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cinema

Festival du Film 2014. Cannes. 1ère étape

Publié le par Bernard Oheix

le Festival du Film 2014 a pris son rythme de croisière...maison pleine, 5 films par jour, des files d’attente, les repas dans les jardins, les discussions acharnées, il ne manque que les parties de rami Corse traditionnelles... et on se croirait au Festival du Film de Cannes !

Au 14ème film, après 5 oeuvres françaises, 2 australiennes et une palette de polonais, kazakh, turc, israélien, autrichien et autres, un petit état donc de la situation du cinéma mondial !

Et tout d’abord, le miracle du Cinéma Africain existe, nous l’avons rencontré. Comment imaginer que Timbuktu, le chagrin des oiseaux ne soit pas palmé... La vraie question porte sur la nature du prix qu’il obtiendra, consécration finale, une Palme d’Or, ou un accessit ? Il est un peu tôt pour le dire, mais avouons que ce film Malien de Abderrhmane Sissako est un vrai bijou, un ovni, un formidable film en résonance avec une histoire contemporaine tragique, la prise du pouvoir par des intégristes de la ville de Tombouctou. A l’heure du Jihad qui fascine tant de jeunes du monde entier, ce film est une réponse étonnante à la fascination de l’absolu, une réponse en images aux rêves désespérés d’imposer une morale par la force. Les premières décisions des conquérants sont l’interdiction de fumer, d’écouter et de faire de la musique, et l’obligation pour les femmes d’être voilées et de mettre des chaussettes et des gants dans un pays écrasé par le soleil où le sable envahit la vie quotidienne !

Le film, d’une poésie à couper le souffle par la beauté de ses images et une bande son très soignée, une technique parfaite, va offrir à une pléiade d’acteurs jouant particulièrement juste, de mélanger l’onirique et le réel, la beauté et le sordide, l’absurde et l’humour. Il reste en mémoire des scènes d’anthologie. Le football étant interdit (même si ces intégristes parlent longuement entre eux de la victoire de la France en 1 998 et de Zidane !), les joueurs jouent donc sans ballon en une pantomime savoureuse devant les gardes qui ne savent comment réagir, la musique est prohibée, les musiciens chantent des sourates du Coran, la poissonnière interrogent les gardiens pour savoir comment elle doit travailler le poisson avec des gants, les mariages forcés permettent une savoureuse exégèse par l’Imam intégriste de la nécessité de forger les corps des combattants par la pureté des jeunes filles. Si l’humour est la politesse du désespoir, alors ce film est un chant désespéré pour invoquer une vie de beauté sur les champs démembrés d’une atrocité sans limite.

La noblesse d’une civilisation millénaire se fracasse sur la ronde des 4/4 chargés d’hommes en armes qui tirent sur tout ce qui bouge et pourchassent une gazelle du désert en une métaphore explicite sur la beauté que l’on assassine. La lapidation du couple adultère est insoutenable, non dans l’image montré réellement, mais surtout dans la symbolique évidente du massacre de l’amour !

Des téléphones portables sans réseau et des mégaphones pour dispenser toujours plus de contraintes à la population soulignent l’ubuesque mosaïque des langues véhiculant les ordres des envahisseurs. Le rapport d’un intégriste se fera en anglais car son arabe est jugé trop mauvais par son chef, le jugement s’effectuera avec 3 traducteurs, un en idiome local qui traduit en arabe afin qu’un 3ème puisse formuler en anglais et que les décisions justes soient prises par le responsable ! Comment ne pas imaginer la douleur de cette femme fouettée pour avoir osé chanter en étant seule avec des hommes dans une chambre et qui sous les coups, dans les larmes, se met à vocaliser sa peine et sa douleur en un ultime défi à ses bourreaux !

Ce film est le plus bel hommage à la tolérance qu’un cinéaste pouvait réaliser. Il prouve que la caméra est encore une arme pour ceux qui tentent de mettre un peu d’ordre dans le chaos !

Dans la série des découvertes heureuses, une séance spéciale de la Semaine de la Critique, une catégorie sélectionnant les 1er ou 2ème film de réalisateurs. Mélanie Laurent avec Respire nous offre une oeuvre magnifique, toute de tension et de crispation. Une nouvelle élève vient bouleverser le quotidien d’une jeune fille brillante mais réservée qui prépare son baccalauréat. Elle va vers ses 18 ans et a tous les tourments de cet âge, portent toutes les ambiguïtés de cet ultime passage vers le monde des adultes ! Cette amie s’avèrera une redoutable manipulatrice et sèmera le chaos autour d’elle jusqu’à un final en apocalypse. Le film échappe largement aux clichés habituels sur les films d’adolescents. Il interroge sur le rapport aux adultes sans jamais caricaturer, avec doigté, évoquant les tourments intérieurs sans être explicite, évitant le piège d’une «sexualisation» de l’attirance des deux jeunes filles. Toute la partie finale monte en un crescendo insoutenable que la bande son souligne par des phases de saturation déclenchant une vibration interne physique. Ivresse, cigarettes et sexe, vieux triptyque, mis au service d’une mythomane et qui débouche sur le drame et l’incompréhension. La dernière image nous permet enfin de respirer, et ce n’est pas le moindre des succès de la réalisatrice que de nous tenir en haleine tout le tiers final de son film !

A noter l’éblouissante performance des deux actrices, les jeunes et talentueuses Joséphine Japy et lou de Laäge.

Enfin dans les films à voir, on peut noter Bunny de la polonaise Annika Glac, un couple lunaire déguisé en lapine et en renard, propose des prospectus dans la rue. Une belle histoire nimbée de cet humour polonais, de ce «non-sense» illustré par tant de réalisateurs de ce pays et qui fait penser au Polanski des origines. Party Girl est un film Français réalisé par trois réalisateurs (Claire Burger, Samuel Théis, Marie Amachoukeli)... cas de figure assez original pour une oeuvre de tendresse sur les gens du nord, héritiers des corons, à la frontière Flamande, un peuple à la désespérance ancrée dans une soif de vivre et d’exister. Il n’y a pas de misérabilisme dans cette femme de soixante ans aux charmes usés, vivant dans un bar pour hommes et qu’un vieux retraité demande en mariage ! Leçon de vie, de tolérance et insatisfaction d’une femme pourchassée par la peur du vide et qui brise le bonheur autour d’elle comme pour exorciser ses propres démons...

Reste un film d’horreur pure de David Robert Mitchell, It Follows où comment le diable se transmet par le sexe et comment s’en débarrasser ! Accrochez-vous à vos fauteuils même s’ils n’y sont pour rien ! C’est un genre suffisamment rare à Cannes pour noter sa belle réalisation et le vrai suspense qui en découle !

Allez, je vous quitte, le 15ème film m’attend, un argentin à sketches, je vous en parlerai peut-être, l’Argentine, je connais !

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Festival du Film Panafricain de Cannes

Publié le par Bernard Oheix

Basile est ainsi, un extraterrestre, un OVNI en terre de culture, un lettré à la mode du passé plongé dans le monde bouillonnant du lendemain, un homme de coeur et de rencontres, un médiateur de toutes les bonnes volontés. Basile Ngangue Ebelle, d’origine Camerounaise, Français de vie, qui porte sa couleur comme un emblème de tous les possibles.

Qui, à part lui, pourrait, dans l’inconscience la plus totale, monter et s’arc-bouter afin de tenir les rênes d’un Festival du Film à 500 mètres de la Croisette, 15 jours avant l’autre, le grand, et cela depuis 11 ans...

Un Festival Panafricain, reflet d’un continent trop souvent perdu, si peu représenté dans les manifestations, qui peine à se développer, à trouver un public, à s’insérer dans le tissu démantelé des sociétés de pays déchirés par la pauvreté, gangrenés par la prévarication, où le bon sens à parfois tant de peine à exprimer ses besoins. On connait une poignée de cinéastes Africains reconnus pour un continent vaste comme le coeur de l’humanité. C’est si peu et tellement injuste !

3 cinéastes «congolais» réunis par les hasards de la sélection, dans une conférence commune, faisaient le constat des dérives du système, de la puissance des actions individuelles, de l’énergie d’un «nollywood» en train de se structurer, de l’espoir de trouver une oreille attentive auprès d’un responsable haut placé d’un président, afin de lancer un embryon de «CNC» à l’africaine et de permettre aux cinéastes de tourner, de croître, de se voir en miroir d’un continent, de vivre de leur art et de créer une dynamique. Tous affichaient leur détermination, mais derrière l’espoir réel d’ouvrir une voie vers l’avenir, une sombre ombre de fatalisme nimbait leur propos.... Et si l’histoire balbutiait encore et toujours... Et si chacun n’était que la énième vague d’une nouvelle jamais aboutie... Et si le système n’était que la perpétuation d’un démantèlement social, culturel... Et si le rien guettait ceux qui oeuvrent à affirmer leur spécificité afin d’ouvrir des brèches dans un 7ème Art en train de muter !

C’est ce que le Festival Panafricain tente d’offrir, une part de rêve, à tous ceux qui espèrent en ce continent fascinant et en la passion de ces acteurs culturels qui prêchent dans les déserts démembrés de leur absence de perspectives !

Que ce soit en haute couture, en musique, en arts plastiques, dans les salons d’un hôtel cannois, ou sur l’écran d’une salle de conférence qui a vu projeter une cinquantaine de films, courts et longs métrages, fictions et documentaires, l’équipe de Basile et son festival multi-culturel, renvoie clairement la problématique de l’existence d’une dynamique novatrice sur le continent noir, à la capacité d’influer de tous les acteurs d’un monde nouveau à créer, loin des déchirements et si proches des passions.

