Moi aussi, en cette période d'élection, je veux apporter ma petite pierre aux vacances de monsieur Hulot. Dans son pacte, il y a la générosité et la volonté de parler pour ceux qui ne sont pas encore là. Les générations futures hériteront d'un monde dévasté si la préoccupation d'une vraie écologie ne devient pas l'axe fondateur des politiques futures. Prévoir l'avenir, c'est s'emparer aujourd'hui de ce thème, non comme un moyen de charmer l'électeur, mais comme la réalité d'une mission à accomplir. Voilà quelques réflexions, à vous de les commenter !
Depuis l’aube de l’humanité, plus de deux millions d’années, la force principale qui permet de transformer la matière, de cultiver la terre, d’ériger des monuments pharaoniques, de parcourir le monde, est une énergie naturelle. Bras et jambes de l’homme, muscles de l’animal, ingéniosité de palans et de constructions nées dans le cerveau humain, vent qui fait gonfler les voiles, eau qui fait tourner les moulins. Cette énergie est renouvelable, infinie. Elle est non polluante, elle est à la dimension d’une humanité qui cherche sa voie dans le progrès mais évolue à la vitesse de l’individu, chaque génération récupérant le savoir de ses ancêtres et apportant sa pierre à l’essor de la société.
Pourtant, le 19ème siècle va voir les sciences exploser, les techniques se sophistiquer, le développement devenir exponentiel.
En quelques décennies, une fraction de temps à l’échelle de l’humanité, les ressources du cerveau humain vont entraîner le plus formidable bond en avant que l’histoire n’ait jamais enregistré, permettant de faire reculer les frontières du possible et de donner à la société des humains une place et un rôle prépondérant dans le monde. Mieux, l’homme désormais est prêt à s’émanciper de toutes les limites et à transformer son milieu naturel, à toucher à l’équilibre même de sa planète. Il en a désormais le pouvoir.
Il faudra du temps bien sûr, mais ce mouvement entamé par une révolution industrielle, accru par l’explosion des champs d’expérimentation que représentent les grands conflits des guerres du 20ème siècle qui déboucheront sur une révolution technologique, ne s’arrêtera plus. L’informatique en est sa face la plus moderne, le nucléaire, son talon d’Achille, noir comme la destruction colossale qu’il fait peser sur ce que l’homme a érigé, blanc comme l’énergie qui alimente cette formidable dévoreuse de matière première qu’est le monde civilisé moderne.
Mais avant d’en arriver là, il en fallut des étapes qui ont rythmé le progrès. Il y eut la vapeur, bien vite insuffisante et au potentiel trop limité. Alors on creusa la terre pour en extraire le charbon et offrir enfin une source d’énergie aux locomotives et autres premières centrales électriques de cette deuxième moitié du 19ème siècle. Les premiers panaches d’une fumée noire et polluante vinrent empuantir le ciel. L’espace semblait si vaste que personne ne s’en préoccupa.
La véritable révolution vint avec la découverte des vertus du pétrole. Propriété énergétique incommensurable, fluidité, stockage et transport facile, consommation adaptable à des antennes mobiles comme les voitures et les avions qui commençaient à sillonner la planète en exportant ce mode de vie, cette frénésie de consommation. La grande vague enflait et personne n’imaginait que ces voitures essaimées par millions sur la terre, que ces milliers d’avions qui strient le ciel d’azur, que la pollution engendrée par des usines colossales toujours prête a assouvir les besoins sans cesse multipliés d’une humanité croissant au fur et à mesure des progrès de la médecine et de l’alimentation, que la société de consommation de plus en plus vorace en énergie, pouvaient entraîner le monde à sa perte.
C’est ainsi que les événements ont commencé. Dans la naïveté de l’homme persuadé de dominer le monde à jamais, incapable de concevoir que la terre puisse seulement s’épuiser, la couche d’ozone se réduire et laisser apparaître des trous. Les climats se sont déréglés et les grandes catastrophes naturelles sont devenus le quotidien d’une planète exsangue (tsunami, tornades et typhons, fonte des glaces, augmentation du niveau de la mer…). La terre se révoltait, le pétrole se tarissait et les résidus fissiles de l’atome, toujours aussi encombrants, jonchaient le fond de nos océans en pourrissant l’air de Tchernobyl.
