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Hommage à Cannes

Publié le par Bernard Oheix

Cannes est ma ville, j'ai grandi entre ses murs, je suis allé au collège puis au lycée Carnot, j'ai fréquenté les adolescentes de Capron, j'ai plongé du haut des rochers rouges de La Bocca, j'y ai embrassé ma première fiancée, pris ma première cuite et suis devenu un garde rouge pendant le mois de mai 68 !
En hommage à ma ville, même si je suis né à Nice et reste un inconditionnel de OGCN, voici ces quelques lignes comme un reflet dans un oeil sombre, quand les années de jeunesse semblent si loin. 
En cette période d'élection, juste une image sépia de cette ville incomparable !


 La Ville de Cannes est si belle d'hiver comme d'été. Je longeais le quai de la Pantiéro qui donne sur le vieux port et ses pêcheurs en train de ravauder leurs filets avec un gros couteau à maillage. En levant la tête, on distingue la silhouette des Monts de l'Esterel, avec leurs calanques rouges qui plongent dans la mer turquoise. Au large, les îles de Lérins ceinturent l'horizon, l'île Sainte-Marguerite, avec son fort et sa prison au masque de fer et plus loin encore, Saint-Honorat, avec son monastère cistercien qui se dresse en sentinelle d'une civilisation évanouie, où ses moines cultivent le raisin et produisent la Lérina, un petit vin chargé des saveurs d'une terre gorgée de soleil et de sel marin. Plus loin le Cap d'Antibes dont le phare veille sur les embarcations qui sillonnent la Baie des Anges vers les pointes rocheuses qui enferment la Principauté de Monaco. Surplombant les Allées de la Liberté, la colline du Suquet et son église Notre-Dame de l'Espérance avec son clocher qui donne l'heure aux habitants et la tour carrée du Musée de la Castre où flotte, dans le vent, l'écusson bleu et blanc de la Ville de Cannes. Il y a un air de fête permanente dans cette petite cité les pieds dans l'eau, la couronne de palaces en arc de cercle le long de la Croisette, le Palais des Festivals comme un navire tourné vers le large et qui éperonne l'horizon du gris de son béton et des coursives qui courent le long des pans de murs vers le bleu de la mer avec son pendant du Palm Beach qui s'arc-boute sur la langue de terre qui pénètre dans la baie de Cannes. Plus haut encore, les Préalpes avec le plateau de Caussols qui ceint Grasse d'une couronne blanche et le Baou de Saint-Jeannet qui se dresse orgueilleux et fier dans la perspective des montagnes du Mercantour dont les sommets sont enneigés jusqu'au mois de Mai.
C'est un vrai paradis que des couchers de soleil somptueux embrasent à la tombée du jour, où une brise marine légère adoucit les chaleurs de l'été, où les fleurs poussent même pendant l'hiver parant les collines du jaune des mimosas, où chaque saison invente une symphonie de couleurs et des palettes de senteurs comme pour une invitation à la quiétude et à l'art de vie de tous ceux qui ont peuplé ses rivages et y ont construit leur abri.
Je suis né et j'ai grandi dans cette ville. Il m'a fallu quelques années d'absence de cette région pour comprendre la mer si calme au matin le long du boulevard du Midi que j'emprunte pour rejoindre mon bureau à moto, la ligne d'horizon si bleue avec son odeur salée, et le bruissement des vagues qui meurent sur les plages de sable fin.

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Détours par l'Université de Nice

Publié le par Bernard Oheix

J'ai enseigné pendant 9 années à l'Université de Nice. La semaine dernière, j'ai fait une intervention à la demande d'un responsable à l'IUT info/com de Sophia-Antipolis. J'aime toujours autant ce contact, transmettre, regarder et analyser comme si cela me permettait de mieux comprendre ce que je fais, d'éclairer ma pratique. A la fin des deux heures, ils m'ont applaudi...ce qui est  toujours agréable pour son ego !
Cela m'a remis en mémoire de mauvais souvenirs. Comment l'Université de Nice m'avait amené à démissionner et à renoncer à cette volonté de transmettre. Je me suis aussi souvenu que jamais personne n'a parlé de cet épisode, aucun responsable pour
 dialoguer, aucun retour comme si ce qui était arrivé n'existait point, n'avait jamais eu lieu.
J'ai décidé de publier dans mon blog cette lettre de démission adressées aux responsables de l'université qui ne m'ont jamais répondu... Vive l'Université française et ses cadres performants, vive les enseignants courageux qui osent affronter le monde de la réalité !


