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Retour vers Thiès

Publié le par Bernard Oheix

Elle est arrivée, l’heure de notre départ d’Angurman,  l’ile  paradisiaque où nous avons étiré le temps jusqu’à satiété. Quelques adieux émouvants avec François, notre hôte et son équipe, une photo de groupe et c’est le départ en pirogue pour se rendre à Bubaque, l’île capitale des Bijagos.

Quelques rues en terre, des masures en torchis et plus loin des résidences de luxe pour accueillir des touristes passionnés par la pêche au gros et la plongée... Nous apprécions la boisson fraiche de «chez Paul», un expatrié qui a ouvert un bar restaurant paillote où nous croisons toute une vieille génération de Français sur le retour qui ont abandonné l’idée de ce retour au Pays ! A les voir ainsi, je me surprend à repenser au «Coup de lune» de Simenon, un de ses romans réalistes, sur l’agonie des idéaux dans une Afrique qui dévore l’homme blanc et ses rêves !

Chez Paul... L'avenue principale de Bubaque

Chez Paul... L'avenue principale de Bubaque

Un jeune curé défroqué au look de routard  nous accompagne. Il rejoint notre groupe dans le canot plein gaz d’un résidence de l’île qui en 1h30 va nous transporter vers Bissau, dans une mer montante où nous cinglons, avec l’impression bizarre d’être dans un panier à salade, secoué de toute part, quelques vagues montant à l’assaut pour nous asperger d’eau !

Après un déjeuner chez l’évêque de Bissau, la route de l’enfer nous attend. Sortir de Guinée, traverser la Casamance, pénétrer en Gambie pour tenter de prendre ce bac de  Banjul de  tous les mystères, puis rentrer au Sénégal et arriver à Thiès. Nous avons prévu deux jours avec une halte à Ziguinchor pour ces environs 900 kms de route. Mais la chaleur éprouvante qui s’invite, 35° comme une chape de plomb, n’était pas prévue et étrangement, elle va bien nous servir. Sur les 12 contrôles de l’aller, nous n’en subirons que 6 au retour, avec 0 déchargement des bagages pour la fouille contre 3.... L’heure de la sieste et la chaleur poussent les pandores à agiter la main mollement sans bouger de leur siège et nous allons donc dévorer du km et de la poussière sur cette route aux tronçons rongés par les eaux et sur lesquels nous dansons de nouveau une surprenante rumba africaine !

La halte de Ziguinchor fut particulièrement appréciée. Douche fraîche, repas dans le patio de l’hôtel, Le Flamboyant, nuit paisible reposant des soubresauts encaissés pendant plus de dix heures. A l’aube, nous reprenons la route avec l’espoir d’arriver tôt pour avoir une chance de prendre le bac à Banjul sans trop de difficultés. La route est en bon état sur ce tronçon Sénégalais malgré quelques «gendarmes couchés», spécialité de ce pays. Le passage à Diouloulou nous rappelle une succulente Carpe aux oignons et une halte miraculeuse ! L’entrée en Gambie nous oblige à reprendre un visa de transit pour 60 000FCA, ramenés à 20 000CFA (le même tarif qu’à l’aller !) devant nos protestations.

Un indescriptible fouillis sur un bac hors d'âge !

Un indescriptible fouillis sur un bac hors d'âge !

 Nous entrons enfin dans Banjul et cherchons l’entrée du bac. Un policier nous contrôlant, s’installe à l’arrière et nous guide dans un invraisemblable imbroglio de gens, de véhicules divers et de «responsables»  chacun percevant une dîme sur ce que nous octroyons à notre cerbère. Au passage, nous entrevoyons des bureaux de Bolloré, le patron du port ? Miracle des miracles, nous nous retrouvons en premiere ligne devant la grille, mais sur le côté et notre guide disparait dans la foule, son argent en poche ! Il nous faudra quand même 4 heures pour passer le sas, un nouveau miracle, deux véhicules se disputant le passage, le cerbère hurlant bouge cette sacrée barrière dans le bon sens pour nous (et le mauvais pour les deux autres !). Une heure après, le bac déglingué, puant et poussif, démarre enfin et rampe vers l’autre rive dans des halètements qui jusqu’au bout, nous ferons craindre une apoplexie de ses moteurs usés jusqu’à la dernière limite.

