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Le collier de phalanges

Publié le par Bernard Oheix

Il est temps. Vous êtes devant la télé, les pieds sur la table basse, une bière à la main et votre cerveau engourdi fixe la télévision, un numéro d'Envoyé Spécial. Petit à petit, dans les images floues et les commentaires lointains, quelque chose d'étrange et d'horrible monte comme une vague à l'assaut de vos certitudes. Il s'agit de morts, de centaines de milliers de morts, dans les villages, entre voisins, de générations décapitées. Il s'agit de l'Afrique, de Hutus, de Tutsis, vous ne comprenez plus vraiment qui est la victime, qui est le bourreau. Vous savez seulement que l'horreur était à notre porte et que nous l'avons laissée entrer en nous. Vous avez mal. Cette nouvelle est le produit de ce mal, partageons le ensemble

 

 

 

Le collier de phalanges

                      Ce n’est pas facile de tuer un homme ou une femme avec une machette, même un enfant d’ailleurs. On peut s’imaginer avec cette lame tranchante, aiguisée, polie par le temps, bien équilibrée dans la main et  croire qu’il suffit d’en assener un coup bien violent pour ôter la vie. C ’est une illusion. Il faut frapper si fort, balancer le bras sans hésiter, ne pas craindre le contrecoup du choc en étreignant le manche et espérer viser juste au pli du cou…mais c’est si rare de l’atteindre. On peut décapiter d’un mouvement ample quand la lame s’insère entre deux vertèbres cervicales et sectionne les nerfs, les muscles et les veines qui partent de la poitrine pour rejoindre le cerveau, mais cela n’arrive presque jamais.

 

 Dans la plupart des cas, les victimes se débattent, s’agitent, n’ont de cesse de se dérober devant l’inéluctable. Les cris ne sont pas vraiment gênants, bien au contraire, ils donnent une réalité à ce qui est en train d’advenir, ils nous poussent à agir, déclencheurs de nos mouvements, musique de notre acte, mais cette cible mouvante nous interdit toute possibilité de prendre notre temps et de faire du bon travail.

Moi, c’est le bruit de la lame contre la boîte crânienne qui m’a toujours dérangé. Passe encore pour le sang qui jaillit, mais le craquement  des os et les corps qui se cambrent ne sont pas esthétiques. C’est une faute de goût, un déni à l’ordre des choses, une faille dans le rituel des mises à mort. Surtout qu’il est évident qu’un coup ne suffit pas et qu’il faut alors renouveler l’opération plusieurs fois avant de pouvoir passer à une autre proie.

Ma première chasse s’est déroulée  il y a si longtemps. J’en garde un souvenir plutôt précis, des couleurs pourpres, une odeur d’urine, un son strident montant dans le ciel étoilé et que les flammes du feu faisaient danser. C’était une femme du village que je connaissais bien et avec qui j’avais partagé une nuit d’amour, deux étés auparavant, une des premières à m’offrir son corps. J’avais eu du plaisir à épouser ses formes mûres, elle m’avait guidé vers la jouissance, j’étais encore si jeune et je ne connaissais rien de la vie, ou si peu !. Là, couchée sur le dos, les yeux fous, elle me suppliait du regard pendant que les autres la violaient. Elle connaissait le dénouement et la terreur avait fait disparaître toute trace d’humanité de son visage, une peinture de la tragédie si humaine des passions. Les autres m’ont poussé et il a fallu que je m’exécute et  que j’introduise mon sexe dans le sien sanguinolent, que je trace ma voie dans l’écheveau de son ventre meurtri et je n’ai pas pris de plaisir, j’ai fait semblant, je vous l’avoue.

Comme j’étais le plus jeune, 15 ans, et que c’était ma première traque, ils ont voulu que ce soit de ma main qu’elle reçoive la mort, une offrande initiatique pour toutes les promesses d’un avenir que nous devions bâtir sans leur présence, une juste récompense qui scellerait mon sort au destin de mon peuple.  Ils n’avaient même pas besoin de boire pour se forcer à agir, cela semblait si naturel chez eux et cette purge ne faisait que commencer, un début dans l’horreur des nuits de soufre. Ils m’ont propulsé au centre de l’arène dans les flammes dansantes du feu qui embrasait la nuit, et ils ont entonné un chant de gorge, un cri  dans la nuit qui portait les orages. Ils dansaient en m’observant et je sais que c’est à ce moment précis que j’ai  décidé de lui trancher une phalange. J’ai pris sa main qui pleurait et m’étreignait, je l’ai étalée sur la terre rougie de son sang, elle n’a pas résisté,  j’ai sectionné ses appendices qui ne gigotaient même plus, le plus rapidement et proprement possible. J’en ai ramassé un, n’importe lequel, l’annulaire et je l’ai pointé vers l’horizon si lourd qui m’attendait. Elle avait déjà tellement mal que cette douleur complémentaire ne sembla même pas accroître sa peine. Un éclair a jailli dans ses yeux pendant que je brandissais mon trophée. J’ai pris ma respiration, je suis allé chercher au tréfonds de mes peurs, un hurlement qui a ricoché dans la nuit fauve et j’ai jeté en l’air ce misérable morceau de chair comme le doigt accusateur d’un Dieu qui nous avait abandonné. C’est ainsi que ma légende naquit, c’est par ce doigt et cette phrase lancée pour fuir au devant de ma terreur que tout est arrivé dans les rires de ceux que l’odeur du sang enivrait.

