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Ali est né (La suite) !

Publié le par Bernard Oheix

-Qu’est-ce que je peux faire ?

-Qu’est-ce que je peux faire ?

-Tu sais pour l’infirmier qui m’a violée le mois dernier dans sa voiture, quand il m’a sodomisée, figure-toi qu’il a introduit un rat dans mon anus et depuis Nestor remonte petit à petit dans ma colonne vertébrale pour me dévorer le cerveau…

-Nestor ?

-Ben oui, le rat ! C’est ainsi que je l’appelle, tu ne trouves pas que c’est mignon pour un monstre qui me dévore le bulbe rachidien.

-Mais que veux-tu que je fasse pour te soulager ?

-Simple, il faudrait que tu introduises ta main dans mon cul et que tu t’enfonces pour l’attraper. Je suis sûre de mon coup, quand il verra tes doigts s’agiter, il va se jeter dessus et les mordre. Tu n’auras plus qu’à retirer le bras et il sera piégé. Je le mettrai dans une cage et il regrettera d’être venu au monde, par contre il faut que tu penses à me faire jouir quand tu seras en moi, et après, il faudra bien se laver les mains. Tu peux le faire pour moi, dis ?

Je ne savais si j’en avais vraiment envie. J’hésitais en soupesant le pour et le contre quand Sophie, la grande Sophie est arrivée. Cela faisait trois ans qu’elle était muette. Un matin pendant la réunion, elle s’était dressée et avait déclaré qu’elle refuserait désormais de s’exprimer. C’était son auto-stoppeur, celui qu’elle avait chargé sur la nationale 7 et qui l’avait violée pour s’installer dans sa tête qui la commandait et elle en avait vraiment marre d’entendre ses mots dans sa propre bouche. Tout ce qu’elle disait provenait de lui, et le seul moyen de le faire taire était de la fermer définitivement. « -Je me révolte désormais, il pourra guider mes gestes, j’en suis désolée, il est odieux, mais au moins mes pensées seront miennes. » Elle s’était rassise et depuis on n’avait plus entendu le son de sa voix. Cela ne l’empêchait pas de vivre avec le groupe, c’était juste un peu plus compliqué pour communiquer avec elle.

 Elle a croisé son index et son majeur pour signifier qu’elle voulait une cigarette. Nadia lui en a tendu une et elle l’a enfournée, la mastiquant avec délectation. Elle a déglutit son tabac et craché quelques brins puis est rentrée se vautrer devant le téléviseur pour fermer les yeux.

C’était une journée vraiment compliquée et les choses ne se sont pas arrangées avec Micheline qui a déboulé de la maison en montrant le ciel. Elle  s’est mise à hurler : -Regardez, venez voir, y a  des bites qui volent de partout. Elles arrivent tôt cette saison ! Faites attention, elles vont se mettre à pisser !

Je n’y croyais pas une seconde bien sûr, mais j’ai quand même enfilé mon bonnet, on ne savait jamais trop avec les bites volantes !

-Ecoute, Nadia, tu devrais plutôt envoyer Ali pour piéger ton rat.

-Mais je peux pas, tu me l’as pas encore fait, ou alors viens derrière la porte, je te suce un peu et avec de la chance j’aurai mon bébé, mon petit Ali.

Je n’avais vraiment pas envie d’une pipe à cette heure, d’autant plus qu’un nouvel arrivant avec une barbe longue jusqu’à la taille se pointait à l’horizon. C’est Thérèse qui l’a accueilli, normal, elle était la cheftaine, et ça, elle savait vraiment le faire, toujours avec son air de bonne sœur à nous dire ce qui était bien et ce qui l’était pas ! Elle répondait à nos questions invariablement par une autre question ce qui fait que les débats s’éternisaient avec elle et que l’on oubliait la première interrogation et que l’on ne savait jamais où l’on allait aboutir quand on tentait de la suivre dans les méandres compliqués de son raisonnement. C’était frustrant et le nouvel arrivant allait découvrir un interrogatoire façon Thérèse.

-Mais vous sortez d’où, vous ?

-Mais d’une autre planète, bien sûr.

-Et qu’est-ce que vous faites ?

-Je suis un moine et je viens vous évangéliser.

-Votre nom ?

-Diomède, le castrateur.

J’ai bien vu Thérèse lever les yeux au ciel, elle n’y croyait pas une seconde. Lui manifestement représentait une bonne source de dialogue. Elle aurait du travail notre cheftaine. Tant mieux, qu’elle comprenne que tout n’était pas si drôle dans notre univers. Et puis il allait falloir lui passer un bon savon car manifestement il avait oublié la fonction de l’eau et la crasse le recouvrait d’une pellicule épaisse. Moi ce qui m’attirait c’était ses ongles, des griffes recourbées d’au moins six centimètres qui lui donnaient l’air d’un oiseau de proie. Je lui aurais bien proposé de les extraire mais je ne le connaissais pas encore suffisamment. De toutes les façons, on avait le temps, il était là pour un bon moment vu sa tronche d’ahuri.

