Des Films, sinon rien : La nuit du 12, Has Bestas et Là où chantent les écrevisses !
Dominik Moll nous avait fascinés avec son Harry, un ami qui vous veut du bien, un polar dérangeant. Il renouvelle ici son coup d'éclat avec une affaire non-élucidée, nous le savons d'entrée, qui va explorer toutes les possibilités sans donner aucune clef, l'affaire n'étant toujours pas résolue à ce jour.
Et pourtant, nous allons être scotchés sur les diverses clefs explorées dans le labyrinthe des pistes et fausses pistes jusqu'à ce que la vraie réponse soit posée par l'amie de la victime : Clara a été tuée parce qu'elle était une femme !
Quelle que soit les raisons, femme libre, provocante, ce n'est pas elle la coupable, mais bien ce meurtrier inconnu que nous ne connaîtrons jamais et qui dort d'un sommeil du juste pendant que la mémoire de Clara s'estompe et se dilue dans les questions et les interrogations d'un crime non-élucidé.
Ce film fascinant, La Nuit du 12, plonge délibérément le spectateur dans un état de voyeurisme insidieux, comme si nous avions les clefs d'un mystère sous nos yeux sans pouvoir en connecter les évènements et dénicher le coupable. Le couple d'enquêteurs (Bastien Bouillon et Bouli Lanners) fonctionne à merveille et la musique lancinante ronge nos derniers espoirs d'une solution rationnelle à ce qui ne l'est peut-être pas !
Has Bestas de Rodrigo Sorogoyen nous plonge dans une région montagneuse de la Galice où un couple de français autour de la cinquantaine s'est installé afin de vivre une deuxième partie de leur vie dans un cadre écologique et en accord avec leurs convictions. Ils pratiquent une agriculture moderne et plus saine en respectant la nature, réparent bénévolement des maisons afin de redonner vie à ce village perdu et tentent de s'intégrer à cette communauté de montagnards.
Las, leur décision de s'opposer à l'installation d'un parc d'éoliennes sur leur terre et ainsi les quelques retombées économiques va braquer les locaux contre eux et entrainer une escalade de tensions et le drame.
Denis Menochet et Marina Fois sont extraordinaires de justesse et le final surprenant d'une femme s'accrochant à la mémoire de son mari et à cette terre qu'elle façonne de ses mains est un hymne à une nature dont on sait désormais combien nous la maltraitons et comme elle peut se révolter sous le joug des hommes inconséquents.
Un polar agreste passionnant et la preuve que le cinéma peut parler au coeur et à la tête en même temps !
La où chantent les écrevisses de Olivia Newman est une ode à la nature, à l'amour et à la différence. Kya, abandonnée par sa mère et ses frères fuyant un père qui les bat, se retrouve seule avec un alcoolique qui l'abandonnera aussi...
Elle va grandir et s'élever dans sa solitude des marais de Caroline du Nord, à Barclay Cove, aidée de quelques rares personnes (dont un couple d'épiciers noirs), recherchée par les services sociaux, devenant un objet de singularité auréolé de mystère pour sa communauté : la fille des marais !
C'est Tate, un jeune garçon qu'elle a rencontré sur sa barque qui va l'initier à l'amitié, puis à l'amour avant de partir pour l'université en l'abandonnant mais non sans avoir au préalable permis qu'elle s'accomplisse comme une écrivaine et dessinatrice du marais et de sa faune reconnue et célébrée. Chase va la séduire pendant son chagrin et l'utiliser comme un prédateur jusqu'à ce que l'on retrouve son cadavre dans les marais.
Débute la curée d'un procès où elle est forcément coupable malgré l'absence de preuves, la haine morbide de ceux pour qui elle est un être du mal.
Mais la justice triomphera, Tate reviendra de son exil et ils vivront d'amour et de partage dans ces marais qu'elle a magnifiés de sa plume et l'ont rendue célèbre.
Jusqu'à son décès après une longue vie de quiétude et de bonheur où Tate fera une étrange découverte...
Ces 3 films font honneur au cinéma. Ils proposent des visions personnelles et des histoires fortes. Ils sont filmés avec délicatesse et donnent le désir de s'immerger et de mieux comprendre le monde qui nous entoure. C'est le cinéma que l'on aime, celui qui nous transporte à travers un écran, dans un univers que rien ne peut troubler, celui de nos désirs et des fantômes du passé ! C'est l'image qui prend le dessus et nous guide par la main vers un lendemain qui chante. Que vive le 7ème Art !