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Laisse la Gondole à Venise !

Publié le par Bernard Oheix

Laisse la Gondole à Venise !

Venise l'éternelle... Tant de fois arpentée, pendant le carnaval, la Mostra di Venezia avec Sandro Signetto et Daniele Frison, en voyage d'amoureux, avec des amis, logeant sur l'île de la  Giudecca, chez mon amie Chiara Samughéo, la photographe des stars...

Et à chaque fois le même coup de coeur, la même impression de survivre au temps et de communier avec l'indicible, la terre et la pierre, la beauté et l'usure, le passé et le futur de l'homme !

Cette fois-ci, c'est en compagnie de deux petites filles, les nôtres, que nous avons décidé de nous embarquer pour un voyage sans frontières. Lise, 10 ans et Alma 5 ans vont découvrir avec leurs grands parents les mystères insondables d'une ville hors du temps !

L'avion de Paris et après deux heures de vol, un bus qui nous dépose au Piazziale Roma pour enfin monter dans ce premier vaporetto avec lequel elles vont descendre le Grand Canal, les yeux éblouis.

Pendant 5 jours  elles vont arpenter les rues surplombant les canaux, visiter des des palaces et monuments improbables....

Laisse la Gondole à Venise !

Elles auront mêmes droit à cette balade en Gondole, sous le charme d'un gondolier avenant, sillonnant les canaux, se glissant entre des cohortes de touristes tout autant fascinés qu'elles.

La Piazza San Marco, Il Pallazo Ducale, le slalom entre le beau temps et les orages jusqu'à l'instant précis d'une photo qu'elle garderont comme un souvenir inaltérable !

Le pont des soupirs heureux !

Le pont des soupirs heureux !

Et c'est ainsi que s'achève une aventure qu'elles n'oublieront jamais. Les yeux ouverts, elles rejoignent ces cohortes de gens fascinés par l'inconcevable. Mais ce faisant, elles emportent dans leur imaginaire, outre un ville incertaine, la certitude d'un moment de grâce absolu avec leurs grands-parents.

Nous devenons nous aussi, par la magie de ce moment, un instant d'éternité niché à jamais dans leur mémoire !

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Journal d'un Cinéphile Cannois.

Publié le par Bernard Oheix

La nouvelle vient de tomber : Mon livre sur le cinéma va paraître début mai. Conjuguer l'écrit en support de l'image est un rêve que j'avais depuis si longtemps.

Je vous donne en apéritif cet extrait afin de vous ouvrir l'appétit, enfin je l'espère, et pour en connaître la suite il vous faudra débourser la modique somme de 22euros. Vous allez voyager dans l'univers des images animées d'une ville hors du commun !

5 - Vraies et fausses cartes de presse !

Il y a de nombreuses méthodes pour assister à la séance Graal d’un film en compétition au Palais des Festivals. J’ai eu l’opportunité en quarante-cinq éditions de toutes les explorer ! Petit bréviaire donc du chercheur d’or cinéphilique à la conquête de sa toison d’or !

Et tout de suite, deux possibilités à déconseiller. La première est humiliante: se vêtir d’un smoking avec nœud papillon, se poster dans l’environnement direct du Tapis Rouge avec un petit écriteau « cherche deux places pour assister au lm en compétition : PS : une seule su rait!»

Soyons lucide, outre la possibilité infime d’en trouver une (et a fortiori deux!) vous allez être ridicule dans votre frac loué pour l’occasion avec, en prime, de grandes chances de terminer seul votre soirée devant la télé, sans votre copine qui aura compris que vous étiez prêt à l’abandonner pour un Kurosawa, ou pire, un film Bulgare de 3 h 27 sous-titré anglais !

La deuxième a bien fonctionné mais est devenue obsolète : se promener dans la contre- allée de l’ancien Palais, lancer une œillade au gardien de la porte de secours qui s’avère être l’oncle d’un copain de classe, lequel vous fera un signe discret pour vous donner le feu vert, au moment du générique du Festival, quand les places libres ne pourront plus être occupées. Avec moi, cela a bien fonctionné une vingtaine de fois mais pour ce faire, il était nécessaire d’être Cannois, de tomber sur le bon vigile et tout cela bien avant que les consignes de sécurité drastiques de l’époque actuelle vous fassent apparaître comme un dangereux terroriste de vouloir satisfaire votre appétit de 7e Art !

Bien évidemment, il y a aussi la possibilité permanente d’être le fils d’un commerçant de la rue d’Antibes... Mais ce n’est pas donnée à tout le monde, hélas !