Nadia m’a regardé. Elle attendait ma décision. C’est fou ce qu’elle m’aimait. Pourquoi pas après tout ! Un petit coup vite fait, une bonne giclée et elle me lâcherait la grappe et retournerait à ses fantasmes. On est rentré et Mickey pérorait comme d’habitude. Il inventait un système d’antivol à base de résistance électrique et d’ammoniaque. Il en avait marre d’être potentiellement la victime d’un malandrin et se préparait activement à cette confrontation. Il fallait surveiller toutes les bouteilles de détergents pour être sûr de survivre. Avec lui, on n’était jamais vraiment sûr que ses expériences ne nous mèneraient pas à faire sauter la baraque avec tous ceux qui y vivaient. Je l’ai contourné avec précaution, il était vraiment trop imprévisible.

Je me suis dirigé vers le grand placard des jeux, il y en avait plein à notre disposition et je me disais qu’une petite partie de trivial-poursuite serait la bienvenue. J’allais bien trouver deux où trois joueurs disposés à se faire battre. J’avais appris toutes les réponses par cœur. J’ai ouvert la porte et j’ai vu Shiaman recroquevillée près des balais, les yeux grands ouverts. C’était ma préférée, une petite brunette qui souriait toujours et ne s’énervait jamais.

-Mais qu’est-ce que tu fais donc là ?

-C’est l’ascenseur, il est bloqué, je l’attends depuis tout à l’heure.

-Bon, ne t’inquiète pas, je vais faire appeler le réparateur.

Bien sûr, je n’en ai rien fait, je savais qu’il n’y avait pas d’ascenseur dans ce placard. L’heure du repas s’annonçait. Ils nous livraient la bouffe dans des grandes marmites de la cuisine centrale. Comme elle était loin et qu’il y avait un trafic intense, cela arrivait toujours un peu froid, mais ce n’est qu’une habitude à prendre.

Jean-Marc demanda s’il y avait de la purée. Faut dire qu’avec les cinq dents qu’il lui restait, la mastication n’était pas chose aisée. Je lui avais demandé pourquoi il s’obstinait à se faire sauter une dent pas jour, mais il m’avait répondu que c’était un secret et que s’il le disait à moi ou à un autre, il les perdrait toutes. Il n’en avait plus pour longtemps avant de pouvoir tout nous dire. Sa technique se sophistiquait. Au début, il se cognait la mâchoire contre le lavabo mais les inconvénients étaient nombreux. Il n’arrivait pas à bien viser et ne se la cassait qu’à moitié, ou même se trompait de cible. Et puis il fallait tout nettoyer après, et cela lui prenait un temps infini pendant lequel il hurlait de douleur, cela nous empêchait de travailler tranquillement, énervait les pensionnaires. Il prenait désormais son temps, un rituel bien rodé, enroulant sa mâchoire d’un tissu, il ligaturait sa dent avec un gros fil de nylon et l’accrochait à la poignée de la porte et quand l’un d’entre nous allait faire ses besoins, il entendait un crac et pouvait observer sa satisfaction, une extraction bien menée, un travail d’orfèvre qui le remplissait de fierté. Il prenait un sirop anesthésiant avant ce qui fait qu’il ne sentait même plus la douleur, cela l’attristait bien un peu, mais il avait compris que ses cris nous perturbaient.

C’était le jour du boudin et nous y avons encore eu droit. Angéla s’est levée, a rempli un broc d’eau et l’a versé sur les gros étrons qui marinaient dans la marmite. Elle ne supportait pas que l’on mange du sang mais Jean-Marc s’en foutait, il était en train de se gaver de mousseline par les espaces béants que ses cinq dents laissaient entrevoir quand il ouvrait la bouche, par contre on était plusieurs à aimer la consistance moelleuse d’un bon boudin et il a fallu égoutter le plat avant de pouvoir se servir. Tant pis, jusque-là, la journée avait été presque normale. Personne ne pouvait prévoir que Julien pète un plomb. 

Il a pris un couteau de cuisine et l’a lancé violemment sur son vis-à-vis, en l’occurrence le pauvre Christian qui n’y pouvait rien. La lame a ricoché sur son pull et a atterri à terre sous le buffet. Thérèse est intervenue avec promptitude, elle s’est interposée entre eux et a empêché que Julien, dans sa crise, ne se jette sur sa victime. Il lui hurlait au visage qu’il l’avait reconnu le traître, et que ce n’était pas besoin de se déguiser, qu’il était l’ennemi du masque de fer et qu’il le vengerait. Sa visite thérapeutique d’hier à la prison du Fort Sainte-Marguerite avait laissé des traces. Il se prenait pour le vengeur du prisonnier masqué, le fils du roi, alors que tout le monde savait parfaitement que ce n’était pas Christian qui jouait un double jeu. Lui n’y était strictement pour rien. Nous savions pertinemment que son truc c’était les photos de joueuses de tennis, toutes ses belles Kournikova, Mauresmo, Mary Pierce et autres championnes qu’il collectionnait dans des tenues affriolantes, leurs jupettes dans le vent, les jambes écartées dans l’effort pour rattraper la balle. Il ne se séparait jamais de son album et il était en train de hurler que Julien l’avait lâchement agressé parce qu’il était jaloux de ses photos et qu’il voulait lui dérober ses fiancées.