Sur quelques films :

Laurent et Safi. Réalisateur : Anton Vassil. 115 ‘

Tout sépare Laurent, jeune cadre qui doit se marier et Safiatou, une Malienne vivant en France. Et pourtant...

Il y a des «Chansons d’amour» dans cette comédie romantique plutôt réussie, un bric à broc sympathique qui force l’adhésion vers le happy-end d’une mixité possible, de couleurs, de classes sociales, de cultures... Mais ce n’est pas une thèse, juste une comédie avec des chansons plutôt réussies, des acteurs de qualité... Un «bollywood» à l’Africaine re-mixé à l’ascenseur social Français perdu !

A coeur Ouvert. Réalisateur : Ayekoro Kossou. 15’

Un couple mixte, une belle mère odieuse, un coeur qui lâche... Petit film au sujet grave, bien joué et à la morale surprenante. Une fiction comme un test pour aller vers le long métrage, une carte de visite que le réalisateur c’est donné afin de convaincre les décideurs. Une belle réussite !

Entre le marteau et l’enclume. Réalisateur : D’Amog Lemra. 98’

Construit comme un puzzle, autour de petits sketches avec des personnages récurrents, le film est une peinture saisissante de la société du Congo, de l’univers de Brazzaville de la pauvreté latente et de la richesse extrême de certains.

Il y a Pascal, le chef d’entreprise odieux, écrasant le monde de son argent, satisfaisant ses désirs lubriques sans égards pour ses victimes... Il y a la femme abusée par son pasteur, la fille dépressive du père qui a sombré dans l’alcool, le vendeur de médicaments amoureux... Toute une galerie de portraits savoureux qui dépeignent la ville, la société, l’injustice profonde du pouvoir de l’argent !

Dans une économie de moyens forcenée, le film n’en est pas moins très soigné, plans sobres, montage intelligent, raccords harmonieux. A noter la qualité d’expression des acteurs, pour la plupart amateurs, et les voix bien posés et audibles !

Une classe d’enfants regardent le film, effet miroir du cinéastes vivant en France et retourné dans son pays pour y tourner cette fiction bien plus vraie que la réalité.

Voilà une brève sélection parmi les nombreux films présentés et, disons-le, la plupart étaient de facture honorable, voire de grande qualité. Au dire des organisateurs, le niveau s’élève d’année en année et les cinéastes prennent enfin leur destin en main ! Acceptons en l’augure et que mille fleurs s’épanouissent au chevet du cinéma africain. Le monde à besoin de leur regard !

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Le temps de l'attente et de la répétition !

Publié le par Bernard Oheix

Bon, je suis d’accord avec vous, la précédente annonce était un peu «mégalo» et le ton y était sans aucun doute un peu too much... emphase, circonvolutions...cette «vie, son oeuvre»... un peu pompier, n’est-ce point ?

Mais bon, on se pardonne ! C’est vrai qu’exhumer de mes malles tant de photos, d’articles, faire un retour en arrière et en même temps, présenter mes projets et l’actualité à travers BO Conseils, m’a amusé, ému, et au fond, donné l’impression d’avoir vécu pour quelque chose... Posséder les autographes de 50% des Beatles, d’une myriade de cinéastes mythiques (de Jack Nicholson à Polanski, d’Antonioni à Léonardo le magnifique, de Kim à Sharon... Et des musiciens, plasticiens, gloires du théâtre et de la danse... Parfois, quelques annotations prouvent à l’évidence que quelque chose c’est passé, de l’ordre d’une presque amitié...Vous les retrouverez dans «mes rencontres» sur mon site www.bernardoheix.com même si je n’ai pas encore fini de les légender toutes.

Il y a aussi beaucoup de mes écrits, d’articles sur ma fonction et mes divers passages dans les lieux de culture et d’animation où j’ai oeuvré. Souvenirs, souvenirs !

Mais il n’y a pas que le passé lointain ! Il y a quelques mois de cela, mon ami Gérard Camy, directeur des études au BTS Audiovisuel de Cannes, avec qui j’ai déjà collaboré dans l’écriture par le biais de revues de cinéma, m’a sollicité pour savoir si j’avais une nouvelle adaptable au cinéma, les étudiants de fin de cycle de la promotion 2014 devant tourner un court métrage sous sa direction. Une aubaine dans la ville du cinéma !

Je lui ai transmis une de celles que j’aime particulièrement, «Ce tapuscrit est admirable» que vous pouvez retrouver sur mon site ou sur mon blog et il l’a transformé en scénario librement adapté de ma nouvelle !

Il a été emballé par le sujet. Un écrivain prend en otage un directeur de collection pour le forcer à éditer sa dernière oeuvre. Il va mettre en scène son propre suicide afin que les médias en parle et que le livre paraisse... Las, au bout du compte, il n’atteindra pas vraiment son objectif par un retournement de situation qu’il vous faudra découvrir en lisant la nouvelle ou en visionnant le film quand il sera présenté !

Je n’y avais mis qu’une condition : avoir un rôle dans le film et me voilà donc présent en ces 18 et 19 avril, sur les lieux de tournage (une étude en ville chez une amie avocate et le bureau du proviseur du lycée Carnot de Cannes), où j’avais sévi pendant mes années de bac, de 1966 à 1969, avec au milieu, un certain mois de mai 68 qui reste ancré en moi comme une période de rêve où nous pensions transformer le monde et le rendre plus juste ! J’avais juste 18 ans !

Deux jours de tournage avec des comédiens professionnels et de renom... Daniel Prévost en éditeur, Antoine Coesens en écrivain, Jacques Boudet en producteur de films et Frédéric Gorny en animateur de télé...Moi, je suis le flic au pistolet (mais la production n’a pas voulu de vrais balles !) qui va faire irruption pendant la prise d’otages !

J’ai une scène importante à jouer avec deux répliques meurtrières («-Police, ouvrez, que se passe-t-il ? et «-Je suis l’inspecteur Blot, je vous demande d’ouvrir cette porte»... ce à quoi, au bruit d’une détonation, je l’enfonce cette putain de porte à coups de tatanes et reste figé devant le cadavre d’un homme...

Et oui, tous les grands acteurs ont commencé par faire un flic qui enfonce une porte (même si je ne pouvais donner la pleine mesure de mon talent «stanislaviskien» vu que la porte appartenait à ma copine avocate et qu’il était hors de question, que la production exsangue du film ait à la remplacer !).

Maquillage avec Manon, scènes répétées de nombreuses fois, technique envahissante...

Là où les autres comédiens, les vrais, improvisent avec maestria un texte qu’ils ne connaissent qu’approximativement (n’est-ce point monsieur Prévost...) tout en réussissant à nous faire hurler de rire avec leurs improvisations.. Moi je galère avec mes deux bouts de phrase et mon simulacre d’enfoncement de porte ouverte.

Et le temps de l’attente ! Des heures avant de pouvoir contempler ce putain de cadavre d’Antoine qui respirait comme vous et moi, et de feindre la stupeur, jamais la bonne suivant le réalisateur qui, d’ami, s’était transformé, comme dans un film d’horreur, en vampire destiné à nous sucer le sang !

Et le mécanisme de la répétition ! Toujours refaire jusqu’au clap final du «-C’est bon !» du réalisateur. Le même plan, le même geste, toujours différent malgré tout, à satiété !

A travers mon expérience du documentaire «Port Lympia» de mon ami Arnaud Gobain, où je faisais le personnage récurrent entre les scènes et la voix du narrateur et ce court métrage «ce manuscrit est admirable»,(rassurez-vous, ce n’est pas une carrière qui commence, juste des chemins de traverse entre mes passions), la réalisation d’un film est synonyme de temps d’attente et d’efforts de répétition...

Bon, c’est pas la découverte du siècle, mais après avoir fait une licence et maitrise de cinéma (éditée s’il vous plait !), toucher du doigt l’interprétation et participer à l’élaboration d’une véritable oeuvre collective est un enchantement !

Et puis, comme l’on dit (et c’est vrai dans ce cas !), l’équipe était formidable, l’ambiance géniale sur le plateau et mon épaule a tenu quand j’ai enfoncé la porte !

Bon, si vous avez besoin d’un scénario avec acteur amateur, vous savez où me trouver ! Ciao, et à la première de «mon» film... heu, de celui de Gérard Camy du BTS Audiovisuel de Cannes, mon ami, que je ne remercierai jamais assez de m’entrainer sur les chemins de la création !

les acteurs sur le banc... j'y suis aussi ! L'équipe de jeunes étudiants autour et Gérard Camy comme ange tutélaire au dessus ! L'aventure d'un tournage heureux !

les acteurs sur le banc... j'y suis aussi ! L'équipe de jeunes étudiants autour et Gérard Camy comme ange tutélaire au dessus ! L'aventure d'un tournage heureux !

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Mon festival du Film 2013.

Publié le par Bernard Oheix

MON FESTIVAL DU FILM....2013

Premier Festival de l’ère de la retraite... Terminé le badge Directeur du Palais, passer devant tout le monde, entrer par les «artistes», faire les empreintes des stars (Ah ! Kim Basinger !)... Etre in...

Place à l’anonymat des longues heures d’attente dans des files interminables, à la cohue pour se battre afin d’obtenir un siège bien placé, aux regards scrutateurs des cerbères sur le badge cinéphile suspendu à la poitrine comme une prothèse permanente... Etre out...

