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La Ville sans lumières !

Publié le par Bernard Oheix

Buenos Aires est une ville étrange, une ville mosaïque constellée de vieux immeubles baroques décrépis jouxtant des tours flambant neuves, des parcs arborés où se dressent d’innombrables statues équestres de vieux généraux chamarrés de médailles et sabre au clair contre les nuages s’étalent au long d’avenues larges aux trottoirs défoncés, des quartiers aux murs recouverts de tags aux couleurs criardes et des poubelles débordantes que les chiens éventrent en répandant leurs détritus sur les bas côtés.

Les Argentins qui la peuplent donnent l’impression de ne pas s’aimer. Ils s’habillent sans grâce de «jeans» délavés sans formes et marient les couleurs aléatoires. Les visages des femmes ne sont pas maquillés et leurs vêtements n’ont pas vocation à les mettre en valeur. Manifestement, les argentins ne sont pas dans la «séduction»... il y a comme une tristesse, un renoncement dans leur attitude générale ! D’ailleurs, ils ne rient pas beaucoup, esquissent quelques sourires tout au plus.

Est-ce la crise dans laquelle ils sont plongés, est-ce l’histoire tragique des dernières années ? On sent un mélange de fierté blessée dans ce rappel incessant à l’attachement aux iles Malouines, un bricolage permanent que les tentes des indiens en révolte dans l’avenue de Mayo occupée rend plus tragique encore, les banderoles accrochées dans le souffle du vent devant le Palais Rose du gouvernement ne portent pas l’espoir, mais lancent des messages de misère aux visiteurs impavides.

C’est la fierté blessée d’un peuple qui survit aux confins de l’économie mondiale, entre le progrès et la récession, entre l’isolement et l’affirmation d’un territoire grand comme un demi continent, qui va du Pacifique à l’Atlantique, de la zone équatoriale au Pôle Sud mais dont le centre, Buenos Aires n’a plus d’âme, n’est plus capable de partir à la conquête de ses rêves.

Il reste le vague reflet d’une splendeur passée dans quelques palais aux formes biscornues, dans l’art décoratif de cafés rutilants imprégnés du son déchirant des complaintes d’un tango noir comme leur devenir...

Mais où va l’Argentine ?

Ce n’est certes pas en arpentant les rues de sa capitale qu’on pourra le découvrir... Il va falloir plonger dans ses terres profondes pour trouver peut-être des éléments de réponse. En attendant, ce peuple doux semble porter une partie de la fin des illusions dans leur regard délavés.

C’est le printemps à Buenos Aires, mais l’été sera chaud !

Et il nous reste 4 jours pour mieux la comprendre et l’aimer enfin !

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