C’est donc vers une troisième option qu’il faut se tourner :

Avoir une carte de presse d’un quotidien local... Ce qui n’est pas toujours facile mais se trouvait être justement mon cas. Pour ce faire, il vous suffit d’écrire sur le hand-ball dans le journal Nice-Matin ou, si vous êtes communiste, que vous fassiez des articles de cinéma dans Le Patriote vendu par vous-même à la criée du Marché de Magnan aux sympathisants faisant leurs courses.

Toutefois, ce petit sésame ne vous permet en aucun cas d’accéder à la Montagne Magique de la compétition, tout au plus vous autorise-t-il à accéder à un de ses périphériques comme la Quinzaine, moins regardant sur les états de service de l’impétrant critique en mal de places!

Voir les films de la Quinzaine, c’est bien, surtout quand on connait la liste des réalisateurs qu’ils ont lancés à Cannes... Mais impossible alors de prétendre faire son palmarès en même temps que les jurés!

Alors comme quatrième option, il reste la débrouille... Ou l’art d’être faussaire !

Dès 1973, une bande de cinéphiles enragés, gravitant autour de l’université de Nice et de la section Histoire du Cinéma, sous le regard d’un Jean A Gili, maître impérial et amusé, a trouvé la martingale magique : de vraies fausses cartes de presse !

Un ami étudiant corse honorablement connu (dont je tairai le nom) ayant un cousin Bastiais qui possédait une imprimerie, sur la base d’une authentique carte de presse récu- pérée à la fin du Festival 1972, réalisa une vingtaine de passeports pour le paradis du 7e Art pour une modique somme incluant son temps de travail (et le temps de travail en Corse, c’est sacré!) et les quelques frais de papiers et de tirages nécessaires à la réalisation de ces «passe-partout» sophistiqués et totalement clandestins.

Ce n’était pas cher payé un visa pour le paradis !

Mais...

Merci à mon éditeur, Frédéric Ovadia et à son assistante, Laurence Berlioz qui m'ont autorisé à rêver d'un monde meilleur, celui de l'image et d'un son dans la perfection d'un noir complice qu'une lanterne magique vient illuminer !

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Divagations : la cinéphilie du désespoir !

Publié le par Bernard Oheix

Dans ma quête pour trouver des documents pour mon livre sur le cinéma qui va paraître prochainement, j'ai plongé dans mon grenier de la mémoire à la recherche du temps perdu... Au détour d'un carton, coincé entre deux catalogues, j'ai retrouvé ce texte ubuesque, produit certainement sous l'influence d'un abus d'alcool et d'un état dépressif !

À l'époque, je fréquentais assidument une MJC, celle de Gorbella qui m'a permis de découvrir des pépites du cinéma. C'est là d'ailleurs que j'ai découvert La Stratégie de l'Araignée de Bertolucci dont je ferai le sujet de ma maitrise du cinéma sous la responsabilité de Jean A Gili, mon professeur émérite qui m'a guidé sur les chemins de la critique cinématographique.

Je pense que ce texte devrait vous divertir, je l'espère, et vous l'offre en cadeau de ce 1er avril !

Scène 1 : où, quand et comment, V G E dit Voila Gégé l’Enflé se retrouve en train d’avouer son forfait : C’est vrai que j’ai vu des films sur le tiers monde à la MJC Gorbella… », déclare-t-il avec impudence.

L’action se situe dans les locaux d’un inspecteur de la police. Les traits déformés, V G E, tristement connu dans le milieu est prêt à craquer. La lumière d’un flash dans les yeux, deux annuaires téléphonique (celui du Gard et de la Haute Marne) sont maintenus en équilibre sur sa tête par un jeune inspecteur qui fait du zèle avec sa matraque en caoutchouc… ses traits se figent, va-t-il craquer ?

« Ok, j’avoue tout, j’y étais à Gorbella et tout seul en plus. Mais ce n’est pas de ma faute, personne ne me fait rire, la haut, et je m’ennuie. Aussi, ce vendredi 9 décembre, quand j’ai compris que mes gros copains, Ponia et Babar, allaient encore parler de politique toute la nuit, je me suis enfui.

Dans la ville, je ne savais plus où aller, quand soudain, j’ai entendu des conciliabules putrides… c’était près d’une Maison des Jeunes et il s’agissait de projection de films sur le tiers-monde et de débats avec les réalisateurs.

Je suis entré, me suis assis et le film a commencé. Il s’appelait Le Soleil des Hyènes et j’ai été obligé de fermer les yeux car il critiquait le Club Med. Le pire, c’est après, quand j’ai dû subir Fuera De Aqui, un film vraiment de gauche d’un certain Sanjines, un latino-américain..

Là, je dois dire, j’ai failli être convaincu qu’il fallait voter à gauche. Heureusement, depuis, Ponia m’a expliqué que ces massacres, ces miséreux faméliques, ces militants qui ont faim et luttent contre l’impérialisme ne sont que des propagandistes.