Ils l’ont achevée en se ruant à plusieurs sur elle, se disputant l’espace pour lui décocher des coups de pieds, lui enfoncer des braises dans les yeux, lui introduire un tison dans le vagin, ornant la masse sanglante de ses chairs d’estafilades qui zébraient sa peau noire des signes rituels d’une mort trop lente à venir. Vous ne pouvez pas imaginer comme la vie s’accroche désespérément aux moindres anfractuosités d’une enveloppe charnelle, comme il est difficile de chasser toute trace d’humanité de cette coquille qui avait été habitée par une femme de 35 ans. Elle avait ployé son dos sous les calebasses d’eau tirée du puits, ri de voir ses enfants naître,  pleuré devant la sécheresse du cœur des hommes pour finir après d’atroces souffrances, cadavre disgracieux, puzzle incompréhensible de la misère qui fait s’entre-tuer les frères.

C’est un cousin qui a provoqué la suite. Il a ramassé cet annulaire gris cendre et l’a enfilé sur un fil de nylon en forant un trou dans son extrémité pour me le passer au cou en une cérémonie initiatique et je me suis promené toute la nuit avec cet obscène bijou qui brinquebalait en s’égouttant des dernières traces d’un sang noir comme le diable qui s’était emparé de mon âme.

Le soleil se couchait tous les jours, et l’aube revenait invariablement pour les traques des marais, dénichant des fantômes humains le ventre vide, la boue dans les yeux, la certitude  d’une fin que les plus volontaires espéraient rapide mais que les femmes et les enfants subissaient dans les affres des tortures les plus ignobles. On s’habitue à l’horreur, on peut vivre avec les miasmes de la mort à ses basques.

Tous les matins, vers 9 heures, nous avions l’habitude de nous retrouver sur une langue de terre qui jouxtait le marais où se terraient des centaines d’êtres hâves et dépenaillés que la faim et la peur rendaient inhumains. Les femmes apportaient l’alcool et le gibier pour de grands repas qui nous réunissaient tous et au coup de sifflet du chef de la chasse, le vicaire de l’église, les enfants et les vieux s’enfonçaient dans les marigots pour dénicher ceux qui tentaient de se fondre dans la couleur de la boue pour échapper à leur destin. Ils avaient l’ordre de ne pas s’approcher des victimes et de nous rameuter d’un hurlement. Combien j’en ai entendu de ces sinistres signaux qui déclenchaient la ruée des hommes forts, ceux qui portaient les machettes et les houes et n’attendaient qu’un signal pour déchaîner leur fureur et combler ce vide obscur qui emplissait leur cœur de haine.

Suivant les jours, nous pouvions ainsi lever de 10 à 20 proies pour les périodes fastes qui toutes subissaient le même sort. Une agonie de souffrances dans les rires de leurs bourreaux et moi, au milieu, mêlant mes hurlements à ceux des victimes comme à ceux des chasseurs. Rituellement je sectionnais un annulaire et je l’enfilais à mon collier qui ne me quittait plus, comme s’il m’était nécessaire de porter ma croix à chaque heure du jour et de la nuit afin de graver chaque instant de cette page d’une histoire de l’humanité que nous écrivions en lettres de sang. Je ne les comptais pas, il se faisait de plus en plus lourd au fil de ces semaines où la vie s’était figée en un moment d’éternité dans cette région si éloignée de la nature des êtres. Nous étions devenus des animaux et je participais pleinement au sein de cette meute à l’effondrement de l’espoir devant le cancer d’un mal inconnu. Il était si normal de les exterminer.

Pourtant, je peux vous le dire désormais, pas une fois, pas un seul des gibiers que nous dénichions n’est mort de ma main. C’était ainsi. Personne ne pouvait se douter que derrière ce collier de phalanges, emblème de ma fureur et de mon implication, aucune vie humaine n’avait payé le tribut de cette lame qui tranchait les doigts pour éviter de sectionner le fil d’une vie. Je vous le jure sur les saintes écritures, je suis prêt à me faire dévorer par les flammes de l’enfer éternel si je mens, je n’ai jamais tué tout au long de ces chasses qui ont duré de longs mois sous l’œil d’un occident impavide qui attendait que la colère s’apaise. Je n’ai pas tué un homme, pas une femme, même pas un enfant, rien, j’ai simplement continué à enfiler des doigts sur un fil de nylon et le collier grandissait devenant si lourd à porter, tous ces doigts s’agitaient dans mes cauchemars, dansaient une sarabande de lumières crues, me dévoilant toujours plus au fur et à mesure qu’il me dissimulait. C’était ainsi, ma croix à moi, un culte me permettant de me remémorer le passé.