Et vous savez quoi, j’ai aimé mon Festival du Film 2013 et ces 37 films ingérés à raison de 3 à 4 par journée. Détaché de toutes contingences autres que celle d’une maison pleine (3 corses, 1 allemand, 2 enfants, quelques neveux et 1 marocain...), hôtel California, complet... mais si vivant ! Quand on est heureux, on partage ce bonheur. Quand on a la chance d’être dans la ville du cinéma en étant cinéphile, on s’offre le plaisir extrême d’aller à la découverte du monde par des pellicules interposées, entouré d’une famille recomposée, dans un happening cinématographique que même le mauvais temps ne peut entraver.

Etre heureux et donner du bonheur en en recevant, c’est cela mon festival de 37 films concentrés en deux salles périphériques, la MJC Picaud et la salle de la Licorne et un jardin de La Bocca.

Cette année, disons-le, ce fut un très bon crû, même s’il a manqué un chef d’oeuvre pour parachever ces 12 jours de folie. Beaucoup de très beaux films, passionnants, sur des sujets attractifs, comme si le coeur de l’homme venait battre à notre porte, avec des résonances étranges qui créent des parenthèses dans des univers improbables.

Deux thèmes se sont taillés la part du lion. Le premier est celui de l’homosexualité décliné dans toutes ses variantes, rebondissant d’un Libérace à La vie d’Adèle, la Palme d’Or, de films tragiques en comédies, de scènes très crues en esthétique suggestive. Le monde en ébullition des manifestations contre le mariage pour tous résonnait comme un écho délétère de ce mouvement d’idées traversant toutes les cultures de nombre pays. Et quand on ne transgresse pas le genre, alors, on dispense son corps comme une monnaie d’échange, tel la jeune fille de Jeune et Jolie de François Ozon qui se prostitue pour combler un vide, et parce qu’il n’y a plus de repères entre son corps et la «marchandisation» de son sexe, ou l’on construit sa vie sur une imposture, comme le remarquable et jouissif Les garçons et Guillaume, à table de Guillaume Gallienne, hilarante comédie où le garçon élevé pour être une fille et aimer les garçons, s’aperçoit qu’il aime les filles et pas les garçons !

Le deuxième est paradoxal puisqu’il concerne l’enfance et la filiation. De la naissance à l’adolescence, le poupon fut roi en ce festival de la recherche d’une filiation impossible. Sujet au coeur du japonais Kore-Eda Hirokazu, Tel père, tel fils, justement primé, qui tranchera pour la loi du coeur contre celle du sang, pour les liens de l’amour contre ceux plus hypothétiques du gène. Il y eut de fréquentes naissances, des bébés fripés grandissant pour devenir des enfants maladroits, sous l’oeil d’une caméra inquisitoire saisissant les rapports tendus entre adultes et enfants (Ilo, Ilo du singapourien Anthony Chen entre une servante philippine et un enfant roi insupportable, les rapports père-fille du magnifique et très cinéphilique Michael Kohlhaas de Arnaud des Pallières, l’ambigüe relation entre une petite fille et le docteur nazi Menguele dans l’émouvant et saisissant Wakolda de l’argentine Lucia Puenzo).

Mais dans ce déluge de scénarii, d’histoires renvoyant souvent à la réalité d’un monde en crise où les plus faibles (les pauvres et les jeunes) sont broyés par la violence (l’incroyable la Jaula de oro, de Quemada-Diez, épopée tragique par les trains poussifs chargés d’émigrants qui mènent 4 jeunes des bidonvilles du Guatémala au «paradis» des Etats-Unis, (un seul survivra), Omar de Hany Abu-Assad, ou l’impossible survie de 3 jeunes palestiniens plongés par l’absurdité d’une terre occupée qui sécrète sa propre violence et broie les individus, The Selfish Giant de Clio Barnard quand deux jeunes exclus du système anglais dévoilent l’intolérable misère de ceux qui restent en marge et survivent des miettes du festin de la société.

Et maintenant donc, passons à quelques aspects particuliers de ces films en miroir. Des éléments qui surgissent au fil des heures de projections, qui se renvoient la balle et que l’on retrouve comme en leitmotiv. 5 tics sont apparus pour constituer un alphabet improbable de l’année 2013. Signalons que pour avoir l’honneur de figurer dans ce palmarès, il faut avoir été repérés 5 fois dans 5 films différents, dûment constatés par une cour de justice assermentée composée de l’ensemble des résident de mon «hôtel California».

  1. En 2013, on urine énormément dans le 7ème Art. Homme comme femme, avec des jets puissants, des commentaires acerbes (c’est les chutes du Niagara), dans toutes les positions, en devant de scène ou en arrière plan. Les «pisseurs» ont manifestement pris le pouvoir contre les «déféqueurs».
  2. En 2013, la sonate de piano envahit la bande sonore. Parfois, elle déborde même et s’insère comme un élément de l’image, les interprètes maniant le clavier comme moi, une boîte à outils, avec une certaine nonchalance et un immense talent. Les états d’âmes torturés des protagonistes retrouvent en contrepoint du jaillissement des «urineurs» désinvoltes, les notes cristallines de Schubert, Bach, Chopin...
  3. Les Films de cette année sont très souvent découpés en saisons, voire en mois. De l’été à l’hiver, de décembre à juillet, la fuite inexorable du temps, rythmée par les sonates de pianos bien qu’entrecoupées par des jets de pisse, montre à l’évidence que la linéarité est un leurre dans un monde où s’entrechoquent les violences d’un univers sans âme.
  4. Tout n’est pas aussi noir. Même brisé et à bout de souffle, les acteurs et actrices se lavent les dents avec régularité, et même la langue d’ailleurs, dans ce monde qui nous opprime. Ne jamais aller au lit sans passer par la case brosse à dents, quelque soit l’âge du protagoniste.
  5. Mais le danger guette. Opportunément, des plans de coupe avec des nuages viennent signaler les menaces extérieures, et quand on montre des nuages à l’écran, en 2013, ils sont forcément énormes, envahissant, cumulus-nimbus aux teintes bistres. Il ne suffit pas de les voir... Ils se décident à crever mais attention, quand il pleut au cinéma à Cannes, forcément, il tombe des trombes d’eau, des orages cataclysmiques, qui balayent tout sur leur passage et empêche même les essuies-glaces des voitures de fonctionner. Remarquez, les cinéastes étaient synchrones avec la météo cannoise de ces deux semaines de Festival. Prémonition quand tu nous tiens !

Voilà donc un petit tour d’horizon des manies du crû 2013 de nos cinéastes....Il faut signaler qu’un film réussit le tour de force de conjuguer les deux thèmes et la quasi totalité des tics de l’année. Il s’agit du Chateau en Italie de la soeur de..., enfin, de Valeria Bruni Tedeschi, film au demeurant intéressant, où la cinéaste tente une auto fiction dans la lignée des deux précédents opus...mais en s’améliorant nettement. Encore un effort, Valéria, et tu l’auras ta Palme !

Reste le Palmarès, éternel sujet de controverses, les pressions imaginaires, ou pas, que sont sensés subir des juges en train d’élire les vainqueurs de cette édition dans une tambouille que ne désavouerait point un gâte-sauce réfugié dans un temple du 7ème Art culinaire.

Pour tout vous dire, je ne crois pas une seconde à un Steven Spielberg engoncé dans des choix partisans. Subjectifs certes, et c’est le propre d’un jury que d’exprimer sa sensibilité, de trancher entre les options multiples d’un agrégat de personnalités aussi diverses et prestigieuses. Forcément injuste et partial, mais reflet de leurs goûts, de leurs rencontres et de ce que d’authentiques professionnels du cinéma pensent de leur art et de son devenir.

Alors primer le mexicain Amat Escalante, Heli, mauvais film, pourquoi pas ? Reste que, même si Nebraska d’Alexander payne n’est pas un chef d’oeuvre, le prix de l’interprétation masculine à Bruce Dern, récompense une belle ballade douce amère d’un vieux père et de son fils à la recherche du temps retrouvé, moment intime de grâce et scanner de la société américaine de l’intérieur. Bérénice Béjo est excellente, mais le film Le Passé de l’iranien Asghar Farhadi méritait mieux que cette récompense en trompe l’oeil (un prix du jury me semblait plus adapté !). Tel père, Tel fils de Kore Eda Hirokazu et le Inside Llewyn Davis des frères Coen sont bien justement reconnus à leur place dans le palmarès final. Je n’ai pas vu le chinois A touch of sin de Jia Zhangke.. aussi n’en dirais-je rien, si ce n’est que le cinéma asiatique, longuement annoncé depuis des années, arrive à maturité et s’impose avec logique dans le concert général des films. Il lutte enfin à armes égales avec les cinématographies occidentales.

Des absents naturellement il y en a. Le troublant et réfrigérant Jeune et Jolie de Ozon, le Jimmy P de Desplechin, le Kohlhaas de Des Pallières... les français étaient vraiment au top niveau cette année, cocorico pour nous, il y a quand même des choses positives dans notre hexagone même si la météo est pourrie !

