réguler leurs poussées sanguinaires. Bachar a pu tout faire, même bombarder sa population civile avec des armes chimiques, sans que personne n'intervienne.

Et Sami osera le défier une ultime fois en refusant de se plier aux ordres de son bourreau.

Dans la fratrie des Mikhalkov, il y a le frère, Andreï Kontchalovski, Grand Prix du Festival de Cannes en 1979 pour Sibériade, son escapade aux États-Unis avec Runaway Train, son retour sur ses terres et à plus de 80 ans, l'incroyable créativité qui lui permet de se replonger dans l'histoire du communisme et d'un régime qui a laminé les individus en les privant de leur libre-arbitre.

Chers Camarades replonge dans les soubresauts de l'après-stalinisme, quand en 1962, se produit un massacre d'ouvriers se révoltant contre un système à bout de souffle qui ne les protège plus et baisse leurs salaires de misère. Une chape de plomb va tomber sur cet épisode tragique qui sera dissimulé pendant plus de 30 ans. L'art de Kontchalovski est de démonter les mécanismes d'une bureaucratie où chaque individu ne possède qu'une portion d'une vérité et se trouve dépendant d'une hiérarchie des pouvoirs sans limites. Une femme du conseil municipal va chercher sa fille disparue dans la répression et affronter toutes les interrogations qui mènent à ce pouvoir dévastateur. 

Et ce qui est terrible, c'est qu'elle va en appeler, devant la faillite générale, à un Staline mort et à sa main de fer pour remettre de l'ordre. Le communisme à produit un univers concentrationnaire où l'horizon se dérobe et où les services secrets sont les clefs de l'architecture sociale. 

C'est un film sur la désespérance qui montre à l'évidence que les printemps de révolte ne peuvent pas lutter contre les rigueurs des hivers russes.

Et en se replongeant dans l'histoire tragique de son pays, le réalisateur se reconnecte au temps présent et aux errements d'un pouvoir  dictatorial. Pauvre Russie de toutes les espérances !

Moi qui suit un de ses plus fervents admirateurs, je pouvait rêver d'un énième opus Eastwodien... las ! Pathétique Clint s'égarant dans un Cry Macho où il aurait dû se contenter d'être le réalisateur à défaut d'être l'acteur. Son âge visible ôte toute crédibilité aux élans amoureux des femmes qu'il croise et aux ruades des chevaux qu'il dompte. Allez mon Clint, tu as trop donné au cinéma pour ne pas t'apercevoir du drame en train de se nouer ! Tu es (très) vieux et trouver un rôle à ta mesure deviendra de plus en plus complexe. On pourra toujours se consoler en plongeant dans ta filmographie.

Et pour finir, loupé pendant le Festival de Cannes, et rattrapé au Raimu, mon cinéma fétiche de la MJC Ranguin, Les Intranquilles de Joachim Lafosse avec une Leïla Bekhti et un Damien Bonnard bouleversants. Une formidable plongée dans l'univers d'un couple percuté par la bipolarité du mari, sa volonté d'échapper aux traitement médicaux dès qu'il va mieux, la lente descente aux enfers de sa femme et de son enfant devant les montées récurrentes de sa folie, l'amour sans espoir malgré tout. Un film passionnant sur un sujet complexe, une tranche de vie sur le fil de la déraison !

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Festival du Film Panafricain de Cannes 2021 : Le vent d'ailleurs !

Publié le par Bernard Oheix

Quand Basile Ngangue Ebelle, président fondateur et âme du FIFP  m'a proposé d'être membre du jury de l'édition 2021, j'ai accepté avec enthousiasme cet honneur. En 2015 j'avais déjà connu ce privilège et je me souviens encore des belles heures partagées entre des films excitants venus d'horizons divers, les personnalités attachantes du jury, des rencontres au long des nuits de passion à transformer le monde pour que règne l'harmonie et la fraternité.

Et en ce 19 octobre 2021, je me retrouve donc aux côtés d'un jury de choc (je ne le savais pas encore !), sur la scène de la salle Miramar devant un public chamarré de couleurs, en train d'écouter les incantations d'un griot venu spécialement du Cameroun pour ouvrir la manifestation en lui accordant le regard bienveillant des ancêtres !

