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La Russie... 10 ans après !

Publié le par Bernard Oheix

En mars 2009, dans mon blog, j'écrivais un article prémonitoire intitulé : "La Russie en crise... et demain ?".

Il faut dire que j'avais le privilège de m'y rendre chaque année, au mois de janvier pour l'organisation du Festival de la Culture Russe que j'avais créé avec des russes, dont le Président était Nikita Mikhalkov, et qui se déroulait à Cannes en août. J'ai pu ainsi, depuis la chute du mur, me rendre dans les régions et villes (Moscou, Kazan, St Pétersbourg, Vologda, Kaléningrad et autres) et vivre et rencontrer des russes chez eux, dans leur univers quotidien.

C'était fascinant ! 

Et pourtant, à chaque périple, je voyais ce pays francophile, peuplé de gens cultivés et généreux, s'enfoncer dans la crise qu'un Poutine entretenait d'une main de fer en jouant sur tous les tableaux. J'ai vu resurgir le rôle et le poids de l'église et de ses popes gourous, j'ai entendu le racisme monter tel une vague jusqu'à submerger les bonnes volontés et l'argent roi devenir l'étalon du non sens !

La Russie en Crise !

 

La crise, les ravages de la crise… pas une réunion, pas un repas, une cérémonie du thé ou un toast qui ne commence par cette litanie et ne s’achève par un constat alarmiste. Les nombreux responsables rencontrés dans cette semaine de prospection en Russie n’avaient que cette antienne à la bouche, la crise, les ravages de la crise…Nous sommes en janvier 2009 et toute la Russie est en train de basculer dans l’horreur.

 

Il faut tenter de comprendre ce qui se passe. Depuis bientôt 10 ans que j’effectue ce pèlerinage en terre slave, les rôles sont bien distribués. Les Russes de la Fondation draguent les fonds publics pour adosser le Festival qui se déroule en Août aux régions très indépendantes économiquement et particulièrement riches en cette période de libéralisation qui succède au centralisme de l’ère communiste. C’est ainsi que je joue le VRP de choc, séduisant, me baignant dans l’eau glacé des lacs gelés en compagnie des gouverneurs, troussant des discours fleuris pendant les repas interminables parsemés de toasts rituels, accueilli comme un prince en renvoyant l’image d’une Côte d’Azur pleine de charme et de mystère, l’objectif final étant de convaincre les politiques d’investir sur le Festival en finançant exposition vantant la région et spectacles de tradition remplissant le Palais.

Il a fallu du temps pour en arriver à cette sophistication, à cet équilibre subtil entre les acteurs russes et mon rôle de promotion dans les régions.

 

Tout aurait pu continuer ainsi dans le meilleur des mondes si le grain de sable d’une crise violente exportée des Etats-Unis n’était venu enrayer la belle mécanique d’un capitalisme triomphant en terre slave !

Au pied de la Tour penchée de Kazan... penchée comme la Russie à la recherche d'un équilibre précaire.
 

Il faut comprendre que pendant les trois quarts du XXème siècle, les Soviétiques ont vécu à l’abri des tourmentes de l’économie moderne capitaliste. Grand pays de culture, capable de forcer les portes de la science et de la technologie (conquête de l’espace, médecine, éducation, culture…etc.), ils ont construit une forteresse, une économie de non-travail comme de non-chômage, un cocon bureaucratique assurant un minimum de bien-être par l’égalisation d’un standard moyen de vie assurant la subsistance sans permettre le développement exponentiel de la consommation et l’accaparement des libertés individuelles.

La suite, nous la connaissons. Un conflit meurtrier aux confins de l’Orient dans les montagnes de l’Afghanistan, un fragile mur qui s’écroule en Occident, le monde qui s’invite sous toutes ses coutures par les lucarnes de la télévision et le développement des échanges… et tout bascule, y compris les certitudes idéologiques ! La transition démocratique de Gorbatchev volant en éclats sous les coups de boutoir d’une classe de futurs oligarques avides de se dépecer les richesses du pays sous la baguette de Boris Eltsine, l’Union Soviétique disparaît corps et bien pour accoucher d’une nouvelle Russie conquérante et avide de retrouver sa place dans le concert des nations modernes.

Alors pendant 15 ans, le miracle économique aura bien lieu et les rêves prendront corps. Plus aucun frein, si ce n’est celui d’une violence et d’une corruption que manifestement Poutine réussira à juguler (ou plus exactement à canaliser !), des oligarques moteurs d’une richesse colossale entraînant le pays dans une spirale inflationniste, le prix du pétrole et du gaz en pleine ascension donnant des moyens illimités aux régions et à l’état central, une progression de deux chiffres du PNB autorisant tous les rêves… C’est Tintin au pays des ex-soviets décomplexés, ivres de liberté et achetant à tour de bras des biens matériels, exposant leur richesse comme des nouveaux riches sans pudeur… C’est aussi une catégorie populaire qui se retrouve dans ce dynamisme, travaille et érige une société où les frontières avec l’Occident s’estompent.

Moscou devient la capitale la plus chère du monde, se couvre de magasins de luxe et les firmes de produits de haut de gamme se précipitent au banquet annoncé de nouveaux consommateurs avides. Vologda, Kaliningrad, Novgorod en phase avec le cœur du pays épousaient les mêmes rythmes.

J’ai vu la Russie s’embellir, gratter sa misère pour exposer ses ors, les babouchkas vendant des souvenirs se fondre et disparaître dans la pulsation d’un pays ivre de frénésie.

J’ai vu aussi pendant ces 10 ans, la montée d’un authentique racisme en parallèle de la régulation de la violence, de la normalisation des liens sociaux. J’ai vu aussi éclore un fanatisme religieux, églises reconstruites, popes tout-puissants, oracles des temps modernes…

Délice d'un ballet classique dans son temple... Le Lac des Cygnes par le Mariinsky.
 

Et 2009 est arrivé !  En Russie, on avait connu en un siècle, la non-économie socialiste et l’ivresse du capitalisme conquérant. Restait donc par la grâce d’une crise des locataires surendettés de l’Amérique profonde incapables de rembourser leurs «loyers », à découvrir les horreurs des crises du capitalisme, crises cycliques, rémanentes mais que les Russes subissent à leur corps défendant, dans la violence extrême d’une société qui ne s’est pas prémunie contre ces soubresauts délétères. Pas de syndicats, des retraites à minima, les indemnités de chômage réduites comme peau de chagrin, des usines qui ferment du jour au lendemain, des entreprises rayées de la carte, des familles foudroyées passant du tout au rien, avec pratiquement aucun filet de protection.

Dans nos sociétés, des matelas assourdissent (mais pour combien de temps !), la violence de la déflagration, là-bas, en Russie, l’absence de tous fusibles accroît l’ampleur de l’explosion et la société se tétanise de peur, les responsables plient sous leurs responsabilités, sont incapables de trouver des solutions. Le prix du pétrole en chute libre (divisé par 3), et sa consommation qui a perdu 20%, obligent l’Etat à puiser dans les caisses heureusement pleines d’une décade inflationniste… Mais après ! La chute générale des matières premières et le frein au développement dû au chômage massif bloquent toute la mécanique économique à un niveau de prix incompatibles avec la récession.

