Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

cinema

Le Festival du Film 2025 : persiste et signe !

Publié le par Bernard Oheix

Les jours s'étirent au rythme des projections. 4 à 5 en jonglant avec des rendez-vous pour la promotion de mon livre et des dédicaces dans le hall de la Licorne entre deux séances.

Reste le plaisir sans cesse renouvelé de voir l'écran s'illuminer et nous emporter dans nos désirs d'ouvrir les portes de l'inconnu, à la rencontre de cinéastes, d'actrices et d'acteurs en train de peindre une histoire de la vie.

Et cette 78ème édition est riche de tous les possibles.

La saga continue avec des propositions souvent en écho avec la vie réelle et les impasses de notre société sur toutes les déviances. Parfois le trait est si outrancier qu'il en devient insupportable à l'image de Pillion qui peut se targuer potentiellement d'une Palme du Navet d'Or.

Plus accrocheur, My father shadow d'Akinola Davies où un père emmène ses enfants à Lagos, sauf que... et dans O Agento Secreto, de Kleber Mendonça Filho sur un homme au passé trouble qui revient à Recife pour retrouver son fils. 

Passionnant et interpellant, la Preuve d'Amour, 2ème film d' Alice Douard qui tente de démêler l'incongruité des lois qui régissent le statut d'un couple de femmes qui attendent la naissance de leur enfant. Magnifiquement interprété et filmé avec finesse.

Titane avait marqué l'histoire du Festival en obtenant une Palme d'Or qui avait (beaucoup) fait parler d'elle. Dans son nouvel opus, Alpha, Julia Ducournau revient en compétition, dans l'atmosphère suffocante d'une pandémie qui transforme les êtres humains en statues de pierres. Même si les acteurs sont incroyables avec un Tahar Rahim qui recule les limites du jeu d'acteur, le film pêche malgré tout par un trop plein d'informations... mais pourquoi pas un accessit ?

Dans Indomptables, Thomas Ngijol, réalisateur et acteur, dessine une ville de Yaoundé gangrenée par la corruption et le chaos. Le commissaire de police qu'il campe va tenter d'imposer sa morale dans une colère pour s'opposer à l'injustice. Superbe film de la Quinzaine des Cinéastes.

Vie Privée de Rébecca Zlotowski était attendue pour sa distribution flamboyante. Nous n'avons pas été déçus tant Jodi Foster illumine le film de sa présence solaire. Une psychiatre persuadée du meurtre d'une de ses patientes et qui tente d'enquêter...

Love me Tender d'Anna Cazenave Cambet s'inscrit dans cette lignée bien présente des films sur les femmes et les difficultés qu'elles ont à s'imposer devant des hommes. Du jour où elle annonce à son ancien mari qu'elle est lesbienne, celui-ci va tout faire pour la séparer de son enfant et utiliser tous les moyens possibles pour casser le lien entre elle et son fils. Fascinant.

Quand à The History of Sound d'Olivier Hermanus (États-Unis), c'est un bijou serti d'une bande son fascinante, l'amour impossible entre 2 hommes et le silence d'une disparition incomprise. Un film d'émotions qui nous embarque dans les paysages du Maine et les arcanes de la musique en résonance aux dissonances du coeur !

 

32 films à 2 jours de la clôture. Score honorable dans une période foisonnante !

Je me garderai de tout palmarès, mais je tiens à inscrire dans le temps que cette 78ème édition aura parlé aux spectateurs de la vie réelle, des femmes meurtries, des hommes perdus, des esclaves d'un monde moderne qui leur ôte toute dignité, de la corruption et de la mort !

Comment en pourrait-il être autrement dans ce monde réel à la dérive ? Le cinéma est alors une fois de plus, ce révélateur de toutes nos angoisses, cette lanterne magique qui éclaire le chemin d'une rédemption possible. Il est un phare pour que l'humain retrouve un peu de son humanité et le monde, un peu d'espoir !

Vive le Cinéma !

Voir les commentaires

Festival du Film...Un début en fanfare !

Publié le par Bernard Oheix

Festival du Film...Un début en fanfare !

Mercredi matin, veille de l'ouverture du 78ème Festival du Film de Cannes, l'évènement planétaire auquel je me convie chaque année.

Il a un parfum particulier en cette année 2025. Dans un monde qui perd sa boussole et où les intérêts privés des potentats qui gèrent le pouvoir affrontent les peurs de chaque individu. Ce sera l'axe de cette belle cérémonie d'ouverture avec la Présidente du Jury, Juliette Binoche et un Di Caprio et un De Niro émouvants de sincérité et d'empathie pour un monde de la culture perdu devant les affres de la réalité.

Mais pour moi, c'est aussi le parfum étrange de la sortie de mon livre sur le cinéma, ce fil conducteur de mon existence qui dès le plus jeune âge, m'embrasera et me conduira sur les marches d'un Palais des Festivals de Cannes où je vais diriger l'évènementiel pendant 22 ans, au coeur de l'oeil du typhon qui embrase le monde du 7ème Art tous les mois de mai !

Festival du Film...Un début en fanfare !

Mais au-delà des mots écrits, c'est sur l'écran de tous nos désirs que s'écrivent les pages de l'histoire du cinéma. Et on peut d'ores et déjà, après 16 films ingérés en 4 jours, annoncer que nous sommes dans un grand crû, comme si les nuages qui bordent notre horizon, nous obligeaient à éclairer notre route d'images nourries de soleil et d'espoir !

La ronde à commencé par Partir un jour, le film d'ouverture d'Amélie Bonin, remarquable comédie portée par une Juliette Armanet au zénith, entre l'humour et la tendresse, transcendée par des musiques populaires qui viennent s'insérer dans le propos avec justesse et originalité. Un beau film grand public ancré dans les sentiment et le rire !

