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culture

Guitares passions...

Publié le par Bernard Oheix

Une soirée d’exception…

Une bande de guitaristes amis, de ceux qui croisent notre chemin et restent dans le cœur, bien après que les notes se soient évanouies. Nostalgiques de Cannes Guitare Passion, un Festival que j’avais géré pendant 10 ans et dont Pierre Olivier Piccard était le directeur artistique. Des concerts d’anthologie, des rencontres, des stages et un parfum inimitable d’une culture ouverte, entre le génie des stars de la guitare et la passion d’un public d’amateurs. Pour ma dernière saison, j’avais proposé une soirée retrouvaille à tout ce beau petit monde, un cachet minimum (au moins j’étais sûr qu’ils ne viendraient pas pour l’argent !), le même pour tout le monde, un hôtel, un concert atypique dans une salle de La Bocca et une grande bouffe pour clôturer ce début de ma dernière saison culturelle. Ils ont répondu présents… Et j’ai missionné Jean-Claude Rapin, mon ami de 20 ans, de la coordination, du montage de la soirée et de la couleur de l’événement !

 

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Il y a plus de 20 ans, Bernard et Jean-Claude Rapin au Festival de la Guitare.

Et quelques années plus tard, ci-contre...comme quoi, vieillir n'est pas toujours une punition !

 

 

 

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   

 

Et ce fut un grand moment ! Inoubliable ! 3h30 d’un show débridé devant un public qui avait rempli les 500 places de la Licorne. Toutes les facettes de la guitare, parcours atypique de blues, du rock, du classique et du flamenco, avec des artistes généreux, en dehors de tout système pour le temps d’une gigantesque « jam », une façon de faire un pied de nez au showbiz et de faire la fête à la musique... pour Bernard ! 

 

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Ils sont tous là...Pour la postérité : de gauche à droite. Michel Haumont, Vincent Absil et Michèle Barré, Mauro Serri, Patrick Rondat,Juan Carmona, Bernard Oheix, Mélodie Choir, Michael Jones, Bruno Clavel, Franck Agulhon, Jean-Claude Rapin, Daniel Yvinec

 

 

 

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Patrick Rondat, guitariste de Jean-Michel Jarre et Mauro Serri, guitare et voix chez Bill Deraime. Un duo de complicité, des envolées, quand la guitare est reine... L'un est un guitar heros qui joue tout en retenue, l'autre estoque la musique pour la faire vibrer et la ployer à sa volonté. Tous les deux sont des coeurs d'or et prennent leur plaisir de se réunir pour un set à cheval entre l'improvisation et les ficelles du métier avec le public en témoin privilégié.

 

 

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Quand la musique est belle ! Michael Jones. Un gallois au coeur de blues. Compagnon de route de JJ Goldman, il existe aussi par son réel talent de guitariste, une voix inimitable avec un phrasé rock à l'"anglaise". Il est adorable, un vrai seigneur qui ne méritait pas que son équipe de rugby perde contre la France. Jusqu'à 5 heures du matin, nous allons boire et parler de musique avec Haumont, Clavel, Absil and co.... cela me coûtera un peu de champagne, mais quel pied !

 

 

Soirée magique. Mélodie Choir, la fille de mon ami Gilles Choir, qui est parti l'an dernier pour un dernier voyage et dont cette soirée était aussi en hommage, avec le guitariste "local" Bruno Clavel, ils ouvriront le show pour un duo guitare/voix qui a du le remuer, l'autre, mon frère Gilou, sur son nuage de sérénité dans son paradis de notes. Et Vincent Absil/Michèle Barré, Absil, mon copain, ex-leader du trio Imago que j'avais découvert à la fin des années 70, le folk singer à la voix râpeuse, le fan de Dylan que j'avais programmé tant de fois. Ils ont une magnifique formule, belle voix de Michèle sur un gospel magique, percussions discrètes...Ils sont beaux sur scène et permettent le voyage vers les lointains bayous, les plaines arides d'une Amérique profonde parcourue dans une vieille Cadillac brinquebalante.

Et Michel Haumont, l'héritier du "picking" de Marcel Dadi qu'il a eu comme professeur, dont l'humour transparait dans ses interventions toutes de finesse. Notes suspendues, en équilibre, pas comme le torrent débridé et impétueux que déverse les doigts d'or du flamenquiste Juan Carmona. Encore des copains de toujours, dont la carrière a souvent échouée sur les scènes que je programmais. Symphonia Flamenca au Suquet, quel beau souvenir ! Là, en 3 morceaux, il va littéralement éblouir le public de sa virtuosité avec des créations d'une limpidité à faire briller les sons comme des perles.

Et cette rythmique incroyable assurée par le Directeur de l'Orchestre National de Jazz, Daniel Yvinec à la basse, et Franck Agulhon à la batterie.

Et les jams finales, sur un morceau que j'avais demandé, Le train de minuit de Vincent Absil et sur l'éternel Stand by me...homériques chorus, ambiance de folie dans la salle. 

 

Une vraie soirée de musique, pour ceux qui sortent des sentiers battus et aiment l'imprévisible. Quand de grands musiciens ont le désir de se rencontrer et d'ouvrir une porte sur l'inconnu, le talent en fil conducteur, le public en témoin assisté, jams débridées comme si le futur devait s'inventer dans l'urgence de l'amitié.

Voilà, c'était la fête à Bernard, et Bernard, il était heureux !

 

 

 PS : toutes les photos magnifiques sont d'Eric Derveaux, except l'incunable de Jean-Luc Rapin en post-adolescent (qu'il me pardonne le bougre !) et celle du groupe au complet sur la scène de La Licorne par le reporter officiel de Nice-Matin, Gilles Traverso.

