Scène 1 : où, quand et comment, V G E dit Voila Gégé l’Enflé se retrouve en train d’avouer son forfait : C’est vrai que j’ai vu des films sur le tiers monde à la MJC Gorbella… », déclare-t-il avec impudence.
L’action se situe dans les locaux d’un inspecteur de la police. Les traits déformés, V G E, tristement connu dans le milieu est prêt à craquer. La lumière d’un flash dans les yeux, deux annuaires téléphonique (celui du Gard et de la Haute Marne) sont maintenus en équilibre sur sa tête par un jeune inspecteur qui fait du zèle avec sa matraque en caoutchouc… ses traits se figent, va-t-il craquer ?
« Ok, j’avoue tout, j’y étais à Gorbella et tout seul en plus. Mais ce n’est pas de ma faute, personne ne me fait rire, la haut, et je m’ennuie. Aussi, ce vendredi 9 décembre, quand j’ai compris que mes gros copains, Ponia et Babar, allaient encore parler de politique toute la nuit, je me suis enfui.
Dans la ville, je ne savais plus où aller, quand soudain, j’ai entendu des conciliabules putrides… c’était près d’une Maison des Jeunes et il s’agissait de projection de films sur le tiers-monde et de débats avec les réalisateurs.
Je suis entré, me suis assis et le film a commencé. Il s’appelait Le Soleil des Hyènes et j’ai été obligé de fermer les yeux car il critiquait le Club Med. Le pire, c’est après, quand j’ai dû subir Fuera De Aqui, un film vraiment de gauche d’un certain Sanjines, un latino-américain..
Là, je dois dire, j’ai failli être convaincu qu’il fallait voter à gauche. Heureusement, depuis, Ponia m’a expliqué que ces massacres, ces miséreux faméliques, ces militants qui ont faim et luttent contre l’impérialisme ne sont que des propagandistes.
Quand au troisième film, Émitaî, il ne fait pas de politique, lui. Il montre simplement que les noirs du Sénégal étaient contents d’être engagés de force comme tirailleurs…et que c’est par maladresse que l’on a rasé leur village !
Bon, je peux vous avouer que les places à la MJC ne sont pas chères, que les séances ont lieu à 15h, 19 et 21 h et que cette manifestation est organisé par le comité catholique contre la faim et pour le développement, avec l’aide de l’église réformée de Nice et bien sûr la MJC Gorbella !
Aveux enregistrés par P-R Pignan
Scène 2 : Où, quand et comment V G E dit Voila Gégé l’Enflé avoue avoir visionné tous les films de la cinémathèque de Nice consacrés au cinéma soviétique !
« Il faut me pardonner, mais les séances étaient gratuites et mes fins de mois sont difficiles en ce moment à cause de mon pote Babar qui rackette tout le monde ».
L’action se situe au même endroit que précédemment. C’est en effet le même jeune et zélé inspecteur qui a déniché un trou dans l’emploi du temps de V G E, le tristement célèbre caïd du milieu parisien.
Sommé de s’expliquer, l’inculpé va-t-il une nouvelle fois craquer ?
« -Bon, j’avoue tout. J’y étais à cette cinémathèque du Vieux-Nice… mais ce n’est pas de ma faute, je le jure. Quand je suis rentré de Gorbella, Ponia et Babar m’ont embêté. J’ai pris un livre, Démographie Française, mais il était bête et m’ennuyait. En désespoir de cause, j’ai allumé la télé mais cousin Chichi faisant semblant de me critiquer en pérorant sur mon poste qu’il convoitait, j’en suis persuadé, bien qu’il n’ait aucune chance de l’avoir, c’est sûr et certain !
En désespoir de cause, je suis parti dans la vieille ville. J’avais un manteau léger et le froid m’a saisi, j’ai cherché un asile et je me suis retrouvé dans une salle chaude mais pleine de russes avec des trucs bizarre qui passaient sur l'écran.
J’ai enchaîné 12 films en 4 jours et je peux vous affirmer qu’ils étaient pratiquement tous excellents. Il faut montrer ces films pour que les gens se ruent dans les cours de Karaté du Cacel !
Lénine en Pologne, L’enfance d’Ivan de Tarkowski, Débuts de Panfilov sont trois films qu’il est indispensable d’avoir vu. Mais il y a aussi les autres, les « vieux » Eisenstein, les Dziga Vertov et La Prime qui se permet même de faire de l’auto-critique.
Où va-t-on s’ils se critiquent eux-mêmes ces russes ?
Ce qui était terrible pour moi, c’est de voir que ces russes ont l’air de croire en ce qu’ils réalisent.
Si cela continue, nos électeurs ne vont plus croire en moi et même se mettre à voter coco !
Enfin, monsieur l’inspecteur zélé, je vous demande de me donner un grand coup de matraque sur la tête pour oublier tous ces films qui me hantent. En plus, ces 12 films sont présentés gratuitement par France-URSS et la cinémathèque…on ne va pas faire leur publicité… Et puis comme dit mon copain le toubib, « -Après les films…c’est quand les chars soviétiques sur la place Masséna ? »
Bon étrangement, ni la MJC Gorbella, ni la cinémathèque n’ont utilisé cet argument de promotion de leurs manifestations…mais qu’est-ce que l’on a pu rire ensemble à la lecture de ce scénario manifestement pas abouti !