L'organisation avait conçu deux jurys, l'un de "fiction" dont je faisais partie, avec Hamid Benamra (réalisateur) et Dorothée Audibert Champenois, chargée des programme courts sur France TV et l'autre sur les documentaires, composé du Prince Kum'a Ndumbe III, une légende africaine, un lettré humaniste et héritier de la tradition, de Roch Lessaint-Amedet, comédien multicartes et bateleur de talent et d'Olivier Rapinier, réalisateur ultramarin. Disons-le tout de suite, l'ambiance fut particulièrement bonne entre les 2 jurys !

Et dès la séance d'ouverture, un court métrage d'animation d' Ingrid Agbo (Togo), Akplokplobito, nous plonge dans l'univers de personnages torturés aux bouches noires béantes qui, au cours de leurs parcours pour reconquérir une part d'humanité, retrouvent leur bouche pour mordre dans la vie. Après ce film passionnant, le 1er long métrage en compétition de la catégorie fiction, Hairareb de Oshoveli Shipoh (Namibie), nous permit de découvrir une oeuvre attendrissante sur l'amour d'un homme et d'une femme, sur le pardon des fautes commises, sur la fatalité de la disparition de l'aimée et sur cet enfant, né pour rattraper la vie et poursuivre le chemin de l'espoir.

Malgré d'évidentes faiblesses dans sa construction, c'est un film attachant plein de sincérité que l'on retrouvera primé pour l'interprétation féminine (Hazel Honda) avec une mention spéciale du Jury Fiction pour la réalisation. 

diversité des réalisateurs, scénaristes et producteurs engagés dans un combat ardu pour leur reconnaissance.

diversité des réalisateurs, scénaristes et producteurs engagés dans un combat ardu pour leur reconnaissance.

Après cette belle ouverture porteuse d'espoir, le festival prit son rythme de croisière avec, il faut bien l'avouer, des hauts et des bas. Une certaine faiblesse dans la qualité des films fictions longs, un trop plein de films documentaires, une grille pas toujours lisible avec en corollaire un public trop clairsemé garnissant les fauteuils accueillants de la salle... Loin de moi l'idée de jeter la pierre ! Je sais d'expérience combien organiser une telle manifestation n'est pas chose aisée mais les recettes pour gommer les aspérités, parfois, se nichent dans les détails. Une grille plus claire indiquant 10 fictions sur les créneaux 19h et 21h, dix documentaires sur les créneaux de 11h et 13h30 auxquels on pourrait rajouter, pour raccrocher le public cinéphile local, un focus sur un pays à l'honneur à chaque édition avec une série de films plus connus à 15h. Des coups de coeur de l'organisation sur le créneau de 9h. 

Il appartient à l'équipe en place de trouver l'alchimie entre la vitalité réelle des rencontres, l'ambiance passionnée générée par les présents et un projet cinématographique plus resserré, permettant de mettre à l'honneur ceux qui travaillent sous le soleil des tropiques à faire émerger une cinématographie trop souvent méconnue.

De séance en séance, nous avons continué à ouvrir nos yeux sur des horizons dérobés. Dans la catégorie des courts métrages fictions, quelques productions aux charmes indéniables, comme Juste un moment  (France) de Djigu Diarra , Smoking Kills (France) de Steven Luchet jusqu'à nos coups de coeur : mention spéciale pour The Shadow of your smile du Colombien Carlos Espina où l'univers de clowns se transforme en cauchemar de tueurs accomplissants des missions sous peine de perdre la vie. Une image délavée avec des couleurs criardes pour souligner l'éternel combat des miséreux en recherche d'une dignité perdue. Et le Dikalo d'Or, le grand prix, fut attribué à un bijou ultramarin, Dorlis d'Enricka MH. En Martinique, une jeune fille affronte un grand-père incestueux au crépuscule de sa vie et sa mère tue (?) celui qui porte la honte et que le silence a protégé des foudres de la colère et de la vengeance. Un film de 25mn ciselé au cordeau, sans une once de  faiblesse, une ambiance entre le mystique et le concret, la qualité technique d'une réalisatrice en pleine possession de ses moyens, accomplissant le tour de force d'aller jusqu'au bout d'une vengeance sans haine où l'ambiguïté reste le ferment de toutes les illusions. 