Avant chaque traque, les guerriers, ces cultivateurs que j’avais connus depuis mon plus jeune âge et qui m’avaient guidé sur les pas de mon adolescence, venaient s’incliner devant ma collection d’annulaires en un geste de déférence, cassant le buste pour baiser un des doigts racornis, communiant avec un dieu malin pour quémander la force qui guidait leurs bras vengeurs. Sans doute du fait de mon âge, j’avais un statut à part, mascotte de ce coin perdu dans lequel s’affrontaient les haines séculaires que le mensonge et la cupidité entretenaient. Les biens de ceux qui mouraient devenaient propriété de ses bourreaux par une loi non écrite, implicite, que la quantité de proies rendait d’autant plus attractive. Je ne suis pas devenu riche, bien au contraire. Je n’ai jamais pu dépouiller une des victimes de ses bijoux, de ses habits, de ses armes et parures, de sa besace dans laquelle s’entassaient les maigres biens de toute une vie de manque, parce que je n’ai jamais tué, tranché de gorge, fait couler un sang noirâtre de leurs veines, juste quelques doigts pour m’empêcher de dormir et venir me hanter.

Ils avaient si peu… mais ils étaient si nombreux que des fortunes se sont érigées, que des trésors se sont amassés dans les huttes du village désertées par une partie de leurs habitants. Je suis resté comme je suis né, sans biens terrestres, sans rien à pouvoir troquer. Ma seule richesse, c’était ce collier de phalanges que j’arborais et qui représentait la seule protection contre la barbarie que j’avais pu m’inventer, que le sort m’avait offert. Je n’ai jamais tué et c’est à lui que je le dois. Je n’ai jamais tué, je vous le jure.

Je ne vous demande pas le pardon pour mes frères et pour moi, je ne prie pas pour les victimes, elles sont trop nombreuses, l’éternité n’y suffirait point, je n’exige rien de vous, même pas de pouvoir dormir la nuit, je ne regarde plus le soleil, je l’ai oublié et je n’entends plus le chant des oiseaux. Il n’y a que le vide, et je suis assis au bord de ce vide. Pourtant, j’ai une requête à vous faire, quelque chose  qui me manque tant et que je vous supplie de me rendre, j’en ai besoin pour me rappeler que j’existe, restituez-moi mon collier de phalanges, il faut que je les compte maintenant que la terre s’est arrêtée de tourner, que le bruit a cessé. Rendez-moi mon collier, il me manque tant, je n’existe plus sans lui.

 

 

 

 

 

 

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A vous, les petits nouveaux

Publié le par Bernard Oheix

Salut à vous qui débarquez dans mon blog.

Ma prochaine livraison aura lieu le 6 juillet. Je vous promets une nouvelle bien relevée, de celles qui font faire des cauchemars, son titre est  "Le collier de phalanges" et elle devrait vous donner un bon coup au plexus. Mais oui, mes petits chéris, vous aurez droit aussi à quelques textes gentils, romantiques, doux...mais il faudra les mériter et vous accrocher encore quelques temps avec une prose plus...branchée sur le côté sombre de la réalité ! Tant pis, encore un effort pour être révolutionnaire.

Quelques photos aussi vont débarquer de la boîte à rêves...elles vous feront fantasmer, Claudia Cardinale et Cameron Diaz...y a pire ! Allez-y, circulez, c'est gratuit !

N'hésitez pas à vous inscrire à la news letter (colonne de gauche, en bas, un clic, et on rentre son mail), et en attendant baladez-vous dans les textes en y apportant vos commentaires, et si vous le désirez, transmettez l'adresse de ce blog à vos amis... 

Allez ! A bientôt. Sur ce blog où dans la vraie vie !

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La malle en cuir et l'enfant à naître

Publié le par Bernard Oheix

Les angoisses de la création, on connait ! La peur d'être père, on connait ! Alors quand les deux se conjuguent, attention, âme sensible s'abstenir.