Quand au troisième film, Émitaî, il ne fait pas de politique, lui. Il montre simplement que les noirs du Sénégal étaient contents d’être engagés de force comme tirailleurs…et que c’est par maladresse que l’on a rasé leur village !

Bon, je peux vous avouer que les places à la MJC ne sont pas chères, que les séances ont lieu à 15h, 19 et 21 h et que cette manifestation est organisé par le comité catholique contre la faim et pour le développement, avec l’aide de l’église réformée de Nice et bien sûr la MJC Gorbella !

Aveux enregistrés par P-R Pignan

 

Scène 2 : Où, quand et comment V G E dit Voila Gégé l’Enflé avoue avoir visionné tous les films de la cinémathèque de Nice consacrés au cinéma soviétique !

« Il faut me pardonner, mais les séances étaient gratuites et mes fins de mois sont difficiles en ce moment à cause de mon pote Babar qui rackette tout le monde ».

L’action se situe au même endroit que précédemment. C’est en effet le même jeune et zélé inspecteur qui a déniché un trou dans l’emploi du temps de V G E, le tristement célèbre caïd du milieu parisien.

Sommé de s’expliquer, l’inculpé va-t-il une nouvelle fois craquer ?

« -Bon, j’avoue tout. J’y étais à cette cinémathèque du Vieux-Nice… mais ce n’est pas de ma faute, je le jure. Quand je suis rentré de Gorbella, Ponia et Babar m’ont embêté. J’ai pris un livre, Démographie Française, mais il était bête et m’ennuyait. En désespoir de cause, j’ai allumé la télé mais cousin Chichi faisant semblant de me critiquer en pérorant sur mon poste qu’il convoitait, j’en suis persuadé, bien qu’il n’ait aucune chance de l’avoir, c’est sûr et certain !

En désespoir de cause, je suis parti dans la vieille ville. J’avais un manteau léger et le froid m’a saisi, j’ai cherché un asile et je me suis retrouvé dans une salle chaude mais pleine de russes avec des trucs bizarre qui passaient sur l'écran.

J’ai enchaîné 12 films en 4 jours et je peux vous affirmer qu’ils étaient pratiquement tous excellents. Il faut montrer ces films pour que les gens se ruent dans les cours de Karaté du Cacel !

Lénine en Pologne, L’enfance d’Ivan de Tarkowski, Débuts de Panfilov sont trois films qu’il est indispensable d’avoir vu. Mais il y a aussi les autres, les « vieux »  Eisenstein, les Dziga Vertov et La Prime qui se permet même de faire de l’auto-critique.

Où va-t-on s’ils se critiquent eux-mêmes ces russes ?

Ce qui était terrible pour moi, c’est de voir que ces russes ont l’air de croire en ce qu’ils réalisent.

Si cela continue, nos électeurs ne vont plus croire en moi et même se mettre à voter coco !

Enfin, monsieur l’inspecteur zélé, je vous demande de me donner un grand coup de matraque sur la tête pour oublier tous ces films qui me hantent. En plus, ces 12 films sont présentés gratuitement par France-URSS et la cinémathèque…on ne va pas faire leur publicité… Et puis comme dit mon copain le toubib, « -Après les films…c’est quand les chars soviétiques sur la place Masséna ? »

Bon étrangement, ni la MJC Gorbella, ni la cinémathèque n’ont utilisé cet argument de promotion de leurs manifestations…mais qu’est-ce que l’on a pu rire ensemble à la lecture de ce scénario manifestement pas abouti !

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Les Césars d'un cinéma de richesse et les Oscars de la désillusion !

Publié le par Bernard Oheix

Les Césars avaient ouvert les chemins de l'espérance dans une saison cinématographique d'une richesse incroyable, quand le cinéma jongle avec la vie et prouve à l'évidence la qualité du système français et de son financement. Ce 7ème Art, dévoile au monde entier la créativité d'un pays de tolérance et, comme l'ouverture des jeux olympiques, fait rêver sur la richesse et l'inventivité d'une nation ancrée dans la démocratie et porteuse d'espoir en l'humanité.

Il n'est pas inutile de s'en souvenir à l'heure où certains rêvent de déconstruire le monde, comme Trump, et où d'autres, comme l'extrême droite française, ont comme objectif de supprimer les aides au cinéma et d'enclencher la privatisation des chaines de télévision...

Quelle fut riche cette saison cinématographique 2024 !

De la Pie Voleuse de Guédiguian (injustement sous-estimé !) à En Fanfare d'Emmanuel Courcol (avec le même Guédiguian en producteur !) au Royaume de Julien Colonna et à Borgo de Stéphane Demoustier (dans une filière portant sur l'île de beauté particulièrement riche !), les propositions ont été nombreuses et diversifiées.