L'intérêt d'Adam un film de Laura Wandel et Dossier 137 de Dominique Moll, (en compétition), sont portés par une Léa Drucker éblouissante de justesse et de mesure.

Dans le 1er, elle est une infirmière qui tente de réparer un enfant meurtri et une mère perdue dans un hôpital qui souffre de toute la misère du monde et dans le 2ème, policière passée des stups à l'IGPN, elle tente de faire la lumière sur un accident mettant en cause une brigade de la BRI et un jeune gilet jaune... Mais la vérité est à géométrie variable quand des intérêts supérieurs sont en jeu et l'inspectrice va se retrouver dans une enquête  complexe qui la touche plus particulièrement. C'est un vrai film sur le drame du rapport entre la police et la nation !

Les coups de coeur vont s'enchainer.... Sirat, d'Olivier Laxe, que l'on retrouvera au Palmarès, nous emmène sur les pas d'une troupe de raveurs dans la quête d'un père (Sergi Lopez) à la recherche de sa fille aux confins du désert. Un film à voir en toute urgence.

La Ola de Sébastian Lelio est un musical du niveau d'Émilia Perez, centré sur la colère des femmes devant le comportement des hommes, un film post-metoo intelligent, sur l' ambiguïtée et la nécessité de la révolte des femmes. Éblouissant et fascinant.

La Petite Dernière de Hafsia Herzi prouve à l'évidence que derrière l'actrice de Borgo, il y a aussi une talentueuse réalisatrice capable de parler d'un sujet complexe avec passion et modération. Une jeune algérienne, dans une famille aimante, excellente à l'école, intègre l'Université de Philosophie. Las, elle va devoir s'affronter aussi dans ses croyances et son statut en découvrant ses penchants pour d'autres femmes. Subtil, passionnant, moral, une citation dans le Palmarès ne serait que justice

Et je ne peux que terminer cette première riche livraison de film sur Nouvelle Vague de Richard Linklater qui nous permet de vivre le passé au présent. Le tournage de À bout de souffle de Godard, avec des acteurs et actrices formidables en lieu et place de Jean Seberg et de Jean Paul Belmondo et un Godard plus vrai que nature entouré de cette nouvelle vague qui allait transformer le cinéma.

Et en écho de mon livre, La Lanterne Magique, Journal d'un Cinéphile Cannois, François Truffaut et tant d'autres pour réaliser la jonction entre la réalité des images du passé et la justesse des mots de mon présent !

Voilà 16 films ingérés en 4 jours, et la perspective de cette lucarne qui s'allume pour nous emporter dans un monde qui tente de s'éclairer. La maison pleine de ces cinéphiles qui débarquent et campent dans notre jardin, les repas animés à discourir des films, la rue Francis Tonner a traverser pour plonger dans le noir complice de La Licorne que des images éclairent d'un sens nouveau !

Vive le 7ème Art !

Voir les commentaires

Journal d'un Cinéphile Cannois.

Publié le par Bernard Oheix

La nouvelle vient de tomber : Mon livre sur le cinéma va paraître début mai. Conjuguer l'écrit en support de l'image est un rêve que j'avais depuis si longtemps.

Je vous donne en apéritif cet extrait afin de vous ouvrir l'appétit, enfin je l'espère, et pour en connaître la suite il vous faudra débourser la modique somme de 22euros. Vous allez voyager dans l'univers des images animées d'une ville hors du commun !

5 - Vraies et fausses cartes de presse !

Il y a de nombreuses méthodes pour assister à la séance Graal d’un film en compétition au Palais des Festivals. J’ai eu l’opportunité en quarante-cinq éditions de toutes les explorer ! Petit bréviaire donc du chercheur d’or cinéphilique à la conquête de sa toison d’or !

Et tout de suite, deux possibilités à déconseiller. La première est humiliante: se vêtir d’un smoking avec nœud papillon, se poster dans l’environnement direct du Tapis Rouge avec un petit écriteau « cherche deux places pour assister au lm en compétition : PS : une seule su rait!»

Soyons lucide, outre la possibilité infime d’en trouver une (et a fortiori deux!) vous allez être ridicule dans votre frac loué pour l’occasion avec, en prime, de grandes chances de terminer seul votre soirée devant la télé, sans votre copine qui aura compris que vous étiez prêt à l’abandonner pour un Kurosawa, ou pire, un film Bulgare de 3 h 27 sous-titré anglais !

La deuxième a bien fonctionné mais est devenue obsolète : se promener dans la contre- allée de l’ancien Palais, lancer une œillade au gardien de la porte de secours qui s’avère être l’oncle d’un copain de classe, lequel vous fera un signe discret pour vous donner le feu vert, au moment du générique du Festival, quand les places libres ne pourront plus être occupées. Avec moi, cela a bien fonctionné une vingtaine de fois mais pour ce faire, il était nécessaire d’être Cannois, de tomber sur le bon vigile et tout cela bien avant que les consignes de sécurité drastiques de l’époque actuelle vous fassent apparaître comme un dangereux terroriste de vouloir satisfaire votre appétit de 7e Art !

Bien évidemment, il y a aussi la possibilité permanente d’être le fils d’un commerçant de la rue d’Antibes... Mais ce n’est pas donnée à tout le monde, hélas !

C’est donc vers une troisième option qu’il faut se tourner :

Avoir une carte de presse d’un quotidien local... Ce qui n’est pas toujours facile mais se trouvait être justement mon cas. Pour ce faire, il vous suffit d’écrire sur le hand-ball dans le journal Nice-Matin ou, si vous êtes communiste, que vous fassiez des articles de cinéma dans Le Patriote vendu par vous-même à la criée du Marché de Magnan aux sympathisants faisant leurs courses.

