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Un été 2008 de spectacles.

Publié le par Bernard Oheix

Depuis trois mois c'est la course aux spectacles... concerts, feux, animations, cirque et autres moments de bonheur. Un été chaud à souhait, avec du soleil à brûler la peau et enflammer les désirs. Je vous ai déjà parlé de certaines manifestations (Fête de la Musique, Festival de la Pantiero), voici donc un petit bréviaire des quelques soirées les plus chaudes de la Côte d'Azur qu'il reste à découvrir.
Il est temps de disparaître temporairement, 15 jours de vacances, en attendant je vous aime toujours et encore, c'est ainsi et nul n'y peut rien !

ZEEVA. (28/06/08, Aix-en-Provence)
Le Festival Andafy se déroule le jour de la fête nationale de Madagascar. Une association dynamique, une communauté très présente, un cadre champêtre, la chaleur aussi, lourde, un cagnard à brûler les terres des hauts plateaux malgaches. Se croisent les conteurs, poètes, expositions, démonstrations de danse... En prime, un groupe de Madagascar, Zeeva, composé des membres d'une fratrie, les Gellé, cousins, frères, sœurs et autres nièces sous la houlette de Taliké, la chanteuse de Tiharea, (programmé à Cannes dans la saison 2008/2009). Je l'avais découverte au Womex, belle, voix de velours, costumes traditionnels et dokodoko sur la tête (tresses torsadées typiques). Dans une formation électrifiée mêlant instruments traditionnels et modernes, les musiciens interprètent des ballades qui content des histoires d'une terre de culture, celle des Androy, un peuple fier et insoumis des déserts du sud-est. Taliké chante, danse, introduit les chansons avec des histoires de son pays natal. C'est beau, c'est superbe et cela dégage l'énergie d'une Afrique fière de son passé et de ses racines.
REM. (08/07/08, Théâtre de Verdure. Nice)
Qu'ils sont délicieux nos papys du rock. Nerveux, un son d'enfer avec des guitares qui hurlent à l'envie. On glane au passage quelques-uns de leurs succès et c'est comme une bouteille fraîche sous la canicule. Ils ont un jeu de scène minimaliste (les artères !) mais on s'en fout tant ils maîtrisent leur set. C'est sucré comme un bon vieux rock de derrière les fagots, on en redemande malgré l'impression que tout a déjà été dit. Ce n'est pas grave, REM, c'est un morceau de rock brut de décoffrage.
Le Jazz et la Diva (20/07/08. Palais des Festivals. Cannes)
Auréolés de leur Molière 2006 du meilleur spectacle musical, Didier Lockwood, Caroline Casadesus et Dimitri Naïditch leur complice en piano, brodent sur les thèmes d'une opposition jazz/ classique, homme/femme, la belle et la bête... Bon, il paraît que c'est génial et que l'on doit se pâmer. Cela sent le petit jeu « interpériphérique » parisien, l'approximation et le facile. Dommage, avec un peu de profondeur, ils auraient pu convaincre et pas seulement avec des ficelles simplistes. Le public était content, tant mieux !
Sananda Maitreya. (21/07/08. Parvis du Palais des Festivals. Cannes).
Dans la série, l'allumé de service, il nous fallait une belle prise, une pointure de qualité. L'ex-Terence Trent D'Arby (mais surtout ne l'appelez plus ainsi !) s'y est collé avec brio, mieux, avec génie ! La conférence de presse qu'il offrit ce jour-là est à inscrire au Panthéon des moments hilarants laissant loin derrière lui notre Belge Vandamme ramené au rang de gros bébé se nourrissant de flocons d'avoine à côté de lui. Tué par l'industrie du disque comme Seth occis Osiris en 13 morceaux, renaissant à la musique parce que l'un des 13 morceaux « fut lui, musique », il campe dans un monastère dédié aux dieux de l'harmonie, prédit l'avenir et a besoin d'une vue mer dans une suite d'un palace pour fusionner avec la nature et se consacrer à son art. Il offre un collier de lapis-lazuli pour la grand-mère du journaliste et repart dans son monde de lumière peuplé d'ombres. Son show montre que même si l'on change de nom, on reste soi-même, mélange de talent (quelle voix !) mais aussi d'une musique figée dans la mémoire, qui n'arrive plus à se brancher sur l'air du temps.
Léonard Cohen (22/07/08. Festival de Jazz de Nice)
Comment dire ? J'ai même raté mon pianiste dieu Fazil Say pour aller voir mon barde préféré. La scène est toujours insupportable avec ses oliviers qui dérobent la vue. L'odeur de saucisses et de graillon, l'inconfort général habituel à cette manifestation. Le public attend, debout, entassé devant la scène. Un vieux petit monsieur s'avance, un band de papys entame sa ronde, 3 choristes sublimes éclairent, et le son d'abord. Exactement cette qualité du live que j'écoute en boucle datant des années 80. Dance to the end of love, en introduction à cette plongée réjouissante dans le temps. Il a le même grain de voix, une allure juvénile et élégante, la musique est précise, sophistiquée, d'une richesse infinie sans jamais couvrir les voix. C'est Dieu redescendu de son Olympe, de son monastère bouddhique, d'où il vient, pour nous offrir un part de rêve. Les mots sonnent, portent des messages de poésie même si on ne comprend pas tout, les plages musicales enveloppent, Alléluia nous baigne dans l'harmonie. Nous sommes tous éblouis et c'est à une messe du temps passé si contemporaine que nous sommes conviés par le grand manitou de la musique.
Je ne suis pas redescendu du nuage, j'y suis encore d'ailleurs à contempler Suzanne et à écouter le vent qui porte des messages d'espoir.
Hélène Ségara (23/07/08. Place de la Bocca)
Non, c'est trop dur, après Cohen, je ne peux pas parler d'Hélène. Il y a des choses qui ne se font pas, tant pis !
Duo pianos Marie Josèphe Jude, Michel Béroff (24/07/08. Nuits Musicales du Suquet)
Bof, a-t-on vraiment envie de parler de ce duo interprétant la sonate en ré mineur de Mozart et Rachmaninov. Non. Bon alors je n'en parle pas, cela m'évitera d'avouer combien je me suis ennuyé et comme la vraie musique classique peut aussi être chiante !
Joan Baez. Graig Adams. (26/07/08. Festival de Jazz de Nice.)
Après Léonard, on pouvait rêver d'une Joan transfigurée, égérie d'une jeunesse en révolte, visage d'ange d'un temps de révolte. Las ! Figée, voix éteinte, show sans passion. L'histoire meurt parfois, les lendemains ne sont pas toujours roses et les légendes s'éteignent. Tant pis, il me reste Cohen !
Pour lui succéder, Graig Adams. Petit et gros, il s'installe au piano, se saisit du micro comme si sa vie en dépendait et commence à hurler sa passion en un Dieu de bonté. Son groupe est composé d'un batteur fou et d'un bassiste autiste, tous les deux jouent dans leur coin pendant que 4 mamies aux formes généreuses ondulent sur scène. Les standards du gospel défilent entre l'éructation et la supplique, entre la fureur et le désespoir, l'espoir et la repentance. C'est énergique comme un redbull avant le coup de blues. Joan Baez entre en transe sur scène (enfin !) et le public lance des cris pour les accompagner. C'est Graig Adams dans une cérémonie libérée de toutes convenances et même si cela flirte parfois avec l'à-peu-près, c'est d'une force et d'une violence qui ne peuvent laisser indifférent.
Taraf Décalé (29/07/08. Concert après feu d'artifice. Parvis du Palais)
J'ai découvert ce groupe dans le giron de la Compagnie du Tire-laine, au Womex à Séville. Des jeunes passionnés, travaillant sur le gitan, le Balkan et tout ce qui « clinque » sur scène et déborde de notes fusantes. Le Taraf Décalé est bien un groupe explosif, fusionnant la musique d'un Brégovic, et celle des cultures du monde. Entre un film de Kusturica et un happening klezmer. Inclassables, impertinents, les musiciens entraînent la foule de milliers de spectateurs dans un swing d'enfer, corps débridés, cuivres et basses résonant longuement dans la nuit. C'est intelligent et fort, libre et strictement mesuré, c'est une musique de fête qui n'oublie pas de parler au cœur en faisant vibrer les tripes.
Alexandre Kniazev (violoncelle)/Boris Berezovsky (piano). (30/07/08. Nuits Musicales du Suquet.)
Dans cet hommage à Rostropovitch, Boris Berezovsky, un des plus grands pianistes russes, donc du monde, assure une partition dans l'ombre de l'explosif et possédé Alexandre Kniazev. La lumière est sur Sacha, cela en est presque frustrant de sentir cette retenue en arrière, cette silhouette qui dispose les notes sur un plateau pour l'archet vibrant d'un violoncelliste...fut-il d'exception !
Pourtant, cette musique si savante peine parfois à se frayer un chemin jusqu'à la naissance des sens. Il y a tant de magie, que le monde réel semble s'éloigner. Il y a du froid aussi, celui de torrents de notes dispensées comme si du trop-plein pouvait naître la sérénité. Deux monstres accolés en hommage à un 3ème en train de broder sur Brahms, Chostakovitch et Rachmaninov, cela ouvre des horizons nouveaux, des interprétations ciselées comme une broderie. Cette violence a-t-elle une âme ? Le public enthousiaste répondra par l'affirmative ! Moi, certaines des notes lancées à la nuit continueront de rouler en cascade scintillante que mes sens au repos auront déjà évacué leur précision fatale.

