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culture

Wasla

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des gens que l’on rencontre presque par hasard et qui nous marquent instantanément. Un coup de foudre d’amitié, loin de toutes préoccupations et ambiguité, comme la lumière du soleil peut illuminer un matin d’espoir de la Côte d’Azur. Tarek Abdallah en fait partie. C’est un Egyptien au regard profond, qui parle d’une voix douce mais ferme, un corps élancé et racé, élégant naturellement. Il est de ces grands lettrés comme la culture d’Orient nous en a tant offert, de ces gens visionnaires qui savent lire au delà des mots et jongler avec les images pour décrire ce qui est derrière la réalité du monde.

En cette époque où l’on brûle allègrement les trésors de l’humanité, où des intégristes peuvent abattre des statues millénaires au nom d’une purification contemporaine, où des trublions fascisants, par la grâce d’un média, s’érigent en philosophes du bon sens et de la pensée creuse, où l’on casse les liens sociaux pour isoler l’individu et l’enfermer dans les prisons de son propre regard... en cette période ou le fiel de la haine de l’autre se diffuse comme le parfum rance d’une histoire éternelle de destruction, Tarek Abdallah est comme une vigie, un être qui se souvient, un veilleur qui alerte et remet au goût du jour le passé, la beauté essentielles des idées et de la culture comme un vecteur d’humanité indispensable à l’avenir.

Le CD que Tarek Abdallah vient de produire et qui sortira le 1er décembre, Wasla, porte comme sous titre «Suites Musicales Egyptiennes» et c’est bien du côté de la musique savante que son auteur se situe. Musique Classique d’Orient, cet ensemble de compositions originales entremêlent les douces sonorités de l’oud dont il est un maître, aux percussions élaborées d’un riq (petit tambourin traditionnel égyptien) tenu par Adel Shams El Din. Chaque morceau semble accrocher les notes et les tisser pour envelopper l’auditeur dans un réseau maillé de douceur et d’énergie.

Ce CD est austère et léger, violent et doux, fin et dynamique. Il témoigne d’un vrai désir de permettre au passé de fusionner dans le présent et la technique hors pair des deux interprètes est au service d’une romance achevée, boucle intemporelle où se fondent les notes cristallines des deux virtuoses. Le temps s’étire au service de cette symphonie orientale, on décroche du présent pour se fondre dans «les grands déserts où luit la liberté ravie», on se glisse presque malgré nous dans une mélopée entêtante que l’on garde bien après la fin de l’écoute, porte ouverte vers un ailleurs de désirs et de mystères. Ce n’est pas une oeuvre contemporaine mais atemporelle et cela en fait la force, l’indiscutable originalité. Il faut savoir prendre son temps à son écoute, abandonner ses codes et ouvrir son esprit tant cette proposition échappe à toute notre logique.

Extraits du Dossier de presse :

«La wasla est une expression particulière de la suite musicale, développée par

différentes traditions arabes, du type nuba en Maghreb ou fasl en Syrie. Outre

sa définition première qui signifie liaison, le terme wasla réfère donc à la suite

musicale savante propre à la tradition égyptienne qui fut pratiquée entre le

dernier tiers du XIXe siècle jusqu’aux années 1940. De nos jours, cette

période est considérée comme étant l’Âge d’Or, non seulement de cette

tradition musicale, mais aussi de l’art du ‘üd égyptien en solo.

« Wasla » est une création élaborée par Tarek Abdallah proposant de renouer

le lien avec l’Âge d’Or de cette tradition musicale à travers une approche

personnelle de la suite musicale égyptienne, aussi bien sur le plan de la

composition que de l’interprétation et de l’improvisation.

Ce programme se compose de trois wasla, se déroulant sur trois maqäms/

modes différents alternant des formes composées, semi-composées et

improvisées.

La première wasla est composée entièrement par Tarek Abdallah en mode

Bayyätï. La seconde en mode Rast en hommage à Mohamed al-Qasabgi

(1892-1966), le plus grand Maître de l’art du üd égyptien au XXème siècle.

Enfin, la troisième wasla est composée en mode Sikah.

Tarek Abdallah termine une thèse de musicologie à Lyon. Il est l’archétype d’un intellectuel jonglant entre deux cultures, la sienne et celle de son pays d’adoption, entre le passé et le futur, entre ici et ailleurs.

Wasla pourrait se traduire par «le Lien». Et c’est bien dans cette démarche d’une liaison entre l’histoire et le présent, entre l’Europe et l’Orient, entre la musique savante et la musique du monde qu’il se situe. Cette oeuvre est le reflet de sa pensée et l‘aboutissement d’années de recherche, de réflexion, entre sa fidélité aux maîtres d’une culture musicale qui plonge ses racines dans l’histoire fascinante de son pays et sa volonté de la perpétuer en la renouvelant.

Le 1er décembre 2014, dans les rares bacs qui restent disponibles, allez acheter Wasla, pour ouvrir ses portes de la perception ! Et si d’aventures vous croisez la route de sa tournée dans les lieux de culture qui résistent aux assauts du showbiz, n’hésitez pas, son concert est un moment de grâce ultime !

Wasla

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Les Musicales de Bastia 2014

Publié le par Bernard Oheix

Mais que ce passe-t-il dans le monde de la culture vivante ?

Que les financements de la culture se contractent, est une évidence au vu du séisme qui secoue la France et des économies nécessaires, indispensables... On a même réussi à l’intégrer au fond de nous !

Il n’en reste pas moins que cette culture, en France, est aussi un vecteur de développement, une réalité qui s’insère dans le tissu économique, une dimension du rayonnement culturel de notre pays et de ses valeurs devant le rouleau compresseur de l’idéologie dominante anglo-saxonne et son nivellement par le bas ! Pour ne pas en en avoir tenu compte à entraîner la ruine de certaines cultures européennes... Le cinéma Italien a payé un lourd tribut à, sa Berlusconisation ! La richesse de la scène musicale Allemande des années 70 a été broyée par le rouleau compresseur des «majors» américaines !

Là où les industriels Français se couchent en exportant leur production, en délocalisant leurs fortunes et leurs profits colossaux, là où les banques jouent l’international contre la France, les créateurs ancrés dans leur environnement, sont restés fidèles à une certaine idée de notre pays et de ses valeurs humanistes !

Et si la Lepenisation de la vie politique est rampante et envahit l’espace public, que la «zémourisation» des idées est en oeuvre, niant les réalités de l’histoire et des chiffres, il n’en reste pas moins que des forces vives, des penseurs, des chanteurs, des hommes de théâtre perpétuent la tradition d’une France fière d’elle-même et de son passé, de son présent et de son avenir et continuent à oeuvrer afin que la culture soit bien ce moment de rencontre et de partage, ce laboratoire du partage des différences !

Alors pourquoi donc, quand des responsables éclairés comme un Raoul Locatelli, philosophe et penseur, concentré sur l’essentiel de ne pouvoir embrasser le futile de par sa cécité, quand un tel acteur de la vie culturelle d’une île de Beauté, qui tente depuis des années d’importer la richesse d’une culture tendant la main aux idées les plus nobles... pourquoi donc est-il trahi par un public versatile qui ne veut s’abreuver qu’au flot télévisuel de la facilité et du formatage en lessivage. On lui propose un programme de qualité et d’exigence où le bon goût règne, pourquoi donc ne répond-il pas présent aux rendez-vous du coeur des musicales de Bastia ?

Il y a bien des ambiguïtés dans cette salle du Théâtre de Bastia qui résonne du vide des absents ? Où sont-elles ces légions des lendemains qui chantent ? Sont-elles chassés par les cohortes qui déambulent en éructant sur les trottoirs de la défense de valeurs familiales dépassées, qui s’arc-boutent sur le passé et nient le futur ? Le combat est-il perdu d’avance et fonçons-nous vers le mur des haines, des racismes et du repliement, de l’intolérance et du chacun pour soi ?