Une voiture est venue chercher un Julien désemparé. Il savait qu’il avait fauté, la violence sur les autres était prohibée, c’est une règle intangible, un principe sacro-saint qu’il ne fallait pas transgresser sous peine de retourner au centre illico. Il était penaud et tout chamboulé, il ne s’expliquait pas son geste et a embrassé Christian en l’assurant qu’il n’en voulait aucunement à ses trésors. Cela a fait un vide et Thérèse nous a réunis pour un groupe de paroles. Cela a cassé l’ambiance. Je n’avais pas du tout envie de parler et j’ai repris mon livre pour me plonger dans la phénoménologie. La page 72 était toujours au fond de ma poche et personne n’avait pu me la voler. J’ai remis la page à sa place et je me suis immergé dans mon bouquin. La lecture a vraiment du bon, j’ai pu tout oublier.

Au bout d’un moment, vu que personne ne voulait s’exprimer, elle nous a libérés et Nono est venu me demander de l’aider à enlever son casque. C’était un magnifique casque de football américain bleu avec des étoiles et le nom de l’équipe de Boston en lettres dorées. J’ai dû refuser car nous avions interdiction de lui ôter. Il faut dire qu’il se précipitait la tête la première contre les portes fermées et les murs dès qu’il en avait l’occasion. Il avait cabossé tant de parois et des cicatrices couraient sur son visage, c’est pour ça qu’on l’obligeait à le porter. Son visage était une carte routière, avec des grosses nationales, des petites départementales et même des carrefours, une plan Michelin déambulant. Il disait que quand il se regardait dans un miroir, son visage se déformait, la partie droite s’estompait et il n’avait plus que la moitié de ses cheveux comme un iroquois.

J’ai vu Nadia en train de parler avec Danièle derrière les fourrés d’aubépine du jardin, des histoires de femmes sans doute, je me suis approché pour écouter discrètement leur conversation. J’aimais beaucoup surprendre les discussions. Elle était en train de lui expliquer qu’aucun rat ne pourrait rentrer par sa minette vu qu’elle s’était ligaturée le sexe avec un fil de pêche, le matin même avant de venir au centre. Elle a soulevé sa jupe et baissé sa culotte. Elle s’était cousue les lèvres intimes et l’on voyait des gouttes de sang perler sur sa fente, le fil comprimait le bouton de son clitoris en l’entortillant, cela me rappelait une paupiette de veau dans une assiette de jus de tomates. Elles ne m’en ont pas voulu de les surprendre, bien au contraire, cela les a émoustillées et Nadia en a profité pour me demander si j’étais enfin  prêt à lui faire son enfant.

-Je réfléchis encore, on verra tout à l’heure !

Il y a eu un instant de répit, le calme plat avant la tempête. Françoise a jailli de la maison comme si elle avait le feu aux fesses. Elle était encore débraillée et sortait des cabinets. Elle avait sans aucun doute vu un serpent lui rentrer dans l’intestin pendant qu’elle faisait ses besoins. Cela ne lui était plus arrivé depuis un mois et elle était manifestement terrorisée. Elle s’est arrêtée, a pointé le doigt vers le cumulus blanc qui paressait dans le ciel et s’est mise à hurler: -C’est lui, ce nuage satanique, c’est sa faute, il a réveillé les serpents du diable ! Elle s’est enfuie, elle était vraiment paniquée. J’ai averti Thérèse et nous avons formé deux groupes pour la retrouver.

Nous avons exploré les entrées des immeubles et tous les recoins. Un chien aboyait dans le quartier, cela a attiré l’attention de Nadia très sensible aux animaux. Un berger allemand qui gardait une villa manifestait sa colère et nous alertait. Il grognait et grattait le sol avec ses pattes, furieux contre l’intruse qui l’empêchait de se coucher dans sa niche. Françoise s’était glissée par l’étroite ouverture et l’on ne voyait que sa tête blonde émerger de la pimpante cabane verte et rose. Il a fallu la rassurer, lui promettre que les serpents avaient raté leur coup pour qu’elle accepte de sortir et libère la place pour le chien qui se précipita sur sa gamelle. Heureusement qu’elle ne lui avait pas mangé sa pitance.

Diomède le castrateur, avec les pans de son cache-poussière qui balayaient le sol, ne cessait de demander si c’était de lui que l’on riait quand il n’était pas là. Thérèse l’a rassuré et tout le monde a rejoint le centre pour prendre un thé ou un café avec des petits gâteaux. C’était un moment important, tous assis en rond, à récapituler les évènements de la journée avant de rejoindre nos appartements thérapeutiques. C’était le dernier de nos rendez-vous, après nous aurions la possibilité de nous retrouver chez nous et d’être libre.