Cette vision cataclysmique n’est pas l’apanage d’une seule catégorie de rêveurs déconnectés de la réalité, utopistes et vieux rebelles à l’industrialisation de la planète…elle est aussi le cri angoissé d’hommes de culture et de sciences, de politiques et de citoyens parcourant le monde et se rendant compte des ravages sur l’écosystème de la technologie moderne, de la consommation effrénée, de la nature polluante des rejets de l’homme. Combien de dizaines d’années pour éliminer un simple sac en plastique ou une bouteille de soda que l’industrie accouche par millions d’unité en une ronde infernale ? Combien faudra-t-il d’électricité pour que l’homme n’ait plus peur du noir et cesse d’enfourner des milliards de mégawatt dans l’éclairage de ses rues ?
La deuxième moitié du 20ème siècle sera le point culminant de cette confrontation entre le génie de l’être et sa formidable inconscience dans l’accaparement de ses ressources premières, entre l’esprit d’entreprise hérité des pionniers et les appels angoissés de ceux qui guettent les prémices d’une tragédie planétaire.
Malgré les freins qu’opposent les industriels et managers d’une économie en recherche permanente de productivité, certains ont lancé des cris d’alarmes, encouragés par les premiers constats flagrants des dommages irréversibles causés à la terre. L’écologie politique est née dans cette mouvance. Mais l’écologie est sortie du cadre strict de la politique. Qu’on le veuille où non, à l’aube du troisième millénaire, elle s’est ancrée durablement dans l’inconscient collectif de la population, elle est devenue une réalité incontournable de la réaction des masses aux peurs engendrées par un avenir qui parait incertain.
Si le problème de l’eau faisait sourire les agriculteurs en 1970, qui dorénavant, ne sait point que la pollution par les phosphates des engrais des nappes phréatiques est un vrai problème qui touche même un pays largement arrosé comme la France ?
Qui n’a pas conscience que la fonte des glaces aux pôles est une vraie menace pour des millions de gens et des régions entières susceptibles d’être submergées ?
Qui ne connaît le problème de la couche d’ozone et la concentration des gaz à effet de serre porteurs de drames à l’échelle planétaire ?
Qui n’a pas conscience que, pour la première fois de l’humanité, ceux qui vivent ne sont pas certains de pouvoir léguer à leur propres enfants une terre en état de pourvoir à leurs besoins ?
C’est ainsi que, de la masse des foules aux classes dirigeantes, l’appréhension des vrais problèmes de notre environnement a entraîné une prise de conscience et la nécessité d’intervenir et de réguler les facteurs de la pollution. Le protocole de Kyoto et l’étape principale de cette prise de conscience. On verra que cela ne se fait pas sans opposition, (certains refusent toujours de signer ce protocole !), tous ont a géré les contradictions entre le contraintes du développement nécessaire au dynamisme des entreprises et au confort des habitants et cette volonté d’en réguler les effets pervers… mais un acte fondateur a eu lieu, un tournant a été pris que les problèmes engendrés par la pollution effective devraient conforter. Il n’y a pas de retour en arrière possible, il faudra bien que les industriels et les politiques accrochés à leur mode de pensée unique l’acceptent. Espérons alors qu’il n’est pas trop tard et que l’avenir se lèvera encore pour les générations futures !
Vers le protocole de Kyoto.
Le 11 décembre 1997, jour de la signature du protocole, n’est pas un aboutissement. C’est une étape dans un processus, une date symbolique charnière qui montre que les préoccupations sur le climat deviennent une réalité et qui fixe des objectifs précis.
C’est le 16 septembre 1987, à Montréal, que le protocole relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone est adopté, première geste déterminant sanctionnant une prise de conscience de la nocivité des rejets dans l’atmosphère.
Dans la foulée, un groupe intergouvernemental sur l’évolution des climats est créé conjointement par l’organisation météorologique mondiale et le programme des Nations Unis pour l’environnement en 1988.
En juin 1992, la convention cadre des Nations Unis sur les changements climatiques (CCNUCC) est adoptée à Rio de Janeiro, au sommet de la terre. Son objectif est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau tolérable pour l’équilibre climatique.
En mars/avril 1995, les parties entamèrent un round de négociations dans ce qui allait s’appeler le mandat de Berlin en vue d’engagements plus solides et détaillés concernant les pays industrialisés.
Cela débouchera, plus de deux ans après, sur le protocole de Kyoto. 84 pays le signèrent, indiquant leur intention de le ratifier, même si par la suite un certain nombre de signataires se retirèrent et non des moindres, comme les Etats-Unis et l’Australie.