Mais ce voyage inauguré par les miracles du curé Albert, se poursuivra sous les plus heureux hospices. La dernière portion de la Gambie sera une formalité ! Après nous avoir «rincé» à l’aller, la sortie se fait en douceur. L’entrée au Sénégal, pour un dernier long tronçon de «gendarmes couchés», d’ânes et de vaches rachitiques traversant à l’impromptu, de détritus de plastic rongeant les paysages magnifiques comme une lèpre de la civilisation industrielle (Auchan la superette de Thiès, continue d’offrir des sacs en plastic à leur nom !) ne seront qu’une longue reptation vers notre étape finale, après plus de 12h sur la route.

Il reste des images étonnantes, des sourires de bienvenue, des regards de connivence et la beauté des femmes, la joie des enfants, la sympathie réelle des Sénégalais toujours prêts à vous accueillir comme un ami qui leur veut du bien. Nous savons que tel n’est pas toujours le cas et que nos banques (la BNP), Orange, Auchan, Total, ne sont pas là par altruisme et que nos intérêts commerciaux valent bien une messe à Paris et un passage de Macron au Sénégal ! C’est notre cancer écologique que nous leur avons refilé, avec au passage quelques maux divers, histoire de leur rappeler que le néocolonialisme, c’est aussi une histoire de gros sous et de pouvoir !

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Une ile au Paradis : Angurman

Publié le par Bernard Oheix

Un canot fonce dans la baie de Bissau, contourne des bancs de sable qui affleurent au rythme de la marée, effectue une large boucle pour passer au large de Bubaque,  capitale de ce chapelet des Bijagos de plus de 80 iles, et arriver à  destination après plus d’une heure et demi d’une course effrénée sur une mer d’huile et un léger vent de large.

Nous voici sur notre domaine pour 8 jours, un ilot de 800 m de long et de large, habité en permanence par 4 personnes dont notre hôte François, un aventurier du bout du monde qui a créé cet «ecolodge» pour des touristes en mal de civilisation, désirant rompre avec l’univers concentrationnaire de nos villes et l’agitation d’un monde rejeté au large de nos préoccupations. 

Une ile au Paradis : Angurman

Des huttes en dur avec toit de chaume seront notre havre de paix, construites en respectant les principes écologiques de l’île, grandes ouvertures qui laissent se découper des baobabs ou des fromagers avec la mer comme horizon permanent. Les lits sont confortables, durs, et la petite salle de bains avec douche à l’italienne et toilette jouxte la paillote. Il y a du spartiate dans ce confort de l’extrême et cela n’est pas pour nous déplaire. L’énergie est solaire et n’est branchée qu’à la nuit tombée Il y a 4 lieux d’habitation pour un maximum d’une dizaine de clients et nous sommes, pour l’heure, les seuls à occuper les lieux.

Après un cocktail de bienvenue à base de fruits du baobab et d’un alcool local, nous plongeons pour un premier bain et rejoignons la table a ciel ouvert adossée à un immense fromager pour un repas de poissons grillés sous nos yeux, dorades et surtout, la découverte d’un délice local, le «thiof», à la chair tendre et au gout indicible dont la tête est un régal des dieux.

Le personnel est composé de 3 hommes et d’une femme en plus de François, le patron cuisto. Silo tchak tchak, homme à tout faire et au bagout coloré, Américo le pêcheur silencieux ravitailleur de chairs tendres, Armando l’ombre qui marche et Secunda dont le sourire illumine un visage sévère.

La nuit, dans les alizés de la marée montante et le fracas des vagues, nous nous endormons avec la certitude que ce que nous cherchions au fond de nous est autour de nous et qu’il suffira de se laisser aller pour l’atteindre ! Les jours vont s’enchaîner  dans un temps qui se contracte étrangement. Les journées s’étirent à l’infini de ce rien qui nous remplit et pourtant, il passe trop vite ! Tour de l’île, avec un lieu divinatoire de paille sur l’autre versant qui sert à d’étranges cérémonies animistes secrètes. Deux huttes occupées temporairement par des pêcheurs et leurs deux enfants qui surveillent  du poisson en train de sécher au soleil.  Les longues parties de pêche de notre curé Albert, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes de le voir se révéler comme un pêcheur émérite, lui l’homme d’église, nous abreuvant de «thiofs» et de daurades. De temps en temps, un porcelet grillé, des steaks de tortues qui se sont retrouvées prisonnières des filets des pêcheurs, des salades de papayes viennent rompre le rituel des poissons grillés.