Nadia s’est installée à mes côtés et a posé sa tête contre la mienne. Elle ne parlait plus mais je sentais sa respiration, elle était oppressée à l’idée de se retrouver seule. Elle espérait vraiment que je l’inviterais à m’accompagner, que nous passerions la nuit ensemble. J’en avais marre d’être homo et finalement quand la réunion s’est terminée, je lui ai pris la main et nous sommes partis. Nos pas se sont accordés et je crois que Jean-Paul était un peu jaloux, je le comprends, il l’aimait tellement.

Elle a accepté de se laver les dents pour moi et je lui ai préparé une salade de tomates et de la mozzarella. On a regardé la télévision, c’était un épisode de Colombo et on a ri en pensant à Diomède le castrateur à cause de son imperméable. Elle ne m’a plus parlé de Nestor, il avait dû s’endormir et j’en ai profité pour lui faire l’amour. C’était bon et je sais qu’elle a eu du plaisir, quand elle ne fait pas semblant d’avoir un orgasme, c’est qu’elle est vraiment contente. Elle n’a pas simulé, elle est restée les yeux grands ouverts pendant que je jouissais et nous nous sommes endormis dans les bras l’un de l’autre.

C’était vraiment une bonne journée mais je ne sais toujours pas si Ali est né.

 

PS : En hommage aux personnels qui rendent l’hôpital psychiatrique un peu plus humain et tentent  d’harmoniser le monde des cauchemars et celui de la réalité

 

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Ali est né !

Publié le par Bernard Oheix

Voilà, exhumé du Grenier de ma mémoire, une nouvelle écrite il y a bien longtemps, à l'époque où je baignais, grâce à ma conjointe et à ses amies, dans l'univers de la psychiatrie et du rapport entre la normalité et la fuite en avant de ceux qui n'ont plus de limites.

Je vous l'offre, avec le recul du temps et la sagesse de la vieillesse, comme un hommage à tous ceux et celles qui doivent affronter le mal être des autres et remettre un peu d'harmonie dans la folie d'un monde qui perd ses repères et pousse les êtres à glisser vers le néant !

 

Ali est né

 

               -Je viens de tuer ma mère.

-Ah ! bon…

-Je l’ai même torturée, un peu, avant.

-Jean-Paul, tu ne vois pas que je suis en train de lire. Je prends mon café et je veux terminer ce putain de traité sur la phénoménologie. C’est facile à comprendre, non ?

-Oui, mais qu’est-ce que je fais du corps, et le sang, il me faut des serpillières. Rien ne marche ici. Tu pourrais m’accorder un peu d’attention, me conseiller, t’occuper de moi, quoi, toujours dans tes livres !

-OK, mais tu l’as déjà empoisonnée le mois dernier, décapitée en avril, écartelée en juin… elle ne peut pas mourir à chaque fois ta mère, tu as dû te tromper, c’est quelqu’un d’autre que tu as assassiné.

-Non, non, c’est bien ma mère et je viens de la tuer avec ces ciseaux à papier. Regarde, ils sont tachés de sang.

J’ai saisi la paire de ciseaux et j’ai commencé à m’arracher un ongle. Pas le couper, mais enfoncer une des pointes sous la peau pour le déchausser et quand il a bayé, j’ai mis mon doigt dans la bouche et avec les dents j’ai agrippé le bout relevé et j’ai tiré fortement. Une douleur violente, grisante, normale car j’avais décidé de m’ôter cette excroissance de chair dure qui me gênait, c’était indécent tous ces ongles qui poussaient sans arrêt et il fallait bien que j’intervienne. Hier, après la séance de l’après-midi, je m’étais occupé des doigts de pieds, c’était plus facile avec une tenaille, et je dois dire que j’avais passé une bonne nuit malgré la douleur et le sang qui coulait et inondait mes draps.

Jean-Paul se tenait devant moi et j’ai compris que je ne pourrais pas continuer ce chapitre passionnant. J’ai arraché la page 72 pour me rappeler où j’en étais et je l’ai fourrée dans ma poche puis je l’ai accompagné dans le salon. Évidemment, il n’y avait aucun cadavre, même pas une goutte de sang. Narquois, je l’ai branché.

-Tu vas avoir du travail pour tout ranger.

-Mais je te jure Erwan, elle était là, c’est quelqu’un qui a dû voler la dépouille pour la revendre, il paraît qu’il y a du fric à se faire avec un corps de femme.

Nadia est entrée, mutine à son habitude. Elle me cherchait depuis quelques temps déjà et tournait autour de moi comme une mouche attirée par un gros pot de miel.

-Mon Erwan chéri, c’est décidé, je vais accoucher, tu ne veux pas être le père ? Il aura tes yeux et ta bouche mais il faut que tu me promettes de ne pas lui arracher les ongles. Ce sera un bébé délicat et on l’appellera Ali.

