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projets d'Edito

Publié le par Bernard Oheix

 

Régulièrement je fourni des projets d'édito destinés à être insérés dans les programmes culturels du Palais. En voici deux que j'aime particulièrement !

 

 

Que reste-t-il de nos amours…

 

… et de nos beaux souvenirs d’été ?

 

Plein de souvenirs, bien sûr et la certitude d’être encore capable d’aimer…de s’émouvoir et de s’enflammer, d’avoir le désir de perpétuer dans les spectacles de la saison 2010/2011,les raisons d’un espoir et la confirmation que l’art est au service de la vie, des forces de la beauté, de la générosité, loin des calculs et des crises, juste au mitan de toutes les humanités !

Alors commencez avec les hilarants Ashton Brothers (16 octobre) votre parcours iconoclaste sinueux vers le rire décapant … enchainez avec les mystères de la Magie (23 octobre) et préparez vous pour les semaines qui suivent à vivre le théâtre (La Nuit des Rois, un chef d’œuvre d’humour et de modernité signé Shakespeare !), la Danse (Le Lac des Cygnes par Les Ballets de Perm), l’humour, la comédie, les grands spectacles comme les petits formats…

Sortez, enivrez-vous de ces notes, emplissez-vous de ces images, gorgez-vous de ces textes… il en restera toujours quelque chose, suffisamment pour vous permettre d’affronter les frimas de l’hiver et les convulsions d’un monde qui marche sur la tête !

Allez, vive la vie et vogue la galère !

 

 

 

Celui ci est le petit dernier, composé dans une période ou la Lybie se déchire sous le joug d'un tyran, dans les secousses effarantes d'un Japon démuni devant les convulsions de la terre et les vagues d'une terreur nucléaire. Comme si la Culture avait encore et toujours un rôle à jouer ! 

 

 

L’été comme une belle saison gorgée de soleil et d’amour avec les rives de la méditerranée apaisée, un horizon dégagé de tous nuages et les sons et les images d’une culture renouvelée comme introduction à la fête des sens, contribution à une harmonie universelle.

 

C’est cela un été de douceur, silhouettes des « salsera » épousant la musique pour défier les corps de leurs partenaires.

 

Ce sont les danseurs sublimes des saisons russes narguant les règles d’une pesanteur qui leur échappe….

 

L’écho des Nuits du Suquet, toujours flamboyantes car plus près du ciel, avec un programme recomposé alliant les grands noms du classique à la modernité d’un slam ou la voix chaude de Jean-Louis Trintignant sur des poèmes en musique….

 

Tableaux mirifiques des feux d’artifice issus de Chine, de Russie, d’Europe avec un final  de la firme Panzera en hommage à Daniel Delesalle. Et la furia du Pantiero, laboratoire de tous les sons de demain, groupes gavés aux tempi d’une énergie sans mesure, talents de demain sur une scène grandiose qui résonne toujours de la passion éclectique d’une ville pour la modernité.

 

Et puis ces notes jazziques dans le jardin d’Eden de la villa Domergue et le vent chaleureux des  plaines slaves pour un final en apothéose avec le Festival de l’Art Russe.

 

Cannes au cœur du monde, Cannes comme l’âme d’une culture décomplexée parlant à toutes et tous de l’art de vivre ensemble.

 

 

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Au pays des voleurs de poules !

Publié le par Bernard Oheix

Django Drom. Une création des Nuits de Fourvière de Dominique Delorme. Hommage à Django, en images, par le gitan du cinéma français, Tony Gatlif et en musique, par Didier Lockwood, avec comme solistes, Biréli Lagrène, Stochelo Rosenberg et un violon que l'on aime, prêt à tout pour une expérience de musique hors des sentiers battus, Didier Lockwood. 11 musiciens les accompagnent dans cette promenade nostalgique sous le regard d'un Django Reinhardt centenaire heureux de sa postérité. Bouts de films entre l'histoire et le rêve, évocation d'un mythe de chair et de sang dans une période où le monde oscillait entre la douleur et l'espoir, éternelle marginalité de ceux qui volent les poules dans les basses-cours d'une société en train de bannir les différences en gommant leur existence. Derrière les aspérités d'un siècle déchiré par les guerres, les notes sont des messagères d'espoir, les doigts des porteurs de paix et les sourires de la différence, des ambassadeurs d'un monde métissé qui refuse de s'inscrire dans une norme aseptisée. Ni hagiographie facile, ni posture de victimes, juste la musique comme un air de révolte pacifique. 