Toutefois, ce petit sésame ne vous permet en aucun cas d’accéder à la Montagne Magique de la compétition, tout au plus vous autorise-t-il à accéder à un de ses périphériques comme la Quinzaine, moins regardant sur les états de service de l’impétrant critique en mal de places!

Voir les films de la Quinzaine, c’est bien, surtout quand on connait la liste des réalisateurs qu’ils ont lancés à Cannes... Mais impossible alors de prétendre faire son palmarès en même temps que les jurés!

Alors comme quatrième option, il reste la débrouille... Ou l’art d’être faussaire !

Dès 1973, une bande de cinéphiles enragés, gravitant autour de l’université de Nice et de la section Histoire du Cinéma, sous le regard d’un Jean A Gili, maître impérial et amusé, a trouvé la martingale magique : de vraies fausses cartes de presse !

Un ami étudiant corse honorablement connu (dont je tairai le nom) ayant un cousin Bastiais qui possédait une imprimerie, sur la base d’une authentique carte de presse récu- pérée à la fin du Festival 1972, réalisa une vingtaine de passeports pour le paradis du 7e Art pour une modique somme incluant son temps de travail (et le temps de travail en Corse, c’est sacré!) et les quelques frais de papiers et de tirages nécessaires à la réalisation de ces «passe-partout» sophistiqués et totalement clandestins.

Ce n’était pas cher payé un visa pour le paradis !

Mais...

Merci à mon éditeur, Frédéric Ovadia et à son assistante, Laurence Berlioz qui m'ont autorisé à rêver d'un monde meilleur, celui de l'image et d'un son dans la perfection d'un noir complice qu'une lanterne magique vient illuminer !

Voir les commentaires

Divagations : la cinéphilie du désespoir !

Publié le par Bernard Oheix

Dans ma quête pour trouver des documents pour mon livre sur le cinéma qui va paraître prochainement, j'ai plongé dans mon grenier de la mémoire à la recherche du temps perdu... Au détour d'un carton, coincé entre deux catalogues, j'ai retrouvé ce texte ubuesque, produit certainement sous l'influence d'un abus d'alcool et d'un état dépressif !

À l'époque, je fréquentais assidument une MJC, celle de Gorbella qui m'a permis de découvrir des pépites du cinéma. C'est là d'ailleurs que j'ai découvert La Stratégie de l'Araignée de Bertolucci dont je ferai le sujet de ma maitrise du cinéma sous la responsabilité de Jean A Gili, mon professeur émérite qui m'a guidé sur les chemins de la critique cinématographique.

Je pense que ce texte devrait vous divertir, je l'espère, et vous l'offre en cadeau de ce 1er avril !

Scène 1 : où, quand et comment, V G E dit Voila Gégé l’Enflé se retrouve en train d’avouer son forfait : C’est vrai que j’ai vu des films sur le tiers monde à la MJC Gorbella… », déclare-t-il avec impudence.

L’action se situe dans les locaux d’un inspecteur de la police. Les traits déformés, V G E, tristement connu dans le milieu est prêt à craquer. La lumière d’un flash dans les yeux, deux annuaires téléphonique (celui du Gard et de la Haute Marne) sont maintenus en équilibre sur sa tête par un jeune inspecteur qui fait du zèle avec sa matraque en caoutchouc… ses traits se figent, va-t-il craquer ?

« Ok, j’avoue tout, j’y étais à Gorbella et tout seul en plus. Mais ce n’est pas de ma faute, personne ne me fait rire, la haut, et je m’ennuie. Aussi, ce vendredi 9 décembre, quand j’ai compris que mes gros copains, Ponia et Babar, allaient encore parler de politique toute la nuit, je me suis enfui.

Dans la ville, je ne savais plus où aller, quand soudain, j’ai entendu des conciliabules putrides… c’était près d’une Maison des Jeunes et il s’agissait de projection de films sur le tiers-monde et de débats avec les réalisateurs.

Je suis entré, me suis assis et le film a commencé. Il s’appelait Le Soleil des Hyènes et j’ai été obligé de fermer les yeux car il critiquait le Club Med. Le pire, c’est après, quand j’ai dû subir Fuera De Aqui, un film vraiment de gauche d’un certain Sanjines, un latino-américain..

Là, je dois dire, j’ai failli être convaincu qu’il fallait voter à gauche. Heureusement, depuis, Ponia m’a expliqué que ces massacres, ces miséreux faméliques, ces militants qui ont faim et luttent contre l’impérialisme ne sont que des propagandistes.

Quand au troisième film, Émitaî, il ne fait pas de politique, lui. Il montre simplement que les noirs du Sénégal étaient contents d’être engagés de force comme tirailleurs…et que c’est par maladresse que l’on a rasé leur village !

Bon, je peux vous avouer que les places à la MJC ne sont pas chères, que les séances ont lieu à 15h, 19 et 21 h et que cette manifestation est organisé par le comité catholique contre la faim et pour le développement, avec l’aide de l’église réformée de Nice et bien sûr la MJC Gorbella !

Aveux enregistrés par P-R Pignan

 

Scène 2 : Où, quand et comment V G E dit Voila Gégé l’Enflé avoue avoir visionné tous les films de la cinémathèque de Nice consacrés au cinéma soviétique !

« Il faut me pardonner, mais les séances étaient gratuites et mes fins de mois sont difficiles en ce moment à cause de mon pote Babar qui rackette tout le monde ».

L’action se situe au même endroit que précédemment. C’est en effet le même jeune et zélé inspecteur qui a déniché un trou dans l’emploi du temps de V G E, le tristement célèbre caïd du milieu parisien.

Sommé de s’expliquer, l’inculpé va-t-il une nouvelle fois craquer ?

