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Les greniers de la mémoire 1 : Marco Ferreri

Publié le par Bernard Oheix

 

Le corona quelque chose qui nous confine à la maison a des vertus !  Depuis une semaine, devant la fuite des heures sans poker, sans belote et sans films dans les bonnes salles de la Ville de Cannes, ma vie de retraité a basculé dans une faille temporelle ! Il me reste bien un bon livre, un film merdique sur Netflix, mais il y a tant d’heures dans une journée ! Et si l’on nous enlève même les sorties au bord de mer, que nous restera-t-il de nos 20 ans !

Une étrange et saugrenue pensée est venue à mon secours pour tenter de trouver un sens à mes journées. Tous ces cartons dans lesquels j’ai entassé rituellement tous les écrits, lettres, et autres rapports émis ou reçus, il était temps de les affronter et de les purger ! Je me demande d’ailleurs, si le Covid19 n’a pas été créé dans ce but, me permettre de me libérer, de me détacher, de jeter en tri sélectif des montagnes de papiers, programmes et autres souvenirs qui non seulement phagocytent mon espace de vie mais de plus encombrent ma mémoire !

Alors j’ai plongé avec délectation souvent, étonnement parfois et hurlements de rire (rarement !) dans 50 ans d’agendas d’une vie bien remplie !

Et quelques perles, je les ai trouvées ! J’ai donc décidé d’en faire partager quelques unes à mes amis en espérant quelles les divertissent en cette période bien morose !

Commençons donc par ce commentaire impérissable sur un film qui fit scandale à sa projection au Palais des Festivals en 1973. Marco Ferreri venait jeter un pavé à la face des festivaliers dont j’étais un privilégié avec ma fausse carte de presse imprimée en Corse par le groupe d’étudiants de Cinéma de l’Université de Nice sous l’oeil goguenard de Jean A Gili, notre maître !

En sortant de la projection du vieux Palais, après la bordée de lazzis et les cris d’injures, je me suis précipité sur ma vieille Olivetti pour pondre cet article.

 

 

A La recherche des flatulences perdues !

 

En guise d’avertissement, mon grand père me déclarait qu’il vaut mieux péter en société que crever tout seul !

Cela donnait : je péte, tu pétes, il péte, nous pétons…

Ah non messieurs et mesdames, je vous arrête tout de suite !

Nous pétons certes, mais de la même manière. Vous pétez vulgairement et bêtement, disons-le prolétairement alors que nous, nous vrillons des vents désodorisés à « l’encor net » sur les coins satinés de nos fauteuils Louis XVI.

Ces vents perlés dans des culottes de satin rose, en aucune manière ne dérangent notre discussion sur l’agnosticisme de Kant ou ne couvrent la sonate en Si quelque chose de Mozart dont les notes retentissent sur le piano à queue du salon où nous dinons entre amis de bonne compagnie !

Mais voilà, triste destinée humaine ! Les amateurs de scandales, les pornographes de l’écran, les voyous de la caméra envahissent l’univers du 7ème Art !

 

Et les honnêtes gens de rugir, et les biens pensants de ruer : A bas la pornographie, hou, hou, et les lazzis de fuser ricochant sur le velours rouge des sièges du Palais !

 

Alors, moi, je pose une petite question : si un pet sur l’écran est capable de déclencher une telle émeute, quid des spectateurs qui assistent aux viols, aux meurtres de populations dans une dictature, aux actes ignobles de l’armée, au poids de l’obscurantisme moyenâgeux imposé par l’église, le code moral, les us et non coutumes d’une société où la loi du plus fort tient lieu de baromètre  au comportement général !

 

Comment peut-on accepter qu’il existe des gens qui n’ont rien à offrir à manger à leurs enfants ? La télévision nous montre tous les jours des scènes saisies au vol au Biaffra, au Bangladesh, au Viet-Nam que l’on regarde distraitement entre une salade niçoise et un steak tartare !

Est-ce à dire qu’il existe une paille et une poutre… et que l’on ne voit que la paille ?

La paille c’est le sacrilège de l’atteinte aux bonnes moeurs. Attaquer le devoir de chier discrètement, c’est remuer la merde du tiers monde qui fait vivre l’Occident ! Que Nixon envoie ses chapelets de bombes au phosphore d’accord ! Mais de grâce messieurs, quand vous rotez cachez-vous derrière votre mouchoir !

Il ne fait pas bon remuer le caca, surtout quand celui-ci provient du cul cousu d’or de notre classe dirigeante !

 

Marco Ferreri déclarait à J. A. Gili qui l’interviewait : « Je n’ai pas fait un film politique ». Suprême truculence !

Ferreri, un personnage enfermé dans un réseau de contradictions, 120kg de chair projetés en camouflet à la gueule du monde entier. Un cinéaste qui rue, bave, éructe et égraine dans ses films ses obsessions, ses névroses.

 

Le monde va périr…pire, il veut périr de et dans sa merde !

Significative est la mort d’Ugo Tognazzi gavé par Philippe Noiret, branlé par Anne Ferreol et mourant d’en redemander !

Quelle belle mort c’est vrai; mais quelle MORT quand même !

Nous refusons d’aborder de front les problèmes qui se posent.

Nous fermons les yeux sur des lendemains ténébreux en dégustant des poulets aux hormones, en imbibant de pétrole nos océans, en jouant avec l’atome…

 

Marco Ferreri n’a pas fait un film politique, un film à thèse, un film révolutionnaire… Non, il a jeté un cri, il n’est capable que de cela !

Et ce cri a été amplifié par les « queues de pie » du Festival qui lui ont donné un écho extraordinaire. Ce sont eux les vrais coupables, ceux qui ont permis à La grande Bouffe d’être un grand film !

La fameuse indignation de la salle en colère est-elle le signe annonciateur d’une débâcle prochaine ? S’il suffit que Piccoli péte pour que les bourgeois s’écroulent, alors messieurs, pétons tout notre saoul, tous en choeur !

 

Piccoli aurait fini sa carrière avec ce film… Mais le beau Michel qui rugit à la gueule des flics dans Themroc péte superbement et majestueusement à la face du spectateur !

Moi cela ne me gêne pas du moment que je ne sent pas l’odeur !