A travers sa programmation intelligente et subtile, Raoul Locatelli proposait une alternative à l’égoïsme et faisait appel à l’intelligence... Raté me direz-vous, s’en réjouiront certains ! Mais le combat pour un monde meilleur ne s’arrêtera pas devant les sièges vides d’un théâtre car du chaos ne naîtra pas un monde harmonieux !

Gardez-vous de vos démons, ils sont parmi nous et tentent d’imposer leur lois mortifères aux espoirs d’une vie meilleure !

Mais parlons aussi de culture !

Le jeudi 9 octobre, Raoul Locatelli avait conçu une soirée sur le thème de la Méditerranée. Ouverture en fanfare avec les Marseillais de Gacha Empaga resurgi des limbes... Manu Theron et Sam Karpienna invitant Ange B des Fabulous Trobadors, pionnier du «beatbox» à la Française. Renaissance d’un mythe avec quelques faiblesses dû au manque de temps pour figer le spectacle dans le cadre d’une scène majestueuse, mais énergie des 3 musiciens, des voix si différentes qui cherchent l’unisson et se trouvent dans de superbes envolées lyriques, composant un hymne à la fureur de vivre.

L’Alba enchaînera, et là où tout était tension et énergie, imposera la douceur de ses mélodies et la suavité de ses voix polyphoniques. Un des meilleurs groupes actuels à l’évidence d’une Corse si riche musicalement. Je les avais accueillis il y a quelques années dans les Saisons de Cannes et depuis, ils ont encore progressé, gagné en maitrise, créé des chansons qui s’appuient sur une richesse instrumentale et un curieux harmonium à la mélopée grinçante, et dont les voix sont les vecteurs d’une émotion brute, issue de la nuit des temps. L’Alba, c’est le rappel du passé et la promesse de l’avenir...

Pour terminer ce voyage en Méditerranée, les «salentinois» du Sud de l’Italie de Mascarimiri réussiront à nous transporter aux rythmes de la «Tarente», formidable machine à remonter vers la tradition. Derrière la modernité d’une console électro, les tambourins, clarinettes et lyre calabraise, servis par la voix d’un leader charismatique, nous ouvrent à la ferveur d’une foule en train de défier la nature et les dieux, vers la liesse populaire au coeur d’un village perché sur un éperon dominant le bleu de la mer, s’embrasant aux rythmes lancinants du «pizzicato» pour des débordements de fête où le corps exulte !

Changement de couleur radical le vendredi 10 octobre avec une soirée dédiée à la Chanson Française. En ouverture, Nicolas Reggiani vient rôder son spectacle «Parfum de Femmes», avec des textes essentiellement écrits et chantés par des femmes même si Léo Ferré et quelques autres écrivains s’immiscent dans le show. Accompagné avec beaucoup de sensibilité par lke jeune et talentueux Joseph Robinne au piano, sa belle silhouette donne vie aux mots, souligne les élans de coeur de femmes en recherche d’harmonie, font jongler les rimes de grands poètes...Tout en douceur, Nicolas Réggiani trace son chemin à sa manière propre, en renouant avec une tradition de la chanson française où la voix et les paroles donnent du sens et éclairent les sentiments de la vie. Vous avez dit Poète romantique ?

C’est vers le non-sens que Loïc Lantoine nous détournera en clôture de soirée. Accompagné d’un batteur-harmoniciste éblouissant, d’un guitariste qui fait chanter les cordes, d’une contrebasse folle donnant une énergie décalée, Loïc Lantoine chante, déclame des textes réalistes, des poésies brutales, invoque les sentiments déchirés pour des complaintes à fleur de peau ! Sa gestuelle erratique, son humour grinçant, la qualité du son et les rythmes envoûtants sont une véritable révélation pour la plupart des spectateurs. A mi-chemin d’un rocker nommé Arno ou de l’énergie d’un groupe comme Les Ogres de Barback, son spectacle éperonne tous les codes, déglingue les usages, rompt avec nos certitudes.

Loïc Lantoine est un chanteur lunaire. Il délivre un message d’espoir pour ceux qui luttent contre le conformisme et tentent d’inventer des images nouvelles sur des mots nouveaux avec des recettes anciennes !

Voilà, on pourrait rajouter à ces deux soirées, un groupe de filles qui présentent les soirées en chantant, des révélations et jeunes talents, des rencontres et «afters» dans le hall du superbe Théâtre de Bastia.. Toute une vie où les bénévoles s’activent avec gentillesse, où les artistes sont généreux d’être coupés de leurs réseaux et habitudes, où les techniciens font un travail remarquable... Tout cela pour un public trop clairsemé mais ravi... C’est la dure vie de l’action culturelle de terrain, en province, quand tout repose sur le désir et la bonne volonté... Honneur à Raoul Locatelli, à tous ceux qui ont fait les Musicales de Bastia 2014, et à l’an prochain, on vous en supplie, pour de nouvelles aventures culturelles !

Loïc Lantoine, jongleur de mots, déjanté sue scène, rimeur d'absurde et conteur d'humour !

Loïc Lantoine, jongleur de mots, déjanté sue scène, rimeur d'absurde et conteur d'humour !

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Chilly Gonzales, Huster… et les autres !

Publié le par Bernard Oheix

Il y a quelques semaines, j’avais présenté dans ce blog, mon édito des Nuits Musicales du Suquet faisant état de l’angoisse du Directeur Artistique avant le pénalty... Certains m’avaient d’ailleurs très gentiment répondu sur l’air du «-Arrête de faire ta chochotte, après près de 5000 spectacles programmés, comment encore douter ?». Et pourtant !!!

Même avec l’expérience, il reste cette curieuse alchimie entre l’idée que l’on se fait d’une programmation et sa réalité sur le terrain. Rien ne remplace le moment précis où le rideau tombe, devant un public ou pas, après un show à la hauteur ou pas, et tous les aléas possibles d’un confrontation à la météo, aux bruits extérieurs, à tout ce qui peut dérégler une machine que l’on pense réglée à la perfection !

Mais avouons-le tout de suite, si un Directeur Artistique doit être heureux, alors je suis béat, c’est le nirvana, l’apothéose, le quasi sans fautes dont on rêve toute sa vie ! Même la météo fut avec moi, puisque dans ce climat d’un été pourri, la pluie diluvienne s’est abattue le 25 juillet, jour «off» du Festival et le 29 juillet, lendemain d’une clôture éblouissante ! Il y a des années comme cela où tout ce que vous touchez devient de l’or !

Car si clôture il devait y avoir, comment résister à Chilly Gonzales, (près de 3 ans que je tentais de le programmer) et qui était présent comme un cadeau du ciel en exclusivité Française, seule date de l’été dans l’hexagone et dans sa première d’un nouveau spectacle avec le Kaïser Quartet. Devant des tribunes archi-pleines (même les escaliers avaient été réquisitionnés), après avoir refusés des centaines de spectateurs, il a assuré comme la bête de scène qu’il est, maniant tour à tour la dextérité incroyable d’un soliste hors norme, un humour phénoménal et un sens aigu du partage et de la pédagogie. Le public lui a fait une ovation et dans les loges, après sa représentation, je suis tombé à genoux devant lui en écartant les bras en signe de soumission (sic) pour lui exprimer ma reconnaissance ! Il a ri et nous avons parlé comme des complices heureux du tour que nous venions de jouer à une musique classique «naphtalisé», l’éperonnant pour mieux la mettre en valeur, l’assassinant avec des «raps» vengeurs et des «riffs» pianistiques pour la glorifier quand le Kaïser Quartet partait pour de superbes envolées classiques afin d’en souligner son extraordinaire modernité. Il fait nul doute que ce concert restera à jamais gravé, non seulement dans ma mémoire, mais aussi dans celle des 700 spectateurs présents qui l’ont ovationné ! Il rentre d’ailleurs dans le best-off de mes dix plus beaux concerts, aux côtés de mes amis d’Archive dans leur messe profane avec l’orchestre de Cannes, de l’iguane Iggy Pop, de Pete Doherty et des petites culottes de jeunes filles qui volaient sur la scène, de Salif Keïta tombant à genoux pour supplier le public de danser, des «kalachnikovs» de Goran Bregovic et de quelques autres encore comme Lizza Minelli transfigurée par !es spots lights !