 

Alors demain ? Révolution brune de ceux qui ont faim ? Contraction violente d’une société angoissée, crispée sur son racisme, son obscurantisme religieux et la cruauté héritée d’un système qui donnait si peu de prix à la valeur humaine… On peut s’interroger et craindre pour l’avenir de ce beau pays de culture, de ce peuple qui mériterait de vivre dans la paix et se retrouve éternellement confronté aux démons de son histoire.

 

Depuis mon dernier voyage en 2012, je m'étais promis de ne plus  mettre les pieds en Russie tant que Poutine en serait le Dictateur. Bien m'en a pris hélas !

Ce que je pressentais c'est avéré. Le pays s'est embourbé dans les marécages d'un pouvoir sanguinaire sans limites. Pour ceux nombreux qui pensent que la France est une dictature qui nous prive de nos libertés, qu'ils émigrent avec leur convois de La Liberté en Russie, ils découvriront alors le vrai visage d'une botte de fer.

Quand aux autres, ceux qui ne comprennent pas comment on en est arrivé à ce point d'ignominie, qu'ils fassent bien la différence entre un système Poutine et un peuple russe qui tente de lutter avec ses maigres moyens contre les fantômes de leur passé. Ils sont nombreux les Russes à ne pas vouloir être complices de cette tragédie... et quand ils affirment leur opposition, ils se retrouvent en prison, eux !

J'ai trop d'amis en Russie pour ne pas être horrifié par leur drame.

Alors que les sanctions tombent, que l'Europe passe une nouvelle étape dans sa construction, bannissons les responsables de cette horreur de toutes activités sur notre si vieux continent et que vive la démocratie et l'harmonie entre les peuples.

Et en attendant, courage à nos amis Ukrainiens qui n'ont qu'un seul tort, celui d'aspirer à un monde  meilleur pour leurs enfants et prouvent dans leur résistance désespérée que les fascistes sont en face, en train de les bombarder pour les rayer de la carte ! 

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La jeune fille qui va bien : et vous ?

Publié le par Bernard Oheix

Bon, c'est pas la fête tous les jours !

Pour preuve ce débat pathétique pour les élections présidentielles, ces postures tragi-comiques où chacun court derrière les idées les plus extrémistes et le refus de l'autre en une surenchère nauséabonde.

Et il y a toujours Poutine, embusqué derrière sa ligne de front pour jouer le grand méchant loup du haut de ses centaines milliers de soldats et de son absence de scrupules.

Mais heureusement, il y aura eu cette belle unanimité autour des jeux olympiques les plus anti-écologiques de toute l'histoire, où les affaires de dopages (tiens, revoilà les russes !), de l'exploitation du sportif comme une chair à canon pour vendre son "China made in live" et tout cela avec la certitude que les Ouïghours continueront à crever dans l'indifférence polie de la diplomatie.

Ils sont devenus fous...

Mais il reste parfois, comme un éclair de beauté, la certitude du bonheur, un film, une pièce de théâtre, des porteurs de lumière pour nous rappeler que le génie existe encore et qu'il se niche dans notre culture pour s'épanouir et nous rendre plus intelligent, plus fort !

C'est le cas avec Une jeune fille qui va bien, le premier et particulièrement réussi film de Sandrine Kimberlain. On la connaissait comme actrice pouvant tout jouer, provocatrice et souriante, mais en passant derrière l'objectif, elle nous offrre une vraie sensibilité de réalisatrice, une femme pudique qui propose une vision particulièrement romantique de la tragédie d'une jeune fille dans les années sombres d'une France dirigée par "celui qui a sauvé les juifs français (sic)".

Dans une période non définie d'une France Pétainiste, sans jamais voir un uniforme allemand ni la tenue noire d'un milicien, Irène, jeune fille française dans la fleur de l'adolescence, rêve de théâtre et tente d'intégrer une grande école en passant un concours.

Entre deux amourettes, la disparition mystérieuse de son partenaire du concours, sa profonde joie de vivre dans un corps qui exulte le bonheur, elle va nous permettre de suivre un hors-champ dramatique où les signes du drame en train de se jouer sont bien présents.

Des voix allemandes d'abord, comme un rappel de ce qui est en train de se jouer, puis cet infamant "JUIF" en lettre rouge apposé sur les cartes d'identité française, la récupération de tous les postes et téléphones par l'état pour les empêcher de communiquer, jusqu'à cette étoile jaune qu'elle est obligée de porter comme le signe de l'abandon de toutes les valeurs humaines par un pouvoir féroce qui les désigne à la vindicte.

Pourtant, dans cette famille juive, il y a toute la diversité d'une France d'accueil. Le père haut fonctionnaire dans une administration qui pressant le drame en train de se dérouler, la grand-mère qui refuse de prier et de se plier aux diktats d'une loi qui est sensée les protéger, la religion, le frère que son grand amour quitte à l'apparition de cette sombre étoile...

Qu'à cela ne tienne, Irène vit pour le théâtre, trouve des substituts pour se maintenir dans la course, refuse le côté obscur de ce qui est en train de se jouer.

Mais le soir du concours, après avoir réussi son audition, dans la fête qui réunit les étudiants, c'est dans les yeux de sa partenaire que va se dérouler le drame. Deux bras engoncés dans une tenue noire vont l'enfermer pour le plus tragique des destins, celui d'un camp et d'un holocauste  qui va la rattraper et sceller son destin.

Ce film est un hymne sensible au partage des valeurs les plus nobles et ne montre jamais, mais suggère l'horreur en marche. C'est un bijou d'humanité à l'heure où notre société rejoue les grands drames de l'antisémitisme et du jeu avec le feu des passions ignobles.

À voir de toute urgence pour nous rappeler à notre devoir de mémoire ! 

Il y a aussi le théâtre pour nous permettre de rire et d'exulter avec Panayotis Pascot... encore un d'ailleurs qui risque de devoir changer son prénom si le zèbre s'impose dans sa course à l'échalote.

Dans un spectacle créé en 2019 et 2 fois reporté mais qui arrive enfin à Cannes, dans une salle de La Licorne à La Bocca remplie à ras bord. Il nous entraine dans un show débridé où il va dévider le fil d'une histoire personnelle pleine d'humour et de tendresse. Plus qu'un one man show, c'est une pièce riche et dense qui joue sur la corde de la déraison en permanence pour déclencher le rire et l'émotion.

Des amours contrariés, des parents comme tous les autres, de l'incommunicabilité à l'acceptation de sa différence, de l'ami victime d'un cancer à  la fuite du temps qui l'oblige à grandir, tout y passe pour le plus grand bonheur d'une salle chavirant dans des cascades de rire et qui le suit au fil de son jeu en déséquilibre permanent.

Bête de scène, il s'appuie sur un texte fort pour déraper avec conscience et amener le public à son point de fusion.

​​​​​​​Panayotis, révélé par le "petit journal" et un grand monsieur de l'humour et régénère ce genre en lui donnant toute la force et l'énergie d'un bateleur au grand coeur.

Bravo Monsieur Pascot pour votre réelle performance et merci de nous avoir offert la possibilité d'une évasion et d'un partage revigorant.

PS : à noter, l'excellente première partie d'un Abderhamane qui rempli parfaitement son rôle de chauffeur de salle en dévoilant un talent qui promet pour la suite de sa carrière.