Madame B...,                                                                                                   Le 15/04/2005
Assesseur à la pédagogie.                                                                          A Cannes,                                                                                                                                                                                                        
 
Copie    : Madame la Doyenne.
   Monsieur Jean-Pierre T....
   Madame Marina N. : Responsable section Danse
   Madame Ghislaine Del R... : Responsable théâtre
 
 
Enseignant, chargé de cours depuis 9 ans à l’Université de Nice, Licence arts du spectacle, je tiens par la présente à vous informer que ma démission sera effective à partir du 22 avril 2005. Je n’effectuerai pas mon jubilé des dix ans, malgré l’intérêt réel et l’attachement que j’ai pour cette fonction de transmission d’une expérience acquise à un poste de responsabilités importantes. Je suis depuis 15 ans Directeur de l’Evénementiel au Palais des Festivals et des Congrès de Cannes et par ailleurs titulaire de deux maîtrises et d’un DEA dans cette même université de Nice.
En effet, face aux décisions scandaleuses qui ont été prises le 7 avril, je ne peux que constater que ma hiérarchie ne m’a pas suivi, bien au contraire, donnant raison à trois étudiantes (Charlotte C..., Marianne R..., Myriame B...) contre l’avis de l’enseignant, passant outre sa position, infirmant ses propos et la bonne marche administrative des règles énoncées par l’université elle-même.
J’assume un cours mensuel de 3 heures d’Economie de la Culture et de Culture d’Entreprise pour les licences arts : théâtre, danse. Mon cours comprend une partie théorique d’une heure, (économie du spectacle) et une partie pratique de deux heures, (gestion et encadrement d’un stage) obligatoire dans leur cursus…même si aucun créneau temps n’est prévu pour leur permettre d’assumer ce stage dans des conditions normales comme je le demande instamment depuis toujours. Depuis quelques années l’accroissement des effectifs (40 étudiants) pose le problème d’un suivi personnalisé de leurs travaux. J’ai toujours maintenu une réelle qualité d’enseignement et chaque étudiant a mon portable personnel et professionnel, mon mail et peut me contacter en permanence. Ils ne s’en privent d’ailleurs point et je suis toujours disponible pour les aider dans leurs démarches !
Au premier cours théorique de cette année, 3 étudiantes ont décidé de contester mon enseignement après 30 minutes, m’obligeant à intervenir et à leur demander de sortir. C’est la première fois qu’en 9 années d’enseignement je suis confronté à une telle situation.
Elles ont exigé un aménagement des modalités de validation vu « qu’elles ne pouvaient assister à des cours nuls » (dixit Myriame B... qui me l’a déclaré en face… en cela, elle avait au moins le courage de ses opinions).
L’administration (qui ?) sous leur pression, a décidé de les exonérer de contrôle continu…laissant la porte ouverte à un absentéisme chronique de cette section théâtre, par rapport à la section danse. De plus, comment peut-on passer en contrôle final un stage de 3 semaines qui implique le choix et la validation d’un stage, l’élaboration d’un mémoire et une soutenance publique ?
L’obligation de réaliser ce stage les a réveillées 3 jours avant leur départ en vacances. J’ai reçu un mail de leur part le 4 avril à 22h22 (cf : documents joints) me demandant de faire signer les conventions de stages par la Responsable de la section théâtre sans qu’il soit validé par mes soins...
J’ai répondu le 5 avril à 9h45 que je souhaitais qu’elles me présentent la structure dans laquelle elles devaient réaliser leur stage. Elle ont refusé (le 6 avril à 16h03) et malgré ma réponse à 18h16 ne m’ont pas contacté au téléphone pour trouver une solution. Vous avez apparemment décidé de faire avaliser cette conduite scandaleuse en prenant la décision de faire signer les conventions par la responsable de la section théâtre malgré mon opposition claire et cela sans même avoir le courage de me téléphoner pour en parler et m’annoncer cette décision. Je l’ai apprise le lendemain par un coup de fil volontariste de ma part à Ghislaine Del R....
J’en tire les conséquences.
 
Si je devais vous faire un cours sur la culture d’entreprise dont vous avez manifestement besoin, je vous dirais que le respect des règles et de la hiérarchie est la base même sur laquelle une équipe de travail peut fonctionner et atteindre ses objectifs. Quels sont les vôtres en l’occurrence ? Surtout pas de vagues, pas d’étudiants en colère, pas de bruit, quitte à abandonner toute autorité et à mettre l’enseignant en difficulté par le seul fait de refuser les règles que vous avez édictées et qu’il se doit d’appliquer.
Depuis des années je m’escrime avec passion à transmettre un « principe de réalité » à des jeunes bien démunis devant lui mais aussi devant une administration universitaire elle-même désemparée par cette ouverture au monde des entreprises (j’en veux pour preuve cette absence de planification d’une période de stage…bien qu’obligatoire !) .
Mon cours économie du spectacle s’appuie sur mon expérience de terrain ( je gère 100 jours/spectacles pour un budget annuel de plusieurs millions d’€ et dirige une équipe de 12 personnes) et sur une ouverture à la réalité des événements, sur ma pratique de Directeur et sur mes capacités pédagogiques à transmettre ce savoir et ces modes opératoires (en l’occurrence insuffisantes face à trois étudiantes en recherche existentielle de certitudes).
 
 
Mais si la peur de voir ces trois étudiantes soupirer un peu trop fortement suffit à faire trembler tout l’édifice d’une université, alors je n’ai malheureusement plus rien à faire dans cet établissement. J’aurais aimé que vous preniez vos responsabilités comme je prends les miennes quand je suis seul devant des étudiants.
 
 
 
PS : Je vous transmets ci-joint les mails concernés et mon CV.
 
Bernard Oheix
Ex-chargé de cours de l’Université de Nice, licence arts du spectacle.

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