Fiesta Flamenca. (1 et 2 08/08. Parvis du Suquet)
Nouvelle manifestation dans le ciel cannois. Un pari lancé avec nos amis de Nomades Kultur, un agence artistique dirigée par Cendryne Roé avec Juan Carmona dont j'avais déjà accueilli la Symphonie Flamenca en ouverture de la saison 2005 avec Trilok Gurtu (pour la petite histoire, suite à cette rencontre Cannoise, ils ont joué ensemble et travaillent sur un projet commun !).
Le principe était de fusionner l'esprit de la fête des Espagnols et la qualité du Nuevo Flamenco. Dans la première catégorie, la Place de la Castre, transformée en paseo, dégustation de paella et de sangria, cours de sévillane et après le spectacle, bal sévillan.
Le pari était osé. Cannes, son public riche et gavé, les bourgeois conformistes allaient-ils laisser onduler leur croupe en public en levant les bras comme des moulins à vent s'époumonent dans les plaines arides de la Castille ? Et bien oui ! Ils étaient beaux par dizaines à tenter de suivre le prof... uno, dos, tres...ils étaient des centaines à la sortie du spectacle, sur cette place dominant la Baie de Cannes, sous les étoiles à danser pour le simple plaisir de partager un moment de plénitude. Il faut dire que les spectacles étaient exceptionnels, grandioses et que Juan Carmona en important deux compagnies « rivales » avait vu particulièrement juste.
Joaquim Grilo. Soliste d'exception de Paco de Lucia. Il impose un style inimitable, une vision totalement moderne de la tradition, respectueuse des racines pour épanouir sa liberté de créer. Il est fier et droit, il cambre les reins, joue de ses doigts, sinue entre la fesse dure et le regard de feu, enflamme la scène, parfois accompagné d'une danseuse pendant que son groupe égrène d'une voix hachée les standards de ces complaintes qui griffent la nuit. C'est beau et exaltant, la foule subjuguée reçoit les décibels et les pieds frappent ce plancher comme si notre salut en dépendait.
Rafael de Carmen, son concurrent attitré à la médaille d'or du Flamenco, reste à la frontière de la tradition pour s'immerger dans la modernité. C'est une version plus douce, moins rugueuse, l'orchestre joue un rôle plus important avec deux chanteurs à la voix rauque et puissante, un carom, un violon et les habituels guitaristes aux doigts d'or. La danse expressive se fait plus proche du public, moins en recherche d'équilibre, comme si le contact magnétique avec les spectateurs se trouvait justifié par des siècles de cambrures, des notes écorchées, un passé décomposé d'éclairs de gestes, paroles au vent, sueur et regards de braise.
Rafael de Carmen, étoile du flamenco.