Voilà donc quelques raisons d'exulter et d'espérer. Le rire franc et ouvert, l'émotion à fleur de peau, la tendresse des sentiments comme une cure régénérative bienvenue en ces heures tristes qui s'illuminent parfois de l'aile du talent de l'humour et de l'amour.

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La charge héroïque : Hommage à un vieux pote !

Publié le par Bernard Oheix

À mon âge vénérable, j'ai plus l'opportunité de parler des enterrements que des mariages. Pourtant, entre les deux, se glissent quelques anniversaires, ces dates qui se glissent  dans le courant tumultueux de la vie des vieux et qui sont la preuve, à l'évidence, que c'est encore la meilleure façon de vieillir en évitant la mort !

Oui, il y en a encore quelques-uns qui s'accrochent aux branches, ne serait-ce que pour pouvoir connaître ce nom du futur président de la République Française qui nous obsèdent, ou pour constater l'harmonie de cette société que nous avons contribué à ériger et qui semble bien difficile à décrypter pour les ptérodactyles que nous sommes devenus.

Qu'à cela ne tienne, c'est aussi l'occasion pour moi d'exprimer par des mots ce torrent bouillonnant qui s'empare de mon cerveau enfiévré à l'idée de pouvoir faire un nouveau discours et de contribuer ainsi, à ma légende de conteur qui sait charmer son auditoire à coup de punch-line bien senties.

Voilà donc mon dernier né, en hommage à un pote qui n'est pas né de la dernière pluie, même s'il réside dans un région nantaise propice aux déversements d'un ciel couvert qui a en permanence le désir de se soulager sur les têtes chenues de mes copains !

Hommage à Bertrand Delaporte

 

Bon, on ne va pas en faire un fromage. Tu es devenu vieux et c’est déjà un exploit. Même si tu as plus tendance, désormais, à parler de ta santé que des spectacles de Musique du Monde du Festival de Nantes que tu as programmés avec brio, sans doute à cause de ton sonotone mal réglé qui t’empêche de goûter aux charmes des vocalises de Rokia Traoré et te fait confondre Céline Dion avec Michel Fugain.

Tu es un époux toujours vaillant, un père qui ne s’est pas (trop) trompé en éduquant sa progéniture et un désormais grand-père presque idéal. Mais tu as été aidé en cela par ton modèle, l’homme qui a fait de ton imperfection, l’être exquis qui se complet à l’être. Je parle bien sûr de ton pote Bernard, l’empereur du Palais des Festivals de Cannes, celui qui a su déceler en toi la richesse d’un intérieur foisonnant et la complexité d’un hétéro convaincu qui ne céda jamais à la tentation, même par une nuit d’ivresse au Womex de Séville, quand tu trébuchas sur la piste de danse pour tomber dans ses bras.

Et oui Bertrand, il y a des choses que l’on ne peut effacer même si Alzheimer nous guette.

Tu as été, en cette période où les candidats à la présidence foisonnent, le vrai, l’authentique Leader Maximo de Zone Franche, cette bande de gamins mal torchés qui avait décidé d’affronter le capitalisme sauvage et de donner un souffle nouveau à la culture. Tu étais un chef charismatique respecté (même par moi !), et si tu y as laissé quelques plumes, quel réconfort par contre de savoir que les requins de l’establishment ont tremblé au moins pendant quelques minutes devant les assauts de l’intelligence de la passion et du coeur.

Tu as été accompagné dans ton parcours tumultueux par Françoise, véritable sainte femme, qui décida au siècle dernier de partager ta vie et de t’accompagner dans le confort et la béatitude d’un Che Guevarra des riffs et des solis endiablés. Tu lui es redevable de bien des cicatrices refermées et d’avoir pu passer le cap des 60 ans, puis des 70 ans, même si je sais qu’elle a fait tout cela en attendant avec impatience un voyage, que dis-je voyage, une croisière autour du monde sur un Costa Concordia en légitime retour sur son investissement. Vérifie quand même l’âge du capitaine et avoue à ta charmante compagne, que au vu de la pingrerie de tes amis, tu as dû te rabattre sur un tour de barque sur les rives du lac Léman.

Alors voilà. Tu as basculé chez les septuagénaires et tu deviens l’heureux propriétaire d’une carte vermeil +. Ce sera, malheureusement sans la présence de ton pote Bernard de Cannes, mais cela, je sais que tu t’en contrefiches puisque tu l’as invité uniquement parce que tu voulais revoir Thérèse, sa charmante épouse. Mais même si ta femme est complice, hors de question que je vous la laisse ne serait-ce que quelques heures… j’aurais trop peur qu’elle succombe à votre hospitalité si chaleureuse, à la promesse de plateaux de fruits de mer somptueux (pour info, elle n’aime pas les huîtres), à la quiétude de l’air marin nantais.

Nous aurions aimé partager ce moment autrement que par ces mots, avec vous 2, avec ta famille, tes amis, mais les vicissitudes de cette époque bien étrange, nous imposent de rester au soleil de Cannes, coincés entre des gardes d’enfants, des cas contacts et des plongeons dans la Méditerranée qui te rendent presque jaloux.

Rassure-toi, nous n’en avons pas fini de nous poursuivre de nos assiduités, et quand tu auras suffisamment souqué dans ta barque sur le lac Léman, tu pourras toujours venir te reposer sur nos rivages paradisiaques et te refaire une santé pendant que je m’occuperai de Françoise et que Thérèse, l’infirmière en chef de ma vie, te remettra sur tes pieds.

On vous aime et on tient à vous. Alors rendez-vous pour nos 80 balais qu’on fêtera ensemble dans une cérémonie païenne orgiaque et en attendant, en ce moment précis où tu pleures de me lire, je déguste un bon pastis avec des olives niçoise à ta santé.

Longue vie à toi vieux pote.

PS : Et merci à Lucas, ton fils, qui a accepté d’être mon porte-voix en se demandant pourquoi c’est toujours lui qui se retrouve dans les galères !

Je vous épargne les photos, vu qu'il n'y a plus grande chose à montrer de notre charme légendaire, et je confirme que pour nos 80 ans, on se fera une "teuf" d'enfer avec tous les restes de nos vies de bricoles dans la période bénie de l'âge d'or de la culture et du rêve.

En attendant, on ne connait toujours pas le nom du futur président, et sincèrement, on s'en fout, tant ils sont tous nuls et nous donnent envie de hurler la nuit en regardant les étoiles.

Allez, mon vieux pote, on va se retrouver bientôt quelque part, et comme à chaque fois, j'aurai l'impression de cheminer à côté de l'amitié, sur le versant des belles choses, en bonne compagnie !

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Les loups sont lâchés !

Publié le par Bernard Oheix

En voilà une campagne présidentielle lancée vers toutes les ignominies, où la moindre des raisons semble échapper à toute parcelle d'humanité.

Que Marine fasse profil bas sans jamais lâcher sur son fond de commerce est une chose prévue. Que Zemmour se lance dans toutes les diatribes les plus nauséabondes est bien à l'image de cet histrion capable d'annoncer  toutes ces horreurs sans jamais donner l'impression de se rendre compte de la portée de ses mots et des drames humains qui se cachent derrière ses diatribes. Comment en est-on arrivé à ce degré d'abjection ?

Il y a aussi les Dupont-Aignan, Lassalle, Devilliers, Collard et autres transfuges en mal de faire parler d'eux et qui tentent de trouver des places encore mieux payées et des lambeaux d'une gloire qui sent furieusement ce fascisme rampant qui se répand comme l'odeur de la peste brune.