 

 

 

 

 

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Caramella

Publié le par Bernard Oheix

Dans mon jardin, 21 septembre 2010. C’est la fête. Quelques amis pour manger et boire en célébrant la fin de l’été. Caramella Riccardo, pianiste, ami, raconteur d’histoires. Nous avions vécu une soirée étonnante ensemble, sur cette scène de la Licorne que je lui avais offerte. Il avait fait hurler de rire avec ses petites anecdotes autour des grands maîtres de l’opéra…et pleurer en interprétant des morceaux sublimes réadaptés pour le piano. Ombres et lumières. C’était il y a 3 ans et il annonçait à sa manière, la fin d’une carrière classique avec ses tournées qui l’avaient promené aux quatre coins du monde, ses concerts, hôtels, avions…Ce rituel « classique » qu’il ne supportait plus !

Mais le démon de la scène et la liberté retrouvée…Confidences. Il n’a jamais pu, malgré son désir, jouer le Concerto pour Varsovie de Richard Addinsell, une musique de film trop triviale pour les organisateurs !

Alors un projet nait de la discussion, enrichi de larges rasades d’un breuvage rosée de Provence… Et si on refaisait, pour ma dernière saison de programmateur, un ultime tour de chauffe, juste pour la route…Et cette fois-ci, le thème serait Musique et Cinéma, une façon de pouvoir enfin faire découvrir le Concerto pour Varsovie au public de Cannes.

Tope là, mon gars !

 

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Présentation enlevée. J’arrache quelques rires, je me suis mis en frais pour être à la hauteur de l’événement et donne le tempo d’entrée. Je raconte l’histoire de la naissance de cette soirée et le public décolle. Riccardo les récupère avec une suite en hommage aux Frères Lumière, enchaîne avec quelques grands thèmes (L’Arnaque, le 3ème homme, Over the Rainbow…) pour suivre avec un spécial Morricone. La soirée est lancée, il peut s’épanouir et après quelques grands thèmes classiques (Schubert, Satie, Tchaikowsky) finir la 1ère partie sur le Concerto de Varsovie. Entre temps, il aura raconté des histoires, lancé des répliques cultes, déclenché des cascades de rires dévoilant son vrai visage de show man amuseur public tout cela sous un écran qui dévoile des bouts de films et des affiches des films concernés !

 

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Le talent n’est pas qu’au bout de ses doigts !

Reprise et suite prestige (Le thème de Lara, Lawrence d’Arabie, Love Story…), puis hommage à Nino Rota, grands compositeurs (Debussy, Rachmaninov), Suite Française et en final, des Charlie Chaplin pour un adieu sur la route… avec à chaque fois des contrepoints illustrant le propos, des histoires de cette saga cinématographique du XXème siècle.

Verve et brio. Humour et amour du 7ème Art, proximité du public, images et extraits de films, mouvements classiques d’une sobriété sans égale…

 

 

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Au final, il me fera monter sur scène pour me remercier par une spéciale dédicace. Je reste comme une godiche devant ce piano ouvert pendant qu’il joue « Brindisi » et je sens son amitié, ce lien qui nous unit. Entre le sacré et le profane, du classique et de l’humour, un respect et ce non-conformisme, il s’est offert au public, prise de risque maximum pour résultat sans bavure. Il n’a pas visionné plus de 1000 films pour rien, il n’a pas écrit des centaines de fiches inutilement, il l’a fait pour lui, pour nous et pour ce public qu’il adore. Une soirée comme on les aime, sur le fil du rasoir, qui prouve que la performance peut se conjuguer à l’émotion et le brio côtoyer la bonne humeur !

 

 

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De Tiken Jah aux Stranglers...et autres !

Publié le par Bernard Oheix

 

C’était un pari fou. Les Concerts de Septembre avancés de 15 jours pour cause de G20 sur le Palais, tombant la semaine de la rentrée, de la reprise des activités et des soucis quotidiens après la lucarne des jours heureux des vacances. J’avais galéré pour monter une programmation de têtes d’affiches. Tiken Jah, que je rêvais d’accueillir depuis des années, The Stranglers dans la lignée des idoles de notre passé…Et pour le reste ? Deux premières parties alléchantes, Drunksouls de Marseille, rencontrés dans une démo et Killtronik, le groupe local d’un Cannois, Kevin Blanc, un chevalier surprenant plein de fougue et d’imagination. Me restait une soirée à combler puisque nous avions décidé de réduire cette édition à 3 soirées en attendant de se repositionner sur des dates plus confortables ! Et là, je pouvais délirer ! 

 

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Saul Williams, c’est de la dynamite. Un black slameur entouré d’une basse lancinante, d’une batterie agressive, d’un clavier vengeur et d’un cuivre/percussion pour un mix d’électro, de rap, de rock, de funk… un melting-pot de sonorités new-wave que sa voix puissante porte et transcende…. C’est un véritable coup de poing, un artiste parti pour sillonner la planète des sons ! Vous en entendrez parler, l’avenir est avec lui. Je l’avais déjà écouté à la fête des Inrockuptibles pendant le Festival du Film. Petite scène en extérieur, sono minimaliste…Là, sur le plancher du Grand Auditorium, sa puissance peut exploser, tout ravager, et laisser le spectateur la bouche béante devant la force incroyable qui se dégage de son show !

 

 

 

 

stupeflipSTUPEFLIP. Entre le gag  potache et le concert concept, étranges silhouettes en capelines noires, masques sur le visage, interventions râpeuses au char d’assaut, sur le fil du rasoir d’un bon goût ou d’une tarte à la crème. Ils assurent les petits jeunes, devant un vrai public de fans, des initiés de la première heure, grands prêtres comme un chœur de vestales barbues et couturées de piercings et de tatouages. C’est Stupéfliant, comme un « horsecruise » d’Harry Potter, avec micros en place de baguettes magiques, effet de synthé et scratches en lieu et place du combat contre les forces de la hiérarchie et de la morosité ! Pas toujours en place…mais qu’importe, leur énergie est sur vitaminée, leur rap, rock, électro totalement déjanté. Il reste l’impression ineffable d’un contraste saisissant entre la majesté de cette salle dans le Palais des Festivals et leur bruyante démonstration d’une musique venue de quelques lointaines planètes peuplées d’extraterrestres !