-Je suis homosexuel, Nadia, tu le sais, c’est ma phase sans femmes.

-Quel gâchis, comment imaginer un tombeur comme toi dans les bras velus d’un mec, tu serais si bien comme géniteur de mon bébé, et puis j’ai envie de te sentir, ça fait un bon moment que je n’ai pas baisé et il faut se dépêcher avant qu’Ali naisse.

Jean-Paul est intervenu, furieux.

-C’est dégueulasse, hier on a couché ensemble et tu l’as déjà oublié. A quoi cela sert-il que je m’escrime à te faire monter au ciel si tu ne t’en souviens même plus le lendemain, la prochaine fois que tu auras besoin de moi, tu pourras toujours courir !

-Peut-être mais encore faudrait-il que j’y sois arrivée au 7èmeciel, et que ton sperme vaille le coup. Elle est nulle ta semence, c’est du lait en boîte, du pasteurisé semi-écrémé, pas un spermatozoïde à l’horizon capable de me féconder. Ici, il n’y a qu’Erwan pour être mon vrai amant. D’abord, j’ai couché avec toi parce que c’est sa période homo et qu’il lisait son livre, t’es qu’un remplaçant.

 

Nadia m’a pris à part et tiré par le bras. Elle m’a entraîné dehors pour fumer une cigarette, elle avait un secret à me confier. Elle était vraiment jolie bien que son haleine soit un peu forte. Il faut dire qu’elle refusait de se laver les dents à cause de sa religion, dans le coran, Mahomet n’avait pas prescrit de se laver avec une brosse et du dentifrice et elle avait décidé de suivre les préceptes de son guide.

-Tu ne devrais pas fumer dans ton état.

-Ce n’est pas grave, je n’ai pas encore le bébé dans le ventre, non, c’est autre chose, il faut que tu m’aides.

-Qu’est-ce que je peux faire ?

-Tu sais pour l’infirmier qui m’a violée le mois dernier dans sa voiture, quand il m’a sodomisée, figure-toi qu’il a introduit un rat dans mon anus et depuis Nestor remonte petit à petit dans ma colonne vertébrale pour me dévorer le cerveau…

-Nestor ?

-Ben oui, le rat ! C’est ainsi que je l’appelle, tu ne trouves pas que c’est mignon pour un monstre qui me dévore le bulbe rachidien.

-Mais que veux-tu que je fasse pour te soulager ?

-Simple, il faudrait que tu introduises ta main dans mon cul et que tu t’enfonces pour l’attraper. Je suis sûre de mon coup, quand il verra tes doigts s’agiter, il va se jeter dessus et les mordre. Tu n’auras plus qu’à retirer le bras et il sera piégé. Je le mettrai dans une cage et il regrettera d’être venu au monde, par contre il faut que tu penses à me faire jouir quand tu seras en moi, et après, il faudra bien se laver les mains. Tu peux le faire pour moi, dit ?

Je ne savais si j’en avais vraiment envie. J’hésitais en soupesant le pour et le contre quand Sophie, la grande Sophie est arrivée. Cela faisait trois ans qu’elle était muette. Un matin pendant la réunion, elle s’était dressée et avait déclaré qu’elle refuserait désormais de s’exprimer. C’était son auto-stoppeur, celui qu’elle avait chargé sur la nationale 7 et qui l’avait violée pour s’installer dans sa tête qui la commandait et elle en avait vraiment marre d’entendre ses mots dans sa propre bouche. Tout ce qu’elle disait provenait de lui, et le seul moyen de le faire taire était de la fermer définitivement. « -Je me révolte désormais, il pourra guider mes gestes, j’en suis désolée, il est odieux, mais au moins mes pensées seront miennes. » Elle s’était rassise et depuis on n’avait plus entendu le son de sa voix. Cela ne l’empêchait pas de vivre avec le groupe, c’était juste un peu plus compliqué pour communiquer avec elle.

 Elle a croisé son index et son majeur pour signifier qu’elle voulait une cigarette. Nadia lui en a tendu une et elle l’a enfournée, la mastiquant avec délectation. Elle a dégluti son tabac et craché quelques brins puis est rentrée se vautrer devant le téléviseur pour fermer les yeux.

C’était une journée vraiment compliquée et les choses ne se sont pas arrangées avec Micheline qui a déboulé de la maison en montrant le ciel. Elle s’est mise à hurler : -Regardez, venez voir, y a des bites qui volent de partout. Elles arrivent tôt cette saison ! Faites attention, elles vont se mettre à pisser !

Je n’y croyais pas une seconde bien sûr, mais j’ai quand même enfilé mon bonnet, on ne savait jamais trop avec les bites volantes !

-Écoute, Nadia, tu devrais plutôt envoyer Ali pour piéger ton rat.

-Mais je ne peux pas, tu ne me l’as pas encore fait, ou alors viens derrière la porte, je te suce un peu et avec de la chance j’aurais mon bébé, mon petit Ali.