Avons-nous oublié les leçons de l'histoire ?

Et dans cette droite LR bien pensante, radicalisée sur la nécessité de bouter les immigrés chez eux, dans cette surenchère sur la sécurité, sur une Europe "passoire" responsable de tout, sur la "karchérisation" des esprits... mais qu'êtes vous devenus chers Républicains pour vous laisser "Ciottiser" vos programmes au point que plus rien ne s'oppose désormais à ce que les idées de l'extrême droite s'avancent triomphalement au coeur d'une Liberté, Égalité, Fraternité aux désormais accents désuets.

Heureusement il y a la gauche !

Et quelle gauche, éclatée, dispersée, s'affrontant pour des parcelles de voix, incapable de s'unir, de s'opposer, de prendre date pour l'avenir en dégageant un consensus sur des thèmes à minima. Et Taubira, débarquant au dernier moment pour ajouter à la confusion.

Et même Hollande jouant sur les mots, lui le fossoyeur de la gauche qui se redonne une virginité et tente de semer les graines d'une "remontada" à coup de phrases alambiquées. Il était plus clair dans sa précédente campagne en annonçant que son ennemi était la Finance et on a vu ce que cela a donné !

Les écologistes, égaux à eux-mêmes, enfermés dans des colères de clochers, incapables de prendre de la hauteur au moment ou une terre qui souffre et se révolte montre bien l'urgence d'intervenir afin d'apporter des solutions aux dérèglements climatiques. Ils sont au sommet des préoccupations du monde en plein bouleversement mais incapables d'apporter un espoir de résolution.

Il y a la gauche de la gauche, avec des communistes inexistants et un Mélanchon confit dans son orgueil qui a réussi l'exploit de capter la jeunesse radicale, lui qui est l'archétype de cette vieille France politicienne (il a été ministre, député, sénateur, député européen, et autres...) qu'il dénonce à longueur de diatribes, car "-L'État c'est Lui !"

Heureusement, nous avons (pas encore officiellement, il est vrai !) un candidat, ni de gauche, ni de droite, qui veut changer la France, rénover les moeurs politiques et libérer le pays de ses chaînes... quoique là, il va difficilement nous le faire avaler une deuxième fois, le Macron, son coup de poker frelaté. Les premiers de cordées qui se gavent de la crise pandémique et oublient soigneusement de redistribuer leurs colossaux profits planqués dans des paradis fiscaux... mais chut, il ne faut pas effrayer les riches, ils pourraient partir, alors supprimons l'ISF, détaxons les actionnaires et tout ira pour le mieux dans le pire des mondes !

Alors oui, je suis triste, orphelin et désemparé. mais j'ai retrouvé dans mes papiers un document particulièrement passionnant. Je vous le livre.

Quelle belle leçon d'humilité. Il y a déjà eu des saltimbanques qui se sont mouillés, Coluche, par exemple ! Mais lui appelait tous les arabes, noirs, marginaux à voter et s'engager, pas à les renvoyer chez eux en charters comme la majorité des candidats actuels.... Une leçon d'humilité pour les pantins qui s'agitent en mal de gloire et pour leurs servants attentionnés prêts à tout pour un morceau du gâteau !

Quelle belle leçon d'humilité. Il y a déjà eu des saltimbanques qui se sont mouillés, Coluche, par exemple ! Mais lui appelait tous les arabes, noirs, marginaux à voter et s'engager, pas à les renvoyer chez eux en charters comme la majorité des candidats actuels.... Une leçon d'humilité pour les pantins qui s'agitent en mal de gloire et pour leurs servants attentionnés prêts à tout pour un morceau du gâteau !

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In memoriam Chiara Samugheo

Publié le par Bernard Oheix

Alfred Hitchcock, dans l'oeil de Chiara Samugheo.

Alfred Hitchcock, dans l'oeil de Chiara Samugheo.

Un jour, une dame d’un certain âge demande à me voir à l’entrée de mon bureau dans le Palais des Festivals…J’ai reçu tant de gens porteurs d’idées fumeuses et géniales à la fois, alors une de plus ou de moins ! Elle se présente, Chiara Samugheo, photographe, et me propose de réaliser une exposition à partir de ses photos sur les légendes du cinéma. Je n'avais jamais entendu parler d'elle, honte sur moi. Elle me sort un book et je le feuillette distraitement d’abord, puis de plus en plus fasciné, au fur et à mesure que je retrouve ces noms qui hantent mon imaginaire. Soudain, je tombe sur cette photo d’une Claudia Cardinale rayonnante. Claudia Cardinale ! Et quand elle voit que je ne résiste pas devant cette photo, elle m’achèvera d’une phrase définitive : « -Claudia est mon amie. C’est moi qui ai fait ses premières photos et je suis persuadée qu’elle acceptera de venir parrainer cette exposition et sera présente au vernissage ! » 

Chiara, en prononçant ces mots, venait de sceller une amitié naissante et de s’assurer deux mois d’exposition au Palais des Festivals de Cannes, en juillet et aout 1998. 

In memoriam Chiara Samugheo

Chiara Samugheo est, et restera,  la photographe des hommes et des femmes qui ont fait le cinéma, dans une période où l’image est rare, sacrée et où le talent de celui qui prend la photo se conjugue avec l’homme ou la femme qui est devant l’objectif ! Comme avec Alfred Hitchcock qui accepte de l’accompagner sur une terrasse où le linge sèche et qui se prêtera au jeu avec jubilation. 

Dans les années 60, les photos ont un sens, celui de capturer et de figer un moment de vie pour le restituer comme une œuvre d’art. On est loin de la surconsommation effrénée actuelle avec les téléphones portables qui nous permettent de fixer chaque moment de notre vie et brouillent la frontière entre l’art et la réalité ! Les personnalités qui s’offrent aux photographes ont la certitude d’arracher au temps une bribe d’immortalité. 

Claudia Cardinale, comme un papillon qui s'envole !

Claudia Cardinale, comme un papillon qui s'envole !

Quand je l'ai connue, elle habitait Nice, un appartement sur la promenade des anglais avec vue sur la mer. Elle était seule avec tant de souvenirs en elle pour meubler son présent. Elle était démunie devant la réalité, elle qui avait le don de figer l'éternité se trouvait bien désarçonnée devant ce temps qui filait entre ses doigts d'or.

Son grand amour venait de disparaître la laissant seule pour affronter son destin. Alors, elle donnait son amitié en partage, elle offrait sa mémoire à ceux qui acceptaient de partager des moments d'intimité toujours accompagnés des fantômes d'une vie hors du commun où elle avait croisé la route des plus grands.

C'était une mémoire vivante et ses amis, les Pierrobon, Nadine Seul, les Caramella, moi et quelques autres, lui offrions un peu de chaleur, de tendresse et le parfum de cette gloire qui avait été la sienne.

Mais les années passant, elle fut rattrapée par sa solitude. Elle fit donation de sa collection à un institut de Parme et entama son dernier parcours.

Sa famille réapparut dans sa vie. Elle fut happée dans un cycle mortifère par quelques uns de ses proches qui la mena à se retrouver vers Bari, sa région natale, coupée de tout ce qui avait été son existence. Bien décidés à récupérer les miettes d'un festin, ils l'enfermèrent dans un institut dans l'indifférence générale, isolée et dépossédée de tout, même de son téléphone et de la possibilité de maintenir un contact avec ses amis et le monde extérieur.