La malle en cuir et l’enfant à naître

 Je poussais, tirais, m’escrimais sur cette énorme malle en cuir marron racorni, cerclée de lattes d’un bois dur comme la pierre, d’un poids qui dépassait toutes les ressources de mon énergie. Des petites roulettes grinçaient sur le trottoir de cette bourgade dans laquelle nous avions échoué par cet après-midi orageux d’un été indien. La poussière dans les yeux m’inventait des formes dorées qui faisaient danser au fond de mes pupilles les humeurs de mon sang. J’étais si furieux, si haineux du monde devant l’acharnement à contrarier mes désirs. Il m’aurait suffit de si peu, de ce poids d’une malle qui s’envolerait et  de retrouver ta silhouette comme avant, quand tu étais jeune et svelte et que ta taille tenait entre mes deux mains.

La vision de ce corps chaloupant les mains posées sur le ventre m’insupportait. Qu’avait-il bien pu se passer pour que cette amante qui se jetait à mon cou à toute heure du jour et de la nuit en improvisant des promenades célestes sur mon corps, se transformât en un informe amas de chairs distendues uniquement préoccupée à regarder croître ce têtard vibrionnant que j’avais injecté dans sa matrice soyeuse, un soir de contraceptif en panne. Et j’avais laissé faire cela, moi ? Où était la charmeuse de serpent qui me faisait miroiter le triangle noir de son impatience pour m’engloutir dans sa jouissance.

J’avais tout quitté des plaisirs et des responsabilités de cette terre pour devenir cet écrivain indispensable à l’équilibre du monde et je traînais derrière moi cette femme parturiente, enceinte de mes œuvres, et l’ensemble d’une vie d’écriture dans cette malle en cuir regorgeant de l’intégralité des 7204 pages écrites et refusées par l’ensemble des éditeurs de ce pays.

Le premier tome de mes 453 pages de mémoires, écrites à la plume d’oie et à l’encrier, puisqu’il paraît qu’une première œuvre est toujours autobiographique ce que j’avais décidé d’assumer et même de revendiquer, 4 romans dactylographiés de plus de 160 pages chacun, se situant dans la banlieue d’une mégalopole, avec comme protagonistes de jeunes délinquants à la recherche d’un amour sincère et érigeant une société sans contraintes dans un communisme primitif qui démontrait la profonde nature bénéfique de l’homme libéré des chaînes sociales et des lois asservissant l’individu. Des recueils de nouvelles, une saga sur une famille parcourant trois générations dans un petit village de l’Ouest américain, même si je n’y avais jamais mis les pieds, une thèse sur les dangers de la pollution et les excès d’une écologie subordonnée aux extrémismes, deux romans pour enfants et un porno gothique de 412 000 caractères qui mettait un moine du XVIIème siècle aux prises avec les nonnes endiablées d’un couvent qui s’imposaient le vœu du silence mais pas de la chasteté.

Il y avait aussi un journal regorgeant d’anecdotes sur le monde dans lequel j’étais plongé, d’innombrables articles envoyés mais jamais publiés par la presse inféodée aux intérêts des grands groupes capitalistes, 14 poèmes épiques formant la trame d’une histoire légendée de l’humanité et tant d’autres écrits à la force de mon sang, par cette vision qui me possédait d’un destin hors du commun, d’un talent que les autres me niait mais que je savais enfoui dans les tréfonds de ma personnalité. J’étais un écrivain aussi vrai que je te voyais ahaner en  roulant d’un bord sur l’autre, accrochée à tes espoirs d’enfantement, exhibant ton appendice comme pour signaler, si besoin était, que tu allais accoucher d’un monstre qui nous dévorerait le cerveau et nous sucerait la moelle épinière. Il t’avait, depuis ces 8 mois passés à rondir dans tes boyaux, déjà décervelée, jusqu’à te ramener à l’état animal, phagocyté par un mal mystérieux nommé instinct de maternité.

En attendant, elle était si lourde cette malle que cela en était une torture de progresser sur les pavés inégaux de Charlottesville vers cette pension qui devait nous abriter pour les quelques mois à venir : tu avais cet enfant à pondre et dans ma tête bouillonnait le récit épicurien d’un couple à la recherche du bonheur absolu qu’il me tardait de coucher sur du papier blanc comme l’espoir qui me poussait à persévérer dans la progression de cette malle si lourde, si pesante d’une vie incomplète.

Un ruisseau de sueur dégoulinait de mon front pour suivre la commissure des lèvres et tomber en gouttes régulières aspergeant alternativement les pavés et le devant de ma chemise où une auréole s’étalait, à la mesure de l’énergie que je développais pour trimbaler cette gigantesque valise. Dans un effort surhumain, je fis progresser ma malle maudite sur plusieurs dizaines de mètres, contournant l’angle de la rue et m’engageant vers la pension du soleil. J’ai entendu un cri, une voix angoissée clamant mon prénom, j’ai senti un souffle affolé me caresser le cou et j’ai tourné la tête. Je ne voyais plus rien, l’angle de la rue me dérobant l’agitation qui bruissait, faisant courir des vagues sombres d’autant plus inquiétantes que l’imagination suppléait les sens de l’observation. J’hésitais, ma malle en équilibre et je revins sur mes pas, passant ma tête par-delà le coude de la rue afin de percevoir la cause de ce tumulte.