Merci Chilly Gonzales d’être ce que tu es... et peut-être à très bientôt !

4200 spectateurs pour un potentiel maximum de 4800 places alors que tous les Festivals de la région accusent une fréquentation en baisse, parfois de façon cruelle. 5 programmes complets sur les 10, un degré de satisfaction quasi à l’excellence des publics comme des artistes, un budget tenu et que des perles dans un collier de reine, voilà les Nuits Musicales du Suquet 2014 !

Tout avait commencé le 22 juillet avec une des 3 créations du Festival (donc avec une réelle prise de risque !).

L’Ivresse de l’Opéra, est un montage de moments de fêtes et de libations d’opéras divers (Bizet, Verdi, Carmina Burana...), scénographié par un complice de toujours (Paolo Micciché, auteur du Requiem de Verdi/Le Jugement Dernier ou du Mozzartissimo dans mes saisons précédentes) avec des images en superposition projetées sur le fronton en vieilles pierres de l’Eglise du Suquet. Cela n’a peut-être pas convaincu certains puristes adeptes des «3 ténors», mais un vrai public populaire lui a fait sa fête ! La joie et le bonheur se lisaient sur le visage des spectateurs heureux de parcourir toutes ces oeuvres avec intelligence et fraîcheur. Les jeunes du conservatoire Franci de Sienne, les 3 solistes et la bonne humeur d’un «divertissement dionysiaque» ont entrainé une adhésion bien éloignée du confort aseptisé d’un opéra traditionnel !

David Levy est un ami ! C’est aussi et avant tout un soliste d’exception et un homme de défis. Car gageure il y avait dans ce qu’il a osé ! C’est au cours d’une discussion à l’automne dernier, cherchant une idée de programmation que la lumière a jaillit. Avec inconscience, j’ai balancé par provocation les Variations Golberg de Bach, avec tout autant d’inconscience, il s’est emballé, m’avouant son rêve secret d'interpréter cette oeuvre mythique quasiment jamais jouée en «live» ! Et il a tenu bon ! Un an de travail pour que 250 personnes (capacité maximum) dans la cour du Musée découvrent et savourent la complexité et l’incroyable finesse de cette pièce majeure du répertoire qu’il a su rendre avec un talent hors pair. Merci à toi David Lévy, tu restes un grand parmi les grands et tes défis sont à la hauteur de ton immense talent !

Wolfgang (cela ne s’invente pas !) Doerner, le nouveau chef de l’Orchestre de Cannes m’avait proposé une création autour de la musique de Mozart et d’extraits de sa copieuse correspondance en écho ! Superbe idée, adhésion immédiate ! Restait à trouver la voix de Mozart. Grâce à mon fils, Julien Oheix, (son manager de tournées), Francis Huster, dont tous les directeurs artistiques rêvent de pouvoir l’annoncer, à gentiment accepté de venir se prêter à cet exercice. Mélomane, homme de culture imprégné de musique, il a su rendre à Mozart un peu de sa vie si tumultueuse et trop courte. Sa voix tombait du ciel étoilé, Mozart, par ses propres mots réincarné, comme une présence charnelle que ses oeuvres musicales venaient sertir de lumières. Divin frisson !

De Bach à Piazzola, par Helena Rueg au bandonéon et Micha Pfeiffer à l’alto, tel un coup de foudre... D’abord par la pluie venant s’immiscer dans l’ordre des choses (quelques gouttes, un parasol installé en catastrophe afin de protéger les instruments et le concert est reparti !) mais surtout parce que ce projet novateur permettait de tendre des passerelles entre la musique classique et la musique populaire. Leur Libertango restera comme un des (nombreux) moments forts de ce festival.

Place alors au classique pur avec deux formations d’anthologie et un jeune duo. Le Philarmonique de Chambre de Saint Petersbourg (composé uniquement d’anciens élèves du conservatoire Rimsky-Korsakov, (le meilleur du monde, dit-on !). Excellence du jeu nerveux des cordes, du rythme fascinant imposé par le chef Juri Galbo, de l’incroyable fascination d’un soliste bouleversant (Dimitri Berlinsky, plus jeune lauréat du concours de violon Paganini)... Jamais, je n’ai entendu L’été de Vivaldi comme ce soir-là, communion totale avec les éléments ! La Passione de Joseph Haydn achevant une représentation digne des plus beaux moments de l’histoire du Festival du Suquet. Cette école des pays de l’Est si typique, on la retrouvera dès le lendemain dans un Quatuor Talich accompagné de la pianiste roumaine Dana Ciocarlie. Sons boisés, sens du phrasé, engagement, tout un équilibre de la perfection pour deux oeuvres d’exception, le romantique La Jeune fille et la mort de Schubert (cf. le film de Polanski) et l’incroyable modernité de l’opus 44 Quintette pour piano et cordes de Robert Schumann. D’une présence et d’une actualité rare, ces notes qui jaillissaient sous les archets donnaient une dimension littéralement métaphysique à cette soirée magique.

Benjamin Trucchi au violoncelle et Grace Fong au piano, avaient auparavant donné le tempo d’un classique majestueux.

Restait une soirée ouverte sur le monde, une de ces fils tendu entre deux rives que j’affectionne tout particulièrement. Le maître de la Kora, l’instrument le plus classique de l’Afrique, Ballaké Cissoko, nous transporta dans des contrées lointaines pour un voyage d’émotions, un vibrant hommage à ses dieux qui lui donnèrent l’art de dispenser la grâce. Griot de père en fils, il improvisa ses gammes en réponse au lieu superbe de cette cour du Musée de la Castre dominé par un donjon qui l’inspirait. L’Afrique éternelle. 120 personnes présentes, 50 CD vendus à la sortie, comme si chacun d’entre nous désirait conserver une parcelle de cette langueur qu’exprime une Kora que des doigts d’or font chanter.

Le Gospel Drums devait achever ce cycle. Né au cours d’une discussion passionnée avec Thierry Nossin, un producteur ami en qui j’ai une totale confiance, l’idée de réunir les Tambours Croisés avec une chorale Gospel, du chant mère de l’Afrique à l’expression de leurs descendants asservis, fonctionna à merveille. Beauté des voix si pures, énergie lancinante des tambours, la salle entière debout reprenant le refrain d’un final grandiose, comme pour affirmer que la musique est une et indivisible, partie d’un tout et expression du particulier, génératrice de consensus et manifestation de la diversité du génie humain.

Et bien sûr, Chilly Gonzales pour clore définitivement des Nuits Musicales du Suquet 2014 qui resteront comme le symbole d’un aboutissement personnel, un équilibre entre le classique et le moderne, la preuve que le classique sait être ouvert au monde actuel et que les racines de la culture plonge aussi bien dans le temps que dans les horizons si vaste de l’âme humaine. Territoire infini de la beauté qui échappe aux règles.

Alors oui, je peux vous le dire désormais, je suis fier d’avoir enfanté tant de bonheur et de rencontres, tant de sourires et d’émotions.

