Le Festival du Film 2025 : persiste et signe !
Les jours s'étirent au rythme des projections. 4 à 5 en jonglant avec des rendez-vous pour la promotion de mon livre et des dédicaces dans le hall de la Licorne entre deux séances.
Reste le plaisir sans cesse renouvelé de voir l'écran s'illuminer et nous emporter dans nos désirs d'ouvrir les portes de l'inconnu, à la rencontre de cinéastes, d'actrices et d'acteurs en train de peindre une histoire de la vie.
Et cette 78ème édition est riche de tous les possibles.
La saga continue avec des propositions souvent en écho avec la vie réelle et les impasses de notre société sur toutes les déviances. Parfois le trait est si outrancier qu'il en devient insupportable à l'image de Pillion qui peut se targuer potentiellement d'une Palme du Navet d'Or.
Plus accrocheur, My father shadow d'Akinola Davies où un père emmène ses enfants à Lagos, sauf que... et dans O Agento Secreto, de Kleber Mendonça Filho sur un homme au passé trouble qui revient à Recife pour retrouver son fils.
Passionnant et interpellant, la Preuve d'Amour, 2ème film d' Alice Douard qui tente de démêler l'incongruité des lois qui régissent le statut d'un couple de femmes qui attendent la naissance de leur enfant. Magnifiquement interprété et filmé avec finesse.
Titane avait marqué l'histoire du Festival en obtenant une Palme d'Or qui avait (beaucoup) fait parler d'elle. Dans son nouvel opus, Alpha, Julia Ducournau revient en compétition, dans l'atmosphère suffocante d'une pandémie qui transforme les êtres humains en statues de pierres. Même si les acteurs sont incroyables avec un Tahar Rahim qui recule les limites du jeu d'acteur, le film pêche malgré tout par un trop plein d'informations... mais pourquoi pas un accessit ?
Dans Indomptables, Thomas Ngijol, réalisateur et acteur, dessine une ville de Yaoundé gangrenée par la corruption et le chaos. Le commissaire de police qu'il campe va tenter d'imposer sa morale dans une colère pour s'opposer à l'injustice. Superbe film de la Quinzaine des Cinéastes.
Vie Privée de Rébecca Zlotowski était attendue pour sa distribution flamboyante. Nous n'avons pas été déçus tant Jodi Foster illumine le film de sa présence solaire. Une psychiatre persuadée du meurtre d'une de ses patientes et qui tente d'enquêter...
Love me Tender d'Anna Cazenave Cambet s'inscrit dans cette lignée bien présente des films sur les femmes et les difficultés qu'elles ont à s'imposer devant des hommes. Du jour où elle annonce à son ancien mari qu'elle est lesbienne, celui-ci va tout faire pour la séparer de son enfant et utiliser tous les moyens possibles pour casser le lien entre elle et son fils. Fascinant.
Quand à The History of Sound d'Olivier Hermanus (États-Unis), c'est un bijou serti d'une bande son fascinante, l'amour impossible entre 2 hommes et le silence d'une disparition incomprise. Un film d'émotions qui nous embarque dans les paysages du Maine et les arcanes de la musique en résonance aux dissonances du coeur !
32 films à 2 jours de la clôture. Score honorable dans une période foisonnante !
Je me garderai de tout palmarès, mais je tiens à inscrire dans le temps que cette 78ème édition aura parlé aux spectateurs de la vie réelle, des femmes meurtries, des hommes perdus, des esclaves d'un monde moderne qui leur ôte toute dignité, de la corruption et de la mort !
Comment en pourrait-il être autrement dans ce monde réel à la dérive ? Le cinéma est alors une fois de plus, ce révélateur de toutes nos angoisses, cette lanterne magique qui éclaire le chemin d'une rédemption possible. Il est un phare pour que l'humain retrouve un peu de son humanité et le monde, un peu d'espoir !
Vive le Cinéma !