 

 

 

 

DER110908 6198Drunksouls. Jeunes marseillais entrés en dissidence culturelle. Melting pot encore d’un esprit punk dans un corps de rock pour des sons reggae. Ils assurent une première partie sans fautes, le chanteur porté par un groupe déterminé. Ils sont bons, sympathiques, commencent à bien maîtriser la scène devant un public à conquérir (ils en sont à plus de 200 concerts sur les scènes alternatives !), réussissent à faire oublier le dieu Tiken qui doit suivre. Drunksouls a un avenir, celui d’un groupe « festif », qui donne envie de bouger et de suivre en musique leurs pas sur les chemins de l’espoir.

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Tiken Jah Fakoly. Un colosse africain aux pieds d’airain. C’est un barde vaudou, immense et conquérant, sûr de sa force et de la puissance de son Afrique éternelle. Son reggae se tinte de Kora et d’instruments typiques, deux choristes chaloupent sur la scène en glissant des plages aigües dans son timbre grave…Cuivres en apesanteur pour pulser l’énergie, batterie, clavier, basse, le son se transforme en vagues tumultueuses, rouleaux qui balaient tout sur leurs passages pendant que Tiken Jah Fakoly fait son African Revolution en sautant, courant, bondissant comme un superbe animal sauvage. Ses thèmes tournent autour de la prise en compte par les africains de leur destin, de l’éducation, de la tolérance entre les ethnies et les religions pour s’unir contre les forces de l’oppression, du « bla bla bla », des dictateurs de tout genre et des forces néocoloniales qui pillent les richesses du continent ! Tout un programme !

Jah, mon frère noir, tu la feras ta révolution africaine et si on peut t'aider !

 

 

kevinKilltronik. C’est souvent le cas, dans sa propre ville, sur une belle scène reconnue, l’enjeu prend le pas sur le jeu. Le désir de prouver, de s’imposer ne permet pas de se poser. Alors Kevin, le jeune et sympathique (21 ans) leader de Killtronik a tout tenté…un peu trop même ! Je l’avais découvert dans son garage studio, une demi-heure haletante sans respiration d’un mix électro pop, avec présence entêtante de basse et de batterie. Prometteur, intéressant, énergique…Las, pour cette première partie des Stanglers, ils se sont mis en contresens, contrepied que l’on peut comprendre tant leur désir d’éblouir et de faire une fête de ce set les a aveuglés au détriment de la musique. Ballons, cœur en suspension, créatures mad max, flash mob, tout y est passé, même un duo piano/voix pas des plus heureux. Kévin a de l’avenir, désormais qu’il a réalisé son rêve, il va pouvoir passer aux choses sérieuses…la musique ! 

 

 

 

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Les papys du punk-rock sont toujours vivants…plus que jamais ! Nouveaux guitariste et batteur, basse et clavier comme en formation de troupe de choc, les Stranglers nous ont offert un set d’une puissance stratosphérique, une plongée haletante dans l’énergie matière, fusion musique, pour des basses en folie, une batterie en symbiose, un clavier à déchirer le silence et deux voix remarquables portant des morceaux en guirlande comme des tubes de collection. Always the sun, GB, Peaches, No more heroes…Les murs du Palais en vibrent encore, comme en mémoire à ce concert annulé il y a 35 ans et qu’ils venaient enfin de réaliser. Groupe phare des années 80, ils ont prouvé que leur légende est méritée et leur avenir, pour ces enfants du no-future, toujours préservé. Comme des adolescents heureux de ce pied de nez, ils ont emporté le public en transe pour une destination de fureur sereine. Les Stranglers, c’est un groupe actuel qui a de la mémoire !

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Et voilà, fin d’une mission qui s’annonçait terriblement complexe et qui au final, nous aura offert des moments rares de bonheur. Saul Williams, Tiken Jah Fakoly et les Stranglers au Panthéon des grands concerts de Cannes, gravés dans nos souvenirs, Drunksouls et Killtronik en découvertes prometteuses et Stupeflip en extra-terrestre venu nous faire délirer ! Il y a pire pour une fin de saison particulièrement riche en coups de cœur et en révélations…Alors, vive les vacances !

 

 

 

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Festival du Film : C'est parti !

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des jours heureux, des moments de grâce qui rendent la beauté à la vie. 1er jour du Festival, conférence de presse de Bernardo Bertolucci et répétition de la cérémonie d'ouverture. Backstage, nous attendons l'arrivée de BB dans sa chaise roulante (un problème dorsal) pour lui faire ses empreintes.

 

Il prend le temps, affable et heureux de "faire ses empreintes" pour la postérité et je discute avec lui. Je suis très ému, et lui annonce que la dernière fois que je l'ai rencontré, c'était en 1974, au Centro Sperimentale del Cinema à Rome. Il sourit interrogatif.

Je lui explique que je travaillais sur une maîtrise d'Histoire du Cinéma portant sur un jeune réalisateur italien après avoir visionné La strategia del Ragno, un chef-d'oeuvre incontestable à mes yeux, et que ce jeune réalisateur c'était lui, Bernardo Bertolucci. J'avais 22 ans, il était le réalisateur de Prima de la Revoluzione, du Conformiste, du Dernier Tango à Paris... Et je ne l'avais jamais revu ! Depuis lors, ma maîtrise a été éditée chez Etudes Cinématographique dans un ouvrage collectif dirigé par Jean A Gili, mon maître universitaire et grand spécialiste du cinéma italien et après la direction d'une MJC à Bourg en Bresse, j'ai intégré la Direction de l'Evènementiel du Palais des Festivals de Cannes pour 25 ans d'un labeur de plaisir !