Elle était allongée sur le dos, jambes écartées, une mare s’étalant sous sa jupe, elle haletait telle une chienne, geignant des « il est là, il arrive » comme une litanie de pleureuses dans une tragédie grecque où l’on discernait les syllabes de mon prénom en un doigt accusateur dévoilant à la face du monde, l’auteur et responsable de cet accouchement diurne sur un bout de trottoir d’une petite ville de province.

« Et merde, elle va quand même pas me le pondre maintenant ! » Et pourtant, elle avait bien entamé le travail et déjà une tête chevelue en forme de pastèque apparaissait dans l’ombre de ses cuisses. Plus de trente personnes s’étaient attroupées, tant pour jouir du spectacle en technicolor de l’arrivée de mon aîné, unique et spectaculaire progéniture, engagé dans l’acte final, que pour tenter de secourir l’enfanteresse en lui offrant les secours d’une population composite où tous les corps de métiers devaient pouvoir cohabiter et régler les problèmes de cette naissance impromptue.

 Je ne savais que faire, ma malle si précieuse abandonnée sur le trottoir, la mère de mon enfant en train de parturer derechef au vu et au su de toute la foule agglutinée, l’angle d’un établissement public comme un coin enfoncé entre les deux pôles de ma vie. Il a bien fallu que je me décide à quitter du regard le passé, mon œuvre d’antan, pour me pencher sur mon présent, ce petit d’homme qui gigotait dans sa frénésie de venir hurler à la face du monde sa présence irréversible. Une infirmière avait pris les choses en main et s’employait à distribuer les rôles en créant un semblant d’harmonie dans ce chaos généré par l’impatience du moutard intempestif et l’imprévoyance de la mère pondeuse. Je me suis penché et j’ai pu vérifier que c’était bien un garçon, ses grosses couilles rouges déjà en exposition, sa voix montant dans l’azur comme un diapason de tous les emmerdements qu’il commençait à provoquer à l’orée de sa courte vie. On me l’a déposé dans les bras que j’avais mécaniquement ouverts et je me suis retrouvé entravé, le visage rond et les yeux comme des boules du nouveau venu m’empêchant de surveiller ma valise.

C’était la première fois que je la perdais de vue et des images cataclysmiques hantaient mon cerveau, un trottoir vide, une malle envolée, mes feuilles manuscrites volant dans le ciel en tourbillonnant vers les nuages gorgés de pluie qui délavaient l’écriture et emportaient mes rêves dans un ruisseau d’encre. Je tremblais de peur et les adultes qui m’entouraient avaient la larme à l’œil de me voir si ému avec ce spermatozoïde géant dans les bras. «  Ma valise, ma malle, est-ce que quelqu’un peut s’en occuper ? » Mon interpellation disparut dans le caquetage alentour, chacun commentant à sa manière le miracle éternel de la conception.

Je sentais la panique me gagner et sans hésiter, devant la crainte du pire, j’ai niché mon fils éternel contre la poitrine accorte d’une rentière en mal d’amour et j’ai pu foncer enfin vers l’angle qui me dérobait la vision de ma malle orgueilleusement dressée dans les rues de Charlottesville, guettant la fin de cette phase natale pour retrouver son maître et unique lecteur. Las ! En lieu et place de mon monument, de cette stèle érigée en mon honneur, un vide de sinistre augure trônait sur ce trottoir de l’infamie. On m’avait dérobé la malle pendant la naissance de cet enfant du bonheur.

7204 pages disparues drainaient de la glace dans mes artères, un froid insidieux qui me paralysait, l’impression d’une fin absurde où tout était écrit sans qu’aucune rémission ne soit possible, un destin vers lequel je me précipitais, tête baissée, avec cette certitude que je l’avais pressenti. Je sais maintenant qu’au moment d’abandonner cette malle en cuir si précieuse pour me précipiter au chevet de cet intrus qui venait me perturber, je sais que j’ai perçu ce piège létal, ce traquenard que me tendait la vie…et que je n’ai pas su réagir et me protéger.

Un vent chaud se mit à tourbillonner, faisant voleter la poussière, asséchant les gorges, enrobant la scène d’un halo qui nimbait d’irréalité cette absence si cruelle. J’avais les tempes qui résonnaient, tam-tam lancinant qui pulsait mon horreur, le regard fixe, incapable de bouger et de prendre une initiative. 7204 pages de ma vie gommées comme si je n’avais pas existé, des pans entiers de ma mémoire brûlés vifs dans un autodafé sanctifiant la naissance du nouveau sur les décombres du monde ancien, des millions de mots s’évanouissant dans la fournaise d’un Lucifer qui se jouerait de moi comme d’un pantin désarticulé. J’étais fou de rage, et je la contenais de moins en moins.