Deux jours de passion, dans les hectolitres d'une sangria sucrée, avec les doigts collants de riz et de gambas gluants aux accents d'un sud de folie, la joliesse des robes de taffetas et les seins brunis sous les décolletés de soie noire. C'est l'Espagne comme on l'aime, avec ses torrents d'exubérance comme signature d'un sourire moqueur à la fatalité et à la tristesse.
L'orgueil ibère dans ce qu'il draine d'insolence et de ferveur en invitation à la fête païenne.


Voilà, après juin et juillet, il restait encore tant de soirées à vivre en cet été 2008. Les nuits de la Pantiéro dont je vous ai déjà parlé, les concerts de Jazz à Domergue avec Elisabeth Kontomanou, (une grande dame du jazz; belle black dont la voix suave chante les standards d'un jazz sirupeux à la Billie Holiday. Si lisse, sans aspérités, un désert d'émotions enfermées dans un carcan de notes) Yaël Angel (autre voix qui se laisse dériver vers des horizons musique du monde. Dommage qu'elle manque d'un soupçon de puissance et de limpidité pour assumer ses paris originaux) et tant d'autres comme David Levy et Julian Evans dans un superbe récital à deux pianos en hommage à Messiaen... Tout cela dans un décor de rêve, cèdres du Liban, cyprès taillés grimpant vers le sommet de la colline ombragée. Il y a des faunes aux oreilles en pointes comme sentinelles des orgies passées, bacchanales des nuits chaudes d'une Côte d'Azur qui s'étourdissait au temps de l'insouciance d'une après-guerre, des bacs où l'eau s'écoule en glougloutant, des corniches qui surplombent la Baie de Cannes et son arc de lumière qui nait vers le Palm-Beach pour mourir à la pointe de l'Estérel, dans le désert de la nuit marine.
Et puis des concerts avec Ma Valise, groupe de Français puisant dans des répertoires sous influences entre le cabaret, la nouvelle chanson et les rythmes latinos. Des feux d'artifice à n'en plus finir avec un Russe d'exception, un Tchéque avec provisions et un Canadien du Québec...et pour s'achever, les slaves en folie de La Semaine de l'Art Russe. Terminer la saison estivale avec des beautés superbes à la plastique de barbies nordiques, des spectacles à la signature du vent du nord (Chœurs de la Marine de la Baltique, Ecole de cirque de Moscou, Boris Eifman, le plus grand chorégraphe actuel de Russie même si sa Mouette néo-classique n'est pas la plus belle oeuvre que j'ai vu de lui...). Bien sûr, des fêtes à la vodka, des soirées sur les voiliers, des rendez-vous avec des vice-ministres, des gouverneurs et des princesses chamarrées, des chapeaux Tatar, des cadeaux d'ambre et des toasts à la volée comme si la Géorgie n'était qu'un mirage dans un ciel sans nuages.

Il est temps désormais de fuir dans les montagnes des Pyrénées pour des balades champêtres, un peu de vélo au flanc des cols escarpés et du sommeil à racheter en quantité industrielle. Je vous retrouverai toujours assez tôt, dans une quinzaine de jours, quand j'aurai récupéré de cet été de folie et que l'impérieuse nécessité de me reconnecter à la réalité me poussera à vous lancer une bouteille à la mer, celle de ces mots de tendresse d'un blog qui vous est destiné, qui m'est devenu indispensable, et que j'aime penser en trait d'union de nos espoirs d'un avenir radieux.