Mais les 3 films qui se dégagent de cette pléthore d'excellence et font briller notre cinématographie aux yeux du monde sont Le conte de Monte-Christo d'Alexandre de La Pattellière et Matthieu Delaporte avec un Pierre Niney sublime, L'Histoire de Souleymane de Boris Lojkine avec un jeune acteur Abou Sangaré bouleversant dans son propre rôle d'exilé de l'intérieur, et pour conclure, un chef d'oeuvre, Emilia Perez de Jacques Audiard, OFNI de la pellicule, qui conjugue une modernité et un brio qui touchent à la magie porté par des actrices incroyables, Karla Sofia Gascon, Selena Gomez et Zoe Saldana.

Ces 3 réalisations s'inscrivent à jamais dans le grand livre ouvert par les frères Méliès en 1895, que chaque année, les césars récompensent. Qu'elle fut belle cette compilation et combien nos artisans du bonheur ont touché à la grâce en oeuvrant pour tracer un chemin dans la jungle d'un monde qui a perdu son sens premier du bonheur !

 

Restait l'épreuve des Oscars pour conquérir le monde !

Mais dans ce pays qui a perdu le sens de la raison, sous la coupe d'un duo mortifère réunissant l'ultra-puissance de l'homme le plus riche de la planète et la folie authentique d'un Trump, dictateur de tragédie, les choses vont s'avérer plus complexes et les choix plus contestables.

Et le coup de Trafalgar du Festival de Cannes va se renouveler !

Anora, une comédie sans grande saveur, avait volé la Palme d'or à Émilia Perez... qui avait récupéré le Prix du Jury en maigre consolation. L'inverse eut semblé plus cohérent, mais les raisons d'un jury sont insaisissables ! Rebelote donc à Los Angeles, dans ce pays plus à même de parler des enfants des russes riches en exil que de saisir les subtilités et la force musicale d'un trio d'actrices, dont une transgenre qui fait désordre dans le panorama actuel !

Résultat : deux Oscars de consolation, le second rôle pour la sublime Zoe Saldana et la meilleure chanson pour une bande musicale d'exception (création de Camille et de Clément Ducol) qui porte le film de Jacques Audiard à un niveau de passions rarement atteint.

Et pour le reste, on attendra que le monde soit en pleine déroute pour observer les conséquences de l'inconséquence, la perte de repères des hommes devant ces dirigeants qui mènent le monde vers un désastre annoncé devant la force brutale et l'absence d'humanité d'une classe dirigeante coupée de la réalité d'un univers où seule la raison devrait compter !

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Le Cirque Phénix

Publié le par Bernard Oheix

Le Cirque Phénix

L'univers du cirque Phénix avec Cirkafrika, les Étoiles du cirque d'Éthiopie, est une plongée incroyable dans un univers décalé, entre la musique interprétée en live et le mouvement perpétuel d'une trentaine de femmes et d'hommes jonglant avec les limites de la physique, entre la prouesse et la beauté d'un geste libéré de la pesanteur et reculant la frontière du possible jusqu'à l'extrême du concevable !

C'est un spectacle à vivre en famille avec la certitude de toucher à la grâce d'une porte ouverte sur l'infini !

Que ce soit dans des numéros traditionnels, sur un fil, en jonglant, sur des patins à roulettes, dans des corps à corps, un antipodiste de magie, dans les airs  où les artistes se déploient avec naturel en défiant les lois de l'équilibre, les numéros s'enchaînent en rythme, sans temps morts, toujours à la frontière de l'indicible, dans le swing d'une musique qui transporte et les voix des 2 chanteuses sublimant les efforts des circassiens.

Il y a aussi les danses qui viennent souligner l'unité du groupe et permettent des césures afin de préparer la scène aux numéros qui s'enchainent avec brio.

Même les rares loupés deviennent des éléments du spectacle, les artistes recommençant jusqu'à la perfection, laissant le spectateur en haleine, ébloui de tant de virtuosité.

J'ai eu le privilège de programmer beaucoup de cirques modernes, mais là, on entre dans un autre monde, quand la perfection se fait dans le bonheur de ces jeunes qui évoluent avec un sens du tempo qui embarque la salle suspendue à leurs prouesses.

Le bonheur est dans la salle et à l'heure où tant de haine se répand au fil des déclarations de nos dirigeants, ces artistes à la peau d'ébène, au corps façonnés par les répétitions, à la volonté de fer d'atteindre l'excellence nous prouvent, une fois de plus, que l'humanité du coeur et de la passion peuvent encore exprimer le bonheur du partage.