Et 35 ans après, j'obtiens enfin cette autographe que je n'avais osé lui demander à Rome en étudiant constipé impressionné par son aura.

Et le soleil a vraiment brillé, quand en partant après une quinzaine de minutes de discussion, en me regardant dans les yeux, il me dit  : "-Merci pour ce que vous avez fait pour moi !"

A moi, il a dit ces mots !

 

 

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Dans la foulée, "Mel" en train de répéter la cérémonie d'ouverture... La belle, la sublime Mélanie Laurent. Elle a tous les talents, d'abord celui de la grâce, mais aussi de l'actrice, de la réalisatrice et de la chanteuse... et que sais-je encore d'elle ! Je l'avais vu déclarer à la télévision qu'après Bourges et l'ouverture du Festival, il ne lui restait plus qu'à chanter à Cannes. Un trait d'humour qui n'était pas tombé dans l'oreille d'un directeur de l'Evènementiel pour rien !

Je l'avais contacté par le biais de mon gendre, son assistant "chef op" sur son film qui sortira à l'automne et nous étions en négociation avec son booker pour la programmer à Cannes. L'occasion était trop belle de faire connaissance.

Je lui raconte donc cette anecdote et elle fait la connexion immédiate et éclate de rire. "Ah, c'est vous... Benjamin m'a parlé de votre proposition !" Nous allons pendant quelques minutes surfer sur la bonne humeur, Mélanie Laurent, toute fière et heureuse à l'idée d'avoir ses empreintes mêlées à celles des Légendes qui parsèment le parvis du Palais des Festivals et à l'idée de son concert futur sur ces mêmes planches qu'elle habitera dans la soirée au côté de Robert de Niro.

 

 

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L'engagement est pris, elle reviendra donc à Cannes, juste quelques petits problèmes à régler avec son management, des histoires de gros sous, peut-être...mais ne gâchons pas notre plaisir avec des détails triviaux ! 

 

 

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Au fait et le cinéma dans tout cela !

Un Woody Allen, même en forme moyenne avec Midnight in Paris, reste un réalisateur hors du commun...Beaux acteurs, dialogues enlevés, mise en scène soignée, idée séduisante mais, bon, difficile de réintégrer notre époque après avoir côtoyé Dali, Degas et Picasso...Tout comme Nanni Moretti dans son Habemus Papam, qui, sur une belle idée, s'enlise et traîne en longueurs pour un film qui ne fait qu'effleurer son talent de comédie. Sleeping Beauty de Julia Leigh est sans aucun intêret, sulfureusement toc et affreusement chic !

Mon coup de coeur en ce début du Festival est We need to talk about Kevin. Dans une forme sophistiquée, un montage en puzzle, les rapports d'une mère et de son fils sont analysés avec férocité, dans un drame terrible où un enfant échappe à la logique et s'enferme dans le mal pour combler un manque affectif incompréhensible. C'est déchirant, affreux, renvoyant à toutes les angoisses de la relation parents-enfants. L'actrice Tilda Swinton est parfaite et postule d'entrée pour l'interprétation féminine. 

Allez, vite, l'écran m'attend...mais avant, je vais déjeuner avec le Crazy  Horse ! 

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La compagnie des Femmes. Yves Simon

Publié le par Bernard Oheix

Vous connaissez mon amitié pour Yves Simon (confère les articles dans le blog....). Je ne pouvais qu'attendre avec impatience un nouveau roman succèdant à sa monographie sur Jack London et son éphéméride. Acheté et dévoré...Un début tonitruant par un style d'une richesse inouie, puis une vague qui s'alanguit et s'emmêle parfois dans les bons sentiments pour finir étrangement en un une rencontre avec la mort de l'autre et le début d'un amour pour l'éternité. C'est du Yves Simon, un livre en équilibre des sentiments les plus nobles sur l'aventure intérieure d'un road-movie à la Française.

 

 

La signature est française, tellement française que l’on pourrait instinctivement reconnaître cette marque déposée d’une littérature spécifique, une façon d’enchaîner les mots, de composer des phrases qui respirent le parfum de l’autre, de parler des sentiments en interpellant la part noble de l’individu, d’intellectualiser les gestes et de les transfigurer pour en composer une chanson d’amour subtile.

Conçu sur le principe très américain d’un road-movie, un homme, écrivain auquel son éditeur commande une autobiographie, explore les voies d’une nationale hexagonale en pondant à chaque étape quelques pages, compensant l’étroitesse des paysages traversés par la dimension intérieure d’un voyage crépusculaire, quand l’amour se dessine pour donner un sens à l’existence et redonner une perspective à l’avenir.

Le héros prenant le volant de sa vieille Mercedes de collection au volant serti de diamants, s’enfonce à la recherche de quelques miettes de son passé, (des caves à vin en Bourgogne, la tombe d’un ami à Lyon, les remparts d’Avignon, l’image d’une mer bleutée et d’un soleil doré sur les rives de la Méditerranée), simples stations d’un parcours susceptible d’éclairer son présent en faisant resurgir des émotions en équilibre sur cette nationale 7.