Gianni Torres, un jeune cinéaste, avait le projet de faire un film sur cette légende mais le mur érigé autour d'elle était trop grand. Il y a quelques semaines, il réussit à entrer en contact par téléphone et son visage triste s'illumina à l'évocation de son aventure cannoise, de cette exposition de 1998  où elle rayonnait de bonheur.

Mais la nouvelle vient de tomber. Elle s'est éteinte ce 12 janvier 2022 à 11h30. Qui pleurera sur son sort si ce n'est quelques amis qui se souviennent encore de la lumière qui se dégageait d'elle ? Qui pourra raconter ces pages d'une aventure humaine d'exception ?

Avec Chiara, la véritable star était l'être humain qui lui offrait son visage et son corps. Elle qui avait commencé à photographier les simples gens de sa région, les anonymes, ne perdit jamais le sens humain d'une photo faite pour dévoiler l'indicible qui se cache en chacun de nous. Et si les stars se prêtèrent au jeu, c'est avant tout l'essence de l'autre qu'elle cherchait à capturer.

Il reste ses photos et quelques bribes d'un passé sauvegardé pour que l'on puisse affirmer : "- Chiara était notre amie, elle était la vie et elle méritait mieux que cette fin misérable. Elle était un soleil... mais même les astres sont amenés à disparaître !"

Alors bon vent Chiara Samugheo dans ton paradis de l'image. Tu vas pouvoir te libérer de tes chaînes et retrouver ceux qui ont embelli ta vie et que tu as su si bien figer dans cette éternité devenue tienne !

Chiara avait entamé un travail sur les murs et façades de Nice. Au crépuscule de sa carrière, elle avait encore ce goût de l'expérimentation qui la poussaient à dévoiler, derrière la réalité, les images de son imagination féconde.

Chiara avait entamé un travail sur les murs et façades de Nice. Au crépuscule de sa carrière, elle avait encore ce goût de l'expérimentation qui la poussaient à dévoiler, derrière la réalité, les images de son imagination féconde.

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2022 : le grand plouf !

Publié le par Bernard Oheix

J'ai eu, en ce lundi 27 décembre, par un heureux concours de circonstances, les honneurs de France-Info diffusant un sujet sur mon "cas", par le biais d'une chroniqueuse, Olivia Leray, relation de mes enfants, qui cherchait à remplir son carnet avec des personnages réalisant des rites sur le passage d'une année sur l'autre. Quand elle apprit de la bouche de mes enfants que je me baignais chaque année au 1er janvier aux Rochers Rouges de La Bocca à Cannes sur un thème précis illustré, avant de boire une coupe de champagne avec quelques compagnons d'infortune, elle me contacta pour réaliser une interview !

Je lui ai expliqué la raison de ce rituel, un voyage en Russie il y a 20 ans par un hiver glacial, le bain dans un lac gelé par -40°, l'effroi et le ravissement de cette expérience hors du commun qui allait briser ma peur de l'eau glacée et me pousser à faire perdurer cette tradition sur les rivages hospitaliers de ma Méditerranée en chaque début d'année.

Le sujet est passé 3 fois dans la journée et me valut quelques coups de fil surprenants, preuve à l'évidence que prendre une douche ne peut se faire qu'en écoutant France-Info à 8h15 ou 9h30 pour nombre de mes relations !

 

Que nenni cette 5ème vague que nous attendions avec ferveur ! Anna et François m'accompagnent dans mon bain du jour de l'an !

Que nenni cette 5ème vague que nous attendions avec ferveur ! Anna et François m'accompagnent dans mon bain du jour de l'an !

Mais je ne pouvais pas, au vu de l'enjeu de cet ITW, en rester à une banale trempette avec deux ami(e)s brandissant un panneau dans une mer étale et sans même un rayon de soleil pour égayer le tableau.

J'ai donc dû employer les grands moyens et dénicher au fond de mon cerveau tortueux l'idée qui allait transformer ce rite 2022 en évènement particulier qui marqu

erait les mémoires. J'allais oser plonger tel les héroïques héros d'Acapulco bravant les hauteurs vertigineuses des falaises, j'allais m'élancer vers la grande bleue (un peu grise avouons-le) et défier toutes les lois de l'équilibre et de mon horloge interne !

2022 : le grand plouf !

J'ai donc grimpé au sommet du rocher, au moins à 3 mètres de haut, j'ai plié les genoux, pris une grande inspiration, et sous l'oeil du photographe ami, Éric Dervaux, me suis élancé avec toute la passion de cette année 2021 absurde se terminant et de ce 2022 qui ne laisse espérer que des bribes de bonheur, coincés entre des vagues de Covid (bien présentes elles) et une élection présidentielle pathétique, véritable concours Lépine de toutes les abominations !

Oui, j'ai plongé pour me donner de l'espoir et pour transmettre à mes enfants et petits-enfants un rayon d'humour bien nécessaire en ce début d'année !

Et j'espère qu'Olivia Leray, la journaliste de France-Info, sera contente de son sujet, elle qui attendait la preuve que je n'avais pas parlé pour ne rien dire et me dois donc une rasade de potion magique dans un estaminet parisien !

Et comme toujours dans les belles histoires, cela c'est terminé par une coupe de champagne à boire sans modération (vu le froid !) et par quelques rires bienvenus pour chasser les nuages de la morosité !

Baigneurs et non-baigneurs réunis pour la coupe de l'amitié ! Et si la fraternité avait encore son mot à dire ?

Baigneurs et non-baigneurs réunis pour la coupe de l'amitié ! Et si la fraternité avait encore son mot à dire ?

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Cannes : Festival de Danse 2021 : le temps retrouvé !

Publié le par Bernard Oheix

Il était temps ! Depuis deux ans, ces salles de spectacles pleines, ce rituel du rideau rouge qui se lève, ces discussions après les spectacles, nous manquaient cruellement. Chapeau bas devant l'équipe de l'Évènementiel dirigée par Sophie Dupond, les théâtres de la Côte d'Azur engagés dans le festival de danse et la directrice artistique, Brigitte Lefèvre pour nous avoir enfin permis de retrouver ce parfum suave d'une vie recommencée, dans la douleur d'une 5ème vague et de deux annulations, mais dans l'espoir d'ouvrir un nouveau chapitre dans la cohabitation avec un virus délétère.

Oui, il existe une vie après la Covid... même si nous devons, tous les jours en dessiner les contours nouveaux et étranges d'une cohabitation avec le cauchemar !

The show must go one !

Et quoi de plus merveilleux pour célébrer ces retrouvailles avec le passé qu'une création de La Castafiore qui nous permet d'embrasser le futur !

Et quoi de plus merveilleux pour célébrer ces retrouvailles avec le passé qu'une création de La Castafiore qui nous permet d'embrasser le futur !

Que se passe-t-il dans la tête et le coeur de ce duo forgé dans la passion constitué de Marcia Barcellos et Karl Biscuit ? Leur collaboration débouche depuis des années sur la création d'un univers si particulier, où la gestuelle se confronte aux légendes d'un imaginaire en perpétuelle évolution, où les costumes et la musique envoûtent le spectateur dans des voyages immobiles, entre le passé et le futur, entre le concret et l'utopie. 