 

 

 

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Pantiero show

Publié le par Bernard Oheix

 

La grand-messe de l’électro s’ouvrait dans les tourmentes d’un vent à décorner tout être affublé d’une prothèse infamante sur la tête. Un vent méchant, sec, avec des rafales à 70km/h, un soleil étouffant à brûler la peau, dessécher la gorge, un climat à maudire n’importe quel Festival pour ceux qui y travaillent. Nous sommes sur le pont depuis un mois et la fatigue est là, insidieuse, permanente.

 

Vendredi 8 août.

The Invisible ouvre le bal. Voix fausse, notes dans le vent, que dire d’un groupe dont on a rien à dire ?

Mouse On Mars remplaçant au pied levé Ladytron, le groupe allemand composé d’une percussion, d’un clavier et d’un mix offre une version déchirée d’un électro saturant jusqu’à la transe. C’est plutôt fort, hypnotique avec un jeu de lumières particulièrement réussi, taches colorées, éclairs zébrant la scène, halos fantomatiques. C’est un son gras qui remue, univers post-Kraftwerk d’une société atomique où la répétition débouche sur la pulsion ravageuse. Vagues sans temps morts, des lambeaux de sons qui viennent s’échouer comme si une scie découpait l’espace concret de nos sens pour les mettre à vif.

Archie Bronson Outfit. On les attendait, ils sont repartis. Entre-temps, un set qui laisse insatisfait. L’explosif s’est muté en pétard mouillé. Faute d’un son pas à la hauteur ? Mauvais jour… on ne le saura jamais mais les chants étranglés étaient aphones, les riffs tombaient à côté et le cocktail détonant s’est transformé en brouillon insatisfaisant.

Metronomy. Enfin un coup de cœur. Un rock désuet sert de base qui va être éperonné en un décalage permanent. Voix claires en canon, ritournelles détournées, rythmes sautillants, sons trafiqués pour donner une grâce à l’ensemble. Musique aérienne qui capte par la profondeur de son assise. C’est un groupe à écouter qui trouve sa modernité dans un rock classique en pointillé miné par des trouvailles sonores qui le transcendent.

 

Samedi 9 août. Le vent est tombé, la chaleur transfigure la nuit. C’est la grande foule, plus de 2500 personnes escaladent les escaliers qui amènent à la terrasse du Palais. Il y a de l’impatience dans l’air.

Dan le Sac vs Scroobius Pip.

L’un sort des séquences de sons en mix et des chants poétiques sur lesquels l’autre enchaîne avec un rap de scansion, tous les deux produisent un curieux mélange et ressemblent à des bûcherons venus du grand nord du Québec. C’est plutôt intéressant et leur univers contrasté ouvre la soirée sur une curiosité.

Ratatat.

Trio composé d’une batterie, clavier et guitares avec quelques petites machines pour corser les sons. C’est un rock décapant, ouvert sur toutes les influences, aérien. La rythmique lourde permet toutes les audaces et ils vont emporter le public avec des morceaux qui arrachent. C’est une version ouverte d’un rock sans attaches, quelques belles plages mélodiques émergeant d’un univers de fureur. Une des découvertes à l’évidence de ce Festival.

Antipop Consortium.

On attendait beaucoup de ce groupe mythique de la scène alternative New-Yorkaise des années 90. Après s’être séparés, ils se reforment en annonçant la sortie d’un prochain album. Ils ont déçu. Un son brouillon dans une course effrénée pour rattraper le temps perdu. Leurs enchaînements manquent de cohésion, leur hip-hop manque cruellement d’originalité. On peut avoir été grand et perdre sa magie. A(u) revoir.

Birdy Nam Nam.

Une table avec 4 platines pour mixer. Les 4 acolytes sont alignés et démarrent une plongée dans les hauts fonds d’un son ravageur. Je suis parfois sceptique sur l’accumulation des mix’ mais là, chapeau bas. Les sons travaillés à l’infini deviennent voix, les voix découpées à l’extrême se transforment en son, le rythme est étourdissant, hypnotique, chacun des DJ’s joue son rôle à la perfection et sculpte la matière sonore. La scénographie est en phase avec la pulsation qui prend au corps. Jeux de lumières, effets optiques, la foule se met à tanguer, les corps sautent. Ils vont, dans un rappel hallucinant, clôturer la soirée en laissant chacun ivre de cette vibration qui ouvre les sens au désordre intérieur.

 

Dimanche 10 août. Petite brise fraîche. Corps fatigués. Les heures commencent à peser sérieusement. Trop de cigarettes, marcher sans cesse, boire aussi parce que c’est la fête et que les rencontres sont des moments d’échange.

Sébastien Tellier.

Ouvrir à 20 heures avec la vedette médiatique de la soirée, j’ai connu mieux comme idée originale. Mais bon, le Directeur Artistique en a décidé ainsi et malgré nos avertissements n’a pas voulu en démordre. Tant pis. Après une conférence de presse très sexe (il faut rouvrir les maisons closes pour les adultes et en chasser les maladies !), il monte donc sur scène dans les feux d’un soleil couchant devant une poignée de personnes rapidement renforcées par ses fans qui déboulent en force pour sauver la face.

