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Les Nuits Musicales du Suquet 2016

Publié le par Bernard Oheix

Dernière livraison du Suquet... 6ème édition d'un exercice qui achève ma vie de programmateur Cannois ! La Direction Artistique des Nuits Musicales du Suquet restera pour moi comme une expérience passionnante, le laboratoire où j'ai tenté, tel un alchimiste moderne, de prouver que le classique est moderne, que les différences se conjuguent, que l'ailleurs est au coeur de nous, que la modernité ne s'invente pas mais se vit, que derrière la musique, la voix est un chant d'amour....

Bon, on fera le bilan plus tard des années Oheix ! Pour l'heure, voici mon éditorial de l'édition 2016....

Les Nuits Musicales du Suquet sont éternelles...les hommes un peu moins !

Combien de ravissements extrêmes pour ces centaines de soirées, ces milliers d’interprètes, ces oeuvres innombrables portées par des solistes d’exception, issues de la nuit des temps, qui ont comme seul objectif, de réunir au présent les hommes et les femmes, de leur faire partager un moment divin, entre les étoiles et la mer, dans la quiétude d’un monde d’harmonie !

J’ai modestement apporté ma pierre à cet édifice de beauté, et à l’heure de me retirer, je vous propose un dernier voyage en ma compagnie avant de laisser la place à d’autres, pour de nouvelles aventures.

Cette édition 2016, ma dernière donc, sera celle de mes ultimes coups de coeur. Il y aura cette soirée (22/07) où un jeune et talentueux groupe (After Marianne) viendra flirter avec la modernité juste avant de laisser la place à un des plus grand pianistes américain, Bruce Brubaker dans un hommage à l’inventeur de la modernité classique, Phil Glass. La dernière soirée du Festival (23/07), Passion Guitares, nous permettra de voyager du classique au moderne, en hommage à tous ces artistes qui m’ont offert la constance de l’amitié, portés par les voix de Nilda Fernandez et de Vincent Absil, dans une soirée élaborée par Jean Claude Rapin accompagné des plus grands interprètes de cet instrument si inventif qui autorise toutes les audaces. D’ailleurs, Laurent Korcia, violoniste de génie, a accepté de faire un détour par Cannes pour se confronter à cet univers de rock et de folk où Roland Dyens, Nono, Michel Haumont, Juan Carmona viendront célébrer la musique libérée et notre amitié !

En ouverture de ces Nuits Musicales du Suquet (18/07), les fascinants Francis Huster et le pianiste Giovani Belluci, nous permettront de voyager, entre les mots et les notes, de Mozart à Shakespeare, ballade de douceur pour nuit fauve !

L’Orchestre de Budapest avec François Dumont en soliste, nous offrira une plongée dans les oeuvres de Liszt et de Chopin (19/07) et Micha Katz, ce néo-Cannois, dirigera l’Orchestre de Cannes (20/07), son Chef, Wolfgang Doerner ayant accepté avec beaucoup d’amitié de lui laisser la baguette, pour une soirée avec Timour Serguenia en soliste piano dans un programme romantique qui lui permettra de retrouver son public dans sa ville d'adoption.

Il reste les perles de 19h, 4 bijoux sertis dans l’écrin des vents de l’ailleurs. Tarek Abddallah et Adel Shams El-Din pour un duo oud/riqq où l’on découvrira la magie de musique classique égyptienne. Se succèderont une rencontre entre les pulsions de l’Afrique et un duo violon/violoncelle, les voix polyphoniques de mes amis corses du Tavagna Club et un trio de voix/piano avec les Tacchino « girls » pour nous souvenir du temps passé.

Car pour moi, ces fêtes musicales s’achèveront sur votre futur et je vous quitterai en formant des voeux afin que les notes de musiques résonnent longtemps encore dans le coeur des hommes et des femmes de bonne volonté qui m’ont accompagné tout au long de ces programmes que j’ai conçus avec passion.

Merci de votre fidélité et que vive la musique, toute la musique !

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Maligne

Publié le par Bernard Oheix

Avez-vous remarqué que ce cancer que votre docteur a décelé chez vous est toujours petit, selon lui ?

Bon, je n’imaginais pas prendre du plaisir à un spectacle sur cette maladie... Quand un ami m’a proposé de m’inviter à la Pépinière du Théâtre pour assister à la révélation de la saison, je me suis interrogé : avais-je vraiment envie de découvrir l’univers de Noémie Caillault se replongeant dans l’histoire authentique de sa lutte contre son cancer du sein ?

C’était pas gagné et pourtant !

Longiligne jeune fille au charme adolescent, elle s’impose dans un spectacle aux saveurs troubles. Comédienne amateur, elle se repose sur une vraie nature, sur une personnalité exubérante, et un texte tiré au couteau, écrit au fil des sentiments diffus d’un sujet hors norme ! Comment émouvoir sans pathos ? Comment faire rire de l’atroce ? Elle y parvient avec une élégance suprême, un sens du timing et du placement naturel.

Quelques chaises en vague décors, des mouvements perpétuels, comme pour vaincre la peur de l’immobilité définitive que cette annonce provoque en elle, un cancer du sein...

Par petites touches, elle progresse vers sa rémission, mammographie hilarante, chimiothérapie rocambolesque, hospitalisation avec notes étoilées pour les différents établissements qu’elle va fréquenter assidûment, regards des autres et observations si juste de soi-même !

Les cheveux qui tombent, le rapport désopilant à une mère omniprésente qui en veut presque à sa fille de lui infliger son cancer et ne sais comment intégrer ce paramètre dans ses rapports avec elle, les amis qui ne savent comment se situer, en parler où pas, consoler où provoquer, tout y passe d’un alphabet de l’incongrue et du dérisoire, bréviaire indispensable pour ceux et celles qui, comme nous tous, savent que la frontière est ténue entre l’aujourd’hui et un lendemain d’horreur !

Noémie Caillault a du talent et elle parle juste de ce qu’elle connait trop bien. Elle nous donne une grande bouffée d’espérance et la certitude que rien n’est jamais prévisible. Qui aurait parié un kopeck sur une carrière de comédienne flamboyante à l’heure d’un bilan de santé au ciel obscur.

J’ai ris et j’ai été ému, comme tout le monde dans une salle bourrée à craquer où le silence alternait avec les rires, où le sacré se heurtait au trivial, la vie contre la mort. Vaincue par sa force vitale et son retour parmi les vivants pour une seconde vie. Elle nous offre un beau cadeau, la possibilité de réfléchir avec légèreté aux choses essentielles qui nous hantent !

Et moi je garde d’elle, la certitude qu’un mal peut déboucher sur un bien, et qu’une destinée se forge dans l’adversité et que le grand livre des humains ne se clôt jamais sans qu’une surprise ne soit possible !

Merci Noémie de m’avoir redonné de l’espoir devant la nuit qui tombe !

Maligne

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