Leurs créations sont des repères pour une rêverie qui mène vers l'abstraction, dans ce territoire qui se situe à la lisière de nos cauchemars, quand le spectateur découvre le monde enchanteur des porteurs d'un ailleurs fantasmé.

Avec Kantus, le long silence imposé par les deux années passées débouche sur l'emprise du passé dans un futur improbable où les espèces disparaissent et où les monstres renaissent. Il y a l'aboutissement logique d'un accaparement des thèmes de la dissolution (si prégnant dans notre réalité), mais aussi du rituel chamanique pour faire revivre ce monde disparu. Et c'est la voix qui porte le message de l'espoir, plus que le geste, plus que le rituel.

C'est un abécédaire de toutes leurs créations passées, comme si le présent autorisait cette plongée dans la mémoire vive du peuple spectateur.

On ne sort jamais totalement indemne d'une oeuvre du Système Castafiore. On peut se poser des questions, regretter que la danse ne soit pas assez mise en valeur dans la première partie, il n'en reste pas moins que leur inventivité et la profondeur de leurs mise en spectacle ouvrent les portes de la perception à l'infini.

Cannes : Festival de Danse 2021 : le temps retrouvé !

Mon coup de coeur du festival. Edouard Hue et la Beaver Dam Company nous plonge dans un premier duo fascinant "Shiver" puis enchaîne avec "All I need", où les danseurs évoluent en ligne, viennent chasser les zones d'absence et s'affrontent, hiératiques, dans un variation d'un jeu de Go qui ne laissent aucune place à l'arbitraire. 

Et même si le final de l'oeuvre est un peu brouillon et perd de sa rigueur, on sort enthousiasmé de cette plongée dans les corps déchirés des interprètes qui répètent à l'infini la mécanique déréglée de l'échange, de l'écoute et de la répétition d'une main tendue sans cesse refusée.

Et pour terminer, comment ne pas être subjugué par le solo de Marthe Krummenacher, Janet on the roof, chorégraphié par Pierre Pontvianne, un ancien de l'école de Rosella Hightower.  

Dans ce corps vêtu de bleu qui laisse transparaître des morceaux d'une chair dorée, où les muscles et l'effort transforment en matière vivante une danseuse possédée, il y a toute la poésie et la douleur qu'une technique transforme en fluidité sans limite vers le monde réel. C'est beau, fascinant, troublant et cela provoque un sentiment de perfection qui renvoie à une incarnation d'un geste libéré de toute contingence physique. Un très grand bonheur de solitude dans la salle remplie d'un silence sépulcral. 

Et pour finir, il y a tous les autres spectacles non vus, et une clôture au goût  acide, le dernier show d'une étoile de la danse, Carolyn Carlson, un mythe, l'émotion à l'état brut. Et même si son solo semble la pièce de trop, même si Crossroads to Synchronicity parait une pâle copie de sa carrière fulgurante, il est un au revoir à une grande dame qui aura marqué l'histoire de cet art du mouvement. Merci pour ce que vous avez réalisé et pour cette grâce éternelle qui brille dans vos yeux. 

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Dakhla : entre le désert et la mer.

Publié le par Bernard Oheix

Coup de fil de Françoise Bastide, ancienne adjointe à la culture de Cannes, une complice et amie des années où tout se dessinait, où l'âge d'or de la culture nous permettait de surfer sur nos désirs et notre passion. C'est avec elle que j'ai entamé mon parcours au Palais des Festivals et nos liens ne se sont jamais rompus, distendus parfois, son choix de vivre au Maroc mettant une distance géographique, même si nous nous étions réunis il y a une dizaine d'années à Marrakech pour des retrouvailles émouvantes en famille.

C'est de Dakhla, à l'extrême sud du Maroc que j'ai entendu son appel. "-Bernard, j'ai besoin de vous, je veux créer avec des amis une manifestation et j'ai besoin de vous pour la réaliser. Vous êtes partant ?".

Difficile de résister à Françoise et à sa passion du faire. En retour, un billet d'avion m'attendait et me voilà débarquant en ce mardi 23 novembre sur l'aéroport écrasé de soleil, dans les odeurs et la brise d'un vent nouveau. L'aventure au présent dans cette région théâtre d'affrontements passés où le Polisario, à travers l'opposition entre l'Algérie et le Maroc se disputait une immensité que les Espagnols avait colonisé pendant des siècles.

Dakhla, porte de l'Afrique, au confins d'un monde, un désert où une ville s'érige aux forceps, que les surfeurs ont découvert comme un paradis et qui attire de plus en plus de touristes conquis par la grandeur d'un site unique, péninsule en lagune et océan, débouchant sur le désert de la Mauritanie, port de pêche et coupée du centre du Maroc par 800 kms d'un sable ocre formant des dunes comme des vagues jusqu'à Agadir.

Magie des vaisseaux du désert, quand le chameau est l'opportunité de retrouver un souffle d'aventure.

Magie des vaisseaux du désert, quand le chameau est l'opportunité de retrouver un souffle d'aventure.

Les rouleaux de l'océan, comme une invitation à surfer sur les planches, et le vent pour les kites-surfeurs en récompense. De septembre à mars un rendez-vous prisé par ceux qui ont soif de donner libre-court à leur passion de la vague juste.

Les rouleaux de l'océan, comme une invitation à surfer sur les planches, et le vent pour les kites-surfeurs en récompense. De septembre à mars un rendez-vous prisé par ceux qui ont soif de donner libre-court à leur passion de la vague juste.

C'est à la force de sa volonté que Françoise a créé son paradis dans une oasis qui jouxte la ville, à quelques pas de la plage des surfeurs, dans un nomadland où tout est possible. Une ferme "écolodge", sous les déclinaisons d'un St Exupéry qui est sa référence dans l'humanisme et l'engagement, chambrettes donnant sur une cour intérieure, parc où se nichent des recoins inspirant la quiétude et la sérénité, animaux s'ébattant en liberté, ânes, chiens, chats oiseaux se retrouvant dans cet asile. Une capacité d'accueil d'une dizaine de chambres bien malheureusement vides en cette période trouble où les annulations prenaient le pas sur les confirmations.

Mais le temps joue pour elle, tant sa force et son obstination ne sont pas usurpées. Elle est un rayon de soleil dans cette région qui n'en manque pas !

Le sable du désert et la verdure d'une oasis, le temps retrouvé...

Le sable du désert et la verdure d'une oasis, le temps retrouvé...

Et prendre un thé au Sahara, sous l'aile de St Ex, quand les rumeurs sourdes d'un ailleurs lointain menaçant ne peuvent qu'écharper la certitude d'être dans un paradis. Même l'air chaud que le souffle du désert charge de senteurs ennivrantes portent l'espoir de lendemains qui chantent. 

Et si vous voulez vous convaincre, allez sur son site, dartawarta.com pour rêver à votre prochaine destination.

Moi, je me suis baladé dans le désert, abrité dans un camps nomade de Sarahouis pour un thé rituel, j'ai marché le long des plages, les pieds dans l'eau, j'ai regardé les pêcheurs et observé les migrants qui tentent de franchir ces barrières pour s'échouer sur des bateaux de fortune vers un occident trompeur où ils perdent leur vie et leur âme.