Oui ! Cette édition des Nuits Musicales du Suquet, sa fréquentation, la présence du maire de Cannes, David Lisnard, mon ami qui sait aimer la culture pour ce qu’elle est, la joie d’une équipe de l'Evénementiel du Palais des Festivals et des techniciens, permanents ou intermittents, tout cela restera gravé à jamais dans ma mémoire.

Merci à la musique de me donner encore le droit de rêver !

Il déteste les selfies.. mais il fera une exception devant mon désir enfantin ! Merci encore Chilly !

Il déteste les selfies.. mais il fera une exception devant mon désir enfantin ! Merci encore Chilly !

Francis Huster, un seigneur. Appelez le Mozart désormais !

Francis Huster, un seigneur. Appelez le Mozart désormais !

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Québec, Mondial des Jeux

Publié le par Bernard Oheix

C Le Mondial des Jeux Loto-Québec 2014 annonce sa programmation

par Benoît Chamontin le 8 juillet 2014 - 0

Dans le cadre du Festival Juste pour rire, la première édition du Mondial des Jeux Loto-Québec prendra place du 12 au 26 juillet 2014 à la Place des Arts. Ainsi, il sera possible de découvrir un festival consacré à l’univers des jeux, que ce soit des jeux vidéos, des jeux de table ou d’autres divertissement encore.

Cela fait plusieurs années que le Festival Juste pour rire essaie de faire quelque chose. Finalement l’inspiration est venue de Cannes qui a un événement depuis plus de 30 ans, englobant toutes les facettes du jeu. Bernard Oheix, qui était directeur pendant 15 ans du Festival international des jeux à Cannes, est d’ailleurs consultant pour le Mondial des Jeux Loto-Québec. Dans son esprit, « ce n’est pas un Cannes Bis mais un événement pour Montréal en définissant quelque chose d’authentique pour la ville ». L’ambition est présente puisque Bernard Oheix explique qu’il doit devenir le plus gros événement jeux en 2017. Pour cela, il explique qu’il faut développer avec la communauté des joueurs et tous les acteurs ici.

Pour cette première édition du Mondial des Jeux Loto-Québec à Montréal, l’événement sera organisé autour de trois volets :

  • Boulevard des Jeux : situé sur le boulevard de Maisonneuve entre les rues Jeanne-Mance et Saint-Urbain. On y retrouvera de nombreuses animations de la part de Socio-Jeux et du Randolph, entre autres, mais également de la Fédération Québécoise des Jeux Récréatifs et des Échecs.
    Par ailleurs, on retrouvera Kilo-Beat et Gros Joueurs pour jouer à des jeux réinventés comme on avait pu le voir lors de Nuit Blanche Montréal tandis que 55 icônes proposera un jeu pédagogique.
    Enfin, une boutique en plein air du distributeur québécois Valet d’Cœur sera également sur place.
  • Salon de jeux : situé dans le Complexe Dejardins. Il sera possible d’y retrouver un bar à jeux dans lequel les festivaliers pourront s’installer pour jouer et découvrir de nouveaux jeux grâce avec l’animation de l’équipe du Randolph. Un tournoi de Loups-garous géant et des Quizz Night, en français et en anglais, seront également proposés tout au long du Mondial des Jeux.
    Par ailleurs, du 17 au 23 juillet, le Casino de Montréal proposera une formule heads-up de duels de poker gratuits avec à la clé des places au Tournoi des humoristes.
    Enfin, tout au long du festival, 16 bornes Xbox One / PlayStation 4 seront disponibles pour découvrir les jeux de Ubisoft, Warner Bros. Games, Eidos et EA Sports. L’événement mettre également de l’avant les jeux sur tablettes, avec la possibilité de tester les jeux de Hibernum et Square Enix Montréal.
    À noter qu’Ubisoft sera présent du 12 au 17 juillet afin de trouver les meilleurs danseurs du célèbre jeu Just Dance 2014. Une finale aura lieu dans le cadre du volet tournois et spectacles.
  • Tournois et spectacles : c’est un volet très intéressant dans le cadre de ce Mondial des Jeux. Non seulement on retrouve du ludique et du divertissement, mais on va également pouvoir assister à des tournois de jeux de table et de jeux vidéo.
    Ainsi, les hôtels Hyatt Regency et Fairmont Le Reine Élizabeth accueilleront notamment des Tournois d’Échecs, de Scrabble et de Dames dans le cadre des compétitions de jeux fédérés aux hôtels Hyatt Regency et Fairmont Le Reine Élizabeth.
    Par ailleurs, pour la première fois au Québec, les qualifications nord-américaines du tournoi ESWC (Electronic Sports World Cup) seront présentées les 18 et 19 juillet au Théâtre Télus. Ainsi, il sera possible d’assister à des tournois de Counter-Strike : GO, Call of Duty : Ghosts et Just Dance 2014. Les gagnants seront invités aux finales qui se tiendront durant le Paris Games Week 2014.
    Enfin, des tournois de Ultra Street Fighter 4 et Supersmash Brothers Meele sont aussi au programme.

Il s’agit donc d’un programme très intéressant et qui est susceptible d’intéresser tous les types de joueurs. Il faudra maintenant voir comment se passera cette première édition et de quelle manière évoluera le Mondial des Jeux mais, au-delà des ambitions affichées, il semble que l’équipe bénéficie d’un soutien important pour réussir son pari!

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Les Nuits Musicales du Suquet 2014

Publié le par Bernard Oheix

Voici donc le projet d’édito des Nuits Musicales du Suquet qui se déroulera du 22 au 28 juillet dont j’assure la Direction Artistique depuis 4 ans. A chaque fois que l’on boucle une programmation, l’impérieuse question de son équilibre, des choix souterrains qui la sous-tendent, de son accueil par le public, se pose ! C’est ainsi, et même si les années ont passé, même si les programmations de près de 5000 spectacles sont sensées vous protéger et vous blinder contre la trac et l’angoisse, il reste cette inquiétude, cette lancinante interrogation... comment allez vous réagir ? Les artistes seront-ils à la hauteur de l’évènement, les créations (3 pour cette édition) au niveau des attentes... et le public sera-t-il un partenaire enthousiaste ou un juge impitoyable ?

Cette édition des Nuits Musicales du Suquet de l’été 2014 débutera dans l’Ivresse de l’Opéra. Paolo Micciché, qui nous a déjà présenté le Requiem de Verdi et le Mozartissimo en 2012, revient avec un nouveau projet, une création qui s’annonce comme un immense succès, un montage scénographié des grands airs d’opéras sur les moments de fêtes, des libations, des «brindisi» qui parsèment les oeuvres des plus grands compositeurs...Un moment de fêtes à déguster ! L’Orchestre de Cannes proposera un projet novateur de son nouveau chef, Wolfgang Doerner, une variation subtile entre la musique et les mots tirés des nombreuses lettres de Mozart lus par Francis Huster, cet immense comédien qui sait faire vivre la parole des autres. Le Philharmonique de Chambre de St Petersburg viendra accompagné du prodige, le violoniste Dmitri Berlinski, dans une Passion de Haydn et le Quatuor Talich, qui fête ses 50 ans de carrière internationale, présentera La jeune fille et la mort, l’oeuvre sublime de Schubert avant le quintette pour piano et cordes de Schumann (opus 44) avec la pianiste Dana Cocciarla. Notons une soirée Gospel Drums où les percussions carribéennes partiront à la rencontre du gospel et cette semaine de musique et de rencontres se terminera avec l’un des pianistes les plus doués, les plus étranges de l’époque actuelle, un soliste d’exception qui a révolutionné l’art de la scène et de la composition, le canadien Chilly Gonzales !