Il va rencontrer des personnages « on the road again », vivre un présent d’interrogations et accepter de vivre cet amour qui le retient à une femme qui l’enchaîne. Que ce soit sur le marbre d’une tombe perdue de l’ami qui en finit de vivre parce que c’est trop dur de grandir et de perdre ses illusions, d’une femme (de son âge !) avec  laquelle il jouera de sa séduction pour ne pas l’aimer, lui léguant le cadeau d’une blessure d’amour de plus, où d’un (grand) enfant de circonstance, rencontré par hasard et se substituant à un fils absent dont on perçoit le vide dans une vie de richesses et de trop plein, ces personnages en reflets dans son œil d’or vont nourrir une réalité « fictionnelle » au présent, arabesques subtiles comme des divagations s’ancrant dans un passé assagi.

Il ne fera qu’effleurer cette vie d’avant, qu’elle  soit celle d’une enfance marquée par un père disparu et une mère forte qu’il garde en lui, où celle brièvement évoquée, d’un chanteur à succès…

Tout le ramène toujours à cette femme deux fois aimée, qui ne sait où il est et avec laquelle il correspond par quelques mails ou sms. Elle devine que c’est sur son propre avenir qu’il écrit, une histoire en train de mourir pour renaître comme un dernier chant ultime du désir. Se dessinent sous la trame d’un passé de nostalgie, la beauté de sentiments bruts, le souffle court de la passion, la fin du rêve.

C’est parfois à la limite de la préciosité, mais c’est toujours beau !  Si l’homme est le style, alors Yves Simon est un grand homme car son verbe est cristal, sa ponctuation, scansion du temps, les mots des couleurs, les phrases, une longue litanie douce amère d’un enfant du XXème siècle perdu dans le XXIème à la recherche de sa madeleine éternelle.

Un livre à lire pour comprendre pourquoi on est français, pourquoi notre littérature vit et bouillonne et comment on restera pour l’éternité, des adolescents perdus dans un monde d’adultes !

 

 

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Au pays des voleurs de poules !

Publié le par Bernard Oheix

Django Drom. Une création des Nuits de Fourvière de Dominique Delorme. Hommage à Django, en images, par le gitan du cinéma français, Tony Gatlif et en musique, par Didier Lockwood, avec comme solistes, Biréli Lagrène, Stochelo Rosenberg et un violon que l'on aime, prêt à tout pour une expérience de musique hors des sentiers battus, Didier Lockwood. 11 musiciens les accompagnent dans cette promenade nostalgique sous le regard d'un Django Reinhardt centenaire heureux de sa postérité. Bouts de films entre l'histoire et le rêve, évocation d'un mythe de chair et de sang dans une période où le monde oscillait entre la douleur et l'espoir, éternelle marginalité de ceux qui volent les poules dans les basses-cours d'une société en train de bannir les différences en gommant leur existence. Derrière les aspérités d'un siècle déchiré par les guerres, les notes sont des messagères d'espoir, les doigts des porteurs de paix et les sourires de la différence, des ambassadeurs d'un monde métissé qui refuse de s'inscrire dans une norme aseptisée. Ni hagiographie facile, ni posture de victimes, juste la musique comme un air de révolte pacifique. 

 

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Biréli Lagrène, c'est mon ami, un des artistes que j'ai le plus programmé dans ma carrière de programmateur (7 fois !). Il a des doigts qui distillent la magie, c'est un authentique virtuose grandi en dehors des écoles et des normes. Sa liberté d'improvisation n'a pas de limites et confine au génie. Il est lunaire, toujours un peu à côté de la réalité. Lui, dont on dit parfois qu'il est "gitan" dans sa gestion quotidienne de la vie, pour arriver à Cannes dans une France paralysée par la neige, a attendu 8 heures dans un aéroport pour rejoindre finalement le plateau une heure avant l'ouverture du rideau. Il m'a avoué, avec son drôle de sourire, que le fait que ce soit ce projet précis, le Django Drom, et à Cannes chez ses amis des débuts de sa carrière, qui avaient fortement influé son obstination à rejoindre les rives de la méditerranée. Qu'il en soit honoré au prix de mon amitié. Quand il s'est mis à jouer, c'est toute la quintessence de la guitare, douce et forte, cristalline et rugueuse qui s'est imposée, en hommage à son Maître, Django revenu d'entre les morts pour goûter aux plaisirs d'un dernier boeuf avec ses "potes" les gitans.

 

 

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Didier Lockwood est un autre génie. Son violon est une arme absolue contre la morosité. Il le fait chanter et pleurer à souhait et il fallait bien ce talent pour épauler la partition d'un Biréli portant à ses côtés l'âme sauvage de Django. Il aussi est une vieille connaissance des planches cannoises, (le Jazz et la Diva opus 1 et 2), lui aussi s'est passionné pour cette entreprise d'hommage non servile à une légende. il introduit un glissando merveilleux dans le staccato des guitares, une colonne souple et suave dans la frénésie du jaillissement des notes que les guitaristes en osmose catapultaient vers le public. C'est comme si, dans le feu d'artifice de ces oeuvres reconnaissables entre toutes, une pincée de clacissisme et soupçon de modernité venaient anoblir l'ensemble des oeuvres pour les figer dans l'éternité.

 

 

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Tony Gatlif est un homme d'images, un cinéaste reconnu auteur de films qui portent une touche de ce sang errant qui court dans ses veines. Père kabyle, mère gitane, enfance difficile au retour en 1960 de l'Algérie, et rencontre avec Michel Simon qui lui ouvre les yeux et lui permet de canaliser sa violence en la transposant dans un univers baroque et luxuriant d'images où foisonnent les symboles. Ses films obtiendront de nombreuses récompenses dont le prix de la mise en scène pour Exils à Cannes et  une clôture du Festival 2006 avec Transylvania . Le scène cannoise évoque des souvenirs pour lui, il est heureux d'être dans cette ville, dans cette salle et sur ce plancher qu'il a foulé en recevant des prix. Son film est une évocation qui fuit la servilité, entre séquences autour de Django et scènes de la vie quotidienne des "droms", paysages suréalistes et noir et blanc suggestif.

