Au réveil !
Les jours s'épuisent à tenter de redonner un visage humain à ce que le chaos avait transformé en torrent de boue. Pourtant sous le soleil revenu, les raclettes que l'on s'échange entre voisins, les pelles qui creusent dans les immondices, les bras d'amis qui viennent spontanément vous soutenir, les montagnes de décombres qui s'amoncellent avant que des camions bennes les évacuent, tout cela forme un grand ballet absurde où les rires commencent à résonner, comme pour bannir la morosité et effacer les peurs de la veille qui planent encore !
Que dire de cette extraordinaire connivence entre les victimes de cette tornade aux relents d'un bouleversement climatique ? Que les trombes d'eau nous ont noyé dans des flots de boue et tenté de nous briser dans la nuit glauque ! Mais la chaleur est revenue, et les manches relevées, le courage de faire et d'oublier, une vraie chaîne d'humanité où l'on échange, se soutient, s'encourage et compatit.
C'est étonnant combien l'être humain arrive à se redresser dans l'adversité. Et l'entraide réelle des voisins victimes tout autant de la colère des cieux, la disponibilité des pompiers, des policiers, des services municipaux et tout simplement des individus touchés ou pas, dévoilent une humanité de courage, sans calculs, un instinct de survie ancré au plus profond de chacun d'entre nous, sans distinction de races, d'âges, de statut social et de religion... Juste une fraternité transversale entre nous, un désir profond de se fondre en une humanité fière de l'être et de lutter contre la nature hostile et la fin des utopies.
Il reste une mesure pour toute chose. 15 cm à bras le corps de boue et d'immondices vite chassées par l'espoir de renaître !