 

Et les autres ! Philippe Noiret merveilleux vieux garçon poussé dans les jupes d’une maman possessive qui découvre la femme au moment de mourir. Une femme mère d’ailleurs, aux seins accueillants, carrefour des adultes perdus. Ugo Tognazzi éblouissant chef, roi de la Pizza, qui meurt divinement. Et enfin, Marcello Mastroïanni le beau gosse du groupe qui prolétarise le godemichet en détournant un piston !

Un prix d’interprétation à 4 branches !

 

La grande Bouffe, un film hurlé ! Un film qui n’existe que si vous réagissez !

Alors, Vive La Grande Bouffe !

 

                                                            FIN ?

 

Quand j’écris cet article, on est bien en 1973, la gauche au pouvoir n’est qu’une utopie, le monde est sclérosé, partagé par un grand mur qui empêche de voir les réalités des deux côtés !

Rétroactivement, je comprends pourquoi aucune des revues de cinéma pour lesquelles je collaborais à l’époque n’ a voulu de cet article.

Bizarre, vous avez dit bizarre !

Je ne sais pas pourquoi mais cet article m'a toujours inspiré un grand respect pour les erreurs de la nature ! je n'arrive pas à imaginer son auteur sérieux au moment de donner le feu vert pour l'imprimerie !

Je ne sais pas pourquoi mais cet article m'a toujours inspiré un grand respect pour les erreurs de la nature ! je n'arrive pas à imaginer son auteur sérieux au moment de donner le feu vert pour l'imprimerie !

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I Muvrini... encore et toujours !

Publié le par Bernard Oheix

 

Si j’en avais besoin, si je pensais (bien) connaître les Muvrini, si j’avais la certitude d’aimer ce groupe, le 28 février 2020 m’aura offert la preuve que rien n’est jamais acquis et qu’une surprise est toujours possible. Parfois, la réalité est bien au delà de l'espoir. Avouons-le, ce concert s’impose pour moi parmi les grands souvenirs d’une carrière qui m’a pourtant permis de découvrir tant d'artistes de légende. Archive, Bashung, Pete Doherty, Salif Keïta, Iggy Pop, Juliette Gréco, Bob Dylan, Cesaria Evora… J'en passe... Et désormais I Muvrini au zénith de leur talent ! C’est en état de « sidération » que je suis sorti de la salle, ivre de la beauté de ces notes qui chantent encore bien après qu’elles se soient évanouies, ébloui par les lumières de la vie, de la non-violence, du retour à des valeurs universelles de partage que dégagent leur 2h de concert !

 

C’était une des premières dates de cette tournée 2020 qui les mènera dans toutes les régions de France,  en Belgique et en Hollande, de février à mai, pour reprendre en octobre. 60 dates qui préservent les mois d’été où ils écumeront leur terre, la Corse. Les mouflons ne vont pas chômer en cette année de coronavirus.

 

La configuration choisie est à la fois simple et sophistiquée. Jean François Bernardini en leader secondé par son frère Alain Bernardini en première voix, étoffé par deux chanteurs qui portent les choeurs et polyphonies, un batteur fin et précis, un guitariste multi instruments, une basse, chant et percussions, un clavier et une explosive cornemuse et flute. Des lumières fines qui cisèlent l’espace, un dispositif scénique avec une passerelle pour permettre aux choeurs d’hommes de dominer la scène et un son fin et puissant. Tout le professionnalisme accumulé en 4 décennies de carrière, dans le soin de collaborateurs qui ont saisi l’essence de ce qu’est un groupe entre la tradition et la modernité, entre la voix et l’instrument.

 

 

I Muvrini... encore et toujours !

Leur show est structuré sur Portu in Core que vous devriez avoir acheté si vous avez lu mon dernier billet sur ce blog. Une dizaine de morceaux éblouissants (mais pourquoi avoir sucré ce Inno qui me bouleverse ?). Quelques titres majeurs à base de polyphonie viennent compléter l’ensemble pour plus de deux heures sans interruptions, juste la voix de Jean François qui parle entre les morceaux, introduit les thèmes et rappelle largement leur engagement à l’universalité, à la fraternité, à la terre et à la langue corse.

 

Le miracle, c’est qu’en parlant d’eux, ils parlent de nous ! En ces heures sombres où le bruit des rodomontades de dirigeants coupés de la vie assourdit les cris d’horreur d’hommes et de femmes jetés sur les routes de l’exil, où la terre se convulse dans les affres d’un équilibre perdu, où l’avidité des puissants crache sur les valeurs de partage et de solidarité, les Muvrini rappellent qu’un chant, qu’une mélodie peut faire renaître l’espoir et que l’humanité se cache dans les gestes du quotidien.

 

Alors oui, j’aime que la musique me parle au coeur et quand elle est jouée par des êtres qui savent aimer, alors je deviens « fan » et je me laisse porter par les complaintes et la beauté de deux heures qui échappent au temps.

Il y a de « l’alma », de l’âme, dans ce show et si vous avez la possibilité d’assister à une de leur prestation, d’Avignon au Havre, de La Rochelle à Lyon, de Marseille à Poitiers, alors vous vivrez un grand moment de beauté et de d’espoir !

 

Vive les Muvrini !

Les frères Bernardini, émus de savoir que ma petite fille s'appelle Alma et lui souhaitant le bonheur d'une vie d'amour !

Les frères Bernardini, émus de savoir que ma petite fille s'appelle Alma et lui souhaitant le bonheur d'une vie d'amour !

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I Muvrini : Portu in Core

Publié le par Bernard Oheix

 

Disons le tout de suite. Ce dernier opus des Muvrini est un chef d’oeuvre absolu, le genre de galette à écouter en boucle, à se saouler de notes et de mots, mélangeant le corse et le français pour mieux faire porter son message. J’ai enchaine 20 fois (sic) Inno, 10ème morceau du CD, sans jamais me lasser, toujours plus concentré, tentant de décrypter les finesses d’une orchestration magistrale, les fulgurances des voix, les soli délicats ciselés dans la fusion et l’énergie de ce texte sur la folie des hommes à massacrer leur terre et à ne pas comprendre que l’avenir est en péril.