 

Le final du spectacle s'emballera sur un Boléro "swing manouche" déjanté, le rythme lancinant de Ravel en contrepoint d'une frénésie à provoquer la transe du public, un effet de décalage sublime pour une ode à la beauté et à la fureur de vivre.

 

Merci à Django et à ses interprêtes d'un soir de pureté comme au public conquis qui leur réserva une ovation. Une soirée comme je les aime et qui me fait penser, qu'il y a encore quelque chose de mystérieux dans la "marchandisation" d'un art trop formaté et d'un public parfois trop complice des errements du show-biz.

Je n'ai pas parlé de Stochelo Rosenberg bloqué dans l'aéroport d'Amsterdam sous la neige, je n'ai fait qu'évoquer les onze musiciens, tous solistes, qui donnèrent un souffle magnifique à cette soirée, je les associe tous à la réussite de cette soirée et que vive le spectacle vivant !

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Richard Gotainer est (bien) vivant !

Publié le par Bernard Oheix

J’ai rencontré Richard G au jury de la pyrotechnie de Chantilly. A l’époque, il fumait encore même s’il boit toujours. Nous avons sympathisé, deux vieilles carnes en train de se renifler le derrière pour savoir si l’enjeu d’une amitié en vaut la chandelle. Il dit des conneries, j’adore en entendre, et au passage ne résiste pas au plaisir d’en rajouter une couche ! Il est un bon vivant, une perle d’homme à la dérision en oriflamme, sait aussi être ému et parler des belles choses de la vie pour dissimuler des trésors de tendresse.

Il est fier comme un bar-tabac mais peut accepter la critique (j’en ai fait l’expérience avec un peu d'insolence et il sut ne pas m’en vouloir et m'accepter !)…

Il a des heures de route dans le marigot du showbiz, a connu la gloire et quelques traversées d’oasis, fils de pub et icône télévisuelle. C’est un homme de charme et un vrai cœur d’artichaut, une fleur bleue sur le lisier du spectacle vivant, cycliste émérite par ailleurs. Bon, c’est Richard, mon poteau quoi !

Alors après plusieurs tentatives avortées, il est enfin à Cannes pour présenter son spectacle « Comme à la maison » que j’avais découvert au New-Morning, l’an dernier et qui m’avait emballé.

 

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D’entrée, le public qui remplit la salle de la Licorne, l’accueille comme un ami que l’on est heureux de retrouver. C’est une assistance bizarre composée de gens qui ne fréquentent pas les salles assidûment, avec très peu d'abonnés traditionnels de la saison « Sortir à Cannes », arc familial qui balaie de l’enfant aux grands-parents, public populaire mais aussi élitiste avec quelques belles personnalités dans la salle, mélange harmonieux de vrais fans attendant leur show man. Il en joue parfaitement, à l’aise blaise sur ces planches, petites interventions douces pour installer le climat, quelques anecdotes en renfort, élégance naturelle même pour parler des atrocités du fumet d’un pétomane ou de la crotte d’un Youki insaisissable… C’est Gotainer au zénith, voix d’écorché rendu gouailleuse, évoluant avec élégance, occupant l’espace avec une totale maîtrise, accompagné d’un groupe de jeunes musiciens talentueux et heureux d’être à ses côtés. Muriel, choriste en contrepoint aigu de sa voix basse, guitariste, bassiste et percussions, clavier en chef d’orchestre.

Il attaquera par quelques morceaux moins connus, remarquablement orchestrés, Le Taquin et la grognon, un sublime Les quatre saisons avec un hiver déchirant, Le béquillard des bois (sa plus belle chanson d’après lui !)…

Et puis au fil du temps, les « tubes » surgissent, les « Sampa », Youki, Poil au tableau et autre « décalco du mambo » qui emportent tout sur leur passage et terminent en apothéose, public debout pendant 20 minutes, 3 rappels, un show d’anthologie pour un authentique artiste qui revendique d’être l’ami de la famille, le prince et son bouffon en même temps, le poète et le rimailleur, le chanteur et le copain du bistrot.

Etrange alchimie sur le fil du rasoir qu’il sait maintenir en équilibre, comme si la vie l’emportait sur les aspérités d’un monde trop dur, humour au service d’un sens de la dérision.

Richard G, ou le triomphe de l’esprit sur la matière !

 

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Nous terminerons tard dans la nuit, à La Pasta, le meilleur restaurant de pates de la Côte d'Azur, que dis-je, de l'Europe du Sud, et même de l'univers intersidéral...Il est heureux de cette soirée, 40 personnes réunies pour lui faire sa fête...Il le mérite son succès et honore la dive bouteille sous l'oeil inquiet de l'organisateur. Attiré comme un ludion par les objectifs des photographes (Le toujours présent Eriiic et Xavier, le petit dernier), il décide de se laisser emporter par sa furia naturelle et plaque sur ma joue, (j'ai tourné la tête au dernier moment, sinon ce sont mes lèvres qui auraient hérité de son baiser baveux) l'expression de son bonheur forcené.

got biz 

 

 

Heureux mon Richard de cette nuit formidable, de ce concert, de ta présence, de ta chaleur et de ton humour. Tellement heureux, que je t'en propose la présidence du jury du Festival d'Art Pyrotechnique pour cet été...ce qu'il s'empressa d'accepter, le bougre, par l'odeur alléchée de quelques bonnes "ripaillades" promises et de quelques bouteilles de nectar à consommer sans modération.

Merci Richard Gotainer d'être toi-même !