Et entre les repas, balades, lecture et écriture, parties de cartes, baignades, ramassage de coques pour les spaghettis du soir... et toujours ces marées qui découvrent le large ou viennent se fracasser sur la côte en la rongeant inexorablement ! 

Une ile au Paradis : Angurman

Car le paradis est en danger. Cette civilisation que nous avons fuit se rappelle tous les jours à nous. Dans une trentaine d’années, Angurman disparaitra sous les eaux, rongée par la montée du niveau de la mer. Certains des baobabs de la côte en sont déjà à payer ce prix, la moitié de leurs racines à découvert, s’inclinant avant de s’écrouler pour un dernier salut à l’humanité. De même, une flottille chinoise de sept bateaux de pêche avec leur trois cargos usines est en train de saccager les fonds poissonneux de Bissau. Quelques bakchichs à des potentats locaux sans aucun doute les autorisent à refaire ce qu’ils ont déjà réalisé au large du Sénégal : épuiser industriellement les fonds marins d’une baie  riche pour migrer sous d’autres cieux  leur forfait accompli et continuer leur oeuvre dévastatrice ! Nous percevons du loin de notre retraite les soubresauts d’un monde qui s’arcboute sur l’idée de consommer toujours plus et de piller la nature. Nous ne changerons rien à cela, mais  que deviendrons nos enfants, nos petits enfants, qui ont aussi le droit de vivre leur propre éternité, quand les méfaits de nos comportements obèrent l’avenir avec certitude ? D’être si loin au fond nous rapproche des autres et  nous ramène à nous ! Mais voilà que se rapproche la date du départ.

Demain nous quitterons notre petit coin d’un paradis perdu. Nous allons replonger dans la folie de Bissau, prendre cette route défoncée de Ziguinchor,  subir les contrôles incessants des administrations tatillonnes, tenter d’embarquer à Banjul sur un bac de fortune  pour rejoindre Thiès. Mais ces 8 jours dans notre paradis, nous les emporterons avec nous comme un trésor que rien ne pourra jamais effacer !

Une ile au Paradis : Angurman

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En traversant la Guinée Bissau

Publié le par Bernard Oheix

En traversant la Guinée Bissau

9h d’une matinée chaude, avec le soleil qui darde ses rayons et brûle la terre rouge. départ de Ziguinchor. Après une trentaine de km, on débouche sur la frontière avec la Guinée-Bissau, portion de terre ceinturée de quelques bâtisses en paille avec une corde tendue sur la route, qu’un garde abaisse dès que le feu vert est donné par le grand chef assis à une table à ciel ouvert. Les formalités s’étirent, au rythme lent des gardes frontières, de la garde nationale et des douaniers qui, chacun à tour de rôle, contrôlent la voiture, ses occupants et les bagages, afin de bénéficier d’un billet glissé discrètement dans la paume ouverte. Il s’agit en général de 1000 CFA (soit 1,5€), complément indispensable au salaire d’un fonctionnaire, petite somme il est vrai... mais que les contrôles incessants font monter en frais de route incompressibles.

La Guinée Bissau est en pleine confusion, pouvoir chassé et vacant, administration ravagée par une succession de crises permanentes et une corruption endémique... On ne comptera pas moins de 12 contrôles jusqu’à la capitale de Bissau, certains à quelques km les uns des autres, par des entités incompréhensibles, des jeunes en jean et tee-shirts déchirés dirigés par un gradé attablé en train de siroter un café, d’autres par des hommes en uniforme d’opérette, tout le monde jouant à une roulette russe où vous êtes le seul à payer, mais pouvant déboucher sur un dépeçage général du véhicule selon l’humeur du contrôleur. Cela se passe toutefois avec bonhomie, quelques rires et un soupçon de catalogue à la Jacques Prévert à l’occasion, comme quand ce garde national effectue un test sur les essuies-glaces sous un soleil de plomb, ou que ce douanier nous demande si «-le boulot ça va» et qu’il éclate de rire en nous disant de continuer les vacances en nous ouvrant la route sans réclamer son billet déjà prêt, ou même quand de jeunes garçons jouent aux douaniers en tendant une corde en travers de la route à hauteur d’une mangrove et nous réclament une pièce et des bonbons !