Le livret qui l’accompagne offre une traduction salutaire pour la compréhension du projet du groupe.

 

« Qu’est-ce qui te consume et l’âme et le coeur

Qu’est-ce qu’on t’a volé pour que tu célèbres la mort

Qu’est-ce qu’on a tué en toi qui détruis l’avenir

Qui croit que seul l’argent est richesse qui vaille »

 

Le thème de cet album est l’écologie, le rapport d’humanité, l’échange pour accepter l’autre. C’est un hymne à l’espoir qui se cache dans les drames d’aujourd’hui et les catastrophes à venir, la volonté de dire que tout peut basculer dans l’horreur et qu’il est temps de prendre conscience.

 

« 2043, qu’est-ce que tu vois ?

Trouve moi un peu d’eau, un avvene chi po

Il n’est pas trop tard, envoie moi de la vie »

 

L’espoir existe mais il est ténu et il en va de la prise de conscience de tous pour que les hommes se libèrent de leurs chaines. Jean-François Bernardini, leader du groupe, homme d’influence joue son rôle de lanceur d’alerte et il le fait avec les armes qui sont les siennes, celles d’un artiste accompli au sommet de son art, la musique, les mots, un CD, la scène ouverte aux vents de l’histoire.

 

Alors, si vous n’êtes pas convaincus, filez acheter ce CD et écoutez-le sans parcimonie. Laissez-vous happer par la passion d’une terre à nulle autre pareille. Et si I Muvrini sont programmés sur une scène près de chez vous, prenez un billet et vous ne le regretterez pas…

Et ils ne m’ont même pas payé pour écrire ces éloges !

 

I Muvrini : Portu in Core

Un peu d’histoire !

 

Il faut avouer qu’entre I Muvrini et moi, c’est une vieille histoire et pas seulement à cause de ma femme corse ! Je les ai découverts grâce à un ami bastiais, Guy Cimino, qui me traina, un après midi d’un jour de pâques, au milieu des années 1980, dans un centre de vacances sur la côte où ils testaient leur jeunesse sur la scène étroite d’une salle polyvalente, à l’aube d’une réputation qui n’avait pas encore dépassé les rivages de leur île.

Et la vague World Music qui déferla dans les années 90 leur permis de surfer sur les scènes et de conquérir leur public à travers le monde. Un cocktail de langue corse, de polyphonies, d’instrumentations originales entre le traditionnel et le pop-rock, une scénographie soignée, les personnages des deux frères Bernardini, le leader Jean-François au micro poétique, et Alain, le discret, à la voix si puissante en soutien, conquirent leurs lettres de noblesses ! 8 fois disque d’or et 2 victoires de la musique pour un groupe installé dans la « castaniccia » et qui revendique sa « corsitude » en l’ouvrant au monde extérieur.

 

 

C’est en 1993 que je les ai programmés pour la première fois, dans le Festival Guitares Passions avec une conférence de presse et un débat à la Licorne pour présenter leur travail à la critique rock qui participait à la manifestation.

Puis un concert au stade des Hespérides de Cannes (en extérieur) dans un Festival avec Yannick Noah devant plus de 2000 spectateurs et deux programmations au Palais se sont succédées. J’avais créé une Nuit de la Corse et c’est ainsi que j’ai pu passer en revue toute l’extraordinaire richesse musicale de cette île : le vétéran Antoine Ciosi, A Filetta, Chjami Aghjalesi, J-P Poletti et les choeurs de Sartène, le Tavagna Club, Diana di l’Alba ont été accueillis successivement sur Cannes avec un réel succès, la colonie insulaire importante sur la région aidant quelque peu à remplir les salles des mélomanes.

Et si l’on rajoute la dizaine de fois où je les ai vus en concert en tant que spectateur dont 5 fois en Corse, sur leur terre, je crois pouvoir affirmer que globalement, je connais les Muvrini et que j’aime plutôt ce groupe !

 

Il me restera pourtant un grand regret. En 2016, pour ma dernière édition en tant que Directeur Artistique des Nuits Musicales du Suquet, j’ai recontacté mon copain corse Guy Cimino pour lui demander d’intervenir auprès de Jean-François Bernardini avec le projet de conclure ma carrière de programmateur sur un soirée avec le Tavagna Club de mon ami Francis Marcanteï à 19h et par un ultime opus à 21h avec I Muvrini. Las ! Ce concert n’aura pu se réaliser pour des problèmes de dates ! Les aléas du programmateur frustré !

 

Mais la vie continue, et même si les musiques du monde ont perdu quelque peu de leur éclat médiatique, I Muvrini continuent à tracer leur sillon avec constance et viennent se rappeler à nous avec un Portu in Core qui à mes yeux et un de leurs chefs d’oeuvre incontestables !

Allez, achetez, you tubez ou piquez le CD…  mais de grâce, écoutez les pour mieux comprendre la musique, la Corse et le monde qui l’entoure !

Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, en 2005, I Muvrini sortait un bijou noté Alma annonçant par cela, que 15 après, ma fille mettrait au monde une  ravissante petite Alma, quarteronne Corse qui saura embellir la vie de ses grands parents !

Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, en 2005, I Muvrini sortait un bijou noté Alma annonçant par cela, que 15 après, ma fille mettrait au monde une ravissante petite Alma, quarteronne Corse qui saura embellir la vie de ses grands parents !

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Meilleurs Vieux de la Côte d'Azur !

Publié le par Bernard Oheix

En cette année promise à tous les délices alcoolisés (2000 vins), le 1er janvier, rituellement, je me suis rendu en ma plage des Rochers Rouges afin de procéder à ma baignade tout autant traditionnelle. 

Disons le tout net... Le réchauffement climatique est une réalité terrible dont nous percevons les effets tous les jours, un peu plus de part le monde. En Amazonie comme en Australie, autour des pôles, comme nous l'a si brillamment démontré Ségolène, comme dans les terres asséchées du continent africain...  Mais en ce premier mercredi de la nouvelle année, je confirme que le réchauffement climatique n'était pas encore arrivée à La Bocca ! Glacée, l'eau ne nous a pas fait de cadeaux, et ce n'est pas les quelques bulles de champagne ingérées au préalable qui pouvaient me réconforter !

