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Spectacles à Montréal

Publié le par Bernard Oheix

Pléiade de jeunes Français dans ce Juste pour Rire de l’été 2013, par une canicule épouvantable, à faire rêver de se tapir dans les salles climatisées du Quartier des Arts, le plus longtemps possible.....

Deux volets, Zoofest, avec les jeunes pousses françaises en stand-up, souvent passées par Le Jamel Comédy Club, et une cohorte de comiques Québécois, pour 100 spectacles découverte, et le grand Festival Juste Pour Rire avec ses galas réunissant autour d’un thème unique (la sexualité, le sport, l’argent, la loose...), le gratin des humoristes de la Belle Province, mais aussi des shows enlevés et des comiques en série auxquels il faut rajouter les scènes en extérieur, gratuites, tous les jours, exercices casse gueule pour certains en train de chercher une page de notoriété dans la Ville du Rire.

Et tous cela en 15 jours de folie, au milieu d’autres manifestations (Festival du Cirque, Nuits d’Afrique, Festival de Cinéma...), dans un quartier grand comme un demi arrondissement parisien, au milieu d’une foule asphyxiante !

Bienvenue à Montréal !

Petite revue parmi la trentaine d’artistes visionnés !

En ce qui concerne nos jeunes Français, mention spéciale à Greg Romano, Dédo, Mohamed Nouar et Alban Ivanov.

Greg Romano, un niçois, impose un personnage en auto-dérision, à la limite du bon gout, exercice sur le fil qui peut à tout instant basculer dans le fou rire ou dans le «bide»...Il aura quelques moments de gloire à se souvenir ! Dédo, le Prince des Ténèbres, fait dans le noir et le caustique, tout en grincements et en rictus, un spectacle construit en interaction avec le public, sans filets, où il projette ses angoisses. Mohamed Nouar est l’arabe élégant et sarcastique, décalage permanent entre ce qu’il est sensé représenter et ce qu’il joue avec beaucoup de subtilité. Alban Ivanov lui, joue de son corps maladroit et mime beaucoup, scène d’anthologie avec un sac de farine dans lequel il plonge sa tête en une parodie d’un «Scarface» dont beaucoup se souviendront !

Dans tous ces comiques dont on entendra parler, mes deux coups de coeur vont à Bun Hay Mean et à Claudia Tagbo.

Bun Hay Mean est un chinois survolté, il a une énergie phénoménale, se tire de toutes les situations, entraine le public avec lui jusqu’à plonger littéralement dans la foule. Il est sans limites. Avec lui, les Vietnamiens deviennent les Arabes de l’Asie, les Chinois colonisent l’Afrique et les légendes poussent comme des feuilles sur des branches de bananiers. C’est un vrai grand, retenez son nom ! C’est en plus, un homme adorable, plein de tact et d’interrogations.

Quant à Claudia Tagbo, respect ! Elle est noire, petite, de grosses fesses dont elle joue avec dérision. Elle utilise son corps comme un tableau noir pour y inscrire les contours d’un paysage imaginaire. Sa face s’illumine, elle roule des yeux, tire la langue, danse, mime, et entre les traditions africaines, la place du père, l’éducation des enfants et sa vie sentimentale, tout passe à la moulinette des idées toutes faites, des images convenues et se termine en un immense concert avec le public. Attention, succès et rires garantis !

Dans les grands shows, il faut noter une comédie musicale qui débarquera en France l’an prochain et dont vous entendrez parler. Hairspray, replonge dans les années soixante, la ségrégation et l’ambiance «high school». Une jeune adolescente corpulente devient une star de la danse grâce à ses amis «blacks» dans un Baltimore plein de préjugés, entre les «bimbos» blondes racistes et celles qui vont se décoincer et trouver l’amour et la vie !

Plaisant, dans une belle mise en scène qui met en valeur une très belle distribution d’artistes chantant, dansant et jouant à la perfection, un vrai moment de détente.

Signalons la présence de Die Mobiles, jeu d’ombres sur des corps qui se désarticulent et recomposent une réalité mouvante, les vainqueurs de l’émission «Incroyable Talent» dont Gilbert Rozon, le capitaine du navire Juste Pour Rire est un membre du Jury particulièrement caustique et actif !

Et comment ne pas signaler le Gala Komedy Majic Show qui réunit autour d’Arturo Brachetti des magiciens dans un processus décalé et atypique ! Un angle de vision déjanté, entre la prouesse des numéros et une présentation toute en humour, enchaînement virevoltant et surprenant qui permet de rire en s’émerveillant. Brachetti reste un grand enfant, apte à s’enthousiasmer et à entrainer le public dans son monde d’illusions !

Signalons un excellent «Gala de la Loose» présenté par Jean-Luc Lemoine et Simon Gouache, un Québécois dont le talent acide est au service d’une charge contre les Français et les Parisiens à donner envie de lui répondre par l’humour.

Pour ce faire, il suffit de l’envoyer assister au spectacle des Pic-Bois, «Corps à corps avec frite et moule», une troupe locale déjantée dans un spectacle sur le corps et le sexe à faire hurler de mauvais gout et de médiocrité. Ce show manifestement est un «hénaurme» succès la-bas et concurrence l’accident industriel du Festival, une pièce de théâtre, Un homme, deux patrons, tiré avec beaucoup de cheveux d’une oeuvre de Carlo Goldoni, dans une mise en scène indigente et le vide abyssal d’une agitation épileptique d’acteurs à la dérive !

Comme quoi, même chez nos cousins entreprenants et dynamiques du Québec, la perfection plonge parfois dans la misère de l’échec !

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