200 kms d’une route rongée par la mousson et les débordements des mangroves nous attendent. Il faudra plus de 5 heures pour traverser cette zone longeant la côte. Dans ces passages difficiles, la voiture bascule sur les bas-côtés de terre en meilleur état que le bitume troué de ravines et de crevasses profondes. Quelques villages misérables autour d’un puit d’eau parsèment la route avec un comptoir où l’on peu acheter un peu d’huile de palme, du vin de cajou et quelques sacs de charbon de bois artisanal. De temps en temps, une ville plus importante avec son marché à ciel ouvert où se concentrent les étals de fruits et de légumes, les sandales et les cargaisons de produits usagers débarquant par containers des pays développés, tout un invraisemblable bric à brac des rebuts de l’Europe recyclés en permanence et qui trouveront une dernière vie dans un pays qui se situe dans les dix plus pauvres de la planète. Pourtant, à aucun moment nous ne nous sentirons en danger, bien au contraire. Le regard curieux des villageois, les sourires des hommes accompagnés d’un geste du bras, les cris des enfants nous accompagneront tout au long du chemin. Vers 15h30, après un dernier contrôle positionné à la sortie d’un pont à péage, nous entrons dans les faubourgs de Bissau, notre destination.

Après avoir déposé nos bagages dans la mission catholique de l’évêque de Bissau, nous filons boire une bière en centre ville. Bissau est une gigantesque avenue bordée de marchés, dans un encombrement maximum, un concert de klaxons, des dégagements de gaz et  des piétons qui circulent entre les voitures en slalomant avec leur vie. L’avenue Amilcar Cabral débouche sur la grande place et sa stèle érigée au sommet de la ville.

Le soir, au réfectoire de la mission, nous allons rencontrer un italien, Antonio, médecin obstétricien, en mission dans un village reculé à Bigènes, en train de construire une maternité et de former les «accoucheuses»  à la prophylaxie et aux gestes de premiers secours. Cet homme passionnant et généreux nous parlera longuement de son travail et des conditions effroyables des femmes et des enfants dans ce pays de l’extrême. Mortalité infantile, 25%, une femme sur 17 mourant en couches. Une véritable roulette russe à comparer avec les chiffres d’un pays européen pour comprendre le drame quotidien des femmes dans ce pays.

La nuit, un concert de bruits divers monte dans le ciel, comme si jamais le silence ne pouvait l’emporter sur la frénésie humaine. Mais le paradis nous attend. Demain, ce sera l’embarquement vers Angurman, l’île des Bijagos où nous allons découvrir la paix sur terre... du moins en principe !

En traversant la Guinée Bissau

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Cauchemar en Gambie !

Publié le par Bernard Oheix

Une photo qui devait illustrer le précédent article. Collection de masques, visages de douleur, comme un coin enfoncé dans notre mauvaise conscience ! Sortilège de l'Afrique !

Cauchemar en Gambie !

Départ à 7h pour Zigenchor, la capitale de la Casamance. Une longue route avec comme point délicat annoncé, le passage en bac vers Banjuls, en territoire Gambien. La Gambie est un pays qui n’existe pas. Il est né dans l’esprit enfiévré d’un colon découpant à la hache un territoire étroit longeant un fleuve en plein milieu du Sénégal. Longue langue de terre incluse dans l’ethnie Wolof, elle, devenue anglophone par les hasards des tractations entre puissances coloniales.

De Thiès à Kaolak, dans la brume matinale et une température fraiche (13°), le trajet fut entrecoupé par d’innombrables «gendarmes couchés», des dizaines de petits dos d’âne à briser les essieux, souvent non signalés, longue succession de freinages jusqu’à un quasi arrêt pour passer les éperons de goudron. Heureusement, les vendeurs de fruits et d’objets divers se positionnent autour des ces obstacles, profitant des ralentissements obligatoires pour interpeller les conducteurs et leur proposer une gamme invraisemblable de produits divers allant du portable aux régimes de bananes, meilleur avertissement possible pour annoncer les obstacles sur la route !