Reste la Palme d’Or, consécration définitive et baromètre de l’année. Je n’aurais pas misé un kopeck sur une adhésion des deux anglo-saxons (Spielberg et Kidman) sur l’opus sulfureux de Abdellatif Kéchiche, La vie d’Adèle. Raté ! Et ce n’est que justice. Même si je suis critique sur certains aspects du film, c’est une vraie oeuvre de cinéma, une plongée dans le coeur embrasé d’une jeune fille, et la force de son amour dépasse largement le strict cadre d’un amour lesbien. Elle devient universelle dans le tragique de ce qui réunit et divise un couple et les larmes amères n’ont pas besoin de sous-titres ni de commentaires pour exprimer la profondeur humaine. Alors pourquoi une certaine complaisance dans la longueur, pourquoi une redondance dans la crudité de la vision de deux corps féminins faisant l’amour ! Passion quand tu nous tiens ! Un peu d’humilité peut-être et de respect pour le travail des autres (il n’y avait même pas de générique, et que l’on ne me dise pas que c’est la faute d’un manque de temps !). Pas sûr de ce point de vue que cette Palme donne plus d’humanité au réalisateur. Mais son film restera comme un évènement, sans aucun doute le plus torturé et le plus incisif des commentaires sur la vie réelle qui tapait à notre porte dans les actualités d’un monde télévisé affichant les haines et les dissensions.

Bon, 37 films, c’est 3 de moins que mon objectif initial... Je ferai mieux l’an prochain ! Il faut juste que j’améliore mon rendement...

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Les Affres du Festivalier de base !

Publié le par Bernard Oheix

Cet article aurait dû sortir le 1er jour du festival... Problème avec mon blog aidant, le voici donc juste avant la fin du Festival...En attendant, 28 films après l'avoir écrit, il reste totalement d'actualité.

A bientôt donc !

Bon, d’accord, il pleut des trombes pour l’ouverture du 66ème Festival du Film. Mais c’est pas vraiment une surprise, il pleut à toutes les ouvertures ! Il pleut pendant le G20, il pleut toujours sur Cannes dès que les caméras du monde entier se pointent à l’horizon. A se demander comment nous pouvons conserver l’image d’une région où le soleil brille en permanence. Un micro-climat, peut-être, mais certainement pas pas quand les yeux de l’univers sont rivés sur nous. Dès que les caméras s’en retournent dans leurs pays pluvieux et venteux, alors soyez rassurés, nous on retrouve notre soleil !

Et la pluie, ce n’est pas vraiment pas le «top» pour le Festival du Film. En effet, le principe de base étant que pour un film visionné en salle, il faut passer un tiers du temps dans la queue qui est en extérieur pour y accéder, donc sous la pluie, (et sans parapluie pour ne pas avoir à le trimballer...), cela donne sur la base moyenne de 30 films d‘1H30 (ce qui est un film court dans l’esthétique médiane du Festival où le standard est de plus de 2H05 pour obtenir une palme), soit 30*30= 900 mn ou l’équivalent de 10 films sous des trombes d’eau ! De quoi être imbibé même si l’on sait qu’en général la pluie ne tombe que les jours d’ouverture et de clôture du Festival, juste pour ennuyer les organisateurs et permettre aux stars de brandir des parapluies pour affronter la montée des marches.

Il faut avouer que les marches, avec le tapis rouge, les caméras, les hallebardiers, cela en impose . Vous ne pouvez pas imaginer, les feux de la rampe éteints, combien sont déçus les touristes nippons qui déferlent en bus tout au long de l’année, en les contemplant. On les entend caqueter (en japonais) «-Comment cela, si petits ces escaliers ? pourtant, à la télé, ils sont grands, imposants, majestueux...» Et ils repartent au pays du Soleil Levant avec la certitude que l’Européen est hâbleur, menteur et fourbe, alors que l’on n’a même pas les yeux bridés, et nous taillent des croupières économiques pour se venger !

Bon, une fois dans la salle il faut trouver le bon siège. Ce n’est pas facile, les cinéphiles sont grégaires et cherchent toujours la bonne place, 1/3 de l’écran, légèrement décalé sur la gauche, meilleur angle de vision et balayage optimum de l’écran et des sous-titres dans une perception occidentale de lecture de la gauche vers la droite. Pour les arabes qui lisent de la droite vers la gauche nous conseillons d’inverser le positionnement en basculant vers la droite et pour les japonais qui lisent de haut vers le bas, de monter au balcon en central (cela uniquement s’il y a un balcon, bien naturellement). Bon, le problème c’est qu’il y a moins d’asiatiques et d’arabes que d’occidentaux et qu’on se retrouve tous dans la même zone à se battre pour ne pas être déporté vers les ailes de la salle de cinéma avec des angles de vision tellement latéraux que l’on a l’impression de voir le film à travers un prisme déformant.

Une fois que l’on est installé, on peut jouer sur son smartphone à Freecell, (mais discrètement en dissimulant l’écran, ce n’est pas toujours bien vu du vieux cinéphile de base qui est jaloux de ne pas maîtriser la technique !) même s’il est plutôt conseillé de se plonger dans les synopsis des films à venir, et cela jusqu’à ce que retentisse la musique du générique du Festival et que les lumières s’éteignent.

C’est là qu’il faut commencer à trouver une place pour ses genoux même si c’est une opération complexe et délicate. Dès que vous faites plus d‘1,72m, vous avez les genoux qui s’écrasent sur le dossier du spectateur qui vous précède. Il s’agit alors de caler vos articulations sur le fauteuil du devant pour basculer la tête sur votre propre dossier en infléchissant votre postérieur vers le rebord de votre propre siège. Il y a deux inconvénients majeur, si le spectateur qui est devant dépasse les 1,65, il occulte les sous-titres, ce qui est pénalisant pour les films Ouzbeck doublés en anglais. Le deuxième inconvénient est indépendant de la taille mais touche au volume et à la nature contondante des genoux. En général, ils font une pression sur le dos de celui qui vous précède qui a tendance à se retourner en grognant ce qui fait réagir les gens qui l’entourent, éructant des «-Chut» pour faire cesser ces bruits incongrus, ce qui entraîne tout le monde à réagir en un concert d’exclamations énervées sensées faire naître le silence... Et là, vous avez honte de votre taille et de vos genoux mal placés et contondants... De toute les façons, au bout de 20 mn, vous avez mal à vos articulations et serez dans l’obligation de changer de position, ce qui fait que tout le processus recommence et que la salle re-grogne a échéance régulière comme une bête agonisante !

Le spectateur est un étrange animal à sang chaud qui a tendance dès le 4ème jour du festival à s’endormir pendant le 3ème film de la journée (vers 15H35) sur un total moyen de 5 pellicules quotidiennes, (remarque : ce n’est pas mal, et démontre à l’évidence une résistance certaine). Il faut dire qu’un plan fixe Hongrois de 6mn32 après un pan-bagnat, c’est long. Cet assoupissement temporaire et la position inconfortable provoquent alors des ronflements intempestifs mais étrangement, même les plus sectaires des cinéphiles hésitent à réveiller un spectateur qui dort. Il y a des principes sacrés et le besoin de récupérer est une frontière que très peu s’autorisent à transgresser. Comme quoi, que vos propres genoux soit endoloris, tout le monde s’en fout, alors que les narines bruyantes du voisin n’offusquent pratiquement personne. C’est la dure réalité du festivalier.

Il y a, heureusement, la sortie du film pour reprendre ses esprits en parlant de l’oeuvre que vous avez presque vue en entier. De nombreuses méthodes vous permettront de passer à travers les gouttes d’un jugement initial toujours délicat. Imaginez que vous annonciez que le scénario est nul et que ce réalisateur est un «branquignol» (bon, c’est vrai, vous vous êtes assoupi pendant la moitié du film !) alors que tout le monde clame au génie et lui attribue d’office une Palme d’Or (c’est un sport national de décerner les Palmes d’Or à Cannes, à se demander pourquoi il y en a si peu à l’arrivée... c’est comme pour les dimensions des marches, une distorsion de l’espace-temps caractéristique de la déformation due à une consommation excessive d’écrans), et que les critiques (que l’on vomit par ailleurs), lui octroient plein de petites Palmes dans les journaux...

Bon, on a un thermomètre pour se situer intuitivement, les applaudissements ou sifflets à la fin de la projection, car à Cannes, on manifeste toujours à la fin du film et même pendant la projection, d’ailleurs.

A partir de là, vous pouvez adopter plusieurs attitudes. Soit aller à contre-courant et encenser ce que les autres ont hué, ce qui vous assure d’être au centre des débats intenses d’après projections (avec son corollaire où vous démolissez ceux que les autres ont adulé), soit vous vous inscrivez dans le droit fil de la foule et vous vous épargnez toutes arguties (cela dépend parfois du fait que vous avez faim ou envie de faire pipi, car la position assise récurrente est tyrannique pour la prostate des cinéphiles de plus de 60 ans). Dans tous les cas, vous pouvez utiliser deux ou trois fois pendant le Festival quelques arguments massues, tels la distanciation Brechtienne ou le rapport entre la forme et le fond, en veillant toutefois à ne pas systématiser ces apports sous peine d’être taxé de pédant ce qui est contradictoire avec l’image de l’intellectuel proche du peuple cinéphile que vous désirez incarner.

Il reste aussi l’attitude interrogative qui peut vous donner la stature de celui qui cherche et soupèse mais là aussi, il ne faut pas s’enferrer dans sa reproduction, car on pourrait assez rapidement vous taxer d’être incapable de juger les films et vous marginaliser dans les discussions.