« -Bon, j’avoue tout. J’y étais à cette cinémathèque du Vieux-Nice… mais ce n’est pas de ma faute, je le jure. Quand je suis rentré de Gorbella, Ponia et Babar m’ont embêté. J’ai pris un livre, Démographie Française, mais il était bête et m’ennuyait. En désespoir de cause, j’ai allumé la télé mais cousin Chichi faisant semblant de me critiquer en pérorant sur mon poste qu’il convoitait, j’en suis persuadé, bien qu’il n’ait aucune chance de l’avoir, c’est sûr et certain !

En désespoir de cause, je suis parti dans la vieille ville. J’avais un manteau léger et le froid m’a saisi, j’ai cherché un asile et je me suis retrouvé dans une salle chaude mais pleine de russes avec des trucs bizarre qui passaient sur l'écran.

J’ai enchaîné 12 films en 4 jours et je peux vous affirmer qu’ils étaient pratiquement tous excellents. Il faut montrer ces films pour que les gens se ruent dans les cours de Karaté du Cacel !

Lénine en Pologne, L’enfance d’Ivan de Tarkowski, Débuts de Panfilov sont trois films qu’il est indispensable d’avoir vu. Mais il y a aussi les autres, les « vieux »  Eisenstein, les Dziga Vertov et La Prime qui se permet même de faire de l’auto-critique.

Où va-t-on s’ils se critiquent eux-mêmes ces russes ?

Ce qui était terrible pour moi, c’est de voir que ces russes ont l’air de croire en ce qu’ils réalisent.

Si cela continue, nos électeurs ne vont plus croire en moi et même se mettre à voter coco !

Enfin, monsieur l’inspecteur zélé, je vous demande de me donner un grand coup de matraque sur la tête pour oublier tous ces films qui me hantent. En plus, ces 12 films sont présentés gratuitement par France-URSS et la cinémathèque…on ne va pas faire leur publicité… Et puis comme dit mon copain le toubib, « -Après les films…c’est quand les chars soviétiques sur la place Masséna ? »

Bon étrangement, ni la MJC Gorbella, ni la cinémathèque n’ont utilisé cet argument de promotion de leurs manifestations…mais qu’est-ce que l’on a pu rire ensemble à la lecture de ce scénario manifestement pas abouti !

Voir les commentaires

Les Césars d'un cinéma de richesse et les Oscars de la désillusion !

Publié le par Bernard Oheix

Les Césars avaient ouvert les chemins de l'espérance dans une saison cinématographique d'une richesse incroyable, quand le cinéma jongle avec la vie et prouve à l'évidence la qualité du système français et de son financement. Ce 7ème Art, dévoile au monde entier la créativité d'un pays de tolérance et, comme l'ouverture des jeux olympiques, fait rêver sur la richesse et l'inventivité d'une nation ancrée dans la démocratie et porteuse d'espoir en l'humanité.

Il n'est pas inutile de s'en souvenir à l'heure où certains rêvent de déconstruire le monde, comme Trump, et où d'autres, comme l'extrême droite française, ont comme objectif de supprimer les aides au cinéma et d'enclencher la privatisation des chaines de télévision...

Quelle fut riche cette saison cinématographique 2024 !

De la Pie Voleuse de Guédiguian (injustement sous-estimé !) à En Fanfare d'Emmanuel Courcol (avec le même Guédiguian en producteur !) au Royaume de Julien Colonna et à Borgo de Stéphane Demoustier (dans une filière portant sur l'île de beauté particulièrement riche !), les propositions ont été nombreuses et diversifiées.

Mais les 3 films qui se dégagent de cette pléthore d'excellence et font briller notre cinématographie aux yeux du monde sont Le conte de Monte-Christo d'Alexandre de La Pattellière et Matthieu Delaporte avec un Pierre Niney sublime, L'Histoire de Souleymane de Boris Lojkine avec un jeune acteur Abou Sangaré bouleversant dans son propre rôle d'exilé de l'intérieur, et pour conclure, un chef d'oeuvre, Emilia Perez de Jacques Audiard, OFNI de la pellicule, qui conjugue une modernité et un brio qui touchent à la magie porté par des actrices incroyables, Karla Sofia Gascon, Selena Gomez et Zoe Saldana.

Ces 3 réalisations s'inscrivent à jamais dans le grand livre ouvert par les frères Méliès en 1895, que chaque année, les césars récompensent. Qu'elle fut belle cette compilation et combien nos artisans du bonheur ont touché à la grâce en oeuvrant pour tracer un chemin dans la jungle d'un monde qui a perdu son sens premier du bonheur !

 

Restait l'épreuve des Oscars pour conquérir le monde !

Mais dans ce pays qui a perdu le sens de la raison, sous la coupe d'un duo mortifère réunissant l'ultra-puissance de l'homme le plus riche de la planète et la folie authentique d'un Trump, dictateur de tragédie, les choses vont s'avérer plus complexes et les choix plus contestables.

Et le coup de Trafalgar du Festival de Cannes va se renouveler !

Anora, une comédie sans grande saveur, avait volé la Palme d'or à Émilia Perez... qui avait récupéré le Prix du Jury en maigre consolation. L'inverse eut semblé plus cohérent, mais les raisons d'un jury sont insaisissables ! Rebelote donc à Los Angeles, dans ce pays plus à même de parler des enfants des russes riches en exil que de saisir les subtilités et la force musicale d'un trio d'actrices, dont une transgenre qui fait désordre dans le panorama actuel !

Résultat : deux Oscars de consolation, le second rôle pour la sublime Zoe Saldana et la meilleure chanson pour une bande musicale d'exception (création de Camille et de Clément Ducol) qui porte le film de Jacques Audiard à un niveau de passions rarement atteint.