Bravo à l'équipe de l'évènementiel du Palais des Festivals et à Sophie Dupont sa directrice qui montre par l'excellence de ses choix, que les portes d'un avenir meilleur peuvent encore s'ouvrir !

Et que vive le Cirque Africa d'Éthiopie et son message d'harmonie !

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Éloge des enseignants.

Publié le par Bernard Oheix

À l’heure où le monde enseignant et en première ligne et subit les foudres d’une partie de la jeunesse et de leurs parents, dans cette période où plus rien ne trouve grâce aux yeux d’une majorité de Français engagé dans un flirt avec l’extrême droite, quand Trump peut parader en compagnie de son acolyte Muské, je pense à mon passé, à ma jeunesse, à ma scolarité. Nous avons tous rencontré des enseignants qui nous ont particulièrement marqués. Moi, j’en ai eu 5 en 20 ans qui m’ont façonné ! 5 soleils déterminants qui m’ont, sans aucun doute, sauvé la vie, permis d’être au mieux de ce que je pouvais devenir, éviter de plonger dans les eaux noires du désespoir où l’anonymat des sans espoirs.

Le premier est un instituteur à l’ancienne, monsieur Legal qui a convaincu mes parents de ne pas m’aiguiller vers le  «certificat de fin d’études» malgré des résultats scolaires catastrophiques en CM2. Il faut dire que j’étais traité par un psychiatre/boucher comme para-épileptique à coup de médicaments à assommer un boeuf (trimétadione/ Phénobarbital...) et que ce barbare héritier de la tradition d’une psychiatrie américaine toute neuve (celle de Vol au dessus d’un nid de coucou ou de Shok Corridor) avait annoncé à mes parents que je ne ferai jamais d’études. Je me souviens en contrepoint, encore aujourd’hui de la voix de Monsieur Legal tentant de convaincre mes parents «-il faut lui donner sa chance, comme à ses frères. Il a quelques petits problèmes mais laissez le aller en 6ème tenter le coup. Il va murir, les enfants ne vont pas tous à la même vitesse.» Et c’est peut-être pour le remercier, ce directeur de l’école communale de Mouans-Sartoux à l’ancienne, vêtu de sa blouse grise, avec ses marques de craie blanche sur les doigts que je me suis acharné à ne pas le trahir et à finir mes études avec 2 licences, 2 maitrises et un DEA... 

 

Et puis il y a eu Dédé Aschiéri, au collège de La Bocca en 4ème et 3ème. Un jeune prof de math représentant l’avenir et ce 68 qui s’annonçait à l’horizon. Beau, intelligent, ouvert, parlant aux élèves, construisant des projets avec eux. La modernité en marche. Il me fit basculer dans le handball (j’étais un piètre footballeur !) dont il était l’entraineur, m’initia à la philosophie de la vie, me prépara à devenir un homme...même s’il me fit croire faussement que j’étais un «scientifique» et que je pouvais viser la filière «S», son seul tort à mes yeux !

Merci Dédé de m’avoir lancé sur les chemins de la vie. Il faut dire qu’entre temps, j’avais expédié le boucher/psychiatre dans les limbes grâce à une psychologue révolutionnaire de Cannes (Mademoiselle Quertant) et que j’arrivais enfin, libéré de mes médications à être un peu moi-même ! Toi, tu allais devenir le maire inamovible de Mouans-Sartoux (plus de 40 ans sans opposition !) et même un député Ecolo extraterrestre dans un territoire du Sud plus à l’extrême droite que la moyenne !

 

En terminale au lycée Carnot de Cannes, c’est un prof de philosophie qui me permit de comprendre et de digérer les soubresauts d’un mois de mai 68 pas ordinaire vécu l’année auparavant en première.  Je me souviens de son premier cours. «-Voilà, je suis votre professeur de philosophie, je m’appelle monsieur Blanche et comme vous le voyez, je suis noir. Bien, vous avez 5 mn pour en rire et après, on en reparlera plus !». Et toute l’année, chaque cours devint une aventure intense, un moment de réflexion profonde et un moment d’apprentissage, de jongleries intellectuelles, de découvertes de ce qui sous-tend le réel et ne se voit pas toujours mais qu’il est indispensable d’explorer. Merci Monsieur Blanche, colosse sur votre vélo sillonnant les routes de la région et qui avez marqué tant d’élèves de votre sceau, de m’avoir fait entrer dans l’âge des idées à défaire et des constructions intellectuelles à élaborer.

 

Et il m’en reste deux pour le final, l’université de Nice où j’ai passé 10 années de bonheur. Deux professeurs jeunes, héritiers de  cette tradition française des lettres mais en phase avec un présent complexe où les professeurs se devaient de muter et les étudiants se cherchaient une nouvelle place.

