En finir avec le Festival !
Il est le temps des bilans, de faire le point sur le Festival. Tout d’abord, une grosse déception…J’avais prévu de voir 40 films et mon compteur s’est arrêté à 33 ! J’ai presque honte…
La faute à qui ? A moi tout d’abord, incapable de voir plus de 4 films dans une journée, coincé par quelques vagues moments de labeur, des rendez-vous inopinés, la maison pleine (jusqu’à 10 personnes en heures de pointe !), les parties de rami jusqu’à 2 heures du « mat », un peu de vélo et de baignades, quelques empreintes de stars à faire et mes états d’âme en plus en regardant l’image d’un DSK non rasé, menottes aux poignets et regard perdu sur ses illusions envolées et en écoutant les fariboles grotesques d’un illuminé danois auteur d’un film crépusculaire génial !
Mais comment lutter ? Le visionnement de films est aussi une aventure pleine d’imprévus, un sport extrême impliquant une condition physique à toute épreuve.
Une journée type d’un festivalier :
Samedi 21 mai 2011 : Réveil à 7h30 pour être au Palais à 8h30. La source des femmes de Radu Mihaileanu m’attend. Film de l’auteur attachant du « Concert », (rappelez-vous, la belle (toujours !) Mélanie Laurent...mais c’est une autre histoire !), 2h16 après, dont au moins une demi-heure de trop, on est convaincu de la nécessité d’amener l’eau courante dans ce village perché dans les montagne de l’Atlas, moins de la qualité du film hélas, même si on ne peut qu’avoir de la tendresse pour ces femmes belles entamant une grève du sexe auprès de leurs maris afin de les obliger à mettre la main au couscous…Le résultat final nous laisse sur notre faim !!!
A 11h30, les marches du Festival s’affichent sur l’écran au son de la musique générique. Les Bien-Aimés, le film de clôture de Christophe Honoré, nous embarque pour 2h25 d’une très belle histoire, rythmée par les chansons d’Alex Beaupin, sur les amours d’une femme courant sur 40 ans d’une vie et deux hommes aimés. La distribution est magnifique, avec Catherine Deneuve, sa vraie fille qui joue sa propre fille dans le film (oh !), Chiara Mastroianni, Ludivine Sagnier convaincante en Deneuve jeune…Bon, 2h25 quand même, il aurait pu penser à nous et enlever deux chansons + 15 mn de pellicule ! Réduit à deux heures, je prenais encore mon plaisir !
A 15h, après une restauration sur le pouce (mais pas de couscous, un pan bagna arrosé d’huile d’olive), un tunnel de 2h37 m’attend. Bir Zamanlar Anadolu’da de Nuri Bilge Ceylan s’enfonce dans les terres d’Anatolie à la recherche d’un cadavre. Le genre de Turc à vous faire un plan superbe étirant à l’infini le mini rictus naissant à la commissure des lèvres du commissaire…Disons-le, autant les deux autres films étaient trop longs, autant celui-ci paraît interminable. Bien sûr que l’image est belle, que c’est bien joué et que l’histoire est bien construite avec ses deux idées pour 1h15 chacune…Il n’empêche que le fait qu’il se retrouve affublé d’un Prix spécial du jury nous donne un aperçu de l’ambiance qui devait régner dans ce jury…
Un peu assommé malgré tout par les 7h18 des 3 films précédents, je décide d’aller à la MJC Picaud pour la clôture de la Quinzaine afin de m’achever. Au menu, Les Géants, un film belgo, franco, luxembourgeois de Bouli Lanners ! Ô divine surprise…Il ne fait qu’1h24, presque un court métrage en rapport des 3 films précédents ! A peine commencé, déjà fini ! Des ados, (encore !), livrés à eux-mêmes, confrontés à des truands, perdant pied, fumant, pétant et s’enfuyant vers l’inconnu…petit film gentillet sans grande prétention…du moins on l’espère !
A 21 heures, à peine sorti de la salle un peu hagard avec les yeux en boules de loto, je fonce dans les jardins de la Médiathèque pour la dernière soirée des « Inrockuptibles ». Musique live, (Saul Williams, que je programmerai dans les Concerts de Septembre, les Brigittes, Anna Calvi, Quadricolor…), ami(e)s vautré(e)s dans l’herbe douce sous une température idéale… C’est la première fois qu’un lieu alternatif fonctionne pendant le Festival. Un vrai succès dû à l’intelligence de l’équipe des « Inrocks », la souplesse des services d’ordre (comme quoi, une sécu intelligente, c’est possible !), un public adorable, branché mais pas trop, jeune mais sans exclusivité, un lieu magnifique mis en valeur avec goût…le rêve quoi avec du champagne à volonté !
Bon, après cela, on ne peut s’étonner de ne point atteindre la barre des 40 films !
Reste le dimanche à 19h, la cérémonie de clôture avec le Palmarès attendu par la bouche de Robert de Niro avec Mélanie Laurent (Oh ! oui !) en hôtesse d’élégance et de charme. Des prix espérés, toujours controversés, qui ne laissent jamais insensibles, surtout quand on a visionné presque tous les films de la compétition, (sauf deux, le Dardenne et l’israélien). Pas de chance pour moi, ils vont se retrouver palmés !
La Palme d’or 2011 est une supercherie consensuelle. Un beau film raté n’est pas un vrai grand film et si Terrence Malick est un immense réalisateur, ce n’est pas ce film qui lui écrira une nouvelle page de sa légende…Récolter les fruits des Moissons du ciel à l’automne, c’est franchir une Ligne rouge…Autant ne pas envoyer le film en projection et attribuer au préalable la Palme au mérite agricole !
Le film turc est ennuyeux au possible. Lui attribuer le Grand Prix, (avec le Dardenne dont je ne parlerai pas, et pour cause !), c’est comme donner une prime au cinéma d’auteur du tiers-monde envers et contre tout en justification du choix précédent. Il y avait mieux à faire ! Le Prix de la mise en scène est une galéjade. Le donner à Drive, (et non au Japonais Ichimei : mort d’un samouraï, de Takashi Miike) c’est vraiment se foutre du cinéphile et prendre une pochade de série B pour une lanterne magique !
Les Prix d’interprétation sont à l’image du reste…Rater Tilda Swinton est un événement même si Kirsten Dunst ne démérite pas dans Melancholia. Cela sent la compensation stratégique pour un Lars Von Trier out of order ! Quant à Dujardin, il est superbe dans son rôle de star du muet…sauf que The Artist mérite mieux que ce prix d’interprétation par trop r(s)éducteur…
Bon mon palmarès n’en déplaise à Robert de Niro, Jude et Uma…
Palme d’or : La piel que habito de Pedro Almodovar
Grand Prix du jury : Le Havre de Aki Kaurismaki et Melancholia de Lars Von Trier
Prix d’Interprétation féminine. Tilda Swinton pour We need to talk about Kevin.
Prix d’interprétation masculine : Michel Piccoli pour Habemus Papam
Prix de la mise en scène : Ichimei de Takashi Miike
Prix du jury : The Artist de Michel Hazanavicius
Prix du scénario : Polisse de Maïwenn
Et tant pis pour le Gamin au vélo des frères Dardenne et pour Pater d’Alain Cavalier que je n’ai pas vus …
Mais il a vraiment de la gueule ce Palmarès, même c’est moi qui l'ai élaboré ! Qu’ils me prennent dans le jury l’an prochain et ils auront des récompenses à la hauteur de cet événement planétaire et j’atteindrai enfin naturellement mon objectif de 40 films pour un Festival !
Bon, on va s’arrêter là. Il faut que j’aille reposer mes yeux !