Pour les 19h, cette année, nous sommes fiers de présenter David Levy qui affrontera les redoutables «Variations Goldberg», le roi de la kora, Ballaké Sissoko, l’instrument le plus «classique» à la sonorité suave, de la musique africaine. l’Argentine Héléna Ruegg viendra accompagné de Mischa Pfeiffer pour une balade entre Bach et Piazzolla et le jeune et talentueux violoncelliste Benjamin Trucchi, le régional du Festival qui accomplit sa carrière aux Etats-Unis sera accompagné de Benjamin Sigier sur un programme Beethoven et Brahms.

C'est ainsi ! Il reste maintenant à attendre le 22 juillet 2014, et les réponses seront apportées au jour le jour. J’espère sincèrement que ce programme saura vous convaincre et qu’il débouchera sur ce qui est l’essence d’une soirée spectacle, la communion d’un public et d’un interprète, l’émotion brute que seul l’art peut déclencher, le plaisir du partage en commun. C’est cela notre moteur à nous programmateur, c’est cela qui nous donne le désir de vous offrir un peu de nous-même !

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Un peu de Musique...

Publié le par Bernard Oheix

Et tout d’abord, l’un des plus beaux CD de ces dernières années, une oeuvre crépusculaire composée par un chanteur en train d’observer sa fin venir et qui jette dans son ultime opus, comme un cri à l’humanité, toute sa tendresse et son désespoir, une lucidité froide et désespérée, un hymne à la beauté déchirée d’un monde qu’il est train de quitter, rongé par un cancer.

Ces dernières représentations à la télévision le montre affaibli, lunettes noires et chapeau noir sur son crâne chauve, ivre de ses ultimes parcelles de vie. C’est un rocker qui a transmis quelques uns de plus beaux textes au public, qui a enchanté par sa poésie instinctive, ses rythmes syncopés, ses orchestrations ciselées comme des bijoux d’or, une musique populaire et intelligente composée pour «Gaby, le long des golfes pas très clairs...» !

Alain Bashung dans Bleu Pétrole, le CD que vous devez impérativement emmener avec vous sur une île déserte et pour lequel il faut réinventer la fée électricité afin de pouvoir l’écouter à satiété !

De Je t’ai manqué à Il voyage en solitaire, ce ne sont que des perles serties que l’on peut écouter en boucles, les remettre sans arrêt sur le métier, tant elles s’éclairent à chaque passage, d’une luminosité et d’une puissance insoupçonnable.

J’ai eu le privilège de le voir plusieurs fois et de le programmer dans mes saisons à Cannes à deux reprises. La dernière fois, il était déjà assis au bord du vide... J’en ai le souvenir d’un homme de coeur, d’un homme qui ne faisait plus tout à fait partie du monde mais se savait éternel et si vous voulez le retrouver, achetez Bleu Pétrole pour un dernier voyage, non plus en solitaire, mais aux côtés d’un poète qui jonglait avec les mots et les notes comme si la vie n’était que poésie !

Tout aussi travaillé dans l’orchestration, et sans doute sur le même fil tendu entre les mots et les notes, Love de Julien Doré est à découvrir. Je vois déjà certaines moues et des rictus méprisants... et pourtant ! Dans son précédent CD, Bichon, il nous avait ébloui avec des morceaux comme «Glenn Close», un long poème scandé où la musique monte au zénith par vagues successives. Avec «Corbeau Blanc», il récidive, poème épique à clefs, musique orchestrée avec minutie, voix à l’intérieur de ses mini-symphonies qui laissent l’imagination déborder et la raison se perdre.

Il faut écouter attentivement chaque vers, chaque plage de musique, pour en saisir toute la subtilité et l’incroyable puissance naturelle. Il y a bien un poète moderne derrière ces phrases branchées sur la réalité mais qui en deviennent magiques par la force de leur souffle.

Julien Doré, issu du moule formaté des émissions de télé, a su s’en échapper, rompre avec le conformisme, imposer un authentique style pour devenir un héraut du monde moderne, un conteur de la vraie vie, celui du monde dans lequel nous vivons et qui nous étouffe. Il éclaire nos cauchemars de ses mélodies et de ses mots afin de les rendre plus supportables.

C’est Sophie Dupont, la Directrice-Adjointe de l’Evénementiel au Palais des Festivals de Cannes qui me l’avait fait découvrir. J’ai eu le privilège de le programmer dans ma dernière saison à Cannes en novembre 2012. Il fut adorable, disponible, acceptant même une interview par de jeunes collégiens pour la radio de l’établissement. Sur scène, c’est un vrai battant, son show est à son image, sophistiqué et chaleureux, des lumières théâtralisées, une gestuelle naturelle et énergique, son rapport au public immédiat et sincère...

Si vous en doutez, écoutez Le Corbeau Blanc... et dites-moi comment il est possible de résister à cette musique !

Comment situer Agnès Jaoui y El Quintet Oficial avec leur CD Dans mon pays. J’ai souvent été sceptique sur ceux ou celles qui touchent à tout, ont tant de cordes à leur arc qu’il me semble anormal d’être génial partout... Et disons le, pour moi, Agnès Jaoui et son complice Jean-Pierre Bacri sont d’authentiques cinéastes, des conteurs d’histoires à l’image de la vie réelle, un cinéma à la Française comme nous l’aimons, avec des scénarios ancrés dans la vie, mis en scène avec soin, qui renvoie vers une réalité transcendée, ouvrent les portes du possibles, où l’on peut à la fois être ému et sourire, attaché et distant. J’aime leur cinéma «intuitif» et si Agnès Jaoui m'intéressait, c’est plus en rapport à son statut de cinéaste dans la ville du cinéma que pour ses qualités de musicienne et de chanteuse...C’est au Babel Med à Marseille, un Festival des Musiques du Monde, que j’ai eu l’occasion de parler avec son tourneur «les visiteurs du soir» de l’hypothèse d’une programmation sur les Nuits Musicales du Suquet en juillet 2015. Il m’a transmis son CD en me recommandant de l’écouter.

Las ! Force m’est de convenir qu’Agnès Jaoui a bien aussi le talent d’une interprète, une sensibilité toute particulière née entre ses cultures diverses. Elle a une inconscience sympathique, une façon très personnelle de considérer le CD comme un moment de vie à partager ! Ecoutez les chutes intermédiaires laissées comme des ponctuations, ce ton mi-goguenard, mi-émouvant pour vous en convaincre !

Et surtout, découvrez la musique, cette langue espagnole portée avec son complice Roberto Gonzales Hurtado en des duos attachant et qu’elle met en valeur avec sa voix particulière, ce timbre rauque dissimulé dans une voix de gorge. Et si vous ne craquez pas sur Todo Cambia (le dernier morceau du CD), alors c’est que vous avez un coeur de pierre et que vous ne pouvez envisager qu’une vie de tristesse et de morosité en ce bas-monde !

Moi, j’aimais la cinéaste Jaoui mais désormais aussi la chanteuse qui a su me transporter dans son univers tout à la fois mélancolique et léger, latin et universel !

Et pour terminer cette chronique, un incunable, une des oeuvres majeures de ces dernières années, le groupe Archive dans With Us Until You’re Dead. La musique rock devient opéra, la modernité se pare des habits de la beauté incandescente du passé. Il n’y a plus d’âge ni de repères dans cet opéra moderne où les plages sonores fusionnent avec les voix, où les sons contemporains (batterie, basse, guitare) se mêlent aux claviers et à la pureté des voix pour décliner un monde de beauté funeste, un univers au bord de l’implosion que la musique transcende. Il y a quelque chose de frénétique dans leurs compositions, toutes tournées vers une lecture de la tension de notre univers. Scansions, enchaînements des rythmes, voix syncopées, richesse des fonds sonores... tout est là, à portée de main, en nous, et le CD entre en résonance avec nos peurs, notre angoisse d’un monde parcellaire où nous ne trouverions plus notre place. Déjà, dans leur précédente oeuvre, Controlling Crowds, ils avaient atteint un zénith dans la mise en abîmes de notre réalité, une maitrise absolue de leur projet de dé-construction du monde. Dans cet ultime volet, ils arrivent à transcrire une dimension poétique, plus «planante», à l’agonie sulfureuse d’un univers qui se convulse !