Que dire de Sébastiern Tellier ? Si ce n’est que le personnage est autant « frappadingue » que ses mélodies sont belles. Deux claviers, un batteur et lui à la voix, au piano et à la guitare. Ritournelle en tête de gondole, sexe et autres thèmes de prédilection comme la drogue, le refus du conformisme, un décalage avec le bon sens. L’univers musical est de qualité, sa voix disparaît dans les plages sonores des claviers mais ce n’est pas grave, elle est un des éléments de son univers et c’est plus son attitude qui porte le sens profond qu’il veut transmettre que le contenu de ses mots, partie intégrante de la musique. C’est un beau set avec un électro-rock élégant qui sait porter des coups quand il est nécessaire. Ses interventions éclairent sa volonté de briser l’harmonie, c’est parfois limite dans le bon gout, mais cela sonne souvent juste pour ce personnage de déglingue qu’il incarne avec les trippes.

Yuksek.

Un DJ aux sons violents, jonglant avec des plages subtiles pour enchaîner avec des rythmes lourds et efficaces. C’est un de ces DJ’s dont on reparlera dans les années à venir, qui ira dans les grandes salles des messes de l’électro des boîtes branchées pour une jeunesse dorée et pleine de fric. Il fait parti de cette touche française qui sait en découdre avec les anglo-saxons et emmener son public à se mouvoir en phase avec ses reprises exacerbées.

The Presets.

Des Australiens stars dans leur « bush », débarquant en Europe pour conquérir la scène de l’électro-pop. Il fait nul doute qu’ils ont un beau chemin à parcourir. Un batteur fou, un chanteur préposé aux machines avec des bandes qui tournent pour enflammer le plateau, cela donne un concert nerveux, un vrai rock qui embrase, porté à bout de bras par deux musiciens complices se livrant sans retenue.

SebastiAn.

DJ hors pair, hors catégorie, dans la rubrique des extraterrestres. Moi qui avais quelques réserves sur la nature même du rôle du DJ et sa place dans la musique actuelle, après Birdy Nam Nam et SébastiAn, je dépose les armes, me rends au verdict des baffles, des oreilles en feu. Vraie création sonore, jouant sur les contrastes, dérivant dans des sons « exotiques » où percent des mélodies connues, des airs de notre culture musicale pour s’enflammer à coups de beats rageurs et syncopés qui entraînent la foule à sa suite. SébastiAn, le timide, le calme qui rugit sur scène pour jongler avec les rythmes et offrir un son tribal au public déchaîné. C’est une belle révélation, la preuve, si besoin était, que l’excellence transcende les genres et qu’un DJ remixant la musique des autres peut aussi être un créateur à part entière. C’est le talent qui fait la différence !

 

Lundi 11 août.

Poney Poney

Bof ! Petits jeunes sympathiques au rock basique. Pas grand-chose à en dire si ce n’est qu’il fallait bien qu’un groupe ouvre la soirée…

Midnight Juggernauts.

Comme leur nom ne l’indique pas, ils arrivent d’Australie. Leur CD Dystopia est un bijou. Leur concert fut à la hauteur de leur réputation grandissante. Un rock fin avec une voix bien présente, des chœurs en canon qui viennent étayer le soliste, une base rythmique composée de batterie, percussions et basse, les guitares et claviers assurent un volume d’élégance. Il y a quelque chose d’un Dépéche Mode au tempo spidé, un air rétro injecté de futur, actualisé, avec des voix qui gémissent éperonnées par des glissandos de clavier, des refrains où hommes et instruments se conjuguent dans la recherche d’un rythme qui laisse le public en déséquilibre. Il y a de l’hypnotisme dans ces morceaux qui s’effilochent en rebondissant sur les arêtes d’un clavier omniprésent et omnipotent. C’est une vraie révélation du Festival, un des groupes qui maîtrise le mieux son univers musical et la scène ouverte aux étoiles d’un ciel d’azur.

Goose.

Le vrai coup de cœur du Festival. Un groupe de Belges qui débarquent avec la rage au corps. Ils sont quatre et investissent le public avec la délectation de ceux qui vont tout dévaster. Imaginez un rock, un vrai pop-rock au format traditionnel bien saignant et greffez ce rock sur des nappes sanglantes de synthé syncopé. C’est comme deux étages que vous vous prendriez sur la gueule. Les fondations parlent à vos tripes, la superstructure à votre tête. Entre les deux, tout disparaît, s’évanouit dans la foule en train de sauter en rythme. Les voix sont claires, dominent les riffs de guitares rageuses, surnagent au-dessus d’une batterie en contrepoint, et toujours cette vague sombre qui occulte les interstices, gomme les silences. Le rythme est simple et efficace, il écrase toute velléité de s’échapper de leur univers, il nous capture pour nous enfermer dans ses boucles sans fin à la puissance dévastatrice. C’est fort et c’est si bon !

Simian Mobile Disco.

Bon, on annonçait un extraterrestre, je veux bien. Mais comparé à la prouesse d’un SébastiAn, à la force d’un Yuksek, Simian reste en-dedans, jongle efficacement avec les sons, casse les rythmes, introduit des ruptures avec un brio qui confine à la facilité… comme si c’était un jeu sans enjeu. Cela reste très superficiel, clin d’œil pour affidés convaincus de son talent.

