Rectificatif à mes Voeux 2015
Bon, quand je déclare haut et fort que, en 2015, dans mes voeux, on ose tout, sincèrement, je ne pensais pas que cela déboucherait sur l’assassinat de 4 juifs dans une supérette, sur la mort d’une policière black abattue d’une balle dans la nuque, sur l’exécution d’un policier arabe à terre d’une balle à bout portant....
Je n’imaginais pas une seconde non plus, que l’on pouvait saper le fondement même de ma culture, l’esprit de révolte et d’ironie d’un mois de mai 68 initiatique, la provocation au service d’une révolte humaine, le dessin comme une arme de dérision.
C’est mon passé que l’on enterre avec la disparition d’une partie de l’équipe de Charlie Hebdo, Pilote, matin quel journal, le «Bal tragique à Colombey» de Hara Kiri qui nous avait fait hurler de rire, la présence quotidienne des unes de Charlie Hebdo, qui, même si je ne l’achetais que fort rarement depuis longtemps, me semblait faire partie de mon histoire, de mon futur, une institution fondée sur des noms qui jalonnaient les évènements de plusieurs décennies d’une réalité parfois si difficile à décrypter.
Wolinsky, Cabu, Charb... et les autres comme pour narguer le climat émollient actuel, comme une réponse permanente à l’ombre de l’intolérance qui plane sur la vie politique de notre si beau pays !
Comment comprendre ce qui s’est passé ? Comment accepter ce qui mène des hordes de jeunes à nier la vie humaine, à tuer de sang froid pour mourir en martyrs et gagner le paradis d’Allah ?
Quelle est leur cause ? Comment en est-on arrivé à ce point d’incompréhension ?
Nous avons le bonheur de vivre dans une démocratie réelle, de pouvoir exercer notre libre-arbitre, de choisir d’exprimer nos idées et de nous rendre où l’on désire... Et même si la crise ronge notre société, même si les ravages du libéralisme économique frappent les familles, même si nous sommes désorientés par un avenir difficile à lire, le présent nous invite à comprendre le futur, à imaginer le devenir de nos enfants !
Comment le religieux a-t-il pu revenir avec tant de violence ? Je fais partie d’une génération qui pensait avoir résolu le problème... la religion dans les sphères privées, l’homme public au centre du monde !
Las ! L’être humain est devenu quantité négligeable, on le tue pour un symbole, on l’exécute pour un sourire !
Je vois devant moi des cohortes fanatiques se trainer à genoux en chantant des cantiques pour lutter contre des mariages homos, j’observe les clivages des uns contre les autres, le morcellement des idéaux communs, la sectorisation gangrener la volonté du «vivre ensemble», le communautarisme diviser la société, la monté de partis se réclamant d’idéologies nauséabondes.
Je vois se déchirer des Hutus et des Tutsi, Boko Haram, le Daesh et tous les crimes atroces au nom de l’intégrisme. J’ai vu dans la Russie, en 10 ans, renaître les popes et le pouvoir des Orthodoxes. J’ai vu en direct des tours s’écrouler, Orban museler une société hongroise, les turcs reprendre le voile de l’obscurantisme... et je ne comprends plus rien !
Alors, au nom de toutes ses incompréhensions, oui, je suis aussi Charlie, je suis de ceux qui pleurent devant la bêtise, qui ont honte de ce monde imparfait que nous léguons à nos enfants, qui se demandent comment notre génération si pleine de vie et d’enthousiasme à pu engendre de tels monstres !
Mais où donc nous sommes nous trompés ?