J'ai rencontré et palabré pendant des heures avec des êtres au parcours de légende, entre la guerre et la paix, des hommes de bonne volonté au cuir marqué par les douleurs d'un passé sulfureux... Mais chez tous, j'ai vu l'humanité profonde de ceux qui se battent au jour le jour pour imaginer leur destin et conquérir des espaces de vie. Ils sont le sel de la terre et Dakhla est l'exemple type d'une ville extrême où tout arrive, même la possibilité du bonheur.

Dakhla : entre le désert et la mer.

Alors que dire encore ? Qu'une "turista" m'a lâchement agressé dans un excès de confiance de l'ingestion d'un jus de grenade pressée dans un verre au marché luxuriant de Dakhla, que le Maroc a fermé ses frontières devant la 5ème vague du Covid bien moins sympathique que les rouleaux des surfeurs, et que j'ai réussi à prendre le dernier avion en partance de Dakhla pour Casablanca pour atterrir in extremis dans un Paris transi de froid et d'un crachin glacé.

Mais c'est certain, je retournerai dans cette région qui m'a fasciné, je reviendrai pour accomplir ma tâche dans une manifestation dont les contours se sont dessinés au cours des heures d'échanges où nous cherchions notre graal. Et ou nous l'avons peut-être trouvé grâce à la musique, la danse et l'expression des valeurs humanistes d'un monde qui perd son centre et doit retrouver l'élan de la générosité, de la rencontre et de l'acceptation des différences. Non l'autre n'est pas un ennemi, il est aussi un partenaire, un ami et la preuve que le monde est ouvert à tous les espoirs !

Alors, rendez-vous à Dakhla en novembre 2222... peut-être !

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Le Traducteur, Mes Camarades, Les Intranquilles... et Cry Macho !

Publié le par Bernard Oheix

Voici donc un film qui débarque en pleine problématique des migrants, dans une France surchauffée par les Z, Marine et autres surenchères d'une campagne présidentielle nauséabonde, quand l'individu qui s'échoue sur nos rivages devient une monnaie d'échange pour alimenter toutes les passions les plus révoltantes de celui qui refuse de penser et de voir le monde tel qu'il est : un charnier où les individus ne sont qu'une valeur d'ajustement dans un monde ouvert à tous les vents pour les capitaux mais qui érige des frontières de barbelés dans tous les coins d'une planète qui se convulse pour enfermer les humains.

Le traducteur s'ouvre sur une séquence d'un printemps avorté, en 1980, dans une Syrie tenue d'une main de fer, et où un enfant voit disparaitre son père sous ses yeux, capturé par la police secrète de Hafez El Assad. Quelques années plus tard, Bachar va reprendre le flambeau et devenir un des dictateurs les plus sanglants du XXIème siècle. 

L'histoire va balbutier un nouvelle fois. À cause d'une erreur, Sami, l'enfant de la scène initiale, devenu un traducteur syrien, va se retrouver exilé en Australie, rencontrer l'amour mais avec la culpabilité d'avoir abandonné sa mère, son frère et ses amis dans un pays en pleine décomposition.

Et au printemps arabe de 2011, quand son frère disparaitra dans les mains des forces spéciales qui abattent tous ceux qui manifestent pacifiquement contre le régime, il va décider de revenir clandestinement dans son pays pour renouer les fils de son histoire et assumer son propre destin.

C'est magnifiquement réalisé par un couple de cinéma, Rana Kazakh et Anas Khalaf, joué à la perfection et renvoie à une histoire au présent que nous avons vécu par écrans interposés. Film indispensable pour comprendre combien le destin de certains est suspendu à la volonté des autres, combien ceux qui souffrent sous la botte des dictateurs ont besoin de la pression internationales pour réguler leurs poussées sanguinaires. Bachar a pu tout faire, même bombarder sa population civile avec des armes chimiques, sans que personne n'intervienne.

Et Sami osera le défier une ultime fois en refusant de se plier aux ordres de son bourreau.

Dans la fratrie des Mikhalkov, il y a le frère, Andreï Kontchalovski, Grand Prix du Festival de Cannes en 1979 pour Sibériade, son escapade aux États-Unis avec Runaway Train, son retour sur ses terres et à plus de 80 ans, l'incroyable créativité qui lui permet de se replonger dans l'histoire du communisme et d'un régime qui a laminé les individus en les privant de leur libre-arbitre.

Chers Camarades replonge dans les soubresauts de l'après-stalinisme, quand en 1962, se produit un massacre d'ouvriers se révoltant contre un système à bout de souffle qui ne les protège plus et baisse leurs salaires de misère. Une chape de plomb va tomber sur cet épisode tragique qui sera dissimulé pendant plus de 30 ans. L'art de Kontchalovski est de démonter les mécanismes d'une bureaucratie où chaque individu ne possède qu'une portion d'une vérité et se trouve dépendant d'une hiérarchie des pouvoirs sans limites. Une femme du conseil municipal va chercher sa fille disparue dans la répression et affronter toutes les interrogations qui mènent à ce pouvoir dévastateur. 

Et ce qui est terrible, c'est qu'elle va en appeler, devant la faillite générale, à un Staline mort et à sa main de fer pour remettre de l'ordre. Le communisme à produit un univers concentrationnaire où l'horizon se dérobe et où les services secrets sont les clefs de l'architecture sociale. 

C'est un film sur la désespérance qui montre à l'évidence que les printemps de révolte ne peuvent pas lutter contre les rigueurs des hivers russes.

Et en se replongeant dans l'histoire tragique de son pays, le réalisateur se reconnecte au temps présent et aux errements d'un pouvoir  dictatorial. Pauvre Russie de toutes les espérances !

Moi qui suit un de ses plus fervents admirateurs, je pouvait rêver d'un énième opus Eastwodien... las ! Pathétique Clint s'égarant dans un Cry Macho où il aurait dû se contenter d'être le réalisateur à défaut d'être l'acteur. Son âge visible ôte toute crédibilité aux élans amoureux des femmes qu'il croise et aux ruades des chevaux qu'il dompte. Allez mon Clint, tu as trop donné au cinéma pour ne pas t'apercevoir du drame en train de se nouer ! Tu es (très) vieux et trouver un rôle à ta mesure deviendra de plus en plus complexe. On pourra toujours se consoler en plongeant dans ta filmographie.

Et pour finir, loupé pendant le Festival de Cannes, et rattrapé au Raimu, mon cinéma fétiche de la MJC Ranguin, Les Intranquilles de Joachim Lafosse avec une Leïla Bekhti et un Damien Bonnard bouleversants. Une formidable plongée dans l'univers d'un couple percuté par la bipolarité du mari, sa volonté d'échapper aux traitement médicaux dès qu'il va mieux, la lente descente aux enfers de sa femme et de son enfant devant les montées récurrentes de sa folie, l'amour sans espoir malgré tout. Un film passionnant sur un sujet complexe, une tranche de vie sur le fil de la déraison !

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Festival du Film Panafricain de Cannes 2021 : Le vent d'ailleurs !

Publié le par Bernard Oheix

Quand Basile Ngangue Ebelle, président fondateur et âme du FIFP  m'a proposé d'être membre du jury de l'édition 2021, j'ai accepté avec enthousiasme cet honneur. En 2015 j'avais déjà connu ce privilège et je me souviens encore des belles heures partagées entre des films excitants venus d'horizons divers, les personnalités attachantes du jury, des rencontres au long des nuits de passion à transformer le monde pour que règne l'harmonie et la fraternité.