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Un Chant pour l'Infini

Publié le par Bernard Oheix

Vous en entendrez parler, du moins, je l'espère ! Avec mon ami Richard Stephant, nous montons une production originale pour la saison 2011/2012, la dernière de ma carrière comme Directeur de l'Evènementiel au Palais des Festivals de Cannes...Le Chant Général, oratorio issu de la rencontre entre un jeune exilé grec, Mikis Theodorakis, et un poète chilien au faîte de sa gloire, Pablo Neruda. Véritable Carmina Burana du XXème siècle, nous sommes en train de rêver et d'oeuvrer à l'exhumer du relatif anonymat dans lequel il est tombé. Nous allons faire pleurer les pierres et même les coeurs les plus endurcis fondront devant tant de beauté. Les mise en scène et en images, seront assurées par Paolo Miccichè ( avec lequel nous avions créé Le Jugement dernier/ Requiem de Verdi).

Les 13 et 14 avril 2012, il faudra être du côté de Cannes !

 

 

Extrait du dossier de production.

 

Il est des œuvres qui traversent les époques, transcendent les cultures, restent gravées à jamais dans l’inconscient collectif des peuples. C’est le cas pour le « Chant Général » de Pablo Neruda, chef-d’œuvre littéraire épique du poète chilien, ode à une humanité en marche, héritage des luttes de libération des peuples asservis, brandie comme une oriflamme au visage des bourreaux…

C’est le cas aussi de la composition musicale du « Chant Général », rencontre hallucinée entre le compositeur Mikis Theodorakis, exilée d’une Grèce écrasée sous la férule d’une dictature militaire, et l’œuvre romantique révolutionnaire d’un poète chilien, ambassadeur à Paris, au faîte de sa gloire.

Certains se souviennent encore de ces mots volés au temps, polis dans un maelström de notes, roulant comme des galets au fond d’un torrent d’énergie, montant comme des vagues à l’assaut des citadelles de larmes, de ces chœurs sublimant le désespoir des tortures de l’ignoble. Force symbolique du destin, confluence de leur génie respectif, s’unissant pour interrompre le cours nauséeux des oppressions, en un oratorio magistral dont seuls ceux qui perçoivent la douleur des êtres sans défense sont capables en puisant dans leur capital d’empathie.

Et dans cette période légèreté où tout paraissait possible, même l’impossible, les voix des solistes, les percussions, les chœurs, les violons tressent des lauriers au visage d’une paix transfigurée.

C’était ainsi, il y a une éternité…Pourtant cette œuvre respire toujours, sa force de réaction préservée, intacte, elle gît, assoupie, attendant que le passé se réveille et gronde de nouveau. C’est le temps des retrouvailles, tant d’années et d’évènements après, tant de luttes soldées par les mains massacrées de Victor Jara, le feu d’un Jan Palach s’immolant, les corps suppliciés comme ultime rempart au désespoir de ceux que la lumière ne peut plus atteindre.

Ils gisent tous, ces innocents, entre les notes, dans les rimes, dans le rythme d’une œuvre crépusculaire.

Et nous vous l’offrons comme un espoir pour que le mirage d’un monde meilleur ne s’évanouisse pas dans les flots de l’ignorance et de l’oubli.

Venez donc partager avec nous le rêve d’un monde meilleur sur les traces de Pablo Neruda et de Mikis Theodorakis.

 

Bernard Oheix

 

 

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L'affiche du spectacle est de mon ami Eric Dervaux...L'aventure commence !

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L'Afrique...aujourd'hui !

Publié le par Bernard Oheix

Il n'y a pas si longtemps....Un rendez-vous en Afrique, la création d'Hervé Koubi à la rencontre d'une compagnie de danse Ivoirienne, choc entre deux cultures laissant le chorégraphe sous le charme de la qualité des danseurs, beauté de cette énergie qu'il tenta de canaliser avec bonheur et parfois un soupçon de peur, trop de générosité sans doute... mais avec un résultat tout à fait estimable, apprentissage de la diversité, hommage à cette culture venant d'une terre désolée où l'être humain apprend à vivre au contact du monde de la réalité...

 

C'est ce même lambeau de terre qu'un dictateur d'opérette tente de conserver contre toute logique, contre toute équité, avec le risque d'une guerre fratricide, car le noir n'est pas toujours noir, il peut aussi se subdiviser à l'infini entre racines et cultures pour tracer des frontières encore plus terribles, plus sanglantes que les murs entre des peuples !

Comment imaginer le présent de ces danseurs si beaux, si heureux, qui m'offrirent dans une cérémonie chantée un collier de bonheur dans le hall, après la représentation en remerciement de mon accueil ? Sont-ils en train de fourbir des armes pour choisir leur camp ? Peuvent-ils ignorer les factions, résister aux fractions, rester des artistes authentiques dans ce confetti paradisiaque qui explose sous la pression des voleurs, des potentats, d'un néo-colonialisme entretenu par-delà les pays et les continents, par l'histoire de la conquête d'un pouvoir synonyme d'enrichissement et de prévarication ? Le choc des armes contre le chassé du danseur ! 

J'ai peur pour ma belle Isabelle, j'aimerai penser que son beau sourire ne peut s'éteindre sous les coups de boutoir de  l'inhumanité. J'espère que leurs danses tribales sauront chasser les démons et que les ultimes vestiges de la raison ramèneront les bourreaux dans le camp de la sagesse...Est-ce trop rêver ?  

 

koubi

 

Merci à Jean-Pierre Oheix pour ce montage "colibri". J'étais heureux ce soir-là d'ouvrir mon coeur à ces danseurs venus d'un continent qui me fascine...J'espère que rien ne viendra dans les jours qui viennent gâter le souvenir des jours heureux et que la guerre fratricide qui s'annonce s'évanouira sous le poids de la raison et de l'amour !