Et pour le reste, on attendra que le monde soit en pleine déroute pour observer les conséquences de l'inconséquence, la perte de repères des hommes devant ces dirigeants qui mènent le monde vers un désastre annoncé devant la force brutale et l'absence d'humanité d'une classe dirigeante coupée de la réalité d'un univers où seule la raison devrait compter !

Voir les commentaires

LES ENFANTS APRÈS EUX.

Publié le par Bernard Oheix

Le roman de Nicolas Mathieu avait eu un véritable succès, couronné du Prix Goncourt 2018 et de ventes records à plus de 400 000 exemplaires. C'est à cette oeuvre majeure que Ludovic et Zoran Boukherma se sont confrontés avec un talent certain pour peindre cette jeunesse paumée d'une région frappée de plein fouet par la fermeture des usines sidérurgiques. Heillange, en Moselle, 1992, et à 14 ans, le désir d'un adolescent pour les filles et son mal être de vivre qui l'empêche d'aimer.

Ce roman sera porté sur scène et à l'écran, présenté à la Mostra de Venise où Paul Kircher, le jeune héros désenchanté obtiendra le Prix du meilleur Espoir en 2024

Le film démarre en 1992, dans le marasme d'une région dévastée. Anthony Casati à 14 ans et du désir plein ses rêves. Après sa rencontre avec Stéphanie, il décide de prendre la moto iconique de son père afin de la rejoindre dans une soirée. Las, les embrouilles avec un jeune maghrébin de la cité voisine, Hacine, font qu'il lui dérobe la moto et qu'avec la complicité de sa mère, il le dissimule à son père (interpretté par un remarquable Gilles Lelouche). Pour se venger, Hacine qui est renvoyé au "bled" à cause de son vol, vient brûler la moto devant sa maison et son père, fou de rage. La famille explose.

2 ans passent, Anthony travaille dans un club nautique et recroise Steph. Il tente de nouveau sa chance et lui donne un rendez-vous pour la soirée mais le sort s'en mêle. Hacine revenu du Maroc avec un statut de dealer et de caïd agresse Anthony dans les toilettes d'un bar et il est sauvé par son père.

Il décide malgré tout d'aller à son rendez-vous avec Stéphanie.

1996. Anthony décide de s'engager dans l'armée, fuyant sa mère dépressive et son père retombé dans l'alcool, c'est sa dernière soirée de liberté. Il se retrouve au feu d'artifices du 14 juillet et croise Hacine, rangé des trafics, qui travaille et a une famille. Leur contact est apaisé et Anthony peut presque conclure avec son amour de toujours, la belle Stéphanie.

C'est en 1998 que l'affaire se dénoue, dans la folie d'une équipe black, blancs, beurs, en train d'obtenir son premier titre en football avec Zidane dans un match projeté sur un grand écran qui réunit tous les protagonistes pour terminer le cycle d'une vie de rencontres avortées après une dernière échappée.

 

C'est un grand film sur les petites choses de la vie, les errances et les rêves qui portent ceux qui n'ont rien et tentent de s'inventer un avenir. Les frères Boukherma composent une ode filmique à ceux qui cherchent et ne trouvent pas toujours un sens à leur destinée. Sur la trame du roman, avec fidélité, ils offrent le tableau réaliste d'une jeunesse perdue sur les traces de leurs parents paumés.

Reste l'espoir malgré tout, et ce film qui fait honneur à un certain cinéma à la Française, qui n'a pas peur d'affronter les petits riens pour de grandes causes et nous rappelle que le cinéma n'est peut-être pas la vie, mais qu'il peut la dépeindre sous tous ses angles afin de nous offrir un souffle d'espoir !

Voir les commentaires

La beauté et la misère du cinéma Français !

Publié le par Bernard Oheix

Deux films, l'un pour rêver et l'autre pour cauchemarder, sur le cinéma de notre pays, dans une période complexe, avec un environnement économique et politique catastrophique. Et les nuages qui s'amoncellent au dessus d'un 7ème Art qui tente plus que jamais d'exister et d'offrir des moments de rêves aux spectateurs de plus en plus attirés par les petits écrans et l'offre d'un streaming décomplexé et envahisseur.

Notre système d'aide à la création est pourtant un modèle d'efficacité, envié par les producteurs et réalisateurs de tant de pays. Et quand l'on pense que ce modèle vertueux qui a permis à notre cinéma hexagonal de rayonner sur le monde est contesté par une partie de la classe politique d'extrême droite qui veut le remettre en cause...

Mais notre histoire, ce sont aussi ces innombrables chefs d'oeuvre incomparables que tant de réalisateurs ont livrés avec la soif d'éclairer le monde et de mieux comprendre notre vie !

Puissent-ils continuer à créer dans l'insouciance de l'espérance d'un monde meilleur !

Mais, avouons-le, il n'y a pas que des réussites !

J'en prend pour preuve l'affligeante composition d'un Alain Guiraudie enfermé dans son univers délétère qui avec Miséricorde ne nous donne pas vraiment le désir de lui accorder cette miséricorde espérée. Un jeune homme revient dans le village de son enfance et tente de retrouver les traces de son passé et de renouer des liens. Ce qui aurait pu ouvrir sur une réflexion sur l'homosexualité, débouche sur une pantalonnade dont le grand architecte va être un curé bandant (dans le sens littéral du terme !) pour le corps de son bel éphèbe. Le propos se perd dans l'errance des personnages mal construits et s'ouvre sur le néant.

Dommage, le thème aurait pu introduire une belle réflexion gâchée par la facilité d'un réalisateur pour des images faciles s'appuyant sur un scénario inconsistant !

On est bien loin, hélas, des promesses de L'Inconnu du Lac !