Et en ce 19 octobre 2021, je me retrouve donc aux côtés d'un jury de choc (je ne le savais pas encore !), sur la scène de la salle Miramar devant un public chamarré de couleurs, en train d'écouter les incantations d'un griot venu spécialement du Cameroun pour ouvrir la manifestation en lui accordant le regard bienveillant des ancêtres !

L'organisation avait conçu deux jurys, l'un de "fiction" dont je faisais partie, avec Hamid Benamra (réalisateur) et Dorothée Audibert Champenois, chargée des programme courts sur France TV et l'autre sur les documentaires, composé du Prince Kum'a Ndumbe III, une légende africaine, un lettré humaniste et héritier de la tradition, de Roch Lessaint-Amedet, comédien multicartes et bateleur de talent et d'Olivier Rapinier, réalisateur ultramarin. Disons-le tout de suite, l'ambiance fut particulièrement bonne entre les 2 jurys !

Et dès la séance d'ouverture, un court métrage d'animation d' Ingrid Agbo (Togo), Akplokplobito, nous plonge dans l'univers de personnages torturés aux bouches noires béantes qui, au cours de leurs parcours pour reconquérir une part d'humanité, retrouvent leur bouche pour mordre dans la vie. Après ce film passionnant, le 1er long métrage en compétition de la catégorie fiction, Hairareb de Oshoveli Shipoh (Namibie), nous permit de découvrir une oeuvre attendrissante sur l'amour d'un homme et d'une femme, sur le pardon des fautes commises, sur la fatalité de la disparition de l'aimée et sur cet enfant, né pour rattraper la vie et poursuivre le chemin de l'espoir.

Malgré d'évidentes faiblesses dans sa construction, c'est un film attachant plein de sincérité que l'on retrouvera primé pour l'interprétation féminine (Hazel Honda) avec une mention spéciale du Jury Fiction pour la réalisation. 

diversité des réalisateurs, scénaristes et producteurs engagés dans un combat ardu pour leur reconnaissance.

diversité des réalisateurs, scénaristes et producteurs engagés dans un combat ardu pour leur reconnaissance.

Après cette belle ouverture porteuse d'espoir, le festival prit son rythme de croisière avec, il faut bien l'avouer, des hauts et des bas. Une certaine faiblesse dans la qualité des films fictions longs, un trop plein de films documentaires, une grille pas toujours lisible avec en corollaire un public trop clairsemé garnissant les fauteuils accueillants de la salle... Loin de moi l'idée de jeter la pierre ! Je sais d'expérience combien organiser une telle manifestation n'est pas chose aisée mais les recettes pour gommer les aspérités, parfois, se nichent dans les détails. Une grille plus claire indiquant 10 fictions sur les créneaux 19h et 21h, dix documentaires sur les créneaux de 11h et 13h30 auxquels on pourrait rajouter, pour raccrocher le public cinéphile local, un focus sur un pays à l'honneur à chaque édition avec une série de films plus connus à 15h. Des coups de coeur de l'organisation sur le créneau de 9h. 

Il appartient à l'équipe en place de trouver l'alchimie entre la vitalité réelle des rencontres, l'ambiance passionnée générée par les présents et un projet cinématographique plus resserré, permettant de mettre à l'honneur ceux qui travaillent sous le soleil des tropiques à faire émerger une cinématographie trop souvent méconnue.

De séance en séance, nous avons continué à ouvrir nos yeux sur des horizons dérobés. Dans la catégorie des courts métrages fictions, quelques productions aux charmes indéniables, comme Juste un moment  (France) de Djigu Diarra , Smoking Kills (France) de Steven Luchet jusqu'à nos coups de coeur : mention spéciale pour The Shadow of your smile du Colombien Carlos Espina où l'univers de clowns se transforme en cauchemar de tueurs accomplissants des missions sous peine de perdre la vie. Une image délavée avec des couleurs criardes pour souligner l'éternel combat des miséreux en recherche d'une dignité perdue. Et le Dikalo d'Or, le grand prix, fut attribué à un bijou ultramarin, Dorlis d'Enricka MH. En Martinique, une jeune fille affronte un grand-père incestueux au crépuscule de sa vie et sa mère tue (?) celui qui porte la honte et que le silence a protégé des foudres de la colère et de la vengeance. Un film de 25mn ciselé au cordeau, sans une once de  faiblesse, une ambiance entre le mystique et le concret, la qualité technique d'une réalisatrice en pleine possession de ses moyens, accomplissant le tour de force d'aller jusqu'au bout d'une vengeance sans haine où l'ambiguïté reste le ferment de toutes les illusions. 

Pour le grand prix des longs métrages fictions, il n'y aura pas de discussions tant les qualités d'Enchained de Moges Tafesse sont évidentes. Dans la lignée d'un Hailé Gérima, il nous propose de partir dans une Éthiopie de la tradition à la reconquête d'un honneur perdu et d'un bonheur retrouvé. Une adolescente est mariée  à un homme puissant contre sa volonté malgré un amoureux qu'elle aime profondément. Celui-ci, va perdre son nom en devenant un mendiant et la rechercher à travers le pays pour l'aimer de nouveau. Le mari trompé invoque la coutume et les deux hommes doivent se rendre enchaînés jusqu'à la cour de la reine afin de plaider leur cause. La reine va profiter de ce procès pour affirmer son pouvoir sur les hommes qui l'entourent et la manipulent et le mendiant retrouver son honneur en dénonçant les abus du pouvoir et des juges unis par la corruption. Une image luxuriante d'une richesse incroyable, un jeu d'acteur époustouflant (Grand prix d'interprétation masculine pour Zerihun Mulatu), la beauté de la langue et des traditions, tout était réuni pour faire de cette ode à l'amour et la sensualité, le film détonateur d'une prise de conscience de la révolte des faibles contre les puissants.

Pour le reste, une belle actrice, (Bridget John) au tempérament passionnée obtiendra le co-prix de l'interprétation féminine dans Marrying a Campbell, et même dans les films les moins réussis, un plan, une séquence, une bribe de scénario nous rappellent que le cinéma, pour être un art, est aussi une alchimie mystérieuse entre le travail et l'inspiration. 

défilé de mode sur le tempo de femmes envoûtantes !

défilé de mode sur le tempo de femmes envoûtantes !

Bon que dire sur mon jury Fiction. Hamid Benamra, le président, un ami pour la vie, un homme au talent rare, Dikalo d'Or en 2014, fabriquant d'images à l'univers si particulier. Dorothée Audibert Champenois et sa coiffe afro, pétulante et gracieuse responsable des programmes courts à France TV aux idées bien arrêtées, dans le mouvement perpétuel d'une activité débordante.

Pour ce qui est des documentaires, les jurés n'ont pas chômé et si vous voulez connaitre leur palmarès, rendez-vous sur le site du Festival Panafricain. Mais le Prince, Roch et Olivier n'ont pas fini d'entendre la musique de la réalité chanter la complainte des jours heureux.

Et moi, j'étais bien dans cette ambiance ouverte à toutes les différences, quand l'espoir rime avec l'avenir.

Bravo encore et merci à l'équipe d'organisation et à Basile, son chef d'orchestre !

Dans les bras d'une Afrique éternelle !

Dans les bras d'une Afrique éternelle !

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