Allez mes beaux danseurs, continuez dans votre art de passion, l'histoire ne vous mordra pas la nuque  et nous ne danserons pas avec les loups !

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J'aime (plus) Merce Cunningham !

Publié le par Bernard Oheix

 

Surprenante journée monégasque, entre Nadal exécutant un Ferrero éberlué, Nalbadian atomisé par Djokovic sous un soleil printanier et un déjeuner offert par mes amis de la communication d’Eurosud  dans le village VIP du tournoi de tennis de Monte-Carlo. En fin d’après-midi, petite promenade dans une ville sinistrée par l’installation des structures du Grand Prix de Monaco. Amoncellement de tubes d’acier, de tribunes, de sacs de sable et de pneus utilisés pour le carrousel des chevaux mécaniques qui vrombiront dans plus de 3 semaines dans cette cité aux allures d’un Disneyland pour adultes. Monaco n’est pas une ville, n’est pas un Etat, c’est un phantasme imaginé par un créateur atteint du syndrome de Peter Pan !

 

A 19h, je retrouve mon adjointe, SD, avant de plonger dans la salle des Princes du Grimaldi Forum, ce Palais des Congrès construit en rognant sous la mer pour trouver un peu d’espace dans une ville confinée où la moindre surface carrée et plane vaut son pesant d’or.

 

Au programme, un grand héros de notre jeunesse culturelle, un nom de légende qui a marqué l’histoire de la Danse du XXème siècle. Leader de l’avant-garde américaine, innovateur de talent et de génie qui a explosé les limites de la danse et les a confrontées aux techniques modernes, aux arts visuels, à tout ce que la planète du moderne pouvait concevoir. Son compagnonnage avec John Cage a insufflé une dimension particulière à son travail de création en structurant des colonnes sonores propices à sa volonté d’exploser les codes traditionnels de la danse classique. Robert Rauschenberg signant des décors et des costumes en phase avec l’univers d’une modernité en train de reculer les limites du réalisme introduit cette déstructuration du cadre de la scène.

Enfin, tout cela c’est la théorie…

 

La soirée commença par Suite for five, une œuvre de ses débuts datée de 1956. Musique de John Cage interprétée en direct par un pianiste, costumes de Robert Rauschenberg. Du beau monde pour 5 danseurs évoluant aux sons contrapuntiques d’un piano ivre. Mouvements en saccades, gestes amorcés, ruptures permanentes des lignes de fuite, comme un alphabet de tout ce que cette danse moderne allait importer d’usant et d’artificiel. C’est vieillot à souhait, drame absolu d’imaginer que ce qui était rupture et novation en 1956 devient le triste reflet d’un ennui récurrent un demi-siècle après.

Au fond, c’est peut-être la première fois de ma vie que je ressens avec tant d’acuité ce décalage que le temps induit qui transforme le moderne en ancien, renvoie la novation à l’académisme et fait apparaître poussiéreux ce que l’on portait aux nues de la révolution créatrice. La recréation est parfois redoutable pour les sens émoussés de brûler ce que l’on a adoré…Mais c’est la dure réalité des idées que de s’épanouir avant de se faner !

La pièce suivante MinEvent, toujours avec Cage et Rauschenberg, permet au groupe de danseurs de se livrer et rompt avec l’esprit de rupture permanente qui est la signature du chorégraphe. Il réintroduit une certaine fluidité poussant même jusqu’à permettre aux interprètes de se trouver à l’unisson, aux gestes de définir une fresque, aux rythmes d’atteindre une fusion qui exalte la qualité technique de la compagnie.

Le dernier opus date de 2007. Il reste une des dernières œuvres composées par le génie vieillissant. Dans Xover, par couples, les danseurs viennent composer leurs éternels duos saccadés, rencontres avortées, ébauches de complicité d’une technicité brillante et enlevée se brisant en permanence sur les sonorités décalées d’un trio de musiciens et d’une chanteuse développant des arabesques vocales d’où surgissent cris d’oiseaux, onomatopées, textes en langues diverses éclatés. Cela pourrait avoir du charme, cela pourrait surprendre…mais est-il encore l’heure de s’ébaudir à ces recettes qui ont été surexploitées par les cuisiniers fades d’une nouvelle danse qui n’en peut plus de vouloir surprendre sans surprises ? Où est passé la magie d’une démarche de rupture, les codes volant en éclats n’ont laissé que des ruines fumantes sur les scènes des théâtres de la danse actuelle, comme si à force de hurler des messages vidés de leur sens, on ne pouvait plus entendre les variations d’un esprit libéré !

 

C’était ainsi, une soirée de connivence pour régler ses comptes avec son passé dont il reste la certitude d’une grandeur évanouie, d’une période où tout était possible et ouvert, une technique brillante de danseurs capables de rendre esthétique les gestes les plus atypiques, une démarche permanente d’équilibriste installant des passerelles entre les arts, l’aventure du « choquer » pour remuer les consciences…mais un demi-siècle se s’est écoulé, et dans les vagues qui balaient et effacent les vestiges de la création, il y a le conformisme actuel, toutes les fuites dans une provocation dont la seule finalité est l’installation de l’individu au faîte d’une gloire médiatique au service d’« egos » surdimensionnés, il y a l’appauvrissement intellectuel d’un zapping permanent et des effets de mode où les limites se sont évanouies.

Alors c’est vrai, je n’aime plus Merce Cunningham, mais c’est aussi parce que l’époque d’aujourd’hui n’est plus aimable et transforme son travail en jeux du cirque, en page d’histoire dont la seule finalité serait de dire, « j’ai existé et j’ai créé les conditions de l’ennui…admirez donc mes ruines et passez donc comme des ombres sans vous poser les questions d’un pourquoi vide de sens… Posez-vous les questions essentielles car de toutes les manières, on n'y répondra plus ! »

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