Mais pour voir les films, il faut avoir des invitations... et à Cannes, ce n’est jamais gagné, même pour les plus grands. Activité principale du mois de mai, la recherche du sésame qui autorise la montée des marches s’apparente à un chemin de croix. Les badgés et les VIP ont bien une longueur d’avance mais la véritable démocratie festivalière (les places ne s’achètent pas et les puissants doivent courber l’échine devant les responsables des bureaux divers et variés qui répartissent les milliers d’invitations quotidiennes) fait que les compteurs sont régulièrement remis à zéro et que tout le monde se bat pour avoir le passeport béni. Avouons malgré tout, que dans cette démocratie, quelques commerçants Cannois de la rue d’Antibes ont une longueur d’avance sur le cinéphile de base.

Le problème malgré tout, c’est qu’une fois que vous avez obtenue, après une heure d’attente dans une file bigarrée, une invitation pour la séance qui débute deux heures après, vous refaites la queue pour accéder au film et que, c’est à ce moment précis, en général, qu’un cerbère vous bloque alors qu’il n’y a plus que douze personnes entre vous et l’entrée... car la salle est pleine ! Et parfois il pleut, en plus !

Mais Cannes, c’est Cannes et pendant quelques jours vous êtes au centre du monde, dans le temple de la cinéphilie, au coeur de toutes les tensions du monde médiatique. C’est vrai que vous ne pouvez plus circuler en ville (d’où l’utilité d’avoir une 650 bandit Suzuki vendue par des Japonais qui vous détestent parce que vous lui avez fait miroiter une montée des marches sans commune mesure avec la réalité !), que se garer (même avec un deux roues) est un cauchemar, et que vos interlocuteurs pendant ces deux semaines de folie se résumeront à des hordes de cerbères, gardiens du temple et autres forces de police qui vous imposent dans la plus grande des confusions de cheminer en dehors des clous, sur des voies qui empruntent plus à Kafka qu’à un plan de la Ville... Mais quand les marches rouges apparaissent sur l’écran de tous les désirs, que la musique (Haendel ? Water Music ?) du générique retentit et que le noir se fait complice, alors, vous pouvez vous laisser aller et entrer de plein pied dans le monde d’un imaginaire débordant, celui de tous les rêves du possible.

Et vous pourrez tout au long de l’année dire «-Oui, j’y étais au 66ème Festival du Film.» Oui, depuis 1969 et la première édition de la Quinzaine des Réalisateurs (Easy Rider et If), j’ai participé à quasiment toutes les éditions (à l’exception de mes six années d’exil Burgien). J’ai eu des badges divers, des invitations de raccroc, des entrées par les portes de sorties, des cartes de Directeur ou des fausses cartes de presse imprimées en Corse, j’ai visionné 30 à 40 films par édition même s’il y en a 400 de présentés (ce qui fait que le vrai étalon d’un Festival n’est pas le nombre de films que vous avez vus mais bien l’ensemble de ceux que vous avez ratés !), j’ai rencontré Polanski et j’ai fait les empreintes d’Antonioni, j’ai joué dans la cour des grands et subit toutes les avanies d’un cinéphile mordu par le désir d’embrasser cette fenêtre sur le monde des images. Oui j’ai discerné à chaque édition des thèmes transversaux qui, de Singapour à la Bolivie, du Niger à l’Islande, entraient en résonance pour mieux comprendre le monde, pour mieux le lire en nous rendant plus intelligent...

C’est mon Festival du Film, et il n’appartient à personne d’autre qu’à moi, et je suis heureux d’aller voir dans quelques heures le film d’ouverture, Gatsby le magnifique, même si je n’attend pas grand chose de Léonardo Di Caprio.

Alors, Vive le Cinema !

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La compétition... Festival n.2

Publié le par Bernard Oheix

 

Je sais, il se fait tard et le Festival est bien loin.... Mais j'ai des circonstances exténuantes, un voyage à Paris, plein de dossiers à remplir pour mon futur départ à la retraite, mille choses à terminer....

En cette 65ème édition du Festival du Film de Cannes 2012, j’ai pu visionner 14 films de la compétition sur les 22 présentés… score honorable sans plus ! Mais il y avait beaucoup d’autres films dans des sélections parallèles et, tant de sollicitations !

 

En ce qui concerne les « Palmés » :

Belle et méritée récompense pour l’émouvant et pétillant Ken Loach, La Part des anges. Une comédie douce amère d’une totale humanité bien que basée sur un présupposé moralement très contestable !!! Imaginez sauver vos jeunes héros et leur permettre de sortir de la délinquance, de la violence et du chômage… et pour ce faire, un dernier casse suffira, comme l’alcoolique pour son dernier verre, rondement mené, avec au bout ce couple qui échappe à la misère du monde par l’obtention d’un travail. Les périodes ont les rêves qu’elles peuvent et le paradis aujourd’hui, n’est même plus de ne pas travailler, mais bien d’obtenir un emploi… Vive le chômage de masse ! Quant au film, dans la veine des comédies sociales de Ken Loach, avec un humour et des moments de « non-sens » à faire hurler de rire. Entre la violence moderne et le rire de la déraison, juste un interstice pour continuer de rêver !

J’espérais mieux pour La Chasse de Thomas Vinterberg, à l’évidence un des bijoux de cette sélection, bien que snobé par une partie de la critique ! Une petite ville du Danemark, une fillette adorable et un homme, sortant d’un divorce difficile et souffrant de l’absence de son fils. Il aime les enfants et travaille comme assistant dans une école pour petits. La fillette va accuser cet homme de l’avoir abusé. Concours de circonstances débouchant sur le soupçon, puis sur les certitudes de la masse et sur l’horreur d’une véritable chasse à l’homme qui ne laisse plus de place au doute. Il est forcément coupable… même innocenté, comme le signale la dernière scène. Un film sur la manipulation, les frustrations et le désir de vengeance collective qui gomme les responsabilités individuelles. Un film à méditer, cruellement d’actualité en cette heure où les boucs émissaires bien basanés font florès dans la bouche de certains de nos hommes (et femmes) politiques. Le prix d’interprétation masculine pour Mads Mikkelsen est totalement justifié mais me semble un peu réducteur au vu de la densité du scénario et de la qualité de la réalisation.

Comment le film mexicain, Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas, s’est-il retrouvé dans le palmarès ? Mystère et Festival ! Soulignons que chaque édition accouche systématiquement d’au moins un extra terrestre pour se glisser entre les lignes des récompenses, comme s’il fallait justifier automatiquement que l’on est juge de la norme et que le cinéma est aussi affaire de vision extralucide ! Qu’adviendra-t-il de cet opus ennuyeux et pompier, figé dans un esthétisme exhibitionniste, si ce n’est le sort peu enviable d’être oublié avant même d’avoir été visionné !

N’ayant pas eu le plaisir de voir le film roumain multi primé de Cristian Mungiu, Beyond the Hills, je ne me prononcerai pas… si ce n’est pour affirmer que la seule Palme d’Interprétation possible et envisageable était une récompense au couple de cinéma Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant pour Amour de Haneke. Phénoménaux, énormes, gigantesques monstres sacrés habitant leurs personnages, ils illuminent le film d’une aura mortifère, une lente mort au travail sertie dans un écrin sobre et sombre. Mais la Palme d’Or est exclusive de tout autre prix et ne permet qu’une mention, ceci expliquant cela !

Reality de Matteo Garrone, le réalisateur de Gomorra. On connaît le poids de la télévision et ses dangers. Brisant les vies de familles, le temps des lectures et des dialogues, divertissement et approche individuelle d’une sous-culture… Dans cette œuvre héritière du néoréalisme italien, un homme va plonger dans l’univers de la téléréalité et voir son existence voler en éclats. Son désir éperdu et son phantasme d’intégrer une émission « le grand frère » lui font perdre contact avec le monde extérieur. C’est une problématique particulièrement contemporaine en cette heure où la lucarne animée est bien le réceptacle de tous les espoirs et où le quart de gloire « Warholien » est trop souvent assimilé au passage obligé d’un inconnu dans une émission de télévision. Une comédie douce amère, grinçante, avec un acteur amateur, en semi-liberté, qui donne une âme à son rôle de Napolitain débordant de vie !

Et donc cette Palme d’Or d’Amour. Je faisais partie des laudateurs du Ruban Blanc, un choix difficile pour un film exigeant. Là, rien de tout ceci, juste l’évidence d’un chef-d’œuvre hors du commun. Des acteurs transfigurés, cruels de naturel, une technique discrète et maîtrisée, parcourue d’éclairs étranges comme des déflagrations incongrues dans une norme toujours plus prégnante de cette agonie d’un couple amoureux. Il y a toute l’humanité du monde et toute l’animalité de la chair en décomposition dans ces 126 minutes d’un chemin de croix vers la rédemption finale. C’est aussi un thriller, un film surréaliste, un poème… C’est la magie de l’esthétisme au service d’une cause qui ronge chacun d’entre nous, l’angoisse de la vieillesse, de la décomposition et la beauté de l’amour qui sublime cette lente usure de l’espoir.

Merci Monsieur Michael Haneke.

Je n’ai pas vu et ne dirai rien de Holy Motors de Leos Carax, Paradies : Liebe de Ulrich Seidl et le dernier Resnais… films dont on a dit le plus grand bien… Mais pourquoi donc ignorer De rouille et d’os  de Jacques Audiard. Belle histoire étrange habitée par une Marion Cotillard transfigurée. Sur un fond mélo et tragique (décidément, les handicapés font recettes au cinéma en ce moment !!!), une histoire de violence et d’amour, de courage et d’espoir. Superbement filmé, décors magnifiques, acteurs justes, tous les ingrédients d’un grand succès populaire annoncé… et donc trop « beau » pour le Festival. Le syndrome du Grand Bleu a encore frappé !