C’est à mes yeux, le groupe de musique majeur de ce siècle, un événement dans la culture du monde, et si vous en voulez une confirmation, précipitez-vous chez un disquaire (s’il en existe encore auprès de chez vous !) et achetez cet hymne à la beauté meurtrière du monde contemporain. Archive, le plus beau concert que j’ai produit dans ma carrière au Palais des Festivals, le 29 septembre 2007 avec l’Orchestre Régional de Cannes (cf. mon article sur Archive dans ce blog), le groupe le plus inventif de notre période contemporaine !

Récapitulatif :

Alain Bashung-Bleu Pétrole

Julien Doré. Love

Agnès Jaoui y el quintet oficial. Dans mon pays

Archive. With Us Until You’re dead

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La culture de la Castafiore !

Publié le par Bernard Oheix

La culture de la Castafiore !

Cela fait quelque temps que je ne parle plus de spectacles dans ce blog... Un effet pervers, il fait nul doute, de l’overdose des dernières saisons programmées au Palais des Festivals de Cannes et d’une détente soudaine entraînée par ma prise d’un congé permanent et de mon long voyage en Amérique du Sud à l’automne ! Quelques films, CD et ballets me donnent le désir de retrouver cette époque où je couchais mes impressions par l’écrit. Et tout d’abord, de renouer avec mes complices du Système Castafiore qui ont présenté en ce 4 avril, dans la salle de la Licorne, une reprise de deux oeuvres de jeunesse.

A mes yeux, le Système Castafiore est une des compagnies de danse la plus marquante de la période actuelle !

Elle est dirigée par un duo fascinant, Karl Biscuit à la création, metteur en scène et compositeur de génie de bandes sons et Marcia Barcellos, sa compagne et son alter-ego en création, à la danse et à la scénographie. Marcia est à l’égale de cette cohorte d’artistes d’Amérique du Sud qui ont apporté un sang nouveau dans le rapport à l’image moderne comme Alfredo Arias, Copi et tant d’autres. En cassant les codes traditionnels, ils ont insufflé une dynamique novatrice, ont révolutionné la gestuelle dans le spectacle vivant.

Les «castafiore» se sont installés à Grasse dans les Alpes Maritimes avec l’espoir de fonder un centre, une base pour explorer les chemins de la création et déclencher une dynamique sur toute la région ! Las ! On est bien loin des cénacles parisiens et des centres de décision. Ils n’en tracent pas moins leur chemin avec constance et sont une des troupes qui tournent le plus à l’international.

A l’occasion de cette reprise de deux oeuvres de leur début de carrière, Karl et Marcia nous offrent une relecture dynamique des fondements de leur art.

Il y a dans Aktualismus Oratorio Mongol (1990) et 4 LOG Volapük (1993), tous les ingrédients qui vont assurer leur succès et qui seront développés et approfondis par la suite avec des moyens techniques plus ambitieux qui permettront à leur créativité de s’épanouir.

Chez Karl, on retrouve dans Aktualismus le travail soigné d’une bande son où des bribes de dialogues absurdes sont joués en play-back, noyés dans un opéra de sons modernes composé de bruits, stridences, répétitions, saturation du niveau sonore. Marcia greffe à cet ensemble hétéroclite, une mécanique d’un geste découpé, heurté, enchaînement ubuesque de scènes mimées où les répétitions tiennent lieu de ponctuation. Il n’y a pas une histoire mais des séquences ouvertes ayant un rapport, en bruit de fond, avec un discours dictatorial, comme si la modernité apparente des éléments scéniques, une machine futuriste, quelques gadgets dans les costumes toujours inventifs, un accessoire, une scène d’illusion avec un enfant nain ou des marcheurs à l’envers, devaient se briser sur les vestiges du conformisme et l’abomination d’un discours totalitaire.

Ce rapport à la dictature est encore plus lisible dans 4 LOG Volapük puisqu’il en est le sujet central. Là encore, Karl Biscuit réalise une prouesse (pour l’époque) puisque le décor se visionne en 3D grâce à des lunettes distribuées au public. Un écran projette sur la scène des constructions futuriste donnant une perspective à la «Métropolis». La bande son est composée de phrases extraites du théâtre classique où l’on peut reconnaitre pèle-mêle, Racine, Corneille, Molière... et sans doute quelques autres ! L’histoire est simple. Un dictateur et sa maîtresse adorée, 3 personnages qui décident de l’assassiner. Les costumes de Marcia Barcellos sont sublimes, dictateur ventripotent à moustache, garde chasse au képi à la Française, grands bourgeois couards qui trahissent leur maître... La caricature est poussée à l’extrême, y compris dans la danse en permanente recherche de déséquilibre, de rupture, ritualisée jusqu’à la parodie. Cela fait penser au «dictateur» de Chaplin et à sa danse avec la mappemonde. Mais il y a une vraie cohérence interne au projet, une réussite formelle indéniable qui martèle un message où l’esthétique baroque se met au service de l’émotion brute.

Au delà de la vraie prouesse esthétique que le duo développera au fil des années jusqu’à des chefs d’oeuvre comme «Récits des tribus omégas», «Stand Alone Zone» ou «Les chants de l’Umaï», (mais presque toutes leurs créations devraient être citées ici !), le rapport à l’humain et à l’oppression (qu’elle soit la dictature d’un homme, d’une technique, d’une pensée, d’un style...) est le fondement de leur processus créatif, la base même à partir de laquelle ils vont intervenir par le sens, (et souvent par le non-sens !) pour provoquer intelligemment le spectateur et l’obliger à réagir.

Refuser le conformisme du geste est au coeur de la nature foisonnante de leur art, jusqu’à entrer en résonance mystérieusement avec l’actualité d’une France qui accouche d’un monde où les idées de l’extrême semblent, tellement se banaliser, qu’on peut en élire des maires et envisager un futur au bleu marine, comme si les pestes noires n’avaient pas d’histoire !

Moi, j’aime les Castafiore et leur art qui me rend plus intelligent, qui m’aide à mieux comprendre le monde qui m’entoure, tout en créant un champ symbolique du possible, aux desseins à décrypter, afin de mieux lire le présent !

La culture de la Castafiore !
La culture de la Castafiore !

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Les Nuits Musicales du Suquet 2013

Publié le par Bernard Oheix

Les Nuits Musicales du Suquet ont offert des soirées bien atypiques en cette édition 2013, et si certains mélomanes ne se reconnaissent pas toujours dans les programmes proposés, d’autres s’y retrouvent malgré tout et une partie du public vient pour la rareté et l’émotion d’un Festival qui se démarque des manifestations du même format. Tous les Festivals classiques tentent de se régénérer, mais ce n’est jamais facile... Cette année, une partie du public purement classique a snobé les propositions pourtant bien alléchantes. A cela, ajoutons le cataclysme d’un mois de juillet sur la côte boudé par les touristes avec des taux de fréquentations des hôtels en chute libre (autour de 40 à 50% en moins que l’année dernière. Résultat, une fréquentation moins bonne et des rentrées financières écornées !

Mais bon, c’est la crise, et il n’y a pas de raison qu’elle ne touche que les pauvres !