Je dis nous, car étrangement, quelqu'un d'autre se baignait dans mon anse fétiche, se prélassant dans une eau cristalline, tenant à la main, un ouvrage dont je reconnus la caractéristique couverture bleue barrée d'un bandeau rouge !

Oui, l'internationale des lecteurs de Café Croisette venait une nouvelle fois de manifester son extraordinaire emprise médiatique, sa capacité d'adaptation, sa pugnacité, son sens de la provocation ! Ils sont partout, ils se lovent dans les contradictions d'un ultra libéralisme dévastateur, ils s'imposent face à la rigidité d'un système anxiogène, ils font exploser tous les codes de la bienséance en exhibant leur corps aux rayons d'un soleil régénérateur !

Et je peux le prouver ! 

Ce lecteur compulsif de Café croisette a poussé la coquetterie jusqu'à adopter un maillot aux couleurs du livre de ses héros !

Ce lecteur compulsif de Café croisette a poussé la coquetterie jusqu'à adopter un maillot aux couleurs du livre de ses héros !

Déjà, je perçois les commentaires sarcastiques des pisses froids, empêcheurs de prendre du plaisir à une baignade cultivante et régénérante  ! Du style : "-On le connait, c'est le genre de mec a se baigner en août en se prenant en photo et à nous la ressortir en janvier sous couvert de baignade hivernale ! "

Que nenni ! Et je peux in petto le prouver ! Je me suis prémuni de cette charge en prenant une seconde photo qui démontre à l'évidence l'inanité de tels propos !

La voici donc cette preuve irréfutable de la réalité de mon geste héroïque !

Meilleurs Vieux de la Côte d'Azur !

En effet, Alma est un petit bout de chou merveilleux qui vient, après l'adorable Lise, auréoler ma vieillesse. Ma petite fille est née le 27 août, et je ne connaissais pas son nom avant sa naissance !

Bon, vous me direz, d'août à janvier, il y a une marge pour trafiquer l'histoire, mais comment imaginer que je puisse mentir à Alma et à ses grands yeux bleus interrogateurs en trichant ! Impossible !

Je confirme donc que je me suis bien baigné avec un lecteur assidu de Café Croisette en ce 1er janvier 2020... ce qui prouve à l'évidence que Alma est bien un trésor et que Café Croisette est un livre fascinant qui fait oublier toutes les turpitudes d'un monde en folie et d'une eau de mer glacée !

Et donc, que si vous ne l'avez toujours pas lu, il suffit de me le commander et j'aurai un immense plaisir à vous l'envoyer contre la modeste somme de 18€, ce qui n'est pas cher payé pour une plongée dans la Méditerranée et dans l'univers déjanté d'une bande d'amis en train de lutter pour que vive l'amour et l'amitié dans les coulisses du Festival du Film de Cannes !

Bon, je crois que j'ai bien commencé l'année en abusant peut-être de quelques verres de ce vin prémonitoire et vous informe que malgré ce monde en folie aux mains de quelques dictateurs fous, il reste encore la possibilité de rêver d'un monde meilleur... surtout pour que Lise et Alma puissent grandir dans la paix et la sérénité !

Pace e salute à toutes et tous !

 

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La Sicile, 40 ans après !

Publié le par Bernard Oheix

Ils n'ont plus de 14 ans à 18 ans cette vingtaine de stagiaires de la cité. Les jeunes animateurs de l'époque ont désormais un âge vénérable, et on peut le dire désormais, on ne voit plus beaucoup de différences, près d'un demi siècle s'étant écoulé, entre les jeunes du quartier de la Frayère à Cannes, les moins jeunes animateurs à l'orée de leur carrière, et le responsable du voyage, moi-même, à peine plus âgé d'une décennie à l'époque.

40 ans se sont passés entre ces 28 jours de rêve et la vie qui nous a rattrapée...mais rien n'a pu effacer l'Aventure Sicilienne !

Quand on leur parle aujourd'hui de la Sicile, leur yeux s'illuminent comme la nuit où ils ont dormi au sommet du Stromboli, au bord du cratère, dans les jaillissements permanents de la lave en forme d'arbres de noël qui rythmaient les heures sous les étoiles !

Rien n'a trouvé d'équivalence avec cette autre nuit de l'irruption de l'Etna en 1979, ces premières laves déferlants sur les pentes d'une montagne béante, à 3300 mètres de hauteur, dans la fureur des secousses permanentes qui faisaient vibrer la terre en dégageant des corolles de souffre qui nous brulaient la gorge !

Et le Vesuve avec ces nuages de vapeurs sulfureuses et cette cicatrice sombre dévalant de la montagne. Les rues pavées d'histoire de Pompéï, les catacombes de Palerme et la petite fille embaumée...

Et cet air de liberté permanente d'une Frayère se frayant un chemin contre le reste du monde dans une aventure sans égale !

Une vie errante de Robinson moderne dans une Italie en train de s'éveiller au tourisme de masse, juste avant qu'elle ne prenne des restrictions et ne mette des barrières en travers des chemins pour mieux exploiter la manne d'un argent frais venu d'ailleurs. Avant les règles si strictes qui allaient encadrer les jeunes et les emprisonner dans un faisceau de dispositions leur ôtant un capital d'inconscience !

 

Un air de liberté pour des jeunes qui cherchaient leurs chemins et des adultes qui s'étaient baignés dans le fleuve d'un torrent nommé "68" charriant un air de liberté et de passion !

Un voyage inoubliable dont les traces, 40 ans après, étaient encore perceptibles dans le regard teinté d'émotion de ceux qui se sont retrouvés pour fêter les noces du passé et du futur !

 

Nice-Matin, le mercredi 11 décembre, sous la signature de Alexandre Carini, journaliste, présent le jour des retrouvailles, pour un plat de spaghettis nous renvoyant 40 ans auparavant, à l'âge du possible !

Nice-Matin, le mercredi 11 décembre, sous la signature de Alexandre Carini, journaliste, présent le jour des retrouvailles, pour un plat de spaghettis nous renvoyant 40 ans auparavant, à l'âge du possible !