Je n’avais vraiment pas envie d’une pipe à cette heure, d’autant plus qu’un nouvel arrivant avec une barbe longue jusqu’à la taille se pointait à l’horizon. C’est Thérèse qui l’a accueilli, normal, elle était la cheftaine, et ça, elle savait vraiment le faire, toujours avec son air de bonne sœur à nous dire ce qui était bien et ce qui ne l’était pas ! Elle répondait à nos questions invariablement par une autre question ce qui fait que les débats s’éternisaient avec elle et que l’on oubliait la première interrogation et que l’on ne savait jamais où l’on allait aboutir quand on tentait de la suivre dans les méandres compliqués de son raisonnement. C’était frustrant et le nouvel arrivant allait découvrir un interrogatoire façon Thérèse.

-Mais vous sortez d’où, vous ?

-Mais d’une autre planète, bien sûr.

-Et qu’est-ce que vous faites ?

-Je suis un moine et je viens vous évangéliser.

-Votre nom ?

-Diomède, le castrateur.

J’ai bien vu Thérèse lever les yeux au ciel, elle n’y croyait pas une seconde. Lui manifestement représentait une bonne source de dialogue. Elle aurait du travail notre cheftaine. Tant mieux, qu’elle comprenne que tout n’était pas si drôle dans notre univers. Et puis il allait falloir lui passer un bon savon car manifestement il avait oublié la fonction de l’eau et la crasse le recouvrait d’une pellicule épaisse. Moi ce qui m’attirait c’était ses ongles, des griffes recourbées d’au moins 6 centimètres qui lui donnaient l’air d’un oiseau de proie. Je lui aurais bien proposé de les extraire mais je ne le connaissais pas encore suffisamment. De toutes les façons, on avait le temps, il était là pour un bon moment vu sa tronche d’ahuri.

 

Nadia m’a regardé. Elle attendait ma décision. C’est fou ce qu’elle m’aimait. Pourquoi pas après tout ! Un petit coup vite fait, une bonne giclée et elle me lâcherait la grappe et retournerait à ses fantasmes. On est rentré et mickey pérorait comme d’habitude. Il inventait un système d’antivol à base de résistance électrique et d’ammoniaque. Il en avait marre d’être potentiellement la victime d’un malandrin et se préparait activement à cette confrontation. Il fallait surveiller toutes les bouteilles de détergents pour être sûr de survivre. Avec lui, on n’était jamais vraiment sûr que ses expériences ne nous mèneraient pas à faire sauter la baraque avec tous ceux qui y vivaient. Je l’ai contourné avec précaution, il était vraiment trop imprévisible.

Je me suis dirigé vers le grand placard des jeux, il y en avait plein à notre disposition et je me disais qu’une petite partie de trivial-poursuite serait la bienvenue. J’allais bien trouver deux ou trois joueurs disposés à se faire battre. J’avais appris toutes les réponses par cœur. J’ai ouvert la porte et j’ai vu Shiaman recroquevillée près des balais, les yeux grands ouverts. C’était ma préférée, une petite brunette qui souriait toujours et ne s’énervait jamais.

-Mais qu’est-ce que tu fais donc là ?

-C’est l’ascenseur, il est bloqué, je l’attends depuis tout à l’heure.

-Bon, ne t’inquiète pas, je vais faire appeler le réparateur.

Bien sûr, je n’en ai rien fait, je savais qu’il n’y avait pas d’ascenseur dans ce placard. L’heure du repas s’annonçait. Ils nous livraient la bouffe dans des grandes marmites de la cuisine centrale. Comme elle était loin et qu’il y avait un trafic intense, cela arrivait toujours un peu froid, mais ce n’est qu’une habitude à prendre.

Jean-Marc demanda s’il y avait de la purée. Faut dire qu’avec les 5 dents qu’il lui restait, la mastication n’était pas chose aisée. Je lui avais demandé pourquoi il s’obstinait à se faire sauter une dent pas jour, mais il m’avait répondu que c’était un secret et que s’il le disait à moi ou à un autre, il les perdrait toutes. Il n’en avait plus pour longtemps avant de pouvoir tout nous dire. Sa technique se sophistiquait. Au début, il se cognait la mâchoire contre le lavabo mais les inconvénients étaient nombreux. Il n’arrivait pas à bien viser et se la cassait qu’à moitié, ou même se trompait de cible. Et puis il fallait tout nettoyer après, et cela lui prenait un temps infini pendant lequel il hurlait de douleur, cela nous empêchait de travailler tranquillement, énervait les pensionnaires. Il prenait désormais son temps, un rituel bien rodé, enroulant sa mâchoire d’un tissu, il ligaturait sa dent avec un gros fil de nylon et l’accrochait à la poignée de la porte et quand l’un d’entre nous allait faire ses besoins, il entendait un crac et pouvait observer sa satisfaction, une extraction bien menée, un travail d’orfèvre qui le remplissait de fierté. Il prenait un sirop anesthésiant avant ce qui fait qu’il ne sentait même plus la douleur, cela l’attristait bien un peu, mais il avait compris que ses cris nous perturbaient.