 

Reste les « afters » jusqu’à 4 heures, quand l’aube pointe son nez, un volume de décibels encaissés  pendant 4 jours comme si un 40 tonnes vous martelait la tête sans arrêt, trop de bières et de cigarettes, des rencontres aussi, journalistes de Libé et de France Info, artistes, fans, public.

Une équipe exsangue de foncer dans la nuit en enchaînant les manifestations (Nuits Musicales du Suquet, Feux d’artifice, Fiesta Flamenca et maintenant la Pantiero…), soutenue par nos stagiaires efficaces, belles et si passionnées. Les corps las, les membres lourds, combien de kilomètres parcourus ? Des rêves toujours  parce que la vie est si belle quand les notes de musique l’éperonnent pour y insuffler un sens caché. C’est ma drogue, elle est dure mais on aime s’y accoutumer, sentir le souffle du vent, savoir que l’on est dans l’œil du cratère, qu’il n’y a plus de repères, juste à côté de l’avenir !

 

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Compadre Nilda Fernandez

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des jours comme cela. Goran Brégovic qui nous avait offert un concert sublime, Nilda Fernandez en première partie... C'est comme une madeleine qui fond dans la bouche, dans la moiteur des nuits vençoises. Cela donne des reflets dorés, l'impression de plonger dans son passé, de sentir les rêves se briser sur la réalité. C'est aussi la magie des souvenirs à fleur de peau, quand rien n'était trop beau pour une génération en train de conquérir son espace. Qu'en avons-nous fait est une autre histoire ?  Peut-être qu'il vaut mieux fermer les yeux et se souvenir du temps enfui !

 

Backstage aux Nuits du Sud de Vence, le meilleur Festival estival de la Côte d’Azur. Une programmation de Musiques du Monde, des groupes qui se livrent sans retenue, un public regroupé en masse sur la place du village, des restaurants et de la bière. Ce Festival est géré par Thé Saavedra, un latino génial qui monte sur scène avec ses chemises bariolées pour faire rugir le public et honorer les artistes qu’il aime pardessus tout et Serge Kolpa, régisseur général compétent, attentif aux détails, un de mes amis dans ce métier où tout le monde se connaît et où beaucoup se jalousent. Avec Théo et Serge, c’est différent, un respect, une passion autour de la musique, une humanité profonde. Vence, c’est à la fois une manifestation populaire (places entre 10 et 17€), le rendez-vous branché de ceux qui aiment les sons du monde et un endroit où l’on rencontre ses amis.

Sur la vidéo de contrôle, les cuivres de Goran Brégovic traversent la foule pour accéder à la scène, la musique se fait bal populaire. J’ai la nette sensation que mon ami va me faire rater le show de Goran, mais ce n’est pas grave, celui-ci ne pourra être meilleur que le concert de folie qu’il m’a offert à Cannes, quelques mois auparavant. (cf article dans le blog du mois de février 2007). Une assistante vient nous demander si nous désirons une bière, Nilda opine, elle est fraîche et nous nous regardons. Un ange passe. C’est bon de se retrouver.

Il sort à peine de scène, une première partie osée, seul avec sa guitare, avant le déferlement de Brégovic et de ses 50 musiciens, fanfares, chœurs d’hommes, voix bulgares, groupes… Nilda est entré à 20h 30 dans la lumière déclinante du jour, il s’est assis sur un tabouret… Barcelone, Mes fiançailles, Mes yeux dans ton regard… des mots ciselés, des mélodies simples qu’il retransmet fidèlement avec son unique instrument. Le public arrive par vagues et il les accroche, il les tient au bout de sa voix, charmeur, jouant de son élégance et de sa décontraction. Il a toujours cette voix de tête inimitable, monte dans les aigus, un timbre féminin qui envoûte. C’est Nilda sans la pression d’un groupe, jouant et s’arrêtant, interpellant le public, reprenant des thèmes à sa guise, communicant jusqu’à laisser la musique envahir l’espace et le silence reculer devant son talent. C’est Nilda et c’est mon ami.

Je me souviens toujours.

Débarquant en septembre 1980 pour un premier poste dans cette grande petite ville bourgeoise agricole, « la plus au sud possible ! », jeune Directeur de MJC, j’avais 30 ans, aucune expérience et des rêves plein la tête. Des années mythiques où rien n’était impossible. Le choc d’un métier à apprendre en réalisant ses propres expérimentations. Mon accent du sud qui faisait rire le Maire, mon premier coup avec la nuit du polar où une actrice jouait le rôle d’une Myralène Bacall inventée, marraine de la manifestation arrivant des USA, kidnappée par des mafiosi la pourchassant à coups de révolver (à blanc !) dans une « studbaker » blanche à travers les rues de la ville, la nuit de l’horreur avec la MJC intégralement recouverte de tissu noir où le public devait présenter sa carte de groupe sanguin avant de pénétrer dans l’arène et cette porte découpée en direct avec une tronçonneuse pendant la poursuite finale de « massacre à la tronçonneuse ». Des années de rires et de passion, quand l’ « agit-prop » n’était pas enfermée dans un corset de règles et de peurs, quand les acteurs pouvaient investir la ville sans craindre les foudres d’une administration terrorisée par l’éventualité d’un accident, quand l’ordre public était une question de public avant d’être celle de l’ordre. Ces années furent si belles, vivantes, animées de rencontres et de passions.