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Hors Normes et La Belle Epoque : 2 visions du cinéma !

Publié le par Bernard Oheix


Voici deux films particulièrement intéressants qui posent le problème du vrai et du faux, de la réalité et de la fiction, deux films qui se répondent en écho pour imposer leur vision d’un monde où rien n’est figé comme on l’imagine.

Hors Normes n’est qu’un film ! Mais un excellent film de Olivier Nakache et Eric Toledano avant tout ! Même si le peech est à faire peur, « des autistes en phase d’adaptation dans des structures parallèles...», on a connu mieux pour attirer le spectateur lambda ! Et pourtant, quelle passion tout au long de ces deux heures, scotchés à l’écran, perdus dans les limbes étranges d'un univers parallèle. Ce n’est qu’un film, car à l’évidence Vincent Cassel et Reda Kateb ont des têtes connues et sont de vrais acteurs, pas des soignants. Alors on imagine sans peine les heures de tournage pour aboutir à ce film, les projecteurs qui ronronnent, les «moteurs», «coupez», les éclairagistes et les techniciens qui s’affairent, les travellings et le point photo, les repères entre les réalisateurs et les comédiens, la machine cinéma en pleine action pour créer l’artifice.
Mais alors pourquoi cette impression de réalité extrême, de naturalisme, de vérité pour un film que l’on pourrait classer dans la catégorie «documentaires» mais qui nous tient en haleine comme un polar social.
Dans l’excellence du jeu des deux acteurs principaux, assurément ! Dans l’impressionnante performance des ados «autistes», coupés de notre réalité dont on ne saura jusqu’au bout s’ils sont d’authentiques acteurs où d’admirables malades. Dans les adolescents «binômes/accompagnants», plus vrais que nature, jeunes de banlieue en phase d’insertion professionnelle que l’on imagine aussi bien sorti d’un casting sauvage dans les cités du 9.3 que d’une école de formation au métier d’acteur.
Tous ces ingrédients assument et portent une histoire fascinante, une fuite en avant vers l’amour de la différence, la capacité de recréer des ponts entre deux publics marginalisés (les autistes et les jeunes en insertion) et leur environnement, la force de la tendresse sur les rigueurs de l’administration. La puissance des actes contre les actes de puissance, l’écoute comme vertu, le coeur contre la raison, l'optimisme comme un rempart contre les forces du mal...
Certains devraient méditer sur les leçons de ce film et traverser la rue pour regarder la réalité. Hors Normes est un film hors norme qui nous donne la certitude que le monde est bien réel et qu’un film peut donner à voir ce que notre cécité nous empêche de discerner : la beauté insondable du monde !

C’est bien tout le contraire pour La Belle Epoque de Nicolas Bedos qui se situe à l’opposé exact de la démarche de Hors Normes. Les héros sont des acteurs de la vie réelle et le cinéma dans le cinéma va pouvoir les «téléporter» dans un monde reconstitué, un monde d’artifices où le génie de la reconstruction avérée s’en donne à coeur joie ! Un auteur de BD en panne d’inspiration et coincé dans une relation amoureuse qui s’épuise (Daniel Auteuil) accepte l’offre de plonger dans une expérience de retour en arrière grâce à un metteur en scène qui offre ce service à coups de décors, acteurs et scénarios élaborés en fonction du désir de l’ordonnateur. 
C’est en 1974 qu’il décide de se retrouver, dans le bar même où son existence a basculé, le jour précis où il a rencontré l’amour (Fanny Ardant) pour en revivre les premiers instants magiques. Le film va basculer entre un vrai présent et un faux passé (ou l’inverse !), entre la réalité de ce qu’ils sont devenus et  le rêve de ce qu’ils étaient, et comme on est assurément au cinéma, le faux (qui est le vrai) et le vrai (joué pour du faux) s’entremêlent dans un joyeux télescopage où tout est légitime, tout est illusoire ! C’est d’un équilibre exquis, tant par le scénario ciselé à l’extrême que dans une réalisation où l’artifice cinéma s’en donne a coeur joie ! Il y a de «La Nuit Américaine» dans cette Belle Epoque ou l'on roule en solex dans des rues de carton pâte, les oeufs durs trônent sur le comptoir, les cigarettes à la bouche, et où les actrices qui campent des personnages censément ayant existé, sont capables de tomber amoureuses du double imaginaire de leur partenaire. 
Et dans un ultime pied de nez, Fanny Ardant convoquera Daniel Auteuil dans «sa» reconstitution de ce même moment pour renouer avec les liens qui ont tissé leur vie et faire renaître leur amour au présent.
Un exercice de style époustouflant où Nicolas Bedos donne la pleine mesure de son amour du cinéma et de son talent pour parler de l’éphémère et de l’artifice.

Deux films à voir en urgence, deux facettes de la richesse du cinéma français, deux approches radicalement inversées qui démontrent l’extraordinaire vitalité de notre cinéma !
Allez, filez devant vos écrans pour faire vivre la fiction du réel !

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Hommage à Richard Stephant

Publié le par Bernard Oheix

Hommage à Richard Stephant

 

Le 25 octobre à 19h30 au Bar des Théâtres, dans le 8ème arrondissement, une bande d’amis vont se retrouver pour boire un coup à la santé d’un disparu de plus. Il y aura de la tristesse, de l’émotion mais aussi des sourires pour l’accompagner vers son paradis de musique !

Je ne pourrai pas être présent, car j’ai un empêchement, devant me rendre à Turin ce jour-là. Je n’évoquerai pas avec ses potes et sa soeur Anne, le solaire Richard Stephant, mon ami de toujours.

Et pourtant j’en aurai eu à dire sur certaines de nos aventures professionnelles où personnelles.

Richard était un producteur de spectacles indépendant dans une période où l’indépendance avait un prix de plus en plus élevé à payer. Je l’ai connu il y a si longtemps que j’ai toujours eu l’impression de travailler avec lui à mes côtés. Grands Galas de Danse avec son complice Alfio Agostini de Ballet 2000….où des étoiles russes qu’ils savaient dénicher comme nuls autres, éblouissaient de leur talent la scène du Palais des Festivals, hommage à Maïa Plissestskaïa, et quelques autres pépites que nous avons concoctées ensemble. Le Canto General de Pablo Neruda avec Angelique Ionatos, un Mozart avec projection d’images sur le fronton de l’église au Festival des Nuits musicales du Suquet signé par son complice Paolo Micciche, un hommage à Mikis Theodorakis… des créations originales, sans beaucoup de moyens, mais avec toujours de l’intelligence, de la finesse et l’ambition permanente d’offrir une culture qui ne soit pas formatée mais ouvre les portes de la perception à des émotions cachées en nous.