J’ai reculé jusqu’à me retrouver sur le rebord de l’arête qui séparait le trottoir vide de ma malle en cuir de celui de l’attroupement autour de cette femme qui venait d’accoucher de mon enfant. J’ai  vraiment eu la haine.

Mécaniquement j’ai sorti mon revolver et j’ai armé le chien. Je tendais le bras et j’ai tiré à cinquante centimètres au-dessus de leurs têtes pour les faire fuir. Ils se sont égaillés tels des moineaux apeurés en hurlant des mots que je n’entendais pas. Je voyais bien leur bouche ouverte, mais rien n’en sortait, juste ce bruissement de la balle, ce fil tendu qui me reliait à cette forme accroupie qui tentait de protéger son enfant. J’ai visé posément et je lui ai tiré une balle dans la tête : je ne voulais surtout pas que l’on puisse dire que je l’avais fait souffrir. Elle s’est arquée et un flot bulbeux a jailli de sa boîte crânienne explosée. C’était propre et sans bavure et j’allais m’en aller quand un cri strident de nouveau-né a percé la muraille du silence qui s’était érigée autour de moi. Comme un coin d’acier, le hurlement est venu se ficher dans ma perception de ce monde ouaté, blessure au fer rouge qui s’enfonçait à la base de mon cerveau pour remonter vers le lobe occipital. Il se rappelait à mon souvenir et je l’ai saisi par les pieds, petit lapin agité, j’ai enfoncé le canon dans sa gueule ouverte et j’ai appuyé sur la détente. Un tout petit geste pour un être qui avait si peu vécu que le monde ne s’apercevrait même pas qu’il n’était apparu que le temps d’un éclair.

Je suis retourné vers ma malle absente. Je voyais des centaines de pages roulées par le vent, des extraits de ma vie zigzaguer d’un bord à l’autre de la rue, des paragraphes noirs se délaver dans le ciel d’azur, j’ai attendu les sirènes, j’ai tendu mes mains pour leurs bracelets de nickel, j’ai atterri dans cette prison de pierres blanches et j’attends que le temps volé me soit rendu.

Je ne touche plus un stylo, je n’écris plus rien. Mon passé s’est évanoui et je n’ai plus de futur, alors je contemple mon présent vide et j’évite de me raconter des histoires, j’aurais si peur de me retrouver avec moi-même.

 

 

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avertissement

Publié le par Bernard Oheix

Chers amis,

Vous allez entrer dans mon univers littéraire, vous êtes au moins trois à connaître mon adresse blog, cela risque de se bousculer !!!  Alors, n'oubliez pas de vous inscrire à la news letter (en bas, colonne de gauche) en inscrivant votre mail et si vous le sentez, n'hésitez pas à mettre vos commentaires après chaque texte. Cela m'encouragera.

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La glorieuse incertitude de l'art