Légère déception chez les américains, The Paperboy, Lawless, Mud même s’il y a un bémol pour Moonrise kingdom de Wes Anderson sauvé par son humour grinçant. Tous ces films sont dans la même veine, œuvres pas vraiment hollywoodiennes et bourrées de bonnes intentions… sauf qu’il leur manque ce soupçon iconoclaste, cette insouciance que s’autorisaient leurs glorieux aînés (Scorcese, Lucas, Spielberg, Coppola) en train de forger un style sur des histoires nouvelles pour une vague déferlante partie à la conquête des grands studios. Là, on trouve de belles histoires décalées, des acteurs et actrices performants, des cadres exotiques… mais cela ne suffit pas à nous faire sortir du cadre !

Voilà avec un peu de retard la dernière page du Festival du Film 2012. Belle édition avec énormément de films intéressants même s’il a manqué quelques bijoux aux côtés d’Amour de Michael Hanneke pour notre félicité. C’était mon dernier Festival en tant que Directeur de l’Evénementiel…  Alors vive le Festival 2013 et cette fois-ci, j’y arriverai à ma ligne de crête des 40 films ! Non mais !

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Festival du Film 2012 (1ére partie)

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des années où la Palme d’Or semble naturelle, évidente, incontournable… C’est bien le cas en cette 65ème édition du Festival du Film, pour une année 2012 qui restera celle de mon dernier Festival officiel en tant que Directeur de l’Evénementiel. Un prix suprême pour Amour de Michael Haneke, une 2ème palme pour le réalisateur mais surtout, un hymne à l’amour pour Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, un duo de comédiens sur le fil halluciné d’un crépuscule flamboyant. Il est regrettable qu’une Palme d’Or exclue toute autre reconnaissance car si jamais un Prix d’Interprétation pouvait être ordonné en cette année 2012, c’est bien à ces deux vieux revenus de tous les honneurs, de toutes les guerres qu’il pouvait être attribué.

Petite revue d’effectifs sur les films du monde qui viennent tenter leur chance sous les sunlights d’un mois de mai pourri par une pluie torrentielle.

Franchement, entre le G20 et le Festival du Film, quelle image donnons-nous de la Côte d’Azur avec ses parapluies ouverts qui ont tendance à prendre le pas sur les canotiers ensoleillés ?

L’objectif initial était de visionner 40 films… dont je dois avouer, à mon grand regret, qu’il ne fut pas tenu… La faute au temps, à quelques parties de rami corse, à la vague présence d’un bureau où il fallait bien parfois faire acte de présence, de quelques rendez-vous sur Nice et de la fatigue due à mon âge presque vénérable qui m’ôte désormais la capacité de dépasser 5 films par jour… On ne peut avoir été et perdurer…

 

Sur les 38 films vus, 14 provenaient de la Compétition, 9 d’un Certain Regard et 7 de la Quinzaine des Réalisateurs, les autres se répartissant dans des catégories annexes bien souvent passionnantes comme la Semaine de la Critique, le Cinéma des Antipodes, Visions Sociales… Et justement…

Les Voisins de Dieu un 1er film de Meni Yaesh, en est un bel exemple. Des jeunes intégristes juifs se battent pour faire respecter les préceptes d’un Dieu d’intransigeance tout en fumant des joints et en composant de la musique de transe… La rencontre avec une jeune juive délurée va bouleverser l’existence d’Avi et déséquilibrer son rapport aux autres et à la violence…

Monsieur Lazhar du Canadien Philippe Falardeau est un film magnifique et émouvant sur le déracinement et l’exil. Un enseignant algérien obtient un poste de remplacement dans un collège pour pallier l’absence de la précédente titulaire qui s’est suicidée dans sa classe. Les élèves et l’enseignant vont se découvrir et apprendre à s’aimer et à se respecter. C’est simple comme une belle tranche de vie d’êtres déchirés devant la beauté et la cruauté, la gentillesse et la méchanceté naturelle des enfants.

Petit bijou avec une perle de Nouvelle Zélande. L’Orateur de Tusi  Tamasese campe un nain marginalisé par sa taille mais dont la femme, elle-même bannie de son clan, est une  prêtresse étrange. A la mort de celle-ci, il va oser enfin affronter la nécessité de devenir un « orateur », un chef de village, pour récupérer le corps de sa femme volée par son ancien clan. C’est bouleversant, un des chocs de ce Festival, un film au cordeau de tous les sentiments, permettant à la laideur de devenir grâce, à la faiblesse de se transformer en force brute et au cinéma de devenir la vie réelle.

 

Pour ce qui est d’Un Certain Regard, l’autre versant de la sélection officielle, quelques perles : Les Bêtes du sud sauvage dont le réalisateur, Benh Zeitlin, sera récompensé de la Caméra d’Or (prix du premier film). Dans un lieu improbable, portion de terre immergée, quelques humains survivent et un père agonisant, tente d’insuffler la force à sa petite fille afin qu’elle lui survive. Beau et poignant, étrange et désordonné…

Les Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch où comment cerner concrètement le basculement vers le terrorisme afin de devenir martyr et de gagner un paradis peuplé de vierges offertes. Tout ce que vous avez voulu savoir sur ces porteurs de ceintures explosives et que vous ne pouviez comprendre. Le rapport entre la misère sexuelle et la pauvreté menant vers le chaos intérieur. Un vrai film poignant, à la fois didactique et imagé sur le désespoir du monde et les grandes frustrations qui mènent vers le renoncement. C’est aussi un extraordinaire bréviaire sur les méthodes des fondamentalistes pour endoctriner les plus faibles et construire cette armée d’Allah qui doit nous indiquer les voies aux forceps de la rédemption.

 

Je n’étais pas fan du Mammouth de Délépine et Kerven. Aussi suis-je entré à reculons devant Le Grand soir pour rapidement laisser choir mes préventions. Il faut avouer que « Not », le plus vieux punk à chien d’Europe, interprété par Poelvoorde et Jean-Pierre (Albert Dupontel) son frère vendeur en literie licencié pour insuffisance de résultats, l’accompagnant sur les chemins de la dérive, en un duo de pieds cassés éperonnant le bon sens et le bon goût, ce n’est pas piqué des vers. Il y a du rythme, de la comédie, de l’émotion, énormément de dérision (Brigitte Fontaine en maman sculptant les frites !), un reflet cruel d’une société engoncée dans son conformisme et ses certitudes et bien sûr, de la tendresse pour ces pieds nickelés de toutes les frontières.

Deux films enfin pour cauchemarder. Aimer à perdre la raison de Joachim Lafosse ou Tahar Rahim fait des enfants à une Emilie Dequenne enfermée sous l’œil omniprésent du tuteur de son mari, (l’abominable Niels Arestrup !), jusqu’à perdre la notion du bien et du mal, entrer dans le cercle d’une dépression profonde et tuer ses enfants sans réussir à se suicider. Glaçant, déprimant, horrible et mystérieusement fascinant…

Quant à Después de Lucia, film mexicain de Michel Franco qui obtint le Prix « Un Certain regard », c’est tout simplement un chef-d’œuvre macabre, une plongée en apnée dans un monde de violence délétère et de soumission bestiale. La belle et jolie Alejandra vient de perdre sa mère Lucia et porte sa mort accidentelle comme un fardeau. Avec son père, elle déménage pour vivre à Mexico et intègre un lycée de la haute bourgeoisie. Elle va devenir, par un enchaînement de circonstances, un enfant martyr, le bouc émissaire, celle qui concentre toute la haine et les frustrations d’une bande d’adolescents où les valeurs de la vie sont relatives, les frontières de la permissivité rendues floues par les pulsions du sexe et de la drogue. Ridiculisée, avilie, violée sans qu’elle réagisse jusqu’à sa fuite mimant un suicide, déclenchant un horrible final, une vengeance ignoble de son père contre son tortionnaire en chef, en une séquence qui est un vrai viol de la morale !

Film nauséeux, par-delà le bien et le mal, film d’interrogations sur une société malade des valeurs d’humanité, filmé comme si c’était un dernier cri devant l’empire d’un mal qui ronge l’être humain !

Suite au prochain numéro…..

 

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En finir avec le Festival !

Publié le par Bernard Oheix

 

Il est le temps des bilans, de faire le point sur le Festival. Tout d’abord, une grosse déception…J’avais prévu de voir 40 films et mon compteur s’est arrêté à 33 ! J’ai presque honte…

La faute à qui ? A moi tout d’abord, incapable de voir plus de 4 films dans une journée, coincé par quelques vagues moments de labeur, des rendez-vous inopinés, la maison pleine (jusqu’à 10 personnes en heures de pointe !), les parties de rami jusqu’à 2 heures du « mat », un peu de vélo et de baignades, quelques empreintes de stars à faire et mes états d’âme en plus en regardant l’image d’un DSK non rasé, menottes aux poignets et regard perdu sur ses illusions envolées et en écoutant les fariboles grotesques d’un illuminé danois auteur d’un film crépusculaire génial !

Mais comment lutter ? Le visionnement de films est aussi une aventure pleine d’imprévus, un sport extrême impliquant une condition physique à toute épreuve.