Au programme de cette année :

Cyprien Katsaris en ouverture, c’est un symbole de ce que je tente de faire dans ce Festival classique : régénérer les codes, ouvrir des portes entre les genres et rendre la musique classique plus humaine, plus proche de notre environnement et de nos préoccupations. Voilà bien un grand pianiste qui ose transgresser les rituels du récital. Dans un savant dosage entre improvisations, découvertes de morceaux rarissimes et d’oeuvres plus larges, il excelle dans la pédagogie, l’éclairage didactique des oeuvres en les re-situant dans leur contexte. Il fait aimer la musique classique en la rendant vivante ! C’est en plus un homme adorable, plein de prévenance et d’attention.

Cette année, opération ambitieuse autour de Albert Camus. Un hommage rendu en musiques et en textes avec L’Orchestre de Cannes dirigé par Philippe Bender en support et Marthe Villallonga lisant des extraits du Premier Homme, ce roman au destin funeste, retrouvé inachevé après la mort de son auteur. Un roman ou tout son génie s’exprime avec les failles d’une construction inachevée pour nous faire comprendre la genèse d’un chef d’oeuvre.. En 2ème partie, la voix envoutante de Daniel Mesguich nous emportera sur les traces d’un «instit» du bled, une nouvelle déchirante, L’Hôte tirée de L’exil et le Royaume avec en prime, les images de la BD que Jacques Ferrandez a tirée de cette nouvelle, projetées sur les pierres du fronton de l’église dnas la nuit étoilée. C’est tout le drame de la Guerre d’Algérie qui se trouve en filigrane de cette histoire qui finit comme une tragédie antique. Une soirée fascinante.

La Carte Blanche à mon ami, Michael Guttman, Directeur du Festival de Pietrasanta, nous aura permis d’assister au concert d’un maître du Clavier, Boris Berezovsky, dans un programme russe ou il excelle.

J’attendais beaucoup de Mozart versus Salieri. Cette confrontation en musique tentant de mettre en regard leurs oeuvres manquait cruellement de pédagogie et d’explications pour que cette musique baroque de cour puisse s’épanouir. Dommage, car il fait nul doute que si l’histoire a quelque peu maltraité Salieri, il n’en reste pas moins que le génie d’un Mozart ne pouvait tolérer la moindre ombre ! Au passage, cassons le mythe d’un vieux Salieri accroché au pouvoir contre le jeune prodige. Seules six petites années les séparaient, tout comme en terme de précocité, Salieri n’avait rien à envier au jeune Mozart lui qui, dès l’âge de 13 ans, composa ses premières oeuvres... Mais voilà, l’histoire choisit toujours ses vainqueurs !

L’Hommage à Mikis Théodorakis fut émouvant. Un homme plusieurs fois revenu de l’enfer, donné pour mort plusieurs fois, enterré vivant deux fois, engagé de tous les combats pour la démocratie et qui eut le temps d’accumuler une oeuvre gigantesque dans tous les registres de la musique, du classique au sacré, du populaire à la musique folklorique. Et tout cela en en plus de ses activités sociales et politiques. Théodorakis un mythe en Grèce, qui en a bien besoin, même s’il est désormais un vieil homme !

C’est dans les chansons, (il en a écrit plus d’un millier), que son génie s’est imposé, partant sur des mélodies sophistiquées mais accessibles à tous, avec des textes d’une grande profondeur. Toutefois, cette création pour le Festival aurait gagné encore à la mise en valeur de quelques instrumentaux, et à une construction plus harmonieuse. Il n’empêche, que malgré ces petites réserves, le public ovationna le groupe et qu’un «sirtaki» endiablé vint secouer les gradins dans un rappel de folie.

Tout comme pour La Sinfonia Flamenca, de mon ami Juan Carmona, dont j’avais eu l’honneur de créer le premier mouvement, (il a 10 ans, déjà !) et qui fut présentée enfin, après avoir été jouée dans le monde entier, dans son intégralité à Cannes, son berceau. Accompagnée par l’Orchestre de l’Opéra de Toulon, cette symphonie mêle les codes de la musique savante avec ceux de la musique d’instinct du Flamenco. Juan Carmona est un grand monsieur, un artiste de la guitare, un visionnaire qui a su canaliser toute l’énergie de sa performance d'interprète pour donner une oeuvre composée sensuelle, à mi chemin entre une cérémonie profane et un récital sacré. Pour achever cette soirée de clôture, son groupe de Flamenco où rayonnait Jésus Carmona (un homonyme du compositeur, danseur de formation classique, adonis de la «talonnade» et roi du jeter de jambe) vint enthousiasmer le public, et achever en apothéose cette série de concerts.

A noter dans les concerts découvertes de 19h la performance de David Levy, un talentueux pianiste cannois, dans un programme de musique espagnole, qui a gagné à cette occasion, le droit de revenir en deuxième édition, sur la grande scène ! Et n’oublions pas Forabandit, l’incroyable trio composé d’un occitan, Sam Karpiena, voix et mandolocelle, Ulas Ozdemir, un turque au Baglama et au chant, et Bijan Chemirami, un iranien au zarb et percussions. Ce groupe envoutant venu des horizons de la Méditerranée, nous emporte dans des ballades dont on garde l’empreinte au fond de nous, comme un rappel entêtant d’une musique qui plonge ses racines dans notre inconscient d’homme libre !

Et pour finir, chapeau aux jeunes solistes de la région, John Gade (piano) et Dorian Rambaud (violon) et à Riccardo Caramella qui nous a proposé une soirée pour enfants avec les ineffables Babar et Pierre et le Loup servis par la belle récitante Maria Alberta Navello devant, pour la première fois, aux Nuits Musicales du Suquet, un parterre d’enfants éblouis !

Voilà une édition de plus ! Les résultats moyens en terme de fréquentation, compensés par une grande adhésion du public et un renouvellement partiel des spectateurs, nous projettent vers l’avenir, la saison 2014 où je vous retrouverai au paradis, tout là haut près des étoiles, entre les cris des sternes et les cornes des bateaux, sur la colline du Suquet... à Cannes, pour toujours !

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Spectacles à Montréal

Publié le par Bernard Oheix

Pléiade de jeunes Français dans ce Juste pour Rire de l’été 2013, par une canicule épouvantable, à faire rêver de se tapir dans les salles climatisées du Quartier des Arts, le plus longtemps possible.....

Deux volets, Zoofest, avec les jeunes pousses françaises en stand-up, souvent passées par Le Jamel Comédy Club, et une cohorte de comiques Québécois, pour 100 spectacles découverte, et le grand Festival Juste Pour Rire avec ses galas réunissant autour d’un thème unique (la sexualité, le sport, l’argent, la loose...), le gratin des humoristes de la Belle Province, mais aussi des shows enlevés et des comiques en série auxquels il faut rajouter les scènes en extérieur, gratuites, tous les jours, exercices casse gueule pour certains en train de chercher une page de notoriété dans la Ville du Rire.

Et tous cela en 15 jours de folie, au milieu d’autres manifestations (Festival du Cirque, Nuits d’Afrique, Festival de Cinéma...), dans un quartier grand comme un demi arrondissement parisien, au milieu d’une foule asphyxiante !

Bienvenue à Montréal !

Petite revue parmi la trentaine d’artistes visionnés !

En ce qui concerne nos jeunes Français, mention spéciale à Greg Romano, Dédo, Mohamed Nouar et Alban Ivanov.

Greg Romano, un niçois, impose un personnage en auto-dérision, à la limite du bon gout, exercice sur le fil qui peut à tout instant basculer dans le fou rire ou dans le «bide»...Il aura quelques moments de gloire à se souvenir ! Dédo, le Prince des Ténèbres, fait dans le noir et le caustique, tout en grincements et en rictus, un spectacle construit en interaction avec le public, sans filets, où il projette ses angoisses. Mohamed Nouar est l’arabe élégant et sarcastique, décalage permanent entre ce qu’il est sensé représenter et ce qu’il joue avec beaucoup de subtilité. Alban Ivanov lui, joue de son corps maladroit et mime beaucoup, scène d’anthologie avec un sac de farine dans lequel il plonge sa tête en une parodie d’un «Scarface» dont beaucoup se souviendront !