Publié le par Bernard Oheix

 
L'industrie culturelle, forme ultime du rapport de l'art à l'économique, n'est pas un monstre froid paré de tous les vices dont l'art se libèrerait d'être déconnecté de son temps et de ses règles. Cette vision mécanique est à bannir même si l'on peut regretter que trop souvent des chefs de produits remplacent les directeurs artistiques au sein des quelques firmes qui se partagent désormais le marché de l'art vivant. Elle est aussi le produit de notre logique, d'un monde que nous avons créé, des règles que nous nous sommes données pour architecturer l'économie de l'art. A nous d'en repérer les failles afin d'introduire dans cet univers de la rentabilité, la notion du long terme en opposition d'un profit à court terme.
Pour l'industrie culturelle née sur l'expansionnisme de deux catégories de consommateurs dans les dernières décennies, les jeunes de moins de 25 ans et les ménagères de plus de 50, le problème est de placer sur des parts de marché, des offres qui se combinent et assurent un taux de pénétration maximum. Si la ménagère a des désirs mesurables d’une grande stabilité que l'on peut approcher par des enquêtes, il n'en est pas de même pour la jeunesse. Inventant le monde au jour le jour, déconnectés de la réalité, les adolescents et leurs grands frères détiennent des moyens conséquents prêts à être engloutis dans les concerts, au cinéma, dans l’achat de matériel audiovisuel... Ils introduisent toutefois un facteur aléatoire, une prise de risque inhérente en corollaire à leur aptitude au zapping, aux modes de consommation, à l’effet kleenex qui brûle aujourd’hui ce que l’on a encensé hier. Ils sont la grande inconnue des équations économiques dans les firmes capitalistes qui tentent de dompter le marché… même si leur absence de défenses permet une captation par l’effet mode entretenu par le levier pub.
 Le succès d'une "Star Academy" provient de la conjugaison du désir des jeunes, assimilation au statut de star/miroir (la réussite sans l’effort !) et de celui de la ménagère, le revival reflet de sa jeunesse passée et de ses émois d’antan. Il génère des profits colossaux, engrangeant sur le dos du consommateur mais aussi de l’artiste (confère son statut et les contrats signés à la sélection qui le dépossèdent de tous ses droits) des sommes astronomiques que le promoteur heureux détourne dans son escarcelle, inversant le rapport traditionnel entre l’artiste et son producteur. On connaît le nom de Gérard Louvain, le deus ex-machina de la « star’ac », qui se rappelle encore les prénoms des premières lauréats de l’Academy, version An 01.
Il est significatif par ailleurs que les artistes issus de cette télévision n’aient plus de noms mais soient revêtus de prénoms, comme s’il était inutile de les affubler d’un véritable patronyme puisqu’ils sont destinés à rejoindre l’ombre dont on les a extraits, dès la fin de leur épopée, dès que les sunlights s’éteignent… même et surtout si une poignée survit à la fuite du temps et obtient un succès de circonstance.
 L'échec d'un certain nombre de comédies musicales, après les triomphes de "Notre-Dame de Paris" et "Roméo et Juliette" démontre pourtant que la cause n'est jamais gagnée d'avance pour ces capitaines d’une industrie culturelle florissante et que, quels que soient les moyens investis et le niveau de compétence des managers, il reste une part non maîtrisable dans le montage d'une opération artistique, cette « glorieuse incertitude de l’art » qui nous laisse espérer que la mécanique des flux de l’argent de la culture ne sera jamais un long fleuve tranquille et viendra toujours perturber la règle du jeu qu’ils tentent d’imposer.

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Cali, Aubert et tant d'autres...

Publié le par Bernard Oheix

 
Il existe une vague portante l’exception Française, l’éclosion enfin d’une expression de la chanson réconciliée avec le rock, un style (ou plutôt des styles) qui invite le spectateur à de véritables shows marqués d’une authentique touche à la Française. En cette période où le défaitisme est érigé en dogme, il est rassurant de voir cette lame de fond envahir les plateaux des festivals et des scènes hexagonales. Nous avons tant souffert par le passé de cette dichotomie entre un label français de la chanson à textes et les tentatives sans cesse avortées d’un rock purement jouissif, toujours renvoyé à la maitrise anglo-saxonne, comme si nous ne pouvions opérer ce rapprochement entre la forme et le fond et trouver notre voie par la musique.
C’est enfin fait !
Des anciens (Pagny, Hallyday, Sardou, Higelin, Aubert, Thiéfaine…) aux petits derniers (Da Silva, Anaïs, Jeanne Cherhal, Pauline Croze, Jamait) en passant par les Cali, Raphael, Camille, Bénabar, Mickey 3D, M, Obispo, Calogero… les propositions sont multiples et cette richesse extraordinaire de talents nous fait rêver d’un monde meilleur.
Et encore, c’est sans compter les alternatifs de l’électro, les rappeurs, Diam’s et autres M'Pokora, les reggaemen de Tryo ou Sinsemilia,  les exportés de la culture (Manu Chao, Kassav, Chico et les gypsies, les Muvrini), les cousins francophones (Africains, Berbères, Indonésiens), les Québécoises et même l’Australie qui s’y met !
Ils éclosent et osent. Ils s’émancipent et viennent proposer une vision du monde qui soit plus ouverte et chaleureuse, une communion avec le public où la technique sophistiquée n’enlève rien à la spontanéité de shows « à l’américaine ».
Ils nous permettent de croire enfin que les sons les plus convulsifs peuvent porter des messages d’amour, dénoncer la bêtise et offrir un message d’espoir à ceux qui n’acceptent pas que le monde se transforme en une caricature figée de nos égoïsmes et de nos peurs.
La scène française est en train d’exploser, cela faisait tant d’années que nous l’espérions que nous ne pouvons que gouter notre plaisir et nous laisser embarquer sur les ailes de la musique.
 
PS : Et pour ceux qui douteraient de cette affirmation, rendez-vous aux concerts de Cali et de Jean-louis Aubert… ou de tous ceux qui sont cités dans cette note. Rendez-vous aussi sur n’importe quelle scène de cette belle France qui gagne pour ceux que je n’ai pu mentionner par manque de places…

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Les ilotes de l'intellect

Publié le par Bernard Oheix

Dans le monde tourmenté de l’université, les couches successives de réformes morts-nées, les coupes sombres dans les budgets, le vieillissement des équipes pédagogiques et l’absence de perspectives à moyen terme ont entraîné une vague de renoncement et de pertes de sens pour ce lieu qui est sensé formé notre élite.