 

L’un est toujours mon ami, Jean A Gili, professeur de cinéma, section Licence d’histoire. Il fut mon directeur de mémoire de Maitrise (mention Bien) «L’ambiguïté et l’incertitude en miroir» sur Bernardo Bertolucci, dont une grande partie fut édité dans un collectif de la collection 7ème art, sous sa direction. Il est le grand spécialiste du Cinéma Italien (Ah la richesse de ce cinéma dans les années 60 et 70 !) et nous sommes restés amis, à travers toutes ces années. Il m’avait fait l’honneur d’être Président de mon jury de la pyrotechnie il y a une vingtaine d’années. On s’est encore revu récemment en se promettant de ne pas laisser filer le temps sans se retrouver régulièrement. Merci Jean, de m’avoir pris sous ton aile et d’avoir sublimé mon amour du 7ème art.

 

L’autre s’appelait Max Gallo. Imaginez le bonheur d’avoir eut Gili et Gallo en même temps en année de licence... auxquels on pourrait même rajouter Christian Loubet pour l’étude des civilisations Mayas et Aztèque. Période fertile s’il en fut. Dans une France en effervescence, deux lumières pour nous guider, nous éclairer et nous transmettre l’amour de la réflexion, du savoir, de l’interrogation.

Il venait de publier son double livre sur le Franquisme et son opus sur Mussolini, se faisant de nombreux jaloux dans le monde universitaire où son succès public faisait bien des envieux. Il préparait La Baie des Anges et quittera l’enseignement quelques années après avoir été mon prof.

 

Je me souviens avec Max  Gallo d’un exposé avec Sylvie Gros, ma complice d’enfance, sur la succession de Lénine. Trotsky/Staline, le duel... Dans un exposé enlevé, nous l’avions mimé et vécu cette Russie soviétique en train de se déchirer pour l’héritage d’un pouvoir sans partage. C’était le début des «exposés» comme méthode de fond, et nous nous étions mis en scène avec passion et je dois l’avouer, un certain talent. Max Gallo avait écouté sans broncher, les étudiants applaudirent. Et lui d’intervenir : «- Quel brillant exposé. Pour la forme c’était parfait, vivant, passionnant. Quand au fond, si vous le permettez, réduire l’opposition Staline/Trotsky a un conflit quasi oedipien me parait un peu osé ! Alors je vais quand même vous donner un 13... mais je vous en supplie, ne réduisez pas le courant de l’histoire à de la psychologie de comptoir. L’histoire c’est avant tout l’analyse des faits dans leur perspective historique, pas des suppositions aléatoires sur des états d’âmes supposés. Revenez aux faits ! Mais bravo quand même ! 13, cela vous convient ?

 

Comment résister. J’avais même un ami étudiant en droit (Dominique Aubin) qui venait assister à ses cours par pur plaisir. C’était magique, de haute volée, un pur esprit brillant attaché à transmettre.

je ne l’avais plus revu jusqu’à un Festival du Livres de Nice où il était l’invité d’honneur. Académicien, ex-politicien de  gauche appelant à voter pour Sarko..Image brouillée ! Pourtant, nous avons eu l’occasion de reparler en tête à tête et je lui avais raconté l’anecdote de notre exposé sur la filiation de Lénine. Il avait souri et m’avait dit «- Finalement, ce 13, c’était un bon compromis entre l’histoire avec un grand H et votre propre histoire !». Respect !

Honneur à ces esprits éclairés. Grandeur de ce corps d’enseignants qui a formé des générations de jeunes avides de trouver des réponses à leurs interrogations.

Merci à vous tous de mener votre mission avec tant de passion !

PS : Et si vous pouvez éviter de les agresser, de les molester voire de les tuer, et un tant soit peu les respecter, vous ferez une bonne action !

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Noël : mon anniversaire !

Publié le par Bernard Oheix

Julien et Angéla, mes enfants du bonheur, ont frappé fort en cette fin d'année 2024 : une location d'un gite pour fêter Noël et mon anniversaire, en famille, dans la forêt Bressane et son brouillard à couper au couteau. En 1980, Directeur de la MJC de Bourg, je pensais changer le monde avec ces jeunes avides d'expériences et qui étaient prêts à tout pour exister et créer des évènements hors-normes. Belle époque des MJC, quand elles tenaient les quartiers et permettaient aux populations de se croiser, de se parler et de se socialiser.

Un demi-siècle plus tard, les MJC ont sombré et les quartiers s'embrasent !

Mais ces vacances dans cette ville où nous avons tant d'amis furent merveilleuses, moments de bonheur et de retrouvailles avec un passé de passions.

Et mon cadeau d'anniversaire fut à la hauteur de l'émotion qui m'étreignait : un poème de ma petite fille de 9 ans, lu devant tous le monde, sa voix fragile osant affronter les regards des neveux, cousins et amis venus devant un feu de bois pour s'aimer et fêter l'élection de Trump (heu ! je crois que je me trompe sur ce point !).