Le protocole de Kyoto fixe des objectifs obligatoires sur les émissions de gaz à effet de serre pour les pays leaders sur le plan économique. Ces objectifs vont de -8% à +10% par rapport au niveau d’émission de 1990 en vue de réduire de -5% sur la période d’engagement de 2008 à 2012.
Ce texte tient compte d’un certains nombres de critères et varient d’une nation à l’autre. L’Union Européenne doit diminuer de 8%, les Etats Unis de 7%, Le Japon et la Pologne 6%. D’autres doivent stabiliser leur niveau d’émission comme la Nouvelle Zélande et la Russie ou l’Ukraine. D’autres peuvent augmenter leurs émissions comme la Norvège de 1% et l’Australie de 8%.
Parallèlement, l’Union Européenne a effectué un arrangement interne en affectant des taux différents à ses membres. On va de 28% de réduction du Luxembourg, 21% au Danemark et à l’Allemagne, à 25% d’augmentation pour la Grèce et 27% pour le Portugal.
Le protocole de Tokyo introduit toutefois une certaine flexibilité pour atteindre ses objectifs. La principale consiste en un mécanisme de compensation. Les pays industrialisés peuvent compenser leur émission en développant des « puits » (des forets qui absorbent le dioxyde de carbone). Ils peuvent aussi financer à l’étranger des projets ayant pour but de réduire l’émission de gaz à effet de serre.
Un marché de droits d’émission est institué entre des pays qui pourront vendre leur droits à d’autres qui pourront les acheter en compensation de leur surémission de gaz à effet de serre.
Le Protocole de Kyoto doit être ratifié par 55 pays comptant pour 55% d’émission de GES pour devenir contraignant.
De nombreuses rencontres seront nécessaires pour atteindre cet objectif.
Novembre 1998 : La Conférence des parties de Buenos Aires
Elle définit un plan d’action sur les mesures concrètes à prendre. Elle insiste sur l’importance des mécanismes d’aides aux pays en voie de développement.
Novembre 2000 : Conférence de La Haye.
L’objectif de définir les règles d’application du Protocole de Kyoto fut un échec. 3 groupes s’affrontent avec des conceptions différentes. Le groupe « Umbrella » Etats- Unis, Russie, Japon, Canada qui veut un marché mondial des droits d’émission, l’UE qui assimile le marché des droits d’émission à un complément aux mesures de réduction et le G77, coalition de pays pauvres et touchés par la monté du niveau de la mer dont la chine est le leader est qui rejettent sur les pays riches kles perturbations causées par les gaz à effet de serre.
Le retrait des Etats-Unis du protocole de Kyoto est un coup de tonnerre.
Juin 2001 : Conférence de Bonn.
C’est un véritable décret d’application qui est signé après d’âpres négociations et la perspective réelle d’un échec.
4 sujets sont traités sur lesquels des compromis seront trouvés.
1) Le financement des mesures pour aider les pays du sud.
2) Le marché des droits d’émission de GES et le transfert des technologies.
3) Les puits de carbone
4) les sanctions
Octobre 2001 : Conférence de Marrakech
L’objectif était de traduire en langage juridique les 14 pages de l’accord politique de Bonn. La nécessité de s’entendre malgré le forcing des pays de l’Umbrella pour un maximum de flexibilité, obligea à des concessions importantes notamment envers la Russie (33 millions de tonnes supplémentaires), dont la signature était indispensable depuis le retrait des Etats-Unis et dans l’autorisation de comptabiliser les productions agricoles et forestières des pays signataires.
3 conférences des parties eurent lieu par la suite afin de continuer à affiner le dispositif de mise en œuvre du protocole de Kyoto. New Delhi (octobre 2002), Milan (décembre 2003), Buenos Aires (décembre 2004) ;
Le 16 février 2005, le protocole de Kyoto est entré en vigueur. 141 pays sont adhérents. Il a fallu plus de sept ans de négociations et de travail pour arriver à ce résultat. Entre 2008 et 2012, les 37 pays les plus industrialisés qui y ont adhéré doivent collectivement réduire leur émission de gaz à effet de serre de 5% par rapport à leur niveau de 1990.
Les Etats-Unis, le pays le plus polluant de la planète, n’ont toujours pas ratifié le protocole de Kyoto.