Le passage de la frontière Gambienne fut haut en couleur, avec succession de chefs et de sous-chef pour attribuer les visas de transit et fouille intégrale de la voiture et des bagages par la brigade anti-drogue fort passionnée par la montagne de médicaments que notre infirmière (Thérèse) avait prévue pour le long séjour aux «Bijagos» qui nous attend, dans ces îles désertiques qui sont notre destination.Blocage pendant une demi heure sur une boîte de Doliprane ! Les passeports tamponnés, les papiers du véhicule paraphés, nous filons vers le bac promis et nous nous insérons dans une longue file de véhicules anarchiquement stationnés pour apprendre que certains sont déjà là depuis plusieurs jours dans l’attente de la prise du bac dont une des navettes est en panne et l’autre tributaire de la marée à cause de son tirant d’eau. Le miracle aura-t-il lieu ? En Afrique, tout est possible, même l’impossible ! La soutane de notre curé Albert, notre guide, envoya un premier signal que Dieu était avec nous. Un des «responsables», et ils sont nombreux, catholique fervent, nous fit sauter la longue file pour nous retrouver en 3ème position du sas d’accès. Deux heures s’étaient écoulées mais la vision d’un portail vert s’ouvrant sur chaque ferry débarquant, (environ toutes les heure et demie), signe d’une libération imminente nous faisait espérer en ce miracle. Las ! Le capharnaüm incroyable de cette entrée, coincée entre le déversement des camions de l’usine d’arachides qui jouxte le sas, le flot des véhicules tentant de sortir du ferry, l’amoncellement de ceux qui tentent d’entrée, les taxis en maraude et les piétons et vendeurs à la sauvette, créent un invraisemblable chaos, de bruits, hurlements, odeurs par une température de 35°où tout se termine dans le rire et la bonne humeur de tous. Par deux fois, les grilles s’ouvrirent pour nous, pour se refermer mystérieusement ! Et le premier authentique miracle (il y en aura 3 !) aura lieu quand notre fervent catholique réussit à nous faire pénétrer après 6 heures d’attente en ultime véhicule sur les portes du bac se refermant. Plus de 6 heures d’attente avait été nécessaires, mais l’odeur marine et les lumières de Banjuls, la capitale de la Gambie, pointaient à l’horizon. 30 minutes de traversée pour toucher au paradis.

C’était oublier que les incidents dramatiques récents de la Casamance autour du bois précieux (plus de 20 morts) avaient crée une tension perceptible dans toute la région.. Traversée de Banjuls dans le compagnonnage traditionnel en Afrique des marchés à ciel ouvert nocturnes et d’une pollution effroyable avant de pouvoir rejoindre la frontière Gambienne où le 2ème miracle eut lieu. A 21H55, les pandores en grand uniforme  apposèrent leur tampon indispensable sur nos passeports, 5 minutes exactement avant que les barrières ne condamnent le passage jusqu’à l’aube du lendemain. Le poste de contrôle Sénégalais aux abonnés absents, nous roulâmes dans la nuit, à tombeaux ouverts pour tenter de rejoindre notre hôtel réservé à Zigenchor à 80 kms de là Mais à Diouloulou, dans la nuit, une chicane en rondins de bois en travers de la route vint doucher nos derniers espoirs. Un militaire, fusil mitrailleur en bandoulière, en travers de la route, nous signifia que la route était fermée la nuit à cause des incidents. Il n’y avait strictement rien autour de nous avec comme seul possibilité d’attendre l’aube dans notre véhicule. Impasse ! Patatras !

Et le 3ème miracle eut lieu. A Diouloulou, une communauté catholique existe dont le curé Justin avait été en séminaire avec Albert, notre guide. Coup de téléphone, voiture dans la nuit, deux curés s’embrassent et se congratulent devant le militaire qui s’écarte. Nous nous sommes retrouvés à 23h dans la maison du prêtre, avec la bonne en train de nous griller un succulent poisson aux oignons, un verre de whisky, toujours des rires et un lit confortable avec moustiquaire, bien nécessaire en ce pays de mangroves et de forêts... et une certitude que le lendemain serait un autre jour !

il n’en reste pas moins que les Sénégalais n’ont pas vraiment un grand amour pour les Gambiens et que la nuit, les chauve souris entamèrent un concert pour nous endormir d’un sommeil réparateur !

derrière ces grilles, le portique de la liberté avec le bac en horizon !

derrière ces grilles, le portique de la liberté avec le bac en horizon !