Je me revois marchant à ses côtés dans les rues de Rome pour la première d’une oeuvre co-produite par le Vatican sur Dante avec Paolo, à Montréal pour une tournée du « Jugement universel » que j’avais aidé à vendre, à New-York à un Gala de Danse de son partenaire Solomon Tancer…

Plus étrange encore quand il m’a suivit dans les 2 éditions de BoccaSamba comme producteur où nous avons fait résonner les nuits Boccassiennes d’une joie de vivre et d’une fièvre consommée sans modération. Défilés le long des plages de batucada avec ces belles filles court vêtues dansant pour le plaisir des baigneurs nocturnes en extase, investissement des quartiers populaires, concerts hallucinants de Zezinho (le roi du tic et tic et tac) sur la place de La Bocca, de Anna Torres, Roda de Cavaco ou des filles percussionnistes de Zalindé, une des plus belles soirée de ma carrière de programmateur, mon dernier acte de programmation officiel ! C’était avec lui. Il dormait à la maison et était devenu un résident permanent de la saison estivale même si nous foncions sans le savoir vers la fin programmée de nos animations !

Pendant ces plus de 20 ans de connivence, chaque spectacle que nous avons produit s’inscrivait dans une logique de fête, d’animation et de passion. Du plus loin que je me souvienne, nous en sortions avec cette étrange impression d’un attelage gémellaire, formé au même moule d’une culture noble sachant tendre la main au public, à son coeur comme à son intelligence.

 

Et ce n’est pas un hasard, si l’année de mon départ à la retraite en 2012 (désirée et voulue !) du poste de Directeur de l’Evénementiel du Palais des Festivals de Cannes après 22 ans de service, c’est chez lui, en Crête, auprès de sa femme Evdokia et des ses deux filles, que je me suis réfugié avec toute ma famille pendant un mois. Bonheur acidulé d’une fin « officielle » même si nous avons entamé une dernière période sous l’égide de la boîte que j’avais créee, BO Conseil en Culture et Animation (BOCCA !), dont il était partenaire. Une façon de tirer un trait sur mon rôle de direction au Palais et de jouer les prolongations pendant 4 années d’un bonheur libéré des contraintes institutionnelles.

 

Mais au delà de cet aspect professionnel, il y a aussi les moments d’intimité partagée. Des repas en tête à tête à tenter de comprendre où nous allions, à disserter sur des futilités ou à évoquer les problèmes d’un monde dans lequel nous ne nous retrouvions pas toujours, pas souvent.

Et puis le dérisoire. Ce poker en Russie où nous avions été invités par un oligarque qui désirait lancer un jeune chanteur en France et qui nous avait réglé en espèces le voyage, nous hébergeant au coeur de Moscou dans un hôtel de luxe.  La séance de travail avec son autre complice Philippe Albaret dans un Karaoké privatisé pour l’occasion fut un des moments les plus surréalistes de ma vie d’organisateur de spectacle… (n’est-ce pas Philippe ! Tu as le droit désormais de raconter cette histoire à ses amis !). Il y a eut aussi quelques pokers sur Paris avec Karim Kacel, François Chesnais et d’autres pour des nuits d’adrénaline sans risque, entre amis, même si un full gagne toujours contre une couleur. Il y a les fous rires et les bières partagées, les délires de début ou de fin de repas, son rire communicatif, sa carcasse imposante au regard perçant.

Richard on l’aimait pour ce qu’il était, pour son approche de la vie, pour sa façon si naturelle de s’offrir à l’amitié. D’une extrême pudeur sous ses dehors fantasques, il n’ouvrait la porte de son paradis secret qu’avec parcimonie, à ceux qui avaient passé l’épreuve du temps.

Je pense à la douce Evdokia qu’il a aimé sans réserve et avec qui il avait un vrai projet de vie dans son havre de paix Crétois, à ses filles Elli et Lida qui l’adoraient et dont il était très fier, à sa soeur Anne avec qui la notion de frère/soeur était un ciment sur lequel ils ont cheminé tout au long de leur vie… et à tout ce vide que son absence génère.

Mais je me dis aussi, que même si son cours s’est interrompu trop tôt, cette vie n’a pas été pour rien, qu’il a vécu ce que tant d’autres rêvent souvent vainement d’accrocher à leur destin : le bonheur et la certitude d’être au bon endroit, au bon moment et avec ceux qu’il avait choisis…même si le prix à payer de ce bonheur doit se solder toujours trop vite !

Ciao, mon frère d’armes. On t’aime pour l’éternité !

 

PS : Richard aimait lire et depuis de longues années, il suivait mon travail d’écriture en me conseillant. En avril 2019, Café Croisette paraissait. Dans les remerciements, à la page 223, son nom est présent dans un comité de lecture qui nous avait aidé à améliorer une première version. Cruel paradoxe pour lui qui avait adoré ce travail de Julien (mon fils) et de moi que de n’avoir pu découvrir à quelques jours près, la version finale d’une ébauche qu’il avait aidé à améliorer !

Richard au milieu de ses fans !

Richard au milieu de ses fans !

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Laurent Barat : un Boccassien de Cannes

Publié le par Bernard Oheix

Retourner dans la salle de son quartier, remplir les fauteuils rouges avec ses amis, de ceux qui l’ont connu dans son enfance, ont été son instituteur, son pharmacien, les parents de ses copains, avec sa maman dans l’ombre, le regard luisant de fierté… le rêve de tout artiste de 40 ans. Un rêve dur comme la réalité, avec cette angoisse de bien faire et de réussir un challenge pas comme les autres… chez lui, chez nous !

C’est Laurent Barat, profession humoriste, dans la belle salle de 400 places de la Licorne, dans ce quartier village de la ville de Cannes où il fait si bon vivre.