En 1984, je produisais des disques, des spectacles et mobilisais mon équipe dans la création d’un organisme officiel de production artistique et de diffusion des jeunes artistes. A l’époque, 600 structures programmaient régulièrement des spectacles. L’hypothèse que j’avais réussi à « vendre » à la Fédération Française des MJC, au Ministère de la Jeunesse et des Sports et au Ministère de la Culture, était que si chacun sélectionnait 3 spectacles dans notre catalogue, nous campions sur un capital de 1800 concerts, assurant le développement de notre structure, des artistes en devenir, forgeant une nouvelle crédibilité au réseau associatif en pleine mutation avec l’arrivée de la gauche au pouvoir.

Rassurez-vous, n’est pas Don Quichotte qui veut et Zorro qui peut !  Je n’étais que Bernard O, et mon projet si séduisant vola en éclats sur les aspérités des égos des programmateurs et sur cette sacro-indépendance des MJC qui allaient faire leur lit dans cette période où la culture rencontrait de plein fouet le monde de l’économie.

En attendant mon échec, c’est grâce à cette expérience que je découvrais les jeunes artistes de cette région.

C’est dans un café-concert de Lyon que je l’ai entendu pour la première fois. Sa voix m’avait bouleversé, une voix d’androgyne, perçante dans les aigus, descendante dans les graves pour remonter en boucles tourbillonnantes, trilles brodant un univers particulier entre l’Espagne et la France. A l’époque, il tentait de se frotter au rock, à la chanson, à tout ce qui pouvait exciter son imagination fertile. Avec son frère à la guitare, une batterie et une basse en rythmique, il se lançait à l’assaut du public, cherchant à le convaincre de l’aimer.

Son histoire est de celles qui feraient rêver les apprentis de la Star’Ac. Un premier disque pressé par une major qui décide de l’enterrer vivant et ne sort pas le produit. Il m’en avait offert un, prénom bizarre de conformité (c’est avant qu’il ne le change comme on change de peau, pour se purifier d’une tare originelle, exit D…, bienvenue à Nilda !), déjà cette touche originale, atypique, sans doute trop pour une industrie du disque qui surfait sur les dernières vagues de la prospérité, avant que le CD ne pointe son nez et ne bouscule les équilibres de l’industrie culturelle balbutiante.

Nous avions sympathisé, une amitié naissante, faite d’éclairs et de passion. J’ai encore une lettre qu’il m’écrivit, dans les jardins du Luxembourg pour me confier son désarroi et son espoir que je lui offrirais cette renaissance pour une reconnaissance. Je l’intégrai dans mon catalogue de La Belle Bleue, le proposant pour 1400 francs de l’époque (1985/1986) dans des MJC qui acceptaient de jouer le jeu. Il y en avait si peu, même si je me souviens avoir décroché un contrat à Ranguin à Cannes, en 1986, grâce à un de ces Directeurs qui croyaient que nous pouvions changer l’histoire et renverser les montagnes. Le nord l’accueillit pour quelques dates aussi, dates refouloir de mes ambitions pour cette perle dont je ne savais que faire.

Il entra en studio pour enregistrer un nouveau single, j’assistais à cette genèse sans avoir les moyens de le produire. La Belle Bleue s’effondrait et moi avec, sombrant dans le paradis des bonnes idées sans avenir.

Le titre qui en sortit s’appelait Madrid, Madrid. Cruel paradoxe, je déposais mon bilan au moment précis où un de mes artistes perçait pour devenir une vedette médiatique. Je voyais le train de la réussite me filer sous le nez, lui décollant pour un premier CD qui allait faire exploser les ventes en le propulsant comme chanteur à succès.

J’ai rebondi tout naturellement. Directeur de la MPT des Campelières, puis Directeur-Adjoint de l’Office de la Culture de Cannes pour atterrir Directeur de l’Evènementiel Cannois au sein du Palais des Festivals.

Pourtant, nos chemins ont continué à se croiser. Dormant à la maison au cours de sa première tournée promotionnelle, puis, programmé au Palais devant 800 spectateurs enthousiastes. Nilda ne pouvait se contenter d’être un chanteur à succès, le temps passant, il se dérobait devant le chemin direct qui mène au showbiz et installe l’artiste dans une case prédéterminée.

Son expérience en roulotte, son cabotage vers Cuba, des disques toujours, et son installation en Russie où il acquit un statut ambigu de star, disparaissant de la scène française pour réapparaître par intermittence, brouillèrent son image dans le métier tout en lui assurant une liberté qu’il partageait avec son public. Je le vis ainsi dans plusieurs villes et Festivals comme les Musicales de Bastia, toujours avec plaisir, toujours ce sentiment d’un passé à fleur d’émotion.