Par contre, Emmanuel Mouret dans Trois amies va nous emporter dans le délire de ces passions de femmes à la recherche du bonheur. Trois actrices éblouissantes vont nous embarquer dans la recherche effrénée du bonheur. Camille Cottin, Sara Forestier et India Hair vont décliner avec brio toutes les variations possibles de l'amour fou. Maîtresse du mari de sa meilleure copine, femme désenchantée portant sa culpabilité après avoir repoussé l'amour exclusif de son  homme qui se brise, aventures en marge du couple, recherche éperdue d'une âme soeur, toutes les déclinaisons possibles s'entremêlent, se conjuguent, dressent un portrait saisissant de femmes en recherche d'un bonheur intime dans le trio jamais rompu de l'amitié de ces 3 êtres plongés dans le maelstrom des sentiments et de la vie réelle !

Le réalisateur jongle avec les situations, les décline dans un déséquilibre permanent et nous offre un part de vie saisissante de réalisme.

Bravo à toute l'équipe de réalisation et encore merci pour cette plongée dans l'intime des sentiments les plus humains.

Le cinéma français est si riche que même un accident de route ne remet pas en cause sa dynamique et sa force. Alain Guiraudie nous offrira, on l'espère, la possibilité de rêver avec sa prochaine réalisation et qu'Emmanuel Mouret conservera l'inspiration pour continuer à nous entrainer derrière ses films.

D'autres sont là, fourmillant de projets et tentant de nous offrir leur vision d'un monde qui nous rend meilleur.

Bravo à tous les acteurs de la production cinématographique qui nous permettent d'être fier de notre pays et rayonnent sur les écrans du monde entier !

Voir les commentaires

Festival du Film : This is the end !

Publié le par Bernard Oheix

Et voilà que retentissent les trompettes de la remise des prix du Festival 2024 !

Pour moi, 36 films au compteur, un score tout à fait exceptionnel compte-tenu de la situation, avec une partie de l'équipe de la Pampa en train de fêter le véritable accueil enthousiasmant du public dans mon jardin, deux petites filles (les miennes, Lise et Alma) sur les bras, et les difficultés générées par un système qui, malgré des salles loin d'être pleines, empêche l'accès aux séances de trop nombreux cinéphiles.

Mais 36 films exclusivement à la salle de la Licorne, couvrant toutes les sélections, c'est un beau score, et ce d'autant plus que cette édition nous aura réservé de belles surprises et un panorama mondial d'une grande qualité !

Et à tout d'abord, honneur à un cinéma français qui s'affiche dans une forme étonnante, multipliant les propositions originales, avec de jeunes cinéastes, de nombreuses réalisatrices, des actrices et acteurs portant des projets ancrés dans le territoire d'une France plurielle.

Il y a bien sûr, La Pampa d'Antoine Chevrolier, un 1er film magistral où, sur fond d'un rodéo à moto, une amitié indéfectible entre deux jeunes, le conformisme de conventions sociales qui condamne l'homosexualité de l'un pour son coach, l'amour d'un père qui ne sait l'exprimer si ce n'est dans sa passion pour la victoire en moto-cross, dessine un monde imparfait que rien n'entravera dans sa marche funeste. Ce film est appelé à obtenir un vrai succès populaire pour sa sortie à l'automne, tant, à Cannes, chaque représentation a débouché sur une standing-ovation.

Tout aussi envoutant En Fanfare d'Emmanuel Courcol qui mêle la musique et le la découverte du frère inconnu, tromboniste dans une fanfare, avec un chef d'orchestre célèbre atteint d'une leucémie. Une saga autour d'une famille que la musique réunit et qui survivra aux drames de la vie.

Le roman de Jim des frères Larrieu est une bouleversante ode à la paternité porté par un Karim Leclou d'une justesse incroyable. Père de substitution, il va élever Aymeric jusqu'à ses 10 ans et l'irruption d'un père biologique qui va lui arracher cet enfant et partir vivre au Québec. Des années plus tard, cet enfant revient pour solder ses comptes avec celui qu'il pense l'avoir abandonné. Un casting magnifique (Sara Giraudeau, Laétita Dosh...), une caméra qui s'approche des personnages dans les paysages grandioses du Jura, un bijou dont on ne sort pas indemne !

Animale d'Emma Benestan se déroule en Camargue, celle des taureaux et des chevaux. Une jeune femme (Incroyable Oulaya Amamra) va vivre un drame et n'aura de cesse de se venger, sur le fil d'une fiction onirique, entre le cauchemar et les souvenirs qui émergent petit à petit, elle réussira à reprendre son destin en main. Vision étonnante du monde macho des razzeteurs et de l'affirmation d'une femme qui communie avec les animaux pour se venger des hommes. 

L'Amour Ouf de Gilles Lellouche est un film passionnant sur l'éternel thème d'un amour fou d'adolescents qui ne pourra se conclure qu'après la violence, l'injustice et la prison. Clotaire n'est pas armé pour affronter sa vie et ne s'exprime que par la violence, Jackie va meubler sa vie de vide. Ils vont pourtant se retrouver et affronter leur passion, réussir à tirer un trait sur le passé afin de s'approprier un avenir. C'est beau et haletant, c'est l'amour revisité dans un univers de fureur et de bruits. C'est une vision moderne mais si juste des sentiments éternels qui font qu'un homme et une femme sont parfois fait l'un pour l'autre contre les aléas du présent !

Il n'y avait pas que les films français pour briller, quelques perles d'horizons lointains venaient nous plonger dans des univers que nous ne voulons pas toujours voir et qui ouvraient des portes sur l'au-delà qui nous entoure.