 

Décréter que 80% d’une couche d’âge doit pouvoir intégrer une formation supérieure est un pari généreux et osé qui ne peut être tenu que si les structures s’adaptent à cette demande nouvelle, que si le phasage avec l’extérieur s’effectue, que si les corps de métiers et les privilèges obsolètes sont remis en cause et accouchent d’une dynamique de transformation au service de l’éducation.

Las ! Le modèle en vigueur ne peut évoluer sous la pression des corporatismes divers. Celui des enseignants accrochés à leurs horaires et à un rythme de renoncement d’investissement de leur pratique d’enseignement au profit tout au plus de leur démarche individuelle. Celui des étudiants, avec leur formation de base décapitée, jouant des peurs et de l’incapacité d’une administration à assumer sa mission et toujours prête au recul pour éviter la tension. Celui d’une coupure profonde entre l’université et le monde du travail, incapables de se comprendre et de transformer en émulation leurs différences.

Le grossissement inconsidéré des effectifs a obligé à ouvrir une brèche dans la formation des cadres et de recruter à l’emporte pièce un corps de chargés de cours. C’est ce corps d’esclaves modernes que nous allons situer dans ce processus d’un grand bateau ivre qui a perdu son cap.

Si l’on analyse une section comme celle des arts du spectacle qui par essence fait la jonction avec le monde réel et ne peut exister que si elle est branchée sur la pratique, les chargés de cours représente plus de 50% des heures et les trois quart du personnel enseignants. Or ces chargés de cours rétribués sur des segments de 20 à 40 heures annuelles pour des montants frisant les 1000€ annuel ne peuvent enseigner que s’ils ont une activité principale, ce qui exonère l’université de toute couverture à l’exception de celle de la retraite.

A raison d’un cours par semaine de deux heures, sur des modules hybrides de 3 à 4 mois, ils sont livrés à des étudiants dont la plupart ont un niveau artistique proche du zéro, une formation de base débilitante (cf les fautes d’orthographe, l’incapacité absolue d’écrire et une difficulté à raisonner). Ils sont recrutés sans véritable examen de leurs capacités, il n’y a aucun suivi de leur enseignement…mais en même temps, ils sont totalement démunis devant une administration qui ne fait aucun cas de leur rôle et refuse de considérer la nécessité de les encadrer dans leurs droits et leurs devoirs. Ils sont devenus des pions corvéables à merci, que l’on sous-paye (ce qu’ils tolèrent soit à cause de la précarité générale et au complément de ressources que représente ce mini-salaire, soit en raison de la réelle image valorisante qui est encore attachée à cette fonction), qui occupent les heures en bouche-trous des enseignants, qui ne peuvent que constater les difficultés de la machine universitaire à former des cadres pour la société civile !

Pire ! L’administration, au moindre problème, a la consigne de « donner raison à l’étudiant », seule façon de se protéger de remous des associations estudiantines, d’autant plus virulentes qu’elles ne représentent qu’une frange toujours plus réduite des étudiants. Le chargé de cours devient ainsi le bouc émissaire de toutes les failles d’un système qui a érigé le renoncement en dogme, qui a réduit ses objectifs à la plus simple expression d’une absence de contestation et d’évaluation de ses objectifs.

Il reste des professeurs permanents qui a tour de rôle s’engagent et maintiennent l’illusion d’un dynamisme, démunis de tout et surtout d’un sens de réalité qui leur fait percevoir le monde extérieur à l’aune de ce prisme déformant d’une université repliée sur elle-même.

Prenons l’exemple de ce stage en entreprise (trois semaines) obligatoire au niveau de la licence. Aucun créneau temps n’est prévu pour qu’il se réalise dans leur année universitaire. C’est bien de cette absurdité d’une école qui veut s’ouvrir mais qui ne sait s’en donner les moyens dont il s’agit. Un stage sans être programmé, sur une période trop courte, dans une région qui ne peut offrir suffisamment de places à  plus de 40 étudiants (sans compter les autres sections comme celle Art, communication et langage), et qui veut faire valider cette option par un représentant des entreprises bombardé chargé de cours comme un roi nu qui erre dans un monde kafkaïen.

Pauvre université à la recherche de son temps perdu, de son lustre passé et qui perd son âme de ne plus avoir de capitaine quand les politiques sont incapables de donner du sens à ce qui en a tant besoin.

 

Pauvres chargés de cours, qui sont les cache-sexes de l’incurie générale, sans qui l’université ne pourrait fonctionner, constitués en un corps de métier au rabais qui s’est créé pour répondre aux besoins mais qui n’ont d’autres perspectives que de colmater des brèches béantes condamnant les étudiantes et les étudiantes à sortir de l’université en étant désormais totalement inadaptés au monde des études comme à celui du travail !

 

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