Pour le grand prix des longs métrages fictions, il n'y aura pas de discussions tant les qualités d'Enchained de Moges Tafesse sont évidentes. Dans la lignée d'un Hailé Gérima, il nous propose de partir dans une Éthiopie de la tradition à la reconquête d'un honneur perdu et d'un bonheur retrouvé. Une adolescente est mariée  à un homme puissant contre sa volonté malgré un amoureux qu'elle aime profondément. Celui-ci, va perdre son nom en devenant un mendiant et la rechercher à travers le pays pour l'aimer de nouveau. Le mari trompé invoque la coutume et les deux hommes doivent se rendre enchaînés jusqu'à la cour de la reine afin de plaider leur cause. La reine va profiter de ce procès pour affirmer son pouvoir sur les hommes qui l'entourent et la manipulent et le mendiant retrouver son honneur en dénonçant les abus du pouvoir et des juges unis par la corruption. Une image luxuriante d'une richesse incroyable, un jeu d'acteur époustouflant (Grand prix d'interprétation masculine pour Zerihun Mulatu), la beauté de la langue et des traditions, tout était réuni pour faire de cette ode à l'amour et la sensualité, le film détonateur d'une prise de conscience de la révolte des faibles contre les puissants.

Pour le reste, une belle actrice, (Bridget John) au tempérament passionnée obtiendra le co-prix de l'interprétation féminine dans Marrying a Campbell, et même dans les films les moins réussis, un plan, une séquence, une bribe de scénario nous rappellent que le cinéma, pour être un art, est aussi une alchimie mystérieuse entre le travail et l'inspiration. 

défilé de mode sur le tempo de femmes envoûtantes !

défilé de mode sur le tempo de femmes envoûtantes !

Bon que dire sur mon jury Fiction. Hamid Benamra, le président, un ami pour la vie, un homme au talent rare, Dikalo d'Or en 2014, fabriquant d'images à l'univers si particulier. Dorothée Audibert Champenois et sa coiffe afro, pétulante et gracieuse responsable des programmes courts à France TV aux idées bien arrêtées, dans le mouvement perpétuel d'une activité débordante.

Pour ce qui est des documentaires, les jurés n'ont pas chômé et si vous voulez connaitre leur palmarès, rendez-vous sur le site du Festival Panafricain. Mais le Prince, Roch et Olivier n'ont pas fini d'entendre la musique de la réalité chanter la complainte des jours heureux.

Et moi, j'étais bien dans cette ambiance ouverte à toutes les différences, quand l'espoir rime avec l'avenir.

Bravo encore et merci à l'équipe d'organisation et à Basile, son chef d'orchestre !

Dans les bras d'une Afrique éternelle !

Dans les bras d'une Afrique éternelle !

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Miracles de l'architecture en Italie

Publié le par Bernard Oheix

Si nos yeux ne se fatiguèrent point devant les écrans de La Mostra, il n'en est pas de même de l'incroyable périple qui nous permit d'entrevoir toute la magie de l'art italien, la somptuosité et la fascination engendrées par les traces bien présentes d'une histoire de légende, celle d'un peuple qui régnait sur le monde des arts dans les siècles passés.

C'est Ravenna, connue pour ses mosaïques et la richesse particulière de ses églises. Une ville avec une histoire prestigieuse, centre de l'Émilie-Romagne, qui a su garder son visage humain, ses rues étroites et animées dont les voitures sont chassées, ses terrasses où il fait bon manger des spaghettis en entendant chanter cette langue délicieuse à nos oreilles.

Mais Ravenna, c'est avant tout un trésor architectural, celui d'un réseau de monuments, églises et musées qui vous livrent les créations du génie humain, vous propose de vous pencher sur le passé flamboyant de nos ancêtres, dans un monde qui balbutiait les temps modernes.

Majesté des arches de lumières, des mosaïques qui enchantent les murs, des sculptures et des peintures !

