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Oppenheimer : Le cinéma au service de l'intelligence !

Publié le par Bernard Oheix

Moi qui m'insurge à longueur de temps contre les films qui s'étirent au long de la complaisance des réalisateurs, je dois avouer que les 3 heures de Oppenheimer sont indispensables pour entrer dans le cerveau et la vie tumultueuse du père de la bombe atomique, Robert Oppenheimer. 

C'est à une véritable page d'histoire que nous convoque Christopher Nolan, celle d'un homme de génie dans la tourmente d'un pays aux prises avec une guerre et qui devra se relever  dans un monde où les règles sont définitivement changées, à cause, entre autre, de son apport à l'invention la plus terrifiante de l'humanité.

Christopher Nolan, cinéaste britannico-américain à réalisé de grosses machines à cash, Inception, Interstellar, The Dark Knight... Habitué des podiums avec 11 oscars, il est sans conteste, un des acteurs de ce cinéma grand public intelligent capable de drainer des cohortes de spectateurs devant les écrans.

Avec Oppenheimer, il s'est confronté à un personnage de légende, renvoyant à l'histoire controversée d'un pays aux prises avec la réalité d'une guerre monstrueuse, avec l'affrontement d'un bloc communiste, et les tourmentes d'un monde à recréer après l'horreur nazie et la fureur d'une guerre avec le japon ou les soldats américains tombaient les armes à la main devant l'incroyable résistance d'un peuple qui ne cédait rien ! 

Et c'est une belle réussite qui, il fait nul doute, contribuera à accroitre sa collection de statuettes sur les étagères de son succès.

Le film se penche sur 3 périodes de sa vie : sa jeunesse étudiante, gestation d'un cerveau hors-norme, puis le projet Manhattan où la bombe nucléaire devient une réalité dans l'enclave secrète d'Alamo avant d'être larguée au dessus de Nagasaki et de Hiroshima et enfin, l'après guerre où le Maccarthysme tente de le faire chuter, de déboulonner l'idole de la communauté scientifique en raison de ses amitiés avec des communistes.

C'est dans une série d'aller/retour permanents que ces 3 univers se télescopent  avec leur logique intrinsèque. 

Dans la jeunesse, il y a l'éblouissement d'un cerveau sans limites, des rencontres avec d'autres génies, l'intuition comme un clef qui ouvre le futur, les voyages, les langues apprises, la mobilité et l'agilité d'un esprit enfermé dans un corps en train de grandir.

Dans la période de production de la bombe, on trouve sa responsabilité directe dans la constitution d'une équipe de chercheurs, son rôle fédérateur, l'organisation qu'il impose pour fonder la base secrète de Los Alamo où une ville surgit dans le désert habitée par une pléiade de ses relations acceptant de le suivre afin de résoudre le problème d'une première bombe atomique. Mais il y a aussi son rapport à l'armée et à l'autorité qui contrôle tout, ses amitiés avec des communistes, ses doutes, sa peur d'utiliser un fléau pour combattre un autre fléau... et les femmes de sa vies.

Reste la période de l'après-guerre où après avoir été célébré comme le père de la "bombe", il se retrouve dans les mailles du maccarthysme, devant une commission chargée de le piéger et de faire chuter l'idole du monde scientifique. Son retrait, son refus de se défendre, sa découverte des amis traitres et des traitres amis, jusqu'à un rebondissement final qui le lavera de toute tâche et le laisse avec ses doutes et la mort de centaines de milliers de japonais sur les épaules... mais aussi avec cette course définitive vers la bombe H et la création d'une arme que les blocs pourront faire peser comme une menace permanente contre l'humanité.

Cruelle plongée dans un monde qui nous rapproche de ce qui se déroule à l'heure d'une guerre d'Ukraine où les bombes sont brandies comme des flambeaux et menacent directement notre art de vivre. Il restera un homme déchirant, Oppenheimer, partagé entre des idéaux de fraternité, une volonté de paix, l'amour des autres qui restera celui qui a généré l'arme la plus extrême d'une humanité bien incapable de composer avec la raison pour faire cesser la course aux armements... et cela nous concerne tous !

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