 

Laurent, c’était un copain de mon fils, même classe, même profil. Sa mère, une amie travaillait à la mairie annexe de la Bocca. Après s’être rodé à sa vocation, Il s’est exilé à Paris pour vivre de son art, l’humour. Il y a eu de belles fées qui se sont penchées sur son berceau d’artiste émergeant, Gad Elmaleh, Pascal Légitimus et quelques autres… Désormais, il sillonne la France, sa notoriété grandissant au fil des shows et de ses interventions comme chroniqueur dans des radios, dont Europe 1.

 

Il a bien grandi le petit que l’on voyait débouler dans la cour de l’école, et pas seulement en taille. Il est devenu un beau jeune homme de 40 ans, il a pris de l’assurance, son écriture s’est rodée au scalpel de la scène et il s’impose avec assurance et un zeste d'une jubilation méritée.

Sur le contenu, Laurent parle avec humour de son nombril, de sa vie parisienne, de son rapport aux femmes et campent un personnage qui scrute son environnement avec le regard d’un enfant émerveillé. Ses textes visent juste, quelques pointes émaillent son discours et nous renvoient à nos propres interrogations, tout âge confondu !

Il joue superbement de sa prestance, occupe la scène sans en faire trop et utilise son visage comme un instrument. Sa facilité est déconcertante tant il arrive à nous montrer ce qu’il évoque. Son sketch sur la rupture avec une de ses (nombreuses ?) copines est un bijou de fantaisie, ses rapports à la nourriture bio un régal pour tout palais. Ses souvenirs d’enfance, un vivier dans lequel il pioche sans vergogne afin de nous divertir.

 

Laurent Barat est devenu un grand de l’humour. Nous avons rit et sourit avec lui, comme si par magie, il était capable de nous embarquer dans son bateau ivre !

Il a une sincérité désarmante et nous l’avons suivi sur les chemins de son humour, avec gourmandise, avec ces « madeleines » qu’il nous offre en se délectant.

Bravo !

Laurent Barat, l'enfant du quartier aux ailes déployées !

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Paris en septembre

Publié le par Bernard Oheix

3 semaines à la capitale. Pour la plus belle des raisons, il fait nul doute, celle de la naissance d’Alma, un beau bébé de 3,8 kg, venu pour embellir nos jours, tenir compagnie à sa cousine Lise et se faire aimer de son père, de sa mère et de la cohorte de ses proches...

21 journées dans cette capitale qui fait rêver le monde et attire les touristes de toute la planète et que nous allons parcourir de long en large, d’un appartement adorable au 5ème étage (sans ascenseur !) du métro Goncourt aux deux pièces de mon ami Nilda Fernandez, porte de Clignancourt, près des puces de Saint Ouen.

De Bagnolet à La Chapelle, de Ménilmontant à la République, de Belleville à Nation.

Avec des images par myriades, vieux immeubles baroques aux balcons ouvragés, imposantes constructions aux façades de briques rouges, cheminées qui s’élancent dans le ciel, boulevards qui découpent la cité et offrent un charme désuet à cette ville lumière au surnom tant mérité.

Chaque rue, chaque pâté de maisons, offrent une perspective qui renvoie aux siècles passés d’une ville en train de sa bâtir, où l’homme apporte la démesure de son génie et érige un monument à son incroyable capacité à créer un univers d’artifices où il veut tenter de vivre...

Paris en septembre

Allées verdoyantes où déambulent des passants nonchalants et placettes ombragées où des jeunes déconstruisent leur monde en fumant quelques joints, recoins des détours d’une architecture qui ne peut tout maîtriser, dents creuses d’immeubles absents comme des blessures à l’harmonie des perspectives, canaux sur lesquels des péniches franchissent des écluses sous les jets d’eau de portes en fer immémoriales qui s’écartent en geignant… Et cette population cosmopolite où les races, les religions et les catégories sociales se côtoient sans éclats, à pied, en voiture, en vélo, en trottinette, en scooter, en skate, avec tout ce qui roule et propose une vision d’un monde déjà entré dans l’anticipation d’écrivains futuristes...

Une ville magique, épuisante, éreintante mais enfantant les rêves d’un monde où tout est encore possible !

Beauté des femmes aux tenues chatoyantes, sourires enjôleurs des serveurs attentifs, visages sereins des africains goguenards, asiatiques aux yeux de chats, cheveux crépus ou mèches lisses, tenues noires et chapeau de juifs le vendredi de shabat, barbes longues de musulmans en djellabas se rendant à la mosquée... ils se croisent tous dans le ballet incessant d’un monde qui ne s’arrête jamais !

Et ce qui est étonnant, c’est que cela fonctionne !

Et que le monde continue à foncer dans un mur !

 

Mais Paris c’est aussi....

Ces 22€ réglés au parking du Rex pour pouvoir assister à un spectacle, Le Petit Prince, aux Folies Bergères...

Ce garçon d’un café de Jourdain qui, à ma demande de boire une menthe à l’eau, m’oblige à prendre une bouteille de Vittel (très chère !) en lieu et place de cette eau du robinet de Paris que je n’ai aucune peine à boire...

C’est aussi la paralysie générale qu’occasionne une grève des métros et des bus le vendredi 13, avec cette incapacité de circuler et l’engorgement de toute une ville et de sa banlieue....

Et la manif des avocats de ce lundi qui nous empêche de prendre notre ouigo en toute sérénité, même s’il en faut une grande dose pour prendre les wagons à bétails de ce train sordide !

La SNCF n’est décidément vraiment plus ce qu’elle était ! 

Et ces milliers de marches, d’escaliers et autres qu’il nous faut grimper avec notre poussette Yoyo (le must de la poussette, je confirme !), nos sacs accrochés en bandoulière, avec Alma qui pèse déjà son poids de bébé flamboyant !

 

Mais avant tout, Paris, c’est le sourire amical du patron de ce bar où nous venons boire notre café chaque matin et qui nous demande avec un grand sourire comment se porte notre princesse...

C’est ce restaurant de la Recyclerie de la Porte de Clignancourt où nous dévorons des tapas et une plancha charcuterie/fromage au milieu d’un jardin bio qui longe la ligne de chemin de fer...