C’était le jour du boudin et nous y avons encore eu droit. Angéla s’est levée, a rempli un broc d’eau et l’a versé sur les gros étrons qui marinaient dans la marmite. Elle ne supportait pas que l’on mange du sang mais Jean-Marc s’en foutait, il était en train de se gaver de mousseline par les espaces béants que ses 5 dents laissaient entrevoir quand il ouvrait la bouche, par contre on était plusieurs à aimer la consistance moelleuse d’un bon boudin et il a fallu égoutter le plat avant de pouvoir se servir. Tant pis, jusque-là, la journée avait été presque normale. Personne ne pouvait prévoir que Julien pète un plomb. 

Il a pris un couteau de cuisine et l’a lancé violemment sur son vis-à-vis, en l’occurrence le pauvre Christian qui n’y pouvait rien. La lame a ricoché sur son pull et a atterri à terre sous le buffet. Thérèse est intervenue avec promptitude, elle s’est interposée entre eux et a empêché que Julien, dans sa crise se jette sur sa victime. Il lui hurlait au visage qu’il l’avait reconnu le traître, et que ce n’était pas besoin de se déguiser, qu’il était l’ennemi du masque de fer et qu’il le vengerait. Sa visite thérapeutique d’hier à la prison du Fort Sainte-Marguerite avait laissé des traces. Il se prenait pour le vengeur du prisonnier masqué, le fils du roi, alors que tout le monde savait parfaitement que ce n’était pas Christian qui jouait un double jeu. Lui n’y était strictement pour rien. Nous savions pertinemment que son truc c’était les photos de joueuses de tennis, toutes ses belles Kournikova, Mauresmo, Mary Pierce et autres championnes qu’il collectionnait dans des tenues affriolantes, leurs jupettes dans le vent, les jambes écartées dans l’effort pour rattraper la balle. Il ne se séparait jamais de son album et il était en train de hurler que Julien l’avait lâchement agressé parce qu’il était jaloux de ses photos et qu’il voulait lui dérober ses fiancées.

Une voiture est venue chercher un Julien désemparé. Il savait qu’il avait fauté, la violence sur les autres était prohibée, c’est une règle intangible, un principe sacro-saint qu’il ne fallait pas transgresser sous peine de retourner au centre illico. Il était penaud et tout chamboulé, il ne s’expliquait pas son geste et a embrassé Christian en l’assurant qu’il n’en voulait aucunement à ses trésors. Cela a fait un vide et Thérèse nous a réunis pour un groupe de paroles. Cela a cassé l’ambiance. Je n’avais pas du tout envie de parler et j’ai repris mon livre pour me plonger dans la phénoménologie. La page 72 était toujours au fond de ma poche et personne n’avait pu me la voler. J’ai remis la page à sa place et je me suis immergé dans mon bouquin. La lecture a vraiment du bon, j’ai pu tout oublier.

Au bout d’un moment, vu que personne ne voulait s’exprimer, elle nous a libérés et Nono est venu me demander de l’aider à enlever son casque. C’était un magnifique casque de football américain bleu avec des étoiles et le nom de l’équipe de Boston en lettres dorées. J’ai dû refuser car nous avions interdiction de lui ôter. Il faut dire qu’il se précipitait la tête la première contre les portes fermées et les murs dès qu’il en avait l’occasion. Il avait cabossé tant de parois et des cicatrices courraient sur son visage, c’est pour ça qu’on l’obligeait à le porter. Son visage était une carte routière, avec des grosses nationales, des petites départementales et même des carrefours, une plan Michelin déambulant. Il disait que quand il se regardait dans un miroir, son visage se déformait, la partie droite s’estompait et il n’avait plus que la moitié de ses cheveux comme un iroquois.

J’ai vu Nadia en train de parler avec Danièle derrière les fourrés d’aubépine du jardin, des histoires de femme sans doute, je me suis approché pour écouter discrètement leur conversation. J’aimais beaucoup surprendre les discussions. Elle était en train de lui expliquer qu’aucun rat ne pourrait rentrer par sa minette vu qu’elle s’était ligaturée le sexe avec un fil de pêche, le matin même avant de venir au centre. Elle a soulevé sa jupe et baissé sa culotte. Elle s’était cousue les lèvres intimes et l’on voyait des gouttes de sang perler sur sa fente, le fil comprimait le bouton de son clitoris en l’entortillant, cela me rappelait une paupiette de veau dans une assiette de jus de tomate. Elles ne m’en ont pas voulu de les surprendre, bien au contraire, cela les a émoustillées et Nadia en a profité pour me demander si j’étais enfin près à lui faire son enfant.

-Je réfléchis encore, on verra tout à l’heure !