Là, en cette nuit caniculaire, à Vence, nous nous sommes retrouvés avec plaisir. Chacun avait fait son chemin, chacun a roulé sa bosse et expérimenté la vie. On dépose les armes de nos échecs, on compose avec nos succès passés, on rêve encore d’un avenir de beauté. Un projet s’ébauche, entre la sortie de son prochain album et une programmation à Cannes. On reprend nos habitudes, mon humour grinçant, son ton décalé, les échanges fusent dans les chorus de mon ami Brégovic qui tente vainement de capter notre attention. Le temps s’écoule à la vitesse d’une amitié libérée.

Il décide de passer le lendemain manger à la maison, à Cannes, sur le chemin de Nîmes où il a un rendez-vous en fin d’après-midi.

Dans mon jardin, après un repas arrosé d'un bon rosé, Nilda et son pacte avec le diable qui l'empêche de vieillir.

C’est ainsi que dans mon jardin, à l’ombre de mes bananiers, on boira, on mangera, on parlera des choses intimes d’un être qui fait partie de sa vie, de légèreté aussi parce que la vie est surprise et que la plus belle des aventures se situe au niveau du cœur, dans l’amitié triomphante.

Et puis, il est reparti, vers Nîmes et on se retrouvera bientôt, pour chanter et faire la fête. Compadre Nilda, petit bout de mon histoire chargé d’émotions, celle du côté des ombres, quand sa gloire illuminait son chemin et que le mien se pavait de mes incertitudes. Même sous les spots, il reste mon ami, celui qui fait chanter les mots, pleurer les notes et ouvre des horizons nouveaux à ceux qui entendent les cris de la beauté.

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Cédric Oheix deviendra-t-il une star ?

Publié le par Bernard Oheix

Bernard O, Cédric Oheix et David L, le président du Palais, qui est le chanteur, qui est le politique et où suis-je ?

J'ai décidé de modifier le texte initial. A la relecture, il était quelque peu stupide et j'ai trop d'admiration pour l'engagement des artistes et la passion dont ils font preuve pour laisser en l'état un article qui était mauvais. Don't acte et désolé si j'ai pu blesser quelqu'un en général  et Cédric en particulier ! 

 

Une semaine avant la Fête de la Musique, Cédric m’appela, me demandant ce que je pouvais faire pour lui. Je lui proposai d’ouvrir le 21 juin avec 3 ou 4 morceaux en préambule d’un programme déjà fixé depuis de longs mois. Il accepta et le samedi  suivant, voilà enfin réuni la nouvelle tribu des Oheix Cannois. Il a un visage avenant de trentenaire costaud, des dents blanches et des cheveux noirs, visage carré, l’air sympa, un soupçon d’air oriental dans ses yeux pincés. On discute un moment après les balances. Je lui demande ce qu’il envisage, le retour à la SNCM sur son poste de capitaine en second ou le grand frisson de l’aventure musicale. Escale ou vent du large, risée ou bord sur bord… Il hésite avant de monter sur scène. 4 morceaux, des reprises, avec un guitariste qui l’accompagne. Il a une belle voix, mais a-t-il du talent ? Difficile de répondre. Tout est bien chez lui, sauf que le bien n’est pas une valeur refuge. Il y a quelque chose de trop lisse dans son attitude, une absence de mordant. Le talent se nourrit des failles, il les dissimule derrière une facilité qui ne trompe personne.

 

Ajoutons qu’en ce 21 juin 2008, Miro ouvrit la Fête de la Musique. Seul avec sa guitare, il éperonne le public avec délectation, voix éraillée, textes incisifs, personnalité évidente méritant nettement mieux que sa notoriété actuelle. Puis Habib Koité et Bamadas ont enchaîné avec une musique à danser, à faire chalouper les corps. Rythmes africains, voix claire d’un griot moderne, ambiance de fête. C’est un pays de soleil que le Mali nous envoie avec cet artiste généreux et attentif, dans la tradition des humanistes à la Ismaël Lo ou Salif Keïta. Un Grand barde à découvrir comme une passerelle entre les cultures.

Bernard O avec Habib Koité

Pour finir, Darko Rundek impose, avec son Cargo Orkestar, un univers atypique entre la musique des Balkans, les influences diverses puisées dans son exil à Paris et ses rencontres musicales détonantes. Darko est adorable, l’air décalé d’une star de l’ex-Yougoslavie revenu de l’enfer avec des yeux d’enfant émerveillé par la beauté d’un monde régénéré. Il commence doucement son set pour finir dans une explosion festive, musique délire bien dans l’esprit d’un Brégovic matinée d’ingrédients occidentaux.  Darko Rundek, retenez ce nom et n’hésitez pas à acheter un billet pour son concert s’il passe près de chez vous, son spectacle est un enchantement pour tous publics.

Une bien belle Fête de la Musique ! Mais au fait, où est passé mon cousin ? Avec sa guitare à la  main et ses rêves en bandoulière, il s’est fondu dans la nuit, à la recherche d’un futur de légende. Allez, petit cousin, à toi de choisir ton destin, la vie est belle pour les âmes généreuses. N’oublie pas de rester serein devant la folie d’une notoriété de circonstance, les adulateurs d’aujourd’hui sont les grands absents de demain et les notes, mêmes les plus belles, s’envolent toujours au gré du vent.

Salut donc à Cédric Oheix de la part de Bernard Oheix.

 

 

 

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