Le Village près du Paradis de Mo Harawe (Somalie) décrit la survie quotidienne d'une famille désaccordée coincée entre des clans, dans un pays de misère et de guerres, avec des drones qui bombardent des cibles sur les routes. Manger est le seul objectif d'une journée de labeur à enterrer des morts ou vendre des tissus sur des étals de fortune. Pourtant, des femmes vont tenter de prendre leur destin en main et créer l'espoir d'un monde meilleur. 

Norah de Tawfik Alzaidi (Arabie Saoudite) joue de la même variation, celle d'une solidarité entre femmes dans un pays de misère, quand la fragilité de l'existence ne gomme pas la solidarité et l'entraide.

 All we imagine as light est un film indien en compétition d'une réalisatrice Payat Kapadia qui montre l'aliénation des femmes empêtrées dans un réseau de règles, un corset de liens qui les enferment dans la domination des hommes et des clans. Pourtant Prabha et Anu vont réussir à se libérer de leurs chaînes et vivre leur vie. Un germe d'espoir dans un océan d'aliénation.

Et je ne peux que terminer, même si je n'ai vu que 50% de la sélection, à l'heure de la montée du tapis rouge pour la remise des prix, par deux films en compétition qui pour moi, sont les deux bijoux de cette édition.

Ma Palme d'or va à La plus précieuses des marchandises de Michel Hazanavicius, un film d'animation moi qui n'aime que très peu l'animation. C'est un chef d'oeuvre qu'il aurait été impossible de tourner en réel et qui grâce à ce trait incroyable nous plonge dans les remugles de l'histoire pour faire émerger un conte de fée à vous tirer des larmes. Indispensable et merci monsieur Hazanavicius.

Et le prix spécial du jury est attribué à The Seed of the sacres Fig de l'iranien Mohammad Rasoulof, qui ose, dans un pays de dictature porter la parole de ceux qui refusent de vivre dans le passé, sous la botte de fer d'un régime qui les prive de tous les droits et des rêves d'un monde meilleur. Bravo à ce cri dans la nuit iranienne porteur d'un espoir.

Voir les commentaires

Festival du Film : 17 films et après !

Publié le par Bernard Oheix

Festival du Film 2024, et comme à chaque édition, ce frisson indicible à l'idée de partir sur les chemins de la découverte d'un 7ème Art libéré de toutes les entraves d'un monde sclérosé. Et en cette année 2024, avouons que la lecture de la réalité vaut bien la fiction la plus osée qu'un scénariste qui aurait abusé de produits illicites, puisse imaginer !

Nous nous préparons donc, comme de sages élèves qui auraient bien fait leurs devoirs pour la composition finale : aller au cinéma régulièrement tout au long de l'année, remplir un dossier en février avec une lettre de motivation afin de justifier le privilège d'un badge cinéphile, respecter les consignes de Cannes Cinéma, assister à la présentation, passer des heures sur son téléphone afin de tenter de trouver des places disponibles dans les quotas diminués des cinéphiles, trop âgés et sans intérêts pour les pontes du Festival ! 

Mais quand la lumière s'éteindra et que le cadre noir de l'écran s'illuminera, toujours cet incroyable sentiment de pénétrer dans une cité interdite où tout devient possible !

17 films en 4 jours, une moyenne raisonnable compte tenu de la présence en mon home d'une horde de cinéphiles venant de Corse, de Bresse et de Paris (sans badges, eux qui depuis plus de 10 ans débarquent sanglés de leur sésame mais que les contraintes actuelles condamnent à voler des places en catimini !).

Mais le nombre de films ne fait pas la qualité et du 15ème au dernier de ce matin, la sortie précipité après 30 minutes de projection, pour les 3 films... un chinois incongru de femmes qui chantent pendant une demi heure sans que ne se dessine la moindre esquisse d'un scénariste au travail, Rumours avec une pléiade d'acteurs (Kate Blanchet, Ménochet...) singeant un G7 improbable et qui ne cultive que l'ennui et le désir de vrais morts-vivants, et enfin Les reines du drame où des trans exacerbées se pelotent sans retenue et sans aucun espoir d'attirer notre attention !

Bon, mais heureusement, il y a aussi de bons films, de ceux qui touchent et nous donnent la certitude qu'une équipe s'est soudée afin de transmettre un message, une humeur, un désir de faire et de partage.

C'est le cas avec Les Fantômes de Jonathan Millet, (Semaine de la Critique) une fiction qui plonge dans les horreurs de l'après guerre de Syrie. Un commando secret traque les tortionnaires qui ont tué et violé au nom de la loi de Bachar... Une quête douloureuse, complexe et dangereuse qui nous attire dans sa toile et ne laisse pas indifférent. C'est aussi avec La femme à l'aiguille, (en compétition), le destin tragique d'une femme qui se retrouve complice dans un traffic d'enfants, un film saisissant et prenant qui pose le problème de ces naissances non désirées et débouche sur l'horreur du sacrifice. À voir absolument !

Vingt dieux, (Un certain regard) un premier film de Louise Courvoisier est une ode à l'amitié et à l'amour. Totone se retrouve en charge de sa petite soeur de 7 ans et décide de créer son propre fromage, un comté de qualité grâce à des expédients (vol de lait, recettes à dénicher et une bande de copains soudés autour de son projet fou. Film fort et fascinant sur la vie dans un village, l'espoir et le désespoir, l'amour et la lutte pour survivre. Nul doute que la caméra d'or ne sera pas loin de cette oeuvre sans complaisance aux relents de la vie de ses campagnes sans espoirs.

La mer au loin (semaine de la critique), de Saïd Hamich Benlarbi est une ode à l'espoir. Des clandestins sans papiers vivent à Marseille et un marocain va rencontrer l'amour auprès d'une Anna Mouglalis, sublime. Un retour au Maroc pour solder sa rencontre va dérégler son amour mais le film se terminera sur le bonheur d'accepter de n'être ni Marocain, ni Français, mais simplement un homme qui s'accepte et décide de prendre sa vie en main auprès de celle qu'il aime, sans frontières désormais !

La prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy (Quinzaine des cinéastes) réunit Isabelle Huppert et Hafsia Herzi dans une ode à l'amitié, à la volonté de s'émanciper de deux femmes qui croisent leur chemin dans le hall d'une prison où elles viennent visiter leur conjoint respectif. Un film élégant, intelligent et qui offre deux facettes de la vie de femmes qui tentent de trouver un sens au séisme déclenché par des hommes de pouvoir qui les laissent seules pour trouver une solution à leur destin tragique !

Notons qu'après avoir été gardienne de prison dans Borgo, Hafsia Herzi est cette fois-ci, visiteuse de prison, et que son parcours dans le cinema devra un jour s'émanciper des portes des pénitenciers ! On l'espère pour elle tant c'est une actrice remarquable et touchante d'une grâce visuelle magique !

 

Il y a tant d'autres films dont on pourrait parler, et aussi tous ceux que l'on a pu voir. Mais il reste encore 6 jours de Festival pour dévorer d'autres oeuvres et la certitude de trouver des pépites qui nous ferons rêver d'un monde meilleur ou les êtres pourront s'émanciper de leurs chaines et atteindre un peu de ce bonheur qui nous tend les bras et que nous tentons de saisir désespérément.

Alors, je vais me précipiter vers Le Limonov de Kyril Serebrennikov en espérant m'embarquer pour un long voyage sur les traces d'un poète hors du commun !

Vite, le cinéma m'attend !

Voir les commentaires

Naissance de la Quinzaine des Réalisateurs et d'une vocation : ma cinéphilie !

Publié le par Bernard Oheix

La mémoire comme un coup de fouet ! En 1969, quelques mois après un mai 68 qui allait bouleverser ma vie, les bruits d'une étrange manifestation nichée au sein d'un Festival du Film qui succédait à la précédente édition avortée, Godard et Truffaut s'accrochant au rideau du vieux Palais afin d'interrompre les projections dans une France qui s'insurgeait contre un pouvoir fatigué et usé qui n'avait pas su comprendre l'évolution des jeunes et leur soif de liberté.

La Quinzaine des Réalisateurs venait étoffer le conformisme d'un Festival engoncé dans ses ors et ses rites désuets. Une porte s'ouvrait et je m'y suis engouffré avec délectation !

5) La Quinzaine des Réalisateurs : Mai 1969. 1re édition et révolution permanente.

C’est à quelques semaines d’un Baccalauréat qui aurait nécessité un peu plus d’attention et de concentration de ma part que j’ai eu le privilège de vivre une expérience cinématographique fondamentale qui allait bouleverser mes choix et donner un sens à ma vie. Derrière les ors de la compétition officielle au Palais des Festivals, dans une petite salle de la rue d’Antibes, le Rex, une fête du cinéma débutait aux portes grandes ouvertes. La Quinzaine des Réalisateurs sous le slogan « Cinéma en liberté » démarrait dans l’effervescence d’un groupe de réalisateurs (Doniol Valcroze, Costa Gavras, Louis Malle, Jacques Deray, Albicocco...) décidés à casser le moule de la sélection officielle et à imposer des œuvres qui ne se retrouvaient pas sur les écrans du Palais des Festivals.

« Les films naissent libres et égaux » ! Un foutoir gigantesque, accumulation de 62 long-métrages sans critères de sélection, vont se succéder devant un public qui s’entassait dans les travées, en présence des réalisateurs et des équipes des films. Une orgie à l’accès libre, sans protocole, où l’on pouvait dévorer des films représentants cette génération qui aspirait prendre le pouvoir dans le cinéma en imposant un style de rupture.

Barravento de Glauber Roccha, Le Lit de la vierge de Philippe Garrel, Notre Dame des Turcs de Carmelo Bene, le cinéma québécois, La pendaison de Oshima, Le nouveau cinéma Français (Luc Moullet, Michel Baulez, Jean Daniel Pollet), des films de cinématographies inconnues du public (Hongrie avec Jancso et Mészaros, Cuba avec Gomez (La première charge à la machette) et Humberto Solas (Lucia). Et tant d’autres bijoux, important l’air du grand large et des cultures nouvelles dans la Ville des paillettes et des stars.

Il y avait aussi des films de la compétition officielle qui venaient à la rencontre de ce nouveau public jeune et passionné. If, la future Palme d’Or de Lindsay Anderson avec le tout jeune Malcolm McDowell qui portait sur ses épaules notre désir de révolte et croisé dans la salle bondée. Easy Reader de Dennis Hopper, en présence de Peter fonda et de Jack Nicholson que j’aurais pu toucher en tendant le bras...

Des heures scotchées devant l’écran, un monde qui s’ouvrait en direct et des réalisateurs qui s’invitaient pour partager nos rêves d’un avenir meilleur, d’une lecture de notre univers.
Je n’ai pas beaucoup suivi de cours entre les 8 et 23 mai 1969, j’ai beaucoup menti à mes parents sur mes journées et mes soirées, mais j’ai su, après ces 11 jours, que ma vie avait basculé. Désormais, le cinéma y occuperait une place centrale. Je ne pouvais que l’accepter parce que c’était ainsi !

J’ai eu mon Bac malgré tout, et avec mention, s’il vous plait ! En octobre 1969, j’ai intégré l’Université de Nice, section histoire, seule filière qui débouchait sur une Maitrise de Cinéma, mon objectif.
J’étais devenu un Cinéphile et je savais ce que je voulais !

Voir les commentaires

1 2 3 4 5 6 7 8 9 > >>