Il y a eu un instant de répit, le calme plat avant la tempête. Françoise a jailli de la maison comme si elle avait le feu aux fesses. Elle était encore débraillée et sortait des cabinets. Elle avait sans aucun doute vu un serpent lui rentrer dans l’intestin pendant qu’elle faisait ses besoins. Cela ne lui était plus arrivé depuis un mois et elle était manifestement terrorisée. Elle s’est arrêtée, a pointé le doigt vers le cumulus blanc qui paressait dans le ciel et s’est mise à hurler : -C’est lui, ce nuage satanique, c’est sa faute, il a réveillé les serpents du diable ! Elle s’est enfuie, elle était vraiment paniquée. J’ai averti Thérèse et nous avons formé deux groupes pour la retrouver.

Nous avons exploré les entrées des immeubles et tous les recoins. Un chien aboyait dans le quartier, cela a attiré l’attention de Nadia très sensible aux animaux. Un berger allemand qui gardait une villa manifestait sa colère et nous alertait. Il grognait et grattait le sol avec ses pattes, furieux contre l’intruse qui l’empêchait de se coucher dans sa niche. Françoise s’était glissée par l’étroite ouverture et l’on ne voyait que sa tête blonde émerger de la pimpante cabane verte et rose. Il a fallu la rassurer, lui promettre que les serpents avaient raté leur coup pour qu’elle accepte de sortir et libère la place pour le chien qui se précipita sur sa gamelle. Heureusement qu’elle ne lui avait pas mangé sa pitance.

Diomède le castrateur, avec les pans de son cache poussière qui balayaient le sol, ne cessait de demander si c’était de lui que l’on riait quand il n’était pas là. Thérèse l’a rassuré et tout le monde a rejoint le centre pour prendre un thé ou un café avec des petits gâteaux. C’était un moment important, tous assis en rond, à récapituler les évènements de la journée avant de rejoindre nos appartements thérapeutiques. C’était le dernier de nos rendez-vous, après nous aurions la possibilité de nous retrouver chez nous et d’être libre.

Nadia s’est installée à mes côtés et a posé sa tête contre la mienne. Elle ne parlait plus mais je sentais sa respiration, elle était oppressée à l’idée de se retrouver seule. Elle espérait vraiment que je l’inviterais à m’accompagner, que nous passerions la nuit ensemble. J’en avais marre d’être homo et finalement quand la réunion s’est terminée, je lui ai pris la main et nous sommes partis. Nos pas se sont accordés et je crois que Jean-Paul était un peu jaloux, je le comprends, il l’aimait tellement.

 

Elle a accepté de se laver les dents pour moi et je lui ai préparé une salade de tomate et de la mozzarella. On a regardé la télévision, c’était un épisode de Colombo et on a ri en pensant à Diomède le castrateur à cause de son imperméable. Elle ne m’a plus parlé de Nestor, il avait dû s’endormir et j’en ai profité pour lui faire l’amour. C’était bon et je sais qu’elle a eu du plaisir, quand elle ne fait pas semblant d’avoir un orgasme, c’est qu’elle est vraiment contente. Elle n’a pas simulé, elle est restée les yeux grands ouverts pendant que je jouissais et nous nous sommes endormis dans les bras l’un de l’autre.

C’était vraiment une bonne journée mais je ne sais toujours pas si Ali est né.

 

PS : En hommage aux personnels qui rendent l’hôpital psychiatrique un peu plus humain et tentent d’harmoniser le monde des cauchemars et celui de la réalité

 

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Bain du jour de l'an !

Publié le par Bernard Oheix

Et l'heure fatidique de mon bain rituel a donc sonné !

Dans une France sous la pluie et au matin glacé, le soleil se lève pour honorer mon acte de bravoure et c'est le coeur battant que je pénètre dans une mer pas vraiment complice ! Qu'à cela ne tienne, j'ai comme un désir de partage ancré en moi et c'est le coeur vaillant que je viens me faire dorloter par les vagues afin de transmettre, sinon un message, tout au moins une constatation : l'année 2023 aura été une année de merde et l'on peut s'interroger sur 2024 et les conséquences funestes de nos errements, de l'action de nos potentats jouant avec des bombes, de l'impéritie de nos dirigeants et de la perte de confiance d'une humanité désarçonnée qui voit l'humanisme devenir une valeur refuge de ceux qui n'ont plus rien et ne peuvent influer sur la marche du monde !

Bain du jour de l'an !

Il n'en reste pas moins que 2023 m'aura permis de sortir cette belle Métisse du Peuple des Épines de son sommeil et de l'exhiber aux yeux de tous. Dans 200 librairies de France, on peut la trouver ou la commander afin de partager avec elle un destin d'exception en 210 pages pour le prix de 18€.

Et si vous voulez vous donner toutes les chances de rêver en ce début d'année, plongez dans mon livre à défaut de la Méditerranée et suivez Talike, cette femme de passions dans son île de mystères. 

Bain du jour de l'an !

Alors, meilleurs voeux de bonheur pour cette nouvelle année, avec de l'espoir comme enraciné en nous pour que la beauté renaisse et que les femmes et hommes de bonne volonté puissent voir la beauté du monde et nos enfants grandir dans un monde pacifié !

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