Majesté des arches de lumières, des mosaïques qui enchantent les murs, des sculptures et des peintures !

Que ce soit le Mausolée de Galla Placidia, S. Apollinare Nuovo, l'Abbaye de Pomposa, le tombeau de Dante, le musée des mosaïques et tant d'autres lieux chargés d'histoire et de passions. La ville dévoile ces siècles d'un passé de prestige, ces monuments érigés par la foi de l'homme au service du pouvoir et de la grandeur.

Le passé se conjugue au présent pour ces créations qui ont échappé à l'usure du temps, aux dégradations des guerres et nous permettent d'ouvrir les yeux sur notre histoire.

Il flotte un parfum de nostalgie et la certitude d'avoir rencontré le meilleur de l'homme dans ces oeuvres nées dans la nuit des temps.

Miracles de l'architecture en Italie

Et comment ne pas terminer notre périple à Ravenna sans passer par le Mausoleo di Teodorico érigé en l'an 520 par le roi des Ostrogoths qui avait conquis le pays. Sa particularité est que son toit a été composé à partir d'un monolithique de 300 tonnes et transporté d'Istrie. Un sarcophage en porphyre aurait recueilli la dépouille du roi en 526. Majesté d'un monument érigé à sa propre gloire afin d'immortaliser son règne barbare.

Miracles de l'architecture en Italie

C'est chez Giovanna et Sandro que nous avons terminé notre périple, à Coassolo, un petit village perdu sur les contreforts des Alpes, au-dessus de Turin. Dans un dernier jour de détente, ils nous ont emmenés visiter un site extraordinaire du Val Susa, un château perché sur un piton, La Sacra di San Michele, un des trésors du Piémont.

 

Miracles de l'architecture en Italie

Dans ces années 1000 qui pointent à l'horizon, imaginez l'ingéniosité de ces hommes bâtisseurs, entre le profane d'un bastion inexpugnable aux envahisseurs et le sacré d'une abbaye où sont déposées les sépultures des membres de la famille royale de Savoie. La richesse architecturale et la qualité des oeuvres entreposées est inimaginable. Véritable plongée dans les arcanes d'un passé qui a inspiré Umberto Eco dans Le nom de la Rose et qui nous saisit, comme si le temps pouvait s'arrêter et le monde se figer.

 

Il ne nous reste alors qu'à reprendre notre voiture, quitter le Piémont et suivre l'autoroute vers la Ligurie. Après une escale sur les pentes d'un tunnel de Tende fermé (mais nous ne le savions pas !), la route d'Imperia et la frontière. La Bocca enfin avec la certitude d'avoir fait un pied de nez au Covid et à l'ambiance délétère d'un monde qui se cherche. Nous, nous avons retrouvé un peu de notre histoire sur les canaux de Venise, dans les abbayes de Ravenna et à la Sacra di San Michele, et il fleurait bon ce passé chargé de beautés et d'aventures !

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Festival de Venise : La Mostra désenchantée !

Publié le par Bernard Oheix

Il y a Venise, la Sérénissime aux charmes alanguis, il y a la Biennale et il y a la Mostra au  lion ailé, le festival rival de Cannes, le concurrent le plus sérieux sur la terre d'Europe au titre envié de coeur en fusion du 7ème Art. Mais les choses ne sont pas toujours aussi simples, et cette année, après les errements d'un Festival de Cannes déplacé au mois de juillet, entre les toussotements d'une pandémie jamais terminée et l'irruption des technologies modernes (billetterie en ligne !), voici donc l'orgueilleuse Mostra en train de donner le tempo à un cinéma exsangue depuis deux longues années de Covid !

Et ce ne fut pas une partie de plaisir !

La piazza San Marco comme une invitation au rêve... euh, au cauchemar !

La piazza San Marco comme une invitation au rêve... euh, au cauchemar !

Tout avait commencé par un coup de fil de Sandro Signetto, mon ami turinois... Un "coup" de Venise, une Mostra pour la route, après les 30 films du Festival de Cannes, une plongée dans la ville mystère et l'écran du Festival ouvert sur le monde cinématographique... double objectif auquel il est difficile de résister quand on aime l'Italie et le Cinéma !

