Sénégal : La fin du voyage !
Retour à Thiès pour quelques jours où nous allons renouer de vieux contacts auprès de nos amis dans les villages reculés. Il y a ce dispensaire perdu dans la brousse à qui nous apportons une valise de médicaments divers récoltés en France auprès des nôtres. C’est incroyable comme nos médicaments vieillissent mal dans nos armoires alors qu’ils sont si indispensables ici. Des boites d’antalgiques, d’antibiotiques, contre l’asthme où tout ce qui traine et se périme chez nous est cruellement vital dans ces villages isolés de la savane. Il y a ce docteur, une assistante et deux volontaires médicales en mission qui les accueillent avec tant de bonheur, avec la certitude qu’ils vont retrouver une nouvelle vie au service des plus démunis et peut-être même faire quelques miracles ! C’est à Tivaouane que nous offrirons une valise de jeux pour les enfants. Ballons de foot achetés avant de partir, quelques livres et cahiers, des brosses à dent et des lunettes pour les anciens.
Et aussi cette école maternelle avec des enfants beaux comme l’avenir, au regard espiègle, à qui nous offrons un lot de cahiers de coloriage, des crayons de couleurs et des ballons gonflables. La joie sincère des institutrices, immédiate et sans fard. Le plaisir pour nous de donner sans rien attendre, juste une photo avec des enfants comme pourrait être nos enfants, l’instant magique d’un sourire qui illumine leur visage ! Pèlerinage aussi au monastère de Keur Moussa, un des plus importants d’Afrique. Messe avec la Kora, percussions et choeurs... un coup à (presque !) retrouver une foi que je n’ai jamais eu.
Il nous reste une dernière étape. La Somone, où nos amis de Cannes, Pape et Nicole nous prêtent leur maison pour une semaine dans la zone touristique du Sénégal, à deux pas de Saly. Changement de décor. La chaleur tout d’abord avec des bains dans l’océan tous les jours, des déjeuners dans des gargotes les pieds dans l’eau (extraordinaire la brochette de poissons de chez Rana à Saly !). Le tourisme étranger aussi, avec son lot de richesse pour les locaux mais aussi tous ses vices que nous connaissons bien dans une ville comme Cannes. Des vieilles blanches au bras des étalons jeunes noirs, comme pour se venger de la norme inverse, des vieux beaux en squad, une faune tout à fait étonnante que les habitants regardent avec envie et une certaine condescendance...
Car il reste cette fierté naturelle du Sénégalais, sa gentillesse ( les comment ça va ,ça va bien?, sans affectation, lancés par ceux que vous croisez sur les chemins de terre), sa joie de vivre dans les moments les plus délicats, ses regards profonds qu’il vous lancent comme pour vous comprendre. Ibou, le frère de notre hôte, qui se met en quatre pour nous aider, Madou, le jeune gardien de la maison, Awa qui nous concocte des plats succulents, à base de poisson et de poulet. Chacun nous offre quelques éclairs d’une meilleure compréhension des mystères de ce continent, des charmes de l’Afrique, et nous fais mieux saisir les aspects de leur vie. Derrière eux et leur noblesse, il y a la douleur de ceux qui vont périr dans la Méditerranée en tentant une traversée de tous les dangers, exploités par des réseaux mafieux, rendus en esclavage par des tyrans locaux. Il y a les rêves avortés, les rendez-vous impossibles avec le bonheur, la misère entretenue par la corruption des élites politiques, leur incapacité à prendre à bras le corps les problèmes qui ravagent le pays. Pourtant, le soleil se lève aussi pour la population et entre ses rayons, la vie pourrait être si douce, si belle, si simplement le monde se mettait à marcher sur ses pieds et non sur la tête de ses intérêts, de ses spoliateurs (y compris Français), si les chinois et les Turcs arrêtaient de prendre cette vieille vache éthique pour une vache à lait qui les engraisse eux, au détriment de ceux qui tentent de s’en sortir au pays. Le Sénégal est un pays fascinant. Il est aussi, comme tant d’autres, le laboratoire de l’expérimentation des riches pour s’affranchir de toutes règles. Mais le Sénégal saura s’en sortir. C’est nécessaire de l’espérer pour que l’homme continue de rêver à un monde meilleur !
Et un grand merci à RITA, belle et somptueuse chanteuse de la lagune de la Somone qui nous a permis d'utiliser son Wifi. Merci à elle et à tous les Sénégalais qui nous ont tendu la main pour que ce voyage se déroule de la meilleure façon !
Vive l'Afrique !