Dans tous ces comiques dont on entendra parler, mes deux coups de coeur vont à Bun Hay Mean et à Claudia Tagbo.

Bun Hay Mean est un chinois survolté, il a une énergie phénoménale, se tire de toutes les situations, entraine le public avec lui jusqu’à plonger littéralement dans la foule. Il est sans limites. Avec lui, les Vietnamiens deviennent les Arabes de l’Asie, les Chinois colonisent l’Afrique et les légendes poussent comme des feuilles sur des branches de bananiers. C’est un vrai grand, retenez son nom ! C’est en plus, un homme adorable, plein de tact et d’interrogations.

Quant à Claudia Tagbo, respect ! Elle est noire, petite, de grosses fesses dont elle joue avec dérision. Elle utilise son corps comme un tableau noir pour y inscrire les contours d’un paysage imaginaire. Sa face s’illumine, elle roule des yeux, tire la langue, danse, mime, et entre les traditions africaines, la place du père, l’éducation des enfants et sa vie sentimentale, tout passe à la moulinette des idées toutes faites, des images convenues et se termine en un immense concert avec le public. Attention, succès et rires garantis !

Dans les grands shows, il faut noter une comédie musicale qui débarquera en France l’an prochain et dont vous entendrez parler. Hairspray, replonge dans les années soixante, la ségrégation et l’ambiance «high school». Une jeune adolescente corpulente devient une star de la danse grâce à ses amis «blacks» dans un Baltimore plein de préjugés, entre les «bimbos» blondes racistes et celles qui vont se décoincer et trouver l’amour et la vie !

Plaisant, dans une belle mise en scène qui met en valeur une très belle distribution d’artistes chantant, dansant et jouant à la perfection, un vrai moment de détente.

Signalons la présence de Die Mobiles, jeu d’ombres sur des corps qui se désarticulent et recomposent une réalité mouvante, les vainqueurs de l’émission «Incroyable Talent» dont Gilbert Rozon, le capitaine du navire Juste Pour Rire est un membre du Jury particulièrement caustique et actif !

Et comment ne pas signaler le Gala Komedy Majic Show qui réunit autour d’Arturo Brachetti des magiciens dans un processus décalé et atypique ! Un angle de vision déjanté, entre la prouesse des numéros et une présentation toute en humour, enchaînement virevoltant et surprenant qui permet de rire en s’émerveillant. Brachetti reste un grand enfant, apte à s’enthousiasmer et à entrainer le public dans son monde d’illusions !

Signalons un excellent «Gala de la Loose» présenté par Jean-Luc Lemoine et Simon Gouache, un Québécois dont le talent acide est au service d’une charge contre les Français et les Parisiens à donner envie de lui répondre par l’humour.

Pour ce faire, il suffit de l’envoyer assister au spectacle des Pic-Bois, «Corps à corps avec frite et moule», une troupe locale déjantée dans un spectacle sur le corps et le sexe à faire hurler de mauvais gout et de médiocrité. Ce show manifestement est un «hénaurme» succès la-bas et concurrence l’accident industriel du Festival, une pièce de théâtre, Un homme, deux patrons, tiré avec beaucoup de cheveux d’une oeuvre de Carlo Goldoni, dans une mise en scène indigente et le vide abyssal d’une agitation épileptique d’acteurs à la dérive !

Comme quoi, même chez nos cousins entreprenants et dynamiques du Québec, la perfection plonge parfois dans la misère de l’échec !

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Editorial du Suquet

Publié le par Bernard Oheix

Voilà en avant-première l'éditorial que j'ai composé sur les Nuits Musicales du Suquet dont je suis le Directeur Artistique.

J'espère que cela vous donnera l'envie de venir sur les remparts de l'Eglise, tout en haut de Cannes, dans une de ces nuits étoilées où l'on peut prendre conscience que le monde est beau, que la musique est belle et que les les sternes qui planent ent en piaillant dans l'azur de la scène ont bien de la chance.... 

Et pourquoi pas vous ?

 

Rêves d'ailleurs

Chaque édition d’un Festival est une aventure, chacune nous offre son lot de mystères, ses rendez-vous ratés compensés par ses heureuses conjugaisons, une étrange alchimie dont le résultat ne dépendra que de votre adhésion... ou pas !

La programmation idéale n’existe pas. Il n’y a que l’impérative nécessité d’offrir des moments magiques de rencontres, de découvertes, de plaisirs, de communions. Et de ce point de vue, juillet 2013 devrait vous permettre de rêver à nouveau, la tête si près des étoiles...

Que ce soit avec l’Orchestre Régional de Cannes PACA dirigé par Philippe Bender qui invite, sur les rives de la Méditerranée, à goûter la poésie et la musique d’Albert Camus, avec les mots si forts d’une Marthe Villalonga et d’un Daniel Mesguich en contrepoint...

Que ce soit dans cette rencontre si belle où l’histoire est convoquée, d’un affrontement célèbre, Mozart versus Salieri, que le premier par son génie écrasa à jamais... Mais qui est Salieri, quelle musique réelle sous ce nom que le vent de la défaite emporta ? nous la redécouvrirons, et nous nous apercevrons peut-être, ce sera à vous de le dire, que les notes de musique ne meurent jamais !

Où bien avec Cyprien Katsaris, dans un programme interactif que le public guidera, surprises et connivences, quand le génie au piano permet toutes les audaces et rompt la forme d’un concert classique pour lui donner une puissance et une force sans mesure.

Mais aussi la Sinfonia Flamenca dont le premier mouvement fut créé à Cannes il y a quelques années et que l’Orchestre de Toulon nous offrira enfin dans son intégralité en prolongement d’une fête espagnole où la musique et la danse seront à l’honneur.

Et encore, un clin d’œil au Festival de Pietrasanta dirigé par Michael Guttman, qui viendra accompagner le fantastique Boris Berezovsky et le quatuor... dans un programme dédié à la musique russe.

Et Mikis Theodorakis, un des artistes qui a jonglé en permanence entre le classique et le populaire. Du Cantique des cantiques au thème de Zorba le Grec, il n’y a que quelques pas aux sons d’un bouzouki qu’il franchit avec gourmandise.

Tout cela sans oublier les quatre concerts de 19h comme des perles serties dans l’écrin de la cour du Musée de la Castre. De jeunes talentueux solistes de la région (John Cage et Dorian Rambaud) à David Levy dans un programme Espagnol (encore et toujours l’Espagne si généreuse et fascinante), Riccardo Caramella ou quand la musique des petits flirte avec le plaisir des grands, pour finir avec Forabandit, une extraordinaire fusion entre la musique orientale et l’esprit des troubadours, produit d’une résidence d’artistes sur les nouvelles musiques traditionnelles, entre la mandole, le «baglama», un luth turc, et des percussions iraniennes pour l’enchantement d’une nuit saupoudrée de mystère.

Voilà, à vous désormais de vous inviter à ces rencontres, d’habiter cet art d’un bonheur fugace mais si réel, de rêver jusqu’à la naissance du monde, jusqu’au début du bonheur à l’unisson.

Et qui aurait imaginé qu’un fil étrange, celui de la Méditerranée se fraie un chemin à l’intérieur de ces propositions... De Chypre à Mikis, de Salieri au Festival de Pietrasanta, du Flamenco à cet Hommage à Albert Camus...

Parfois, l’histoire nous convoque bien malgré nous sur nos rives si belles !

 

Bernard Oheix


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