 

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Biréli Lagrène, c'est mon ami, un des artistes que j'ai le plus programmé dans ma carrière de programmateur (7 fois !). Il a des doigts qui distillent la magie, c'est un authentique virtuose grandi en dehors des écoles et des normes. Sa liberté d'improvisation n'a pas de limites et confine au génie. Il est lunaire, toujours un peu à côté de la réalité. Lui, dont on dit parfois qu'il est "gitan" dans sa gestion quotidienne de la vie, pour arriver à Cannes dans une France paralysée par la neige, a attendu 8 heures dans un aéroport pour rejoindre finalement le plateau une heure avant l'ouverture du rideau. Il m'a avoué, avec son drôle de sourire, que le fait que ce soit ce projet précis, le Django Drom, et à Cannes chez ses amis des débuts de sa carrière, qui avaient fortement influé son obstination à rejoindre les rives de la méditerranée. Qu'il en soit honoré au prix de mon amitié. Quand il s'est mis à jouer, c'est toute la quintessence de la guitare, douce et forte, cristalline et rugueuse qui s'est imposée, en hommage à son Maître, Django revenu d'entre les morts pour goûter aux plaisirs d'un dernier boeuf avec ses "potes" les gitans.

 

 

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Didier Lockwood est un autre génie. Son violon est une arme absolue contre la morosité. Il le fait chanter et pleurer à souhait et il fallait bien ce talent pour épauler la partition d'un Biréli portant à ses côtés l'âme sauvage de Django. Il aussi est une vieille connaissance des planches cannoises, (le Jazz et la Diva opus 1 et 2), lui aussi s'est passionné pour cette entreprise d'hommage non servile à une légende. il introduit un glissando merveilleux dans le staccato des guitares, une colonne souple et suave dans la frénésie du jaillissement des notes que les guitaristes en osmose catapultaient vers le public. C'est comme si, dans le feu d'artifice de ces oeuvres reconnaissables entre toutes, une pincée de clacissisme et soupçon de modernité venaient anoblir l'ensemble des oeuvres pour les figer dans l'éternité.

 

 

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Tony Gatlif est un homme d'images, un cinéaste reconnu auteur de films qui portent une touche de ce sang errant qui court dans ses veines. Père kabyle, mère gitane, enfance difficile au retour en 1960 de l'Algérie, et rencontre avec Michel Simon qui lui ouvre les yeux et lui permet de canaliser sa violence en la transposant dans un univers baroque et luxuriant d'images où foisonnent les symboles. Ses films obtiendront de nombreuses récompenses dont le prix de la mise en scène pour Exils à Cannes et  une clôture du Festival 2006 avec Transylvania . Le scène cannoise évoque des souvenirs pour lui, il est heureux d'être dans cette ville, dans cette salle et sur ce plancher qu'il a foulé en recevant des prix. Son film est une évocation qui fuit la servilité, entre séquences autour de Django et scènes de la vie quotidienne des "droms", paysages suréalistes et noir et blanc suggestif.

 

Le final du spectacle s'emballera sur un Boléro "swing manouche" déjanté, le rythme lancinant de Ravel en contrepoint d'une frénésie à provoquer la transe du public, un effet de décalage sublime pour une ode à la beauté et à la fureur de vivre.

 

Merci à Django et à ses interprêtes d'un soir de pureté comme au public conquis qui leur réserva une ovation. Une soirée comme je les aime et qui me fait penser, qu'il y a encore quelque chose de mystérieux dans la "marchandisation" d'un art trop formaté et d'un public parfois trop complice des errements du show-biz.

Je n'ai pas parlé de Stochelo Rosenberg bloqué dans l'aéroport d'Amsterdam sous la neige, je n'ai fait qu'évoquer les onze musiciens, tous solistes, qui donnèrent un souffle magnifique à cette soirée, je les associe tous à la réussite de cette soirée et que vive le spectacle vivant !

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