C’est ce brunch en famille avec les amis qui nous rejoignent qui s’éternise dans la joyeuse cohue des enfants du côté de Max Dormoy...

C’est le plaisir de passer d’un restaurant grec à un japonais, d’un Thaï à un hamburger/frittes, de la chorba à une omelette salade...

Ces promenades le long du canal St Martin avec les jeunes sur les berges qui jouent aux cartes, grignotent et boivent quelques bières en se racontant leur monde...

Ce sont ces personnes qui se lèvent dans le métro pour nous laisser leur place, souvent, avec un sourire de connivence...

C’est cette cave minuscule, au plafond bas, scène improbable où j’assiste au premier concert rock de mon neveu Nico qui s’en tire très bien à la basse…même si le son impossible nous empêche de goûter pleinement les riffs endiablés de ce trio (Batterie/guitare/basse) et d’entendre la moindre parole !

C’est le cimetière du Père Lachaise où je me rends pour mon pèlerinage annuel sur les tombes de Jim Morrison, Baschung et Higelin, réunis par le destin funeste à quelques mètres les uns des autres !

Paris en septembre

Et ce monument qui fait froid dans le dos, à la mémoire des morts de 14/18, immenses panneaux sobres avec les dates et les noms des milliers de morts parisiens pour cette première grande boucherie à l’échelle de la planète !

 

Paris est une fête, une ville éternellement recommencée, dont la réputation n’est plus à faire mais qui mérite qu’on l’aime...

 

Et il est certain que si j’étais Parisien, je voterais pour Anne Hidalgo aux prochaines élections, cela me changerait de nos salades niçoises !

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40 ans après : L'Aventure Sicilienne

Publié le par Bernard Oheix

C’était en 1979. Après 10 années de fac, deux maitrises et un DEA, je décidais d’arrêter ma thèse de 3ème cycle sur l’Anticipation française pour me plonger dans la vie active.

Tournant décisif, je quittais ma post-adolescence universitaire pour m’immerger dans le monde réel. Pourtant, je le connaissais bien cet univers du travail… depuis mes 15 ans et le ramassage de pêches pour 1 franc de l’heure dans la propriété des Orso jouxtant le Ranchito où j’avais grandi, j’avais toujours travaillé pour payer mes études, sort habituel des étudiants dont les parents ne pouvaient subvenir à leurs besoins.

Livreur dans une supérette, ouvrier dans une blanchisserie, serveur dans une pizzéria, marin sur un yacht, journaliste sportif à Nice-Matin, critique de cinéma à l’espoir-hebdo, palette typique de tous ces jobs que les étudiants occupaient dans une France sans chômage  !

Et le graal quand je suis devenue Maître d’internat (6 ans) , puis conseiller d’éducation et bibliothécaire, 8 années d’Education Nationale en parallèle des études qui m’ouvraient les portes de l’enseignement.

Mais autant j’aimais enseigner, autant je détestais l’univers étriqué des enseignants.

Au moment de franchir le pas, j’ai reculé et dans la semaine de ma décision, trouvé deux postes, l’un comme éducateur de rue, l’autre comme animateur dans une MJC à la Frayère, à Cannes La Bocca où j’avais grandi.

C’est celui-ci que je choisis, l’Education Populaire ayant à mes yeux des vertus que l’Education Nationale n’avait plus.

J’ai donc débarqué, pour mon entrée dans la vie active réelle et permanente, dans les bureaux préfabriqués d’une MJC de quartier coincée entre des immeubles HLM d’un quartier populaire d’une ville qui ne l’était pas vraiment ! Mais c’était ma ville. L’expérience fut brève (moins de 2 ans) mais intense et passionnante.

 

Foot en salle, Night-Boums du samedi soir, journal de quartier… et rapidement, un club de l’aventure pour embarquer des mômes de 14 à 18 ans dans une expédition d’un mois à la découverte des 3 volcans Italiens (Le Vésuve, Le Stromboli et l’Etna).

Dans des conditions que n’importe quel organisme prescripteur refuserait actuellement, ce voyage soutenu par les bons CAF et des bourses de l’Omjase pour les plus démunis, embarquait sous ma responsabilité, 20 jeunes, un voiturier, une animatrice et une cuisinière dans un fourgon rallongé pour un mois d’errance sur les routes transalpines.

Camping… souvent sauvage, une nuit dans des sacs de couchage au sommet du Stromboli au rythme des projections de lave permanente, la vision de l’irruption célèbre de 1979 de l’Etna au bord du cratère, avec la vision de la lave déferlant par la bouche noire, tout cela dans une organisation collective avec réunion tous les jours, un livre de bord tenu chaque jour par un jeune différent, des visites de sites archéologiques (Pompéï…), la petite fille momifiée des catacombes de Palerme… et des heures dans un camion poussif inconfortable !

Je me souviens de cette dernière étape du retour, des larmes des jeunes qui avaient vécu leur aventure avec passion, mais j’étais loin d’imaginer ce qui devait arriver sur ma boite mail, le 3 août 2019, 40 ans quasi jour pour jour après !

40 ans après : L'Aventure Sicilienne

Didier est venu à la maison avec sa charmante épouse et nous avons fait resurgir le passé. Nous avons exhumé le journal de bord et lu des extraits, raconté des souvenirs et des anecdotes. Très rapidement, une évidence s’est imposée : réunir pour un repas spaghettis, tous les acteurs de ce voyage et communier sur notre jeunesse enfuie. Faire renaître le passé pour vivre le présent ! Alors, nous allons, Didier et moi tenter de contacter tous ceux qui ont participé à L’Aventure Sicilienne de juillet 1979 à la MJC de la Frayère (devenue La Ferme Giaume) avec tous les souvenirs possibles de ce voyage extraordinaire (photos, billets, achats divers…).

Et chacun devra raconter à tour de rôle un souvenir qui l’a marqué !

Voilà, le pari est lancé. Si vous connaissez quelqu’un qui connait quelqu’un qui a fait ce voyage, contactez le, qu’il se mette en rapport avec nous… l’automne sera chaud de nos souvenirs entremêlés !

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