Bon, cela ne semblait pas aussi facile qu'on l'espérait. N'étant plus "un professionnel de la profession", c'est comme cinéphile lambda averti que j'envisageais d'assister à la manifestation et là, il faut l'avouer, cela s'est considérablement corsé et corseté !

La nécessité de prendre un mois avant l'ouverture, un badge d'une valeur de 100€ permettant d'avoir des places, se heurtait aux nuages noirs d'un Covid délétère obérant la certitude de notre présence. Résultat, mon ami italien prit le badge pour lui et Giovanna, sa femme, et Thérèse et moi attendrions le dernier moment pour régler ce dossier. Bien m'en a pris !

Car suivant le tsunami du passage "obligé" à une billetterie informatique pour les manifestations culturelles (ah ! ces fameuses économies d'impression de billets et de salaires de caissières !), la Mostra sortit de sa manche, le joker de Boxol.it, un système kafkaïen où les heures passées devant l'écran de son ordinateur valaient largement celles passées devant un écran du festival. N'en doutons pas, la technologie n'est pas toujours au service de l'humain !

Et si mon score de films réussit à grimper jusqu'à 3 films officiels (zéro de la compétition !) de la série "Orrizonti" payés 8,5€ pièce, plus un "off", mon ami dûment accrédité ne put en voir guère plus, ce qui lui fit revenir chaque film visionné à environ 20€ l'unité !

Bon, à 8000 badges vendus environ, cela fait quand même la somme conséquente de 700 000€ tombant dans l'escarcelle d'un festival jouant sur tous les tableaux (les films en compétition dans la grande salle se monnayaient à plus de 50€ !).

En effet, Venise accueillant en même temps des professionnels et des spectateurs, les salles sont divisées en zone, des quotas répartis entre les différentes catégories rendant quasi insoluble la quadrature du cercle par une firme Boxol.it attaquée par le directeur Barbera devant la levée des boucliers des festivaliers désarmés. Les avocats de la firme annonçant qu'ils se tenaient prêts à répondre à l'ordonnateur de la commande, le dit Barbera fit rapidement marche arrière, et le festival continua devant des salles bien clairsemées mais avec une file de mécontents grossissant au jour le jour et affichant leur colère sur le mur des réclamations au coeur de l'agora du festival.

Mais où atterrit cette manne d'argent ? Dans les salaires des huiles du Festival qui pondent de tels systèmes, dans les poches vides des caissières non-embauchées, dans le réseau des cinémas qui s'essouffle, dans les poches des Netflix et consorts omniprésents et grands vainqueurs de la compétition...

Pas dans les miennes assurément, vidées par le racket organisé à tous les niveaux des festivaliers dans une ville qui sait faire payer son passé pour assurer son avenir !

 

Des murs si hauts, dérobant la lumière des projecteurs !

Des murs si hauts, dérobant la lumière des projecteurs !

Reste le plaisir de voir Venise copier Cannes, le jury présidé par Bon Joon-ho primant un film que vous avez compris, je n'ai pas vu, mais dont la réalisatrice Audrey Diwan, française renvoie en écho aux choix de celui dirigé (?) par Spike Lee à Cannes : deux jeunes françaises au sommet dans le capharnaüm d'un monde ivre, belle leçon de chose et espoir de lendemains qui chantent !

Et il reste 2 films pour rêver que l'on est bien à un festival de cinéma, 2 oeuvres fortes et troublantes que les hasards des connexions aléatoires de Boxol.It nous ont permis de visionner. Le premier, L'Aveugle qui ne voulait pas voir Titanic, est un chef d'oeuvre finlandais de Teemu Nikki avec un acteur éblouissant, Petri Poikolainen, qui joue son rôle avec ses propres handicaps. Un aveugle atteint de sclérose en plaques n'a pour seule ouverture sur le monde qu'un téléphone portable à commandes vocales. Bloqué sur son charriot, il décide de partir en expédition pour retrouver celle qu'il aime mais n'a jamais rencontrée, elle-même malade et en crise. L'expédition va tourner au cauchemar, des truands vont tenter de le dépouiller du reste d'humanité qui l'habite mais il arrivera au bout de son périple et découvrira avec ses mains le visage de l'aimée. Ce n'est jamais dans le pathos, l'acteur présent à la séance est incroyable de courage et d'énergie, une oeuvre forte et qui fait appel à toutes les émotions d'un spectateur qui n'est pas pris en otage.