 

Une journée type d’un festivalier :

Samedi 21 mai 2011 : Réveil à 7h30 pour être au Palais à 8h30. La source des femmes de Radu Mihaileanu m’attend. Film de l’auteur attachant du « Concert », (rappelez-vous, la belle (toujours !) Mélanie Laurent...mais c’est une autre histoire !),  2h16 après, dont au moins une demi-heure de trop, on est convaincu de la nécessité d’amener l’eau courante dans ce village perché dans les montagne de l’Atlas, moins de la qualité du film hélas, même si  on ne peut qu’avoir de la tendresse pour ces femmes belles entamant une grève du sexe auprès de leurs maris afin de les obliger à mettre la main au couscous…Le résultat final nous laisse sur  notre faim !!!

A 11h30, les marches du Festival s’affichent sur l’écran au son de la musique générique. Les Bien-Aimés, le film de clôture de Christophe Honoré, nous embarque pour 2h25 d’une très belle histoire, rythmée par les chansons d’Alex Beaupin, sur les amours d’une femme courant sur 40 ans d’une vie et deux hommes aimés. La distribution est magnifique, avec Catherine Deneuve, sa vraie fille qui joue sa propre fille dans le film (oh !), Chiara Mastroianni, Ludivine Sagnier convaincante en Deneuve jeune…Bon, 2h25 quand même, il aurait pu penser à nous et enlever deux chansons + 15 mn de pellicule ! Réduit à deux heures, je prenais encore mon plaisir !

A 15h, après une restauration sur le pouce (mais pas de couscous, un pan bagna arrosé d’huile d’olive), un tunnel de 2h37 m’attend. Bir Zamanlar Anadolu’da de Nuri Bilge Ceylan s’enfonce dans les terres d’Anatolie à la recherche d’un cadavre. Le genre de Turc à vous faire un plan superbe étirant à l’infini le mini rictus naissant à la commissure des lèvres du commissaire…Disons-le, autant les deux autres films étaient trop longs, autant celui-ci paraît interminable. Bien sûr que l’image est belle, que c’est bien joué et que l’histoire est bien construite avec ses deux idées pour 1h15 chacune…Il n’empêche que le fait qu’il se retrouve affublé d’un Prix spécial du jury nous donne un aperçu de l’ambiance qui devait régner dans ce jury…

Un peu assommé malgré tout par les 7h18 des 3 films précédents, je décide d’aller à la MJC Picaud pour la clôture de la Quinzaine afin de m’achever. Au menu, Les Géants, un film belgo, franco, luxembourgeois de Bouli Lanners ! Ô divine surprise…Il ne fait qu’1h24, presque un court métrage en rapport des 3 films précédents ! A peine commencé, déjà fini ! Des ados, (encore !), livrés à eux-mêmes, confrontés à des truands, perdant pied, fumant, pétant et s’enfuyant vers l’inconnu…petit film gentillet sans grande prétention…du moins on l’espère !

 

A 21 heures, à peine sorti de la salle un peu hagard avec les yeux en boules de loto, je fonce dans les jardins de la Médiathèque pour la dernière soirée des « Inrockuptibles ». Musique live, (Saul Williams, que je programmerai dans les Concerts de Septembre, les Brigittes, Anna Calvi, Quadricolor…), ami(e)s vautré(e)s dans l’herbe douce sous une température idéale… C’est la première fois qu’un lieu alternatif fonctionne pendant le Festival. Un vrai succès dû à l’intelligence de l’équipe des « Inrocks », la souplesse des services d’ordre (comme quoi, une sécu intelligente, c’est possible !), un public adorable, branché mais pas trop, jeune mais sans exclusivité, un lieu magnifique mis en valeur avec goût…le rêve quoi avec du champagne à volonté !

 

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Bon, après cela, on ne peut s’étonner de ne point atteindre la barre des 40 films !

 

Reste le dimanche à 19h, la cérémonie de clôture avec le Palmarès attendu par la bouche de Robert de Niro avec Mélanie Laurent (Oh ! oui !) en hôtesse d’élégance et de charme. Des prix espérés, toujours controversés, qui ne laissent jamais insensibles, surtout quand on a visionné presque tous les films de la compétition, (sauf deux, le Dardenne et l’israélien). Pas de chance pour moi, ils vont se retrouver palmés !

 

La Palme d’or 2011 est une supercherie consensuelle. Un beau film raté n’est pas un vrai grand film et si Terrence Malick est un immense réalisateur, ce n’est pas ce film qui lui écrira une nouvelle page de sa légende…Récolter les fruits des Moissons du ciel à l’automne, c’est franchir une Ligne rouge…Autant ne pas envoyer le film en projection et attribuer au préalable la Palme au mérite agricole !

Le film turc est ennuyeux au possible. Lui attribuer le Grand Prix, (avec le Dardenne dont je ne parlerai pas, et pour cause !), c’est comme donner une prime au cinéma d’auteur du tiers-monde envers et contre tout en justification du choix précédent. Il y avait mieux à faire ! Le Prix de la mise en scène est une galéjade. Le donner à Drive, (et non au Japonais Ichimei : mort d’un samouraï, de Takashi Miike) c’est vraiment se foutre du cinéphile et prendre une pochade de série B pour une lanterne magique !

Les Prix d’interprétation sont à l’image du reste…Rater Tilda Swinton est un événement même si Kirsten Dunst ne démérite pas dans Melancholia. Cela sent la compensation stratégique pour un Lars Von Trier out of order ! Quant à Dujardin, il est superbe dans son rôle de star du muet…sauf que The Artist mérite mieux que ce prix d’interprétation par trop r(s)éducteur…

 

Bon mon palmarès n’en déplaise à Robert de Niro, Jude et Uma…

 

Palme d’or : La piel que habito de Pedro Almodovar

Grand Prix du jury : Le Havre de Aki Kaurismaki et Melancholia de Lars Von Trier

Prix d’Interprétation féminine. Tilda Swinton pour We need to talk about Kevin.

Prix d’interprétation masculine : Michel Piccoli pour Habemus Papam

Prix de la mise en scène :   Ichimei de Takashi Miike

Prix du jury : The Artist de Michel Hazanavicius

Prix du scénario : Polisse de Maïwenn

 

Et tant pis pour le Gamin au vélo des frères Dardenne et pour Pater d’Alain Cavalier que je n’ai pas vus …

 

Mais il a vraiment de la gueule ce Palmarès, même c’est moi qui  l'ai élaboré ! Qu’ils me prennent dans le jury l’an prochain et ils auront des récompenses à la hauteur de cet événement planétaire et j’atteindrai enfin naturellement mon objectif de 40 films pour un Festival !

Bon, on va s’arrêter là. Il faut que j’aille reposer mes yeux !

 

 

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28 films après...

Publié le par Bernard Oheix

Une orgie de films, des kilomètres d’images qui défilent sous les yeux, des histoires qui se télescopent, s’enchevêtrent et donne une vision composite du monde extérieur. Des pleurs et des rires, du sérieux et du futile, des factures soignées et des images sales… Une histoire du monde en train de se contracter.

 

Un thème récurrent se dégage, comme si tous les scénaristes de la planète films s’étaient tenus la main pour étirer à l’infini la cause des enfants. Enfants violés, adolescents serials killers, bambins causant l’explosion des structures familiales, drogués, menteurs, bourreaux et victimes à la fois d’un monde qui se convulse en assassinant son futur !

Chaque année on perçoit des thèmes qui surgissent du néant. Cette année, nos chères têtes blondes sont à l’honneur même si ce n’est pas toujours à leur avantage !

Outre le We ned to talk about Kevin de Lynne Ramsay ou la naissance d’un sérial killer, Blame de Michael Henry (Australie), une bande de jeunes en train de tenter de tuer un prof de musique, est pas mal dans l’horreur pieds nickelés, Martha Marcy may Marlène de Sean Durkin campe la fuite hors d’une secte d’une jeune fille rattrapée par son passé, Corpo Celeste de la Suisse Italienne Alice Rohrwacher confronte une adolescente au sentiment religieux dans une Italie du sud sous la férule de l’église, et bien sûr Beautiful Kate de Rachel Ward ou un inceste débouche sur l’éclatement de la famille et le suicide. Nombre de ces films sont réalisés par des femmes, peut-être faut-il y voir un lien de cause à effet avec le traitement du thème de l’enfance ?

 

 

Dans la série des implosions en vol, The Tree of Life de Terrence Malick, le si attendu mutique réalisateur des Moissons du ciel, compose une ode incompréhensible aux relents mystiques, sous-utilise un Sean Penn torturé à souhait, donne du commentaire sourd pour souligner des images flamboyantes totalement inutiles, planètes et cosmogonie des désarrois d’un scénariste en panne ! Tout cela pour ça ! Et dire qu’il faudra attendre encore 5 ans avant qu’il ne produise un nouvel opus, un chef-d’œuvre peut-être ! Il y a pire, L’Appollonide de Bertrand Bonello dévoile des corps inutiles dans une maison close, femmes au sein généreux dans le vide d’une existence que le film reflète un peu trop fidèlement !

Tout l’inverse du Melancholia de Lars Von Trier. Une comète fonce vers la Terre…Deux sœurs vont régler leur vie à l’aune de cette collision. Justine dans un mariage avorté pour aller avec sérénité vers une mort annoncée, Claire s’accrochant à la vie pour un enfant qui ne verra pas le jour se lever et un mari bardé de certitudes qui se suicidera avant l’échéance. C’est beau, puissant, terrifiant. Cela s’ouvre par 10 mn surréalistes d’images précieuses à couper le souffle, cela s’achève dans le tourbillon statique d’un holocauste cosmique. Entre les deux, la vie implose de toute part aux sons de la 9ème symphonie de Beethoven et le réalisateur balance des vannes stupides en conférence de presse pour se faire lourder du Festival. Au delà de la « provoc », si Lars est nazi, moi je suis Lénine !