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Les sortilèges du Sénégal

Publié le par Bernard Oheix

 Il est 8h du matin, Ivresse du départ. L’avion comme une promesse de liberté. Le Sénégal est au bout de la ligne et nous en foulerons la terre ce soir. Bon, au passage, il faudra attendre plus de 4 heures dans le spot de Madrid, en transit !  Et là, patatras, le syndrome de la vache à lait nous tombe dessus ! 4,35€ le café, 30€ le mini sandwich, un morceau de fromage gros comme une vache qui rit et deux demies bouteilles d’eau ! Cela ne nous a pas fait rire ! Cela fait cher le soupçon de flamenco et  les exploits de Cristiano Ronaldo ! Chers amis voyageurs, si d’aventure vous devez faire une étape en l’aéroport du Réal Madrid, entamez un jeune, commencez le ramadan, faites tout ce que vous pouvez pour sceller votre estomac à toutes les tentations, votre porte-feuille vous en sera éternellement reconnaissant !

A 23h enfin, l’avion se pose sur le tarmac du nouvel aéroport flambant neuf de Dakar. Le curé Albert, notre ami fidèle, avec son beau sourire et sa gentillesse, nous attend et nous emporte dans la nuit, par des raccourcis sur des chemins de terre qui contournent les tronçons d’autoroute manquants, soulevant d’épais nuages de poussière se dissipant dans les phares. Thiès surgit dans la nuit, une ville endormie, car pour la première fois depuis bien longtemps, il fait presque froid avec 13°.  Pour nous, une température quasi clémente au vu de la neige qui s’abat sur la France, le pôle nord pour des sénégalais habitués à plus de mansuétude climatique ! Mais bien sûr, le dérèglement est une invention des chinois comme l’a déclaré un Trump d’opérette ! Bon n’exagérons pas, il n’y avait que les sourires de bienvenue de nos amis sénégalais pour nous réchauffer en affichant une gêne. Nous, on se contentait d’ouvrir grands les yeux pour scruter la nuit, les silhouettes difformes des baobabs dégarnis, se gorger des effluves si particulières d’une terre des confins si hospitalière.

J’étais déjà venu à Thiès, 7 années auparavant, avec Thérèse qui oeuvrait dans l’humanitaire et un couple d’amis, Birgit et Jacques. Exit le Jacques resté au pays, Birgit nous accompagnant avec toute son énergie et nous voici donc de retour, les valises chargées de médicaments, de ballons de foot, de matériel scolaire et accessoirement d’informatique.

J’avais adoré ce pays, (cf. mon blog, année 2011), la gentillesse réelle de sa population accueillante, le courage naturel qu’ils démontrent pour survivre dans les difficultés quotidiennes, leurs sourires et leurs rires comme un signe de reconnaissance. Après deux jours pour prendre contact et une plongée dans le marché gigantesque à ciel ouvert (à noter l’incroyable explosion des échoppes de téléphonie !), nous nous rendons à Dakar dans un trafic invraissemblable. Aux Almadies, quartier des ambassades, l’école dans laquelle nous logeons est située en face de la nouvelle ambassade américaine, un fortin gigantesque, entouré de grilles et gardé en permanence par des soldats en uniformes. Les drames récents au Moyen-Orient ont manifestement laissé des traces ! C’est dans ce petit port des Almadies que nous nous offrirons, en un rituel soigneusement maintenu, 4 douzaines d’oursins pour 8€, servis par une petite vieille au sourire édenté, aux doigts noueux, mais avec les yeux d’une profondeur insondable ! La vie est belle malgré les rafales de vent qui nous empêcheront de nous rendre sur l’île de Gorée, ce qui n'est que partie remise !

Et il y a l'accent chantant, ce français un peu précieux mais si joyeux, les bonjour qui fusent, les rires partagés pour un rien, juste comme un signal de bienvenue dans leur pays attachant et accueillant !

Mais déjà le grand large nous attend. Demain dès l'aube, à l’heure ou bleui la savane, nous partirons pour la Casamance et la Guinée Bissau. Là, nous embarquerons pour les îles Bijagos, un chapelet sauvage où nous robinsonnerons pendant 8 jours, sans internet, sans voiture, avec nous-mêmes, le paradis sur terre, et en mangeant le poisson que je pêcherai, ce qui n'est pas gagné ! Si nous en revenons, vous le saurez par un nouvel article qui paraitra dans ce blog, vers le 25 février ! A bientôt donc.... Peut-être !

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