Les 7 prisonniers de Alexandre Moratto filme le cheminement de ces jeunes brésiliens qui quittent leurs campagnes attirés par des recruteurs leur faisant miroiter les richesses de la ville. De ces rêves, il ne leur reste qu'un réseau d'esclavage moderne où, privés de tout, ils sont condamnés à travailler jusqu'à l'épuisement, sans papiers, sans salaires et sans liberté. Un des prisonniers va prendre la tête de la révolte et par une série de glissements, devenir le nouvel assistant du chef du réseau, se calant par mimétisme sur l'ancien qui a vécu la même tragédie. Un film qui, au-delà de la corruption et des réseaux qui utilisent la misère des uns, montre aussi la nature de l'homme attaché à survivre par delà les convenances et les convictions. Les vrais coupables ne sont pas seulement ceux qui tentent de survivre, mais plus largement, le système politico-mafieux greffé sur l'exploitation de l'homme par l'homme, sur un capitalisme débridé et inhumain.

 

Et pour la route du retour, un film "off" en première vision à l'Académie du Cinéma, petite salle située dans le vieux Venise, réalisé par Daniele Frison, cinéaste de documentaires, un ami par ailleurs des belles soirées turinoises. Le Monde de Riccardo résonne étrangement à ceux qui pensent qu'un juge est automatiquement un rouage du pouvoir, qu'un homme de lois ne peut être un artiste, et que le pouvoir isole de la vie des autres. 

Domenico Riccardo Peretti Griva est la preuve que le destin d'un homme n'est jamais écrit. Juge sous le régime de Mussolini, il s'oppose aux lois d'exception raciale, refuse de porter la chemise noire obligatoire pendant les cérémonies officielles, condamne des hommes de main fascistes en 1932 à Piacenza et sera même emprisonné par le régime. Par la suite, il deviendra une pièce maitresse de l'évolution de la vie civile corsetée de l'après guerre, contournant les lois contre le divorce (c'est lui qui a régularisé, par une contorsion législative, en Italie, le divorce de Rossellini qui l'autorisera à épouser Ingrid Bergman), au point qu'une loi anti-Perretti-Griva fut prise par l'institution. Des faits d'armes, il en aura beaucoup dans son métier mais c'est à travers l'objectif de son appareil de photo qu'il s'accomplira, devenant un des maîtres de la photographie italienne, reconnu à l'étranger, exposé.

Homme de conviction au regard acéré, il voyagera dans des pays de mystères pour l'époque de cette moitié du XXème siècle où les images sont encore rares, ramenant des reflets volés au temps, le visage d'un inconnu, la nature insolente qu'il fige à jamais.

C'est un film passionnant sur la part d'humanité de quelqu'un qui à traversé l'horreur du fascisme, qui a su regarder avec des yeux d'enfant, un monde en décomposition en marche vers l'espoir. Un esprit libre.

La réalisation est parfaite, les intervenants brillants et les images d'archives nous ramènent loin en arrière, quand notre monde était en train de s'ériger à marche forcée vers le progrès !

Bravo au producteur courageux et au réalisateur qui signe une oeuvre émouvante sur un homme qui échappe au temps qui passe !

 

Voilà, 3 films et demi pour satisfaire sa soif d'images et le temps du retour qui sonne. Un détour par Ravenna l'inoubliable cité des mosaïques... mais cela est une autre histoire que je vous conterais au prochain billet !

Et un conseil, si vous voulez dévorer de la pellicule, pas besoin de se rendre à Venise... par contre pour les spaghettis à l'encre de seiches, difficile de faire mieux que la "trattoria" des Alberonni où le patron Pierre, vous accueillera en vous mitonnant quelques plats magiques !

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