Je vous offre ce poème comme le message d'un amour de partage, pour l'incroyable magie de ce texte né dans le cerveau d'une enfant qui jongle avec les mots et fait danser les rimes.

Merci ma Lise de m'avoir offert ce moment de rêve dans un monde qui se fracture !

 

Noël

 

 

Quand on parle de Noël

On pense à Belle

Mais dehors il neige,

Et ça tourne comme un manège.

On prépare le sapin

Qu’on saupoudre

De poudre de perlimpinpin.

On entend la chorale

Qui fait partir le mal

Et vive le vent

Efface les tourments

Et les bougies

Éclaire le bonheur

Quand ça vient du cœur.

Je t’écris ce poème

Car je t’aime.

Joyeux anniversaire

Mon cher grand-père.

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Ma 1ère baignade de l'année !

Publié le par Bernard Oheix

Ma 1ère baignade de l'année !

Il fallait bien, au sortir des brumes noyant les paysages de la Bresse, que je rentre afin d'assumer mon authentique challenge, un 1er bain 2025, dans une mer démontée (enfin agitée !) à 15°, par un temps maussade et une brise glaciale. Dommage, si je l'avais fait le lendemain, j'aurai eu droit à un soleil éclatant et  et à une eau à 16°.

Qu'importe, avec Thérèse et la copine Marie-Laure, la yogi fournisseuse de champagne, nous avons sacrifié au rituel d'une nouvelle année et je ne l'ai pas regretté tant celle-ci me donnait l'envie de balayer les scories du passé.

Ma 1ère baignade de l'année !

Mais ce que nous réserve l'avenir, même un café extra-strong ne peut nous le confier.

Entre les délires Trumpiens, les atrocités des dictateurs qui règnent sur une grande partie du globe, l'inconséquence des gens, les fakes véhiculées par des réseaux de plus en plus à la botte des puissants, la Musk-truosité d'un fou délirant se jetant aux pieds de tous les fachos de service, l'année ne sera peut-être pas vraiment amusante.

Il me restera toujours le sourire de deux anges (Lise et Alma) pour inviter les dieux à partager nos agapes terrestres !

Bonne Année à vous et à ceux que vous aimez et à l'an prochain, on l'espère, pour un nouveau bain dans une eau lavée de ses scories et apte à nous régénérer !

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LES ENFANTS APRÈS EUX.

Publié le par Bernard Oheix

Le roman de Nicolas Mathieu avait eu un véritable succès, couronné du Prix Goncourt 2018 et de ventes records à plus de 400 000 exemplaires. C'est à cette oeuvre majeure que Ludovic et Zoran Boukherma se sont confrontés avec un talent certain pour peindre cette jeunesse paumée d'une région frappée de plein fouet par la fermeture des usines sidérurgiques. Heillange, en Moselle, 1992, et à 14 ans, le désir d'un adolescent pour les filles et son mal être de vivre qui l'empêche d'aimer.

Ce roman sera porté sur scène et à l'écran, présenté à la Mostra de Venise où Paul Kircher, le jeune héros désenchanté obtiendra le Prix du meilleur Espoir en 2024

Le film démarre en 1992, dans le marasme d'une région dévastée. Anthony Casati à 14 ans et du désir plein ses rêves. Après sa rencontre avec Stéphanie, il décide de prendre la moto iconique de son père afin de la rejoindre dans une soirée. Las, les embrouilles avec un jeune maghrébin de la cité voisine, Hacine, font qu'il lui dérobe la moto et qu'avec la complicité de sa mère, il le dissimule à son père (interpretté par un remarquable Gilles Lelouche). Pour se venger, Hacine qui est renvoyé au "bled" à cause de son vol, vient brûler la moto devant sa maison et son père, fou de rage. La famille explose.

2 ans passent, Anthony travaille dans un club nautique et recroise Steph. Il tente de nouveau sa chance et lui donne un rendez-vous pour la soirée mais le sort s'en mêle. Hacine revenu du Maroc avec un statut de dealer et de caïd agresse Anthony dans les toilettes d'un bar et il est sauvé par son père.

Il décide malgré tout d'aller à son rendez-vous avec Stéphanie.

1996. Anthony décide de s'engager dans l'armée, fuyant sa mère dépressive et son père retombé dans l'alcool, c'est sa dernière soirée de liberté. Il se retrouve au feu d'artifices du 14 juillet et croise Hacine, rangé des trafics, qui travaille et a une famille. Leur contact est apaisé et Anthony peut presque conclure avec son amour de toujours, la belle Stéphanie.