 

Dans les pépites, The Artist de Michel Hazanavicius. Un film en noir et blanc, quasiment muet avec deux acteurs éblouissants. Le parlant arrive. La star du muet campée par Jean Dujardin rate son passage et se retrouve ruiné par la crise économique. Il va sombrer sous l’œil inquiet d’un ange gardien, la sublimissime nouvelle star du parlant incarnée par Bérénice Béjo. Le final en happy end, l’amour du cinéma que dégage cette mise en scène, la qualité technique en font un film jubilatoire, réjouissant, une porte ouverte sur le souvenir et l’amour éternel. Il sera dans le palmarès, c’est certain !

Le Havre de Aki Kaurismaki est une plongée décalée dans l’univers des petites gens, ceux qui sont ignorés par la grande histoire mais inventent la vraie vie des solidarités. Immigrés, clandestins, boutiquiers, cireurs de chaussures, ils survivent entre la misère et le bonheur, rattachés par des joies simples à l’amour et l’espoir. Des acteurs superbes, une lumière exceptionnelle, une caméra statique qui laisse le cadre vivre du mouvement des acteurs, c’est un cinéma légèrement « différent » pour une histoire de générosité aux résonances universelles. Une superbe page d’espoir à la mise en scène fascinante !

Les Neiges du Kilimandjaro est un authentique bijou. La bande à Guédiguian (Ariane Ascaride, Darroussin et Meylan), tous quinquagénaires proche de la retraite, combattants sociaux et politiques, est confrontée à la misère, au désespoir de jeunes qui n’ont plus de rêves. Un braquage chez eux pour dérober la cagnotte d’un voyage en Afrique, au  Kilimandjaro va mal tourner. Leur agresseur derrière les barreaux, ils vont comprendre les raisons de leur échec et les racines du mal qui ronge la société. Un hymne à la vie et au combat pétri de générosité, d’altruisme et de respect ! A voir comme une thérapie à l’indigent La Conquête de Xavier Durringer, apologie à peine déguisée d’un Président en exercice utilisant toutes les ficelles les plus grossières pour détourner l’attention du présent !

 

Le Festival s’accélérant, une palette de films superbes viennent obscurcir ma capacité à voir le palmarès se dessiner !

La Piel che Habito de Pedro Almodovar est un grand Almodovar ! Va-t-on enfin se décider à lui remettre cette Palme pour en terminer avec sa saga de looser ? Ce serait presque dommage si cela devait tarir son imagination fertile, un univers si particulier, sa gestion des acteurs (Ah ! Banderas !), son scénario aux rebondissements incessants, cette frontière troublante qu’il dessine entre les sexes, les âges, cette photo découpée au laser avec des couleurs criardes. Vive Pedro et sa Palme d’Or.

Ichimeï de Takashi Miike nous offre une première : des lunettes en 3D pour une œuvre flamboyante sur les samouraïs. On peut douter de l’utilité de cette vision en profondeur (bien au contraire, parfois cela découpe les personnages de premiers plans en silhouettes sans chair !), mais le film est envoûtant, construit en puzzle avec retour en arrière, deux « ronins », samouraïs pauvres sans maîtres, vont être confrontés à la misère et à l’amour. L’un se fera « Hara-kiri » pour sauver son enfant, l’autre le vengera dans un combat terrible…Lutte du pauvre contre le riche, de l’amour contre les conventions, du serf contre le seigneur, une belle épopée admirablement mise en scène, jouée à la perfection, alternant les moments de tension et les instants de vie d’un bonheur frugal !

This must be the place de l’Italien Sorrentino permet à Sean Penn d’entrapercevoir le prix de l’interprétation masculine…à tort ! Son personnage de rock star transgenre dépressif à la recherche du bourreau nazi de son père est quand même too much ! Dommage, il y avait de belles idées, de belles images mais ce film se veut tellement mode qu’il en devient racoleur !

N’oublions pas un objet étonnant non identifié, Trabalhar Cansa de Juliana Rojas et  Marco Dutr, deux Brésiliens qui osent dénoncer le cancer (le démon !) du travail et de la conception animale de la recherche d’un poste dans une parabole sur une supérette dans laquelle un monstre s’est niché ! Réjouissant et abominable !

Reste Polisse de Maïwenn. Une image un peu série télévisuelle ne gâche pas notre plaisir. Malgré un scénario quelque peu fourre tout (tous les cas de figures sont analysés), des acteurs incroyables de vérité avec un Joeystarr en équilibre entre les forces du bien et du mal, des femmes (Karin Viard, Marina Foïs) bouleversantes, des moments de tragédies, la force d’un groupe, les déchirements des individus, la proximité du mal qui ronge cette brigade des mineurs, font courir des frissons, du rire, des pleurs, renvoyant à l’inhumanité d’une société perplexe, désorientée et à la violence tant physique que morale. Un grand film à voir de toute urgence qui sera au Palmarès !

 

Voilà, il reste une poignée de films à visionner, quelques heures avant le palmarès et l’aventure s’achèvera dans les remugles d’une chambre d’hôtel new-yorkais offrant un scénario que nul écrivain n’osait imaginer ! La réalité de ces films est parfois bien voisine des cauchemars d’un présent asphyxiant !

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FIF (5) : Une histoire de Palmarès !

Publié le par Bernard Oheix

Cette année, foin de billevesées…M’étant fixé comme objectifs de voir tous les films et de donner un palmarès exact le dimanche 23 mai à 18h45, je me suis attelé à mon travail de critique parallèle, pendant tout ce festival, ce qui implique de ne pas dormir aux films en compétition et de n’en rater aucun !  Sauf bien sûr, quand Nadine S et Eurielle D, deux de mes collaboratrices adorées, émergeant de la salle noire, me confièrent qu’elles avaient enfin vu le « navet » (il y en a toujours un !) de l’année, que son réalisateur portait un nom imprononçable et que le film avait un titre à coucher dehors ! J’ai donc fais l’impasse sur ce chef d’œuvre en péril et parmi les 32 pellicules ingérées, 18 appartenaient à  la compétition, m’autorisant un jugement sûr et une autorité toute neuve…J’étais donc bien armé pour faire mon palmarès et prouver aux cinéphiles du monde entier la justesse de mes goûts !

 

19h, 15 devant mon écran. Les prix s’égrènent…L’homme qui crie du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, Prix du jury, parfait, mérité amplement ! Petit accroc avec le Prix de la mise en scène à Tournée, (que je n’ai pas aimé !) même s’il m’apparaissait évident qu’il se retrouverait parmi les élus. C’est un moindre mal, une médaille en chocolat, concession au style déjanté de Tim Burton, le président du jury….Pourquoi pas ?

Bingo avec le Prix du scénario pour Poetry du Coréen Lee Chang-dong. Là, il fallait le trouver, petit frisson d’adrénaline ! Pas de problème pour l’interprétation féminine de Juliette Binoche. J’ai détesté le film mais il était évident qu’elle obtiendrait son bâton de maréchale…Rebingo pour l’acteur masculin, Emilio Germano du film de Luchetti, La nostra vita avec une surprise, le partage de cet honneur avec l’éblouissant Javier Bardem de Biutiful…Tout va bien donc jusque là !

Arrive le Grand Prix du jury pour le magnifique film de Xavier Beauvois, Des Hommes et des dieux…encore dans le mille. Je suis au bord de l’apoplexie, comme le jour où sont sortis les 5 premiers chiffres du Loto… (Bon, pour la petite histoire, le 6ème, on l’attend toujours et mon gain potentiel de plusieurs millions s’est transformé en une enveloppe de 5000€, seulement !).

Du haut de mon Olympe cinématographique, il ne me reste plus qu’à ouïr le nom de la Palme d’Or, à l’évidence Biutiful d’Inarritu pour atteindre l’orgasme, la certitude d’être un visionnaire, au top de la critique… Quand, patatras ! Le président se lève et jette en pâture un nom totalement imprononçable, une nationalité thaïlandaise, un titre de l’autre monde : Oncle Bonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures  de Apichatpong Weerasethakul, coiffe sur le poteau le Inarritu ou le Mike Leigh, voire le Hors La Loi ou l’autre coréen…Ô rage, ô désespoir, …le seul film de la sélection que je n’avais pas vu ! Le seul à avoir échappé à ma vigilance !

 

Bon, qu’à cela ne tienne, il me reste la séance du lundi pour rattraper la Palme d’Or et finir sur un sans faute. Chaque année, le vainqueur est présenté aux Cannois, le lendemain de la cérémonie de la remise des prix, pour 3 séances. Dès 15h, dans la grande salle, j’attends enfin de visionner l’objet du délit quand soudain, l’adjoint au Maire rentre sur scène et annonce que le film projeté ne sera pas la Palme d’Or, mais le Grand Prix du Jury, Des Hommes et des dieux… de Xavier Beauvois pour des raisons obscures où l’on comprend que le film thaïlandais, trop difficile, pourrait ne point plaire aux pauvres Cannois incultes et qu’une bonne dose de piété ne pourrait qu’élever leur âme !

 

Il va falloir que je m’y fasse, je ne verrai jamais la Palme d’Or 2010 ! Aurais-je voté comme les membres de cet éminent jury de choc ? Je ne le saurai jamais…Je vais réfléchir à l’an prochain…tous les films je verrai, c’est certain, et après, je sortirai un palmarès à moi, tout neuf, complet et personne ne pourra rien y redire, non mais !

 

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