C'est en 1998 que l'affaire se dénoue, dans la folie d'une équipe black, blancs, beurs, en train d'obtenir son premier titre en football avec Zidane dans un match projeté sur un grand écran qui réunit tous les protagonistes pour terminer le cycle d'une vie de rencontres avortées après une dernière échappée.

 

C'est un grand film sur les petites choses de la vie, les errances et les rêves qui portent ceux qui n'ont rien et tentent de s'inventer un avenir. Les frères Boukherma composent une ode filmique à ceux qui cherchent et ne trouvent pas toujours un sens à leur destinée. Sur la trame du roman, avec fidélité, ils offrent le tableau réaliste d'une jeunesse perdue sur les traces de leurs parents paumés.

Reste l'espoir malgré tout, et ce film qui fait honneur à un certain cinéma à la Française, qui n'a pas peur d'affronter les petits riens pour de grandes causes et nous rappelle que le cinéma n'est peut-être pas la vie, mais qu'il peut la dépeindre sous tous ses angles afin de nous offrir un souffle d'espoir !

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La beauté et la misère du cinéma Français !

Publié le par Bernard Oheix

Deux films, l'un pour rêver et l'autre pour cauchemarder, sur le cinéma de notre pays, dans une période complexe, avec un environnement économique et politique catastrophique. Et les nuages qui s'amoncellent au dessus d'un 7ème Art qui tente plus que jamais d'exister et d'offrir des moments de rêves aux spectateurs de plus en plus attirés par les petits écrans et l'offre d'un streaming décomplexé et envahisseur.

Notre système d'aide à la création est pourtant un modèle d'efficacité, envié par les producteurs et réalisateurs de tant de pays. Et quand l'on pense que ce modèle vertueux qui a permis à notre cinéma hexagonal de rayonner sur le monde est contesté par une partie de la classe politique d'extrême droite qui veut le remettre en cause...

Mais notre histoire, ce sont aussi ces innombrables chefs d'oeuvre incomparables que tant de réalisateurs ont livrés avec la soif d'éclairer le monde et de mieux comprendre notre vie !

Puissent-ils continuer à créer dans l'insouciance de l'espérance d'un monde meilleur !

Mais, avouons-le, il n'y a pas que des réussites !

J'en prend pour preuve l'affligeante composition d'un Alain Guiraudie enfermé dans son univers délétère qui avec Miséricorde ne nous donne pas vraiment le désir de lui accorder cette miséricorde espérée. Un jeune homme revient dans le village de son enfance et tente de retrouver les traces de son passé et de renouer des liens. Ce qui aurait pu ouvrir sur une réflexion sur l'homosexualité, débouche sur une pantalonnade dont le grand architecte va être un curé bandant (dans le sens littéral du terme !) pour le corps de son bel éphèbe. Le propos se perd dans l'errance des personnages mal construits et s'ouvre sur le néant.

Dommage, le thème aurait pu introduire une belle réflexion gâchée par la facilité d'un réalisateur pour des images faciles s'appuyant sur un scénario inconsistant !

On est bien loin, hélas, des promesses de L'Inconnu du Lac !

Par contre, Emmanuel Mouret dans Trois amies va nous emporter dans le délire de ces passions de femmes à la recherche du bonheur. Trois actrices éblouissantes vont nous embarquer dans la recherche effrénée du bonheur. Camille Cottin, Sara Forestier et India Hair vont décliner avec brio toutes les variations possibles de l'amour fou. Maîtresse du mari de sa meilleure copine, femme désenchantée portant sa culpabilité après avoir repoussé l'amour exclusif de son  homme qui se brise, aventures en marge du couple, recherche éperdue d'une âme soeur, toutes les déclinaisons possibles s'entremêlent, se conjuguent, dressent un portrait saisissant de femmes en recherche d'un bonheur intime dans le trio jamais rompu de l'amitié de ces 3 êtres plongés dans le maelstrom des sentiments et de la vie réelle !

Le réalisateur jongle avec les situations, les décline dans un déséquilibre permanent et nous offre un part de vie saisissante de réalisme.

Bravo à toute l'équipe de réalisation et encore merci pour cette plongée dans l'intime des sentiments les plus humains.

Le cinéma français est si riche que même un accident de route ne remet pas en cause sa dynamique et sa force. Alain Guiraudie nous offrira, on l'espère, la possibilité de rêver avec sa prochaine réalisation et qu'Emmanuel Mouret conservera l'inspiration pour continuer à nous entrainer derrière ses films.

D'autres sont là, fourmillant de projets et tentant de nous offrir leur vision d'un monde qui nous rend meilleur.

Bravo à tous les acteurs de la production cinématographique qui nous permettent d'être fier de notre pays et rayonnent sur les écrans du monde entier !

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